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Mercredi 25 octobre 2023, SMART BOURSE reçoit Xavier de Buhren (Directeur des investissements, Otea Capital) , Alain Pitous (Senior Advisor ESG) et Gilles Guibout (Responsable des actions européennes, AXA IM)

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00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Xavier De Buren est avec nous ce soir, directeur des investissements chez OTA Capital.
00:17 Bonsoir Xavier.
00:18 Bonsoir Grégoire.
00:19 Alain Pithous nous accompagne également. Bonsoir Alain.
00:21 Bonsoir.
00:22 Vous êtes senior advisor ESG et Gilles Guibou à nos côtés également ce soir. Bonsoir Gilles.
00:26 Bonsoir Grégoire.
00:27 Et pour être là, vous êtes responsable Action Européenne d'AXA-IM.
00:31 J'ai posé la question, je n'ai pas encore de réponse ferme et définitive,
00:34 mais oui je pense que de mémoire de gérant vivant et même de gérant ayant connu la création du CAC 1987,
00:41 je vous en dis à Alain Pithous,
00:43 je ne crois pas qu'en une séance, une valeur du CAC 40, on a déjà vu des baisses de 60% sur le marché parisien,
00:49 mais là on parle d'une valeur au sein de l'indice CAC 40.
00:52 On a vu jusqu'à -59,69% de baisse sur le titre Worldline aujourd'hui.
00:58 Donc il y a évidemment plusieurs sujets.
01:00 Il y a la question de la violence du mouvement et puis comme je le disais en présentation,
01:03 qu'est-ce qui se passe entre la bourse et le secteur des paiements,
01:06 puisque avant même Worldline, c'est Adyen qui s'effondre au cours du mois d'août, je crois.
01:11 Nexi en Italie doit être au plus bas historique,
01:14 au point qu'on parle de fonds d'investissement et de private equity qui s'intéresseraient au dossier.
01:19 Et je ne remonte même pas à l'évaporation totale de Wirecard en Allemagne il y a quelques années.
01:23 Gilles, sur Worldline peut-être déjà aujourd'hui.
01:27 Sur la baisse la plus forte du CAC 40, il y a quelques jours, Alstom avait failli ravir le trophée.
01:37 Non, mais t'es déjà la barre assez haute.
01:39 Elle avait failli ravir le trophée à Alcatel.
01:41 Ah, il y a eu Alcatel.
01:43 Il y a eu Alcatel, je crois qu'en 2000 ou en 2002, il était à -38%.
01:47 D'accord.
01:49 Alstom c'est donc -40 il y a 10 jours ou 15 jours ?
01:53 C'était -37.
01:55 Juste après on a eu Oro Happy, alors qu'il n'est pas dans le CAC 40,
01:57 qui est l'entité qui avait été séparée de Sanofi, qui nous avait fait un -56, -57.
02:03 Bon là, le trophée est repris aujourd'hui par Worldline.
02:07 Bon, trêve de plaisanterie, si on peut plaisanter là-dessus.
02:11 En réalité, je pense qu'avec Worldline, on combine plusieurs éléments qui traduisent sans doute
02:19 un niveau de lassitude, de nervosité des investisseurs sur un secteur qui en réalité ne marche pas depuis plus de 2 ans.
02:28 Si on regarde le secteur des paiements, il a commencé à sous-performer à l'été 2021,
02:36 après une première alerte sur résultats, ça devait être Visa et Mastercard,
02:41 et je m'étais amusé à regarder les graphes, et c'est à partir de cette baisse de Visa/Mastercard,
02:47 juillet 2021, qu'en fait ces titres-là ont abandonné leur plus haut et ont baissé constamment.
02:53 Alors, à un moment donné, on pensait qu'ils étaient en danger parce qu'il y avait effectivement Adyen
02:59 qui allait devenir l'unique moyen de paiement de manière un peu irrationnelle.
03:05 Adyen a été rappelé par la patrouille parce qu'effectivement, même eux à un moment donné,
03:10 quand ils veulent croître en dehors du online, ils sont obligés de mettre des coûts,
03:13 et donc ça met un peu de pression sur les marges, et en plus de ça, on s'est aperçu que,
03:17 bien que leur plateforme soit unique et très récente, en fait ils sont quand même obligés d'investir très fortement.
03:22 En tech, pour se maintenir.
03:26 Et quand on dit des coûts, chez les commerçants, il faut des commerciaux, des représentants, des sales, qui vont sur le terrain.
03:33 Et donc en fait, ils ont fait l'avertissement du mois d'août, c'était un investissement sur les marges,
03:37 parce qu'en fait, ils dépensent plus que prévu. Donc, il y a de la croissance.
03:40 La transition du cash vers le digital, elle continue à s'opérer, mais on s'aperçoit que c'est une croissance qui peut avoir un coût.
03:49 Première chose, dans le cas de Worldline, on combine une surprise,
04:00 parce qu'il y a encore quelques semaines, il y a eu ce qu'on appelle les pré-close call,
04:04 donc l'entreprise s'entretenait avec les analystes pour faire un peu l'état,
04:07 et ils n'avaient absolument pas alerté sur le fait qu'il y ait un ralentissement possible de l'activité.
04:13 Or, ce matin, qu'est-ce que dit l'entreprise ? Ils disent qu'il y a un ralentissement en Allemagne.
04:17 Alors ça, on avait commencé à l'entendre.
04:19 Merci Worldline.
04:21 On avait commencé à entendre qu'effectivement, en Allemagne, le comportement des particuliers, c'était de dire,
04:25 pour faire attention à leurs dépenses, ils préféraient payer en cash plutôt.
04:28 Oui, ils faisaient des petits enveloppes de cash pour chaque jour.
04:31 Ça explique une partie.
04:32 Ce n'est pas juste en Allemagne, c'est des comportements qu'on décrit partout en Europe aujourd'hui.
04:37 La vraie surprise, c'est que visiblement, ils mettent en avant un durcissement de la réglementation allemande,
04:45 de la baffine, notamment sur les acteurs du digital, donc sur tout ce qui est paiement online.
04:51 Alors c'est sans doute suite à des réminiscences de ce qui était passé avec l'affaire Wirecard,
04:56 qui fait qu'en fait l'entreprise, si elle n'est pas en mesure de fournir ce qu'on appelle un KYC, un Know Your Client,
05:02 l'entreprise a mis un terme à un certain nombre de relations digitales.
05:06 Et ça, ça a entraîné une révision à la baisse du nombre de clients, du chiffre d'affaires,
05:10 et qui va avoir des répercussions, y compris sur 2024.
05:14 Parce qu'à la fin, Worldline, ça affiche quand même une croissance de 6 à 8 %,
05:19 une marge qui reste quand même assez importante.
