Avec Arnaud Montebourg, entrepreneur, co-fondateur de la Compagnie des Amandes, et ancien Ministre de l'Economie
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00:00 Et l'invité ce matin, Arnaud Montebourg, entrepreneur, cofondateur de la compagnie des amendes et ancien ministre de l'économie.
00:05 Bonjour Arnaud Montebourg. Bonjour. Merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. C'est avec votre casquette
00:11 d'entrepreneur effectivement que vous venez ce matin. Après le miel français, vous vous impliquez donc
00:17 maintenant dans les amendes françaises avec cette entreprise, la compagnie des amendes, qui a vu le jour en
00:23 2019, qui est basée à Aix-en-Provence. Pourquoi les amendes ? Comment vous est venue cette idée ?
00:28 D'abord parce que comme
00:30 peu de français le savent, nous importons peut-être
00:33 98% de ce que nous consommons et nous consommons beaucoup d'amendes. 45 000 tonnes par an, n'en produisons que un petit millier de tonnes.
00:41 Alors qu'en 1948, en Provence, il y avait 12 000 hectares d'amendiers.
00:47 La capitale de l'amende était Oraison, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
00:50 Et Aix était la capitale de la transformation de l'amende dans le Calisson. Je rappelle toutes ces vérités. Le nougat qui
00:58 utilise beaucoup les amendes de Provence, dont la capitale est à Montélimar, juste au nord, avait fait finalement
01:04 de la France une patrie d'amendiculture. Elle a complètement disparu. - Et qu'est-ce qui s'est passé entre temps ? - Il y a eu en
01:10 1954 les grands gèles. Et puis comme c'est un arbre qui met du temps à venir à maturité,
01:17 six ans avant d'avoir sa pleine maturité,
01:20 eh bien les agriculteurs, pendant six ans, ils travaillent mais n'ont pas de récolte. Donc c'est très difficile de replanter
01:27 un arbre
01:28 comme l'amendier, surtout quand
01:30 toutes les productions, il y a à peu près maintenant
01:33 60 ans, ont été décimées. Alors on a décidé de relocaliser cette production, puisque l'essentiel de ce que nous importons vient,
01:39 puisque les américains tiennent 80% de la production mondiale, ils ont planté
01:44 445 000 hectares dans un désert où il fait 50 degrés au mois de juillet,
01:48 la Californie intérieure, où il n'y a plus d'eau. Et d'ailleurs, ils arrachent. Et donc il va bien falloir que ces amendiers
01:55 reviennent dans leur berceau historique et la Méditerranée, la Provence. D'ailleurs, il y a de l'amendiculture en Espagne, en Italie,
02:03 un peu en Grèce, en Turquie,
02:05 aussi au Maghreb, il y a quand même 400 000 hectares au Maroc, mais en France, il n'y en a plus. Donc notre projet est de relocaliser
02:12 l'amendiculture,
02:14 réapprendre ce métier,
02:16 réutiliser la mémoire que l'INRA avait précieusement conservée, et l'INRA est dans notre capitale,
02:21 et notre directeur scientifique est le chercheur, le dernier des Mohicans, le chercheur à Avignon-Montfavay
02:28 dans l'amendiculture. Et nous replantons... Alors là, nous sommes à
02:33 350 hectares, nous sommes déjà le premier verger de France, puisque nous avons créé l'entreprise en 2018, et nous nous associons avec
02:41 des agriculteurs. Nous n'achetons jamais la terre. Nous ne sommes pas les Américains des Chinois. - Avant d'y venir sur cette question-là,
02:48 l'implication aussi des banques, qui ont été frileuses aussi en termes de responsabilité, c'est à noter, vous l'avez dit, ça demande du temps
02:55 pour avoir des résultats quand on se lance dans les amendes. Donc il y avait ce besoin aussi,
03:00 finalement, d'être présent aussi par rapport à des banques qui
03:04 s'investissaient pas davantage, n'osaient pas, et puis par rapport aussi peut-être à l'Europe,
03:08 finalement, qui a laissé faire le fait que, finalement, on lâche cette production-là. - En fait,
03:15 le vrai sujet pour un amandiculteur, c'est que, et c'est depuis le néolithique, depuis que l'homme
03:23 travaille la nature et qu'il
03:26 fait pousser des végétaux,
03:28 tous les ans, il travaille et il a une récolte, normalement. Mais là, il faut attendre six ans. Donc nous, on a décidé de
03:36 révolutionner le modèle, c'est-à-dire dire on va payer les agriculteurs pour le travail qu'ils font bien avant la récolte.
