SMART IMPACT - Le débat du lundi 22 mai 2023

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Lundi 22 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Cyril Choghari (Responsable du développement, Tenways Europe) et Clément Fleig (Formateur mobilité électrique multi-modalité, Ligne de chaîne)

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00:00 [Musique]
00:06 Le débat de ce Smart Impact, on parle donc mobilité. Bonjour Clément Enflègue, bienvenue.
00:10 Et bonjour, merci beaucoup.
00:12 Vous êtes formateur mobilité électrique multimodalité chez Lignes de Chêne et puis en duplex Cyril Chogary.
00:17 Bonjour et bienvenue. Vous êtes Development Manager chez Tenways Europe.
00:22 Je commence par vous donner des chiffres sur les moyens de transport individuels vendus en 2022
00:28 selon l'observatoire du cycle 43% de vélos, 26,5% de trottinettes et 26% de voitures.
00:36 Clément Enflègue, face à ce boom du vélo, notamment électrique, que propose Lignes de Chêne ?
00:41 Expliquez-nous c'est quoi Lignes de Chêne ?
00:43 Vous avez très bien fait de parler de boom.
00:46 Lignes de Chêne c'est aujourd'hui le seul organisme de formation français spécialisé uniquement,
00:51 concentré uniquement sur les véhicules électriques, qu'ils soient légers ou lourds.
00:56 Alors on s'arrête à la voiture, on ne fait pas de bus ou de poids lourds électriques.
01:00 Mais vous faites bien de parler de boom tout simplement parce que chez Lignes de Chêne,
01:05 on a créé l'organisme parce qu'on s'est rendu compte assez vite que ça allait être un boom
01:10 et que l'arrivée des produits allait être beaucoup plus rapide que la montée en compétences.
01:16 A la fois chez les utilisateurs et chez les réparateurs ?
01:20 Exactement. Nous on est très réparateurs, vendeurs et réparateurs,
01:23 puisque nos formations sont centralisées sur la vente et la réparation des véhicules électriques.
01:28 Et on s'est dit effectivement, ça va être un boom.
01:31 Ça ne va pas forcément être très progressif, puisqu'il y a un besoin,
01:34 il faut décarboner les transports, il faut désengorger les villes.
01:38 Donc on s'est dit, il va y avoir un boom.
01:41 Entre guillemets, apporter des véhicules, ça va être "facile".
01:47 Par contre après, commercialiser, aiguiller l'utilisateur et surtout les réparer.
01:52 Et là par contre, on s'est dit, en termes de compétences, ça va être compliqué.
01:55 Et donc ça c'était le constat de départ, qui est confirmé, j'imagine, mois après mois.
02:00 Est-ce qu'on a évalué le manque de techniciens pour faire face à ce boom et finalement à la réparation ?
02:07 Et donc, puisqu'on est aussi dans cette cohérence-là, à la durabilité de ces moyens de mobilité ?
02:13 Et là vous touchez juste. Alors est-ce qu'on a évalué ?
02:17 Dans certains milieux oui, je dirais que l'automobile, même si il y a des situations des fois un peu compliquées,
02:23 les batteries etc. mais on n'est pas sur des très gros volumes et on est sur des constructeurs qui veulent quand même bien faire.
02:30 Sur la micromobilité c'est plus compliqué, parce qu'on est sur des produits moins chers,
02:34 on est sur des produits qui sont moins contrôlés.
02:37 Et là par contre, on n'a pas bien évolué le besoin de réparation.
02:41 Et il en ressort, vous l'avez parfaitement estimé, il en ressort une durée de vie des produits
02:46 qui aujourd'hui commencent à alarmer certains observateurs.
02:49 Et ils ont tout à fait raison, notamment sur la trottinette électrique,
02:53 sur certains vélos électriques de marques peu connues ou d'importations peu suivies.
02:59 Et là on commence à avoir des durées de vie qui sont beaucoup trop courtes.
03:03 Donc il faut tirer la sonnette d'alarme et il faut vraiment former des réparateurs qualifiés.
03:09 Il faut adapter des pièces détachées, il faut comprendre la panne.
03:12 Et ça clairement, aujourd'hui nous la branche micromobilité, c'est vraiment la branche la plus active.
03:17 - Alors je me tourne vers vous Cyril Chogary.
