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Interview confession de personnalités politiques et médiatiques sur des sujets environnementaux

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Transcription
00:00 [Générique]
00:29 - Bonjour. - Bonjour David.
00:30 - Tu vas bien ? - Ça va ?
00:31 - Oui, très bien. - David Ouyeh, une légende du judo,
00:33 double champion olympique, incarne la passion et la détermination.
00:37 Au-delà de ses exploits sportifs, il a brillé en tant qu'homme politique
00:40 depuis les bancs de l'hémicycle jusqu'à la tête du ministère des Sports.
00:43 Aujourd'hui, il se consacre à un projet audacieux
00:46 en tant que promoteur immobilier et assureur.
00:48 L'ancienne star des poids lourds construit des logements meublés,
00:51 adaptés aux besoins des jeunes actifs.
00:53 Le refrant a ainsi une opportunité de démarrer dans la vie
00:56 avec le minimum de contraintes.
00:57 Un parcours qui illustre sa capacité à se réinventer
01:00 ainsi que son désir d'être utile aux autres.
01:02 Et si on parlait écologie autrement, bienvenue dans le Déclic.
01:06 - Quand est-ce que tu as eu ton déclic en matière d'écologie ?
01:09 - En fait, il est arrivé dès mon premier voyage.
01:14 Je devais avoir 15 ou 16 ans, jeune athlète en cadet junior.
01:19 Et je suis sélectionné pour faire un tournoi par équipe au Japon.
01:23 Et lorsque j'arrive à Tokyo, donc c'est le choc quoi,
01:26 c'est une mégapole.
01:29 Moi je sortais de ma Normandie profonde,
01:32 petit village, 800 habitants, les vaches, les fleurs, les prés, etc.
01:36 J'avais été en sport études à Rennes,
01:39 donc j'étais quand même habitué à la vie de la cité.
01:43 Mais là, quand tu arrives à Tokyo, c'est...
01:45 - Tu changes de taille.
01:46 - Ah mais non, mais c'est phénoménal.
01:49 Il y a des routes qui sont au même niveau
01:51 que les cinquièmes ou sixièmes étages des immeubles,
01:54 superposés les uns sur les autres, etc.
01:56 C'est affolant, c'est monstrueux.
01:59 Et tout de suite, tu penses à l'air.
02:02 Immédiatement.
02:03 Parce que tu te dis mais...
02:04 - C'était pollué ?
02:06 - Pas pollué parce que t'es à côté de la mer,
02:08 donc à mon avis ça ventile beaucoup.
02:10 Mais tu vois pas un centimètre carré de verre.
02:14 - Donc c'est forcément impressionnant.
02:16 - T'arrives dans cette ville, alors l'aéroport ça va,
02:18 il y a un petit peu de verdure sur l'autoroute qui t'amène jusqu'à Tokyo.
02:23 Et après, boum, t'as que du béton partout, partout, partout.
02:28 Alors quelques fois t'as un petit peu de fleurs,
02:29 un petit peu de machin, un petit peu de trucs.
02:31 Il y a quelques jardins, jardins à la japonaise,
02:34 qui sont très isolés, il faut les connaître et les trouver,
02:37 mais comment ça respire tout ça ?
02:38 C'est le truc. Alors que c'est pas très pollué.
02:41 J'ai pas ressenti des désagréments de quelle corde que soit,
02:44 j'avais pas les yeux qui piquaient, etc.
02:46 C'était pas le cas à Pékin.
02:47 Donc c'est là où tu te dis,
02:51 "Ah ouais, nos villes, ça va peut-être devenir ça."
02:54 Et avec une concentration d'humains telles,
02:58 c'est extrêmement important.
02:59 Comment on fait, comment ça se gère ?
03:01 C'est là où le petit...
03:03 Alors on peut pas parler de déclic, mais t'es sensibilisé.
03:07 Tu en as pris conscience.
03:09 Puis quand tu reviens chez toi, là tu fais...
03:14 Ça existe encore.
03:15 On est bien content d'être en France.
03:16 Voilà, exactement.
03:17 Pour en connaître un petit peu plus sur toi,
03:19 est-ce qu'il y a quelque chose, quand tu étais enfant,
03:22 quand tu étais jeune, que tu rêvais justement de devenir ?
03:26 Étant donné que j'ai grandi dans le milieu paysan,
03:29 dans la nature, etc.
03:32 J'étais plutôt enclin à rester dans ce milieu.
03:35 Et j'aurais rêvé travailler la terre,
03:39 travailler la terre, élever des animaux,
03:43 ce que fait une grande partie de ma famille d'ailleurs en Normandie,
03:46 encore aujourd'hui.