03:42 Donc on a trouvé des investisseurs qui ont accepté de payer des agriculteurs qui travaillent. Enfin, on paye le travail des agriculteurs.
03:50 - C'est-à-dire que même s'il n'y a pas de profit, en tout cas... - Non, même s'il n'y a pas de récolte.
03:54 - Même s'il n'y a pas de récolte, et ensuite... - Donc ça veut dire que nous payons les agriculteurs
03:58 qui travaillent
04:01 sans récolte, et puis ensuite, on se retrouve, on se récupère sur la récolte future.
04:07 Donc, si vous voulez, ça permet... - Concrètement, comment ça se passe, justement, cette récupération ?
04:11 - Bah écoutez, c'est un partage. On voit la rentabilité de l'arbre sur sa vie, 25 ans. Donc on plante pour 25 ans,
04:18 et puis on a cinq, six ans de travail où il n'y a pas de
04:21 recette.
04:23 Quand vous plantez du blé
04:25 en hiver, vous le récoltez au mois de juillet. Quand vous plantez de la vigne, il faut trois à quatre ans, mais là,
04:32 un amendier, c'est beaucoup plus long. Et c'est la raison pour laquelle nous avons eu
04:37 500 hectares de déclaration de candidature, parce que nous avons organisé en quelque sorte la filière pour qu'à la fois,
04:44 on s'associe avec les agriculteurs chez eux, c'est-à-dire qu'en fait, nous, on n'achète pas la terre,
04:49 deux, on finance, on les dérisque financièrement,
04:53 ils n'ont pas à s'endetter, on les dérisque commercialement, c'est-à-dire que nous, on assure le débouché. Pourquoi ? Parce que nous sommes le premier
04:59 verger de France, et nous sommes capables de répondre à la demande de la grande distribution, des nougatiers, des chocolatiers, de l'industrie
05:06 cosmétique, et nous sommes capables de dérisquer commercialement les
05:10 agriculteurs sur leur plantation, et puis les dérisquer techniquement, ce que j'expliquais, parce que nous travaillons en famille avec
05:17 l'ensemble des agriculteurs de la mandiculture, et dans la filière, on partage les expériences, surtout avec l'INRA, qui est avec nous.
05:24 - Bien sûr. Vous avez dans l'idée du coup d'étendre à de nouveaux vergers, c'est quoi les prochains finalement ?
05:29 - Bah écoutez, là, il y en a 400 à l'étude, on est à 350-400, donc si tout se passe bien à la fin de l'année, on aura doublé.
05:36 Et notre objectif, c'est d'aller jusqu'à 2000 hectares.
05:39 Pourquoi ? Parce que c'est la taille, c'est la bonne taille, pour prendre en quelque sorte la part du "made in France" du marché.
05:47 On ne pourra pas remplacer les Américains à 45 000 tonnes.
05:51 On pourra mettre, allez, 3-4 000 tonnes sur le marché venant de France, c'est déjà pas mal.
05:56 - Aujourd'hui, vous êtes à combien ?
05:57 - Bah écoutez, on vous le dira, puisque on va récolter nos premières 18 tonnes cet été.
06:03 - D'accord, ouais.
06:03 - C'est tout petit, mais c'est un début.
06:05 C'est le début, puisque les arbres commencent à produire au bout de la troisième année,
06:11 et ce sont les troisième années qui arrivent à la maturité.
06:14 - Il y a plusieurs avantages à cette culture, le fait qu'elle consomme, vous l'avez relevé, assez peu d'eau,
06:20 c'est donc tout à fait adapté finalement aux sécheresses qu'on connaît en ce moment de plus en plus.
06:24 - Elle consomme moins d'eau que tous les fruits frais, la bricotier, la pomme, la poire,
06:28 même les... y compris les agrumes, ne parlons pas de tomates, melons,
06:35 l'amandier est beaucoup plus frugal en eau.