03:19 D'abord, question de présentation, c'est quoi Tenways ?
03:22 - Tenways c'est une marque qui aujourd'hui devient leader dans son segment,
03:26 c'est-à-dire les vélos électriques de ville, principalement urbain au jour d'aujourd'hui.
03:30 On est présent, c'est une marque hollandaise, et on est de plus en plus présent en France.
03:35 - Ça représente quoi d'ailleurs la France ?
03:38 Est-ce que c'est une terre de croissance forte pour le vélo électrique aujourd'hui ?
03:43 - Alors c'est une terre qui présente énormément d'intérêt, d'opportunité.
03:50 La seule différence finalement entre d'autres pays tels que les Pays-Bas ou la Belgique,
03:55 c'est que le français a moins la culture du vélo ancrée dans son esprit,
04:00 mais on y travaille et les chiffres sont très très encourageants.
04:04 - La croissance du vélo électrique, ville par ville,
04:08 elle est vraiment liée au nombre de kilomètres de pistes cyclables
04:13 qui sont construites par les municipalités ?
04:16 Est-ce que vous pouvez faire le lien aussi précisément ?
04:19 - Alors je pense qu'effectivement, oui tout à fait.
04:22 Je pense qu'au jour d'aujourd'hui, plus une ville s'investit dans l'implantation de pistes,
04:26 plus une ville s'investit dans l'implantation de "parking", entre guillemets, de slots,
04:31 plus l'utilisateur aura envie d'utiliser un vélo.
04:34 Mais il y a une autre chose aussi auquel il faut songer,
04:36 ce n'est pas seulement de la ville mais de l'employeur également.
04:40 C'est-à-dire qu'il faut que l'État pousse l'employeur à pouvoir faire profiter son employé
04:49 d'un vélo électrique comme une solution tierce à la voiture ou autre moyen de locomotion.
04:55 - Oui donc ça passe par des aides, il y en a déjà.
04:57 Vous pensez qu'il faudrait booster cette cohérence-là ?
05:01 - Je pense que les aides en France sont extrêmement bonnes
05:05 quand je compare aux autres pays qu'on gère.
05:07 Mais il faudrait à mon avis peut-être simplement booster la partie communication.
05:13 Chaque personne aujourd'hui a droit à avoir une aide pour un vélo électrique
05:16 et il faut clairement l'utiliser.
05:19 - Je reviens Clément Flegg à vos formations techniciens spécialisés.
05:23 On y trouve quels profils ?
05:24 Il y a des gens qui veulent changer de métier par exemple,
05:27 qui donnent un sens différent à leur vie.
05:29 Quels sont les profils de ceux qui veulent devenir techniciens dans la mobilité ?
05:33 - Oui, beaucoup de gens qui sont en reconversion.
05:36 Il y a des mutations économiques de toute façon globales
05:40 qui fait qu'aujourd'hui on a des clients de l'industrie automobile
05:45 qui nous envoient des personnes qui sont en reclassement évidemment.
05:48 On s'est rendu compte avec certains cabinets de recrutement
05:51 que des personnes à qui on propose un plan de reclassement,
05:55 la réparation dans l'industrie, surtout dans l'industrie automobile par exemple,
06:00 qui effectivement va avoir moins besoin de main d'oeuvre avec la voiture électrique par exemple.
06:03 Et on se rend compte que le choix, quand on propose à ces gens,
06:07 quand on leur demande quelle reconversion, quelle formation,
06:10 ils aimeraient faire pour la suite,
06:12 et on se rend compte que la trottinette et le vélo électrique
06:14 arrivent très rapidement, généralement dans le top 3.
06:16 Donc oui, effectivement, nous pour l'instant,
06:18 on est surtout sur des personnes en reconversion et des personnes qui s'installent,
06:22 qui ouvrent des ateliers avec des compétences élevées,
06:25 qui sont centrées sur l'électrique.
06:27 Donc c'est surtout des personnes en reconversion.
06:29 C'est aussi un peu une évolution du métier, évidemment.
06:32 On a des stagiaires qui étaient déjà dans le milieu du cycle
06:34 ou déjà dans le milieu de la mobilité,
06:36 mais qui veulent monter en compétence.
