Dans le podcast « L’histoire continue » Jaleh Bradea vous donne envie d’agir en vous racontant une fiction tirée de faits réels écrite par Audrey Dana.
« Je m’appelais Amir »
L’histoire de Farah, devenue Amir pour vivre plus sereine dans son pays à l’aube de la Révolution des Femmes.
« Je m’appelais Amir »
L’histoire de Farah, devenue Amir pour vivre plus sereine dans son pays à l’aube de la Révolution des Femmes.
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00:00 J'ai 9 ans et je suis le meilleur à la course avec les copains.
00:26 J'ai beaucoup de chance parce que mes parents sont des gens très ouverts.
00:30 Ils me laissent jouer au petit garçon dans un pays où être moi-même,
00:34 être Farah est rudement compliqué. Nous sommes en 2018 à Shiraz en Iran.
00:42 La révolution en Iran a commencé par les femmes, à cause des femmes, avec les hommes,
00:51 pour les femmes et après c'est devenu quelque chose qui est allé au delà de l'humanité.
00:58 Quand j'étais plus petite, je voyais ma grande sœur forcée de porter le hijab et ma mère chaque
01:06 matin qui veillait à positionner ce voile le mieux possible pour éviter un problème à l'extérieur.
01:12 Problème, quand on est fille, ce mot résonne presque à chaque moment de l'existence.
01:19 D'ailleurs, quand ma mère était enceinte, ma grand-mère, comme toute celle de sa génération,
01:25 lui disait "pourvu que ce soit un garçon" et j'ai vraiment fini par croire qu'elle avait raison.
01:33 Quand on dit la femme iranienne, on la met déjà dans un cadre. Si les femmes iraniennes,
01:42 elles se battent pour la liberté, elles se battent pour le monde.
01:44 Oui Golshifteh John, Golshifteh Farrokhoni, actrice au cœur immense, tu es notre figure de proue,
01:53 car toi-même, malgré ta réussite en Occident, tu es là et tu sais, malgré ta liberté,
02:00 la rigidité de notre pays t'a rattrapé, l'intransigeance de notre gouvernement t'a chassée.
02:06 Pendant mi-sept, j'ai tourné le film "Mensonge d'État" qui a vraiment coupé ma vie en deux.
02:12 Quand je suis retournée en Iran, j'ai eu des ennuis, j'ai eu des soucis énormes avec la
02:16 service secret, avec le tribunal national. En fait, parce que j'ai mis la sécurité de la
02:23 nation en danger en jouant dans un film américain et ça c'est quelque chose qui peut se finir en
02:29 exécution. Exécution, oppression, soumission, violation, la liste est longue quand il s'agit
02:39 de ce que subissent les femmes iraniennes. Mais voyez-vous, depuis quelques années,
02:43 le teneur gronde de plus en plus fort et nous grandissons avec cet orage, nous les enfants.
02:50 La génération Z qu'on a perdu, 56 enfants, je crois d'adolescents,
02:58 les enfants de 10 ans, de 8 ans, de 2 ans, qui ont été tués par les balles dans le corps.
03:04 Moi, Farah, j'ai dû arrêter d'être le petit Amir, car bien sûr est arrivé ce jour où ma voix
03:15 et mes formes me trahissaient désormais. Mais incapable de jouer à la fille parfaitement
03:22 discrète, déterminée à refuser de craindre ma condition, j'ai finalement choisi de m'imposer
03:30 en même temps que mon corps s'opposait à mes choix. J'avais 15 ans et j'étais prête à changer
03:37 le monde. Quand on a 15 ans, on a peur de rien, c'est ça qui est dangereux. C'est dangereux
03:45 d'avoir 15 ans, c'est dangereux d'être un homme qui va dans le sens de la révolution et c'est
03:49 toujours aussi dangereux d'être une femme, surtout quand vous devenez la proie de notre gouvernement.
03:55 Le gouvernement islamique est un cadavre, c'est un monstre énorme. Et nous, on est les êtres
04:01 humains, les femmes et les hommes en Iran, c'est les êtres humains devant une morse gigantesque,
04:06 brutale, horrible, violente, qui tue, qui torture et il viole les femmes dans les prisons. C'est
04:13 inimaginable ce qui se passe. Nos souffrances, nos larmes, nos cris nourrissent le monstre.
04:20 Mais quand il nous voit danser, rire, s'embrasser ou chanter, sa fureur s'amplifie, c'est vrai. Et
04:28 même s'il redouble de cruauté, il s'essouffle, s'affaiblit. S'il se gargarise de notre sang
04:35 répandu, nos enfants disparus, nos femmes violées, nos filles torturées, il boite, se consume et se
04:46 décharne devant notre ferveur et notre soif de liberté. Quand il y a une chambre bataille et
04:55 les gens sont par terre, en train de saigner, c'est très dur pour eux de savoir qu'ils vont gagner.
05:03 La clé de notre victoire, c'est notre persévérance. Quelle que soit le tribut à payer pour enfin rire
05:11 pour de bon au nez de ce monstre, le pousser dans le précipice et l'isoler dans les entrailles du
05:18 néant pour nous libérer toutes et tous. Cette révolution en Iran, c'est une évidence, c'est
05:26 une représentation de lutte pour la liberté. Si on ne donne pas assez d'importance à ça,
05:32 ça veut dire qu'on est en train de tourner le dos à centaines d'années de se battre pour
05:37 la liberté. Cent ans de combat avant et peut-être cent ans encore après. Peut-être une longue route,
05:46 peut-être un combat interminable, mais une certitude, nous n'aurons pas fait cette révolution
05:54 pour rien. Les petites filles cesseront de jouer aux garçons, les filles de travestir leur féminité
06:01 et les pharaons ne se crimeront plus en Amir pour être tranquilles, pour enfin goûter à la liberté.
06:08 Désormais, être une femme iranienne sera synonyme de droit de vie au même titre que
06:16 les hommes. C'est cet avenir que je souhaite pour notre pays. Il faut être avec le peuple iranien
06:29 et pas le gouvernement. Vous voulez rester avec lui ou vous voulez rester avec le peuple iranien ?
06:34 Ben moi je crois qu'il faut rester dans le bon côté de l'histoire.
06:38 Si vous souhaitez en savoir plus sur Femmes, Vie, Liberté, rendez-vous sur le replay de
06:49 l'émission Envie d'Agir consacrée à ce thème sur C8 et MyKanal.
06:54 C'était Jalai Bradea vous donne envie d'agir, l'histoire continue. Un podcast écrit par Audrey Dana pour C8.
06:59 Et si vous aussi vous avez envie d'agir, abonnez-vous et retrouvez-nous sur MyKanal et les plateformes partenaires.
07:05 [Musique]