06:40 Alors, il se trouve que dans le Midi de la France, les installations depuis Louis XIV, Général de Gaulle,
06:45 ont assuré un système d'irrigation extraordinaire,
06:49 donc la question de l'eau ne se pose pas, néanmoins, l'amandier est un moyen d'économiser l'eau,
06:55 contrairement aux préjugés, puisque les Américains nous ont fait croire,
06:58 en exploitant les nappes phréatiques et avec les techniques du forage pétrolier,
07:03 dans le désert de Californie, qu'il fallait beaucoup d'eau pour faire pousser l'amandier.
07:09 Il faut beaucoup d'eau pour faire pousser l'amandier dans le désert,
07:12 mais en Provence, il faut beaucoup moins d'eau que pour d'autres arbres.
07:15 - Ce matin, sur CIDRADIO, Arnaud Montebourg vous lançait un appel, justement,
07:19 aux agriculteurs, aux propriétaires de terrains, qui pourraient se lancer, justement,
07:23 et vous rejoindre dans cette aventure ?
07:26 - Nous offrons une bonne rentabilité du capital investi et une rémunération du travail.
07:33 Nous avons d'ailleurs, parmi nous, depuis quelques mois, vue arriver Arteris,
07:38 la première coopérative du midi, 1 milliard de chiffre d'affaires et 25 000 agriculteurs fédérés.
07:44 Ils sont entrés dans notre capital.
07:46 Et d'ailleurs, les sociétaires, donc les agriculteurs fédérés par Arteris,
07:51 s'intéressent à la combinaison, comme moyen de diversifier leur production.
07:55 Quand vous arrêtez la pomme, pour des raisons qui sont multiples,
07:59 ça peut être les conditions de culture, ça peut être l'absence de main-d'oeuvre,
08:03 ça peut être... Il y a beaucoup de questions climatiques aussi,
08:06 parce que les évolutions de température sont assez sensibles dans cette région.
08:10 Eh bien, l'amandiculture est un outil de transformation des pratiques agricoles
08:16 et de diversification du terroir.
08:20 Et de l'exploitation agricole.
08:22 - L'idée, ce n'est pas de faire de la monoculture, effectivement,
08:24 comme on le voit aux États-Unis, avec les ravages que ça produit.
08:28 Un terme "transformation", vous l'avez utilisé, Arnaud Montebourg.
08:31 Est-ce qu'on est équipé en France pour assurer la transformation de ces amandes ?
08:35 - Alors, pas tout à fait.
08:37 Il y a des outils, mais qui sont, pour nous, qui ne sont pas compétitifs,
08:41 puisque l'essentiel du peu d'amandiculteurs français
08:46 vont faire casser les coques en Espagne.
08:48 Ils reviennent. Franchement, est-ce que c'est sérieux ?
08:52 Donc, nous avons dit, nous allons construire l'outil pour l'accompagner des amandes,
08:57 une usine de casse qui va se trouver à Signes, dans le Var,
09:01 près du circuit du Castelet, au centre de nos vergers.
09:04 Et dans cette usine, évidemment, tout le monde pourra venir casser,
09:10 y compris toute la filière.
09:11 - C'est ouvert à toute la filière.
09:12 - Oui, bien sûr, évidemment, puisque c'est un outil collectif.
09:15 Notre vision, c'est de fédérer, finalement, tous les arandiculteurs.
09:20 Par exemple, nous, nous proposons une assurance contre le gel.
09:22 Pourquoi ? Parce que nous avons une vingtaine de vergers
09:27 répartis entre Montauban et Draguignan, Corse incluse,
09:31 et que les conditions climatiques d'attaque du gel ne sont pas les mêmes.
09:36 Donc, on peut mutualiser.
09:38 Le problème de l'assurance, c'est quand l'agriculteur est seul face à la compagnie d'assurance,
09:42 il est tout seul. Tandis que là, nous avons la chance d'être nombreux.
09:45 - Votre projet avec la compagnie des amendes s'inscrit, finalement,
09:49 totalement dans les ambitions du gouvernement actuel,
09:52 à savoir la souveraineté alimentaire, mais aussi la réindustrialisation,
09:56 des thèmes qui vous sont chers à ce niveau.
09:58 Vous pensez qu'on en fait assez, aujourd'hui ?
