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Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #90minutesInfo du lundi au vendredi

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00:00:00 Bonjour à tous, bienvenue sur CNews, heureux de vous retrouver pour 90 minutes info, édition
00:00:05 spéciale consacrée à cette troisième nuit de violence hier en France, alors que 875
00:00:11 interpellations ont eu lieu selon le ministère de l'Intérieur, des violences qui ont démarré
00:00:16 hier en marge de la marche blanche organisée en hommage à Nahel, tuée mardi après un
00:00:21 refus d'obtempérer et qui ont engendré énormément de dégâts, des bâtiments publics
00:00:25 et des voitures ont été brûlées, comme la nuit précédente, des vitrines brisées
00:00:29 et aussi désormais des pillages, décryptage et analyse avec mes invités, je vais vous
00:00:34 les présenter dans un instant mais d'abord le rappel des titres de l'actualité, c'est
00:00:38 avec Simon Guillain.
00:00:39 Face aux scènes de chaos observées ces derniers jours sur le territoire, des moyens supplémentaires
00:00:46 vont être déployés par le ministère de l'Intérieur.
00:00:48 Une annonce faite par Emmanuel Macron à l'issue d'une nouvelle cellule de crise, l'état
00:00:52 d'urgence n'a pour le moment pas été instauré par le gouvernement.
00:00:55 Le chef de l'état appelle tous les parents à la responsabilité et demande le retrait
00:00:59 de certains contenus sur les réseaux sociaux.
00:01:01 Les mêmes images un petit peu partout en France hier soir, que ce soit dans les Hauts
00:01:06 de Seine, en Loire-Atlantique ou encore dans le Rhône.
00:01:08 Un très lourd bilan pour cette troisième nuit d'émeutes, la police a procédé à
00:01:11 875 interpellations partout sur le territoire, 3880 feux sur la voie publique ont été constatés
00:01:18 et 500 bâtiments publics ont été incendiés.
00:01:21 Et puis le Royaume-Uni met en garde ses ressortissants contre les émeutes en France.
00:01:25 Dans ses conseils aux voyageurs, le ministère britannique des affaires étrangères prévient
00:01:29 que les émeutes ont lieu depuis le 27 juin dans toute la France, avec des risques de
00:01:34 perturbations dans les transports ou encore la possibilité de couvre-feu dans certaines
00:01:38 villes françaises.
00:01:39 Merci Simon Guillain pour le rappel des titres CNews.
00:01:45 90 minutes info avec cette après-midi Noemi Choultz du service Polyjustice de CNews, Christian
00:01:49 Proutot qui est toujours à mes côtés, fondateur du GIGN.
00:01:52 Bonjour à Reda Bellage, porte-parole du syndicat de police Unité SGP, merci d'être avec
00:01:57 nous, Raphaël Stainville, rédacteur en chef de Valeurs Actuelles et puis Céline Pina,
00:02:02 essayiste.
00:02:03 Bonjour ma chère Céline.
00:02:04 Gérald Darmanin avait promis hier le retour à l'ordre républicain, il n'a visiblement
00:02:09 pas été entendu.
00:02:10 40 000 policiers étaient pourtant déployés dans le pays.
00:02:14 Ça n'a pas suffi à empêcher les nombreuses actions qui ont ciblé hier les forces de
00:02:18 l'ordre et les symboles de l'État.
00:02:20 Une fois de plus des bâtiments publics ont été brûlés, une fois de plus des voitures
00:02:24 de police ont été brûlées et pas que d'ailleurs.
00:02:27 En Indre-et-Loire, la voiture d'un maire a notamment été brûlée sous ses yeux.
00:02:31 Même chose pour des riverains.
00:02:33 On va revenir sur cette soirée avec ce sujet signé Charlotte Gorzala.
00:02:38 Des violences et des émeutes sur tout le territoire.
00:02:43 À Lille, alors que la préfecture avait interdit tout rassemblement, la situation était particulièrement
00:02:48 entendue dès 21h et jusque tard dans la nuit.
00:02:51 À de nombreuses reprises, les policiers du Raid ont dû intervenir, tout comme à Roubaix,
00:02:56 Nanterre ou Lyon.
00:02:58 À Vénissieux, toujours dans le Rhône, un trameau a été incendié.
00:03:02 Puis des poubelles et des voitures quelques kilomètres plus loin, à Sainte-Foy-les-Lyon.
00:03:07 J'ai tout envoyé.
00:03:09 Partout en France, des écoles ont été ciblées par ces émeutiers, comme à Tourcoing ou
00:03:16 encore ici à Villeurbanne.
00:03:17 Alors que les pompiers interviennent sur plusieurs départs de feu à Vernon dans l'heure, des
00:03:25 individus s'emparent de leurs camions.
00:03:27 Des magasins et des supermarchés ont été pillés, en témoignent ces images à Paris
00:03:33 ou encore à Nantes.
00:03:34 Alors que 40 000 forces de l'ordre ont été déployées sur le terrain, les autorités
00:03:41 craignent déjà pour ce soir, une quatrième soirée de chaos.
00:03:45 Et on part tout de suite rejoindre notre équipe à Nanterre, devant le centre des finances
00:03:53 publiques qui a été pris pour cible justement.
00:03:56 Oui absolument, Michael, et comme vous pouvez le voir sur ces images, là c'est en fait
00:04:03 l'accueil du public qui est totalement détruit, qui a été ravagé par les flammes.
00:04:08 Certainement des tirs de mortier d'artifice.
00:04:10 On discutait avec une personne de ce centre des impôts et qui était absolument catastrophée.
00:04:17 Vous voyez là tout le long du trottoir et puis l'autre bâtiment qui est lui-même inaccessible.
00:04:25 On peut voir, vous voyez la violence de cette attaque.
00:04:29 Là nous rentrons dans le bâtiment.
00:04:31 Alors heureusement, le feu ne s'est pas propagé à l'étage, mais il y a une forte odeur
00:04:38 donc de fumée qui empêche les salariés de travailler.
00:04:42 On nous confiait que les circuits électriques avaient été forcément endommagés et qu'il
00:04:48 y a énormément de gens en fait qui sont pour l'instant, ne peuvent pas travailler, font
00:04:52 soit du télétravail, soit vont être déployés ailleurs.
00:04:57 Et surtout le trottoir, c'est ce genre de scène.
00:04:59 Il y a un bâtiment à côté aussi d'un immeuble d'affaires qui a été totalement détruit.
00:05:05 Ce sont les vitrines et puis énormément encore de voitures calcinées ici sur cette
00:05:11 avenue Georges-Clémenceau.
00:05:12 On a pu s'entretenir avec des riverains qui sont très inquiets.
00:05:16 Une dame me disait que ça faisait trois jours qu'elle ne dormait pas, qu'elle voyait les
00:05:20 tirs de mortier d'artifice de sa fenêtre puisqu'elle habite à côté et qu'elle avait
00:05:24 peur.
00:05:25 Elle avait peur qu'un de ses tirs arrive dans son immeuble et que cela soit incendié,
00:05:31 Michael.
00:05:33 - Voilà pour les dégâts causés durant cette nouvelle nuit de violence.
00:05:39 Rédabellage pourtant, 40 000 policiers avaient été déployés hier.
00:05:44 Cela n'a visiblement pas suffi.
00:05:45 - Oui, parce qu'on fait face à une nouvelle délinquance un peu générationnelle, une
00:05:50 banalisation de la violence qui nous suit depuis maintenant pas mal d'années, qu'on
00:05:54 dénonce d'ailleurs souvent sur votre plateau.
00:05:55 Et on voit le résultat aujourd'hui.
00:05:58 On a été très souvent sur le fil du rasoir et on fait face à des individus qui sont
00:06:05 déterminés, organisés et qui veulent tuer du flic, du pompier et qui s'attaquent même
00:06:11 aux collectivités territoriales et tout ce qui touche le service public.
00:06:15 - Christian Proton, on le disait tout à l'heure, ce n'est pas qu'une question d'effectifs.
00:06:20 - Ah non, parce qu'il y a en face maintenant quelque chose qui est beaucoup plus important
00:06:25 que ce qui peut se passer dans du maintien de l'ordre traditionnel.
00:06:28 On a des groupes qui sont offensifs, qui organisés, qui décident en fonction de ce qu'ils ont
00:06:36 comme informations eux et de la position des policiers de s'en prendre à certains objectifs
00:06:42 qui sont forcément bien sûr des objectifs de genre commissariat, en particulier municipaux
00:06:49 parce qu'ils n'ont pas forcément les moyens de mettre en place du personnel, mais également
00:06:55 des bâtiments publics et ça laisse complètement désemparé de voir que ces gens-là ont pour
00:07:03 but de détruire sans se rendre compte ou du moins en ne prenant même pas compte que
00:07:09 c'est l'ensemble d'une société, peut-être leur famille, peut-être leurs proches, peut-être
00:07:14 leurs frères et leurs sœurs qui ne pourront plus aller à l'école, qui ne pourront plus
00:07:18 travailler parce que les transports et qui mettent le feu.
00:07:20 Donc c'est la violence pour la violence sans autre objectif que de casser.
00:07:24 Et les effectifs qui sont en place selon les chiffres qu'on nous a donnés me semblent
00:07:33 importants bien sûr, mais la limite de ce que l'on peut mettre en place actuellement
00:07:37 compte tenu des moyens qui ont été réduits pendant des années.
00:07:40 Et c'est ça qui m'inquiète le plus.
00:07:42 Une troisième nuit de violence qui a commencé, Raphaël Stainville, en marge de la marche
00:07:47 blanche organisée hier pour le jeûne Nahel.
00:07:51 D'ailleurs, marche blanche ou marche de révolte ? Parce que finalement on a entendu les deux.
00:07:54 C'est une bonne question parce qu'effectivement, on s'était présenté comme une marche blanche,
00:07:59 mais à quel moment on a eu un rassemblement où l'appel à la justice qui est nécessaire,
00:08:07 qui est légitime, n'a pas été supplanté par des appels à la haine, à la révolte,
00:08:13 ou carrément à des appels à tuer à la vengeance.
00:08:17 C'est ce qu'on a pu entendre dans le cortège, en marge du cortège aussi.
00:08:21 Et on a vu l'expression très rapidement de cette colère s'exprimer de manière anarchique,
00:08:30 furibonde, désordonnée, partout, partout, pas seulement à Nanterre, mais dans toute
00:08:34 la France.
00:08:35 Donc cette marche blanche, honnêtement, elle portait très très mal son nom.
00:08:38 L'appel à la justice, on a un policier qui aujourd'hui est mis en examen pour homicide
00:08:44 volontaire.
00:08:45 On a du mal à comprendre finalement la revendication de ces émeutes.
00:08:49 Parce qu'en fait, ce sont les mêmes personnes qui sont aujourd'hui autour de la mère de
00:08:53 Naël, ce sont celles qui sont autour de la sœur d'Adama Traoré.
00:08:58 On le voit d'ailleurs, ce sont les mêmes visuels en termes de t-shirts, ce sont les
00:09:02 mêmes logiques d'agite propre qui sont mises en place.
00:09:04 Et de la même manière, en fait, la justice, on utilise un mot pour un autre.
00:09:09 Et si on parle de justice, en fait, c'est un appel à la vengeance.
00:09:12 Les gens qui instrumentalisent cette mort ont des objectifs très précis et en fait,
00:09:18 leurs objectifs, c'est justement de s'en prendre à la société.