05:22 Donc simplement, le marché n'apprécie pas la surprise, la mauvaise communication,
05:29 parce qu'elle n'a pas été du tout télégraphiée, et découvre tout d'un coup qu'il y a un changement de réglementation,
05:34 et qui explique pourquoi en fait tout le secteur est pris dans la masse.
05:39 Parce qu'en fait, effectivement, si cette réglementation qui est pour l'instant allemande,
05:42 mais est-ce qu'elle va être amenée à se généraliser,
05:44 est-ce que finalement on pourra avoir des impacts au-delà du simple marché allemand ?
05:50 Quelque chose d'un peu plus structuré.
05:52 Ils disent dans leur communiqué, ils ont coupé je crois jusqu'à 130 millions d'euros de contrats avec des commerçants online,
05:58 qui ne respectent pas le niveau d'exigence que Worldline doit aujourd'hui...
06:04 Et alors du coup, quand on coupe du chiffre d'affaires sur ce type de sociétés qui sont en fait une structure de coût fixe,
06:09 sur laquelle on vient faire ce qu'on appelle une vie opérationnelle,
06:12 quand vous enlevez du chiffre d'affaires, en réalité, le montant de chiffre d'affaires que vous enlevez,
06:16 c'est le montant à peu près équivalent que vous enlevez à la rentabilité.
06:20 Donc en réalité, on attendait pour l'année 750 millions de cash flow disponibles,
06:25 ça va tomber déjà à 500, là-dessus ils ajoutent 250 millions de restructurations,
06:31 c'est-à-dire que là où on attendait 750 millions de cash flow disponibles, on va tomber à 250.
06:35 Donc le marché de ce point de vue-là est assez efficient.
06:37 Ce matin, le titre se payait 7 milliards, donc à peu près 10% de ce qu'on appelle le free cash flow yield.
06:44 Ce soir, il se paye 10% de free cash flow yield parce que la capille est de 2 milliards.
06:48 Donc le marché d'une certaine manière...
06:50 Oui, oui, c'est mathématique !
06:51 Parce que, en ne regardant que cette mesure, c'est sans doute très largement réducteur.
06:56 Oui, mais vous l'avez dit, c'est un événement qui vient après déjà des mois et peut-être même des années
07:02 de fatigue, de lassitude et de non-performance boursière pour ce secteur.
07:07 Et donc aujourd'hui, ce qu'on voit dans le même temps, c'est qu'en face de ça, en miroir,
07:11 on a un Dassault qui rassure sur ses perspectives.
07:14 Et on voit bien qu'aujourd'hui, dans un marché incertain, il y a une volonté, une prime,
07:20 en tout cas de s'abriter sur des dossiers qui semblent bien plus visibles.
07:25 Et l'incertitude, elle se paye cash.
07:27 On l'a vu sur Alstom, on l'a vu sur Europe, on l'a vu ponctuellement sur Techdeep la semaine dernière
07:33 et on l'a vu sur Lonza plus récemment aussi en Europe.
07:36 Vos commentaires sur Worldline et le secteur des paiements.
07:40 Effectivement, Adyen, c'était il y a deux mois.
07:42 Adyen, valeur néerlandaise, vous le rappeliez Gilles, à un moment on pensait que tous les
07:47 paiements du monde passeraient par Adyen, ça a valu jusqu'à 100 milliards en bourse Adyen.
07:51 Ça ne vaut plus que 20.
07:52 Comme Worldline, ça a été divisé par 8 depuis juin 2021, Nexys a été divisé par 4.
07:58 Et je pense que c'est globalement plutôt un de-rating sectoriel.
08:03 Pourquoi ? Parce que l'Equity Story, en gros, ou l'histoire boursière de secteur,
08:09 c'était de vendre un secteur défensif avec de la croissance visible, avec de la consolidation,
08:15 assez protégée, parce qu'effectivement il y avait une pénétration à mener sur la pénétration
08:22 du paiement digital par rapport au paiement en espèces.
08:25 Et on avait une croissance qui était régulière, qui se situait entre 7 et 8%.
08:32 Le constat c'est que depuis quelques semestres, on arrive de façon assez poussive à tenir
08:39 à peu près ces niveaux de croissance, mais on a un moteur qui commence un peu à caler
08:43 du côté de la croissance.
08:45 On a un marché où finalement il n'y a plus de consolidation, qui a beaucoup aidé tous
08:51 ces acteurs à grossir et à maintenir des niveaux de croissance élevés.
08:56 Et puis sur un secteur où il y avait soi-disant des barrières à l'entrée qui étaient défensifs,
09:01 on a vu, vous l'avez évoqué, des nouveaux entrants, ADN digitaux, ou même des plus petits,
09:06 qui sont venus prendre des parts de marché finalement sur ces business qui étaient présentés
09:11 comme des monopoles régionaux.
09:14 Et donc on est arrivé finalement, et ce que dit aujourd'hui Worldline, c'est que finalement
09:20 la croissance régulière de 7-8% va plutôt être aux alentours de 2-3% pour plusieurs
09:26 trimestres à venir, que la croissance régulière des marges, qui avait été plutôt évoquée
09:33 aux alentours de 30% pour 2024, elle va plutôt d'écroître et atteindre le niveau de 25%.
09:40 Donc finalement, on a eu avec ces nombreuses introductions en bourse, le spin-off de Worldline,
09:47 l'introduction en bourse de Nixie.
09:49 Oui, spin-off d'Atos, il faut se souvenir, Worldline.
09:51 Voilà, exactement, et ça avait été plutôt assez bien marketé, parce que les fondamentaux
09:55 présentés comme ça du secteur étaient plutôt bons.
09:58 Sauf qu'on constate que finalement, c'est une remise en cause totale.
10:02 Des bons faux d'un manteau auquel croyait la bourse, il ne croit plus depuis quelques
10:05 instants, et là c'est la sanction.
10:07 Donc la question c'est de savoir où doivent tomber les niveaux de valorisation du secteur.
10:14 Je le dis autrement, Xavier, et je me souviens très bien du spin-off de Worldline, effectivement,
10:19 et c'était très enthousiasmant, et déjà à l'époque, le marché, enfin à l'époque
10:24 en tout cas le marché préféré à Worldline, à Atos, aujourd'hui les deux sont au fond du trou.
10:29 Non mais, on a acheté l'histoire de FinTech, et dans FinTech il y a Tech, et on se retrouve
10:34 avec des boîtes de commodité en matière de paiement.
10:36 C'est ce que le marché vous dit aujourd'hui, effectivement, que la valeur ajoutée finalement,
10:41 qui avait été vendue sur la consolidation, sur le fait de tout regrouper sur des plateformes
10:47 digitales qui sont innovantes, qui sont à niveau, etc., on constate que la valeur ajoutée
10:52 elle n'est plus là, et qu'on est là pour traiter des flux d'argent, mais qu'il y a des solutions
10:59 qui arrivent à côté, et qu'on n'arrive plus à délivrer cette croissance visible qui était annoncée.
