Mercredi 7 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Sandra Servat (Directeur Adjoint de la Gestion sous mandat, Portzamparc BNPP) , Virginie Robert (Présidente, Constance Associés) et Hervé Guez (Directeur des gestions actions, taux et solidaire, Mirova)
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00:09 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Virginie Robert est avec nous, présidente de Constance Associé.
00:15 Bonsoir Virginie.
00:16 Bonsoir.
00:16 Merci d'être là.
00:17 Merci à Sandra Servat d'être avec nous également.
00:19 Bonsoir Sandra.
00:20 Bonsoir.
00:20 Vous êtes directeur adjointe de la gestion sous mandat de Ports-en-Pars et Hervé Guèze à nos côtés également.
00:25 Bonsoir Hervé.
00:26 Ravi de vous retrouver. Vous êtes directeur de gestion de Mirova. Quelques commentaires sur la situation de marché.
00:32 Sandra, je prends deux mesures pour montrer un peu l'ambiance du moment.
00:37 Le S&P 500 est au plus haut depuis de nombreux mois, 20% au-dessus de ses points bas de fin d'année d'octobre 2022, 4 280, 90 points.
00:47 Et le VIX, lui, est au plus bas depuis peut-être des années maintenant à moins de 15.
00:53 L'indice qui mesure le niveau de la volatilité implicite du marché américain.
00:58 Comment vous lisez cette situation ?
01:01 Pas de pessimisme.
01:02 Non.
01:02 Apparemment.
01:03 Moins en tout cas, moins.
01:04 Ça s'est dit.
01:06 Un SPI qui reprend effectivement des couleurs grâce au Nasdaq.
01:09 Il n'y a pas de secret.
01:12 Moi, c'est plutôt le Nasdaq qui m'a impressionné.
01:14 On en reparlera.
01:15 C'est la partie technologique du S&P 500 qui...
01:17 Exactement.
01:17 Exactement.
01:18 Intelligences artificielles.
01:19 Ça y est, je l'ai placé le mot.
01:21 C'est plutôt le Nasdaq qui est assez impressionnant.
01:27 On en reparlera.
01:28 Mais je pense que c'est une hausse qui est, à mon sens, saine
01:32 puisqu'elle est concentrée sur un petit nombre de valeurs avec de la donnée, du chiffre, des résultats.
01:38 Donc, un Nasdaq qui reprend des couleurs et surtout qui reprend sa surperformance versus le S&P.
01:43 Ça faisait pratiquement un an que ce n'était pas le cas.
01:45 Et depuis 20 ans que le Nasdaq était au-dessus.
01:47 Donc, tant mieux.
01:49 Très bien.
01:50 Côté zone euro, parce qu'on va faire juste une petite picture marché pour avoir un petit peu en tête tout ça.
01:57 L'Europe cale un petit peu après avoir fait un super début d'année,
02:01 essentiellement partait par le luxe qui est en train de consolider un petit peu.
02:05 C'est normal.
02:06 Je pense qu'on devrait avoir encore des consolidations peut-être de 5-10 %, crainte avec la Chine.
02:11 On l'a vu et Alex l'est donné tout à l'heure, les chiffres sur l'exportation.
02:14 Donc, on a aussi une reprise qui est un peu plus faiblarde en Chine, plus faiblarde qu'anticipée.
02:19 Le consommateur chinois de la même manière, ça a été booming sur les trois premiers mois de l'année.
02:22 Au mois d'avril, il y a eu notamment des enquêtes sur les intentions d'achat des millennials,
02:27 c'est les générations Z qui sont plus sur le tourisme, le loisir, le food & beverage
02:32 plutôt que sur des intentions d'achat de produits de luxe qui baissent d'à peu près 15 %.
02:35 Et puis, on a encore une fois les US qui ont été un formidable accélérateur de croissance l'année dernière.
02:41 Notamment, ils sont venus consommer en plus en Europe pour bénéficier du change.
02:45 On ne sait pas où on en est encore sur l'échiquier récessif aux États-Unis.
02:48 Il faudra trancher. Mais en tout cas, le marché a eu un peu peur avec des niveaux de valo un peu chers.
02:52 Donc, voilà, le CAC 40 est dans cette zone un peu de consolidation à plat.
02:56 Il y a des chances pour que ça continue un petit peu. Et puis bon, la Chine, on en parlera peut-être aussi plus tard.
03:00 Mais pour l'instant, il y a visiblement mieux à faire que la Chine.
03:05 Voilà, voilà, exactement.
03:06 Enfin, jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi la hausse du Nasdaq vous paraissait ?
03:09 Le point est intéressant, effectivement.
03:11 Parce que c'est pas consensuel peut-être.
03:13 C'est-à-dire que c'est le débat.
03:14 On constate tous qu'il y a une concentration de la performance de plus en plus importante
03:18 avec des écarts aussi entre différents segments de marché.
03:21 L'écart entre le Nasdaq et le Russell 2000, par exemple, devient spectaculaire.
03:25 Donc, il y a quand même l'idée que tout le monde dans les marchés ne vit pas la même situation.
03:30 Qu'est-ce qui vous fait dire que la hausse du Nasdaq est saine
03:32 quand on voit qu'elle n'est portée que par 5, 6, 7 valeurs qui sont des méga-cap, bien sûr,
03:39 mais qui sont un groupe restreint quand même ?
03:40 Je voulais être provoque un peu en disant ça.
03:42 La hausse des valeurs qui sont liées à l'AI, pour moi, est saine.
03:46 Parce que le marché a fait déjà une hiérarchie.
03:48 On a vu le rebond explosif d'NVIDIA.
03:51 Microsoft, on est un petit peu en dessous.
03:54 Adobe, c'est un petit peu en dessous.
03:55 Le marché a su hiérarchiser.
03:57 Aujourd'hui, ce qui progresse porté par l'AI,
04:01 c'est essentiellement des valeurs pour lesquelles on a déjà des résultats.
04:04 NVIDIA, c'est T2.
04:06 C'est rentré dans les comptes.
04:07 Ce n'est pas dans 10 ans.
04:08 Exactement.
04:09 Pareil pour d'autres entreprises.
04:12 C'est le cas, encore une fois, pour une Microsoft.
04:14 Pour une Adobe.
04:15 Pour toute la chaîne des semi-conducteurs.
04:18 C'est là où je dis que c'est sain.
04:19 On n'est pas allé comme la bulle dot-com à l'époque.
04:23 Ce n'est pas que des promesses.
04:24 Ce n'est pas que des promesses.
04:26 Le marché est peut-être dans l'anticipation de beaucoup de choses.
04:28 Mais il y a plus que des promesses déjà aujourd'hui.
04:31 C'est là où je dis que c'est sain.
04:33 En revanche, là où je m'interroge un petit peu,
04:35 c'est sur toutes les 490 valeurs du S&P 500.
04:39 Est-ce que là, on n'a pas un potentiel de rattrapage ?
04:43 Quand on regarde le décalage entre les values américaines
04:46 et la croissance américaine,
04:47 on a des décalages qui sont quand même dingues.