10:00 - J'ai envie de vous dire, avec un déficit commercial de 150 milliards,
10:06 je rappelle que l'Italie est à plus d'un excédent de 60 milliards,
10:10 l'Allemagne, excédent de 220 milliards,
10:13 on a du souci à se faire, donc on en fait, j'ai envie de vous dire,
10:17 on n'en fait jamais assez.
10:19 Il va falloir qu'on reprenne tous les produits qui nous manquent,
10:21 sur les 9000 produits que nous consommons, industriels, agricoles.
10:25 Il y en a 6000, on est déficitaire.
10:27 Donc, il faut prendre produit par produit, puis remonter, et remonter des usines.
10:30 Donc, c'est un travail de titan.
10:32 C'est un travail, d'ailleurs, de toute la société.
10:35 C'est vrai qu'il y a l'argent, puisque le plan de relance,
10:38 et je veux remercier le plan de relance,
10:40 parce que le plan de relance finance en partie,
10:43 y compris aussi notre casse-tris et notre usine.
10:45 Pourquoi ? Il faudrait qu'on multiplie par 10 ce qu'on est en train de faire aujourd'hui,
10:49 si on veut avoir une chance de retrouver un niveau, j'allais dire, d'activité.
10:54 En France, il fait qu'on doit produire beaucoup plus par rapport à ce qu'on consomme.
10:59 - Il y a un manque d'ambition à ce niveau-là ?
11:01 C'est l'impression que vous avez ?
11:03 - Je pense que la méthodologie bureaucratique ne fonctionne pas tellement, en fait.
11:07 - C'est-à-dire ?
11:08 - C'est-à-dire que vous passez votre temps à faire des...
11:12 à passer sous les fourches codines de jury, d'appel d'offres, d'appel à projets.
11:16 En fait, il faut que les entrepreneurs,
11:19 aujourd'hui qu'il y a un mouvement national d'entrepreneurs,
11:23 soutenus par l'État, soutenus par les régions, soutenus par tout le monde, d'ailleurs,
11:27 tous les territoires, les gens, qui décident de monter des boîtes.
11:31 En fait, on doit monter, remonter toutes les boîtes qui ont disparu et qu'on a perdues.
11:36 Ça va être un boulot de 10 ans.
11:38 Et c'est un travail transpartisan, vous voyez,
11:40 c'est pas tel gouvernement plutôt que tel autre, d'ailleurs, le sujet de tout cela.
11:44 - Non mais la question, la volonté politique, elle est importante également.
11:47 - Eh bien, c'est le rôle, c'est vrai, c'est le rôle du gouvernement.
11:49 - D'impulsion.
11:50 - C'est le rôle du gouvernement de montrer le chemin et de dire,
11:52 voilà, on doit le faire de façon encore plus amplifiée que ce que nous faisons déjà.
11:56 Ce qui se fait là, c'est bien.
11:58 Franchement, on est content.
11:59 Mais, on est très loin du compte,
12:02 par rapport à ce chantier immense qu'il faut ouvrir.
12:05 - Est-ce que vous croyez en la volonté réelle d'Emmanuel Macron
12:08 de relever ce défi de la réindustrialisation et de la souveraineté alimentaire ?
12:12 Il le fait, vous avez l'impression, par conviction
12:14 ou juste parce que c'est un peu dans l'air du temps,
12:16 notamment sur la question du minimum, France, sur la capitalisation ?
12:18 - Il s'est réveillé tard, parce que ça fait 10 ans bientôt qu'il est au pouvoir.
12:21 Il m'a remplacé en 2014 au ministère de l'Économie.
12:23 Donc, ça fait quand même du temps.
12:25 Il a eu le temps quand même de prendre la mesure.
12:27 Donc, je trouve qu'il s'est réveillé tard,
12:30 mais ça a le mérite d'exister.
12:32 Donc, c'est un point d'appui important, maintenant, sur lequel on peut avancer.
12:36 Le retour du nucléaire, c'est une décision positive.
12:40 Mais, il y a encore 2 ans, on fermait les réacteurs, on a arrêté Astrid.
12:44 Je demande d'ailleurs qu'on réouvre le projet de construction d'Astrid,
12:48 notre réacteur à neutrons rapides,
12:50 qui est un point très important pour nous débarrasser des déchets nucléaires
12:54 issus du parc nucléaire existant, vider la piscine de la Hague.