00:09:21 Ce n'est pas une violence gratuite, c'est une violence parfaitement organisée, qui
00:09:25 a défini l'État comme étant un État raciste, les Français comme étant plus ou moins
00:09:30 fachos, en train de se tourner vers l'extrême droite et qui estiment que le chaos est nécessaire
00:09:37 pour pouvoir faire tomber un gouvernement et pour pouvoir prendre le pouvoir.
00:09:42 Alors, c'est du délire.
00:09:43 Il est évident que personne ne prendra le pouvoir suite à ces émeutes.
00:09:47 Derrière cet appel à la justice, il y a selon vous un appel à la vengeance ?
00:09:49 Bien sûr.
00:09:50 Enfin, toute la logique autour d'Adama Traoré, ce n'est pas d'en appeler à la justice,
00:09:55 c'est de dire que les policiers viennent tuer nos enfants jusque dans nos bras, donc
00:10:01 il ne faut pas nous laisser faire et il faut que nous nous révoltions.
00:10:03 Et les appels à tuer des policiers sont réels sur les réseaux sociaux.
00:10:08 Ce qui tourne aujourd'hui, c'est qu'on a tué Nahel parce qu'il avait une gueule
00:10:13 d'arabe.
00:10:14 Donc, c'est vraiment un appel à tous les affects, entre le racisme, la violence envers
00:10:20 les policiers, tout ça se noue pour inciter les jeunes à partir à l'attaque.
00:10:27 Et ils le font d'ailleurs, ils répondent aux mots d'ordre.
00:10:29 Le président de la République s'est exprimé tout à l'heure depuis la cellule de crise
00:10:33 interministérielle.
00:10:34 Place Beauvau au ministère de l'Intérieur.
00:10:37 Le président de la République, Emmanuel Macron, qui dénonce une situation inacceptable.
00:10:42 On l'écoute.
00:10:43 Remercier et apporter le soutien de la nation à nos policiers, nos gendarmes, nos sapeurs-pompiers,
00:10:49 aux préfets aussi, à l'ensemble des services de l'État qui ont été mobilisés durant
00:10:53 ces dernières nuits.
00:10:54 Remercier aussi avec eux les élus, les polices municipales, les services municipaux et les
00:10:59 associations qui étaient à leur côté et qui ont fait preuve de votre puissance de
00:11:03 responsabilité et de courage.
00:11:05 Les deux nuits que nous venons de vivre relèvent d'une situation qui est absolument inacceptable
00:11:12 et injustifiable.
00:11:13 Parce que rien ne peut justifier la violence, surtout lorsque celle-ci consiste à s'attaquer
00:11:19 à des bâtiments publics, à des mairies, à des commissariats, à des écoles ou à
00:11:24 organiser des pillages contre des commerces.
00:11:26 Emmanuel Macron qui s'est également exprimé sur le profil des individus qui ont été interpellés.
00:11:33 Noémie Schultz, on parle de 875 interpellations la nuit dernière dans toute la France.
00:11:38 Oui, et le chef de l'État qui indique qu'un tiers de ces personnes interpellées sont
00:11:42 des mineurs, donc des très jeunes, âgés de 14 à 18 ans, voire parfois encore plus
00:11:48 jeunes que cela.
00:11:49 C'est quelque chose qui était déjà remonté ces derniers jours.
00:11:53 Le fait que vous avez, qui participe à ces émeutes, des profils de très jeunes adolescents.
00:12:00 Emmanuel Macron d'ailleurs qui a pointé du doigt la responsabilité des plateformes
00:12:04 et des réseaux sociaux avec un mimétisme de la violence, comme si les jeunes sortaient
00:12:09 du réel et reproduisaient dans la ruse ce qu'ils voient dans les jeux vidéo qui les
00:12:14 ont intoxiqués.
00:12:15 C'est la raison pour laquelle le président de la République a indiqué qu'il y aurait
00:12:18 des dispositions prises avec ces plateformes, notamment retirer les contenus les plus sensibles.
00:12:23 C'est aussi la raison pour laquelle Emmanuel Macron lance un appel à la responsabilité
00:12:27 des parents, puisque ces parents ont la charge et la responsabilité de ces mineurs.
00:12:33 Donc il leur demande de les garder chez eux ce soir, de faire en sorte qu'ils ne sortent
00:12:38 pas.
00:12:39 Ce que disent aussi les forces de l'ordre, c'est qu'il y a vraiment une bascule dans
00:12:42 la nuit entre ce qui se passe avant et après minuit.
00:12:45 Après minuit, vous avez des groupes très organisés, structurés, des groupes qui sont
00:12:51 très mobiles également, de 30 à 50 personnes.
00:12:54 On imagine qu'ils s'organisent notamment grâce aux réseaux sociaux.
00:12:58 C'est une difficulté supplémentaire pour les policiers d'interpeller ces groupes qui
00:13:03 se déplacent.
00:13:04 C'est la raison pour laquelle la BRAV-M, cette brigade de répression de l'action violente
00:13:08 motorisée, qu'on a beaucoup vu intervenir lors des manifestations, les Gilets jaunes
00:13:13 mais aussi contre la réforme des retraites, a été envoyée cette nuit à Nanterre.
00:13:17 C'est la raison aussi pour laquelle on envoie des services, des forces spéciales comme
00:13:23 la BRI, le RAID, le GIGN en renfort.
00:13:26 D'abord pour montrer que tout le monde participe bien sûr à cet effort et puis aussi sans
00:13:31 doute pour peut-être un peu impressionner ce public assez jeune qui visiblement ne prend
00:13:41 pas la mesure de ce à quoi ils sont en train de participer.
00:13:46 Reda Bellage, visiblement le gouvernement sort l'artillerie lourde contre les émeutiers.
00:13:53 Pourtant le président de la République a annoncé que des moyens supplémentaires allaient
00:13:57 être annoncés.
00:13:58 Qu'est-ce qu'on peut attendre de plus finalement que ces 40 000 policiers, que tous ces moyens
00:14:05 qui ont déjà été mis en place la nuit dernière ?
00:14:07 Alors déjà, je ne vais pas parler pour toute la France, je suis porte-parole de l'île
00:14:13 de France, mais déjà moi j'ai constaté que sur les 5 000 on procède à beaucoup
00:14:17 de décalage, c'est-à-dire on prend des effectifs de journée, des collègues par
00:14:20 exemple des brigades territoriales de contact qui sont normalement destinées et qui ont
00:14:24 cette connaissance des quartiers, on les décale en nuit.
00:14:27 Pareil pour les compagnies de sécurisation d'intervention, pareil pour la compagnie
00:14:32 d'intervention de la DOPC qu'on voit souvent, on a vu sur les manifestations sur la réforme
00:14:36 des retraites qui normalement sont habituées à travailler sur Paris, on a fait appel à
00:14:39 eux pour justement renforcer les banlieues.
00:14:42 Mais par rapport à tout ce qui est dit, pour nous c'est très compliqué à gérer sur
00:14:49 le terrain et plus de moyens, on a un exemple depuis trois jours, plus ça va, plus on reçoit
00:14:54 des textos de nos mandants, de nos collègues de terrain qui nous disent "on n'a plus
00:14:58 de munitions".
00:14:59 Pourquoi ? Parce que, c'est un constat que je fais, c'est que vous avez normalement
00:15:03 une réserve de munitions, quand je parle de munitions je parle des grenades type CM6,
00:15:08 les grenades lacrymogènes pardon, pour le grand public, vous avez un certain stock
00:15:12 par commissariat, aujourd'hui je ne pense pas qu'à Reims on soit attendu sur des violences
00:15:20 urbaines, je pense que ce n'était pas prévu du tout, on ne pouvait pas le prévoir, du
00:15:23 coup ils ont un certain stock par exemple de ces munitions-là et tous les soirs, sur
00:15:29 toute la banlieue, on a entendu "comment on va faire, on n'a plus de munitions".
00:15:32 Alors on a des services spécialisés, les compagnies de sécurisation d'intervention,
00:15:37 les compagnies d'intervention et les BAC départementales sur la banlieue, mais on a
00:15:42 des services de commissariat, des collègues de police secours qui eux tiennent nos commissariats,
00:15:46 qui eux, vous avez un chef de poste, un standardiste en général quand vous avez un minimum d'effectifs
00:15:51 et un chef de brigade, eux ils n'ont pas beaucoup de munitions pour défendre la position,
00:15:55 on est obligé de parler comme ça, et déjà j'espère qu'il va y avoir un réassort
00:16:02 et qu'il va y avoir un équipement parce que là je pense qu'on est vraiment au bout
00:16:06 au bout.
00:16:07 On recevait dans la fin de matinée cette nuit, beaucoup de textos de nos collègues
00:16:11 disaient "comment on va faire, on n'a plus de munitions" et c'était très compliqué,
00:16:14 donc ça peut faire partie des mesures.
00:16:15 Et ce matin justement l'un de vos collègues sur CNews a parlé des nuits précédentes
00:16:20 en disant qu'elles étaient extrêmement violentes mais que la nuit dernière était,
00:16:24 je reprends ces mots, il a parlé d'apocalypse.
00:16:27 On va l'écouter, pour lui chaque nuit on frôle le drame dit-il.
00:16:31 Il était l'invité de Romain Desarbres ce matin sur CNews, on l'écoute.
00:16:34 Chaque nuit, depuis deux nuits Romain Desarbres et j'y suis avec mes collègues, on frôle
00:16:40 le drame.
00:16:41 On a à tout moment...
00:16:42 Chaque nuit on frôle le drame.
00:16:43 Chaque nuit on frôle le drame, on a des policiers et des gendarmes qui sont exposés, qui ne
00:16:47 comptent pas leur heure, qui ne comptent pas leur engagement, qui ne comptent pas la possibilité
00:16:50 de ne pas rentrer à la maison sur leur dojon avec leur intégrité physique et de revoir
00:16:53 leur famille.
00:16:54 Et c'est grâce au professionnalisme, au sang-froid, à l'engagement des policiers et des gendarmes
00:16:58 qu'on voit que notre République aujourd'hui, elle tchin debout parce que c'est ces femmes
00:17:02 et ces hommes qui ont embrassé la carrière du pays, embrassé le drapeau pour protéger
00:17:07 la veuve et l'orphelin et protéger autrui.
00:17:09 Les habitants d'ailleurs et les citoyens français voient que chaque nuit, ceux qui sont en première
00:17:13 ligne, ce n'est pas ceux qui font des promesses, c'est ceux qui agissent et qui font vivre
00:17:16 notre République au quotidien.
00:17:17 Alors avant de redonner la parole à Noémie Schultz qui a des informations supplémentaires
00:17:21 sur les mesures justement dont parlait tout à l'heure le chef de l'État, une réaction
00:17:26 par rapport à ce qu'on vient d'entendre.
00:17:28 Christian Proto.
00:17:29 Effectivement, on se rend compte qu'on est un peu, on est beaucoup à flux tendu et qu'il
00:17:36 faut absolument que la réaction qui va être mise en place porte ses fruits.
00:17:42 Parce que la question c'est combien de temps on va pouvoir tenir, vous nous rappeliez le
00:17:48 problème des munitions, mais aussi la fatigue des hommes qui sont engagés.
00:17:52 Et c'est pour ça que je crois que les interpellations qui ont été faites devraient permettre au
00:17:59 moins de circonscrire les groupuscules, parce que ça c'est important de savoir qui est
00:18:06 derrière tout ça, de pouvoir à travers les téléphones portables savoir qui est en relation
00:18:11 avec qui, de pouvoir anticiper au niveau judiciaire un certain nombre de gens qui sont derrière
00:18:17 tout ça.
00:18:18 Parce que ces gens se regroupent, mais ils se regroupent parce qu'il y a des meneurs.