11:05 - Alain, vos commentaires, et je veux bien qu'on dise un mot encore du risque cyber,
11:09 parce que c'est en tête du communiqué de Worldline, au-delà de la croissance qui décélère en Allemagne.
11:14 La montée généralisée de la cybercriminalité et des comportements frauduleux nous conduit
11:21 à couper des contrats avec des commerçants en ligne aujourd'hui qui ne respectent pas les exigences
11:26 en termes de risque auquel nous sommes soumis, nous, entreprises de paiement.
11:30 J'ai l'impression que c'est un risque qui est peut-être mal apprécié, à la fois par les marchés
11:34 et par les entreprises, y compris de ce secteur-là.
11:37 - Oui, alors l'explosion du risque cyber, elle est matérielle.
11:41 C'est-à-dire qu'en fait, on s'aperçoit de plus en plus du coût que ça génère.
11:47 Et alors au début, ça s'attaquait pas mal à des institutions, enfin à des administrations.
11:51 Il y a eu pas mal d'administrations qui ont été attaquées.
11:54 Et puis après, les grandes entreprises ont été attaquées. - Bien sûr, les hôpitaux, etc. On se souvient, bien sûr.
11:57 - Les grandes entreprises aussi sont très souvent attaquées.
11:59 Et puis là, il y a une explosion. Je crois que c'est sur les PME en Allemagne,
12:03 c'est 160 % de progression en quelques mois du nombre d'attaques.
12:07 Alors c'est des ransomware, c'est tout ce qu'on veut autour de la cybercriminalité au sens large du terme.
12:12 Et ce risque n'était pas du tout dans les discussions et dans les discours des chefs d'entreprise,
12:19 et n'est pas non plus dans les provisions et dans les investissements à faire,
12:22 qui sont des investissements, passez-moi l'expression, à la con.
12:25 C'est-à-dire que c'est des trucs qui ne sont pas productifs.
12:27 Donc c'est le dernier truc qu'on a envie de faire, mais... - À la con, mais colossaux, quand même.
12:30 Néanmoins colossaux. - C'est-à-dire qu'en fait, vous êtes fabricant de pneus...
12:34 - C'est de la résilience. - C'est ça, exactement.
12:37 Et donc on est dans cette problématique-là.
12:39 Après, moi j'entends ce qui est dit sur les commentaires sur Worldline et sur le marché des paiements.
12:44 C'est-à-dire qu'on était sur un secteur qui était dans la catégorie croissance,
12:48 et puis gentiment on se retrouve dans quelque chose qui va être value pendant un paquet de temps.
12:53 Donc forcément ça change quand même pas mal le prix en bourse.
12:56 Après, ce que je trouve intéressant sur ce qui se passe sur ce segment-là, et au sein de ce segment-là,
13:02 c'est la discrimination qui est capable de faire le marché.
13:05 C'est-à-dire qu'en fait, ça discrimine quand même énormément.
13:08 Il y a une graduation entre tous ces acteurs qui est extrêmement violente.
13:12 C'est d'autant plus violent qu'en ce moment, on arrive quand même à une période de l'année
13:16 où on n'a pas envie de se trimballer dans les rapports de gestion avec des boîtes qui ont fait de la sous-performance.
13:20 Donc ça nettoie tout de suite.
13:23 Et avant, on mettait... C'est aussi ce qu'on évoquait avec le CAC 40.
13:27 J'y étais, le CAC 40 à 1 000, jeune homme.
13:30 - Au démarrage, le CAC était à 1 000. - Mais qu'est-ce que c'est que ça, le CAC 40 ?
13:35 - C'est pas un marché, ce truc.
13:38 Des boîtes qui ont perdu 80 %, il y en a quand même eu un paquet, mais c'est rarement une journée.
13:42 - Oui, oui ! - Là, c'est quand même un truc...
13:45 - D'où l'événement... - Je me rappelle, j'ai quand même souvent en tête des 20 % dans des périodes où...
13:48 - Oui, bien sûr ! Bien sûr ! Les banques, etc. On a vu déjà ça.
13:52 Mais 60 %, ça nous place quand même à plusieurs sigmas d'écart de ce qu'on a vu.
13:57 - La raison aussi pour laquelle il y a ça, c'est qu'aujourd'hui,
14:02 personne ne s'amuse à aller mettre le marché. Il n'y a pas de volume du tout.
14:08 Grosso modo, une journée normale, une période normale sur l'euro-stocks,
14:13 on a 4 millions de contrats ouverts, on n'est plus qu'à 3 millions.
14:16 Tout ça, ça se retrouve dans cette volatilité.
14:20 Après, c'est ça qui était intéressant, je trouve, dans la période qu'on a connue jusqu'à la période de baisse récente.
14:25 C'est que tout le monde, quand vous écoutez les gérants, ils disent tous qu'il y a de la volatilité.
14:30 En réalité, il n'y en avait pas de la volatilité matérielle.
14:33 On était sur des niveaux de volatilité 14-15, alors normalement, dans les périodes de tension, on est plutôt à 20.
14:38 Mais pourquoi on avait cette impression-là ? C'est qu'on avait des volatilités sur les titres,
14:42 des cartons sur les titres qui étaient dignes de ce qui se passe quand il y a 42 vols.
14:47 C'est très perturbant pour les portes de paie et les gestionnaires.
14:51 - On le voit d'ailleurs, le CAC progresse ce soir.
14:53 Évidemment, Worldline, ça ne pèse rien, c'est 0,15 % du CAC.
14:57 - Non, mais c'est 0,15 % du CAC. Mais c'est vrai que quand on voit ça au sein d'un indice majeur,
15:02 on voit que derrière, dès Dassault Systèmes, d'autres boîtes, tranquillement,
15:07 maintiennent le CAC en positif sur la science.
15:10 - Et ça génère un bruit autour de la volatilité qui est important.
15:14 Après, il y a aussi un autre élément qui est la période actuelle.
15:17 On l'a vu depuis 15 jours, 3 semaines, c'est quand vous annoncez des résultats qui sont en ligne, c'est -5.
15:23 Il ne faut pas décevoir en ce moment. Il faut vraiment un discours et des réalités de chiffres très positifs pour que le titre monte.
15:30 On le voit d'ailleurs aujourd'hui sur Alphabet qui perd 10 %.
15:34 C'est quand même colossal sur une boîte comme ça.
15:36 - Oui, c'est une autre paire de manches que Worldline, Alphabet.
15:38 - Oui, c'est ça. En euros, le consommant des tribus, c'est autre chose.
15:41 - Pourquoi des mouvements aussi violents comme ça sur des titres ?
15:46 Alors vous dites, ça va de Worldline qui pèse 2 milliards à Alphabet qui en pèse plusieurs centaines.
15:50 Pourquoi des mouvements aussi violents ?
