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Vendredi 30 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Bertrand Lamielle (Directeur général, Portzamparc Gestion)

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00:00 [Musique]
00:10 Nous enchaînons après cet état des lieux des flux de collecte en Europe avec la météo des marchés.
00:15 Nous avons le plaisir de recevoir pour cela Bertrand Lamiel sur le plateau de Smart Bourse.
00:19 Bonjour Bertrand Lamiel.
00:20 Bonjour.
00:21 Vous êtes directeur de Ports en Parts Gestion.
00:23 Si je déduis ce qu'on a pu voir sur les flux de collecte sur les marchés depuis le début de l'année,
00:32 on annonçait 2023 comme l'année de la gestion active.
00:35 C'est plutôt l'année de la décollecte et de la gestion passive.
00:38 Quelle est votre analyse ?
00:39 Qu'est-ce que vous constatez sur le mois de juin ?
00:41 Si on rétropédale un tout petit peu,
00:44 effectivement on a eu un début d'année qui était plutôt en fanfare
00:47 avec une concentration sur les grands indices
00:50 qui sont eux-mêmes hyper concentrés sur certaines valeurs.
00:53 Le luxe fait 25% du CAC 40.
00:56 Aux Etats-Unis, on a parlé des 7 valeurs qui composent l'essentiel du Nasdaq.
01:00 Donc forcément une gestion active face à ça, au mieux elle s'aligne
01:04 mais c'est difficile d'aller mettre 30, 40, 50% de luxe.
01:07 Avoir un portefeuille concentré sur une seule thématique, c'est quand même très dangereux.
01:11 Donc forcément c'était compliqué.
01:13 Là sur le mois d'avril-mai-juin, on a eu quand même un léger entassement des performances sur le luxe.
01:21 Il y avait des incertitudes sur la Chine.
01:23 On est peut-être sur un moment, à la 2015-2016,
01:26 où on avait eu une première grosse inquiétude sur la Chine.
01:30 On avait vu à ce moment-là le luxe qui était véritablement stoppé dans son arrêt.
01:33 On est peut-être en train de revivre ce moment-là.
01:35 Du coup, ça laisse de la place pour voir arriver d'autres valeurs, d'autres secteurs.
01:39 Dans notre top 5, le luxe a disparu.
01:42 Il est 6e, il n'est pas loin, il est en ambuscade.
01:46 On n'est pas dans le flop 3.
01:48 Par contre, on a vu arriver des dossiers typiques de la consommation.
01:52 Par exemple, la distribution.
01:54 On a vu Inditex, Zara, ça marche très bien.
01:58 H&M a surpris tout le monde, c'est bien parti.
02:01 Et la distribution aux Etats-Unis, il y a un éléphant, c'est Amazon.
02:06 Il a rejoint le clan des généraux, et là ça tire aussi.
02:09 On voit la distribution qui marche très bien.
02:12 Et on continue à voir la tech, forcément portée par la hype sur l'intelligence artificielle.
02:17 Ça continue de tirer très fort.
02:21 Et il y a un tout petit secteur qui continue à bien performer, c'est Voyages et loisirs.
02:25 Ça doit être 2% des indices mondiaux, donc c'est des choses dont on parle assez rarement.
02:29 Et pour autant, là on a un discours sur toute la planète qui est complètement inime.
02:33 Et quand on prend l'écosystème global Voyages et loisirs,
02:36 que ce soit des hôtels, que ce soit les avions, constructeurs d'avions,
02:39 globalement tout le monde dit que ça marche bien.
02:42 On a un appétit des consommateurs pour aller sur la thématique Voyages et loisirs,
02:48 avec un comportement qui est moins "j'achète à la dernière minute, je réserve à la dernière minute".
02:53 Donc des gens en plus qui se donnent de la visibilité, qui réservent à l'avance.
02:56 Et ça, c'est un effet assez conséquent sur la marge.
03:00 Quand vous savez en tant qu'opérateur du tourisme que vous avez du monde à venir,
03:06 ça vous permet de vous ajuster.
03:09 Ça évite le coup en termes de personnel d'aller chercher du personnel à la dernière minute.
03:15 - Bien sûr, donc plus cher peut-être.
