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Jeudi 29 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Louis d'Arvieu (Gérant, Amiral Gestion)

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00:00 [Musique]
00:10 Et nous enchaînons à présent avec marché à thème, le dernier quart d'heure thématique de Smart Bourse.
00:15 Nous allons ensemble nous poser la question des stratégies de gestion dédiées aux fonds flexibles
00:21 dans un contexte de retour des taux positifs.
00:24 Et pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Bourse Louis Darvieux.
00:29 Bonsoir Louis Darvieux.
00:30 Bonsoir Nicolas.
00:31 Vous êtes gérant chez Amira le gestion.
00:33 Alors je suis ravi d'évoquer ce sujet des fonds flexibles avec vous.
00:36 C'est un sujet de questionnement actuellement chez un certain nombre de distributeurs de produits financiers
00:41 en lien notamment avec les performances de 2022 où il est parfois difficile d'expliquer
00:46 qu'entre poche action et poche obligataire, l'effet vaste communiquant n'est pas fonctionné sur cette année
00:52 et que du coup ça n'a pas pu absorber les baisses, l'un n'a pas pu absorber les baisses de l'autre.
00:56 Oui, tout à fait, avec du coup des performances parfois qui ont pu se traduire par des baisses à deux chiffres.
01:02 Effectivement, une diversification qui n'a pas pu fonctionner.
01:05 Tout simplement parce que la hausse de taux a eu un impact sur les deux catégories.
01:14 Et en fait, quelque part, on a payé la situation inverse qu'on avait eue depuis la crise financière.
01:22 D'accord.
01:23 Est-ce qu'effectivement ces fonds flexibles ne datent pas d'hier ?
01:26 Pour le coup, ils ont eu une dizaine d'années florissantes ou en tout cas avec un certain succès
01:31 selon les gestions, bien évidemment.
01:33 Peut-être qu'on peut donner un petit peu de contexte.
01:35 Comment est-ce qu'historiquement on construit ces fonds flexibles ?
01:38 Alors tout à fait, c'est vrai que l'intérêt d'un fonds flexible, c'est de pouvoir arbitrer entre les différentes classes d'actifs,
01:44 notamment action, obligation et sur un plan un peu plus tactique, le monétaire,
01:49 en fonction des opportunités de marché et du cycle économique.
01:53 Bien sûr.
01:54 Cette idée normalement que quand l'économie va bien, les taux montent, les actions progressent.
02:01 Donc c'est plutôt intéressant quand l'économie s'améliore d'avoir des actions
02:05 et puis quand on arrive plutôt à un haut cycle de passer sur de l'obligataire
02:08 pour avoir un profil rendement risque lissé au fil du temps.
02:13 Cette situation-là, en fait, elle s'est progressivement délitée à partir de la crise financière.
02:19 Pourquoi ? Parce qu'on a eu toute cette dette à absorber.
02:24 Bien sûr.
02:25 Et donc les banques centrales qui ont mené une politique de taux zéro dont elles n'ont pas pu sortir pendant une période très longue.
02:31 Bien sûr.
02:32 Avec dans le même temps une économie qui quand même se portait correctement et une inflation qui restait à zéro.
02:39 Donc on a un cocktail très unique, très exceptionnel et qui a eu des impacts assez forts sur les trois classes d'actifs dont on parlait.
02:49 Côté très horrible, des taux zéro, ça fait déjà que ce n'est plus une solution.
02:53 Bien sûr.
02:54 Côté obligations, les obligations d'État elles aussi ont été tirées vers zéro jusqu'au point où on a eu 17 trillions d'obligations à taux négatifs
03:07 à la fin des années 2010.
03:09 Et donc on allait chercher du rendement toujours plus loin.
03:13 On allait sur des obligations à 100 ans en Autriche ou en Argentine.
03:16 C'est pour dire à quel point on allait investir.
03:18 Bien sûr, on allait chercher dans le temps ou dans le risque.