03:47 Est-ce que tu te souviens de ton premier geste écolo ?
03:52 Mes grands-parents, chez lesquels j'ai été élevé,
03:55 cultivaient du cresson.
03:58 Des crécicultures.
04:00 Une créciculture, c'est un endroit où tu as 10 cm d'eau à peu près
04:05 et la plante pousse.
04:08 Sauf que le cresson, le cresson sauvage,
04:11 lorsqu'il pousse de manière aléatoire dans les rivières ou à côté,
04:18 et que ça traverse les pâturages,
04:20 il ne faut surtout pas le consommer.
04:22 Parce que tu peux choper une maladie qui s'appelle la douve du foie
04:25 et tu peux être très gravement malade.
04:28 Et je me souviens, tous les 6 mois,
04:32 il y avait le service d'hygiène qui venait analyser l'eau.
04:36 Pour ces raisons-là, il fallait une eau parfaite.
04:39 La problématique de l'eau et de la qualité de l'eau,
04:42 tu vois, tout gamin, c'était une de mes préoccupations.
04:49 Il fallait faire gaffe déjà à l'époque,
04:50 on ne parlait pas de pesticides, on ne parlait pas de tout ça,
04:53 mais il y avait déjà une tendance liée à ça.
04:55 Et à contrario, est-ce que tu as un petit péché ?
04:58 Tu n'as pas le choix.
05:00 Quand tu es athlète, tu prends l'avion tout le temps,
05:03 tu parcours le monde de tournoi en tournoi.
05:06 Mais cette sensibilité-là, on n'en avait pas conscience.
05:11 Très peu de gens en parlaient.
05:13 Après, c'est un bon point, on va dire que tu n'as pas de péché.
05:15 Si, si, j'ai des péchés.
05:18 Si, mon péché, je me fais réprimander.
05:23 Alors là, cette phrase, c'est "Papa, tu gaspilles l'eau de la planète".
05:30 C'est quand je me brosse les dents.
05:32 Tu laisses le robinet couler.
05:33 Et c'est ma crémine qui me dit ça.
05:35 Est-ce que si tu devais être le père de quelque chose,
05:39 d'une avancée, d'une loi, d'une innovation ?
05:44 Oui, aujourd'hui, j'ai une de mes activités professionnelles,
05:49 la principale, qui est dans le monde de l'immobilier, de la construction.
05:52 Aujourd'hui, il faut vraiment que les règles de construction,
05:57 notamment les plans d'urbanisme,
05:59 évoluent par rapport au respect de la nature.
06:03 J'ai été confronté à un problème il n'y a pas longtemps,
06:05 où parce qu'on fait une construction bois,
06:08 on s'est retrouvé confronté à un problème de hauteur.
06:12 On dépassait, je ne sais plus, de 20 ou 30 cm,
06:16 la hauteur maximale de l'objet.
06:20 Et c'était dû à la construction bois.
06:23 Et parce qu'il faut des planchers plus épais, etc.
06:26 Ce qu'on cumule des étages...
06:27 Ce que tu proposes, c'est peut-être d'assouplir les cahiers d'écharges
06:30 de façon à les adapter.
06:33 Par exemple, c'est un cas très concret,
06:35 quand on construit bois et que tu le construis en étage,
06:37 attention, on peut dépasser un petit peu les limites de hauteur
06:43 parce qu'on est en construction bois.
06:46 Donc toi, tu ne peux pas stimuler des constructions écolo
06:50 et en même temps être toujours dans une rigidité et pas adaptée.
06:55 Est-ce que tu as un sentiment d'inachevé ?
06:57 Inachevé, non. Je vais vraiment au bout des choses, tout le temps.
07:01 Est-ce que tu as un accomplissement sur lequel tu es le plus fier ?
07:05 Oui. Quand j'étais parrain de l'opération Péjounes,
07:09 je voyais concrètement sur le terrain,
07:11 en allant voir les projets qui étaient financés par cette opération,
07:15 ce que ça apportait aux gamins malades, aux parents, etc.
07:19 Là, c'est de l'hyper concret.
07:21 Et tu te dis, au moins j'aurais la prétention de dire
07:25 que j'ai servi à quelque chose à montrer dans la vie.
07:27 C'est quelque chose de fondamental.
07:29 Est-ce que tu as une ambition personnelle pour demain,
07:31 quelque chose qui te motive vraiment ?
07:34 Si on veut parler de grandes ambitions,
07:37 et pour être un peu en accord sur notre sujet,
07:41 moi j'ai un vrai souci.
