Transmission : Paola Locatelli rencontre un réfugié irakien.
@paolalct échange avec Kali, un réfugié irakien qui a dû fuir son pays après les horreurs qu’il a subi, accusé de propagande car il accueillait des personnes LGBTQIA+ dans son salon de coiffure.
Il est venu transmettre son histoire, son passé lourd, les sévices dont lui et sa famille ont été victimes, la fuite de l’Irak dans des conditions terribles et son combat aujourd’hui pour aider les réfugiés en France.
Un échange vif et émouvant.
Nous tenons à remercier l’association Utopia 56 qui nous a permis de pouvoir réaliser cette vidéo.
Doublage : @barbie18.wav
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Il est venu transmettre son histoire, son passé lourd, les sévices dont lui et sa famille ont été victimes, la fuite de l’Irak dans des conditions terribles et son combat aujourd’hui pour aider les réfugiés en France.
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AmusantTranscription
00:00 Mes deux neveux ont été tués.
00:02 Je ne vais pas en parler en détail de mon neveu, de ce qui lui est arrivé, de son état.
00:07 Mais ma nièce l'a retrouvée décapitée, sans tête, et elle avait 15 ans.
00:13 Bonjour Kali.
00:14 Bonjour.
00:15 Moi c'est Faoula.
00:16 Je suis Kali.
00:17 Enchantée.
00:18 Je suis ravi d'être avec toi aujourd'hui.
00:20 De ce que je connais de ton histoire, tu es un réfugié irakien.
00:23 Quelle a été ta vie avant en Irak ? Qu'est-ce que tu faisais en Irak ?
00:27 Quand j'ai commencé ma vie professionnelle, j'étais très content.
00:33 Je voulais devenir célèbre parce que mon frère était très connu dans le domaine des coiffeurs de femmes.
00:38 Son travail était presque parfait.
00:42 Il travaillait dans le salon numéro 1 de Bagdad.
00:46 Par la suite, quand nous avons eu les moyens, nous avons décidé d'ouvrir un salon à nous, mon frère et moi.
00:53 Comment tu es passé de "j'ai un salon, tout va bien, j'ai beaucoup de clients, je travaille très bien" à "je dois suivre mon pays" ?
01:02 La réponse est très simple.
01:05 La cause qui oblige une personne à quitter son pays, c'est la multitude des milices.
01:11 Si les milices se multiplient dans un pays, on perd notre liberté.
01:16 C'est ainsi que j'ai perdu ma liberté, à cause des milices.
01:20 Si les milices entrent dans un pays, elles le transforment d'un pays beau et majestueux en une jungle.
01:30 Une chose qui dévore une autre.
01:34 Il y a beaucoup de conflits qui ont lieu dans ce milieu.
01:38 Les milices, selon la définition européenne, sont la mafia, mais au nom de l'islam.
01:44 On peut les définir comme les mafias islamistes.
01:48 Ce sont les milices qui parlent au nom de la religion, mais qui n'appliquent pas les lois de la religion.
01:56 Ils n'ont aucune relation avec la religion.
02:00 C'est un groupe assoiffé de sang, assoiffé de chair humaine, assoiffé d'attaquer tout être humain.
02:09 Au début, on dit que l'Irak était divisé en trois classes, avant l'an 2003.
02:18 Avant 2003, la situation en Irak était difficile, mais mieux que maintenant.
02:25 A l'entrée des Américains en Irak, les trois classes sont devenues deux.
02:30 Je peux te montrer des photos des classes qui existent en Irak.
02:37 S'il vous plaît, les photos.
02:39 Voici une des classes qui existe en Irak.
02:42 Voici les enfants de l'Irak.
02:44 Ce n'est pas la majorité, mais c'est une des classes.
02:46 Et voici les femmes de l'Irak.
02:48 Elles couillent dans les poubelles pour trouver de quoi manger.
02:54 Et quand le peuple sort manifester pour réclamer la liberté, voici ce qu'il attend.
03:02 Et on nous demande, pourquoi quittez-vous votre pays ?
03:05 Voici notre destinée, mais personne ne le sait.
03:09 Je suis désolé.
03:12 Et par rapport à toi, et par rapport à ton parcours, qu'est-ce qu'on fait la milice ?
03:21 Premièrement, ils venaient chaque mois dans les salons et dans tous les magasins présents,
03:27 et exigeaient une somme d'argent pour garantir leur protection.