12:58 Mais, c'est aussi le moyen d'être, bien sûr, indépendant sur le plan d'uranium,
13:03 mais technologiquement à la hauteur des Russes, des Chinois et des Américains.
13:07 Comme nous l'avons toujours été, d'ailleurs.
13:09 Donc, il faut reprendre cette course technologique
13:13 et se remettre dans la course après l'avoir indument interrompue.
13:16 Donc, vous voyez, il y a aussi des décisions qu'on paye encore.
13:19 Je suis allé devant la commission d'enquête sur la souveraineté énergétique.
13:22 On m'a posé des questions, j'ai répondu.
13:24 J'ai dit, il y a eu beaucoup d'erreurs, Fessenheim, les fermetures de réacteurs
13:28 et la fin d'Astrid.
13:30 Fessenheim, c'est fini, on ne peut pas y revenir, malheureusement.
13:33 Mais Astrid, on peut.
13:35 - Vous parlez justement de cette concurrence face notamment aux Américains.
13:39 Justement, vous avez adressé une lettre fin mars au ministre de l'économie, Bruno Le Maire.
13:45 Vous lui avez demandé d'interdire la cession d'une entreprise française,
13:49 PME de 80 salariés, spécialisée en l'occurrence dans les secteurs de la défense et de l'énergie.
13:53 Cette cession qui devait en l'occurrence aller aux Américains.
13:57 Est-ce que vous avez une réponse déjà du ministre de l'économie ou pas ?
14:00 - Alors, d'abord on a fait un tout petit peu plus que lui demander d'interdire.
14:05 On lui a dit, nous on a une proposition de rachat.
14:07 - Oui.
14:08 - Parce qu'on s'est associé avec Otium Capital et nous sommes en mesure...
14:11 - Vous êtes positionné.
14:12 - Oui, on est en mesure... Non mais c'est très bien de critiquer,
14:15 mais c'est quand même mieux d'apporter une solution.
14:17 Donc on vient avec une solution.
14:19 Alors, les informations qui me sont venues de façon confidentielle du gouvernement
14:24 montrent que, je crois, le gouvernement est sur le bon chemin
14:28 pour bloquer cette partie de la vente et faire en sorte que ça reste en France.
14:33 Donc ça c'est déjà pas mal.
14:35 Après, est-ce que ce sera nous, pas nous, ça n'a d'une certaine manière pas tant d'importance que cela.
14:40 L'essentiel c'est qu'il y ait eu un réveil et que les décisions, les bonnes décisions soient prises.
14:44 En tout cas, cette entreprise fait partie de la base industrielle et technologique de la Défense Nationale.
14:50 - Bien sûr.
14:51 - Pourquoi ? Parce que c'est le civil nucléaire, mais aussi le militaire.
14:55 C'est-à-dire nos engins à propulsion nucléaire embarqués
14:58 qui utilisent les pièces venant de cette entreprise.
15:01 - Donc c'est-à-dire que vous avez l'impression, en tout cas,
15:03 via cet exemple, qu'il y a une forme de bascule,
15:05 qu'on arrête finalement de brader d'une certaine manière...
15:08 - Écoutez, on a perdu. On a perdu.
15:09 - Nos fleurons.
15:10 - On a perdu, excusez-moi.
15:11 - Vos fleurons, comme Technip, Alcatel, Lafarge, Essil... Écoutez...
15:18 - La liste est longue. La liste est longue.
15:20 - Donc là, on parle d'une PME de 15 millions de chiffre d'affaires.
15:23 Là, je vous parlais de centaines de milliards.
15:26 Donc tout ce qu'il va falloir remonter est considérable.
15:29 Donc les dégâts sur les dix dernières années, et même avant,
15:33 parce que ArcelorMittal, c'est pas brillant, c'était...
15:36 Pechinet qu'on a perdu, ça c'était Chirac.
15:39 Franchement, c'est pas brillant.
15:40 Donc il faut maintenant reconstruire tout ça, tout simplement.
15:44 C'est ça qu'il faut faire.
15:46 - En ce qui concerne la renationalisation d'EDF, là-dessus vous en réjouissez ?
