Lundi 10 juillet 2023, SMART JOB reçoit Eric Gras (Directeur de l'expertise emploi, Indeed)
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00:11 -Bien dans son job, on parle des jeunes.
00:14 On parle beaucoup de ces jeunes, on les esculte,
00:16 on les rentre dans leur cerveau pour savoir ce qui se passe.
00:20 Ces jeunes entrent dans l'entreprise.
00:22 On en parle avec Eric Graa. Bonjour.
00:24 Vous êtes Head of Talent Intelligence chez Indeed,
00:27 vous êtes l'ambassadeur de cette entreprise,
00:30 avec une étude sous le bras qui est sortie récemment,
00:33 juin, début juin.
00:35 D'abord, l'esprit de l'étude, c'était quoi ?
00:38 C'était d'abord une photo de l'état d'esprit des jeunes
00:41 quand ils entrent en entreprise. C'était ça, l'idée.
00:44 -C'est d'aller au-delà de la data.
00:46 On collecte énormément de données.
00:48 La donnée ne montre pas tout.
00:50 C'était de prendre le pouls du comportement des jeunes
00:53 face à l'emploi, face à l'entreprise.
00:55 Rapport de la génération Z au travail.
00:57 Sondage réalisé, il faut le préciser,
01:00 avec Opinion Way.
01:01 65 % des salariés français considèrent
01:03 que les plus jeunes et ceux qui arrivent
01:05 sur le marché de l'emploi ont trop d'exigences.
01:08 C'est parfois dit à mot feutré, mais on l'entend souvent.
01:11 On sent une hésitation chez l'ERH, mais ça ressort.
01:14 Ca veut dire quoi, "trop d'exigences" ?
01:17 -En fait, je pense que c'est un sentiment un peu de jalousie.
01:20 En fait, comme le marché de l'emploi.
01:22 -Carrément. -Oui, en fait, honnêtement,
01:25 on est passé, je le dis, je répète tout le temps,
01:27 de la marché de sélection à la de séduction,
01:30 et donc toute la génération, qui est la nôtre,
01:33 n'a pas vécu ce rapport au travail.
01:35 On a toujours été dans un rapport un peu de faiblesse,
01:38 nous, en tant que candidats, ou même que salariés.
01:41 -On subissait. -On subissait.
01:43 Aujourd'hui, les jeunes sont plus dans un rapport de force.
01:46 Quand je parle de jalousie, ils font ce qu'on aurait aimé faire.
01:49 Les jeunes d'aujourd'hui sont plus exigeants,
01:52 plus intransigeants que nous, parce qu'on était plus maniables.
01:56 -Il y a un peu le verre à moitié vide, à moitié plein.
01:59 Il y a plein de chiffres passionnants.
02:01 Commençons par les critiques, le volet jalousie.
02:04 Ils trouvent que, 51 %, quand même,
02:06 sur les 1 200 personnes interrogées,
02:08 ils estiment qu'ils manquent de respect envers leur entreprise.
02:12 C'est très intéressant.
02:13 56 % les trouvent paresseux,
02:15 et 61 % pensent qu'ils ont trop confiance en eux.
02:18 Ils ont trop la confiance, comme disent les jeunes.
02:21 Ca dit quelque chose du rapport
02:23 qu'entretiennent les plus anciens sur cette jeunesse ?
02:26 -Oui. Quand je disais qu'ils sont plus intransigeants,
02:30 les jeunes d'aujourd'hui sont beaucoup plus motivés,
02:33 mais veulent un job passionnant, où on les respecte,
02:36 et où il y a un équilibre vie pro, vie perso.
02:39 -Ca se tient. Mais ils sont paresseux.
02:41 -C'est un choc des générations.
02:43 Quand on analyse ces chiffres, et si on le fait sur d'autres générations,
02:47 les plus de 30 ans et les plus de 45 ans,
02:50 on voit que les gens ont plus envie d'être corvéables à Merci,
02:53 donc on a envie d'avoir un certain équilibre.
