Avec Pascal Fioretto, auteur de "Le petit abécédaire de l’apocalypse heureuse" aux éditions Herodios.
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio Bercoff dans tous ses états,
00:02 le face à face.
00:05 Le face à face d'André Bercoff avec Pascal Fioretto pour son livre "Le petit abécédaire de l'apocalypse heureuse" aux éditions Hériodose.
00:13 Bonjour Pascal Fioretto.
00:14 Bonjour, merci de m'accueillir.
00:17 Non mais écoutez, moi je vous accueille mais franchement
00:19 vous êtes un dangereux. Vous heureusement pas d'un lau-au qui est dans la quinzaine culture pas du tout et je rappelle
00:25 je le dis parce qu'on en a parlé avec Pascal Fioretto juste avant de prendre l'antenne.
00:30 Pascal Fioretto fait partie d'un groupe qui était un des groupes phares des années 90,
00:34 alors je ne parle pas de temps pour les moins de 20 ans bien sûr, qui s'appelait Jalon et nous avons souvenir ensemble, j'avais une émission
00:41 qui s'appelait "France 6 si vous parlez" sur France 3 et j'ai le souvenir d'un premier avril extraordinaire
00:45 nous avons fait avec l'équipe de Jalon dans lequel Pascal Fioretto qui s'appelait...
00:51 - Docteur Saint-Bloc. - Voilà, Docteur Saint-Bloc, alors il y avait Basile de Cocque,
00:55 il y avait Desiderata... - Il y avait le Vicomte depuis peu... - Il y avait le Vicomte depuis peu, il y avait tous ces gens là et c'était
01:01 tellement drôle aujourd'hui où l'humour devient de plus en plus
01:05 de plus en plus sulfureux et dangereux, hein, dangereux, j'ai bientôt une position de loi contre l'humour.
01:12 Et vous venez d'écrire ce petit abécédaire de l'apocalypse heureuse
01:16 aux éditions Erodius.
01:19 Et alors je vais vous dire, non seulement ça m'a fait marrer mais je me suis dit Pascal Fioretto,
01:23 on va le recevoir avant qu'il soit enfermé, en tout cas poursuivi, ou en tout cas mis en examen, ou en tout cas etc.
01:29 Parce qu'il ose dire qu'il y a de bon dans ce qui se passe, que oui la fin du monde, le changement climatique,
01:36 les collapses hologues, les survivalistes, la pandémie, tout ce qu'on a vécu et qu'on vit encore,
01:42 tout ça, le...
01:45 Il décrit effectivement, et de façon très très très très drôle, que deviennent soit les bobos,
01:51 soit les gens qui veulent effectivement changer de vie, vivre à la campagne, et toujours en attendant la fin.
01:56 L'horizon indépassable, bien sûr, c'est la fin. Mais en attendant, eh bien vivons pour le mieux en attendant la fin. Alors c'est quoi votre...
02:04 en fait votre enseignement, cher gourou ?
02:07 - Ah bah moi je dis que pendant que la maison brûle, hein, vous connaissez le refrain,
02:11 eh bien on pourrait regarder ailleurs, pourquoi pas, on pourrait regarder par exemple
02:15 que l'effondrement peut être constructif, les gens pourraient être plus fluides, et le deviennent d'ailleurs, chère madame,
02:22 et etc. Enfin vous voyez, il se passe plein de choses.
02:25 - Mais oui, mais alors justement, justement, oui, alors comment, qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? Alors vous dites oui, d'accord,
02:30 parce que nous ce qu'on voit, regardez, la guerre russe-ukraine, il y a eu le Covid, il y a eu l'inflation,
02:37 on voit les prix partout, l'électricité, les aliments, tout ça, on devient quoi là-dedans ? Et vous vous dites non, non, non, vous allez voir, il y a des
02:43 manières de s'en sortir très bien.
02:45 - Ah bah déjà, pour moi, la manière de s'en sortir le mieux, c'est d'essayer d'en rire. Je pense que si on arrive à en rire,
02:50 voir, ou en sourire au moins, on a déjà fait un grand pas. Mais plus sérieusement,
02:55 face à
02:57 cette ambiance catastrophiste
02:59 dans laquelle on baigne, bon, ben il y a plusieurs, il y a plusieurs solutions. Il y a la fuite,
03:04 nous c'est celle qu'on a prise comme solution, on s'est réfugié. - Vous vous êtes quitté Paris, vous ? - Nous on a quitté Paris, mais on n'a pas été
03:09 les seuls sur les routes de l'exil.
03:12 On a fait monter les prix, enfin en l'occurrence, on n'a pas fait monter les prix dans les petites villes de province, mais on a plutôt
03:19 on a plutôt été dans ce qu'on appelle la diagonale du vide, vous savez, c'est cette bande de territoire qui est
03:25 qui est loin de tout, on est à une journée de tracteurs de la première maternité, on est vraiment à...
03:30 - Vous êtes où si c'est pas le district ? - Au fin fond de la Seine-et-Marne, mais on va pas
03:34 stigmatiser encore un peu plus ces endroits qui sont déjà
03:38 regardés de haut par les technocrates, non, surtout pas.
03:41 Donc voilà, nous on a pris la tangente. - On peut, on peut, c'est ça, quitter les grandes villes, enfin quand on peut bien sûr.
03:50 - Enfin vous avez vu le bilan que j'en dresse, c'est-à-dire qu'il faut d'abord passer par les fourches collines d'une agence
03:54 qui va vous proposer du rural atypique.
03:57 Donc rural atypique, c'est quand il y a une camionnette, la camionnette du boucher passe,
04:02 c'est quand il y a un coupeur de feu dans le coin, c'est, voyez, quand les enfants n'ont que
04:07 deux heures de bus à faire pour aller à l'école, voilà, c'est ce genre de... - C'est le rural atypique. - Le rural atypique, voilà, parce qu'il y a quand même
04:13 tout un marché qui s'est développé autour de ces urbains, dans mon genre, qui rêvent de
04:18 d'aller voir la fin du monde ailleurs qu'à Paris, parce qu'alors il paraît qu'à Paris elle va être très bien, je crois que
04:23 ces deux couflets qui a été...
04:25 à qui on a confié la scénographie de
04:28 des pluies de sauterelles et enfin de la fin...
04:30 Mais on s'est dit quand même qu'à la campagne ça aurait peut-être un peu plus de charme.
04:36 D'autant que chez nous elle a déjà commencé en fait l'apocalypse, donc on a... - Ah bon, comment ça ? - Elle est lente,
04:41 c'est cette France dont on parle en fait qui... - Cette France dite périphérique. - Oui c'est ça, voilà.
