Lundi 10 juillet 2023, SMART IMPACT reçoit Régis COAT (Président et fondateur, Taxirail)
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00:00 [Musique]
00:06 C'est le Zoom de ce Smart Impact et j'accueille Régis Kohat. Bonjour.
00:11 Bonjour Thibaut.
00:12 Bienvenue, vous êtes le président fondateur de TaxiRai.
00:16 Votre ambition, rien de moins, c'est de réinventer le train. Expliquez-moi.
00:20 Alors TaxiRai est un système ferroviaire très innovant composé de modules très légers
00:27 dont le but est de complètement changer le paradigme ferroviaire
00:31 qui est basé sur un système qui est très lourd, très rigide
00:35 et nous on apporte de la souplesse, de la flexibilité également, ainsi qu'une masse très réduite.
00:41 Nous sommes sur des modules très compacts qui font 6 mètres de long,
00:45 qui embarquent 40 voyageurs, 16 places assises, 2 emplacements PMR.
00:51 Pour les heures de pointe, on peut jumeler mais sans les attacher jusqu'à 3 modules
00:59 ce qui nous donne une capacité maximale théorique de 120 places
01:02 qui est tout à fait concurrentielle avec un TER classique.
01:05 D'accord et donc c'est un train léger, vous avez dit, autonome et à hydrogène.
01:11 Alors on va rentrer un peu dans le détail.
01:13 Le côté autonome et puis la propulsion hydrogène, pourquoi ce choix ?
01:18 Alors le côté autonome, c'était en fait une obligation pour nous.
01:24 Déjà il y a une pénurie de chauffeurs de train en France
01:27 et deuxièmement si on veut avoir un service qui soit à coup maîtrisé pour la collectivité
01:31 et qui soit utile pour le voyageur, c'est dans ces deux objectifs que nous travaillons,
01:35 il fallait passer par l'autonomie.
01:36 Par exemple, aux heures de pointe, nous allons avoir un fonctionnement assez classique,
01:42 on va dire, avec un cadencement.
01:43 En revanche, aux heures creuses, c'est du transport à la demande.
01:47 C'est-à-dire qu'avec votre application smartphone ou une borne langare,
01:50 vous allez pouvoir appeler votre taxi ride qui viendra à votre rencontre.
01:54 Il faut vraiment avoir en tête l'image de l'ascenseur,
01:56 c'est un ascenseur horizontal que vous appellerez
01:59 et qui après s'arrêtera autant de fois que nécessaire
02:01 pour laisser monter ou descendre d'autres voyageurs.
02:04 Pourquoi l'hydrogène ?
02:06 Le choix de l'hydrogène remonte en fait à une nécessité d'exploitation.
02:13 Si on veut rester dans une logique d'exploitation frugale,
02:18 l'écosystème est complet, on ne va pas faire d'économie stricto sensu en ne mettant pas de chauffeur.
02:24 Ce n'était pas notre volonté.
02:27 Maintenant, il faut qu'on ait tout un ensemble, un écosystème qui soit également frugal.
02:34 Si on veut fonctionner avec une solution uniquement électrique, il y a deux solutions.
02:38 C'est soit mettre des caténaires, ce qui est très coûteux, il y a un impact visuel,
02:42 très coûteux, c'est à l'installation et à la maintenance.
02:45 Et si on veut faire de la recharge au cours de la ligne,
02:49 ça veut dire qu'il faut mettre en place ces infrastructures de recharge.
02:54 C'est du courant fort, donc il y a un coût d'installation, il y a un coût de maintenance.
02:59 Il peut y avoir des coûts induits, c'est arrivé en Allemagne,
03:01 où un train à batterie qui devait être rechargé mettait en blackout le village d'à côté.
03:05 Donc il a fallu installer un système de...
03:09 Ça ne fait pas aimer le train si ça met en blackout le village d'à côté.
03:13 Donc vous, quand vous choisissez l'hydrogène,
03:15 parce que l'hydrogène peut être sous différentes formes, c'est quoi ?
03:19 C'est du carburant, c'est du carburant liquide, c'est des batteries, c'est des piles à combustible ?
03:25 Parce que moi, je m'y perds un peu dans l'hydrogène.