07:43 J'ai 54 ans, donc j'ai un petit bout de vie.
07:47 J'ai des enfants et j'ai un sentiment de culpabilité.
07:54 Là, je suis certain qu'on ne va pas transmettre
07:57 le même témoin qu'on a eu,
07:59 en termes de qualité environnementale.
08:01 Je suis soucieux des problèmes d'insécurité
08:04 qu'ils risquent de rencontrer, qu'ils grandissent.
08:06 Je suis soucieux...
08:07 Donc ton ambition, quelque part, c'est de bien transmettre.
08:09 Ben oui !
08:09 Il y a un premier clin d'œil,
08:14 qui est cette photo.
08:15 Ah, c'est mon prof de judo.
08:17 Absolument.
08:17 Jacques Lemaitre.
08:18 Est-ce que David Douillet, le champion, c'est d'abord une rencontre ?
08:21 Est-ce que c'est...
08:22 C'est toujours comme ça.
08:25 C'est Jacques qui crée un club de judo,
08:28 pas très loin de ce village dont j'ai parlé tout à l'heure,
08:31 à 15 kilomètres.
08:32 Et...
08:33 Parce que dans mon village, il n'y avait rien.
08:35 S'il y avait un terrain de foot, point.
08:37 Et 8 bistrots, pour 600 habitants.
08:40 Tu vois le truc.
08:41 C'est un bon ratio.
08:41 Tu vois le truc.
08:43 Bon.
08:44 Et Jacques, jeune enseignant,
08:47 s'installe à une encablure de ce village.
08:50 Et je rentre dans ce dojo,
08:54 et tout de suite, c'est le coup de foudre,
08:57 avec cette discipline, cette passion,
08:59 qui me met tout de suite, d'emblée.
09:01 Dès le premier coup.
09:02 Voilà.
09:03 Des aptitudes, forcément ?
09:04 Oh, forcément, non.
09:05 Enfin, un gabarit plus grand que la moyenne, même gosse.
09:09 Et donc, c'était assez jouissif pour moi,
09:12 parce que, en fait, je trouvais une utilité...
09:15 Enfin, je trouvais une utilité à ce grand corps que j'avais.
09:17 Voilà.
09:20 Et ce physique.
09:21 Je pouvais m'en servir réellement, quoi,
09:24 à travers une discipline qui est le judo.
09:26 Et aujourd'hui, ce dojo, David, je crois qu'il porte ton nom.
09:28 Oui.
09:29 Il y en a d'autres aussi en France.
09:30 Oui.
09:31 Qu'est-ce que ça fait ?
09:33 Est-ce que tu...
09:33 C'est ça, notamment, la transmission aussi ?
09:36 Ouais, je t'avoue que ça fait drôle quand,
09:38 la première fois, tu vois un panneau, un indicateur dans une ville,
09:43 c'est Neufchâtel-en-Bré, pour ne pas la citer,
09:45 où tu vois ton nom de marqué, quoi.
09:48 C'est un choc bizarre, parce que normalement...
09:50 T'es confiant ?
09:51 Non, j'ai pas vécu comme ça, moi.
09:54 Je me suis dit "Waouh !"
09:58 Un sentiment de...
10:00 Enfin, qui je suis pour que mon nom soit...
10:03 Tu sens comme une responsabilité sur tes épaules ?
10:05 Oui, une responsabilité, mais la première fois, ça m'a choqué,
10:08 parce que je me suis dit "D'habitude, les types qui sont écrits sur les panneaux sont morts."
10:13 Et ça, alors j'étais jeune, en plus, ça m'a percuté, quoi.
10:18 Tu te dis "Waouh, c'est bizarre, quoi."
10:20 C'était pas de la joie, c'était un sentiment un peu...
10:26 Et entre justement les années 80 et aujourd'hui,
10:30 si on peut rattacher au sens de l'émission, qu'est l'écologie,
10:33 comment tu dirais que les dojos ont évolué ?
10:35 Il y a beaucoup de choses à faire, parce que...
10:38 Si tu prends simplement le tapis de judo,
10:41 en général, c'est de la mousse, ce sont des produits pétroliers, etc.
10:46 - Donc ça... - Oui, de la pétrochimie,
10:48 - donc on peut peut-être faire différemment. - Peut-être qu'aujourd'hui,
10:50 je suis pas au courant, mais on est peut-être dans le recyclé.
10:53 - Ça peut être bien, j'en sais rien. - C'est possible.
10:56 Mais si tu vois, au Japon, ils sont...