06:38 Mais effectivement, à l'heure actuelle, on est plus sur des reconversions,
06:41 des gens qui sont aussi utilisateurs en tant que particuliers,
06:45 et qui se sont rendus compte que, eux, leur produit,
06:48 il n'est pas forcément bien dépanné, il n'est pas forcément bien entretenu,
06:52 et c'est des personnes qui s'aperçoivent directement du manque.
06:55 - Alors je voudrais évidemment qu'on parle,
06:57 et qu'on prenne le temps de parler de la durée de vie
07:01 des vélos électriques et des trottinettes électriques.
07:05 Cyril Chogary, dans votre gamme,
07:07 vous mettez en avant la robustesse.
07:09 Alors ça veut dire quoi quand on parle de robustesse pour un vélo électrique ?
07:13 - Il y a plusieurs choses. On parle évidemment du cas.
07:15 C'est un vélo, je veux dire, vous le faites tomber, il ne va pas casser.
07:18 Aujourd'hui, il y a des marques qui viennent de pays peu chers,
07:22 enfin qui proposent des vélos en tout cas peu chers,
07:25 mais qui sont un vrai danger.
07:27 Et puis la robustesse aussi sur tous les éléments
07:29 qui sont utilisés sur nos vélos.
07:31 Aujourd'hui, vous prenez par exemple les batteries,
07:33 ce sont des batteries qui ont jusqu'à 10 000 cycles.
07:35 Vous prenez le vélo qui est présenté ici, il a une courroie,
07:39 donc on peut faire plus de 25 000 km avec.
07:42 Je veux dire, les éléments sont faits en telle sorte
07:44 que l'utilisateur peut rouler et n'a pas besoin de se dire
07:48 que dans un an, deux ans, il aura 100, 200, 300, 400 euros de frais.
07:52 - Est-ce que justement la réparabilité,
07:55 c'est quelque chose que vous intégrez à la conception de vos vélos ?
07:58 - Alors tout à fait.
08:00 On travaille principalement avec des magasins,
08:02 donc avec des revendeurs.
08:04 Et le vélo est fait de telle sorte
08:06 qu'il est facilement accessible pour n'importe quel mécanicien
08:13 de pouvoir travailler dessus.
08:15 Donc c'est vraiment une des choses sur lesquelles on a travaillé.
08:18 C'est la facilité d'accès aux différents éléments
08:22 qui un jour devront être changés ou être entretenus.
08:25 - Clément FLEC, c'est quoi le...
08:27 Alors évidemment, ça va dépendre des marques,
08:29 ça va dépendre des modèles, ça va dépendre de où ils ont été construits,
08:32 de quand ils datent.
08:33 Est-ce que c'est la première génération des vélos électriques
08:35 ou une nouvelle génération ?
08:36 Mais il y a des points faibles récurrents sur un vélo électrique ?
08:42 - Il y a des points faibles récurrents.
08:43 Alors sur un vélo électrique, un petit peu moins.
08:46 Et encore que, on s'est rendu compte,
08:47 parce que nous au sein du groupe,
08:49 on a aussi un magasin et un atelier spécialisé,
08:51 ce qui nous permet de rester au contact de la clientèle.
08:56 Depuis la crise, il y a quand même une crise du pouvoir d'achat
08:59 ces deux, trois dernières années,
09:01 ça devient un peu compliqué.
09:02 Le vélo électrique a vraiment été mis en avant.
09:05 Mais malheureusement, aujourd'hui,
09:08 comme l'a précisé la personne,
09:11 il y a des importations qui sont moins sérieuses,
09:14 il y a des produits qui sont moins chers,
09:16 moins contrôlés.
09:17 Aujourd'hui, la disponibilité des pièces détachées n'est pas contrôlée,
09:20 même si elle est obligatoire.
09:22 Donc aujourd'hui, on a des vélos qui...
09:26 Il y a une certaine gamme de vélos qui dépasse difficilement
09:29 les deux à quatre ans,
09:30 que ce soit pour des batteries,
09:32 ou que ce soit pour des composants électroniques,
09:33 les contrôleurs, les capteurs, etc.
09:35 Il n'y a pas beaucoup de pièces sur un vélo électrique,
09:37 mais parfois, elles sont compliquées à remplacer.