03:17 - Voilà, donc ça, ça continue à bien marcher.
03:20 Et on va voir la saison d'été qui se profile,
03:24 mais globalement on est sûr d'avoir à peu près des bons chiffres là-dessus.
03:27 - Dans les flops, qu'est-ce qu'on retrouve ?
03:29 - Dans les flops, on a toujours l'immobilier, l'immobilier commercial.
03:32 Mais ça, on est en flop depuis 2022.
03:36 Donc ça, ça ne redémarre pas.
03:38 Mais rien du tout.
03:39 Il y a des sursauts, des sauts de carpe, mais en tous les cas, pas de retournement de tendance.
03:43 Les matières premières et l'énergie.
03:45 On le voit, par exemple, c'est regardons le pétrole.
03:47 Ça a pas mal rebaissé.
03:48 Mais quand on va regarder d'autres, par exemple dans les métaux,
03:52 le cuivre qui avait été multiplié par 4 est revenu sur ces niveaux,
03:55 voire légèrement inférieur à 2019.
03:57 Donc là, on voit bien qu'il y a quand même un sujet derrière
03:59 avec la récession qui se profile et que globalement,
04:02 il n'y a pas beaucoup de commandes sur le segment là.
04:05 Donc là, ça reste compliqué.
04:07 Ça, pour le coup, il va quand même falloir surveiller.
04:10 Parce que oui, on a une récession qui arrive,
04:13 mais au fur et à mesure que le temps passe,
04:15 d'abord les économistes la repoussent dans le temps,
04:17 parce qu'elle ne se matérialise pas.
04:19 Et ensuite, il y a une inversion de se dire,
04:22 finalement, elle ne sera pas très longue, pas très profonde.
04:25 Et c'est vrai que quand on regarde d'autres données économiques globales,
04:30 c'est compliqué. On a un taux de chômage qui est super faible.
04:33 On s'aperçoit, enfin, sur beaucoup de secteurs
04:35 qui normalement sont des annonciateurs de la récession,
04:37 on reste avec des chiffres qui sont relativement fermes.
04:40 Et puis, on a le taux de chômage qui est relativement faible.
04:43 Il est aussi lié à une composante démographique
04:46 qui fait qu'il y a moins de gens qui rentrent sur le marché du travail
04:49 et il y en a beaucoup qui en sortent.
04:51 Donc, dans ce cadre-là, on a des gens qui sont en poste,
04:55 qui ont eu des augmentations, qui en voient se profiler d'autres,
04:58 parce qu'on reste dans un contexte d'inflation relativement élevé.
05:01 Et ça, c'est plutôt booster pour la consommation.
05:04 Et la consommation, c'est 60% du PIB minimum.
05:07 Donc là, c'est ça qui rend l'analyse un peu difficile
05:12 avec ce qu'on a eu dans le passé, parce qu'on a une banque centrale...
05:15 - Oui, on n'a pas les mêmes données, enfin, pas le même contexte, effectivement.
05:17 - On a une banque centrale qui monte les taux pour combattre l'inflation
05:20 et qui va jusqu'à potentiellement créer une récession demain.
05:25 Ce qui n'était jamais le cas.
05:27 D'habitude, on avait des banques centrales qui montaient les taux
05:30 parce qu'on avait une économie qui était en train de s'emballer,
05:34 mais il n'y avait pas de récession.
05:36 Alors, ça pouvait, à la fin, la montée de taux trop, créer une récession,
05:39 mais en tous les cas, dans cette période de montée de taux, on ne parlait pas de récession.
05:42 Et c'est là où c'est compliqué.
05:43 C'est probablement aussi ce qui brouille la vision pour les investisseurs
05:46 qui se mettent, par exemple, sur le mois-ci,
05:49 qui ont dégagé, globalement, la santé, l'agroalimentaire et les télécoms,
05:54 donc qui sont plutôt du défensif,
05:55 qui ont perdu de l'ordre de 4 à 6% sur le mois
05:58 et qui sont allés chercher du risque de l'autre côté,
06:00 mais pour autant dans un mouvement de décollecte
06:02 et sans aller chercher sur les médias et les small-cap.
06:04 - Donc, il y a quand même un petit peu de prise de risque, mais très ciblée.