04:47 Alors il y a plusieurs termes, les esthètes disent la France moche,
04:53 les élus locaux disent la France rurbaine,
04:56 etc. Enfin bon, il y a des tas de termes, mais vous voyez à peu près... - Mais ce que j'aime beaucoup dans votre ligue, c'est que vous parlez
05:02 beaucoup de ce côté mode, et qu'est-ce qu'on va choisir, comment on va s'habiller,
05:06 et qu'est-ce qu'on va manger, etc. J'aimerais que vous disiez justement ces voix, voilà, on a des interstices
05:14 par rapport au mur de l'apocalypse dans lequel on peut peut-être
05:18 s'en sortir, en tout cas se glisser et s'évader. - Alors il y a deux grandes écoles face à l'apocalypse, il y a
05:24 les survivalistes, on a un voisin comme ça, donc il a un groupe électrogène qui est toujours en préchauffe,
05:29 il a un bunker dans lequel il a les provisions de base, etc.
05:33 Et il fait des tours de quad autour de ces réserves. - À l'idée, la fin du monde arrive, j'ai mon bunker, je suis prêt.
05:39 - C'est ça, je suis prêt, j'ai mon filtre à eau, etc. Et puis on a l'autre aussi, on a aussi ça, ce sont des...
05:45 - C'est plutôt le collapsologue. - C'est quoi le collapsologue ?
05:48 - Le collapsologue, déjà c'est quelqu'un qui
05:50 allait chercher un mot anglais, puisque "collapse" sauf erreur, à moins que dans la nouvelle version du dictionnaire
05:55 ça soit rentré à notre insu, parce qu'il y a eu plein d'autres entrées. - On est globish.
06:00 - Voilà, c'est ça.
06:03 Donc ils sont plutôt du genre à "chiller", pour employer un nouveau mot qui est rentré dans les cadets. - Ah oui, "to chill".
06:08 - Ça veut dire que eux, qu'est-ce qu'ils font ? - Eux, ils disent que c'est une formidable opportunité de
06:14 de tous
06:16 se retrouver, qu'il va y avoir un grand, pour parler encore globish, un grand reset, un grand reboot.
06:21 - Ah oui, ça c'est monsieur Klochevab, notre gouraud à tous, qui a écrit le grand reset, la grande réinitialisation.
06:27 - Ou alors dans le genre plus
06:30 doux et avec une planche à roulettes,
06:33 Pablo Servigne, qui est un peu le pape des collapsologues, des gentils collapsologues. Donc eux, c'est l'école... - Alors ils disent quoi ?
06:40 - Alors eux, ils disent "bon bah prenez un âne, parce qu'on va sûrement redevenir... un âne et une roulette, parce qu'on va sûrement redevenir
06:46 nomade. Ensuite, on va tous s'aimer Pachamama". Donc Pachamama, c'est le petit nom...
06:51 si vous n'achetez pas votre boulgour à la Biocop, je vous le dis. - Ah oui, je ne le connais pas.
06:57 - Non, Pachamama, c'est le petit nom de la Terre.
07:01 - Alors donc j'ai regardé les photos, elle a une poitrine généreuse, donc je pense qu'on sera tous très bien accueillis quand Pachamama...
07:07 si Pachamama nous pardonne. - On sera à l'été, en tout cas. - Voilà, on sera à l'été.
07:10 Si elle nous pardonne. Et donc elles, elles disent quand Pachamama aura fini de nous punir, eh bien vous allez voir, elle va
07:16 refleurir, et on s'aimera tous.
07:20 Mais quand même, il nous conseille
07:22 d'accueillir des urbains qui auront fui les grandes villes, puisqu'il y aura des coupures de réseaux, il y aura des coupures de tout.
07:28 - Même internet, tout ça. - Mais oui, mais Netflix, on n'aura même plus Netflix, vous vous rendez compte ? - C'est pas vrai.
07:32 - Si, si, je vous assure. - Ah non, non, non, rassurez-moi. Non, mais là, je m'évanouis, si on place, on n'aura plus Netflix.
07:38 - Il y aura des fleurs et des grins ce moment-là, vous imaginez les soirées.
07:41 Bref, ils disent qu'une fois que tout ça aura eu lieu, eh bien on se retrouvera dans la joie, dans la paix, et
07:46 un petit peu, vous voyez, l'ardèche dans les années
07:49 70, 75. - Oui, parce que ce qui est intéressant, d'ailleurs, vous ne verrez pas le votre livre, on a l'impression quelque part
07:55 d'une espèce de retour vers le futur, ou de futur vers le retour des années 70.
08:00 Vous savez, les hippies qui partaient, etc, etc. - Côté collapsologues, c'est ça, côté
08:05 survivalistes, c'est plutôt Mad Max. Donc il y a les deux écoles, et alors nous, on est un peu
08:10 indécis, on hésite. - Vous n'avez pas encore choisi votre camp. - Non, on n'a pas choisi notre camp encore.
08:15 - Mais on va en parler après cette petite pause, on en parle tout de suite.
08:18 Pascal Fioretto, si vous voulez rire avant la fin, lisez le petit abécédaire de l'Apocalypse, Heureuse, je le précise.
08:27 Restez bien avec nous, on se retrouve tout de suite, et vous pouvez participer à l'émission en appelant
08:31 0826 300 300, on attend vos appels pour interpeller Pascal Fioretto et son livre, le petit abécédaire de l'Apocalypse, Heureuse. A tout de suite sur Sud Radio.
08:39 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
08:57 Vous vous demandez à quelle sauce vous allez être mangé, vous vous demandez à quel feu vous allez brûler,
09:02 vous vous demandez à quel céréale vous allez être empoisonné, le céréale killer, et bien en attendant, lisez le livre de Pascal Fioretto,
09:09 petit abécédaire de l'Apocalypse, Heureuse, et oui, elle peut être heureuse avec, je le dis, ce livre très marrant,
09:16 avec de merveilleux dessins, de l'illustrateur,
09:20 affichiste, graphiste, Stéphane Trapier, vraiment des dessins absolument magnifiques et drôles.
09:26 Alors justement, on parlait, alors,
09:29 le professeur Fioretto va nous donner quand même quelques recettes, puisqu'il en donne beaucoup dans son bouquin.
09:35 Alors, qu'est-ce qu'on fait pour manger, et puis alors je voudrais savoir avant,
09:40 qu'est-ce que je fais pour me genrer ou me dégenrer, parce que on est en plein dedans, on en a parlé dans la première partie de l'émission,
09:47 alors qu'est-ce qu'on fait ? - Alors déjà, on devient fluide, on arrête de camper, c'est pas parce qu'on voit
09:53 dans un vestiaire de foot un camarade sous la douche qu'il faut en conclure que c'est un homme.
09:59 Il faut très bien se sentir femme, vous voyez, donc il faut accepter cette fluidité-là. - Il faut accepter que ce camarade
10:05 rugbyman que je vois sous la douche, en fait, peut être une femme aimante. - C'est ça, il veut qu'on lui dise "bonjour madame".
10:11 - Et c'est son droit, vous voulez dire. - Oui, c'est ça, c'est son droit, c'est son nouveau droit d'ailleurs.
10:16 - Donc, fluidité partout. - Fluidité générale. Bon alors, ça peut poser des problèmes, par exemple, moi qui
10:23 ai plutôt tendance à préférer les hommes.