02:56 On le voit dans le monde d'hôtellerie,
02:58 les gens ont plus envie de travailler tous les week-ends.
03:01 Ca veut pas dire ne plus travailler le week-end.
03:04 Ca veut pas dire être paresseux, mais trouver un juste équilibre.
03:08 -D'un mot, en en parlant en off, en l'occurrence,
03:11 hors plateau télé, avec des décideurs, des dirigeants,
03:14 il y a un débat de soft skills, de posture, d'attitude.
03:18 On peut dire qu'il manque de respect envers leurs collègues,
03:21 même pas à l'égard de leur manager,
03:23 c'est-à-dire on garde les oreillettes,
03:26 on parle tout en scrollant,
03:27 qui sont des attitudes basiques de respect du vivre ensemble.
03:31 Vrai ou pas ? Ou est-ce qu'on est dans une sorte de distorsion
03:34 liée à un choc de génération ? -On est plus lié
03:37 à un choc de génération. Je me souviens,
03:39 d'un de mes anciens patrons qui m'avait dit
03:42 avoir recruté son nouveau daf,
03:43 qui avait un rapport au travail différent.
03:46 Il avait des codes différents.
03:48 En tant que patron, il devait être le premier arrivé,
03:51 le dernier parti, et ce nouveau daf n'avait pas le même rapport
03:55 au travail. Lui, il voulait amener ses enfants à l'école,
03:58 aller les chercher le soir,
04:00 mais il ne faisait pas 10 000 pauses,
04:02 il ne prenait pas une heure et demie pour manger,
04:05 il était dans l'efficacité.
04:06 Beaucoup de jeunes travaillent avec la musique dans les oreilles,
04:10 c'est pas pour autant qu'ils sont moins efficaces.
04:13 Il faut aller un peu au-delà de cette perception
04:16 et pas être dans le choc des générations
04:18 et plutôt dans l'apport des deux.
04:20 Et pas tout de suite dire que c'est un manque de respect.
04:25 -La photo d'Indyte est assez intéressante,
04:28 elle met les pieds dans le plat, cette photographie.
04:31 Il faut ensuite adresser des propositions
04:33 à vos clients, aux RH, ceux qui nous regardent.
04:36 Qu'est-ce qu'ils font ?
04:38 Au-delà du choc, si quelqu'un vient
04:40 qui n'a pas la bonne attitude, qui n'a pas le bon ton,
04:43 même s'il a les compétences,
04:45 j'hésite à le recruter.
04:46 -Je prends toujours l'exemple des entreprises en B2C.
04:49 Pour s'adresser à ses clients, il faut connaître ses clients.
04:53 Une entreprise qui fonctionne connaît ses clients
04:55 et elle adapte ses produits, ses services à sa clientèle.
04:59 C'est la même chose avec les candidats et les collaborateurs.
05:02 Ils sont divers, des gens viennent de différents horizons,
05:06 donc il y a aussi différentes catégories d'âge.
05:08 Pour bien les adresser, il faut bien les connaître
05:11 pour mieux les comprendre.
05:13 -Il y a un débat sur les réseaux sociaux.
05:15 On l'a traité dans "Smart et Réglo",
05:17 sur cette relation réseaux sociaux,
05:20 ambassadeurs non reconnus.
05:22 Ca aussi, c'est quelque chose qui révolutionne l'entreprise.
05:26 Ces jeunes apportent ça dans l'entreprise.
05:28 On parle de l'entreprise sans tabou.
05:30 Danger ou pas ?
05:32 -Alors, danger si on le gère pas.
05:35 -Bah oui. -Et si on le subit.
05:37 Ils peuvent en parler dans les deux sens.
05:39 Quand ils sont contents, ça peut être de superbes ambassadeurs,
05:43 sans qu'on ait besoin de leur demander,
05:45 ils vont relayer dans leur entourage,
05:47 sur leurs réseaux sociaux, leur fierté de travailler
05:50 pour une entreprise d'un secteur d'activité.