03:20 Et puis du coup il n'y avait plus d'alternative.
03:23 C'est le TINA en anglais, there is no alternative.
03:27 Donc la seule classe d'actifs, c'était les actions.
03:31 Donc plus trop d'intérêt d'avoir un fonds flexible.
03:34 Et d'autant plus que dans les actions, c'est plutôt les valeurs les plus spéculatives qui ont tiré.
03:41 Les valeurs de croissance plutôt chères parce que plus les taux sont à zéro, moins il y a de prix du temps.
03:48 Plus on peut se projeter loin pour valoriser la croissance.
03:51 Ou alors tout simplement parce que des valeurs de technologies non rentables ont été bien valorisées
03:57 parce qu'une fois encore le prix du temps étant de zéro,
04:00 un profit que vous allez faire dans 20 ans a autant de valeur finalement que le profit d'aujourd'hui.
04:04 Et dans le contexte que vous nous donnez, quelle place pour les fonds flexibles ?
04:10 Je rappelle, on est dans le contexte historique depuis la crise de 2008.
04:14 Le seul endroit où on pouvait aller chercher de la performance, c'était les marchés actions.
04:20 Donc on avait des fonds flexibles qui se servaient des obligations comme matelas
04:24 et qui ensuite allaient chercher de la performance sur les actions.
04:27 On avait des fonds flexibles très agressifs qui étaient essentiellement investis en actions
04:30 et c'était un choix qui était assez juste mais quand même très risqué.
04:34 Ou alors qui prenaient un risque de taux assez élevé.
04:37 Donc nous c'est vrai que typiquement sur un fonds comme Grandage,
04:42 c'est un fonds qui a bien fonctionné dans la première partie de rebond économique.
04:45 C'est vrai qu'entre 2019-2021, c'est une période qui a été difficile
04:49 parce qu'on est resté avec une approche peut-être un peu trop conservatrice avec de la trésorerie.
04:56 On n'a pas voulu aller dans le risque de taux de la duration et côté actions,
05:00 pas voulu aller dans ce qui était un peu excessif en valorisation.
05:04 Et à l'inverse, en 2022, on a su performer.
05:07 Donc il faut analyser la performance sur l'ensemble de ces années.
05:11 Mais c'est sûr que c'était un environnement qui était extrêmement difficile de ce point de vue là.
05:16 Du coup, la question qui se pose dans le contexte actuel après cette année 2022
05:20 qui a pu être un peu compliquée, mais si je comprends bien,
05:23 tout dépend de la stratégie qu'on mettait en place aussi.
05:27 Est-ce qu'on met en place de nouvelles stratégies pour ces fonds flexibles ?
05:31 Est-ce que ce nouvel environnement apporte de nouvelles opportunités
05:34 ou de nouveaux questionnements, en tout cas sur ces fonds flexibles ?
05:37 Comment est-ce qu'on aborde cette stratégie ?
05:39 Alors tout à fait. Alors évidemment, il y a une grosse partie qui consiste à se dire
05:43 est-ce que ce contexte en fait 2008-2021 était le nouveau contexte normal
05:47 pour les prochaines décennies, comme on a pensé à un moment après le Covid ?
05:51 Ce qui a pris tout le monde à revers ensuite en 2022.
05:54 C'est-à-dire donc taux zéro, inflation zéro et économie qui ne se portent pas trop mal.
05:59 Ou est-ce qu'on est plutôt dans un changement de contexte
06:02 parce qu'aujourd'hui c'est plutôt les politiques fiscales
06:05 qui prennent le relais du soutien à l'économie
06:07 avec les priorités en termes de réindustrialisation, de défense, de transition énergétique.
06:13 Et donc tout ça étant plus directement injecté dans l'économie
06:16 plutôt que dans les actifs financiers et donc dans de la baisse de taux
06:20 et donc plutôt un peu plus inflationniste.