15:50 - Bah, en tout cas, je préfère que EDF...
15:53 De toute façon, il n'y a pas d'autre solution,
15:55 parce qu'aujourd'hui, EDF est en grave difficulté financière.
15:58 Donc on nationalise toujours quand on a des difficultés financières,
16:01 et on reprivatise quand ça va bien.
16:02 Donc je préférerais que parfois, on puisse avoir d'autres réflexes.
16:06 Néanmoins, aujourd'hui, le Parlement a pris une décision
16:10 empêchant le démantèlement d'EDF.
16:12 Donc moi, je suis pour, d'ailleurs, qu'on recommence à fusionner avec Enedis,
16:17 et qu'on puisse, en quelque sorte, et RTE,
16:19 qu'on puisse reconstituer l'EDF qu'on a eu après-guerre, qui marchait très bien,
16:23 qui maîtrisait le nucléaire, qui maîtrisait l'hydraulique,
16:26 nos barrages ne sont pas à vendre,
16:28 et je suis pour, par ailleurs, qu'on se déconnecte, financièrement,
16:33 du système de formation des prix sur le marché européen,
16:36 qui aujourd'hui étrille les petites entreprises qui n'ont pas les moyens de se défendre,
16:42 et qui se retrouvent avec des factures multipliées par 30, parfois par 40,
16:45 et qui sont au bord du dépôt de bilan devant les tribunaux de progrès.
16:49 - C'est ce que demande notamment Marine Le Pen, le Rassemblement national, à ce sujet ?
16:51 - Il n'y a pas que Marine Le Pen qui constate la réalité.
16:54 Vous avez des pétitions sur Internet
16:59 de milliers, de dizaines de milliers d'entrepreneurs qui sont aux abois.
17:02 J'ai des coups de fil, les gens me disent,
17:04 s'il vous plaît, ils m'appellent moi au secours,
17:06 je ne suis pas le ministre.
17:08 Alors je suis allé voir les ministres, qui me disent, on s'en occupe.
17:11 Mais il ne se passe rien sur le terrain.
17:13 Donc cette affaire est très importante,
17:15 comme je suis sur votre micro,
17:17 - Vous en profitez, vous avez raison.
17:18 - Je me permets de lancer un appel,
17:20 de signer les pétitions, parce qu'ils pensent que ça va passer crème, cette affaire.
17:24 Et que, écoutez, j'ai une petite entreprise,
17:26 elle est passée de 1000 euros par mois à 38 000.
17:31 Mais c'est un drame.
17:33 Quand le patron de Michelin, au mois de novembre,
17:35 dit devant, j'allais dire presque une assemblée publique,
17:38 à Clermont-Ferrand,
17:40 que sa facture électrique est passée de 250 millions à 1 milliard 250,
17:46 et que si ça continue comme ça, il va déménager Michelin hors de France,
17:49 je crois qu'il y a un problème.
17:50 - Ça pourrait permettre de redonner, d'une certaine manière, une confiance aux politiques.
17:54 On sait que c'est compliqué en ce moment.
17:56 - Non mais il n'y a rien de compliqué.
17:58 Les Espagnols et les Portugais...
17:59 - La situation en tout cas.
18:01 - Il n'y a rien de compliqué pour faire ça.
18:03 Les Espagnols et les Portugais, ils sont déconnectés de la formation du prix,
18:06 puisqu'on a indexé les contrats de gros d'électricité sur le prix du gaz.
18:12 C'est une folie.
18:14 Et on l'a laissé faire.
18:15 Les Espagnols et les Portugais ne sont pas idiots.
18:17 Ils sont déconnectés et ils ont des prix d'électricité acceptables.
18:21 - Arnaud Montebourg, entrepreneur, cofondateur de la Compagnie des Amants,
18:25 d'ancien ministre de l'Économie, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Célia Radio.
18:28 - Merci.
18:29 - Et très bonne journée à vous.
18:30 - C'est 8h33 sur Sud Radio.
18:32 Restez bien avec nous dans un instant.
18:34 La Revue de Presse, #OnEnParle avec Maxime Trouleau.
18:36 Et puis vous nous appelez 08126 300 300.
18:39 On débat avec Françoise de Goy avec Éric Revelle.
18:42 Restez bien avec nous.