10:25 - Ce qui est mon droit le plus strict. - Mais oui, si j'étais fluide, vraiment fluide, est-ce que je ne devrais pas aimer les femmes qui se sentent
10:33 hommes ?
10:34 - Oui. - À condition, bien entendu, qu'elles se sentent hommes aimant les hommes.
10:37 - Donc, vous avez, mais si je vous traite de lesbienne, c'est mon droit et c'est le vôtre de l'accepter aussi. - Voilà, c'est ça, je peux accepter ou pas.
10:45 - Mais vous voyez que tout ça peut se mordre la queue, sans, évidemment, mauvais jeu de mots.
10:49 C'est un peu compliqué, notre nouveau monde, d'ailleurs, j'en parle, du fait que maintenant pour
10:54 allumer son téléphone, il faut se faire scanner la face ou pour
10:57 faire cuire un poulet, il faut parler à sa cuisinière.
11:00 Donc, il y a des choses qui se compliquent, mais il y a quand même du progrès et moi c'est ça, c'est ce progrès que je veux
11:05 aller chercher dans les décombres de notre monde. - Vous voulez dire, vous voyez, il y a quand même de bonnes choses dans le progrès.
11:12 - L'effondrement peut être constructif. - Mais par exemple, quand vous parlez du quinoa, du boulgour, enfin, parlons un peu des végans, etc.
11:20 - Il faut l'acheter en vrac, ça c'est la première des choses. - Pourquoi ?
11:22 - Ah bah, pour éviter les emballages. Mettez-vous devant votre poubelle jaune et pensez aux poissons
11:29 qui vont manger ça, qui ensuite vont être mangés en nuggets par vos petits-enfants, etc. Enfin, vous voyez, c'est...
11:35 - C'est compliqué. - Ouais, on est dans une chaîne interminable.
11:38 Donc, pour revenir aux céréales, qui feront quand même notre aliment de base, les légumineuses, disons, en général, les lentilles, etc.
11:45 Le vrac.
11:47 Plus d'emballages, oui. Donc, il y a des magasins spécialisés que je me suis mis à fréquenter.
11:52 - Mais comment ? Vous les prenez comment en vrac ? - Alors, il faut d'abord acheter des contenants. Ça, c'est un peu le ticket d'entrée.
11:59 Mais ils sont très jolis. Il y a vraiment de tout et d'ailleurs, il y a des "coachs" en
12:04 "zero waste", donc en français, des aides au zéro déchet.
12:09 - Ah oui, oui. Pas à zéro déchet. - Voilà, qui vous expliquent à peu près ce qu'il faut acheter. Donc, on a acheté plein de choses très, très jolies.
12:14 Et puis, de toute façon, il suffit de voir ce que font les autres clients. En général, vous avez des pères de famille avec le
12:19 gamin dans la poche ventrale
12:21 de la salopette, qui remplissent leurs
12:25 contenants de légumine. - En quel matériau ?
12:29 - Les contenants, alors, où il y a du verre, parce que bon, ça se recycle, et aussi beaucoup de tissus. Alors, si possible, évidemment,
12:37 biosourcés et équitables. - D'accord, équitable, très important.
12:42 - Oui, pas oublier ça, équitable. Et du point de vue, alors,
12:46 les relations avec les voisins, parce que quand même, vous n'allez pas vivre isolé dans ce monde.
12:52 Comment ça se passe ? Comment ça doit se passer à votre... - Alors, dans la convivialité et le respect.
12:58 Je pense, sans les mettre au mot, c'est-à-dire que la fête des voisins, il s'agit de la multiplier, en fait.
13:03 Il ne s'agit pas de se limiter à une seule journée,
13:06 décider d'en haut. Non, il faut vraiment faire de la tarte salée. - Ça se passe quotidiennement ? - Oui, pratiquement. - Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
13:13 Comme, par exemple, parler de l'alimentation, de la bonne bouffe, etc. On fait quoi ? - Alors, pour la vraiment bonne bouffe,
13:19 alors là, il existe des
13:22 restaurants qui sont "apocalypse ready", pour continuer de parler français, qui sont tout à fait prêts à l'apocalypse.
13:28 Nous, par exemple, dans notre désert, bon, moyennant une petite heure de voiture, on trouve un étoilé qui a fait top chef,
13:35 et qui, depuis qu'il est sorti top chef, a repris la petite auberge familiale,
13:40 et qui propose des choses très simples. C'est-à-dire, il y a vraiment un retour aux racines. D'ailleurs, c'est le cas de le dire, parce qu'il sert
13:46 beaucoup de racines. Et donc, par exemple, il va vous
13:50 proposer des menus où tous les prix sont multiples de 40 euros.
13:55 Donc, ça fait des additions qui sont très simples à faire. - Vous voulez dire que, oui, pour la maudite somme de 120 euros...
14:01 - Voilà, vous avez entré plat-dessert. Voilà, mais, vous voyez, il n'y a pas de virgule. On est dans la
14:05 simplicité. Ça va très loin, parce que les légumes sont servis en plénitude, c'est-à-dire sans les éplucher.
14:11 La soupe aux choux, c'est un peu viandard comme truc. - Un peu, oui. - Mais, il a quand même voulu rendre hommage à sa grand-mère, qui tenait l'auberge
14:20 initialement. Et donc, il l'a réinventée. C'est une soupe qu'on inhale sous une serviette à carreaux.
14:26 - Carrément. - Et vous sentez l'odeur de la saucisse. - Vous me plaisantez, là. - Non, non, je vous assure.
14:31 - Je veux dire, on va dans ce restaurant, on inhale la soupe sous une serviette à carreaux, comme des hortelans.
14:37 - Comme des hortelans sous Mitterrand. - Sous Mitterrand. - Voilà, c'est ça. Donc, on a une serviette à carreaux, et on a les légumes,
14:43 et on a la bonne odeur de la soupe aux choux. Enfin, la bonne... Moi, personnellement, j'aime bien. Il y a des gens qui n'aiment peut-être pas,
14:48 mais lui, il a voulu jouer, si vous voulez, la madeleine. - Retrouver la soupe. - Voilà. Donc, vous avez une évanescence de...
14:54 Une odeur de soupe aux choux de saucisse, de bonne saucisse, qui a bien macéré.
15:01 - Écoutez, Pascal Fiorento, franchement, vous ouvrez un univers incroyable. Je sens que nos auditeurs et beaucoup de gens,
15:07 tous nos résistants et résistantes vont aller s'enquérir de ce qu'on peut faire. Mais, quelquefois, vous cédez quand même à
15:14 - allez, je dirais un cynisme d'humour, mais de bon à loi, mais quand même - vous écrivez, par exemple, dans le chapitre "Manger".
15:22 À force de parler des 20% de nourriture jetée à la poubelle dans un monde où 39% des adultes sont en surpoids,
15:28 alors que 10% souffrent de malnutrition,
15:31 on finit presque par oublier qu'en s'étant imprégné du millénarisme,
15:36 il n'y a rien de tel qu'une bonne blanquette pour se remonter le moral et penser à autre chose.