00:18:23 Alors bien sûr on le sait qu'il y a une désinhibition complète dès qu'il y a de la violence, mais
00:18:29 au départ il faut grouper les gens.
00:18:30 Et pour grouper les gens, le président de la République en parlait, il y a les réseaux
00:18:34 sociaux bien sûr, il y a la téléphonie portable.
00:18:38 J'espère qu'un certain nombre d'enquêtes qui sont menées actuellement sous le contrôle
00:18:44 de l'autorité judiciaire permettra à travers les arrestations de pouvoir circonscrire tous
00:18:50 les gens qui sont derrière ces événements.
00:18:53 Parce que pour moi c'est pas gratuit, il y a des gens que ça arrange d'avoir ce bazar
00:18:58 et qui eux sont organisés.
00:18:59 Et puis comme vous l'avez souligné aussi, c'est important de le dire, c'est vrai que
00:19:03 c'est bien beau de sortir la retirée lourde, mais il faut après pouvoir tenir sur la longueur
00:19:06 si ces soirées se répètent.
00:19:08 Raphaël Stainville.
00:19:09 Oui, c'est vrai que moi ce qui m'inquiète c'est que par-delà les interpellations que
00:19:12 vous évoquiez, il y a une sorte de nouveauté dans ce que l'on voit.
00:19:17 C'est-à-dire que jusqu'à présent c'était un peu tout le temps les mêmes cités qui
00:19:22 sortaient pour mettre le chaos et détruire des bâtiments publics, des écoles ou d'autres
00:19:30 choses.
00:19:31 Aujourd'hui, il y a une sorte d'effet d'apprentissage, notamment dans un certain nombre de villes
00:19:34 qui étaient totalement épargnées par cette violence, qui étaient relativement calmes,
00:19:39 voire totalement calmes.
00:19:40 Et qui aujourd'hui, parce qu'il y a un certain nombre de logements sociaux avec des
00:19:45 populations qui veulent en découdre, commencent à expérimenter, prennent le goût quasiment
00:19:53 à cette violence par mimétisme avec ce qu'ils voient notamment sur les réseaux sociaux,
00:19:56 sortent et engagent le combat, je pense, à des villes toutes proches comme Chaville,
00:20:03 ou Vierhoff-Laye sur la banlieue ouest.
00:20:06 Il n'y a jamais eu aucun incident.
00:20:08 Aujourd'hui, il y a des marchés, des monoprix qui ont été vandalisés, comme les images
00:20:14 qui sont beaucoup plus impressionnantes de Nantes avec ce Lidl.
00:20:17 Mais en fait, on a cet apprentissage dans un certain nombre de villes qui jusqu'à
00:20:21 maintenant étaient épargnées par la violence.
00:20:22 Alors Noémie Choulle, c'est Emmanuel Macron qui nous disait tout à l'heure que des
00:20:27 mesures supplémentaires allaient être prises pour apporter des moyens supplémentaires.
00:20:32 Vous avez des informations concernant le ministère de l'Intérieur ?
00:20:35 Oui, on sait que Gérald Darmanin vient de réunir les préfets en visioconférence et
00:20:39 il leur a demandé plusieurs choses.
00:20:41 D'abord, de prendre des arrêtés, systématiquement des arrêtés d'interdiction de vente et
00:20:45 transport de mortiers.
00:20:47 Vous savez que ces mortiers d'artifice servent d'arme aux émeutiers.
00:20:50 Donc faire en sorte qu'ils soient absolument impossibles de s'en procurer et interdits
00:20:55 de les transporter.
00:20:56 La prise systématique d'intérêts d'interdiction de vente et de transport de bidons d'essence,
00:21:00 d'acide, de produits inflammables et chimiques.
00:21:02 Tout ça, on le comprend, c'est pour éviter de fabriquer des armes.
00:21:07 Et puis, l'arrêt des transports publics en surface.
00:21:09 On parle donc des bus et des trams qui sont pris pour cibles à partir de 21h, partout
00:21:15 sur le territoire.
00:21:16 On avait eu l'information sur la région d'Île-de-France.
00:21:18 C'était déjà le cas sur l'Île-de-France.
00:21:19 Et ça devait d'ailleurs se faire également ce soir.
00:21:21 Et bien là, Gérald Darmanin demande au préfet de prendre des mesures pour que ce soit le
00:21:25 cas partout dans France.
00:21:27 Et là, bien sûr, l'idée, c'est de ne pas mettre en danger les conducteurs, les
00:21:32 chauffeurs de ces bus et de ces trams, les passagers aussi.
00:21:36 Et puis, d'éviter d'abord que les émeutiers puissent se déplacer d'un endroit à l'autre
00:21:41 en utilisant ces moyens de transport.
00:21:43 Et puis aussi éviter qu'ils soient brûlés, qu'ils soient détruits.
00:21:47 On sait que ça a un coût financier très important.
00:21:49 Et donc, c'est aussi la volonté de préserver ces moyens de transport.
00:21:54 Près de 9 millions d'euros de dégâts, disait tout à l'heure déjà Jean Castex pour ce
00:21:58 qui est des transports.
00:22:00 Redabelage, ces mesures supplémentaires, est-ce qu'elles peuvent arranger les choses ?
00:22:06 Est-ce qu'elles peuvent servir ?
00:22:07 Alors, toute mesure peut être positive.
00:22:11 Mais maintenant, sur le terrain, c'est vécu un peu différemment.
00:22:15 Les approvisionnements au niveau des stations d'essence, ça a toujours été proscrit.
00:22:20 Ça a été proscrit le 13 juillet en général.
00:22:22 C'est proscrit la nuit de la Saint-Sylvestre.
00:22:25 Ça fait longtemps que cette interdiction existe.
00:22:29 Maintenant, hier, on a été surpris quand on prend l'exemple des transports en commun.
00:22:34 À ma connaissance, sur la banlieue, à partir de 21h, il n'y avait plus de bus,
00:22:39 de ce qu'on a entendu.
00:22:41 Mais moi, j'ai été surpris, puisque j'étais sur le terrain avant.
00:22:45 Par exemple, Paris, on a eu quand même des violences urbaines sur Paris.
00:22:48 On a eu des commissariats sur Paris, sur le 13e, sur le 12e, qui ont été attaqués.
00:22:52 On a eu des pillages sur le secteur Fondéal et sur Rivoli.
00:22:56 Je me serais dit, en tant que policier aguerri, qu'à partir du matin, il n'y a plus rien.
00:23:00 Parce qu'à partir d'une heure du matin, vous n'avez plus de métro à Paris.
00:23:03 Mais ce n'est pas du tout ce qui s'est passé.
00:23:05 Ça a duré toute la nuit.
00:23:07 Et je vous dis, là, on arrive dans une zone...
00:23:09 On va prendre ces mesures.
00:23:12 Je pense qu'il va falloir être prudent.
00:23:15 Il va falloir voir l'efficacité de ces mesures.
00:23:17 Parce qu'on l'a constaté hier, on a l'impression qu'il n'y a vraiment plus de règles.
00:23:21 Céline Pinin, dernier mot avant de partir en pause.
00:23:25 Je trouve que ce qu'on remarque sur les émeutes, on le remarque déjà sur le trafic de drogue, par exemple,
00:23:30 qui commence à toucher de plus en plus de petites villes moyennes.
00:23:33 On le remarque sur l'augmentation de la violence, qui touche de plus en plus de petites villes moyennes.
00:23:39 Donc, la seule chose qu'on peut se demander, c'est pourquoi nos politiques ont l'air de tomber de l'armoire,
00:23:45 alors que tous ces diagnostics sont disponibles depuis très longtemps
00:23:49 et que vous avez un certain nombre de personnes qui ont prévu ce qui est en train de nous arriver aujourd'hui.
00:23:54 Je vais vous redonner la parole dans un instant, Reda Belladj.
00:23:57 On va d'abord faire la pause et on revient dans un instant.
00:24:00 Il y aura le rappel des titres de l'actualité, puis la suite de cette édition spéciale de 90 minutes info,
00:24:04 consacrée à cette troisième nuit de violence et d'émeutes.
00:24:08 A tout de suite avec, toujours, Reda Belladj, Raphaël Stainville, Céline Pinin, Christian Poteau
00:24:12 et Noémie Schultz du service Police Justice de CNews. Restez avec nous.
00:24:17 Édition spéciale de 90 minutes info sur CNews, consacrée à cette troisième nuit de violence.
00:24:24 On va y revenir dans un instant, mais d'abord, il est quasiment 16h,
00:24:27 l'heure de retrouver Barbara Durand pour le rappel des titres de l'actualité. Rebonjour Barbara.
00:24:31 Rebonjour Mickaël, rebonjour à tous.
00:24:34 Après les trois nuits de violence qui ont secoué la France,
00:24:37 Emmanuel Macron a dénoncé une instrumentalisation inacceptable de la mort d'un adolescent.
00:24:42 Autour de ses ministres réunis Place Beauvau en début d'après-midi,
00:24:45 le président lance un appel aux Français, plus particulièrement aux parents.
00:24:49 Je vous propose de l'écouter.
00:24:51 Dans ce contexte, je finirai mon propos au-delà de ces remerciements et de ces décisions que nous avons prises,
00:24:59 en appelant tous les parents à la responsabilité.
00:25:03 Il est clair que le contexte que nous vivons, on le voit, c'est la résultante de groupes parfois organisés, violents et équipés,
00:25:11 que nous condamnons, que nous appréhendons, qui sont judicialisés, mais également de beaucoup de jeunes.
00:25:20 Un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes.
00:25:24 C'est la responsabilité des parents de les garder au domicile.
00:25:27 Et donc il est important pour la quiétude de tous que la responsabilité parentale puisse pleinement s'exercer,
00:25:34 et j'en appelle au sens de la responsabilité des mères et des pères de famille.
00:25:37 La République n'a pas vocation à se substituer à eux.
00:25:41 Après les incidents de la nuit dernière, la préfète de police des Bouches-du-Rhône a interdit ce vendredi toute manifestation dans le centre de Marseille.
00:25:49 Le port et le transport d'artifices ou de tout objet susceptible d'être utilisé comme une arme par destination sera interdit par un arrêté.
00:25:56 Vous le voyez sur ces images, à Marseille, du mobilier urbain a été détruit, des trottinettes brûlées, des magasins du centre-ville vandalisés.
00:26:04 À Paris, les touristes avaient plutôt prévu de profiter de la capitale de la France et de son charme légendaire.
00:26:11 Ils ont pour le point été déçus.
00:26:14 J'ai parlé avec des amis, ils m'ont dit que c'était déjà arrivé à Paris parce qu'il y a eu des événements similaires il y a quelques années
00:26:23 à cause d'une réforme pour modifier le départ à la retraite.
00:26:26 On sait maintenant que les Français sont très militants.
00:26:30 J'ai un projet sur la guerre civile en Russie.
00:26:33 Ils ont de nombreux documents sur ce sujet à l'université de Paris-Nanterre, mais avec ce qu'il s'est passé, je ne pense pas y aller.
00:26:40 C'est tellement triste parce que je pars dans deux jours et l'université est fermée demain.
00:26:48 J'avais réservé un créneau cet après-midi pour récupérer tous les documents.
00:26:52 Et puis conséquence de ces émeutons vient de l'apprendre le concert de l'université de Paris-Nanterre.
00:26:58 Le concert de Mylène Farmer qui devait avoir lieu ce soir au Stade de France a finalement été annulé.
00:27:04 La chanteuse dont la tournée Nevermore a démarré le 3 juin dernier à Lille s'est déjà produite à Nantes, Genève et Lyon.
00:27:10 Voilà pour l'essentiel de l'actualité à 16h. A vous, Michael.