09:40 Alors, il faut faire de l'adaptation,
09:41 c'est ce que nous, on apprend à nos réparateurs.
09:43 On leur apprend, si la pièce d'origine n'est pas disponible,
09:46 ce qui malheureusement est souvent le cas,
09:48 il faut apprendre à diagnostiquer,
09:50 derrière, il faut adapter.
09:51 - Est-ce que c'est encore plus vrai pour les trottinettes électriques ?
09:54 - Les trottinettes, c'est très vrai,
09:55 parce qu'on est sur un produit encore moins cher,
09:58 qui est fait pour être abordable,
10:00 puisque la trottinette, c'est vraiment fait
10:02 pour être le moyen de mobilité le plus rapide,
10:05 le moins cher, le plus léger.
10:07 Et là, les trottinettes, il y a vraiment un souci.
10:10 Nous, à l'atelier, en entretien,
10:14 on a du mal à voir des trottinettes
10:16 qui dépassent les deux à trois ans maximum.
10:18 Alors, il y a certaines marques,
10:20 qui sont des marques connues,
10:23 qui ne fabriquent pas que des trottinettes,
10:25 pour lesquelles on a des pièces détachées,
10:27 donc ça, c'est vraiment très bien,
10:28 parce qu'il y a vraiment des trottinettes
10:30 à qui on peut redonner une vie,
10:31 on peut réparer, on peut remettre en route.
10:33 Il y a d'autres produits beaucoup plus compliqués,
10:36 et là, dépasser les deux ans, c'est compliqué.
10:38 - Et évidemment, c'est une lapalisade,
10:40 mais le bilan carbone de la mobilité électrique,
10:42 elle dépend de cette longévité ?
10:45 - Évidemment. Alors, le bilan carbone, évidemment,
10:47 c'est une évidence, puisqu'en plus,
10:49 le recyclage est compliqué,
10:50 c'est des produits, encore une fois,
10:51 qui ne sont pas chers.
10:52 Donc, à part la déchetterie traditionnelle,
10:55 on ne peut pas organiser une filière,
10:56 puisque derrière, il n'y a pas d'économie,
10:58 donc vous ne pouvez pas organiser une filière.
11:00 Effectivement, le bilan carbone, le bilan financier,
11:02 parce que pour le consommateur,
11:03 ce n'est pas sympa non plus.
11:06 Quand il achète, dans une grande surface reconnue,
11:10 un produit qui ne va pas durer plus de deux ans,
11:13 c'est quand même dommage.
11:14 Donc, il faut améliorer ça sur tous les plans,
11:17 que ce soit l'impact écologique,
11:20 l'impact économique.
11:22 Il y a un gros travail à faire,
11:23 il faut absolument le faire.
11:24 - Cyril Chogary, c'est quoi l'obstacle principal,
11:27 aujourd'hui, au passage au vélo électrique ?
11:30 Ça reste le prix d'achat ?
11:31 Ça reste la question de sécurité ?
11:35 Est-ce que je vais garer mon vélo ?
11:36 C'est quoi les leviers que vous avez,
11:39 ou les obstacles qu'il faut éviter pour vous ?
11:43 - Alors, je pense qu'en toute honnêteté, le prix.
11:48 La première chose, ça a été vraiment le tarif.
11:50 Aujourd'hui, devoir acheter un produit
11:52 que l'utilisateur ne connaît pas,
11:54 à des tarifs qui sont 3, 4, 5, 6 000 euros,
11:57 voire même plus, freine énormément le consommateur.
12:00 Donc, nous, on est vraiment entré dans un segment
12:02 de dire "OK, on veut rendre le vélo électrique abordable".
12:05 C'est pour ça qu'on réussit si bien, finalement.
12:07 Donc, je pense qu'il y a le tarif.
12:08 Et puis, il y a aussi la notion du vol.
12:11 Si, effectivement, je dois investir
12:14 "autant d'argent" dans un vélo électrique,
12:18 demain, il se fait voler, qu'est-ce qui se passe ?
12:20 Donc, pour moi, ce sont les deux principaux obstacles aujourd'hui.
12:23 - Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
12:26 - Merci à vous.
12:27 - Sur Bsmart, on passe à notre rubrique consacrée
12:29 aux startups éco-responsables.
12:31 On va parler reforestation.
12:34 !

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