15:41 Alors, la blanquette, vous la réhabilitez, là, du coup ? - Oui, on a le droit d'avoir des petites crises, des petits manques de temps en temps,
15:48 mais ça n'empêche pas de continuer, d'avancer vers un futur radieux, parce que j'espère que je la fais aimer, cette apocalypse
15:57 qui vient, parce que moi, j'aimerais bien la rendre heureuse, tant qu'à faire. - Tant qu'à faire, c'est clair.
16:01 Mais, en fait, c'est un drôle de monde, quand même, qui s'esquisse à travers votre livre. C'est ça que j'ai bien aimé, c'est-à-dire que
16:08 vous parlez de tout cela, vous parlez aussi
16:10 des appareils, enfin, revient à la mode, par exemple, la mode et puis les idées.
16:16 C'est amusant, parce que, en fait, c'est un prêt-à-penser comme il y a un prêt-à-porter, aussi. Alors, c'est quoi le nouveau prêt-à-penser
16:22 dans cette apocalypse heureuse de Pascal Ferrand ? - Alors, au dernier salon du prêt-à-penser,
16:27 quel stand on pourrait... - Quel stand vous mettriez ? - On mettrait en lumière...
16:37 - C'est toujours le côté
16:40 évasion, autre monde, parce que la notion du monde d'après... - Oui, voilà, il y a le stand du monde d'après,
16:47 un monde dans lequel on a enfin trouvé le bonheur et la lumière.
16:53 Mais, il me semble que ce monde d'après ressemble assez au précédent monde d'après qu'on a déjà traversé.
17:01 - C'est vrai. - Il y a quand même cette prédiction de Marx, que je cite d'ailleurs, sous votre contrôle,
17:06 qui est que notre société de consommation finira dans les poubelles jaunes de l'histoire, parce qu'on est prêt à trier maintenant.
17:12 - C'est ce que vous appelez le recyclage des déchets. - C'est ça. - Y compris idéologique, politique et autres.
17:17 - Oui, voilà, pour arriver dans ce nouveau monde
17:22 si radieux que, franchement, on a envie... Non, ça ne vous donne pas envie de le rejoindre un peu plus en courant ?
17:30 - Ah ça, en lisant votre livre, ça me donne envie effectivement de me suicider tout de suite, mais après on peut y penser.
17:36 - Mais après avoir ri. - Ah, non, c'est ça qui est merveilleux.
17:40 Comme Molière, nous allons nous suicider dans le rire le plus génial.
17:44 Et votre livre, encore une fois, il s'est... Très bonne recette pour ça.
17:48 - Mais je sais que vous êtes un amateur de Guy Debord et qu'il disait, alors vous le maîtrisez beaucoup mieux que moi,
17:53 mais moi, il y a une phrase que je retiens et qui me sert souvent dans mon travail d'humoriste et de pasticheur,
17:59 c'est qu'il disait, dans le monde réellement renversé, "le vrai est un moment du faux".
18:03 - Absolument. - Et donc c'est dans tout ce faux que peut-être je tends,
18:07 je tends, j'espère de manière timide et humble, un miroir de notre époque.
18:12 - Une phrase que je cite très souvent, vous avez raison, c'est une des plus belles formules de Guy Debord.
18:17 On se retrouve juste après cette petite pause. A tout de suite.
18:20 - Et vous avez la parole sur Sud Radio 0826 300 300.
18:24 Vous nous appelez pour interpeller Pascal Fioretto et son livre "Le petit abécédaire de l'apocalypse heureuse".
18:29 A tout de suite sur Sud Radio.
18:30 - Ici Sud Radio.
18:33 Les Français parlent au français.
18:38 Les carottes sont cuites.
18:41 Les carottes sont cuites.
18:43 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
18:46 - Évidemment, puisque je suis avec Pascal Fioretto, le gourou de l'apocalypse heureuse,
18:52 les carottes bio sont cuites bien sûr, parce qu'on ne va pas...
18:56 Alors Pascal Fioretto, vous utilisez justement beaucoup de mots, y compris le mot "globich".
19:01 Vous savez le globich, c'est cette espèce de globi-boulga.
19:04 Alors évidemment tout le monde parle anglais, mais non mais quel anglais !
19:08 Et vous l'utilisez beaucoup ça dans votre livre, de manière d'ailleurs très drôle.
19:12 - J'appelle ça l'anglais niveau M6 en fait, parce que c'est une espèce de manie qui consiste à...
19:19 Alors qu'il y a des mots français beaucoup plus efficaces à utiliser un anglais approximatif.
19:24 Et oui, et moi pour me tenir à jour en ce qui concerne le vocabulaire,
19:29 j'accepte les invitations de ma nièce à dîner, parce qu'elle elle aime bien fréquenter les boomers dans mon genre.
19:37 Alors il est clair que c'est moi qui paye, puisque le désastre de la planète c'est de ma faute.
19:44 - Bien sûr.
19:44 - Je sais pas, il y a encore quelques années, mais Diabolo Mente, j'utilisais une paille.
19:48 Donc les dauphins c'est moi.
19:49 Donc elle, elle me fait bien sentir que je suis coupable de tout ça, et moi et non quoi je l'invite.
19:54 Et moi j'en profite pour prendre une cure de langage contemporain.
19:59 Donc elle me dit...
20:00 - Comme par exemple, si vous avez quelques exemples ?
20:02 - Elle me dit que depuis qu'elle a quitté les territoires,
20:04 donc les territoires c'est l'Indre-et-Loire, l'Ardèche, l'Auvergne, vous voyez c'est ça les territoires.
20:12 Depuis qu'elle a quitté les territoires, et qu'elle vit dans la mégapole,
20:19 elle aime bien de temps en temps qu'on s'offre des "quality moments".
20:23 "Quality moments" c'est...
20:24 - Moment de qualité.
20:25 - Oui c'est ça.
20:26 - Un instant de qualité.
20:27 - Oui c'est ça, on dîne à deux.
20:28 Donc en gros, on forge du vivre ensemble.
20:31 - Voilà.
20:32 - Ah ben voilà !
20:32 - Transgénérationnel.
20:33 - Le vivre ensemble.
20:35 - Et c'est notre façon à nous d'organiser les solidarités.
20:37 - Vous voyez ?
20:38 Ça aussi c'est une expression, c'est un élément de langage que j'ai appris grâce à elle.
20:42 Alors de base, elle elle est plutôt dans la team vegan, et moi dans la team viande.
20:47 Expression...
20:49 - La team...
20:50 - Vous le saurez la prochaine fois quand vous serez autour d'une table,
20:53 vous allez dire "qui est de la team Beaujolais et qui est de la team Muscadet ?"
20:57 - Et pour chacun il estime que sa team c'est la "dream team".
21:00 - Ben forcément !
21:01 - Oui oui forcément.
21:01 - Il est prêt à la défendre.