04:50 Pour moi, là-haut, c'est sain.
04:51 Et on devrait quand même avoir un rattrapage
04:53 de tout le tissu industriel américain
04:55 qui reprend un petit peu des couleurs.
04:56 La partie énergie, de la même manière.
04:59 La partie financière, un peu moins aux US qu'en Europe.
05:03 Il va y avoir un rééquilibrage.
05:05 Mais pas forcément par une baisse forte des valeurs du NASDAQ.
05:08 Ça peut être une réconciliation favorable, constructive.
05:11 - On va parler de l'IA, bien sûr.
05:13 Mais sur la situation de marché, la NASDAQ versus Russell 2000,
05:16 il y a deux mondes, mais une fracture béante aujourd'hui
05:19 entre ces segments de marché,
05:21 alors qu'ils ne représentent pas du tout la même chose.
05:23 Mais justement, le Russell 2000,
05:24 c'est quand même 2000 sociétés américaines
05:26 de taille moyenne, intermédiaire,
05:29 qui sont le tissu économique des États-Unis.
05:31 - Oui, mais c'est probablement aussi ce tissu économique
05:34 qui souffre plus réellement.
05:36 Parce qu'on l'a dit, on ne sait pas
05:39 où est-ce qu'on est dans le ralentissement
05:41 de la croissance aux États-Unis.
05:43 L'inflation, ça y est, ça se calme réellement.
05:46 En tous les cas, on est sur un plateau.
05:47 Il y a encore quelques sujets, quelques tensions,
05:51 et notamment sur l'emploi pour certains segments,
05:53 certains secteurs.
05:54 Mais tout le reste, c'est bon.
05:56 Il y a encore des sujets aussi dans le food, évidemment,
05:59 des industriels qui n'ont pas encore réduit,
06:03 revu leur politique de marge.
06:05 C'est la même chose que chez nous.
06:07 Il va falloir que ça intervienne.
06:10 Mais je pense que...
06:11 Non, mais d'abord, il y a eu un premier élément,
06:13 parce qu'avant l'IA, il y a eu, je dirais,
06:16 une baisse, mais complètement dramatique
06:20 pour certaines valeurs l'année passée dans le Nasdaq.
06:22 - Ah oui ?
06:22 - On s'est retrouvés avec des valeurs, mais le méta,
06:25 on aime ou on n'aime pas.
06:27 Enfin, là, ça a été massacré.
06:29 - C'était Value, vous montriez les indices Value et Gross.
06:33 Microsoft était dans les indices Value à un moment.
06:35 - Il y avait des aberrations.
06:37 Donc ça, il y a eu cette correction.
06:38 À partir du moment où on s'est dit, on sort à peu près,
06:41 je sais qu'on ne voulait pas forcément aborder
06:42 le système des banquiers centraux,
06:44 mais la hausse des taux, le cycle,
06:46 bon, on ne sait pas s'il est terminé,
06:48 mais on a fait le plus gros du chemin.
06:50 Donc, il y a eu ce premier rééquilibrage
06:52 et cette prise de conscience que là,
06:54 il y avait quand même un décalage de valorisation.
06:56 Il y a l'IA.
06:57 Alors ça, ça a effectivement rajouté.
06:59 Et on dit que c'est les GAFA qu'on fait monter,
07:01 évidemment, dans le SPI, mais dans le Nasdaq,
07:04 il y a plein de valeurs qui sont au plus haut.
07:06 Puis, il y en a d'autres où, dans la chaîne de valeur de l'IA,
07:09 c'est beaucoup de choses dans l'infrastructure,
07:11 parce que l'IA, c'est de l'infrastructure.
07:14 Donc là, dans la chaîne de valeur,
07:15 vous avez évidemment les chips,
07:17 mais les assembleurs de chips.
07:19 Et ensuite, il faut que les serveurs se parlent.
07:21 Donc, les switches, les serveurs et ensuite le cloud.
07:24 Donc, le cloud, tiens, on croyait que c'était fini.
07:28 Ben non, le cloud.
07:29 OK. Et après, il y a effectivement tout le reste,
07:33 le ruissellement.
07:34 - Donc, ça irrigue.
07:35 - Non, mais voilà.
07:37 Il y a une irrigation partant des méga-caps,
07:40 ça irrigue un peu derrière, quand même.
07:42 - Il faut reprendre toute cette chaîne de valeur,
07:44 essayer de comprendre.
07:45 Et c'est complexe, parce qu'il y a plein de sujets.
07:47 Et on parlait de la régulation.
07:50 - Non, on n'en a pas parlé encore, entre nous.
07:53 - Mais là, le CEO d'Alphabet le disait très honnêtement,
07:56 c'est tellement gros, le sujet d'IA,
07:59 qu'on ne peut pas se permettre que ça ne soit pas régulé.
08:01 Et ce qui est drôle, c'est qu'autrefois,
08:03 il y avait des innovations technologiques.
08:04 Si Côte-Vallée, vous savez, l'adage, c'était,
08:06 bon, allez, on y va, et on ne demande pas la permission,
08:10 on demandera le pardon.
08:11 - La Far West, la nouvelle frontière.
08:13 - Et là, c'est fini.
08:14 Aujourd'hui, on va demander, là, on va...
08:17 - L'état d'esprit du régulateur américain a changé.
08:20 - Exact. Et les GAFA sont majeurs là-dedans,
08:24 parce que c'est eux qui vont initier aussi les discussions.
08:27 - Pour mieux contrôler la régulation.
08:29 - Et pour mieux contrôler la régulation,
08:30 parce que, eux, certaines de leurs activités
08:34 sont challengées aussi.
08:35 Donc, vous voyez, c'est tout un ensemble de choses,
08:38 et on n'est qu'au début.
08:40 Donc, voilà.
08:41 - Et c'est un vrai thème de marché.
08:44 - Ah oui ?
08:45 - Oui, non, mais parce que des effets de mode
08:47 qui peuvent être légitimes,
08:49 qui emballent quelques valeurs un peu emblématiques,
08:53 on en a connu, et puis, à un moment, bon, ça fait pite,
08:56 et puis les cimetières sont remplies de thématiques à la mode
08:59 qui ne l'ont plus été ensuite.
09:01 Non, je ne chie de personne.
09:02 Non, mais le métavers, par exemple,
09:06 il y avait quelque chose de novateur, peut-être,
09:08 mais dans les cours de bourse, ça ne s'est pas retrouvé.
09:12 Blockchain, pareil, la technologie est complètement valable.
09:15 Moi, encore une fois, je l'ai raconté dix fois,
09:16 mais je me souviens quelques années en arrière,
09:18 en pleine séance, Carrefour qui publie un communiqué pour dire
09:21 "Mais nous aussi, on utilise la blockchain
09:22 dans la chaîne logistique de Carrefour,
09:24 c'est un outil qu'on utilise."
09:25 Très bien, mais voilà, heureusement.