15:53 - Je crois qu'en termes de construction de portefeuille, dans beaucoup de maisons aujourd'hui,
16:00 je le vois avec tous les gérants qui discutent, mettent en place des systèmes de maîtrise de volatilité,
16:05 maîtrise de risque sur la construction de leur portefeuille.
16:08 Et ça coupe. C'est-à-dire qu'en fait, il y a des coupes-circuits.
16:11 - Oui, c'est ça.
16:12 - Et je pense que sur Worldline, c'est très compliqué.
16:15 - On n'attend plus. On coupe tout de suite.
16:16 - Oui, c'est ça. Et on a eu aussi cette discussion pour des alertes ESG.
16:20 - Sur les controverses. Moi, j'ai beaucoup discuté sur les controverses.
16:23 Et effectivement, la première réaction des gérants aujourd'hui, c'est la controverse.
16:26 Je ne cherche même pas à comprendre qui a raison, qui a tort.
16:28 C'est je coupe minimum 50% de la position.
16:30 - C'est ça. Parce qu'en fait, le calcul a été fait, c'est de la Générale qui avait fait ça il y a 2-3 ans,
16:34 en disant le titre est parti pour 2 ans de sous-performance.
16:37 Et en fait, quand il y a un profit warning, c'est grosso modo la même chose.
16:40 C'est-à-dire qu'on se retrouve avec une contre-performance annoncée de 2 ans,
16:42 autant la liquider, ce n'est pas la peine de rester sur le titre.
16:46 Donc voilà, c'est des méthodes de gestion classiques maintenant.
16:50 - Je veux bien qu'on revienne quand même juste sur le paiement.
16:53 Mais on parlera de la violence des réactions.
16:55 Mais il y a eu cette rumeur d'intérêt de CVC, fonds de private equity, sur Nexi en Italie.
17:01 Typiquement, c'est des sociétés qui vont pouvoir intéresser...
17:04 Alors qu'elles n'intéressent plus la bourse, ça je peux le comprendre.
17:07 Mais est-ce que c'est des boîtes qui vont intéresser d'autres types d'acteurs dans le monde de l'investissement ?
17:12 - Alors, je n'ai plus le nom en tête, il m'échappe à l'instant.
17:16 Mais la dernière transaction date d'il y a quelques mois.
17:20 Et ça s'est fait sur des multiples de valorisation qui étaient de l'ordre de 12 fois le prix.
17:23 - Dans le secteur des paiements ? - Dans le secteur des paiements.
17:26 Et donc c'est des multiples qui sont à aujourd'hui 3 fois ceux...
17:31 - Ceux qu'on observe sur les boîtes côté là ? D'accord.
17:34 - Oui. Est-ce que ça a du sens ? Oui, très certainement.
17:38 Parce qu'encore une fois, c'est une plateforme de paiement.
17:41 Alors, il y a de l'intégration à faire, parce qu'il faut remplacer les systèmes pour en avoir un seul.
17:45 Mais c'est une infrastructure de coût fixe sur laquelle on va traiter des volumes.
17:50 Donc il y a très clairement un énorme avantage à la taille.
17:54 Donc aujourd'hui, c'est une industrie qui a intérêt à se consolider.
17:57 Et quand on regarde cette industrie, le point d'arrivée qu'on pouvait imaginer en Europe,
18:05 c'est d'avoir une plateforme de paiement européenne qui soit la combinaison de Worldline et de Nexie.
18:10 - Un Airbus des paiements ?
18:12 - Il y a quand même des enjeux de souveraineté derrière.
18:17 Donc effectivement, ce n'est pas complètement aberrant.
18:19 Donc aujourd'hui, il y a des entités de paiement au sein des banques.
18:22 Et en fait, quand on parle du paiement, on fait un amalgame.
18:25 Parce qu'en fait, dans le paiement, il y a plusieurs activités.
18:27 - Bien sûr.
18:28 - Et toutes n'ont pas le même niveau de marge.
18:30 Et vous avez la partie la plus margée mais la plus risquée,
18:33 qui est ce qu'on appelle le co-hiring, qui est celle d'aller prendre le risque chez le commerçant.
18:36 Ce qui fait que quand vous allez payer le commerçant,
18:39 la banque va accepter de vous reconnaître et va accepter de faire la transaction.
18:43 Et ça, il y a quand même un risque de crédit.
18:46 Et donc ça, c'est une opération qui est plus margée.
18:48 Et après, il y a l'opération juste de transaction.
18:52 C'est-à-dire, j'ai eu l'autorisation de la banque.
18:54 Et ça, c'est du traitement de données.
18:56 C'est quasiment de l'autoroute.
18:58 Et ça, c'est une opération qui est beaucoup plus sûre, mais qui est beaucoup moins margée.
19:02 Et donc là-dessus, il peut y avoir, à un moment donné,
19:08 des consolidations sur différents...
19:11 - Sur différents segments de marché.
19:12 - Sur différents segments...
19:13 - Je comprends. Du paiement.
19:14 - Du paiement.
19:15 Et cette partie-là, parce qu'il n'y a pas de raison d'avoir plusieurs autoroutes.
19:18 - Je comprends.
19:19 - Parce que, encore une fois, cette partie autoroute, elle est déflationniste.
19:23 Parce qu'en fait, plus vous avez de volume, donc on retrouve le business traditionnel de Atos.
19:27 Et on comprend pourquoi Hoverline vient de là.
19:29 Parce qu'en fait, il était dans ce métier-là, historiquement.
19:31 C'était le métier d'Atos de faire de la transaction.
19:33 Donc, c'est quand même un métier qui est relativement compliqué,
19:37 qui s'est complexifié, et sur lequel il y a sans doute de l'intérêt à faire de la consolidation.
19:42 Alors, est-ce qu'on va le faire maintenant,
19:44 alors qu'on a des taux d'intérêt qui ne sont pas stabilisés ?
19:48 C'est toute la question.
19:49 Je pense que pour voir des transactions, il faudrait qu'on ait la certitude,
19:55 ou la conviction en tout cas, qu'effectivement on a fait le point O sur l'Eto'o.
19:58 Parce qu'aujourd'hui, une opération, sauf si c'est une opération de fusion par échange d'actions,
20:03 ça veut dire qu'éventuellement, il faut prendre de la dette, avec le coût actuel de la dette.
20:07 Donc, ça peut faire réfléchir un tout petit peu.
20:09 - Sur le risque cyber, dans les discussions que vous avez,
20:12 je vous pose la question aussi après, Xavier,
20:14 dans les discussions, les meetings avec les management, les entreprises,
20:19 c'est un risque qui monte ?
20:21 Est-ce qu'il est pris au même niveau que le risque climatique aujourd'hui ?
20:24 C'est-à-dire au niveau des Comex, des conseils d'administration ?
20:27 - C'est très clairement un...
20:28 - Ou est-ce que c'est encore le directeur des services informatiques qui s'en occupe tout seul dans son coin ?