21:03 Mais du coup, nos sous-sailles, en sont-on trop bien ?
21:06 Parce qu'ensemble, on s'est mis en capacité de générer du consentement
21:11 par-delà le gap générationnel.
21:14 - Absolument.
21:15 - Je me suis amusé à rédiger un chapitre entier dans ce jargon de la langue actuelle.
21:23 Donc on y découvre ce qui fait problème,
21:25 on y découvre aussi comment faire le job, comment rester dans le game,
21:31 comment aussi essayer d'intégrer une entreprise hybride et agile de la tech.
21:38 Alors la tech c'est le petit nom de French Tech.
21:40 - Ah oui.
21:41 - French Tech, c'est la station F de Xavier Niel par exemple.
21:44 C'est là où on fabrique le futur.
21:47 - Les génies de demain.
21:48 - C'est ça, les génies de demain, les codeurs en fait.
21:51 Elle me dit qu'elle a du mal par exemple à être au clair
21:56 en même temps avec ses principes woke,
21:57 parce qu'elle est un peu woke,
21:58 et avec sa boss qui est une lesbienne mais pas du tout lol.
22:02 C'est-à-dire que c'est une cis-lesbienne.
22:05 - Elle est une cis-lesbienne.
22:07 - Elle est vraiment très très stricte sur son obédience
22:11 et donc toutes les deux elles se clashent forcément.
22:14 - Ah oui, c'est ça.
22:15 - Vous avez entendu ?
22:16 - Oui, bien sûr.
22:16 - Voilà.
22:17 Et puis elle me dit qu'elle est ravie de...
22:19 - Et en fait, dites-moi, votre Nia,
22:21 enfin même si vous avez résumé les...
22:22 Mais elle parle vraiment comme ça ?
22:24 Je veux dire, elle est...
22:25 - Oui, oui, j'ai condensé exactement.
22:27 J'ai condensé mais c'est vraiment pour moi
22:29 une espèce de remise à niveau du français tel qu'on le parle
22:34 dans la, disons, une ou deux générations avant la mienne en fait.
22:39 Je crois que c'est les X, les Y qui est...
22:41 - Oui, c'est pas les Z encore.
22:43 - Non, voilà, c'est ça.
22:44 Et alors la dernière chose que j'ai apprise,
22:47 c'est que dans l'entreprise où elle travaille,
22:49 ils sont en train de triturer nos données
22:51 parce qu'en fait il faut savoir que sur Facebook,
22:53 il y aura bientôt plus de morts que de vivants en fait.
22:56 - Ah oui, ça vieillit la génération Facebook.
23:00 - Et les gens, figurez-vous, avant de se déconnecter définitivement,
23:04 ne prennent pas la précaution d'enlever leurs données.
23:07 Donc il y a des données de personnes mortes
23:10 sur tous les réseaux sociaux, des photos, des voix, etc.
23:13 - Le cimetière des réseaux sociaux.
23:14 - C'est ça, un grand cimetière sous la thune
23:17 parce qu'il y a beaucoup d'argent à faire.
23:20 Et donc en fait, elle s'occupe de ça.
23:24 Et l'idée ce serait, et d'ailleurs ça existe,
23:26 de créer des robots conversationnels
23:28 qui permettraient de parler avec son papy décédé.
23:32 C'est un peu flippant.
23:33 - Mais c'est un business de folie ça.
23:35 - Mais absolument.
23:35 - C'est un marché du temps d'ordure.
23:37 Vous avez perdu votre grand-mère, et bien là voilà.
23:39 - Là voilà.
23:40 Donc on pourrait même imaginer,
23:43 d'ailleurs il paraît que la police scientifique
23:45 se penche sur le sujet,
23:46 récupérer les traces numériques laissées par une victime
23:48 de manière à l'interviewer post-mortem.
23:51 Donc Giseleine Marshall, qui a fait le coup ?
23:55 C'est le colonel dans le salon avec le chandelier,
23:59 "Vous pouvez libérer Omar".
24:00 - C'est pas Omar.
24:01 - Donc on peut imaginer tout ce genre de choses.
24:03 C'est pour ça que c'est très stimulant en fait
24:04 de déjeuner avec ma nièce,
24:08 qui est à fond dans son époque,
24:09 qui se fait payer en crypto-monnaie,
24:11 qui est vraiment dans toutes ces choses...
24:15 - Ah oui, elle prend tout là.
24:16 - Oui, elle est sans filtre.
24:19 Voilà une autre expression bien entendu.
24:22 - Et alors parmi les gens que vous connaissez,
24:26 les survivalistes ou les collapsologues,
24:29 se recrutent moitié-moitié grosso modo ?
24:33 - Non, il y a quand même une grosse majorité
24:36 de collapsologues un peu mous, sympatoches, etc.
24:41 Les survivalistes c'est un club plus fermé,
24:43 il faut dire que c'est exigeant quand même,
24:45 il faut être en bonne condition physique,
24:46 enfin faut...
24:48 - D'ailleurs ça m'intéresserait si parmi vos auditeurs,
24:51 il y a des gens des deux écoles...
24:52 - Bah écoutez, on va les avoir dans quelques minutes
24:56 et on va leur poser la question.
24:57 - Je sens que j'aurais plein de détails.
24:59 - C'est vrai, ce serait bien.
25:01 En fait, ce que vous avez fait,
25:02 c'est une espèce de caractère de la brouillère
25:07 du monde d'après.
25:09 C'est les caractères.
25:10 - Merci beaucoup.
25:10 - Non mais j'aime bien vous flatter,
25:12 ça fait partie du monde d'après.
25:14 - On va sortir juvénile.
25:15 - Voilà, voilà.
25:18 - C'est gentil, mais écoutez,
25:19 oui je sais pas, il y a beaucoup de portraits,
25:21 c'est vrai, il y a notamment,
25:22 je décris un déjeuner à la campagne
25:23 qui là aussi, enfin dans notre campagne.
25:26 C'est-à-dire, il y a des gens qui n'ont pas encore franchi le pas,
25:29 donc qui se tâchent, qui traient bien...
25:30 - Il y a encore des gens qui sont à l'arrière.
25:32 - Oui, qui traient bien la Babylone pour faire comme nous
25:35 et donc qui viennent en repérage.
25:37 Et donc ça donne des scènes vraiment rigolotes pour nous
25:40 parce qu'on les voit débarquer.
25:41 Alors quand ils commencent à nous dire
25:42 qu'ils sont en burn-out
25:45 et qu'ils ont besoin de toucher du concret, etc.,
25:47 on leur fait ramasser les feuilles et biner le jardin.
25:51 - Ils vont faire travailler un peu.
25:51 - Voilà, et donc leur bullshit job,
25:54 du coup, qui n'avait pas de sens,
25:57 là finalement ils s'incarnent
25:58 et une fois qu'ils ont des ampoules,
26:00 ils dorment beaucoup mieux.