09:28 Mais ça n'a pas changé le statut boursier de Carrefour,
09:30 ça n'a pas changé le modèle d'affaires de Carrefour.
09:32 Là, on a le pressentiment qu'il y a quelque chose
09:35 d'un peu plus profond, peut-être.
09:36 Oui, tout à fait.
09:37 Donc, c'est un thème.
09:38 Oui, absolument.
09:40 On peut le dire.
09:41 C'est là pour la durée.
09:42 On part sur l'IA, du coup.
09:44 Non, mais peut-être un mot sur...
09:45 Alors, sur les marchés, je veux bien qu'on redise un mot.
09:47 Non, mais en fait, si on prend un peu de recul,
09:50 effectivement, tu mentionnais la baisse du VIX,
09:53 et c'est probablement effectivement l'élément important,
09:56 puisqu'on était dans une phase dans laquelle
09:59 on avait une interrogation sur le scénario de sortie.
10:01 C'est-à-dire, inflation qui monte,
10:03 vous inquiétez pas, ça va revenir très vite.
10:04 Non, non, en fait, l'inflation part très fort,
10:07 les banques centrales doivent monter très fort,
10:09 mais si elles montent très fort,
10:11 il faut passer par une récession.
10:13 Et donc, on est monté sur ces histoires où,
10:15 finalement, comment on va sortir de cette zone-là,
10:18 plus les transitions qu'on vit,
10:19 créent beaucoup d'instabilité.
10:20 Bon, là, le marché est en train de se dire,
10:22 ça y est, c'est le mot qui revient à la mode,
10:24 Goldilocks, en fait,
10:25 en fait, tout a été super bien piloté,
10:28 donc l'inflation commence à baisser,
10:30 les taux vont encore remonter un peu, mais pas trop,
10:32 donc ça va pas casser la récession,
10:34 enfin, il n'y aura pas de récession,
10:36 on va rester sur une croissance relativement saine.
10:38 Donc c'est ça qui est en train de se passer,
10:40 d'où le VIX qui baisse,
10:41 et effectivement, cet effet de consolidation,
10:43 avec même potentiellement,
10:44 si on est bien dans ce scénario,
10:45 je suis tout à fait d'accord avec ce qui a été dit,
10:47 probablement du rattrapage encore à venir
10:49 sur des valeurs qui sont encore en retard,
10:51 si on est bien dans ce scénario.
10:52 Donc un élargissement potentiel,
10:54 effectivement, de la participation à...
10:56 Donc on va attendre la saison d'arrivée,
10:59 mais probablement au-delà des résultats,
11:01 il y a l'IA qui était déjà vu,
11:03 si on est bien sur ce scénario-là qui se matérialise,
11:05 on a probablement une extension multiple à attendre
11:08 sur les secteurs classiques en Europe,
11:10 comme aux États-Unis,
11:11 de participation boursière.
11:13 Donc dans ces cas-là,
11:14 qu'est-ce qu'il faut toujours avoir en présence à l'esprit,
11:15 c'est les...
11:16 Qu'est-ce qui peut se passer...
11:17 Le risque.
11:18 ... qui fera pas ça.
11:20 Aujourd'hui, on a eu beaucoup la guerre en Ukraine,
11:24 d'un côté,
11:26 on est quand même sur une...
11:27 C'est dramatique, mais sur une stabilisation,
11:30 la ligne de front, on a l'impression que ça ne bouge plus.
11:31 Donc le marché n'écoute plus tellement
11:34 ce qui se passe de ce côté-là,
11:35 donc peut-être à tort,
11:37 qui sait ?
11:38 En tout cas, moi, je ne sais pas.
11:41 Et le scénario inflation passé,
11:44 le niveau de stabilisation,
11:46 on a quand même encore un...
11:48 Je pense, une incertitude là-dessus.
11:50 Néanmoins,
11:51 on en prend à vivre avec l'idée que peut-être
11:54 ce ne sera pas 2% d'inflation,
11:55 ce sera peut-être 3-4,
11:56 mais finalement, des taux à 3-4,
11:58 avec des rendements réels,
11:58 ça peut bien passer sans détruire l'économie.
12:01 Donc je suis assez plutôt optimiste
12:02 sur le marché en général.
12:05 On va avoir besoin de cette phase de consolidation
12:07 et d'attente des résultats
12:08 pour potentiellement reprendre un rebond
12:11 hors choc exogène
12:12 qui pourrait venir perturber...
12:14 Oui, c'est intéressant.
12:15 Sur le...
12:17 Le fond de l'air ?
12:18 Oui, non mais si, oui.
12:20 Mais même le retour du Nasdaq
12:23 par rapport à ces segments de marché
12:25 qui, eux, alors je ne sais pas
12:26 ce que le Russell 2000
12:27 ou ce que les indices de small cap intègrent,
12:29 mais il y a quand même toute une partie du marché,
12:32 comme vous le disiez,
12:33 où les niveaux de valo, de PE
12:34 sont quand même très déprimés
12:36 et n'en sortent pas.
12:38 Oui, oui.
12:38 Alors, qu'est-ce qu'il y a...
12:39 Enfin, il y a une part de la correction
12:42 qui a été extrêmement forte,
12:44 liée notamment à ce sujet,
12:45 si les taux montrent très fort,
12:47 donc les valeurs de croissance,
12:48 il faut les valoriser autrement.
12:50 Effectivement, ça a commencé à devenir
12:53 extrêmement bizarre
12:55 parce qu'avant, on achetait la croissance à l'infini
12:58 sur des taux d'actualisation à zéro
12:59 et puis là, on s'est mis à avoir
13:01 des multiples de quasi-value
13:03 sur des entreprises de croissance.
13:05 Donc, et aujourd'hui, les entreprises
13:07 qui ont bénéficié de cet effet IA
13:10 va transformer,
13:10 ce sont des entreprises qui sont présentes
13:11 sur déjà beaucoup d'autres sujets,
13:14 qui sont rentables,
13:14 qui ont des multiples de valorisation.
13:16 Donc, le fait que le Nasdaq
13:17 reprenne des couleurs là-dedans,
13:19 très bien et je pense qu'effectivement,
13:20 sur le segment notamment semi-européen,
13:24 on est encore loin d'avoir vu les surcapacités.
13:28 Donc, je pense qu'il y a encore du potentiel là-dessus.
13:30 Donc, je ne retournerai pas ma veste
13:32 sur le positionnement technologique.
13:35 Après, ce que ça pose, je trouve,
13:36 comme débat, mais qui n'est pas un débat marché,
13:39 quoique, c'est encore un sujet américain.
13:42 - Ah bah, si, bien sûr que si, c'est un débat,
13:45 un sujet marché américain.
13:46 - Non mais, ce que je veux dire, c'est,
13:48 on parle beaucoup de souveraineté européenne,
13:51 la régulation et ce qui va se faire par les GAFA.