20:32 - C'est très clairement un risque qui est évoqué.
20:35 C'est un risque aujourd'hui qui est évoqué dans les boards.
20:38 Aujourd'hui, il y a quelques acteurs qui sont...
20:40 Et d'ailleurs, c'est bien pour ça qu'Atos aiguise encore les appétits,
20:43 parce qu'il y a cette division cyber.
20:44 C'est un risque aujourd'hui qui est réel.
20:46 Là, la vraie surprise, si je peux dire,
20:49 c'est que c'est un risque qui était latent, dont on parlait.
20:52 - Il commençait à être chiffré.
20:53 - Mais là, on commence à le chiffrer.
20:54 - On met des chiffres dessus.
20:55 130 millions d'euros de contrat.
20:57 - Et que là, on... Voilà.
20:58 Mais qu'en réalité, et c'est ça qui explique pourquoi on baisse de 60 %,
21:01 c'est qu'en réalité, on a ouvert la boîte.
21:04 - C'est peut-être que le début.
21:05 - Mais c'est peut-être que le début.
21:06 Aujourd'hui, le marché, ce qu'il veut vraiment "éviter",
21:11 c'est l'incertitude.
21:13 On ne sait pas chiffrer, on s'en va.
21:16 - Qu'est-ce qu'on retient des premières publications de résultats en général,
21:22 Xavier, au-delà du frage de Worldline aujourd'hui ?
21:27 Quels sont les secteurs clés que vous surveillez,
21:31 qui peuvent apporter des enseignements un peu génériques,
21:35 même, pour l'ensemble du marché aujourd'hui ?
21:37 - Ce qu'on constate sur les publications en Europe,
21:39 alors je ne vais pas les derniers chiffres consolider
21:42 parce qu'il y a pas mal de publications.
21:43 - Oui, on est en plein dedans.
21:44 - Mais globalement, c'est un peu en dessous des attentes.
21:47 C'est en gros -3 % en dessous des attentes.
21:49 Si on enlève les financières qui ont plutôt bien publié,
21:52 on est plutôt aux alentours de -5 % par rapport aux attentes.
21:56 Et ce qui est intéressant, c'est de regarder un peu le ratio
21:59 entre les déceptions, c'est-à-dire des publications
22:03 qui sont en dessous des attentes, et les bonnes surprises,
22:05 c'est-à-dire des publications qui sont au-dessus.
22:07 Et on a un ratio où on a quasiment 30 % des sociétés
22:10 qui ont déjà publié, qui ont déçu,
22:12 qui ont publié en dessous de ce que le marché attendait,
22:15 et simplement 19 % au-dessus.
22:17 Et ça faisait très longtemps, je crois que c'est depuis 2015,
22:20 qu'on n'avait pas vu un ratio inversé comme cela.
22:23 Et ce qui est intéressant, c'est ce que vous aviez dit,
22:26 c'est les réactions qui sont effectivement très fortes.
22:28 Mais à la hausse comme à la baisse.
22:30 Parce qu'effectivement, on peut avoir des titres
22:32 qui baissent de 40 ou 60 %, on l'a vu,
22:34 mais Dassault Systèmes qui prend 7 %, c'est quand même très gros,
22:38 et il faut pas mal de gens pour bouger ça.
22:42 Si on regarde maintenant, qu'il y ait publication
22:46 des bénéfices par action, les attentes des bénéfices par action
22:49 pour l'année 2023, c'est en gros 1 %.
22:52 - En Europe ? - En Europe, c'est quasiment fait.
22:55 C'est plus élevé l'année prochaine, c'est aux alentours de 7 %.
22:57 Et aux Etats-Unis, c'est environ 5 %.
23:00 Alors on a un différentiel de valorisation aussi,
23:03 puisque la valorisation du marché européen est en dessous des 12 fois,
23:07 quand on est quasiment à 18 fois aux Etats-Unis.
23:11 Ce qu'il faut retenir de ça, c'est que je pense que
23:14 on attendait finalement depuis un certain nombre de trimestres,
23:18 le mauvais trimestre, où on va remettre les choses à plat
23:24 en termes de normalisation de croissance,
23:27 de normalisation des marges.
23:30 Et finalement, ça faisait un certain nombre de trimestres
23:33 qu'on attendait et que ça venait pas.
23:35 Donc là on arrive dans un environnement qui est compliqué
23:38 au niveau des taux, qui est compliqué au niveau de la macro,
23:41 mais on est en train d'effacer les sujets.
23:44 C'est toujours compliqué encore de pouvoir lire les résultats
23:47 des entreprises avec des niveaux d'inflation qui étaient encore
23:50 un peu élevés, avec des taux...
23:53 Là, je pense que c'est l'occasion aussi de mettre pas mal de choses à plat.
23:57 C'est le grand message d'un LVMH quand il nous dit
24:00 "Bon, ça a été les années folles pendant 3 ans,
24:02 on avait des croissances organiques à 2 chiffres, parfois jusqu'à 20%
24:06 là, on revient, alors c'est high single digit, c'est du 9% de croissance organique,
24:10 c'est ce qu'on a tous connu dans le monde d'avant,
24:13 et c'est la normalité d'un groupe comme LVMH aujourd'hui, et c'est très bien.
24:17 On normalise les croissances, on normalise les taux,
24:20 les taux à 0 c'était normal, on normalise les taux,
24:23 on normalise aussi un niveau d'inflation, donc on revient à un...
24:26 Et c'est la période de flottement où finalement on voit pas très bien
24:29 où on en est aujourd'hui, mais il faut se rendre compte que
24:32 les 50 points de base, les derniers qu'on a pris sur la hausse des taux
24:36 longs US de 4,5 à 5%, c'est celle qu'elle fait le plus mal au marché,
24:40 alors qu'on est passé de quasiment de 1,5 à 4,5.
24:44 Donc c'est vraiment ce bout-là qui fait peur,
24:47 mais il faut remettre les choses à plat,
24:50 se concentrer encore une fois, et c'est ce qu'on disait la dernière fois,
24:54 sur des valeurs qui ont un très bon positionnement,
24:57 et sur des valeurs qui exécutent très bien.
24:59 On parlait de Dassault Systèmes, c'est encore une très bonne exécution,
25:01 c'est un produit à très forte valeur ajoutée, il y a du pricing power,
25:04 c'est indispensable pour les métiers auxquels il s'adresse,
25:07 et donc il faut se concentrer sur ces sociétés-là,
25:09 d'autant que c'est des valorisations plus raisonnables aujourd'hui,
25:13 qui ont plutôt baissé de 15 à 20% sur certaines sociétés de très bonne qualité.
25:18 Donc même dans un monde de taux élevés, vous dites, il y a des valeurs boursières,
25:21 parce que c'est la question que je vais poser juste après, action versus taux,
25:23 c'est un peu le match macro du moment, en termes de classe d'actifs, j'entends,
25:28 mais on trouve quand même des valeurs boursières qui sont capables
25:31 de performer dans un monde de taux élevés ou normalisés.