26:01 Donc il y a ces gens-là qui viennent chez nous
26:03 et ça c'est authentique,
26:04 on a des gens qui viennent se reposer
26:07 parce que vu que le francier atypique ne vaut rien,
26:09 là où on est,
26:11 on a une maison assez grande,
26:12 plus ou moins bien chauffée,
26:13 mais donc on a des chambres.
26:14 - D'accord.
26:16 - On accueille des gens en rupture.
26:18 - Ils sont très différents ?
26:19 - Oui, alors c'est tous azimuts.
26:22 La dernière qu'on a eue, c'était une happy manager.
26:24 Je ne sais pas si vous connaissez.
26:25 - Une manager contente, heureuse ?
26:28 - Ah non, non, c'est des gens à qui on demande
26:31 de créer une ambiance de travail
26:34 propice à l'épanouissement.
26:36 - D'accord.
26:37 - Donc vous n'en avez pas su de radio, genre aujourd'hui.
26:39 - Une happy manager, mais je vais demander
26:41 au directeur des ressources humaines de me dépenser.
26:44 - En fait, concrètement, plus de son boulot,
26:47 on lui a collé de s'occuper de la cafetière
26:50 et de remplacer les bourrages papiers dans les imprimantes.
26:55 On appelle ça une happy manager.
26:56 Donc elle craque évidemment,
26:57 puisqu'on lui a élargi les compétences
26:59 sans anesthésie et sans augmentation.
27:02 Et donc la dernière qu'on a eue,
27:03 elle était là et elle s'est reposée
27:05 et elle a découvert le monde d'après, comme vous dites.
27:07 - C'est balade encore ce genre là, par exemple.
27:10 - Formidable, formidable.
27:11 Écoutez, on va accueillir nos auditeurs.
27:15 Sont-ils survivalistes, collapsologues,
27:17 monde d'avant, monde d'après ?
27:19 Je crois qu'ils sont comme nous.
27:21 Et on va en parler avec eux.
27:22 - On va demander ça à Philippe de Caen.
27:24 Bonjour Philippe.
27:25 - Bonjour Philippe.
27:26 - Oui, bonjour, bonjour Monsieur Pascal Fioretto.
27:29 - Bonjour.
27:30 - C'est France TV, Fractaire.
27:32 Bon, ok.
27:33 Très intéressant.
27:35 Je pense qu'on cible, Monsieur Fioretto,
27:37 je pense que vous ciblez davantage les classes supérieures.
27:39 Mais moi, je voudrais vous parler de quelque chose
27:41 qu'on a tous vécu,
27:43 mais nous avons déjà vécu et subi un début d'apocalypse.
27:48 C'est le Covid et son emprisonnement personnel.
27:53 Je vous rappellerai quelque chose,
27:55 André, comme Monsieur Fioretto,
27:58 panique des bons citoyens pour lider les rayons alimentaires.
28:02 Plus de papier.
28:03 Alors moi, je vais être précis
28:05 et je vais être particulièrement pratique.
28:08 Plus de papier toilette, plus de pâtes, plus de riz,
28:12 plus de moutarde, égal à la faim.
28:15 Bon, ça s'est calmé depuis mes tards.
28:17 Résultat, des méga-profits pour les multinationales alimentaires.
28:21 On était dans les prémices d'une apocalypse.
28:27 - Oui, en tout cas, il y a eu un horizon d'apocalypse
28:31 bien entretenu et bien imposé, ça c'est vrai.
28:33 - Il y a eu une répétition générale.
28:35 - Il y a eu une répétition générale, voilà absolument.
28:37 Mais c'est vrai, juste un mot, c'est vrai.
28:39 Et d'ailleurs, ce n'est pas du tout une critique.
28:42 En fait, votre monde, le monde que vous décrivez,
28:44 Pascal Fioretto, c'est le monde des bobos.
28:46 - Des boubous, des bourgeois boueux en fait.
28:50 - Des bourgeois ?
28:52 - Oui, parce qu'on passe l'hiver dans la boue.
28:56 - Ou des bourgeois bouzeux.
28:58 - Oui, les bourgeois bouzeux.
29:00 J'adopte, si vous le permettez.
29:02 - C'est vrai qu'en fait,
29:04 mais je m'en moque, d'abord je me mets dans le tas, toujours.
29:08 Je suis dans le même désarroi que tous mes contemporains,
29:10 je ne parle pas du haut d'une chair.
29:12 Je fais partie du truc.
29:14 Effectivement, c'est quand même des états d'âme
29:18 de bobos qui deviennent boubous, plus ou moins.
29:22 Et ça n'empêche pas d'en rire.
29:24 Et ensuite, je pense que ce que dit votre auditeur est juste,
29:28 c'est-à-dire qu'il y a eu une répétition générale
29:30 et on a vu qui s'en sortait le mieux.
29:32 C'était les gens qui avaient une résidence secondaire à Biarritz
29:36 ou à l'île de Ré, qui ont quitté la capitale.
29:40 - Ils avaient les moyens de respirer.
29:42 - Oui, ils avaient les moyens de respirer.
29:44 Effectivement, c'est remarquable.
29:46 - Philippe, vous vouliez ajouter quelque chose ?
29:48 - Oui, non, juste un peu d'humour.
29:52 C'est la chanson du chez Delcoche.
29:54 Est-ce que ça vous plaît de marcher dans la boue ?
29:58 Avec 5 aînes, marcher dans la boue.
30:00 - Voilà, exactement.
30:02 - Voilà, et un grand merci pour vous André.
30:04 - Merci à vous, merci à vous.
30:06 Et c'est vrai que ce qui est très intéressant,
30:10 Pascal, puisque vous écrivez évidemment un monde qui est celui dont on ne prétend pas du tout,
30:14 et vous ne prétendez pas du tout que c'est toute la France qui est représentée dans ce que vous racontez,
30:19 c'est une certaine bourgeoisie.
30:21 Mais ce qui est intéressant, quand même,
30:23 ce qui est intéressant et à la fois quand même préoccupant,
30:26 on peut dire, si on veut être un peu...
30:28 C'est qu'il y a un conformisme, quand même,
30:31 du vocabulaire, des conduites.
30:34 On a l'impression qu'on leur a dit à tous ces braves gens,
30:37 "Écoutez, c'est comme ça qu'il faut vivre,
30:39 c'est comme ça qu'il faut se vêtir,
30:41 c'est comme ça qu'il faut se comporter,
30:43 c'est telle idéologie qu'on doit avoir."
30:46 Vous savez, c'est l'étiquette de la cour du roi,
30:49 Pozzol, Louis XIV,
30:51 et ces gens-là, mais ils sont des moutons de panurges hallucinants, quand même.
30:55 - Effectivement, je pense qu'on baigne tous
30:59 dans un fond de l'air qui est le même,
31:03 et donc à qui il y a une forte volonté
31:07 de standardiser les réactions, les comportements,
31:10 les façons de penser.
31:12 Et donc, ces réactions de fuite des grandes villes,
31:16 par exemple, ça a l'air très atypique,
31:19 en fait c'est conformiste.
31:22 Donc en fait, il n'y a pas...