11:00 Ils étaient, moi j'ai fait des stages au Japon, jeune,
11:04 on était sur de la paille de riz, tu vois.
11:06 Alors, je t'avoue que c'est moins confortable.
11:09 - Tu fais un autre petit clin d'œil, à l'intérieur de cette boîte. - Oui.
11:12 - T'as les pieds jaunes. - C'est ça ?
11:14 Voilà, oui.
11:16 Alors ça, tu vois, c'est pas la bonne pied jaune, parce que...
11:20 À partir du moment où l'euro est arrivé,
11:23 les pieds jaunes avaient une valeur beaucoup plus importante, et...
11:27 - À t'y a ressenti une diminution ? - Ah bah oui.
11:29 Mécaniquement, les gens auraient été moins enclin à donner,
11:32 parce que ça valait plus, quoi.
11:33 Qu'est-ce que tu en retiens, si tu devrais le résumer en une phrase ?
11:37 Ce que j'en retiens aujourd'hui, c'est qu'on en a encore besoin.
11:41 Parce qu'une grande partie, à mon époque, des fonds qui étaient récoltés,
11:47 venaient financer des maisons de parents, entre autres,
11:51 pour aménager des chambres aussi, pour que les parents puissent être là, etc.
11:53 - Ouais, proches de leurs enfants. - Voilà, t'as des gamins qui sont ici à Paris,
11:56 et les parents vivent à Strasbourg ou à Montpellier, bon.
11:59 Et la proximité des parents est essentielle.
12:02 Ça a été aussi pour toi une belle rencontre avec les Chirac aussi,
12:06 et quelque part un rapprochement aussi avec Bernadette.
12:09 - Ouais, mais ça a pas été une rencontre politique.
12:11 Contrairement à tout le monde.
12:13 Souvent, les gens me disent ça, disent "c'est Bernadette Chirac ou Jacques Chirac",
12:18 qui... pas du tout.
12:19 - Ça me permet de regarder tâché.
12:22 David, quel regard, toi, aujourd'hui, tu portes sur l'Assemblée nationale
12:26 et sur la politique telle qu'elle est aujourd'hui ?
12:28 C'est-à-dire, quand tu regardes les débats, les échanges, l'hémicycle,
12:32 est-ce que ça te plairait aujourd'hui d'être député ?
12:35 - Non. Non.
12:37 D'ailleurs, j'ai beaucoup d'amis, de droite comme de gauche,
12:40 qui me disent qu'ils auraient la même réponse que moi
12:43 et qui ont la même réponse que moi,
12:44 parce qu'on se recroise dans nos vies, on est amis,
12:47 et j'en ai pas un qui m'ait dit...
12:51 - Heureusement que je suis à bord là aujourd'hui.
12:53 - J'aimerais y retourner pas un.
12:55 Parce que l'ambiance a changé.
12:56 J'ai vu des gestes, j'ai entendu des mots, des paroles, des attitudes
13:01 qui n'ont pas lieu d'être dans ce lieu.
13:04 - Qui n'ont pas lieu d'être.
13:05 - Du tout. Du tout, du tout, du tout.
13:07 Donc il y a eu une glissade qu'il faut absolument rattraper,
13:11 parce que d'abord les Français n'aiment pas ça, j'en suis certain,
13:15 et puis ça ne construit rien.
13:17 Les députés sont là pour faire des lois, c'est leur rôle,
13:21 pour les vérifier, pour les améliorer, etc.
13:25 Et pas s'écharper en public et se donner en spectacle.
13:29 Voilà, ça c'est pas possible.
13:32 - J'ai un autre clin d'œil pour toi.
13:35 Qui est celui-là.
13:39 Et qui témoigne de la légende que tu as pu être.
13:44 - Un jeu, ouais, c'est assez marrant.
13:46 - Est-ce que tu joues déjà à ton propre jeu ?
13:49 - Non.
13:51 - D'accord.
13:52 Est-ce qu'aujourd'hui le foot, le judo, etc.
13:57 tu l'apprécies plus quelque part en plein air ?
13:59 Tu préfères le faire ?
14:01 - Moi j'étais enfermé toute ma vie.
14:03 Vous faites du judo, vous êtes enfermé.
14:05 Alors heureusement qu'il y a les footings et les stages vélos d'oxygénation, etc.
14:10 qui sont là pour un peu équilibrer les choses, mais...
14:13 Ouais, aujourd'hui...
14:15 - Et tu préfères être dans l'action ?
14:16 - Aujourd'hui ce que je fais pour m'entretenir, c'est dehors, toujours.
14:20 Toujours, toujours.