25:34 Bien sûr, c'est les valeurs de qualité, de croissance et d'exécution,
25:37 qui ont cette capacité à maintenir leur marge,
25:39 qui ont cette capacité à gagner des parts de marché,
25:41 et puis il y a d'autres secteurs aussi qui sont normalement défensifs,
25:44 comme le secteur des spiritueux, qui a beaucoup souffert et beaucoup baissé.
25:48 Ça fait des points d'entrée qui sont très intéressants
25:50 pour construire un portefeuille à moyen ou long terme
25:52 sur des sociétés de qualité avec un risque limité.
25:54 Je ne vous parle pas d'essayer de prendre un pari sur Worldline.
25:57 C'est des sociétés qui exécutent parfaitement leurs copies depuis des années
26:01 et qui seront encore là dans 10 ans.
26:03 Il y a eu une belle réaction sur Pernod d'ailleurs, le jour de la publication.
26:06 Je crois que ça a plutôt bien réagi, mais c'est des titres qui ont passablement souffert.
26:10 D'un point de vue d'allocation d'actifs, oui, Action versus Sto, Alain ?
26:14 Alors, c'est ça.
26:16 C'est un match ou pas ?
26:17 Oui, plutôt, parce qu'en fait, je dirais que c'est encore une fois une question d'horizon et de risque, etc.
26:23 Enfin bon, on ne va pas revenir là-dessus, mais je pense qu'on en est…
26:28 Et ce qui se passe sur les résultats aussi, je trouve que c'est un moment charnière.
26:32 Parce que soit on casse vraiment ces niveaux-là,
26:35 enfin, il faut être clair, c'est le point clé, c'est les 5% américains.
26:38 Il n'y a pas si longtemps que ça, Diamond disait qu'on n'est pas prêt pour un monde à 7%.
26:44 Ce qui est vrai, c'est que si on va à 7%, effectivement, le dernier a fait très mal, le 4,5%, il fait très mal.
26:50 Parce qu'en même temps, il y a une réduction du bilan des banques centrales, ce qui fait deux fois mal.
26:55 Donc si on avait ce décalage, si on continuait à avoir…
26:58 Et dans le discours de Powell, il y a quand même ce risque inflationniste qui est toujours là.
27:02 La banque d'Australie, ce matin, nous dit que l'inflation est trop chaude et qu'il y a peut-être encore une hausse de taux.
27:07 La banque du Canada, elle nous dit qu'elle n'est pas du tout confiante sur le retour de l'inflation à 2%.
27:12 Donc ça, ça ne milite pas pour un match quel qu'il soit, parce qu'en fait, ça veut dire que…
27:18 On peut encore perdre des deux côtés.
27:19 On peut perdre des deux côtés, oui, c'est-à-dire que si les taux passent de 5 à 5, avec des spreads qui s'écartent,
27:23 parce que pour le moment, les spreads… disons que moins vous avez qualité,
27:27 et là, aujourd'hui, c'est resté à peu près… il n'y a pas eu ce décalage de spread à la hauteur du mouvement.
27:33 Vous l'évoquiez ce matin dans un tweet que j'ai vu sur les marchés émergents,
27:37 où on se retrouve avec une dette émergente qui se paye au prix de la dette américaine.
27:41 Tout ça, ce n'est pas encore recalé.
27:44 Il n'y a plus d'extra-rendement pour la dette émergente par rapport à la dette américaine aujourd'hui.
27:48 Aujourd'hui, le match, je pense qu'il faut faire attention à ce match-là.
27:52 Par contre, et moi, je rejoins ce qui vient d'être dit sur le long terme,
27:56 moi, je pense que sur le long terme, il faut repenser son positionnement equity.
28:00 Ça, c'est probable. Pour la raison, je vais en venir deux secondes après,
28:03 il faut repenser son positionnement equity parce qu'il y a beaucoup de choses à faire sur les actions,
28:07 avec des performances qui seront largement, largement au-delà de ce qui va se passer sur les obliques.
28:12 Parce que les obliques, deux choses l'une, c'est qu'on va rester sur un plateau comme ça pendant un moment.
28:16 Je ne vois pas les tours baisser tout de suite, même ne serait-ce qu'à trois.
28:20 Ça paraît très, très, très, très loin. Donc, pas tout de suite.
28:23 Ou alors avec d'autres problématiques que je ne vois pas aujourd'hui.
28:27 Oui, dans le cas d'un accident. Oui, ça, bon, là-dessus, il y a des raisons d'accident.
28:31 On n'a pas la même idée à spéculer sur les accidents possibles.
28:34 On ne peut pas construire un portefeuille là-dessus. Et par contre, le côté equity, il y a quelque chose à faire.
28:38 Parce que, et c'est le message, moi, je trouve, qu'on voit le marché en ce moment avec ces discriminations,
28:42 c'est que le marché reprend son rôle. C'est-à-dire qu'on a connu une telle période de momentum
28:48 où, en fait, il y avait des cycles de un an ou deux sur des secteurs, etc.
28:52 Et tous les secteurs, toutes les valeurs d'un secteur montaient.
28:54 Là, on se retrouve avec, il y a des différences entre LVMH et Keyring.
28:58 Il y a des différences dans les sept mercenaires de la tech américaine.
29:03 Magnifique.
29:04 Voilà, il y a des choses, il y a des différences parce que les business sont différents,
29:08 parce qu'il y en a qui sont sur des vraies thématiques de croissance bien gérées.
29:13 Moi, je crois que ce qui se passe sur Microsoft, il faut vraiment le regarder.
29:16 C'est très intéressant, ce qui se passe sur Microsoft.
29:18 On parle souvent de la productivité. Eux, ils inventent la productivité au sein de la boîte.
29:23 C'est quand même un truc qui est génial.
29:25 Et ils ont leur clientèle, je crois que sur les 500 plus grosses valeurs américaines,
29:30 ils ont 70 % dans leur clientèle, quelque chose comme ça.
29:33 Donc, ces gens-là exécutent, sont un business qui se développe,
29:37 ont pris un truc, un train d'avance sur l'IA générative, etc.
29:41 Donc, voilà. Et je pense que le marché va rediscriminer comme il n'a pas discriminé depuis un moment.
29:45 Je ne suis pas en train de vous faire l'article sur la gestion active versus passive, ce n'est pas la question.
29:49 Non, non, parce que c'est trop compliqué.
29:52 Mais il y a des thématiques et des valeurs qui vont être plus performantes que d'autres.
29:57 Si, il y a quand même toujours cette même histoire de plusieurs marchés.
30:01 Là, j'ai mis les chiffres à jour, mais je sais que vous aimez bien ces histoires de concentration aussi, Gilles.
30:06 Donc, il y a les actions américaines et le reste du monde.