00:27:14 Concert de ce soir annulé. Il y en avait un autre également prévu demain.
00:27:17 Il faut vérifier effectivement si le concert sera maintenu.
00:27:20 Merci beaucoup Barbara. Troisième nuit de violence.
00:27:24 Et ce qui a peut-être changé finalement par rapport aux précédentes,
00:27:28 c'est que cette nuit a été marquée par de nombreux pillages partout en France.
00:27:32 Plusieurs vitrines ont été brisées, des magasins dévalisés.
00:27:36 On va retrouver tout de suite Soumaya Lalou qui se trouve actuellement à Montreuil dans le 93 en Seine-Saint-Denis.
00:27:42 Soumaya, bonjour. Montreuil où de nombreux commerces ont été pris pour cibles.
00:27:49 Oui tout à fait. Nous sommes rue des Lumières. C'est une rue commerçante d'un peu plus d'une centaine de mètres
00:27:54 qui est totalement fermée. Impossible d'accéder aux magasins qui n'ont pas pu ouvrir leurs portes.
00:28:01 Vous le voyez, les vitrines ont été cassées, des rayons ont été pillés,
00:28:05 de l'habillement, des produits de beauté, des lunettes de vue ont été volées.
00:28:11 Le maire adjoint était sur place dès ce matin pour constater les dégâts.
00:28:15 La police est aussi sur les lieux pour sécuriser la zone, constater aussi les dégâts de leur côté.
00:28:20 Des prestataires s'activent depuis ce matin pour nettoyer le verre qui jonche le sol
00:28:25 et pour installer des barricades en bois.
00:28:28 C'est toute la vitrine de l'entrée du centre commercial qui est en cours de calfutrage.
00:28:33 Il y a encore, vous le voyez, beaucoup de travail.
00:28:37 On a échangé avec une commerçante exaspérée qui nous a confié son inquiétude pour ce soir
00:28:43 et tous les autres soirs à venir.
00:28:45 - Merci beaucoup Soumaya. Lallou, les images sont de Léo Marcheguet.
00:28:49 A Châtelet-Léal, également, plusieurs boutiques ont été vandalisées.
00:28:54 Écoutez le témoignage de cette personne qui était présente au moment où une enseigne de sport a été prise pour cible.
00:29:01 - On se baladait du coup sur Châtelet et on se trouvait dans l'intérieur du forum
00:29:07 et on a entendu des cris et des émeutes, des gens qui commençaient à brûler des poubelles.
00:29:12 Et en fait, on s'est dirigé devant le Nike et c'est là où on a commencé à voir qu'ils essayaient d'enfoncer le Nike.
00:29:19 Ils sont rentrés et malheureusement, ils ont pris plein de vêtements.
00:29:23 Ça a été bizarre de se dire qu'à ce qu'il paraît, c'est pour un bon geste,
00:29:31 mais au final, ça se transforme en néant et ce n'est pas une bonne image que ça donne à Paris.
00:29:35 C'est pas comme ça qu'on fait la justice. Là, actuellement, ça donne juste une mauvaise image à notre génération.
00:29:39 - Red Abelhage, on a clairement passé un cap cette nuit avec ces pillages dont on n'avait pas trop parlé finalement les nuits précédentes.
00:29:48 À quel moment est-ce que ça bascule ?
00:29:49 À quel moment finalement est-ce qu'on s'éloigne de plus en plus de la cause première de ces rassemblements, de ces émeutes ?
00:29:56 - Alors, vous avez une expression de la colère qu'on dénonce par ces violences et ces pillages.
00:30:05 Vous avez, comme malheureusement ça a été le cas lors des manifestations avec les rassemblements sauvages,
00:30:11 des gens qui décident et qui se ressentent dans ce mouvement de colère et cette expression de colère et qui en profitent en même temps pour s'attaquer au commerce.
00:30:19 Ce qu'on a pu constater sur cette affaire de dégradation et ces pillages sur le Forum d'Éhale,
00:30:26 c'est que c'était des jeunes, pas forcément, je vous le dis avec des pincettes, issus des banlieues.
00:30:34 Et donc, vous avez encore des jeunes qui se ressentent peut-être dans le mouvement ou qu'ils avaient une envie de piller également
00:30:42 et qui sont opportunistes et qui profitent de s'attaquer au commerce dans Paris
00:30:48 parce qu'on sait qu'aujourd'hui les policiers sont très pris sur les banlieues.
00:30:53 Hier, j'ai fait un média en direct pendant ces faits et on nous disait "mais pourquoi la police n'intervient pas ?"
00:31:00 Alors déjà, il y a la BAC 75e qui est intervenue avec peu d'effectifs,
00:31:05 mais la problématique à laquelle on a fait face, c'est qu'en même temps, vous aviez des commissariats dans Paris,
00:31:11 intra-muraux, c'est ça, ça ne s'est jamais vu aussi, qui ont fait l'objet d'attaques.
00:31:15 Raphaël Stainville-Lidé, on l'a compris clairement pour certains, de profiter de cette situation.
00:31:19 On a évidemment du mal à comprendre le lien avec Naël.
00:31:22 C'est ça, on nous parle en permanence de justice, d'émotions légitimes, de colère,
00:31:29 mais aujourd'hui on est face à des émeutiers d'opportunité qui se servent de la mort de Naël
00:31:34 pour mettre à sac, semer la terreur et le chaos dans la France toute entière.
00:31:40 On voit mal le rapport entre la mort aussi terrible soit-elle de cet adolescent
00:31:46 et les saccages, les pillages auxquels on insiste.
00:31:50 Aujourd'hui, ce sont des jeunes, probablement laissés à eux-mêmes
00:31:56 sans que les parents n'exercent leur autorité sur eux,
00:32:01 qui profitent de cette situation et du chaos pour se servir sans mettre pas dans les poches.
00:32:06 Céline Pina ?
00:32:07 L'émotion, c'est un levier d'action politique.
00:32:10 Et quand vous voulez mettre en accusation une société, la détruire, la déstabiliser,
00:32:17 rien de mieux qu'un martyr.
00:32:18 Un martyr, c'est plus qu'une cause, c'est vous rallier à vous,
00:32:24 tous ceux qui ont des frustrations, tous ceux qui ont des besoins
00:32:29 d'exprimer leur colère ou leur violence,
00:32:32 et vous leur donner à la fois une cause et une légitimité à agir.
00:32:37 Aujourd'hui, l'instrumentalisation de la mort de Naël,
00:32:41 c'est la tentative de se trouver un martyr qui justifie toutes les violences
00:32:46 et qui justifie surtout de s'en prendre aux forces de l'ordre
00:32:49 et à tous ceux qui représentent la société.
00:32:51 Parce que quand vous allez brûler un commissariat,
00:32:54 mais c'est aussi des bibliothèques, des médiathèques, etc.,
00:32:57 ce que vous montrez, c'est que tous ceux qui représentent la société
00:33:02 et les bienfaits qu'elle peut donner, y compris les écoles,
00:33:05 vous le rejetez parce que cette société est vue comme illégitime
00:33:09 et vue comme elle-même violente.
00:33:11 Donc votre martyr, c'est celui qui vous permet de susciter l'adhésion émotionnelle.
00:33:17 Un martyr, c'est Lola, c'est pas Naël, avec le profil et toutes les diffusées...
00:33:22 C'est là où c'est d'autant plus incompréhensible pour un certain nombre de Français.
00:33:27 Je ne dis pas que Naël a le profil du martyr.
00:33:30 En fait, il y a eu une erreur.
00:33:32 Il a la jeunesse, en tout cas, et c'est vrai que mourir à 17 ans,
00:33:35 c'est toujours d'une tristesse, un signe.
00:33:37 Mais après, il n'a pas l'innocence.
00:33:39 C'est loin d'être un ange.
00:33:41 On a pu voir un certain nombre d'informations sur son profil.
00:33:45 Donc on est vraiment dans l'instrumentalisation.
00:33:48 Et dans l'instrumentalisation, il n'y a pas de deuil.
00:33:51 On se moque de la personne que l'on instrumentalise.
00:33:53 Le but du jeu, c'est d'utiliser comme matériel de guerre, j'allais dire, comme soldat,
00:34:00 tous ceux qui trouvent dans cette cause-là une justification à leur propre violence.
00:34:05 Et puis il y a aussi, comme disait Raphaël Stainville juste avant,
00:34:09 tout simplement des opportunistes, je crois, qui sont là finalement uniquement pour piller.
00:34:14 Je voudrais que vous regardiez cette séquence filmée tout à l'heure par les caméras de CNews.
00:34:20 Totalement par hasard, une séquence, vous allez voir, totalement surréaliste.
00:34:23 L'interpellation d'un pillard qui était venu se servir dans une boutique de sport à Sevran.
00:34:28 Vous allez voir que la scène est cocasse, mais elle interroge également sur la société,
00:34:32 sur l'état d'esprit d'une partie de cette jeunesse.
00:34:41 - Vous travaillez ici peut-être ? - Vous travaillez ici ?
00:34:44 - Ah oui ! - Ah oui ? Et donc vous vous servez, c'est ça ?
00:34:47 - C'est ça, monsieur ? - C'est moi qui passe et moi qui...
00:34:50 - C'est qui ? - C'est moi qui passe et moi qui...
00:34:52 - C'est pas vous qui quoi ? - C'est pas moi qui passe et moi qui...
00:34:54 - Et toi, tu travailles ici ? - Venez, venez avec ça.
00:34:57 - Allez-y, venez. - Venez ! Merci.
00:35:00 Allez-y, monsieur. Viens avec la caméra. Venez.
00:35:09 Ok. Allez.
00:35:11 - Est-ce que vous avez ça ? - Est-ce que ça...
00:35:13 - Oh ! - Tranquillement.
00:35:20 - C'est une femme, hein.
00:35:21 Alors c'est une séquence qui a été tournée dans un centre commercial à Sevran.
00:35:25 Vous avez vu qu'il y a énormément de boutiques qui ont été saccagées.
00:35:28 C'est le chaos, clairement, on peut le dire.
00:35:31 Et la personne qui est interpellée, évidemment, semble surprise qu'au milieu de ce chaos,
00:35:36 les policiers soient encore là pour l'interpeller redabellage.
00:35:40 C'est vrai qu'on peut rire, effectivement, de cette situation
00:35:44 quand on voit la réaction de cette personne qui a été interpellée par les forces de l'ordre à ce moment-là.
00:35:49 - Vous avez toujours... C'est ce que je vous disais tout à l'heure,
00:35:52 vous avez souvent des opportunistes.
00:35:54 Et en fait, on voit des scènes depuis trois jours
00:35:57 entre le père qui prend son gamin et qui le met dans son coffre,
00:36:01 entre des émeutiers qui procèdent à un échauffement,
00:36:04 entre des individus qui se servent dans leur propre lieu de travail.
00:36:09 Je pense qu'on n'a pas fini. Ce soir, on va encore avoir sûrement des surprises.
00:36:13 - On va à présent faire un point sur le couvre-feu
00:36:18 qui a été mis en place dans plusieurs villes de France,
00:36:21 à Clamart notamment, dans les Hauts-de-Seine,
00:36:23 ou à Compiègne dans l'Oise depuis hier soirée.
00:36:26 Et jusqu'à lundi matin, en réponse aux violences survenues ces derniers jours,
00:36:30 même chose à Neuilly-sur-Marne, en Seine-Saint-Denis,
00:36:33 où sept véhicules de la police municipale ont été détruits par les flammes,
00:36:36 le maire a décidé de mettre en place un couvre-feu partiel.