14:21 - Ta vision aussi sur le numérique et sur les jeux vidéo,
14:25 c'est pas quelque part de l'empreinte carbone pour rien ?
14:28 Est-ce que tu penses pas que là aussi on a été trop loin ?
14:30 - Non, parce que ça consomme beaucoup d'électricité, c'est énergivore,
14:33 il y a des serveurs, etc. Oui, évidemment.
14:36 Mais il n'y a pas que ça.
14:37 - Non, mais c'est le parallèle intéressant, c'est-à-dire que jouer au foot,
14:41 pratiquer du judo, on peut le faire en vrai.
14:43 - Mais en fait, le problème de l'humain, c'est que quoi qu'il fasse,
14:47 il laisse toujours une empreinte plus ou moins forte sur l'environnement.
14:54 Et après, où est-ce qu'on met le curseur ? Voilà.
14:57 Il faut mettre le curseur là où on dégrade pas ce qu'on va transmettre à nos gamins.
15:01 C'est tout. C'est ça, en fait, le vrai curseur.
15:03 Et est-ce qu'il va être rattrapable ou pas ?
15:08 Moi, j'ai aucune idée de ce que l'essor des jeux vidéo ont pu...
15:13 - On peut le changer, en fait.
15:15 - Voilà. Alors, je fonde beaucoup d'espoir sur les nouvelles technologies
15:20 pour faire diminuer ça, parce que je ne pense pas...
15:24 - Tu vois ça d'un oeil positif ?
15:25 - Oui, je vois ça d'un oeil positif.
15:27 Moi, je vois ça d'un oeil positif parce qu'il n'y a plus aucune société,
15:31 aujourd'hui, de part...
15:34 On parle souvent de RSE, etc., etc., mais c'est vrai.
15:38 Moi, je suis chef d'entreprise dans ma...
15:42 - Tu mesures l'impact...
15:42 - Ah, mais dans ma structure, mais c'est important.
15:44 Dans ma structure, tant dans la relation humaine,
15:47 tant sur les impacts sociétaux et tant sur les impacts environnementaux,
15:51 c'est quelque chose auquel on fait vraiment très attention.
15:54 Très attention.
15:55 Il n'y aura plus une société digne de ce nom,
15:57 même qui sera financée si elle ne respecte pas l'environnement.
16:01 Et c'est ça.
16:02 C'est pour ça que je suis assez positif, parce que...
16:05 même le milieu de la finance, qui est un animal à sang-froid...
16:08 - Qui est en train aussi d'évoluer dans sa réflexion...
16:10 - Bien sûr.
16:11 Un fonds d'investissement, aujourd'hui, ne va pas forcément aller...
16:16 Et il y a des fonds, d'ailleurs, et c'est écrit noir sur blanc,
16:19 qui n'iront jamais financer...
16:21 - Ils n'y auront jamais eu soin.
16:21 Il en manque encore beaucoup, mais il y a énormément d'efforts...
16:25 Enfin, le wagon, la locomotive est lancée.
16:28 Et c'est pour ça que je suis assez positif.
16:29 - Je te propose, on est en 2006, sur ce jeu vidéo,
16:34 de remonter encore un petit peu le temps,
16:36 et de te montrer une autre image,
16:38 qui je crois va te parler.
16:44 C'est celle-là.
16:44 - Ah oui. Les Jeux Olympiques.
16:46 - Avec une question, qu'est-ce qui te passe par la tête ?
16:50 À quoi tu penses, quand on est là, à ce moment ?
16:53 Est-ce que tu t'en souviens ?
16:54 - Oui, bien sûr.
16:55 - Les portes drapeaux...
16:56 - Comme si c'était hier.
16:57 Là, le drapeau, je l'ai dans mes mains.
17:00 Et derrière moi, il y a toute la délégation française.
17:02 On fait un tour de piste qui est vu par le monde entier.
17:05 Et là, je me suis remémoré la première fois
17:09 où on m'a donné mon survêtement équipe de France.
17:12 J'étais en junior.
17:13 Et il y avait le drapeau ici, sur le cœur.
17:16 J'ai dormi avec.
17:19 Et pour moi, cette notion de drapeau, de patrie, de pays,
17:28 et d'avoir cet honneur...
17:30 - Tu avais un table-attachement, ça se sent.
17:32 - Oui, bien sûr.
17:33 - Quand tu en parles.
17:33 - Oui, parce qu'on a un pays extraordinaire.
17:36 Voilà. On a un pays fabuleux.
17:38 On a un pays magnifique.