13:54 Je ne sais pas s'ils s'autoréguleront,
13:56 mais en tout cas, ce qui serait bien,
13:57 c'est que ce ne soit pas qu'un sujet
13:58 d'autorégulation et que ce ne soit pas
14:00 qu'un sujet de régulation européenne,
14:01 mais que ce soit un sujet d'industrie européenne
14:04 et de souveraineté européenne,
14:05 comme ça devrait l'être.
14:06 Voilà, donc, on a raté quelques sujets.
14:11 Peut-être, je suis naïf et c'est peut-être trop tard,
14:13 mais on manque quand même d'une vraie politique
14:15 industrielle de réflexion sur qu'est-ce que ça veut dire
14:17 la souveraineté européenne sur un sujet majeur
14:20 que peuvent devenir non plus simplement les technologies,
14:23 mais l'IA en tant que telle.
14:26 Donc, je trouve l'Europe toujours très naïve,
14:29 très naïve, très naïve là-dessus.
14:31 Et c'est un peu dommage, ça ne pénalise pas la performance des GAFA.
14:34 - Non, mais c'est plus un thème américain,
14:36 voire peut-être asiatique aussi.
14:38 Enfin, je veux dire...
14:39 - Oui, oui, mais parce que...
14:41 - La technologie et l'IA, elles existent aussi là-bas.
14:45 - Ils ne sont pas shareholder value orienté.
14:47 Donc, il y a quelques sujets sur les valorisations
14:51 des entreprises et de la régulation.
14:54 Mais en tout cas, ils ont un sujet de souveraineté
14:57 et ils ont leur propre entreprise.
14:59 Et ils ne laisseront pas les Américains faire l'IA en Chine.
15:04 - Et vice versa.
15:05 - Oui, oui, vice versa.
15:06 En Europe, bon, ben, on ne sait pas trop.
15:08 On se dit qu'on n'est ni pro-américain, ni pro-chinois.
15:11 Mais enfin, bon, mais on est surtout...
15:13 Où est-ce qu'on est pro-européen
15:14 et quelle est l'industrie européenne qu'on doit développer ?
15:16 C'est un peu ça qui marque aujourd'hui.
15:17 - Ça rajoute une dimension, effectivement,
15:19 à cette question de la souveraineté.
15:21 - Il me semble que si.
15:22 - Oui, oui.
15:23 D'ailleurs, est-ce que c'est un thème tech essentiellement
15:27 et même art tech aujourd'hui ?
15:29 C'est-à-dire la partie infrastructure,
15:30 semi-conducteurs, etc.
15:32 Ou est-ce que ce thème de l'IA, il s'élargit déjà
15:35 à un univers non tech d'une certaine manière ?
15:38 L'IA ne va pas être réservée à des entreprises de technologie.
15:41 Enfin, tout le monde, dans les usages quotidiens,
15:45 l'organisation du travail, de la chaîne de travail,
15:48 du workflow, comme on dit,
15:50 va être bouleversée de partout, potentiellement.
15:52 - Oui, c'est vrai.
15:53 Mais ce que disait Virginie tout à l'heure,
15:54 c'est que ça va prendre du temps.
15:55 On n'est vraiment qu'au début.
15:56 Donc, pour l'instant, le marché se focalise sur ce que je disais tout à l'heure.
15:59 - Ce qui est le plus évident.
16:00 - Voilà.
16:01 Enfin, première étape, qui ?
16:03 Qui va produire ? Les semi-conducteurs.
16:05 Voilà, c'est assez basique.
16:07 En revanche, ça prendra du temps,
16:09 mais on parle beaucoup de gains de productivité, d'efficience, etc.
16:12 On a déjà des macroéconomistes qui essayent de chiffrer,
16:15 en fonction des secteurs, des pourcentages de gains de productivité.
16:17 En moyenne, ce serait 1% par an dès l'application.
16:21 Mais quels que soient les services, en essayant de regarder
16:23 quel pourrait être l'impact et la proportion des coûts salariaux
16:27 sur le chiffre d'affaires, etc.
16:28 Donc, on commence déjà à voir des chiffres, mais c'est le début.
16:31 Avant d'arriver à tout ça, il va falloir investir,
16:33 donc suivre tous les CAPEX,
16:35 voir un petit peu comment les entreprises arrivent à suivre ou pas.
16:38 Et il faudra du temps avant de voir des chiffres réels,
16:41 en tout cas pour les économies, enfin les industries,
16:44 autres que la partie technologique,
16:45 qui de toute façon est au charbon dès maintenant.
16:47 Après, il y a un autre spectre où le marché se dit
16:51 qui sont les perdants.
16:52 Généralement, c'est très binaire.
16:53 Qui va gagner ? Qui va perdre ?
16:54 Bon, même les perdants, je ne suis pas certaine.
16:56 Forcément, on pointe du doigt certaines sociétés,
16:58 certains secteurs.
16:59 Téléperformance, la pauvre, je ne vais pas appuyer là où ça fait mal,
17:02 mais elle était citée.
17:03 D'autres secteurs comme les publicitaires,
17:06 pas plus tard qu'hier, le management de publicis,
17:08 ici, ils voyaient plus d'opportunités que de menaces.
17:11 Et il y a eu pas mal de roadshows, notamment d'analystes ces derniers temps.
17:14 Et effectivement, un des mots,
17:16 alors bien sûr que c'est un mot qui est à la mode, l'AI,
17:18 mais ça a été énormément cité, abordé dans les plans d'investissement,
17:23 expliqué qu'ils étaient déjà en train d'appliquer ça
17:26 à leur business model et ça pour différents secteurs.
17:29 Donc ça prendra du temps,
17:30 sauf qu'aujourd'hui, le marché se focalise sur les gagnants de tout de suite.
17:33 Maintenant, on veut du court terme.
17:34 Donc le court terme, c'est la tech pour l'instant,
17:37 mais ce sera diffusé à tous les lundis.
17:38 C'est ce qu'on voit le plus.
17:41 La hausse de Nvidia, c'est ce qu'on voit le plus.
17:42 Mais vous avez raison de le dire.
17:44 Téléperformance, Capgemini,
17:46 c'est des boîtes qui souffrent en bourse depuis des mois.
17:49 Même Publicis, plus le thème IA monte avec le battage médiatique qui va avec,
17:55 plus ces cours de bourse sont attaqués.
17:57 On est dans l'anticipation.
17:59 Le marché se dit avant d'en profiter,
18:02 vous allez sans doute en souffrir d'une certaine manière.
18:06 Voilà, c'est un petit peu la décote à celui qui n'a pas investi suffisamment tôt.
18:10 Oui.
18:11 Comment le thème va se propager ?
18:13 Oui, ça m'intéresse.
18:15 Alors, je raconte l'anecdote.
18:16 Les publics, c'est Cathie Wood, patronne emblématique de ARK Innovation,
18:20 notamment un des fonds qu'elle gère chez ARK.
18:24 Pourtant très pro-disruption, très à la recherche justement
18:27 de la prochaine grosse affaire, le next big thing, etc.
18:30 Donc, investie dans NVIDIA, évidemment,
18:33 pendant des mois, des trimestres, peut-être même des années.