00:36:40 Noémie Schultz, le point sur ces couvre-feu.
00:36:43 On a tous en tête évidemment ceux qui étaient liés à l'épidémie de Covid-19.
00:36:48 D'abord, comment est-ce qu'on les met en place ces couvre-feu ?
00:36:50 Qu'est-ce que la loi permet à ce sujet ?
00:36:52 - Couvre-feu, c'est une interdiction à la population de circuler dans la rue
00:36:55 pendant une certaine période de la journée ou de la nuit,
00:36:59 c'est généralement le cas et c'est le cas des couvre-feu qui sont pris en ce moment.
00:37:02 En ce moment, le but c'est de permettre aux forces de l'ordre
00:37:04 de mieux assurer la sécurité de la zone sous couvre-feu,
00:37:07 de limiter la libre circulation de certaines personnes,
00:37:09 comme les mineurs, ou de protéger les populations d'un danger.
00:37:14 Ce qu'on ne savait pas, c'est s'il y aurait une annonce de couvre-feu au niveau national,
00:37:18 ça n'est pas le cas pour le moment, mais effectivement,
00:37:20 on voit que ponctuellement, des maires ont pris la décision d'instaurer des couvre-feu
00:37:25 à Clamart par exemple, dans les Hauts-de-Seine.
00:37:27 Il est en vigueur de 21h à 6h du matin jusqu'à lundi.
00:37:31 Alors là, à Clamart, il s'applique pratiquement à tous les habitants,
00:37:35 puisque ne sont exemptés que les personnels investis d'une mission de service public,
00:37:39 les professions médicales et les transports en commun ou de personnes,
00:37:42 tels que les taxis pour les particuliers.
00:37:45 Seuls les déplacements liés à des motifs impérieux de santé, d'urgence médicale
00:37:48 ou d'assistance à personnes vulnérables seront tolérés.
00:37:51 Donc là, on voit bien que dans cette ville de Clamart,
00:37:55 en gros, ce soir, vous ne pouvez pas sortir de chez vous,
00:37:58 sauf si vous avez vraiment une raison valable.
00:38:00 La ville qui a également décidé de procéder à la fermeture des équipements publics
00:38:03 et à l'annulation des manifestations jusqu'au dimanche 2 juillet inclus.
00:38:09 Et on imagine que cela englobe notamment toutes les fêtes d'école,
00:38:13 les soirées de fin d'année qui étaient organisées ce vendredi soir
00:38:18 pour fêter la fin de l'année scolaire.
00:38:20 Neuilly-sur-Marne, vous avez un couvre-feu, mais dans trois quartiers seulement,
00:38:25 jusqu'à lundi matin aussi, 23h à 6h,
00:38:28 quartier de la Mairie, quartier des Primes-Verts et celui des Fauvettes.
00:38:31 Tout déplacement est interdit entre ces horaires-là, dans ces quartiers.
00:38:37 A Compiègne, c'est la même configuration, mais pour des mineurs,
00:38:40 couvre-feu de 22h à 6h du matin pour les mineurs de 16 ans non accompagnés.
00:38:44 Donc là, ça veut dire que si vous vous déplacez avec vos parents,
00:38:46 vous avez le droit de circuler ou avec un représentant légal.
00:38:48 Mais si vous êtes tout seul et que vous êtes mineur, vous n'avez pas le droit.
00:38:51 Savigny-le-Temple, couvre-feu pour les mineurs sur l'ensemble de la ville.
00:38:54 C'est ce que la ville a indiqué dans un communiqué.
00:38:56 De 22h à 5h du matin, en cas de nécessité de déplacement pour un mineur,
00:39:01 il devrait être accompagné par un parent ou un représentant légal.
00:39:04 Meudon aussi dans les Hauts-de-Seine, couvre-feu de 22h à 6h du matin
00:39:07 avec interdiction de circuler dans certains secteurs.
00:39:10 Et on risque de voir ces couvre-feu s'étendre à un certain nombre d'autres villes.
00:39:15 Et concrètement Noemi, est-ce que ça a servi à quelque chose ?
00:39:18 Est-ce que les villes concernées par ces couvre-feu ont été épargnées la nuit dernière ?
00:39:22 Il est un peu tôt parce qu'il y a un certain nombre de villes
00:39:24 qui les prennent pour la nuit à venir.
00:39:27 Après, la difficulté, effectivement, c'est de le faire respecter.
00:39:32 On imagine que l'idée, c'est surtout un message qui est envoyé
00:39:35 à destination des parents, des adultes, en leur disant
00:39:38 "Attention, si vos enfants sortent ce soir, ils ne respectent pas la loi,
00:39:43 ils n'ont pas le droit de sortir tout seuls. Est-ce que ça sera suffisant ?
00:39:48 On voit qu'effectivement, dans la rue, ce sont beaucoup de jeunes, de très jeunes.
00:39:51 On le rappelle, Emmanuel Macron a dit qu'un tiers des personnes interpellées
00:39:55 étaient des mineurs, 14 à 18 ans, parfois même plus jeunes que ça.
00:40:00 Cela veut dire que ces mineurs-là avaient été autorisés,
00:40:03 ou en tout cas, les parents ne les avaient pas empêchés de sortir les nuits passées.
00:40:07 Reda Bellage, est-ce que ces couvre-feu peuvent servir à quelque chose selon vous ?
00:40:11 Est-ce qu'ils sont utiles ?
00:40:12 On peut prendre la jurisprudence de Clamart, ça a été le cas hier soir,
00:40:16 et ça a été complètement inefficace, puisque vous vous retrouvez à un groupe de 50 personnes
00:40:23 que déjà vous n'allez pas arriver à gérer.
00:40:25 Vous contrôlerez peut-être une certaine catégorie de personnes,
00:40:30 mais ceux qui sont là pour saccager et semer le chaos,
00:40:34 eux, ils seront irraisonnables, et c'est la problématique qu'on a eue sur Clamart hier soir.
00:40:38 A noter d'ailleurs que dans les propos d'Emmanuel Macron tout à l'heure,
00:40:42 ce terme n'a pas du tout été utilisé, ni le terme de couvre-feu, ni le terme d'état d'urgence,
00:40:47 parce qu'on a beaucoup entendu ce terme ces derniers jours.
00:40:51 Noémie Schultz, ce sont deux choses différentes.
00:40:54 Cette situation peut-elle permettre la mise en place d'un décret d'état d'urgence ?
00:40:58 Oui, l'état d'urgence pourrait être décidé par Emmanuel Macron.
00:41:04 Ce qu'il faut savoir, c'est que ce serait la deuxième fois,
00:41:09 ça a été décidé en 2005, et la dernière fois c'était après les attentats de 2015.
00:41:15 Donc le signal envoyé si l'état d'urgence était décrété serait effectivement particulièrement grave.
00:41:24 Encore une fois, il faut bien mesurer.
00:41:26 Pour le moment, ça n'a pas encore été le cas.
00:41:28 On rappelle que l'état d'urgence va permettre aux ministres de l'Intérieur et aux préfets
00:41:33 de décider notamment d'interdire toutes les manifestations, les cortèges, les défilés,
00:41:37 les rassemblements de personnes, de mettre en place des périmètres de protection
00:41:40 pour assurer la sécurité de certains lieux, interdire des réunions publiques,
00:41:44 des perquisitions administratives, des réquisitions de personnes ou de moyens privés,
00:41:48 le blocage de sites internet prônant des actes terroristes,
00:41:51 ou en faisant l'apologie, des interdictions de séjour, des assignations à résidence.
00:41:55 C'est vrai qu'on associait plutôt l'état d'urgence au risque terroriste,
00:42:00 et que la question se pose de savoir si ce régime d'exception va être appliqué une nouvelle fois.
00:42:06 Encore une fois, il a été appliqué six fois entre 1955 et 2015,
00:42:10 et seulement deux fois au XXIe siècle.
00:42:12 On le dit donc, 2005 pour les émeutes urbaines et 2015 pour les attentats.
00:42:18 Olivier Klein, le ministre de la Ville et du Logement, a été justement interrogé
00:42:22 sur cette question de l'état d'urgence. Écoutez ce qu'il a répondu.
00:42:26 Ce n'est pas le temps de la polémique.
00:42:30 Ce qu'il faut, c'est regarder quel est le plus utile pour le retour au calme.
00:42:34 Moi, je crois à la responsabilité des adultes, des parents, des élus locaux, des associations.
00:42:41 Et puis ensuite, on verra quels sont les meilleurs moyens pour atteindre ce retour au calme.
00:42:47 Pourquoi ce n'est pas le bon moyen d'y revenir au calme, en état d'urgence ?
00:42:51 Parce que c'est d'abord un aveu d'échec, c'est mon sentiment.
00:42:55 Et donc on a aujourd'hui, je crois, encore d'autres pistes.
00:42:59 Christian Proutot, est-ce que vous êtes d'accord avec ça ? Est-ce que le fait d'instaurer l'état d'urgence serait un aveu d'échec ?
00:43:06 Pour ma part, je pense la même chose que lui. Je pense que c'est à ce moment-là un aveu d'échec.
00:43:12 Cela dit, ça donne des moyens au niveau d'un certain nombre de décisions gouvernementales
00:43:20 pour prendre des arrêtés où à ce moment-là, le Parlement est occulté.
00:43:25 Donc on régie par ordonnance, on prend des décisions rapides pour répondre à un événement.
00:43:33 Mais au niveau de l'ordre public, ça ne change pas le problème.
00:43:36 C'est-à-dire que l'ordre public, il doit être fait par les forces de police qui sont en place.
00:43:41 L'état d'urgence ne rajoute rien à ce dont nous avons besoin actuellement.
00:43:45 Alors il faut le faire ou il ne faut pas le faire selon vous ?
00:43:47 Moi, je pense que pour le moment, il ne faut pas le faire. Voilà, c'est mon point de vue.
00:43:51 Céline Pina ?
00:43:52 Ce que je trouve drôle, c'est tous ces gens qui ont peur d'avouer leur échec,
00:43:56 alors qu'en fait, toutes les images montrent qu'ils sont en situation d'échec.
00:44:00 Oui, l'échec est déjà là.
00:44:01 L'échec est là, la gradation dans la violence.
00:44:05 M. Lattre a très bien dit le fait d'attaquer.
00:44:08 Alors des attaques de commissariats, il y en a depuis le début des années 2000.
00:44:11 Les attaques de commissariats à Paris, c'est une grande nouveauté.
00:44:14 De la violence gratuite, il y en a depuis des années.
00:44:16 Que les petites villes et moyennes villes s'embrasent, c'est une nouveauté.
00:44:20 Donc ce qu'on voit, c'est en fait l'avancée de la violence,
00:44:24 la faiblesse de l'État pour y répondre,
00:44:27 son incapacité aujourd'hui à contrôler un certain nombre de territoires.
00:44:31 L'échec est pas tant.
00:44:33 La question de l'avouer ou de ne pas l'avouer, elle devient vraiment secondaire.
00:44:37 En revanche, ce que je trouve très juste, c'est que si l'état d'urgence ne permet pas,
00:44:42 parce que les policiers sont déjà à bout, parce qu'ils sont déjà hyper mobilisés,
00:44:46 parce que ça ne donne pas d'atouts supplémentaires, alors ça n'est pas utile.
00:44:49 Mais la question derrière, c'est aussi comment on juge les gens que l'on a interpellés.
00:44:58 Parce que si on en interpelle 875 et que, faute d'outils juridiques adaptés,
00:45:03 il y en a une vingtaine qui sont condamnés à des peines ridicules,
00:45:07 le moins qu'on puisse dire, c'est que ce type de situation les revérivera
00:45:11 de plus en plus souvent et à intervalles de plus en plus réduits.