17:40 Et d'être celui qui porte le drapeau haut et fort
17:45 devant tous mes camarades des autres pays...
17:48 - C'est une véritable fierté.
17:50 On a l'impression que l'attachement à la France
17:52 et ce que ça représente, c'est plus important pour toi
17:55 presque que tout ce que tu as pu gagner derrière.
17:58 - Oui.
17:58 Ben oui, parce que le reste, c'est que des breloques,
18:01 c'est que des médailles, c'est que des moments...
18:03 Ce qui est le plus important, c'est...
18:05 Ce qui est le plus important...
18:06 Tu vois, quand tu es dans le village olympique,
18:08 il y a 10 000 athlètes qui sont là,
18:10 qui vivent tous les jours ensemble.
18:11 Bon.
18:12 Deux couleurs différentes, deux races, deux cultures,
18:14 deux religions.
18:16 Voilà.
18:17 Et quand tu vois ça et quand tu vis dans ce village olympique,
18:21 tu comprends le monde.
18:23 Tu es convaincu qu'on est capable de vivre ensemble.
18:27 Puisqu'on le fait, nous, les athlètes.
18:29 Tu vois ?
18:30 Simplement parce qu'on a une colonne vertébrale commune
18:32 de valeurs qui sont liées au sport et à la pratique du sport
18:35 et aux valeurs du sport, tu vois ?
18:37 Même en étant compétiteur.
18:38 Eh bien, comme on a une valeur commune, là,
18:40 cette colonne vertébrale-là,
18:43 tout le monde se respecte.
18:45 Tout le monde se parle.
18:47 Tout le monde essaye de savoir qui tu es,
18:49 de te comprendre, etc.
18:51 Il y a de l'échange, de l'interaction,
18:52 tu vois, il y a de l'ouverture.
18:54 Il n'y a pas...
18:54 Tu vois ? Et c'est ça, la seule voie.
18:57 Et le fait d'être fier de son pays,
19:00 c'est justement proclamer sa différence
19:03 parce que c'est la richesse du monde.
19:05 Tu parles beaucoup de valeurs,
19:07 de transmission, de fierté,
19:09 et donc du coup, j'ai un petit clin d'œil pour toi.
19:12 Oui.
19:12 Et ce qui, pour moi, va te faire plaisir,
19:16 c'est cette photo.
19:19 Ah oui !
19:21 Est-ce que tu peux nous raconter le contexte ?
19:24 Parce que là, je pense qu'il y a une belle image
19:27 qui vient reprendre, en fait, tes propos.
19:30 Là, on est en plein Covid.
19:31 On est cloîtrés à la maison.
19:34 Tu l'as bien vécu, le Covid ?
19:35 À la preuve.
19:36 Regardez, comme j'ai terminé.
19:38 C'est quand même grave.
19:40 Et puis, on s'ennuyait, forcément, avec les enfants.
19:46 Alors, tu fais l'école, tu organises la récréation.
19:49 Enfin, tu es organisé, etc.
19:51 Puis, à un moment donné, on a voulu se marrer.
19:54 Et puis, aussi traduire que, quelquefois,
19:59 qui que vous soyez, ce n'est pas simple d'élever ses gosses.
20:03 Ce n'est pas simple d'exercer une autorité.
20:04 Ce n'est pas simple d'éduquer.
20:07 Et cette vidéo qu'on avait faite avec mon épouse, c'était ça.
20:13 C'est-à-dire que j'étais en train de prôner
20:17 le fait de ne pas être un ventre mou avec ses gosses,
20:21 le fait d'être cadran, etc.
20:24 Et en même temps, je me faisais submerger
20:27 par mes filles qui me maquillaient, qui me déguisaient en reine.
20:30 Et on vit comme ça, mais on ne se prend pas au sérieux.
20:33 Le confinement, David, qui a été forcément nécessaire,
20:38 mais justement, par rapport aux enfants,
20:41 ça a limité aussi les activités sportives,
20:44 ça les a quelque part renfermés.
20:46 Quel œil, toi, tu portes aujourd'hui,
20:48 que c'est entre guillemets un petit peu derrière nous ?
20:50 Quel œil tu portes sur ça ?
20:52 Et est-ce qu'il y a des choses à corriger
20:53 ou qu'on peut rattraper d'après toi ?
20:55 Tu sais, l'œil que je porte, un jour, dans le monde du sport,
20:58 on m'a demandé de faire partie du conseil de prévention
21:01 et de lutte contre le dopage.
21:03 Et là, je me suis dit, OK, j'y vais,
21:07 je vais faire partie de ce truc pour lutter contre le dopage,
21:10 lutter contre des gens qui trichent et qui dégradent leur santé.