18:37 Et fin janvier, elle coupe toute sa position NVIDIA
18:40 avant que le titre NVIDIA double en quelques mois, dont acte.
18:44 Mais son argument a été de dire, moi je suis sorti de NVIDIA
18:47 parce que le moment Artec de l'IA a été joué
18:51 et moi je bascule sur les softwares maintenant.
18:53 C'est ça le next big thing pour moi dans l'IA,
18:56 c'est la partie logicielle.
18:57 Il faut les deux.
18:58 Oui.
19:00 Vous voulez dire qu'elle n'était pas obligée de couper tout NVIDIA
19:02 pour jouer des softwares ?
19:03 C'est bien, j'ai son portefeuille.
19:05 Après, elle a peut-être de l'AMD ou je ne sais pas.
19:08 Mais il y a toute la chaîne de valeur.
19:10 Évidemment, la partie software est énorme.
19:13 Et nous, on a renforcé Adobe d'ailleurs,
19:16 il y a peu de temps, on en avait, mais on a renforcé
19:18 parce qu'en plus, c'était encore, je dirais, la valorisation.
19:21 Et le cours de bourse est soutenu par ce thème de lire,
19:24 encore une fois, parce que moi je suis capgémini en France.
19:26 En plus, le titre avait été massacré
19:30 suite à l'acquisition qu'ils avaient faite il y a un an,
19:34 enfin qui a été annoncé, qui a été...
19:36 Et donc, c'est les histoires comme ça.
19:38 Chaque entreprise a son histoire.
19:41 Et comment ça va se propager ?
19:43 Mais c'est bien là, c'est là où ça va être intéressant.
19:46 C'est que c'est l'exécution dans toutes les sociétés.
19:49 Qu'est-ce qui va se faire et la qualité de l'exécution, de la stratégie ?
19:53 Et c'est ça, c'est ça, notre métier,
19:56 c'est de valider et d'essayer d'apprécier
19:59 et de comprendre cette qualité d'exécution
20:02 qui peut être créatrice de valeur pour l'actionnaire.
20:04 Donc c'est bien, ça nous rajoute un sujet.
20:07 Mais c'est vrai que le software, les softwares, oui,
20:10 c'est hyper pertinent, c'est très important.
20:13 Ça fait partie de toute la chaîne de valeur.
20:15 Mais c'est les softwares, si on prend par exemple la cybersécurité,
20:19 c'est assez, on peut l'analyser des deux côtés.
20:23 C'est-à-dire qu'avec l'IA, il est fort probable que vous aurez plus d'attaques cyber.
20:30 Parce que voilà, l'IA va être au service des hackers quelque part.
20:34 Oui, il ne faut pas négliger la dimension militaire qui va y avoir effectivement avec ces outils.
20:38 Et en même temps, les cybersécurities, enfin les sociétés de cybersécurité,
20:42 elles vont, on déploie déjà, de toute façon on en parlait,
20:47 de l'intelligence artificielle, du machine learning,
20:50 pour comprendre l'analyse de data.
20:52 C'est ça, il ne faut pas l'oublier, il faut revenir à cette analyse de data.
20:56 Et pourquoi ? Parce que c'est énorme, entre chaque GPT3 et 4,
21:02 c'est 5 fois plus de data analysée.
21:05 Même si après il y aura un effet récurrent et donc moins de demandeurs,
21:12 mais voilà. Donc c'est tout ça qu'il va falloir analyser,
21:16 et à tout, pour tout, on n'a pas parlé de l'éducation par exemple.
21:20 Moi j'ai vu des boîtes de HETEC se faire détruire sur l'IA.
21:23 Voilà.
21:23 Pour l'instant, on est dans ce moment-là quand même.
21:25 Le marché Grégoire, il a toujours, toujours une première lecture un peu extrême.
21:31 Voilà. Dans un sens et dans l'autre d'ailleurs.
21:34 Et donc à massacrer, à dire c'est tout l'un ou tout l'autre, c'est ça,
21:38 c'est ce que disait Sandra, c'est un peu noir et blanc.
21:40 Puis après les choses, bon, il y aura toute la panoplie de couleurs.
21:44 Et vous aurez du rouge au vert.
21:47 Si je peux me dire.
21:47 C'est intéressant, Nermé, parce qu'on voit bien la logique de marché.
21:50 Je ne sais pas si elle sera validée ou pas, mais il y a les gagnants immédiats
21:53 et puis il y a ceux qui gagneront peut-être un jour,
21:55 mais dont on pense qu'ils vont d'abord souffrir.
21:58 C'est toujours comme ça le marché.
22:00 C'est toujours à l'extrême.
22:01 Et puis après, il y a le juge de paix et le juge de paix, c'est la qualité des résultats.
22:06 Voilà.
22:07 Et puis la préparation des groupes et des management à ce genre de vague
22:11 qui peut effectivement renverser ou faire évoluer vite les modèles d'affaires de ces entreprises.
22:19 Oui, sur le déroulement de ce thème, effectivement, on voit des gagnants.
22:24 On voit aussi des perdants.
22:25 Est-ce que ça va soulever des questionnements avec la lecture ESG ?
22:30 Très répandue aujourd'hui chez les analyses, chez les investisseurs dans le marché.
22:34 Et question très ouverte et même naïve.
22:37 Je n'ai pas de questions ESG spécifiques autour de l'IA, mais je ne doute pas que...
22:41 J'ai pas le répertoire.
22:42 Non, mais je ne doute pas que l'ESG va...
22:43 Ben oui, mais forcément, il y aura des questionnements sous l'angle ESG
22:47 vis-à-vis de cette technologie et de ses conséquences.
22:49 Bien sûr.
22:50 Non, mais d'abord, en toute humilité, moi, je ne suis pas du tout un expert de l'IA.
22:55 Et honnêtement, je pense, comme tout à chacun,
22:57 je trouve les problématiques que ça soulève complètement vertigineuses.
23:01 Et effectivement, c'est intéressant de voir que c'est à ce point vertigineux
23:04 que pour le coup, même les entreprises plus empruntes et qui investissent le plus
23:08 se disent "attention, où est-ce qu'on est en train de mettre les pieds ?
23:10 Est-ce qu'il faut faire pause ? Est-ce qu'il faut réguler ?" etc.
23:12 Donc, on ne sait pas où on en est.
23:14 Donc, je pense que, en toute humilité, si je devais dire quelque chose de très banal,
23:19 c'est qu'on est probablement au début de quelque chose de majeur
23:22 qui va avoir des implications extrêmement fortes
23:24 et dans lequel beaucoup d'entreprises vont investir.
23:26 Donc, la partie gagnante.
23:27 Quelles sont les implications de ça ?
23:28 Quelles sont les remises en cause ?
23:29 Les métiers qui vont être mis en cause ? Etc.
23:32 Honnêtement, moi, je ne sais pas du tout.
23:34 Je ne sais pas du tout.
23:35 Par contre, oui, on sait que ça va avoir des implications très fortes.