00:45:14 Donc la réponse judiciaire, en l'occurrence, par rapport à ce que vous venez de dire,
00:45:19 ne sert à rien pour ceux qui ont déjà été arrêtés.
00:45:22 Non, mais ce que je veux dire, c'est est-ce que l'état d'urgence permet un renforcement
00:45:25 de la réponse judiciaire, puisqu'on nous dit très souvent que, faute de preuves,
00:45:30 faute d'un certain nombre d'éléments, les gens que l'on arrête sont tout le temps relâchés.
00:45:34 Donc la vraie question, c'est comment est-ce qu'on fait pour que,
00:45:37 lorsqu'on est arrêté, il n'y ait plus de sentiment d'immunité
00:45:39 et face à ce qu'on est en train de vivre, il y ait de vraies sanctions.
00:45:42 Mais là, après, ça c'est encore un autre sujet.
00:45:44 La preuve est d'une certitude que vous avez participé à la commission d'une infraction.
00:45:49 Ça, c'est pas l'état d'urgence qui permet ça.
00:45:51 Non, par exemple, si on vous arrête, par exemple, parce que vous êtes dehors,
00:45:57 à Clamart, où vous avez un couvre-feu, s'il ne se passe rien derrière,
00:46:01 comme d'ailleurs les trois quarts du temps, les couvre-feux aussi sont inutiles.
00:46:04 Donc la question, quand vous mettez en place un couvre-feu,
00:46:07 est-ce qu'il y a des sanctions derrière ?
00:46:09 Comme on a dit tout à l'heure, Reda Béla, que ce soit les couvre-feux ou l'état d'urgence,
00:46:13 faut-il après le faire respecter ?
00:46:15 Et c'est encore une autre histoire.
00:46:16 Le président de la République, tout à l'heure, a appelé à la responsabilité des parents.
00:46:20 Et c'est vrai que Noémie Schultz nous disait d'ailleurs que dans ces couvre-feux,
00:46:23 c'était aussi une façon d'inciter les parents à garder leurs enfants à la maison.
00:46:28 Faut-il aussi que les parents aient le pouvoir et l'action, finalement ?
00:46:32 Et qu'ils soient sanctionnés s'ils ne le font pas ?
00:46:34 Alors ça, c'est encore autre chose. Raphaël Stainville ?
00:46:36 Dans ce que nous vivons, les grands absents de la séquence, ce sont les parents.
00:46:42 Et notamment, je trouve de manière ahurissante, les pères.
00:46:46 Où sont les pères, mis à part un qui est venu rechercher son fils émeutier
00:46:50 pour le ramener par le collègue de sa voiture, on l'évoquait tout à l'heure.
00:46:55 Mais sinon, je pense que l'absence de la responsabilité, d'abord des parents,
00:47:00 qui aujourd'hui devraient être les premiers à interdire à leurs garçons de sortir dehors.
00:47:06 D'abord pour eux, s'ils les aiment absolument parce qu'ils prennent un risque,
00:47:10 et puis parce qu'ils prennent aussi le risque que leurs enfants se mêlent aux émeutiers
00:47:14 et participent au chaos ambiant.
00:47:16 On parlait de l'échec du gouvernement, c'est aussi l'échec des parents, effectivement.
00:47:20 Mais derrière ces recherches de responsabilité multiple,
00:47:25 c'est pour m'entender le président qui évoquait le rôle des réseaux sociaux,
00:47:30 le rôle des jeux vidéo, des plateformes,
00:47:35 et puis il en appelle aussi à la responsabilité des parents.
00:47:37 Moi, j'ai quand même l'impression que dans tout ce que l'on se raconte aujourd'hui,
00:47:41 dans les recherches de responsabilité, il y a quand même un absent,
00:47:44 qui est le poids de l'immigration dans ce qu'on est en train d'assister,
00:47:50 et la trivialisation de la société française.
00:47:52 Aujourd'hui, les bandes, lorsqu'elles vont dans la rue,
00:47:54 elles considèrent la police et les forces de l'ordre comme une autre bande,
00:47:57 une bande rivale.
00:47:58 Et là, on assiste à une tribalisation de la société française,
00:48:02 qui est particulièrement inquiétante,
00:48:04 et qui explose sous nos yeux aujourd'hui,
00:48:07 mais qui est latente depuis 40 ans.
00:48:09 Un dernier mot, Christian Protos, sur ce sujet ?
00:48:11 Effectivement, si on veut faire le constat maintenant,
00:48:14 il faut quand même dire qu'on est responsable de ce qui se passe dans les banlieues.
00:48:18 On n'a pas pris en compte un certain nombre de problématiques,
00:48:22 ne serait-ce que par rapport au vivre ensemble, puisqu'il faut parler de ça.
00:48:26 On a pu voir que ces émeutes ne se sont pas tenues que dans les banlieues.
00:48:29 Non, non, mais elles ne se sont pas tenues par les banlieues,
00:48:31 parce que justement, ils ont des véhicules qui se déplacent,
00:48:34 qui les volent, et qui se déplacent, je pense qu'on est d'accord,
00:48:37 ils se déplacent d'un point à un autre.
00:48:38 Ce n'est pas forcément des gens du coin qui sont venus piller.
00:48:42 Quand ils savent qu'il y a des policiers qui sont à tel endroit,
00:48:45 ils ne vont pas aller à cet endroit, ils vont ailleurs.
00:48:49 Donc il y a cette mobilité de ces équipes qui fait qu'effectivement,
00:48:53 il y en a dans certaines petites villes où il ne se passait rien,
00:48:57 qui tout d'un coup bougent, mais aussi il y en a qui viennent d'à côté
00:49:01 pour aller dans la ville d'à côté, parce que justement,
00:49:05 ils ont l'impression qu'ils sont plus tranquilles pour leur business.
00:49:08 Ce que je voulais dire, et c'est juste ce point-là,
00:49:10 c'est qu'on a abandonné les banlieues.
00:49:12 C'est mon leitmotiv. La police n'est plus dans certains quartiers.
00:49:18 Elle n'y est plus par faute de moyens et par décision politique.
00:49:22 Il y a 20 ans, ça fait 20 ans qu'il y a des quartiers
00:49:26 qui sont livrés à eux-mêmes. Bien sûr, derrière, il y a ceux qui rament,
00:49:30 il y a les maires, il y a les associations, mais ça ne suffit pas.
00:49:34 Derrière, il faut la présence de l'État.
00:49:36 Et si la présence de l'État n'est plus là, dès que ça pète,
00:49:39 on voit le résultat.
00:49:40 Allez, la pause en revient dans un instant pour la suite
00:49:42 de cette édition spéciale de 90 minutes info,
00:49:45 toujours en direct sur CNews. Restez avec nous, à tout de suite.
00:49:48 Mais...
00:49:51 Il est 16h30 sur CNews, merci de nous rejoindre
00:49:53 pour la suite de 90 minutes info, édition spéciale.
00:49:56 On poursuit nos discussions dans un instant,
00:49:58 juste après le rappel des principaux titres de l'actualité.
00:50:01 C'est avec Simon Guélin.
00:50:02 Face aux scènes de chaos observées ces derniers jours
00:50:08 sur le territoire, des moyens supplémentaires
00:50:10 vont être déployés par le ministère de l'Intérieur.
00:50:13 Une annonce faite par Emmanuel Macron à l'issue
00:50:15 du nouvel cellule de crise, l'état d'urgence n'a pour le moment
00:50:18 pas été instauré par le gouvernement.
00:50:20 Le chef de l'État appelle tous les parents à la responsabilité
00:50:23 et demande le retrait de certains contenus sur les réseaux sociaux.
00:50:26 Et face à ces émeutes, Gérald Darmanin demande au préfet
00:50:29 l'arrêt des bus et des tramways dans toute la France,
00:50:31 après 21h.
00:50:33 Une mesure prise pour la sécurité des agents, ainsi que des voyageurs.
00:50:36 Le ministre de l'Intérieur a également demandé la prise systématique
00:50:39 d'arrêté pour interdire la vente et le transport de mortiers
00:50:42 d'artifices ou de bidons d'essence.
00:50:44 Et puis les concerts de Milène Farmer, prévus vendredi et samedi,
00:50:47 sont annulés.
00:50:48 Il devait se tenir au Stade de France.
00:50:51 Une annulation de dernière minute pour permettre aux forces de l'ordre
00:50:54 de se déployer ailleurs pour faire face aux émeutes.
00:50:57 La crainte d'une quatrième nuit de violence,
00:51:01 après ces soirées marquées évidemment
00:51:04 par des vitrines brisées, par des commerces pillés.
00:51:08 Hier en fin de journée, un groupe de jeunes a accepté
00:51:11 de répondre aux questions de nos journalistes, des jeunes de Clamart,
00:51:14 qui expliquent en gros qu'ils ne veulent pas que cette situation dure,
00:51:17 mais que c'est entre les mains de l'exécutif.
00:51:19 On va les écouter, je voudrais votre réaction juste après.
00:51:22 On est venus juste pour régler une injustice
00:51:27 qui s'est passée pour Naël à Nanterre, il y a quelques jours.
00:51:30 Enfin, c'était avant-hier.
00:51:32 Un jeune de 17 ans qui se fait abattre comme ça, comme un chien.
00:51:35 Le gars, il n'avait rien demandé.
00:51:37 Certes, vous pouvez dire que des fautes de permis, il devait s'arrêter.
00:51:40 C'est vrai, mais toutes les conneries ne méritent pas qu'on se fasse abattre comme ça.
00:51:44 Ce que je sais, c'est que si le président, en tout cas,
00:51:47 tout ce qui concerne ceux qui dictent les lois,
00:51:50 ils mettent en place quelque chose, c'est le meilleur moyen
00:51:53 que tous les quartiers se calment.
00:51:56 C'est un bon commentaire, mais il faut s'arrêter de repartir comme en 2005.
00:51:59 Ce n'est pas ça l'objectif. L'objectif, ce ne serait pas de repartir comme en 2005.
00:52:02 - Exactement. - Où il y a des émeux qui...
00:52:04 - C'est des boulins de basse, ça doit être une leçon.
00:52:06 - Ça doit être une leçon, que ce soit pour tout le monde.
00:52:09 Donc pourquoi ça recommence en 2023 ?
00:52:11 - Raphaël Serville, on a l'impression que ces jeunes attendent un geste de l'État,
00:52:15 mais on a du mal à comprendre lequel, en fait.
00:52:17 - Moi aussi. - Et puis surtout, je pense que...
00:52:20 - Christian ? - Je ne suis pas persuadé qu'ils savent que...
00:52:24 - Ah oui, qu'eux non plus ne savent pas que c'est ça que vous dites, d'accord.
00:52:27 - Je crois que... Je suis désolé, je t'ai coupé.
00:52:30 Déjà, ils parlent sans le cagoule.
00:52:33 - C'est exactement ce que je voulais dire. On a des jeunes qui s'expriment à le visage découvert,
00:52:36 et donc c'est déjà le signe d'une certaine modération.
00:52:39 Alors après, dans l'expression de leurs attentes, ça reste flou,
00:52:43 mais que peut faire le chef de l'État ?
00:52:47 Honnêtement, je n'en sais rien dans les circonstances.
00:52:50 Je ne sais pas quelles sont les attentes de ces jeunes,
00:52:53 mais probablement qu'ils font partie des plus modérés qu'on a en présence.
00:52:58 Donc c'est là où la situation, en tout cas, est très inquiétante.
00:53:03 C'est de se dire que si ceux-là évoquent déjà 2005,
00:53:06 et si on n'a rien, ça sera 2005, on imagine que les...