06:23 C'est très difficile évidemment de répondre.
06:26 Oui, on est mis 2023, précisons.
06:29 Donc c'est dur de se projeter sur les prochaines décennies.
06:31 Mais ce qu'on peut dire quand même, c'est que le contexte dont on parlait
06:35 historiquement c'est un contexte très exceptionnel avec autant d'obligations à taux négatifs.
06:39 Ce mix inflation zéro, taux zéro, économie qui se porte bien
06:42 c'est quelque chose qui est très exceptionnel historiquement.
06:45 Donc la probabilité c'est quand même qu'on ait plus de choix à faire dans les prochaines années.
06:51 Parce qu'on a du monétaire qui rapporte, de l'obligataire qui rapporte
06:54 et des actions qui effectivement...
06:55 Alors le sujet c'est peut-être la prime de risque sur les actions.
06:58 Alors tout à fait, il y a un sujet de prime de risque sur les actions.
07:00 Mais après c'est là où c'est intéressant de redécouvrir la grande variété d'actions qui existent.
07:05 Bien sûr.
07:06 Pour se concentrer juste sur les quelques niches qui avaient bien marché en 2020-2021.
07:10 Il y a par exemple tout ce qui est petites et moyennes entreprises
07:13 qui sont aujourd'hui très peu valorisées sur un plan historique.
07:16 Et qui sont un terrain de jeu absolument extraordinaire.
07:19 Que ce soit en Europe ou en Asie.
07:21 Donc là-dessus on a l'essentiel de notre exposition, beaucoup d'investissements.
07:27 Mais pareil aussi des valeurs décotées qui sont aujourd'hui peu endettées par exemple.
07:34 C'est quelque chose d'intéressant.
07:35 Les fonds flexibles ont pu souffrir ces dernières années aussi en décollègue
07:38 par rapport à des segments comme l'immobilier ou le private equity
07:42 qui sont structurellement très endettés.
07:44 Qui ont beaucoup bénéficié de la baisse de taux et de taux nuls.
07:47 Et bon, c'est des choses qui, évidemment le retour de taux positifs,
07:50 c'est des choses qui vont peser sur la performance de ce type de classes d'actifs.
07:53 Et redonner de l'air de l'attractivité commerciale des fonds flexibles.
07:58 Et donc de la même façon, en allocation actions,
08:01 c'est intéressant d'aller voir des sociétés qui sont peu endettées.
08:03 Qui aujourd'hui ont la flexibilité stratégique de racheter des concurrents.
08:07 Bien sûr.
08:08 De faire des investissements alors que le private equity payait des multiples
08:14 beaucoup plus élevés que ce que pouvaient se permettre des familles ou autres.
08:18 Donc on a beaucoup d'entreprises comme ça qui retrouvent de la latitude stratégique.
08:22 Et qui potentiellement pourront se surperformer dans les prochaines années.
08:25 Donc cette capacité à aller sur ces zones un peu délaissées depuis 5-6 ans.
08:30 Mais qui sont plus intéressantes en valorisation.
08:34 C'est aussi ça qui peut faire la différence demain sur les fonds flexibles.
08:37 Au-delà du fait qu'effectivement les 3 grands classes d'actifs ont aujourd'hui retrouvé du rendement.
08:43 On a retrouvé aussi du crédit sur les obligations d'entreprise.
08:46 Bien sûr.
08:47 Des marges de crédit.
08:48 Donc on a aussi augmenté notre modération sur les obligations d'entreprise.
08:51 Même s'il faut être prudent dans un risque un peu récessif dans les prochains mois.
08:56 Mais voilà.
08:58 Mais après c'est aussi qu'est-ce qu'on achète dans chaque classe d'actifs
09:00 qui fera la différence dans les prochaines années.
09:02 Vous nous l'avez dit Louis Darvieux tout à l'heure.
09:05 Alors vous le sujet ça a plutôt été 2019-2021 plutôt que 2022.