06:06 - Il y a la prise de risque, mais très ciblée.
06:08 Probablement, avec cette logique "c'est liquide, je peux sortir rapidement",
06:11 donc je prends du risque, mais pas encore avec la volonté de m'engager dans la durée.
06:16 - Petite remarque, on était dans un phénomène de banque centrale
06:21 qui, a priori, était en mode pause.
06:24 Et on se rend compte que, finalement,
06:25 elles ont toujours les deux pieds sur le frein,
06:28 à la fois hausse des taux et diminution du bilan.
06:31 Donc, ce qui fait que ça redonne un peu d'inquiétude aux investisseurs
06:34 qui sont un peu rattrapés, en fait, par ces déclarations de banque centrale.
06:38 On en a à Christine Lagarde récemment.
06:40 Donc, du coup, ça n'incite pas à prendre du risque.
06:42 On voit qu'on est un petit peu entre les deux.
06:44 Le CAC 40 doit faire 7000 €/3, depuis plusieurs mois.
06:47 Et le taux d'Izan américain doit être à 3,80 €/3, depuis plusieurs mois.
06:50 On est un peu en lévitation, en stand-by sur l'ensemble des marchés.
06:54 - Bertrand Lamiel, un mot sur la participation, justement.
06:56 On a parlé de la collecte.
06:57 Vous constatez, là aussi, que la participation est en recul sur les marchés ?
07:00 - Oui, alors, on a toujours...
07:01 Donc, la participation, c'est le nombre de titres,
07:04 le pourcentage de titres qui sont en tendance haussière déclarée.
07:08 Et on reste sur des niveaux très faibles.
07:10 On était remonté à 25-30, on est redescendu à 21.
07:12 Enfin, on voit que ça a du mal à enclencher.
07:14 Et ça traduit aussi le fait que, pour avoir normalement, dans un marché haussier,
07:18 bien installé, on a une participation qui est très largement supérieure à 50 %.
07:22 - Oui.
07:23 - Dans les périodes de tension et au moment où on va repartir en tendance baissière,
07:28 on peut même monter à 90 %.
07:29 - D'accord.
07:30 - Donc, vous voyez bien que 20 ou 30, c'est quand même très faible.
07:32 Et en fait, c'est une autre façon de regarder cette concentration sur les grandes capilles.
07:36 Parce que sur les grandes capilles, la participation est déjà à 50 %.
07:38 Par contre, effectivement, sur la classe des capitalisations moyennes et des petites capitalisations,
07:43 là, on est sur des participations très faibles.
07:45 C'est-à-dire que les investisseurs se concentrent sur la partie haute de la cote.
07:48 - Donc, hors méga cap, le marché est en pause. C'est ce qu'il faut comprendre.
07:50 - Exactement. Et en dessous, ils ne vont pas chercher.
07:52 Et c'est là où le ressort continue de se tendre.
07:55 Parce que, pour le coup, quand on regarde les fondamentaux,
07:57 quand on regarde les perspectives et quand on regarde la valorisation,
08:00 on a des perspectives de croissance plus fortes sur le segment des petites et des moyennes capitalisations
08:04 et des niveaux de valorisation très largement inférieurs aux grandes capilles.
08:09 Et donc, quand on regarde cet écart, on est sur une moyenne plus deux écarts-types.
08:12 Donc, je veux dire, là, à un moment donné, ça va se retourner.
08:16 Je n'imagine pas qu'on ne pourra pas continuer à aller à cette vitesse-là.
08:22 Reprenons le luxe. On a des performances de l'ordre de 30 % sur l'année
08:26 avec des niveaux de valorisation qui sont extrêmement tendus.
08:29 Donc, à un moment donné, je pense que les investisseurs vont quand même se dire
08:33 "OK, là, ce n'est pas mal, donc ça ne veut pas dire qu'on va shooter le luxe et que ça va baisser,
08:37 mais globalement, c'est peut-être une grande pause sur ce segment-là".
08:40 Et potentiellement, peut-être aussi sur les grandes techs américaines
08:43 pour aller exploiter un gisement où il y a plus de croissance et moins de valorisation.
08:48 Donc, globalement...
08:49 Et qui, pour le coup, aujourd'hui, n'est pas...