00:53:11 - Mais on n'a pas envie de ça. - Les derniers d'entre eux...
00:53:13 - Ils disent quand même qu'on n'a pas envie de ça.
00:53:15 - Ils disent qu'ils n'ont pas envie, effectivement.
00:53:17 - Ils n'ont pas envie de ça, mais ils l'évoquent quand même en disant...
00:53:19 - En plus, vu leur âge, ils ne l'ont pas connu en 2005.
00:53:21 - C'est un marqueur, quand même.
00:53:23 - Oui, mais Christian, de toute façon, il faut clairement dire
00:53:27 que la majorité des jeunes qui manifestent et qui sont présents dans ces émeutes
00:53:31 n'ont évidemment pas connu 2005.
00:53:34 Alors on se pose évidemment la question de...
00:53:37 On aimerait comprendre ce que ces jeunes attendent,
00:53:39 surtout que le policier en question a été mis en examen, Christian Proto.
00:53:43 Donc qu'attend-il de plus ?
00:53:45 - Oui, et en plus, l'ordre...
00:53:47 - La main de la justice, elle est lourde.
00:53:50 - La justice, elle semble être en train de se faire, en tous les cas.
00:53:53 - Oui, elle est en train de se faire.
00:53:55 Et elle a été lourde, justement, par rapport, Noémie, tout à l'heure l'évoquait,
00:53:59 au problème de l'ordre public, parce qu'on sait très bien
00:54:01 qu'il y a ce que le parquet réclame, mais le parquet le fait aussi
00:54:05 par rapport à l'émotion qu'il peut y avoir.
00:54:07 Donc on considère que, pour ne pas que l'ordre public,
00:54:12 le trouble à l'ordre public créé par l'auteur,
00:54:16 soit un enchaînement pour le protéger lui-même
00:54:20 et protéger, éviter un embrasement,
00:54:23 cette mesure a été prise.
00:54:25 Elle ne prétend pas du tout que la justice, tout d'un coup,
00:54:29 décidera qu'il était coupable, mais c'est pour anticiper
00:54:33 sur ce qui pourrait se produire, dans la mesure où la certitude
00:54:37 d'un certain nombre de personnes est qu'effectivement,
00:54:41 il a commis une faute.
00:54:43 Ce n'est pas un jugement, mais il y a cette notion
00:54:45 de trouble à l'ordre public qui apparaît
00:54:47 dans les décisions de justice.
00:54:49 C'est important de le savoir.
00:54:51 - Céline Pina.
00:54:52 - En fait, il y a un narratif politique très fort aujourd'hui
00:54:54 qui est installé en France et qui dit, si vous êtes issu
00:54:57 d'une minorité, vous courez le risque d'être abattu
00:55:01 comme un chien par la police.
00:55:02 C'est un discours qui est tenu par l'extrême gauche,
00:55:04 mais qui est aussi validé par des gens qui sont censés,
00:55:08 par un candidat à la présidence de la République,
00:55:10 très souvent dans sa prise de parole, qui est M. Mélenchon,
00:55:13 par d'autres acteurs de LFI, de LV.
00:55:15 On a eu Marine Tondelier qui a fait des sorties sur Twitter
00:55:18 particulièrement remarquables au sens négatif du terme.
00:55:21 Donc, vous avez un narratif qui s'est installé
00:55:24 et ces jeunes y baignent là-dedans.
00:55:27 Ils ne sont pas forcément plus radicaux que ça,
00:55:29 mais ils n'ont pas réfléchi eux-mêmes et donc,
00:55:31 ils prennent un pré-apporté de la pensée actuelle
00:55:35 qui est, à cause de notre couleur de peau,
00:55:38 nous sommes persécutés et qui en appelle à la justice
00:55:42 parce que pour eux, si le jeune a été abattu comme un chien,
00:55:45 c'est parce qu'il n'était pas blanc.
00:55:47 Donc, ils sont dans cette logique-là et dans cette logique-là,
00:55:50 ils demandent en fait à la société de reconnaître ce qu'elle n'est pas.
00:55:56 C'est-à-dire que la mise en accusation qu'il y a derrière,
00:55:59 elle s'écroule d'elle-même.
00:56:01 Imaginez donc que les parents de Lola
00:56:03 ou que l'entourage de la petite Lola,
00:56:05 qui est morte, tuée par une personne qui était d'origine algérienne,
00:56:09 en est appelé à la vengeance contre tous les Algériens.
00:56:12 On aurait jugé ça complètement délirant et stupide.
00:56:15 Et bien là, de la même manière,
00:56:16 ce qui est en train de se passer est délirant et stupide
00:56:19 et ne peut justifier en aucun cas toute la violence
00:56:22 et toutes les destructions.
00:56:24 Mais ces jeunes, ils ne font que répéter probablement
00:56:28 ce qu'on dit dans le quartier
00:56:29 et ce qu'ils entendent dire par des adultes et par des politiques.
00:56:32 Le policier qui a tiré sur Naël a demandé pardon à la femme et du jeune homme.
00:56:35 Hier, il a été mis en examen pour homicide volontaire.
00:56:38 Noémie Schultz, le point sur le volet judiciaire de cette affaire,
00:56:42 le policier a passé la nuit à la prison de la Santé.
00:56:45 Oui, car il a été placé en détention provisoire,
00:56:47 ce qui est assez rare dans ces affaires de légitime défense,
00:56:51 ce qui suscite parfois l'incompréhension
00:56:54 quand une personne a trouvé la mort.
00:56:56 Et là, effectivement, en l'état,
00:56:58 le juge des libertés et de la détention,
00:57:00 comme l'avait demandé le parquet,
00:57:02 a décidé de placer cet homme en détention provisoire.
00:57:05 Alors, il a été envoyé à la prison de la Santé,
00:57:08 où il fait l'objet d'une surveillance particulière.
00:57:10 Bien sûr, il est dans un quartier des personnes vulnérables.
00:57:13 On va s'assurer qu'il ne peut pas être pris à partie
00:57:16 par les autres détenus,
00:57:17 mais on va aussi s'assurer qu'il ne puisse pas s'en prendre à lui-même.
00:57:20 Vous savez, le risque suicidaire est toujours assez important
00:57:22 quand on est incarcéré.
00:57:24 Cet homme qui a présenté ses excuses,
00:57:26 vous l'avez dit plusieurs fois durant la garde à vue,
00:57:29 c'est un maintien qu'il a tiré
00:57:30 parce qu'il n'avait pas d'autre solution.
00:57:33 Il pensait que c'était nécessaire.
00:57:35 Il indique qu'il a eu peur pour sa vie,
00:57:37 pour la vie de son collègue.
00:57:39 Ils étaient entre la voiture et un mur.
00:57:42 Cette voiture, il l'avait vue commettre des infractions,
00:57:45 notamment brûler un feu rouge,
00:57:47 passer à proximité d'un cycliste.
00:57:50 Ils ont cru qu'ils allaient renverser ce cycliste.
00:57:52 Donc, il a semblé à ce policier.
00:57:54 C'est en tout cas ce qu'il a expliqué pendant sa garde à vue,
00:57:57 que la solution était de tirer à ce moment-là.
00:58:00 Pour le parquet de Nanterre,
00:58:02 les conditions légales d'usage de l'arme par le policier
00:58:05 ne sont pas réunies.
00:58:07 Ce qui explique cette mise en examen pour homicide volontaire,
00:58:11 ce placement en détention provisoire.
00:58:13 L'avocat de ce policier a fait savoir
00:58:15 qu'il faisait appel de ce placement en détention provisoire.
00:58:19 Mais on le sait qu'une des raisons
00:58:20 qui a motivé cette incarcération,
00:58:22 c'est le risque de trouble à l'ordre public.
00:58:24 Alors, on l'a vu, vous allez me dire,
00:58:26 il n'a pas suffi à apaiser les choses.
00:58:28 On peut imaginer peut-être ce qui se serait passé
00:58:30 s'il n'avait pas été incarcéré, ce policier.
00:58:32 Et donc, en tout état de cause, on peut imaginer
00:58:34 que ce n'est pas tout de suite qu'il sera remis en liberté.
00:58:38 C'est ce que disait Christian tout à l'heure.
00:58:40 On peut imaginer que le juge a tenu compte
00:58:42 de l'émotion suscitée par...
00:58:43 En fait, ça fait partie, en matière criminelle,
00:58:45 vous savez que pour justifier une détention provisoire,
00:58:48 qui n'est pas la règle,
00:58:49 tant que normalement vous n'êtes pas condamné,
00:58:51 vous êtes présumé innocent,
00:58:52 et donc normalement vous devez rester libre.
00:58:54 Il y a énormément de critères qui peuvent justifier
00:58:56 le placement en détention provisoire.
00:58:58 Ça peut être le risque de fuite,
00:58:59 le risque de concertation avec d'autres prévenus,
00:59:01 le risque de corruption de témoins,
00:59:03 et effectivement, ce risque de trouble à l'ordre public
00:59:06 qui, en l'état, est réel.
00:59:08 On voit l'émotion suscitée par la mort de Nahel.
00:59:10 S'il n'y avait pas eu cette réponse judiciaire-là,
00:59:13 sans doute qu'il y aurait eu encore plus de colère.
00:59:15 Ça ne veut pas dire que ce policier va rester incarcéré
00:59:18 jusqu'au procès, si il y a un procès à terme,
00:59:21 si l'enquête démontre qu'effectivement
00:59:23 il n'a pas fait un usage proportionné
00:59:25 de ce tir d'arme à feu.
00:59:29 On peut imaginer que dans quelques semaines
00:59:31 ou dans quelques mois, il retrouve la liberté,
00:59:33 qu'il soit passé sous contrôle judiciaire.
00:59:34 Mais là, en l'état actuel,
00:59:36 vu le climat de tension,
00:59:38 il est probable que ce ne soit pas tout de suite
00:59:40 que son avocat obtienne une remise en liberté.
00:59:43 Merci beaucoup Noémie Schultz.
00:59:44 La pause, et on revient dans un instant
00:59:46 pour la dernière partie de 90 minutes Info sur CNews.
00:59:52 Dernière partie de 90 minutes Info en direct
00:59:54 sur CNews, édition spéciale après cette
00:59:57 troisième nuit d'émeute et de violence en France.
01:00:01 Faisant suite, bien sûr, à la mort de ce jeune Naël,
01:00:05 tué mardi après un refus d'obtempérer.
01:00:08 Et on imagine aussi, évidemment,
01:00:10 la crainte d'une quatrième nuit de violence.
01:00:13 Reda Bellage du syndicat de police unité SGP,
01:00:16 vous avez des informations,
01:00:18 comme quoi des violences seraient déjà
01:00:20 en train d'éclater.
01:00:22 Il est 16h45, notamment dans le 93.
01:00:25 Oui, en Seine-Saint-Denis,
01:00:27 département le plus criminogène de France.
01:00:29 On m'a annoncé, en effet, une attaque actuellement
01:00:32 du centre commercial Rony 2,
01:00:35 où on a détruit un véhicule de police.
01:00:42 On voit sur les images, dès que vous les aurez,
01:00:44 que les individus montent à plusieurs sur les véhicules.
01:00:46 Donc, comme je le disais tout à l'heure,
01:00:48 il n'y a pas vraiment de règles, tout simplement.
01:00:50 On imagine également la crainte, pour vous et vos collègues,
01:00:53 d'une quatrième nuit de violence.
01:00:55 Oui, ça a été très compliqué,
01:00:57 notamment en plus des autres départements
01:00:59 d'Île-de-France et de France.