23:39 Donc, ça va être un thème extrêmement structurant et puissant.
23:44 Et partant de là, encore une fois, je me dis que c'est clairement un sujet
23:48 dans lequel il faut savoir investir sans trop se poser la question
23:52 de comment on va s'en protéger, comment on va la réguler, etc.
23:57 Parce que de toute façon, ça va être un sujet phare et un sujet majeur.
24:01 Il me semble-t-il qu'un des sujets EG, bien sûr, qui sera clé là-dedans,
24:07 ce sera les modifications de l'emploi et le sujet des connaissances.
24:10 Finalement, on se dit, on a passé beaucoup...
24:15 Nous, on disait, le métier d'avenir, c'est coder.
24:17 Enfin, même encore, il n'y a pas longtemps, il faut savoir coder.
24:20 Aujourd'hui, il faudra apprendre à la machine à coder,
24:23 mais il faudra probablement plus coder.
24:25 Donc, le métier clé, là, je regarde mes enfants
24:29 et je me dis que le truc à leur apprendre, c'est la philosophie,
24:33 c'est l'éthique, c'est la culture générale,
24:35 plutôt que des métiers ultra techniques.
24:37 Parce qu'il faudra avoir du recul et on lui demande quoi, à l'IA ?
24:41 On lui demande de chercher quoi ?
24:43 Je trouve que c'est pour ça que c'est vertigineux.
24:45 Finalement, ça pose la question de se dire
24:47 qu'est-ce qu'on va rentrer dans une espèce de société post-moderne,
24:51 romaine, où on aura tous des robots...
24:54 - Le thème de la déshumanisation, c'est un thème de marché.
24:57 - ...dans lequel on sera dans du loisir, etc.
24:59 Mais en règle générale, ça finit mal.
25:01 Loisiveté dans les civilisations, ça finit très mal.
25:05 Donc, je trouve ça vertigineux, autant enthousiasmant qu'inquiétant.
25:09 Je serais bien en peine de dire quels vont être les perdants
25:11 et qu'est-ce que ça va transformer,
25:13 mais est-ce que c'est un thème d'investissement important
25:15 et sera des implications fortes et importantes ?
25:18 Oui, clairement.
25:19 - Est-ce qu'on peut imaginer, et c'est ce qu'on disait un peu tout à l'heure,
25:23 la période un peu far-west internet a conduit effectivement
25:26 à un essor spectaculaire avec des entreprises de taille
25:30 équivalente à celle des États aujourd'hui,
25:32 dont on voit bien qu'on a beaucoup de mal à réguler ?
25:35 C'est-à-dire que quand la boîte fait 2 000 milliards, 3 000 milliards de market cap
25:38 à une empreinte mondiale gigantesque, plus puissante que celle des États majeurs,
25:44 ça devient compliqué de réguler à ce stade-là.
25:46 Est-ce qu'on peut imaginer que la fonction de réaction des régulateurs
25:50 va être beaucoup plus rapide, qu'on va essayer de mettre en place
25:52 un cadre, une ligne de conduite assez vite sur ces sujets-là ?
25:57 - Je suis peut-être un peu...
26:00 Je ne veux pas avoir l'air complotiste, mais moi je me dis,
26:04 quand les GAFA commencent à se dire qu'il faudrait qu'on régule,
26:08 c'est peut-être qu'elles se disent, ce sujet-là peut être autant une menace
26:12 pour nous qu'une opportunité.
26:14 C'est-à-dire, autant les modèles internet tels qu'on les a connus,
26:18 c'était un petit côté winner, tech soul,
26:20 plus j'ai un réseau social où tout le monde est dessus,
26:22 plus ça a de valeur pour la pub, etc.
26:24 Et donc ça avait un effet d'entraînement extrêmement important,
26:27 un moteur de recherche, etc.
26:28 Donc tout le monde faisait la même chose,
26:30 donc le winner, tech soul, c'était fort.
26:32 Est-ce que l'IA...
26:33 Donc finalement c'est pour ça que c'est plutôt intéressant d'investir
26:35 sur les infrastructures et la production,
26:38 mais si l'IA se développe, honnêtement, on pourrait se dire
26:41 que c'est aussi une menace pour tous ces écosystèmes.
26:44 - Qui est sûr de son modèle d'affaires face à une émergence et un essor de l'IA ?
26:48 - Bien sûr.
26:49 - Je trouve que, attention, on a calqué un peu le raisonnement,
26:52 un peu facile, winner, tech soul,
26:54 parce qu'on a eu ce sujet de la tech sur lequel ça s'est passé.
26:57 Je l'ai déjà dit à propos du sujet de la transition énergétique
27:00 des modèles de développement.
27:02 Je pense que pour l'IA, c'est pareil.
27:04 Il n'est pas du tout dit qu'à la fin,
27:06 en termes d'applications et d'entreprises
27:08 qui sauront tirer parti des développements de l'IA,
27:11 on ait quelque chose d'aussi oligopolistique
27:14 qu'on a eu avec les GAFAM.
27:17 Donc, encore une fois, je redis mon ignorance totale.
27:20 Clairement, ça va être un sujet d'investissement majeur
27:22 sur lequel il y aura des besoins d'investissement
27:24 en infrastructures, en semi-conducteurs extrêmement importants.
27:27 Donc, il faut être présent sur ce thème-là.
27:29 Je ne me dirais pas pour autant, c'est sûr,
27:31 les positions acquises de qui que ce soit ne seront pas remises en cause.
27:35 Donc, c'est un thème qui sera important sur le Bain-Etang cette année à venir.
27:39 - Et qui va être passionnant à suivre de ce point de vue-là.
27:41 Forcément.
27:41 C'est quoi, du coup, concrètement, Sandra,
27:44 le panier IA spécifique dans un portefeuille-là ?
27:49 C'est quoi les valeurs avec lesquelles on est à l'aise ?
27:51 Sachant que le boom, le marché, effectivement,
27:54 seul le marché boursier peut générer un enthousiasme aussi fort,
27:58 aussi rapide, etc.
27:59 Donc, on se pose toujours la question,
28:01 même si le thème est puissant et de long terme,
28:04 on se demande toujours si beaucoup ou tout n'a pas été joué déjà,
28:07 là, en quelques semaines ou quelques mois.
28:10 - Ce n'est pas parce qu'on a fait un plus haut historique
28:11 qu'on ne peut pas aller encore plus haut.
28:12 - Ah ben non, mais les records sont faits pour être perdus.
28:15 - Dans les valeurs, là, pour l'instant,
28:16 c'est essentiellement tech de toute façon.
28:17 Côté US, Nvidia, Microsoft.
28:21 - Si on en a un, on ne touche pas.
28:22 - Oui.
28:23 - Non, non, mais oui.
28:25 En termes de risk management, c'est la meilleure décision à prendre.
28:27 On s'endort avec.
28:28 - On parlera peut-être du cas Apple un peu plus tard,
28:30 mais Apple, plus haut historique,
28:32 moi, je vois une pourcente de la hausse,
28:34 donc Apple, c'est un peu mixte, mais voilà.