30:09 Et au sein des marchés américains, il y a les 7 magnifiques, ou le top 10 ou le top 50.
30:16 Et puis après, il y a les 1 500 valeurs du Russell 2000 qui ne font rien, qui sont à la cave,
30:21 et dont plus personne ne veut.
30:23 Juste, Action US, c'est 61% du MSCI All Country World Index,
30:27 donc, on voit plusieurs milliers de valeurs dans le MSCI monde.
30:31 Nouveau record, c'était 50% il y a 10 ans, l'emprise des valeurs américaines au sein du MSCI monde.
30:38 Les 10 plus grosses market cap, c'est 19% de l'indice contre 8% il y a 10 ans.
30:43 Et en matière de valorisation, les actions non américaines se traitent avec une décote de valorisation de 30%.
30:49 Donc, le reste du monde se traite avec une décote de valorisation de 30% par rapport au S&P 500,
30:54 à part les actions américaines.
30:56 Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'on pensait qu'on était sorti du 50/50 dont on parlait il y a quelques temps,
31:04 et en fait, on s'aperçoit qu'on l'a recréé.
31:06 Et ces sociétés-là ne sont pas toutes...
31:09 Rappelez-nous, 50/50...
31:10 50/50, c'était les valeurs que tout gérant de portefeuille dans les années 70 se devait d'avoir,
31:15 parce que c'était incontournable et on était sûr de ne pas perdre.
31:17 À un moment donné, elles avaient accumulé une telle prime de valorisation,
31:22 c'est que malgré des résultats qu'on continuait à croître sur la deuxième partie des années 70,
31:27 en réalité, on a des sociétés qui ont sous-performé sur toute la deuxième partie des années 70.
31:31 À l'époque, c'était IBM, c'était Polaroid, c'était Kodak, c'est des choses comme ça.
31:35 Mais...
31:37 Donc, ces phénomènes de concentration, ils ont pu exister.
31:40 Aujourd'hui, ils sont en plus, je pense, amplifiés par l'évolution des modes de gestion, avec les ETF, avec...
31:45 Moi, j'aurais tendance à ne pas vouloir complètement repousser ça de la main,
31:52 parce que je pense que dans ces valeurs-là, il y a quand même des modèles...
31:57 où avec, en plus, la technologie, on a des modèles avec des leviers opérationnels très forts
32:03 ou avec des rendements marginaux croissants, ce qui est quand même assez hallucinant,
32:08 et ça, vous ne l'avez pas vu avant.
32:09 Mais ce qui me fait penser aussi que...
32:12 et ça, c'était une marode dont on parlait il y a quelques temps, on n'en parlait plus, et ça revient, c'est que...
32:17 on a le risque de réglementation qui est en train de revenir, on le voit sur Amazon ces jours-ci...
32:23 - Google aussi. - Ou Google !
32:25 - C'est un procès historique qui se joue en ce moment aux États-Unis.
32:28 Oui, c'est ça, c'est Google. - Oui, oui, bien sûr.
32:30 Donc, on a quand même ces risques-là, et quand les sociétés deviennent trop puissantes,
32:33 je pense que la question va se reposer.
32:35 Donc maintenant, voilà, c'est une réalité, il ne faut pas l'ignorer.
32:38 - Mais ça veut dire qu'il y a 90% du marché... - Dans lequel on peut faire des choses.
32:43 - Dans lequel on peut faire des choses, après... - C'est impossible de se dire qu'il n'y a pas des bonnes affaires
32:48 dans le 90% du marché qui est à la cave.
32:50 - Après, ce qui est terrible, c'est que les gérants et un certain nombre de clients, en fait, ont...
32:58 Aujourd'hui, le débat, en fait, entre gestion réactive et gestion passive,
33:03 c'est un débat sur l'horizon d'investissement.
33:05 C'est, est-ce que je suis là pour gagner de l'argent à 3-5 ans, et auquel cas,
33:09 je rejoins tout à fait ce qu'a été dit, c'est de dire, effectivement, il faut acheter Dassault, LVMH,
33:13 ces sociétés de qualité qui savent exécuter.
33:16 Si c'est ça le discours pour 3-5 ans ou 5-10 ans, sans problème.
33:20 Si le sujet, c'est, est-ce que ça a performé à 1 an ?
33:22 Malheureusement, ce n'est pas sûr, parce que si, effectivement, les taux vont à 6,
33:26 ce sont des sociétés qui présentent encore une prime par rapport à leur moyenne historique,
33:29 et qui réagissent au taux.
33:30 Donc, la question de l'horizon d'investissement, elle est fondamentale,
33:35 et on ne peut pas s'en extraire.
33:37 Une fois qu'on a dit ça, si on regarde à plus court terme, et on se dit arbitrage,
33:42 taux, actions, je pense que, encore une fois, si c'est pour faire ce qu'on appelle du buy and hold,
33:48 les taux, aujourd'hui, à 5%, ça peut avoir le coup d'avoir du 5% en buy and hold, effectivement.
33:55 Mais ça veut dire qu'effectivement, il ne faut pas vouloir traiter,
34:00 et se dire, voilà, j'ai 5% garantie, et c'est ce qu'on voit se développer,
34:04 on voit un certain nombre de fonds à maturité qui se développent, c'est exactement l'idée.
34:06 Et je pense que ça, c'est très bien.
34:08 Sur les actions, on a des choses qui peuvent être un peu similaires.
34:12 Je pense, on a déjà parlé des actions qui sont des actifs régulés, je pense aux réseaux, notamment,
34:17 où là, on a de la croissance des bases d'actifs qui sont liées à des investissements qui peuvent être faits.
34:22 On a besoin de reconstruire, il y avait encore un article dans Les Echos cette semaine,
34:25 le montant qu'on doit dépenser aujourd'hui dans les réseaux électriques,
34:29 c'est autant que ce qui a été fait pour la création des réseaux électriques.
34:31 Ces investissements ne seront faits...
34:33 Un euro dans l'énergie renouvelable, c'est un euro dans le réseau.
34:36 Il faut mettre un euro dans le réseau à côté.
34:38 Ces investissements ne seront faits que s'ils ont un retour sur investissement garanti.
34:41 Alors là, il faut être un peu prudent, parce que, suivant les réglementations auxquelles vous êtes exposé,
34:44 il peut y avoir des différences.
34:46 De façon surprenante ou pas, la réglementation italienne est aujourd'hui très favorable,
34:49 à la différence de la réglementation espagnole,
34:52 et la réglementation allemande est en train de se dessiner ces jours-ci.
34:56 Elle était généralement un peu moins favorable.
34:58 Je pense que ces actifs-là peuvent être intéressants.
35:00 Après, l'actif qui me semble intéressant, parce qu'on vient de passer une période de normalisation,
35:05 c'est la pharmacie, qui a fortement d'irrétés,
35:09 qui retrouve des niveaux de valorisation qui sont proches de ceux du marché,
35:13 alors que, historiquement, c'est plutôt défensif.