08:51 N'est pas du tout... Enfin, très très peu, très très peu exploré.
08:53 Très très peu sollicité.
08:54 Aux États-Unis, qu'est-ce que vous constatez sur le moins, effectivement, en matière de performance, participation ?
08:59 Un petit point à US.
09:00 Participation, donc, voilà, c'est essentiellement les grandes capes qui tirent.
09:05 Pour autant, il y a quand même des beaux parcours sur des dossiers moins en vue.
09:08 Et souvent, c'est des dossiers, globalement, qui ont, dans la tech,
09:13 une base installée de clients relativement importante,
09:16 les poches pleines, donc, qui vont pouvoir investir,
09:18 qui commencent à investir dans, justement, l'intelligence artificielle.
09:21 Pour pouvoir doper leurs produits.
09:23 Et là, pour le coup, je pense que ces situations qui sont de l'oligopole,
09:28 voire du monopole, dans certains cas, ça ne va pas s'arranger.
09:31 Ça veut dire que ça va être très compliqué d'être un numéro 2, enfin, numéro 2 ou numéro 3,
09:36 derrière, par exemple, un géant comme Adobe, avec les PDF qu'on connaît, mais aussi les Photoshop.
09:42 S'ils remettent une couche, et c'est ce qu'ils sont en train de faire d'intelligence artificielle derrière,
09:45 le produit va devenir encore plus smart, encore plus facile à utiliser pour les utilisateurs.
09:49 Donc, si vous êtes derrière en challenger, là, pour le coup, ça va être très compliqué de venir les déloger.
09:53 Donc, ce qui explique aussi qu'on va avoir probablement encore une concentration des investissements
09:57 sur ce type de valeur, et que pour l'instant, le marché ne va continuer probablement à ne pas regarder la case valorisation.
10:04 - 2023 aurait pu être l'année de la value. Ce sera finalement le retour de la croissance, Bertrand Lamy ?
10:12 - Ya match ! - Ya match, oui, c'est ça !
10:14 - Oui, alors, il faudra voir justement quand on va descendre sur les mid et les small cap,
10:20 où on va plutôt trouver des valeurs de croissance, des sociétés qui n'ont pas encore complètement
10:24 embrassé tout leur marché, donc qui ont des croissances de chiffre d'affaires qui sont généralement
10:30 plus grands que les valeurs de grande capitalisation. Donc oui, effectivement, il y a des choses très bien
10:37 dans la value qui peuvent performer, mais il est probable que sur un indice value versus grosses,
10:42 on va revoir revenir une tendance sur la croissance.
10:47 - Donc, si je comprends bien, une année difficile, ou en tout cas constatée à mi-parcours pour la gestion active,
10:53 mais l'expertise du stock picker reste plus que jamais nécessaire dans un marché comme celui-là ?
10:58 - Dans un deuxième moment, si on se dit que les grandes valeurs calent, parce que globalement,
11:04 ça commence à être cher et il y a une performance qui est déjà extrêmement honorable depuis le début de l'année,
11:09 oui, il faudra aller chercher en dessous, et ça, c'est des valeurs qui ne sont pas dans les indices,
11:12 et là, normalement, la gestion active doit pouvoir faire la différence. Mais bon, pour l'instant,
11:17 c'est un vœu, il va encore falloir que ça... - Bien sûr !
11:20 - Et des débiles, on l'a vu avec l'ESG, les éoliens ? - Oui, oui, oui, donc il y a...
11:25 - Des accidents, hein ? - Il y a plein de choses qui sont intéressantes avec un véritable potentiel,
11:31 il manque juste l'étincelle pour que ça puisse partir, mais après un bon premier semestre,
11:37 statistiquement, on a toujours un bon deuxième semestre. Pas forcément aussi fort en termes de performance,
11:42 mais statistiquement, ça continue à monter sur la deuxième partie de l'année.
11:46 - Merci beaucoup, messieurs, merci Bertrand Lamy, le directeur de Ports en Parc,
11:48 gestion pour cette météo des marchés. Merci à vous de nous avoir suivis.
11:52 Je vous donne rendez-vous ce soir à 17h en direct pour la grande édition de Smart Bourse.
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