28:36 Les Adobe sont aussi très intéressantes.
28:40 Dans les européennes, ASML, leader incontesté,
28:43 qui est l'AI ou pas l'AI, trois ans de carnet de commande,
28:46 il y a un peu de bisbis géopolitique.
28:48 Ça tangue un peu, mais pour moi, il n'y a pas de sujet.
28:52 Bazy, ça peut être aussi une histoire intéressante.
28:56 On est déjà plutôt bien parti.
28:59 On a vu quelques GAFAM, mais...
29:01 - Oui, oui, non, bon.
29:02 - Celle qui cristallise un petit peu tout ça,
29:06 c'est l'énorme que je viens de citer.
29:08 - Oui.
29:10 Apple, oui, il faut en dire un mot.
29:13 - Je vais revenir sur ce que disait Hervé.
29:16 - Sur la régulation.
29:17 - Apple a été le premier à s'auto-réguler,
29:20 puisqu'il y a plus d'un an, c'est eux qui ont déjà dit
29:23 que ce n'est plus possible de traquer.
29:25 Et qui a mis dans la problématique...
29:29 - Sur la privacité, la question des données.
29:31 - Et d'autres.
29:31 Et donc, c'est clair qu'eux, ils sont des acteurs...
29:35 - Ils ont un parti préhistorique sur ces questions de données.
29:38 - Oui, oui, et je pense que la question safety,
29:41 aujourd'hui, n'est plus à opposer à la question de la profitabilité.
29:46 On a changé de paradigme, et c'est plutôt bien.
29:50 Bon, voilà.
29:51 Donc, je le vois plutôt comme un point positif.
29:53 Mais oui, c'est eux qui vont être, évidemment,
29:55 qui sont au cœur du sujet, parce qu'il ne faut pas oublier
29:58 l'IA génératif, c'est...
30:01 Il faut du data, il faut de la data.
30:03 Et qui a le plus de data ?
30:06 Donc, ça, c'est clair qu'ils ne peuvent pas être écartés.
30:11 Après, de toute façon, la bourse et les winners de demain,
30:17 c'est bien que ça se réinvente.
30:19 - Là, en l'occurrence, on parle d'un peu des mêmes.
30:22 Nvidia, peut-être une histoire un peu plus récente, mais...
30:26 C'est ça qui est intéressant, c'est que je trouve que la taille
30:28 de ces groupes, le risque, la capacité d'investissement de R&D...
30:35 - Oui, non, mais ce que je veux dire, c'est qu'on les retrouve
30:38 en leader sur cette évolution.
30:42 - Ils ont des moyens, une capacité de recherche et de financement
30:44 qui est absolument incroyable.
30:46 - Enfin, il y a un mois ou deux mois, on disait,
30:48 attention, dans le nouveau cycle, les gagnants d'hier
30:50 ne seront pas les gagnants du nouveau cycle, forcément.
30:53 - Qui dit ça ?
30:54 - Beaucoup de gens.
30:56 - Non, mais il n'y a pas que les GAFAM sur l'IA.
30:58 - Non, il n'y a pas que les GAFAM.
31:01 Non, il y a plein d'autres gens.
31:02 - Oui, je suis d'accord.
31:04 - Mais boursièrement, c'est quand même là où le plus de valeur
31:07 a été créée.
31:08 - Oui, parce qu'il y avait un stock déjà de...
31:09 - Visiblement, en tout cas.
31:11 - Bien sûr, bien sûr.
31:11 - Quand on peut être de 800 milliards à 1200 milliards,
31:14 bon, ça fait 400 milliards de plus.
31:16 - Elles sont installées, donc il y a aussi ce côté un peu plus défensif
31:19 des mastodontes.
31:20 - Ça rassure.
31:20 - Prendre une petite boîte, un compte au bataillon qui se lancerait...
31:24 - Je ne sais pas, avec d'autres thèmes, on n'avait pas ces pudeurs.
31:26 Enfin, je veux dire, le nombre de boîtes, zéro profit,
31:29 zéro chiffre d'affaires qu'on a vu exploser.
31:32 - Oui, mais je pense que c'est quand même une thématique,
31:34 enfin, un truc médiatique.
31:36 - Il y a des valorisations qui restent aussi en plus...
31:39 - Bon, correct.
31:40 - Oui, correct.
31:41 - Oui, c'est ça.
31:43 Je pense que je vais re-investiguer ça, parce qu'il faudra qu'on en reparle.
31:47 - Enfin, ça va être investigé.
31:50 - Non, mais je pense que c'est intéressant de voir,
31:52 c'est de regarder le modèle de gouvernance de la société maire
31:56 de Chad GPT.
31:57 - Open AI.
31:58 - Oui, Open AI.
32:00 Qui est une gouvernance, d'ailleurs, qui a sorti Elon Musk,
32:03 qui était un historique dedans,
32:05 qui a plafonné les rendements autour de ses actionnaires,
32:09 qui a inscrit dans ses statuts qu'il fallait que ce soit outsourcé, etc.
32:15 Et ça, c'est un acteur, enfin, s'il y a un des acteurs qui a explosé,
32:19 c'est Open AI.
32:20 Et donc, que va devenir Open AI ?
32:21 C'est pour ça, je reviens, je ne dis pas que c'est pur du cynisme,
32:26 et justement, je ne veux pas tomber dans une complotiste.
32:27 Je dis quand même les GAFA sur ce sujet-là.
32:30 - Qu'ils acceptent l'idée de la régulation aussi vite,
32:33 ça nous dit quelque chose.
32:34 - Ça nous dit quelque chose.
32:34 Il y a aussi en train de se passer quelque chose en dehors des GAFA
32:37 qui, effectivement, immédiatement, on se dit, ils ont des positions,
32:40 ils ont une capacité d'investissement et ils peuvent en tirer des opportunités.
32:43 Mais on va probablement, sur ce thème de l'état social,
32:47 voir des acteurs type Open AI venir et peut-être tailler des croupières
32:51 aux GAFA qu'on ne voit pas aujourd'hui.
32:52 - Et d'ailleurs, en première intention, je me souviens très bien des discussions
32:55 sur Google, leader absolu de la recherche Internet.
32:57 Attention, ça va rebattre les cartes.
32:59 L'outil génératif va rebattre les cartes.
33:02 On reparlait de Bing, des moteurs de recherche que tout le monde avait obligés.
33:05 - Tout peut se réinventer.
33:06 - Et donc, on se dit, mince, est-ce que Google ne va pas se faire squeezer
33:09 sur cette rente absolue du moteur de recherche ?
33:13 - C'est pareil, quand je vois Elon Musk, qui n'est quand même pas le chantre
33:16 de la régulation, etc., qui a raconté qu'il mettait tout en pause.
33:20 - Oui, parce qu'il n'avait pas lancé sa boîte encore.
33:23 C'était le temps de lancer sa startup.
33:25 - Oui, c'est vrai.
33:26 - C'est vraiment parce que c'est un sujet pour l'humanité.