05:53 Mais à l'inverse, s'il y a une déception,
05:56 un manque de respect, on parle aussi du partage de valeurs,
06:00 notamment, ils feront aussi la même chose,
06:03 à en parler, notamment sur les pages d'entreprise,
06:05 à travers les notes et les avis.
06:07 Ca va détériorer l'image de marque.
06:09 -Pour boucler, vous nous dites que notre génération
06:13 va réussir à dire d'une manière asymétrique
06:15 la relation au travail et est en train de s'opérer
06:18 avec cette génération, parce que le marché du travail est vif,
06:21 une inversion, c'est-à-dire que c'est plus le recruteur
06:24 qui a la main, mais celui qui va être recruté.
06:27 -C'est ça, c'est une génération plus exigeante,
06:30 mais aussi plus engagée, et donc, elle choisit ses combats,
06:33 son entreprise, son secteur d'activité.
06:36 Faut pas lui vendre du rêve.
06:37 On voit dans cette étude aussi le taux de démission,
06:41 du rage-quitting, du conscience-quitting.
06:43 -Rage-quitting, c'est quoi ?
06:45 J'envoie plein de CV pour me barrer de la boîte ?
06:48 -Le rage-quitting, c'est démissionner du jour au lendemain.
06:51 Quand on voit le chiffre que sur les jeunes,
06:54 on se dit que c'est énorme, mais il n'est pas très loin.
06:57 -Je vois mon RH et je m'en vais.
06:59 -Voilà. Vraiment, là, on me manque de respect,
07:02 on me traite mal, etc., donc, comme j'ai le choix,
07:04 je suis sur un marché dynamique, je regarde d'ailleurs,
07:08 je suis en veille, donc je pars du jour au lendemain.
07:11 Le "ply quitting", c'est des termes anglo-saxons,
07:13 mais c'est postuler en masse. -C'est celui-là.
07:16 -Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui,
07:19 plus de 80 % des candidatures ne reçoivent jamais de réponse.
07:22 Mécaniquement, les candidats postulent en masse
07:25 pour augmenter leur chance d'avoir des réponses.
07:28 -Avant de nous quitter, comment on les garde ?
07:30 Avec cette photographie, c'est une vraie révolution
07:33 dans la relation au travail. Comment on les engage,
07:36 mais surtout, comment un RH se dit "comment je garde cette pépite ?
07:40 -Il faut plus parler d'engagement que de garder les gens...
07:43 Le mot "rétention" me gêne,
07:45 parce que leur rapport au travail est différent.
07:47 Il y a beaucoup de RH et de patrons qui me disent
07:50 "je ne comprends pas, au bout de 5 ans, ils s'en vont,
07:53 "avant, on restait 10-15 ans dans mon entreprise."
07:56 Il vaut mieux avoir quelqu'un qui fasse 5 ans à fond impliqué
08:00 que quelqu'un qui reste par le haut.
08:02 Et là, c'est le "silent quitting",
08:04 donc des gens qui sont là sans être là.
08:06 -Donc, j'avais le "quiet quitting" pour terminer.
08:09 -C'est plutôt l'engagement qu'il faut travailler.
08:12 Et il y a des étapes dans la vie.
08:14 Plus on est jeune, plus on a envie d'apprendre.
08:17 Parfois, on va faire des sauts de puces
08:19 pour apprendre de plusieurs entreprises
08:21 et plusieurs secteurs d'activité.
08:24 -Pour upgrader ses compétences,
08:25 afin d'utiliser un dernier mot anglais,
08:28 on est complet. Merci, Eric Grade,
08:30 d'être venu nous éclairer.
08:32 Étude passionnante réalisée par Indeed,
08:34 près de 2 000 personnes interrogées.
08:36 Merci d'être venu nous rendre visite.
08:39 C'était Eric Grade,
08:40 d'Indeed et Head of Talent Intelligence.
08:42 On aurait été très complets sur les mots en anglais.
08:45 Merci, Eric. On tourne notre une page
08:48 et on se tourne vers Smart et Reglo,
08:50 parce que c'est intéressant de s'intéresser
08:53 à des outils peu médiatisés.