31:25 Je ne trouve pas que l'imminence de l'apocalypse
31:29 dont on parle tant,
31:31 et cette éco-anxiété qui vient de rentrer dans le dictionnaire aussi,
31:34 d'ailleurs je le signale au passage.
31:36 - L'éco-anxiété ?
31:38 - Oui, l'éco-anxiété. C'est authentique, ça vient de rentrer dans le dictionnaire.
31:40 - Comme l'écosystème ?
31:42 - Voilà. - Il n'y a plus que des écosystèmes.
31:44 - Il y a des écosystèmes, systémiques,
31:46 pendant qu'on y est.
31:48 En tout cas, ce monde éco-anxiogène dans lequel on baigne,
31:53 il génère des comportements qui pour l'instant sont finalement assez standards
31:57 et assez conformistes,
31:59 pas vu émerger de véritables...
32:01 - Mais dans justement, parce que vous parlez de cela,
32:04 il y a, quand je dis un chapitre, des chapitres,
32:08 comme... Alors ça c'est très intéressant,
32:12 Hervé Le Tellier, je ne sais pas qui est Hervé Le Tellier.
32:15 - Ah c'est le prix Goncourt 2020 pour l'anomalie.
32:18 - Ah ben voyez, je ne l'ai pas lu, alors est-ce que c'est une vraie...
32:21 - C'est une vraie ? - C'est une vraie citation.
32:24 Je pense que la majorité des gens est bien plus con que la moyenne.
32:28 Est-ce que ce n'est pas l'explication, Dr Holmes ?
32:33 Est-ce que c'est élémentaire, mon cher Watson ?
32:36 - Moi je veux bien, mais je me mets dedans.
32:38 C'est la seule précaution oratoire que je prendrais.
32:41 - Vous savez, j'organise des déjeuners de cons de temps en temps,
32:44 donc je ne sais pas. Je vais vous laisser ma carte.
32:47 - On est tous le con de quelqu'un, de toute façon.
32:49 On se retrouve juste après cette petite pause. A tout de suite.
32:52 - Et vous continuez de nous appeler au 0826 300 300,
32:56 vous avez la parole sur Sud Radio. 0826 300 300, à tout de suite.
33:00 - Les Français parlent au français. Je n'aime pas la blanquette de veau.
33:07 Je n'aime pas la blanquette de veau.
33:10 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
33:14 - Eh bien, dans tous mes états, je vous assure, je vous le lis.
33:17 Parce qu'il y a vraiment des passages du livre, et tout le livre, je vous le dis,
33:21 je vous le recommande vraiment, mais il y a des passages
33:24 qui sont vraiment assez succulents.
33:27 Et vous parlez, par exemple, voilà, je vais vous le lire,
33:31 ce n'est pas très long, mais ça vaut le coup de l'écouter.
33:34 Et vous commenterez ensuite vos propres écrits, évidemment.
33:38 Un peu plus loin, en lui et place de l'agence Société Générale,
33:41 Tristounette, s'est installé un établissement qui ressemble
33:44 à un bar yaourt des années 2010.
33:47 Intrigué, je me suis mêlé à la ville latente, entouré de filles à mèche,
33:51 face au manga, et de garçons genre groupe de K-pop.
33:55 Autour de moi, la plupart des conversations portaient sur la composition
33:58 du bubble tea qu'on s'apprêtait à commenter.
34:01 Derrière son comptoir, une vendeuse a élevé la voix
34:04 à prononcer que les mochis au matcha étaient épuisés.
34:07 Profitant du début d'insurrection qu'il a suivi,
34:10 je me suis efforcé de traduire la carte avant que ce soit mon tour.
34:14 Quelques minutes plus tard, j'étais établi sur un coin de fesse
34:17 à un coin de table, sous un coin de haut-parleur
34:20 devant un liquide marron et chaud baptisé Armageddon,
34:24 au fond duquel trempaient des boulettes translucides bariolées
34:27 comme les ongles de ma voisine.
34:29 Je devais sembler aussi désemparé qu'un ange de la télé-réalité
34:32 tombant par hasard sur un cours du Collège de France,
34:35 car la jeune fille m'adressa un sourire bienveillant
34:38 et m'expliqua que j'étais en bois de boire un thé du dragon
34:41 augmenté de sucre brun.
34:44 Et voilà, super.
34:46 Alors c'était hyper healthy pour la santé,
34:48 car chaque groupe de gorgées de thé matcha
34:51 contient autant d'antioxydants qu'une cuillerie à soupe de crème Nivea.
34:55 Alors ça, c'est vrai que ça résume quand même pas mal.
34:58 C'est-à-dire, il y a eu telle obsession effectivement
35:01 de savoir "on doit manger ça, boire ça, etc."
35:04 - C'est ça. En fait, c'est assez récent
35:07 cette scène-là, elle se passe quand je reviens à Paris
35:10 parce que ça m'arrive, comme aujourd'hui, de revenir à la capitale.
35:13 Et un jour, je suis retourné dans mon quartier.
35:17 Ça c'est rue du Poteau que ça se passe,
35:20 dans le 18e arrondissement, côté de la mairie du 18e.
35:23 Et là, pareil, l'apocalypse a déjà commencé.
35:26 C'est-à-dire que les vendeurs de marrons
35:29 et le brave Boucher
35:33 qui faisait sa choucroute de la mer le vendredi,
35:36 tout ça a disparu. Et là, maintenant, il y a
35:39 une boutique de bubble tea. Comme je suis un peu
35:42 "plouc", je ne savais pas ce que c'était.
35:45 Donc j'ai quand même voulu tester, et c'est comme ça que je me suis retrouvé à côté de cette jeune fille
35:48 charmante qui m'a expliqué de quoi il retournait.
35:51 En fait, il se passe ça en ce moment dans nos villes.
35:54 Il y a cette espèce de grand remplacement
35:57 de boutique. - Oui, on parle pas seulement des mots,
36:00 on parle pas seulement des produits. - Oui, c'est ça, exactement.
36:03 - Pas seulement de la langue, des produits, des goûts. - Et honnêtement,
36:06 Pascal Fioretto, maintenant, au-delà de votre écrit,
36:09 ça vous désole, ça vous déstabilise,
36:12 vous vous en foutez ou quoi ? Franchement.
36:15 - Moi, je pense que, comme beaucoup
36:18 de gens qui essaient de faire de l'humour, je suis un peu pessimiste,
36:21 un peu désespéré.
36:24 Donc, oui, j'ai un regard assez désespéré sur tout ça.
36:27 - Vous savez ce que disait Chris Marker ? "L'humour, c'est la politesse du désespoir."
36:30 - Voilà, pour une fois, on l'attribue à la bonne personne,
36:33 parce qu'en général, on attribue ça à des proches
36:36 ou à d'autres gens, mais voilà, c'est bien sûr.
36:39 - Absolument. - Voilà, essayons d'être polis dans notre désespoir.
36:42 Mais effectivement, quand je revois
36:45 mon quartier, alors on va dire que c'est de la nostalgie, etc.