01:01:01 En Seine-Saint-Denis, on a eu beaucoup d'attaques
01:01:04 de commissariats hier soir.
01:01:06 Et puis là, comme on le verra sur les images,
01:01:09 si on reçoit rapidement via les réseaux sociaux,
01:01:12 qu'il n'y a plus du tout de règles.
01:01:16 On s'attaque directement à un commissariat
01:01:18 et on a des craintes, parce que si ça démarre déjà à 16h,
01:01:21 qu'est-ce que ça va être à 23h ?
01:01:23 À 23h, effectivement.
01:01:24 Alors là, vous voyez sur ces images,
01:01:26 des images d'une autre attaque la nuit dernière
01:01:29 à Saint-Herblain, près de Nantes.
01:01:31 Une célèbre enseigne de Hardiskount a été prise d'assaut
01:01:34 par des émeutiers.
01:01:35 Ils ont utilisé, vous avez pu le voir,
01:01:37 une voiture bélier pour détruire l'entrée du magasin
01:01:40 et ensuite se servir.
01:01:42 On va revenir justement sur cette soirée de violence
01:01:45 à Nantes et dans l'agglomération nantaise
01:01:47 avec ce sujet de Mickaël Chahou et de Jean-Michel Decaze.
01:01:51 À l'aube, c'est l'image la plus frappante à Nantes.
01:01:55 La voiture bélier est encore coincée dans l'entrée du magasin.
01:01:58 Le commerce restera fermé aujourd'hui.
01:02:00 Quelques rues plus loin, le bureau de poste fume encore.
01:02:03 Les habitants du quartier se réveillent en colère.
01:02:06 Ils sont complètement malades.
01:02:07 Qui est-ce qui va payer les dégâts ?
01:02:09 C'est leurs parents, de toute façon.
01:02:11 Donc, c'est nous, c'est leurs parents.
01:02:13 La mairie de Nantes-Nord et de nombreux véhicules
01:02:16 ont aussi été incendiés.
01:02:17 La voiture de Renan a échappé aux flammes.
01:02:19 Hier soir, ils étaient, je ne sais pas,
01:02:21 ils étaient 40, 50 dans la rue
01:02:24 à faire péter des pétards, à brûler la voiture.
01:02:29 C'est des sauvages.
01:02:31 On ne peut pas discuter.
01:02:32 Non, je ne vais même pas essayer.
01:02:34 Dans les rues, l'heure est au grand nettoyage.
01:02:36 On croise la maire de Nantes, Joanna Roland,
01:02:38 venue saluer les agents de la ville et les habitants.
01:02:40 Devant l'école toute proche,
01:02:42 les parents qui veulent rester anonymes
01:02:44 ont des propos très durs sur les émeutiers de la nuit.
01:02:46 Il n'y a pas d'idéologie derrière.
01:02:48 C'est juste des jeunes qui sont désœuvrés,
01:02:49 qui ont envie de casser, en fait,
01:02:50 qui veulent s'amuser avec la police, les pompiers
01:02:52 et qu'attendent que ça.
01:02:53 Mais il n'y a pas de...
01:02:54 Non, non, je pense que ça n'a rien à voir avec Naël.
01:02:55 Il n'y a rien de tout ça.
01:02:56 La plupart des jeunes qui sont ici,
01:02:57 ce n'est pas des jeunes qui habitent ici.
01:02:59 C'est des jeunes qui habitent plus loin.
01:03:00 Ce n'est pas des gens qu'on voit habiter ici.
01:03:02 Ils viennent ici pour leur trafic,
01:03:03 ils viennent ici pour foutre le bordel et c'est tout.
01:03:05 On ne va pas faire ça en bas de chez eux.
01:03:06 Les appels au calme,
01:03:07 les habitants rencontrés y croient peu.
01:03:09 Tous redoutent l'impasse.
01:03:10 Ne voyons pas comment nouer le dialogue
01:03:12 avec ces jeunes émeutiers.
01:03:14 Voilà, tous redoutent l'impasse.
01:03:16 À quelques heures, on espère évidemment l'éviter,
01:03:20 mais d'une quatrième nuit de violence
01:03:21 qui ne touche pas seulement, on l'a compris,
01:03:23 l'île de France, mais également d'autres régions françaises.
01:03:26 Raphaël Stainville.
01:03:27 Vous imaginez dans quel état d'esprit on est ?
01:03:30 On est en droit d'espérer
01:03:32 qu'à mesure que tous les commerces
01:03:34 auront été pillés, sauvagés,
01:03:36 que la pluie aura été brûlée,
01:03:38 peut-être que le mouvement cessera
01:03:39 parce que les pillards n'auront plus rien
01:03:42 à se mettre sous les dents.
01:03:43 Mais en fait, on en est là.
01:03:44 On voit que l'abandon dans lequel
01:03:47 sont un certain nombre de quartiers, de villes,
01:03:50 sans moyens, avec des forces de l'ordre
01:03:52 qui sont épuisées et sous une pression en plus totale,
01:03:56 c'est-à-dire qu'ils n'ont pas le droit
01:03:58 aux moindres faux pas,
01:04:00 sans que ce soit dramatique pour eux.
01:04:03 Donc honnêtement, aujourd'hui,
01:04:05 on est dans une situation intenable
01:04:07 où on ne peut qu'en se remettre quasiment à la prière
01:04:12 pour espérer que la nuit passe sans...
01:04:15 Red Abelha, c'est intéressant aussi
01:04:16 ce que dit Raphaël Stainville
01:04:17 sur effectivement la crainte du moindre faux pas.
01:04:20 C'est-à-dire, on parlait beaucoup des moyens humains
01:04:22 qui sont mis en place,
01:04:23 des effectifs de police,
01:04:24 et aussi les moyens que vous avez
01:04:26 sur le terrain finalement pour agir.
01:04:28 Et qui sont quand même relativement limités finalement.
01:04:31 Oui, ils sont limités.
01:04:32 Et puis, on a constaté hier,
01:04:34 puisqu'il y a eu beaucoup de dégradations,
01:04:36 beaucoup de violences,
01:04:37 il y a eu un grand nombre d'interpellations.
01:04:39 Mais là où ça va être très très important,
01:04:41 et ça c'est notre combat de tous les jours,
01:04:43 et c'est le constat,
01:04:44 et c'est les remontées du terrain,
01:04:45 c'est la réponse pénale.
01:04:47 C'est ça qui va faire peut-être toute la différence.
01:04:49 Ce que nous disait Céline Pinard tout à l'heure.
01:04:51 Et la réactivité surtout,
01:04:52 parce que vous avez réponse pénale avec convocation,
01:04:54 et vous avez réponse pénale avec mandat de dépôt.
01:04:57 Parce que si les jeunes,
01:04:58 ils se rendent compte qu'on peut attaquer en toute impunité,
01:05:03 comme on l'a vu avec l'exemple de Rony Souba de tout à l'heure,
01:05:05 on voit que là c'est vraiment beaucoup de mineurs.
01:05:09 Et on voit même des filles,
01:05:11 des jeunes filles,
01:05:12 qui participent,
01:05:13 qui rigolent,
01:05:14 qui font des vidéos.
01:05:15 Il n'y a pas une prise de conscience.
01:05:17 Quoi qu'il arrive, la réponse pénale,
01:05:18 elle ne sera pas instantanée,
01:05:19 elle n'aura pas forcément d'influence sur les nuits prochaines.
01:05:23 Ah si, quand même, excusez-moi.
01:05:25 Je suis obligé de vous le dire,
01:05:27 et de prendre l'exemple des manifestations,
01:05:29 enfin pas de manifestations, pardon,
01:05:30 des rassemblements pendant les manifestations,
01:05:33 des rassemblements sauvages pendant les manifestations.
01:05:36 Il y a un jour, on a eu 200 interpellations,
01:05:38 et il y a eu zéro déferlement,
01:05:40 il y a eu zéro poursuite.
01:05:41 Donc là, vous vous rendez compte que…
01:05:43 Le message envoyé, évidemment.
01:05:44 Si jamais vous en avez…
01:05:46 Enfin, on ne peut pas préjuger,
01:05:48 on va savoir sûrement dans la journée,
01:05:49 mais ça va être très important.
01:05:51 Il y a un message qui va être envoyé aux délinquants,
01:05:53 et il y a un message qui va être envoyé aux forces de l'ordre.
01:05:56 Céline Pina ?
01:05:57 Ce que ça veut dire,
01:05:58 s'il n'y a pas de réponse pénale adaptée,
01:06:00 c'est qu'il suffit d'être à 50,
01:06:02 de s'organiser,
01:06:03 et vous pouvez piller le centre commercial que vous voulez,
01:06:05 parce que vous arrivez à 50,
01:06:07 personne ne peut vous arrêter.
01:06:08 Ni les vigiles,
01:06:09 ni les gens qui sont sur place,
01:06:10 ils sont terrorisés.
01:06:11 Vous pouvez faire un maximum de dégâts,
01:06:13 vous repartez comme des sauterelles,
01:06:15 et ensuite, il ne se passe rien derrière.
01:06:17 Si ce processus se met en place,
01:06:21 on peut vous garantir,
01:06:22 étant donné l'état d'esprit aujourd'hui
01:06:24 et le nombre de personnes,
01:06:25 que ça se reproduira.
01:06:26 Donc, il faut vraiment réfléchir à la réponse pénale,
01:06:29 d'autant que derrière,
01:06:31 il y a des gens qui n'ont absolument pas envie de calmer le jeu,
01:06:34 et que ce que dit ce monsieur est assez juste,
01:06:37 c'est-à-dire que la plupart de ces jeunes
01:06:39 sont incapables de tenir un raisonnement politique construit et cohérent.
01:06:43 Mais en revanche,
01:06:44 comme chair à canon de ceux qui, en revanche,
01:06:46 eux, ont des objectifs politiques construits,
01:06:48 cohérents et de déstabilisation,
01:06:51 ils font parfaitement l'affaire.
01:06:53 - Raphaël Stainville, un dernier mot.
01:06:54 - Oui, un dernier mot.
01:06:55 D'abord, je pense que cette réponse pénale,
01:06:58 elle est absolument nécessaire,
01:06:59 et en même temps, ce qu'on ne réalise pas peut-être suffisamment,
01:07:01 c'est que pour ces jeunes,
01:07:02 la réponse pénale,
01:07:04 si jamais elle allait jusqu'à son terme,
01:07:06 avec pour certains,
01:07:07 un mandat de dépôt,
01:07:08 la prison,
01:07:09 c'est une légion d'honneur pour eux.
01:07:10 C'est leur premier galon dans l'échelle du caïda.
01:07:17 Donc, c'est là que ça devient problématique,
01:07:19 et si on ne comprend pas ce changement de société
01:07:22 auquel on a affaire,
01:07:23 on peut s'en remettre à la police un jour,
01:07:26 à la justice le lendemain,
01:07:28 mais il y a quand même, malgré tout,
01:07:29 un changement de population,
01:07:31 avec des mœurs,
01:07:32 une culture différente,
01:07:34 où finalement,
01:07:36 la prison n'est même plus une sorte de repoussoir,
01:07:39 et ça, je pense qu'on ne le prend pas suffisamment en compte.
01:07:43 - On va revenir dans un très, très court instant
01:07:44 pour la fin de notre émission,
01:07:46 et avant l'arrivée de Thierry Cabane pour Punchline.
01:07:49 Restez avec nous sur CNews,
01:07:50 toujours en compagnie de Raphaël Stainville,
01:07:52 Céline Pinard, Réda Bélage et Christian Proto.
01:07:55 A tout de suite.
01:07:56 de suite.