03:27 Alors en ce qui concerne TaxiRide, nous sommes sur une logique d'hybridation électrique-hydrogène.
03:33 C'est-à-dire que nous sommes sur un véhicule électrique avec un parc batterie conséquent,
03:38 ce n'est pas juste une petite batterie tampon,
03:41 et une pile à combustible qui va maintenir la charge de ces batteries.
03:46 Ce qui va permettre au TaxiRide, pendant toute sa plage d'utilisation,
03:50 de ne pas avoir de recharge intermédiaire qui compliquerait l'exploitation.
03:57 Alors, on a bien compris ce que c'était.
03:59 Il fallait prendre le temps de le faire parce que c'est vraiment innovant.
04:02 Maintenant, la question c'est où et pourquoi ?
04:06 C'est-à-dire qu'à quel endroit sur notre territoire il y a besoin d'un service comme le vôtre ?
04:10 Alors, il y a besoin d'un service comme TaxiRide dans l'ensemble des zones rurales et périurbaines.
04:16 On a la chance en France d'avoir un formidable réseau qui est hérité du 19e siècle,
04:23 mais qui est tombé parfois un peu en déshérence, et dans certaines zones c'est un euphémisme de le dire.
04:30 Donc on est sur un potentiel de 200 à 300 lignes en France.
04:34 Sur ces 200 à 300 lignes, il y en a 70 à 90 qui seraient particulièrement pertinentes pour un service comme TaxiRide.
04:42 Et ça concerne l'ensemble des régions françaises.
04:44 Alors, vous venez en concurrence avec quoi ?
04:46 Avec la voiture individuelle, avec l'autocar, avec les trains tels qu'ils existent aujourd'hui ?
04:52 On apporte un service qui est complémentaire.
04:57 Notre raison d'être, c'est de réussir à rendre rentable ou au moins soudainable économiquement pour la collectivité
05:07 des lignes avec un potentiel voyageur qui est relativement faible.
05:11 Maintenant, relativement faible ne veut pas dire qu'il n'y a pas de voyageurs.
05:14 Et il faut faire des choses pour ces personnes.
05:16 Il y a une ranchérisement du coût des transports, du coût du carburant.
05:19 La vignette Crit'Air 2 qui va être mise en place au 1er janvier 2025.
05:25 Avec les zones à faible émission.
05:27 Exactement. Et il ne faut pas, comme dirait un ami à moi, que ça devienne des zones de forte exclusion.
05:31 Oui, bien sûr.
05:33 Donc, on apporte un service pour la mobilité pour tous dans les zones rurales avec l'avantage du transport à la demande.
05:41 C'est-à-dire que, vous citiez l'exemple du car, les horaires ne conviennent pas nécessairement
05:49 aux besoins des lycéens pour aller étudier relativement tôt.
05:55 Ou des actifs qui vont peut-être finir leur journée à 20h, 21h.
06:00 Et là, on leur apporte la garantie d'avoir un système de transport qui pourra les ramener chez eux.
06:05 Effectivement, le nom dit bien l'usage qui pourra en être fait.
06:08 Taxi-rail. On est dans une utilisation à la demande.
06:13 Alors, j'ai plein de questions parce que je trouve ça fascinant.
06:15 Est-ce que ça veut dire qu'il faut créer un réseau de voies ferrées dédiés ou est-ce qu'on utilise le réseau existant ?
06:22 Alors, on utilise le réseau existant.
06:24 On a juste une région qui nous a sollicité pour la création avec Nilo d'une ligne.
06:31 Mais dans la majorité des cas, on reprend des lignes existantes.
06:35 Qui sont plus utilisées ou sous-utilisées par la SNCF ?
06:39 Ce sont ces deux cas, exactement.
06:42 Soit plus utilisées du tout, soit "mal utilisées" ou au moins avec un service qui n'est pas pertinent par rapport aux attentes des voyageurs.
06:53 Qui sont vos clients ? Les collectivités locales d'abord ?
06:56 Alors, par défaut, ce sont les collectivités tout à fait.
06:59 Donc, les régions qui sont autorités organisatrices des mobilités.
07:03 Maintenant, il peut y avoir, ça c'était la loi LOM qui a un peu fait évoluer les choses à ce niveau-là.