21:13 Et après, très peu de temps après, je me suis dit,
21:15 comment tu fais sur cette planète, lorsque tu as un pays
21:20 qui a vraiment œuvré pour lutter contre le dopage,
21:24 un autre qui est tout mou, un autre qui fait autre chose ?
21:27 Comment tu fais pour harmoniser tout ça ?
21:29 Les lois de tout le monde, tu vois ?
21:32 Et là est née l'Agence mondiale antidopage.
21:35 Le monde du sport a réussi à créer une agence mondiale
21:40 pour dire à tous les pays,
21:43 eh bien, on va avoir la même loi sur un sujet.
21:45 Les mêmes règles, et tout.
21:47 Et là où je veux en venir, c'est que sur un sujet de santé,
21:50 il faut urgentement qu'on le fasse.
21:52 Parce que ça, malheureusement,
21:54 j'ai peur que ça redémarre un jour ou l'autre.
21:57 On devient tellement nombreux sur cette planète.
22:01 - Qui a un véritable enjeu de régulation, de santé.
22:04 - Et puis de santé, de développement de tout un tas de virus, etc.
22:08 Et on voit avec les transports, etc.
22:11 à la vitesse à laquelle une pandémie peut se propager,
22:14 qu'il est urgent, alors il existe l'OMS,
22:19 l'Organisme mondial de la santé, mais...
22:21 - Mais il est urgent d'essayer de...
22:21 - Preuve qu'il n'est pas adapté, puisque c'est arrivé.
22:23 - De construire des règles qui vont en fait en adéquation avec le temps.
22:25 - Mais qui soient communes à tous les pays du monde.
22:29 Parce qu'il faut qu'on se protège, tout simplement.
22:32 Ah, les Jeux.
22:33 - Les Jeux ? - Oui.
22:34 - Les JO ? - Oui.
22:35 - Tu es l'un des défenseurs les plus farouches de ces JO 2024 ?
22:40 - Pour les raisons que j'ai indiquées tout à l'heure.
22:43 - C'est quoi pour toi, une fierté déjà, de les accueillir, de les recevoir ?
22:48 - Non.
22:49 Non, j'ai dépassé ce stade, non.
22:52 Non, non, non.
22:53 - Ça a évolué, parce que...
22:54 - Les Jeux n'appartiennent pas à...
22:57 Les Jeux n'appartiennent au monde.
22:59 On a la chance de les héberger une fois.
23:03 À nous de les faire d'une manière magnifique.
23:08 Mais à travers les Jeux...
23:10 Les Jeux, pour moi, c'est...
23:13 Ça doit...
23:14 La vraie efficacité des Jeux, c'est de transmettre de vrais gros messages universels.
23:20 - Du respect, du vivre ensemble, tout ce que tu...
23:22 - Comprenez-vous, vivre ensemble.
23:25 On a à apprendre de chacun...
23:27 Chaque être humain à apprendre quelque chose à l'autre.
23:30 On est sur la même boule, quoi.
23:31 Faut juste le comprendre, quoi.
23:34 Et respectons-nous les uns les autres, quoi.
23:37 On se respecte dans les règles quand on pratique une compétition.
23:40 - Est-ce que tu penses, David, que Paris, justement,
23:42 va arriver à véhiculer tous ces messages ?
23:44 - Oui, je pense, oui.
23:46 - Donc pour toi, on est revenu à un niveau, quand tu parlais de JO,
23:50 au rabais, au mal fait, au mal organisé sur des sujets,
23:53 des retards sur des chantiers, etc.
23:55 Pour toi, aujourd'hui, on a rattrapé tout ça, on sera prêt...
23:59 - Non, j'ai pas dit qu'on avait rattrapé tout ça.
24:01 C'est immense à organiser, mais on va faire des beaux Jeux.
24:04 Et il faut qu'on fasse des beaux Jeux, parce que...
24:07 Pour moi, le plus important dans ces Jeux olympiques,
24:12 c'est de faire une compétition...
24:16 Magnifique.
24:17 Et surtout, de conserver un héritage après les Jeux.
24:20 Un héritage qui va profiter aux gamins, mais aussi aux gamins du monde.
24:24 C'est dire quoi ? C'est dire, voilà,
24:26 on est capable de faire des grandes choses ensemble.
24:28 Tous ensemble.
24:30 En se respectant.
24:31 C'est dire quoi ? On est capable d'améliorer les choses.