33:28 - De l'IA à l'informatique spatiale, donc, c'est le nouveau pari d'Apple
33:32 avec ce casque Vision Pro, sachant qu'Apple a toujours à peu près réussi
33:37 à générer des succès sur ce type de produit.
33:40 Là où d'autres s'étaient déjà cassés les dents.
33:43 - Oui, alors, c'est d'ailleurs pas un casque.
33:46 - C'est pas un casque.
33:47 - Ils disent que c'est pas un casque.
33:48 - D'accord.
33:49 - C'est spatial, c'est une plateforme.
33:52 C'est une plateforme, un computer spatial.
33:54 - Effectivement.
33:55 Et donc, le hardware, enfin, le produit tel qu'il a été présenté,
34:00 on a un effet "waouh" quand même.
34:01 - Ça ressemble à un casque quand même.
34:03 - Oui, bien sûr.
34:04 Non, ce qui est étonnant, c'est qu'en fait, on superpose la virtualité
34:09 au monde réel.
34:10 Et ça, c'est quand même assez étonnant.
34:12 Et il n'y a plus les joystick, où on ne sait pas où est-ce qu'on doit appuyer,
34:15 sur quel bouton.
34:16 C'est les doigts, c'est les yeux, c'est le tracking.
34:18 Donc ça, c'est quand même des innovations technologiques.
34:21 Il faudra voir.
34:22 Mais je pense que ce qu'il faut retenir, c'est, il l'a dit, ces plateformes,
34:26 ça a été présenté à une conférence dédiée aux développeurs.
34:31 C'est donc le coup d'envoi, il leur donne le produit.
34:34 Et ça, c'est le savoir-faire d'Apple.
34:36 Le savoir-faire d'Apple, contrairement à Meta,
34:39 c'est que Meta n'a pas les mêmes relations avec les développeurs.
34:41 Et voilà.
34:42 Et donc, c'est ça qui est fantastique.
34:45 Et souvenez-vous du premier smartphone d'Apple, l'iPhone,
34:48 il n'avait pas du tout les mêmes fonctionnalités.
34:51 Ça s'est enrichi après.
34:52 Donc, c'est ça le savoir-faire d'Apple,
34:55 c'est de présenter effectivement un produit
35:00 sur lequel peut se développer un écosystème.
35:03 Ça, c'est malin.
35:04 Et ils savent faire, et ils ont la communauté.
35:07 Mais ils n'apportent pas eux-mêmes l'application qui tue tout.
35:13 C'est-à-dire, c'est charge aux développeurs d'apporter la killer app
35:17 qui va déclencher l'engouement le plus large possible.
35:22 Ça a toujours été un écosystème entre Apple, les développeurs
35:27 et évidemment les clients d'Apple.
35:30 Et ça, c'est très important.
35:31 Et sur le prix qui est très décrié, moi, ça m'a fait un petit peu sourire
35:35 parce que j'ai connu effectivement le lancement, je travaillais déjà.
35:39 Et je me souviens que le premier smartphone à 500 dollars en 2007.
35:44 C'était seulement 500 le premier iPhone ?
35:46 C'était 499 dollars.
35:48 Et tout le monde disait "C'est pas pour moi, trop cher, trop cher".
35:51 Alors là, non.
35:52 Et souvenez-vous après, souvenez-vous de ce qu'on a dit sur les Airpods.
35:56 "C'est quoi ces trucs avec les trucs blancs ?"
35:58 C'était rigolo d'ailleurs, tous les dessins un petit peu humoristiques.
36:04 Et on en vend 50 millions par an.
36:08 C'est la force d'Apple en fait, c'est d'avoir une clientèle fidèle et captive.
36:11 Et moi j'attends 6-7 mois, c'est ça ? 6-7 mois de lancement ?
36:15 Oui, tout à fait.
36:16 De toute façon, c'est pas un produit qui sort.
36:17 Mais non, non, mais c'est malin, le timing aussi est malin.
36:20 C'est un accessoire qui permet aussi de rendre accessible l'AI.
36:23 Et pour avoir vu effectivement les vidéos de lancement etc.
36:26 C'est quand même assez prometteur.
36:28 Et puis voilà, Apple, c'est une force commerciale qui est impressionnante.
36:33 On va parler un petit peu de Valo effectivement, mais c'est un PEA 30.
36:37 C'est pas dingue, c'est un peu au-dessus de...
36:39 Oui, avec un cache monstrueux, c'est ça ?
36:40 Avec un cache monstrueux.
36:41 Et puis je regarde un petit peu, pour me faire plaisir,
36:44 je regarde un petit peu toutes les performances du titre Apple
36:47 après avoir inscrit des plus hauts historiques.
36:50 Je vous donne juste la moyenne 6 mois, mais je les ai sur à peu près une trentaine d'années.
36:55 On est à 25% de hausse à 6 mois quand on tape un plus historique.
37:00 On le rappelle, c'est le principe du momentum.
37:02 C'est vrai que ça fait peur les sommets historiques etc.
37:05 Mais statistiquement, il y a toujours plus de chances que les records soient battus
37:08 que ce soit le début de la grande dégringolade.
37:11 Donc ceux qui n'ont pas d'Apple, il est encore temps d'acheter de l'Apple.
37:14 Et puis dans 6-7 mois, le fameux casque, on perd de la nette.
37:18 Ça faisait longtemps qu'ils n'étaient pas revenus avec un produit,
37:20 une ligne de produits comme ça.
37:22 Ils prennent du temps.
37:23 Oui, oui.
37:24 Ça aussi, c'est leur succès commercial.
37:27 Et je pense que le sujet sur 2024, ce ne sera pas le nombre de casques...
37:31 Ce n'est pas leur sujet.
37:33 Ce n'est pas ça qui va les...
37:34 Le nombre de casques qui vont...
37:36 Comment le qualifier ?
37:38 Qui vont vendre, ce n'est pas ça.
37:39 C'est vraiment...
37:40 Là, c'est le développement.
37:43 Et on est presque encore dans une version, je pense, bêta.
37:47 Oui, c'est ça.
37:47 Donc on verra et ça sera...
37:49 Ils viennent plutôt que d'habitude sur le marché avec ce produit,
37:53 par rapport aux autres produits qui étaient d'ailleurs disponibles
37:56 commercialement le lendemain de la keynote.
37:59 Ah ben oui.
38:00 Non mais voilà.
38:00 Ah oui, c'est ça.
38:01 Ils présentaient leur produit, la keynote "commerciale", entre guillemets.
38:05 Le produit...
38:06 Dans le cycle de vie et de commercialisation, ils viennent plutôt.
38:08 Pour les développeurs.
38:10 Et pour nous faire rêver.
38:11 Ah ben...
38:13 On s'arrêtera sur ce rêve d'Apple et du Vision Pro.
38:17 Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
38:20 Virginie Robert, Constance Associé, Sandra Servat, Porzampin
38:23 et Hervé Guèze et Mirova, qui étaient les invités de Planète Marché.