36:48 Mais je pense qu'il y a quand même eu,
36:51 il s'est quand même passé quelque chose. Peut-être,
36:54 comme disait votre auditeur pendant les années Covid, je sais pas,
36:57 il y a eu un accélérateur de quelque chose,
37:00 mais il y a quand même une lame de fond.
37:03 Peut-être qu'on a tous intégré cette écho-anxiété
37:06 qui vient d'entrer dans le dictionnaire.
37:09 - On l'a intériorisé. - Oui, on l'a intériorisé.
37:12 On attend une fin générale.
37:15 Je sais pas vous, mais les jeunes gens, comme par exemple
37:18 ma nièce, qui me dit qu'ils veulent pas d'enfants.
37:21 - Oui, c'est ça, vous les en parlez d'ailleurs.
37:24 - Pourquoi ? Parce que ce monde est fichu ?
37:27 - Parce que c'est ça, on a intégré ça.
37:30 - Vous avez beaucoup de gens, ce que je reviens à ça,
37:33 vous en parlez beaucoup dans votre livre,
37:36 disent "oui, de toute façon, ce monde il est fichu, c'est fini".
37:39 - C'est un peu ce que vous disiez, je pense.
37:42 Le fond, le bain de l'époque, c'est quand même ça.
37:45 Et on s'en sert.
37:48 Et c'est instrumentalisé, en fait, cette écho-anxiété.
37:51 Elle est instrumentalisée,
37:54 pour rendre les sociétés de plus en plus, on nous dit,
37:57 intelligentes, formelles. - Intelligentes ou dociles.
38:00 - Oui, ou dociles, voilà. Mais qui est probablement l'autre versant.
38:03 Parce qu'en fait, on parlait de ça aussi tout à l'heure,
38:06 vous avez remarqué que l'intelligence, c'est quand même la valeur suprême
38:09 actuellement, et que si votre gamin fait le bordel
38:12 en classe, c'est parce qu'il est HPI.
38:15 - Il est surdoué. - Il est surdoué, forcément.
38:18 Et quand il aura raté le bac, c'est parce que le système éducatif
38:21 n'est pas adapté à son intelligence supérieure.
38:24 Donc l'intelligence, la smartitude
38:27 est devenue une valeur canonique.
38:30 D'ailleurs, votre cafetière est probablement intelligente,
38:33 votre téléphone, c'est tout, ils sont smarts.
38:36 Donc il y a cette espèce d'idéologie
38:39 sociétale qui fait qu'on va tous crever,
38:42 il faut s'en remettre à la technologie,
38:45 toujours à la technologie pour s'en sortir.
38:48 Je pense qu'on bène tous là-dedans. Moi,
38:51 j'arrive pas à m'en foutre, je trouve ça
38:54 un peu désespérant, un peu triste en fait. Mais je pense que la dernière
38:57 utopie, c'est peut-être celle-là, c'est peut-être
39:00 faire un jardin,
39:03 prendre soin de son jardin,
39:06 pourquoi pas. - Comme elle s'en fait à Candide
39:09 chez Voltaire. - Oui, par exemple. - Il faut cultiver
39:12 son jardin. - C'est ça. Mais lui, il en a vécu
39:15 des choses avant d'arriver à cette conclusion. - C'est sûr.
39:18 Mais au fond, on se demande si
39:21 ce monde, je suis devant, c'est pas le monde qu'on a toujours
39:24 vécu, il y a des périodes où effectivement on se dit "c'est foutu",
39:27 on va essayer de s'occuper de nous, et puis d'autres qui disent
39:30 "non, non, non, c'est pas foutu, on va soit résister,
39:33 soit ce bagarre", mais vous, vous avez choisi en tout cas le parti
39:36 d'en rire. - Oui, voilà, c'est ça. Il y en a qui choisissent
39:39 le parti d'en jouir, moi c'est le parti d'en rire qui a été...
39:42 Je pense que c'est une façon de s'en sortir un peu,
39:45 d'être un peu moins dupe, peut-être,
39:48 mais moi, les gens qui rient de ce que je raconte là,
39:51 ça crée une connivence, et donc je pense
39:54 qu'on est assez nombreux
39:57 à être à la fois dans le désarroi et à essayer
40:00 de pas être trop dupe. - Je crois qu'il y a Sandrine
40:03 qui nous appelle. - Oui, Sandrine, bonjour Sandrine.
40:06 - Oui, bonjour. - Bonjour Sandrine.
40:09 - Merci André, merci à votre invité,
40:12 que j'apprécie beaucoup, j'ai apprécié, j'ai régalé d'écouter là.
40:15 - Merci. - Juste pour vous dire que moi je suis avec vous,
40:18 je suis pas une expérience de thé, je fais
40:21 partie des personnes, alors justement, toutes les grandes
40:24 qui veulent pétendre que la fin du monde est arrivée,
40:27 non, la fin du monde n'est pas faite d'arrivée,
40:30 on est toujours dans la campagne, par contre, il serait qu'effectivement,
40:33 on devient de plus en plus, on va faire
40:36 un bloc compliqué genre là, parce qu'en fait
40:39 c'est eux qui sont déséquilibrés, je dirais,
40:42 complètement, je veux dire, la société
40:45 française, voilà. - D'accord.
40:48 D'accord Sandrine, non mais, en tout cas,
40:51 c'est très intéressant de voir effectivement le nombre
40:54 de gens, et moi Pascal Fioriteu, il le dit avec
40:57 beaucoup d'humour, les gens qui effectivement ont choisi de s'en aller.
41:00 - Oui. - D'une manière ou d'une autre, mais qui gardent
41:03 tous les attributs d'une société confortable.
41:06 - C'est ça, c'est ça, ils sont dans leur TGV du mardi,
41:09 parce qu'en général les réunions c'est le mardi, donc
41:12 dans lesquelles il faut qu'il y ait du wifi, enfin etc.
41:15 Donc il y a une nouvelle catégorie
41:18 de gens, et je comprends très bien que des gens
41:21 qui ont choisi cette vie, ou pas d'ailleurs, enfin qui sont nés
41:24 dans les terroirs, voient débarquer
41:27 ces gens avec un peu de scepticisme.
41:30 - Vous savez, c'est "Je suis snob de Boris Vian,
41:33 et quand je serai mort, je veux un sueur
41:36 de chez Dior". Merci Pascal Fioriteu,
41:39 vraiment, lisez-le, vous allez passer en tout cas
41:42 un très bon moment, petit abeccédaire de "L'Apocalypse
41:45 heureuse" chez Herodios.
41:48 - Merci beaucoup chers auditeurs d'être toujours aussi
41:51 nombreux à nous écouter et à nous appeler, merci beaucoup à Pascal Fioriteu
41:54 pour son livre "Le petit abeccédaire de "L'Apocalypse
41:57 heureuse" aux éditions Herodios. Tout de suite,
42:00 l'émission de Brigitte Lay, à tout de suite sur Sud Radio.