07:09 Ça peut être une communauté d'agglomération, par exemple, qui deviendrait dans ce cas notre client.
07:14 Ça peut être les exploitants qui pourraient acheter les modules et services directement ou les loueurs de train.
07:22 L'ADEME soutient votre projet, le projet Taxi-Rail. C'est un moment important, une étape importante ce soutien ?
07:28 C'était une étape indispensable.
07:31 Déjà pour asseoir la crédibilité du projet et ensuite parce que l'ADEME apporte une partie conséquente du financement.
07:40 Quelle partie ? Ça représente quoi ?
07:42 À peu près 50% du montant global du projet.
07:45 Donc, le projet, est-ce qu'on peut dire que le projet n'aurait pas vu le jour si l'ADEME ne l'avait pas soutenu ?
07:49 On peut le dire, mais au-delà de l'aspect financier, c'est la marque qu'un organisme de l'État apporte de la considération
08:01 et trouve de la crédibilité au projet que nous avons développé.
08:05 Oui, et surtout en plein dans les enjeux de transformation environnementale, parce que c'est ce que promeut l'ADEME.
08:12 Donc, vous en avez tout de votre développement aujourd'hui ? Vous l'avez testé le Taxi-Rail ? On en est où ?
08:17 L'expérimentation commencera à Port-Jérôme-sur-Seine en Normandie début d'année prochaine sur une voie d'essai qui est mise à notre disposition.
08:27 Les autres objectifs, c'est une mise en service commercial courant 2026.
08:35 Une mise en service commercial courant 2026. Il y a l'ADEME comme partenaire.
08:39 Quelles autres "bonnes fées" se sont penchées sur le projet Taxi-Rail ?
08:43 On a eu une équipe qui est une très bonne équipe composée de personnes issues déjà du ferroviaire,
08:51 mais également d'autres domaines d'activité, que ce soit le nautisme, l'aéronautique et l'automobile.
08:58 Et nous avons constitué une équipe, un consortium, qui est constitué de sociétés qui sont expertes dans leur domaine.
09:08 Mais pas tout dans le ferroviaire. On a fait du croisement de filières.
09:11 On a cherché des acteurs de l'automobile.
09:14 On a le rail, forcément. On a le rail, le composite, l'aéronautique ou le nautisme, suivant comment on veut voir les choses.
09:22 Pour que les modules soient les plus légers possible ?
09:24 Oui, on est à 12 tonnes en charge, donc ça fait 6 tonnes à l'issue.
09:28 Parce qu'il y a un enjeu sur le ferroviaire, c'est qu'en fait plus un train est lourd, plus il va solliciter la voie, surtout dans les courbes.
09:35 Et donc la nécessité de l'allègement pour ne pas avoir une maintenance des rails coûteuse était absolument indispensable.
09:42 Donc on a dit automobile, rail, composite. Il y a d'autres secteurs comme ça que vous avez sollicité ?
09:49 Parce que quand vous dites on va avoir une appli, on est dans le monde des nouvelles mobilités aussi.
09:53 Exactement. Il y a les parties télécom, bien entendu.
09:58 Je ne vais pas dire intelligence artificielle parce que ça fait un peu tarte à la crème maintenant.
10:02 Oui, c'est un domaine assez large.
10:05 Autant s'en servir quand c'est utile.
10:07 Mais on est sur un système intelligent, souple.
10:11 Dernière question, est-ce que vous avez eu du mal à convaincre ?
10:14 Parce que c'est un projet quand même novateur, disruptif pour employer un mot qui n'est plus à la mode.
10:20 Est-ce que vous avez eu du mal à convaincre ?
10:22 Énormément. Mais justement c'est le propre des innovations de rupture.
10:31 Et puis comme disent les Américains, ce sont les pionniers qui prennent les flèches.
10:34 Et bien voilà, vous avez pris quelques flèches, on l'a compris.
10:37 Merci beaucoup Régis Kohat et bon vent à votre taxi-rail, même s'il ne fonctionne pas à voile.
10:44 Voilà, c'est l'heure de notre rubrique Start-up.
10:47 on part dans le désert, reverdir le désert.