24:34 Parce qu'à travers les Jeux, et j'ai lu le cahier des charges
24:38 pour les obtenir, les Jeux,
24:39 il y a un volet écolo qui est très important.
24:42 - J'allais y venir, est-ce que tu penses qu'on l'a respecté ?
24:46 Est-ce que dans nos constructions, dans nos réhabilitations,
24:49 est-ce que c'est pris en charge, tout ça ?
24:50 - À chaque fois, moi qui ai fait beaucoup de Jeux olympiques,
24:53 à chaque fois, je note qu'il y a une amélioration.
24:56 Une amélioration.
24:57 On n'est pas encore au bout du bout du bout.
25:01 On ne construit pas encore un village olympique...
25:03 - C'est ce que j'allais aussi y venir,
25:05 c'est est-ce qu'on ne peut pas réutiliser des structures existantes ?
25:10 Plutôt que de construire en permanence aussi pour des JO...
25:14 - Je vais même aller plus loin que toi.
25:16 En fait, je suis un peu dans l'immobilier,
25:20 donc je sais ce qui se fait de bien.
25:22 Aujourd'hui, on est capable de construire des habitations
25:25 dans lesquelles tu n'as pas besoin de chaudières.
25:28 - Bien sûr.
25:29 Des logements passifs qui se suffisent à eux-mêmes.
25:32 - Exactement, qui se suffisent à eux-mêmes
25:34 et qui captent l'énergie du soleil,
25:35 qui la transmettent dans tout le bâtiment
25:37 avec des systèmes de ventilation, air chaud, air froid, etc.
25:40 Ça marche, tu vois.
25:42 Pour aller plus loin que toi,
25:44 je parlerais de déconstruire ce qu'on a construit avant dans l'ignorance.
25:48 - Oui, dans les années 60.
25:50 - Voilà, avec des trucs qui sont énergivores.
25:54 - Et tu reconstruirais en 100% autonomie.
25:58 - Évidemment, c'est ça qu'il faut faire, en fait.
26:01 Et malheureusement, ce n'est pas encore le cas sur le prochain village.
26:05 Mais je mets mon billet,
26:07 je ne sais pas si ce sera à Los Angeles en 2028 ou en 2032,
26:10 peu importe, mais je suis sûr qu'à un moment donné,
26:13 on aura un village de ce type-là.
26:15 C'est... Voilà, la locomotive, elle est lancée.
26:19 - Est-ce que tu penses, pour CGO 2024,
26:22 que c'est un réel argument politique,
26:25 quand tu parlais de valeur, de vivre ensemble,
26:28 est-ce que pour toi, c'est important de se saisir
26:31 quelque part de ce moment pour faire passer des messages ?
26:35 Le président de la République disait que, justement,
26:37 il ne fallait pas politiser le sport.
26:39 Il l'a dit notamment lors de la Coupe du monde au Qatar.
26:42 Est-ce qu'aujourd'hui, là, tu penses, toi,
26:44 qu'il faut justement se servir de l'événement
26:46 pour faire passer des messages,
26:48 ou, à contrario, que chacun reste à sa place ?
26:51 - On a détourné le sens du mot "politique".
26:58 Et je pense que le président voulait dire
27:01 de la politique "politikarde", tu vois, classique.
27:05 Il faut pas qu'on s'oppose les uns les autres sur un projet
27:08 qui, en réalité, est un pur sujet politique.
27:12 Mais quand tu prends l'étymologie propre du mot,
27:15 c'est-à-dire qu'un sujet politique, c'est la vie de la cité,
27:17 c'est vivre ensemble, tu vois.
27:19 Voilà, c'est ça, la seule et unique définition
27:22 de la politique pour moi.
27:24 Et bien sûr que les Jeux, c'est éminemment politique.
27:27 Parce que ça doit montrer au monde entier
27:32 tout ce que l'humain est capable de faire
27:34 dans toutes ses différences, ensemble.
27:36 Et qu'on est capable d'avoir des projets communs réussis.
27:39 Donc, sur un sujet comme l'écologie,
27:41 c'est l'exemple parfait de dire, voilà,
27:43 il y a des disparités de lois, de comportements
27:47 à travers la planète, sauf que si on se connaît tous,
27:50 si on arrête de se taper dessus et de se regarder
27:52 du coin de l'œil ou du mauvais œil,
27:54 on peut communiquer pour construire ensemble.
27:57 Voilà, je veux dire, la pollution, elle a pas de frontières.
28:01 - Merci beaucoup pour cette interview.
28:03 - De rien.
28:04 - Et à bientôt.
28:05 - De la bêtise.
28:06 (Générique)
28:09 ---

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