09:09 Où là il y a eu effectivement des moments plus complexes pour un certain nombre de fonds flexibles.
09:15 La question se pose quand même de savoir si cette année 2022 a marqué un tournant
09:20 dans un nouveau contexte économique qu'il faut prendre en compte
09:23 quand on investit effectivement son épargne ou quand on est professionnel de l'investissement.
09:27 Ou si on s'attend quand même à revenir à une sorte de normalité
09:31 avant le Covid ou avant ces quelques années qu'on a connues.
09:37 En fait on pourra le dire un peu en sortie du ralentissement économique
09:43 voire de la récession qui se dessine à la suite de cette très forte hausse de taux
09:47 qui rappelons-le est historique en termes de rapidité et des effets induits
09:52 que ça aura un moment dans l'économie.
09:54 Donc c'est à ce moment-là que ça va se jouer en fonction des choix un peu politiques
09:58 probablement monétaires et fiscales.
10:00 Mais compte tenu des grandes priorités qu'on évoquait
10:03 c'est vrai qu'on peut penser que la probabilité c'est quand même un changement durable de contexte
10:08 pour revenir à une normalité de long terme.
10:11 Bien sûr.
10:12 C'est pas celle des dix dernières années mais une normalité de long terme.
10:14 Et c'est vrai que historiquement c'est quand même souvent ce qui se passe.
10:17 Les contextes macroéconomiques changent de façon assez radicale tous les 10-15 ans.
10:21 Et le marché a souvent beaucoup de temps pour s'y adapter, pour se faire à cette idée.
10:28 On a pris des réflexes pendant 10 ans, 15 ans, sur les prises financières.
10:31 Et c'est un petit peu je pense ce qu'on voit aujourd'hui.
10:35 C'est-à-dire qu'il y a des écarts de valorisation qui sont très élevés au sein du marché action
10:41 comme on le disait, qui offrent de belles opportunités aujourd'hui.
10:44 Donc on l'a dit, petites et moyennes entreprises.
10:46 Avec une concentration également du marché constatée que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis
10:52 ça c'est quelque chose qu'on prend en compte aussi dans les stratégies de gestion ?
10:56 Oui, ça c'est je dirais un des points qui ont un peu perduré à travers cette période, même en 2021.
11:04 Ça c'est les réflexes d'avant, c'est ça qu'il faut comprendre.
11:07 De concentration sur les très grandes valeurs pour des raisons aussi spécifiques.
11:13 Mais il y a de tout.
11:15 Typiquement en 2022, ce qui a été intéressant c'est que par exemple ça nous a permis d'acheter certaines grandes valeurs.
11:19 Vous prenez une valeur comme Meta par exemple aux Etats-Unis.
11:21 Elle a traité à des multiples qu'on n'avait jamais vus, très inférieure à 10 fois les résultats du cœur de métier.
11:28 Pour une entreprise croissante, qui génère de la trésorerie très rentable
11:33 et qui regagne des parts de marché en audience cette année.
11:36 Bon ben ça c'était une opportunité exceptionnelle qui est encore tout à fait intéressante.
11:41 Donc de toute façon on est dans un contexte où les opportunités sont plus intéressantes je dirais qu'avant.
11:48 Merci beaucoup Louis Darvieux de nous avoir accompagné dans Marché ATM, le dernier quart d'heure thématique de Smart Bourse.
11:53 Je rappelle que vous êtes gérant chez Amiral Gestion. Merci beaucoup.
11:55 Merci Nicolas.
11:56 Merci à vous également de nous avoir suivi.
11:58 Je vous rappelle que vous pouvez retrouver Smart Bourse en replay sur bsmart.fr
12:01 mais également nous écouter en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
12:05 Et quant à moi je vous souhaite une très bonne soirée
12:07 et je vous donne rendez-vous demain à midi et demi en direct sur Bsmart.
12:10 [Musique]

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