35:15 Et, en fait, la pharmacie a payé cette extra croissance qui a été liée au Covid.
35:21 On est en train de sortir de cette période-là, on est en train de normaliser la croissance,
35:24 et on a des niveaux de valorisation qui en deviennent intéressants.
35:26 Donc, nous, aujourd'hui, c'est des choses qu'on va regarder.
35:28 Mais, comme je vous le disais précédemment, à court terme, dans les actions,
35:31 on va essayer de trouver ces sociétés, pas forcément de croissance à prix raisonnable,
35:36 parce que... de croissance à prix raisonnable, ou en tout cas de visibilité à prix raisonnable.
35:41 Au-delà des grandes et belles valeurs, il y a aussi tout l'univers des petites et moyennes capitalisations boursières.
35:48 Bon, on le raconte ici en permanence, donc je ne veux pas mettre plus d'emphase qu'il n'en faut sur le sujet,
35:53 mais c'est quand même un gouffre.
35:55 J'ai repris l'indice CAC Small, qui était déjà déserté depuis des années, depuis fin août.
36:00 Le plongeon est vertigineux, encore.
36:03 Il y a encore 130 millions de sorties au mois de septembre sur les fonds petites capitalisations françaises.
36:10 Tous ceux qui voulaient sortir ne sont pas encore sortis.
36:12 On est quasiment à un milliard de sorties sur l'année... depuis le début de l'année 2023.
36:17 Très récemment, ce qu'on a vu sur l'accélération et de la baisse, c'est qu'il y a eu des clôtures de fonds.
36:25 C'est-à-dire que plus ils encore baissent, il y a un moment où certaines sociétés ont décidé de fermer leurs fonds.
36:30 Il y a eu aussi quelques mouvements de gérants qui sont partis d'une société à une autre,
36:35 et la société a décidé de fermer la stratégie.
36:39 Ça s'appelle une capitulation, Xavier.
36:42 Les niveaux de valorisation aujourd'hui, on est à moins de 11 fois les bénéfices par action.
36:47 S'il n'y a plus de fonds small cap, et si les CGP... Dans les allocs, il n'y a plus un pet de small cap chez les CGP, j'imagine.
36:53 Il en reste encore, puisque ça se promet.
36:56 Je suis d'accord, mais plus...
36:58 C'est l'éternel débat, où effectivement c'est un secteur qui s'est toujours payé une prime par rapport à l'article...
37:03 Oui, on a déjà tout dit dessus.
37:05 Il y a des choses aujourd'hui, des petites sociétés qui ont des très bons business,
37:13 qui génèrent du cash, qui ne sont pas endettés, qui ont des niveaux de retour sur capitaux qui sont élevés.
37:19 Donc il y a aussi des affaires à faire.
37:21 On ne peut pas lutter contre les fonds.
37:24 C'est impossible. En plus, dans un marché, ça a été parfaitement rappelé,
37:28 où le volume est quand même faible.
37:32 Donc encore plus sur ces valeurs-là.
37:34 Je dirais plus structurellement, on constate une surperformance de la value aujourd'hui.
37:38 En Europe ?
37:40 En Europe, depuis le début de l'année 2021, c'est à 130% de croissance,
37:47 quand les valeurs croissantes sont faites deux fois moins.
37:50 Et là, on est plutôt dans un environnement qui est favorable dans ce sens-là,
37:54 où on a une valorisation qui est quasiment à son plus bas historique,
37:57 et on a des attentes sur les bénéfices par action qui sont très faibles.
38:01 Ça veut dire aussi que, déception sur les valeurs de croissance,
38:04 et je pense que Worldline en est le parfait exemple,
38:07 c'est que la sanction, c'est radical.
38:09 Là, sur le secteur value, on retrouve l'énergie, on retrouve l'automobile,
38:13 on retrouve les banques, on a des niveaux d'attente de bénéfices par action
38:16 qui sont assez limités avec une valorisation faible.
38:19 Donc ça veut dire que le "risk/reward", ou le remboursement en risque,
38:23 est assez limité et intéressant.
38:26 Je ne serais pas surpris qu'on voit arriver à nouveau des fonds sur les small cap
38:31 qui soient des fonds fermés.
38:33 Parce qu'en réalité, le propre de la gestion active, ça doit être le temps.
38:38 Et vouloir compérer la gestion passive et la gestion active...
38:41 Il faut imposer un horizon de temps.
38:44 C'est ça, le débat, j'entendais tout à l'heure, c'était presque ça sur les infrastructures.
38:49 En fait, le débat n'est pas gestion active versus gestion passive,
38:53 il est gestion passive versus private equity, fonds fermés, fonds d'infrastructures,
38:58 où on se donne le temps qu'il faut, où on n'a pas besoin de communiquer
39:01 toutes les semaines sur les pertes, sur les retours, sur l'investissement, etc.
39:04 Et d'ailleurs, Moneta a lancé un fonds fermé.
39:07 Un fonds fermé qui, je trouve, a du sens.
39:10 C'est-à-dire qu'on achète le gérant et on lui dit "c'est le deuxième".
39:13 Oui, oui, ils avaient déjà un fonds fermé.
39:15 Et je trouve que c'est intéressant comme démarche,
39:17 parce que moi j'ai en tête des périodes où les clients investissent le vendredi,
39:22 on investit réellement le mardi, et le mercredi, le fonds fait 0,50,
39:27 alors que le CAC a fait 2,5, ils ne comprennent pas.
39:29 Donc ça, on ne peut pas être en compétition en gestion active avec ce genre de trucs.
39:33 Ce qu'il faut, c'est se donner du temps, être sur des thématiques autour de ça, peut-être.
39:37 C'est-à-dire de dire "je suis dans le monde des paiements
39:40 et je pense que le private equity sur ce genre d'investissement va arriver".
39:44 D'autant qu'on a toujours une décote de liquidités aujourd'hui,
39:47 même si les valos du monde privé s'ajustent au fur et à mesure.
39:51 C'est difficile d'avoir des chiffres globaux,
39:53 mais il y a toujours une décote pour les marchés côté boursier,
39:56 ce qui historiquement est quand même le monde à l'envers.
39:59 Du reste, c'est ce qu'on avait vu en 2009.
40:01 Quand le marché était parti, c'était complètement désagrégé,
40:04 on avait vu fleurir les fronts fermés.
40:07 Ce qui fait beaucoup de sens pour les plus petites capitalisations,
40:11 parce que le sujet c'est de gérer son passif et de la liquidité.
40:14 Merci beaucoup messieurs, merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
40:17 Alain Pithous, senior advisor ESG,
40:19 Xavier De Buren, directeur des investissements chez OTA Capital
40:22 et Gilles Guibout, responsable des actions européennes d'Axa IM.

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