03:33 Quand ils nous l'ont demandé, mon frère a refusé.
03:37 Pourquoi a-t-il refusé ?
03:39 Parce qu'il savait qu'avec cet argent, ils allaient acheter des armes et tuer des personnes avec.
03:44 Pour cette raison, nous ne pouvions pas être des partenaires de crime de personnes innocentes.
03:48 Nous ne leur avons pas donné.
03:50 Comment ils ont réagi quand son frère leur a dit qu'il ne voulait pas leur donner l'argent ?
03:54 Notre histoire a commencé après le refus.
03:57 Après que nous avons refusé à deux ou trois reprises,
04:03 ils ont commencé à chercher une raison pour nous punir au nom de la religion.
04:09 Quelle sorte d'argument ? Qu'est-ce qu'ils ont pu dire ? Qu'ils ont pu vous causer du tort ?
04:13 Ils n'ont pas donné de raison, mais ils cherchaient une cause pour nous punir.
04:19 Mais cette cause devrait être au nom de la religion.
04:23 Ils ont trouvé une cause et c'était que certains de nos clients étaient des personnes transgenres.
04:29 C'était des hommes qui sont devenus des femmes.
04:33 Dans ton salon, tu as accueilli des personnes trans, des personnes de la communauté LGBT.
04:37 Est-ce que tu le savais ? Est-ce quelque chose que tu as chimié pleinement ?
04:41 Ou tu faisais ça en cachette pour ne pas que les gens le sachent ?
04:45 Oui, je le faisais de mon plein gré. Parce que je crois en la liberté.
04:49 Chaque personne est responsable de ses actes.
04:52 Ce n'est pas de mon devoir d'interdire aux gens de faire ce qu'ils veulent.
04:56 En même temps, je n'accepte pas qu'on limite mes libertés.
05:00 Ce sont des gens libérés. Je crois en leur cause.
05:05 Ils sont libres. C'est leur choix. Et je suis un homme à esprit ouvert.
05:10 En Irak, on formait de petits groupes pour discuter de la liberté d'opinion et la liberté des personnes.
05:18 Je ne devais pas seulement en parler, mais je devais agir dans cette direction.
05:23 Pas seulement conseiller les gens d'avoir une liberté d'opinion, de se libérer, etc.
05:28 Mais il est de mon devoir de croire en les paroles que je prononce.
05:33 Et d'y croire à la lettre.
05:36 Il est de notre devoir d'instruire les gens de la bonne façon.
05:40 En même temps, ça me faisait plaisir de travailler avec eux.
05:44 En premier lieu, l'ouverture d'esprit.
05:48 Deuxièmement, je les aidais parce que beaucoup de salons les refusaient.
05:54 Plusieurs magasins les refusaient.
05:57 Moi, j'ai voulu leur former une patrie. Une petite patrie à l'échelle de leurs rêves.
06:01 Tu m'as dit que tu as refusé à plusieurs reprises de donner de l'argent à la milice.
06:06 Est-ce que tu avais conscience du danger que t'encourais en refusant plusieurs fois ?
06:11 Pour être honnête, je ne réalisais pas l'ampleur du danger.
06:17 Si j'avais réalisé l'ampleur du danger, j'aurais quitté mon travail, point final.
06:23 Mais en même temps, je n'ai pas donné de l'argent et je n'ai pas participé.
06:26 Donc le meilleur choix était de quitter le travail
06:29 ou de se diriger à un autre endroit pour fonder un projet ou un autre commerce.
06:37 Si je te dis que je savais l'ampleur du danger à 100%, que j'en avais la certitude
06:42 et que je suis resté au même endroit, je serais un menteur.
06:46 C'est une chose qui nous a pris au dépourvu.
06:49 Après avoir trouvé cette cause, un jour, aux environs de 9 ou 10 heures du soir,
06:58 nous étions en train de fermer notre magasin, notre salon,
07:02 et nous fûmes surpris par une énorme attaque, des bruits de coups de feu,
07:07 comme si un autre pays nous avait envahis.
07:11 Les bruits étaient terrifiants. Nous étions terrifiés.
07:16 On s'est couché par terre. Pendant ce temps, nous fûmes arrêtés, mon frère et moi,
07:22 parce que nous étions les derniers présents au salon.
07:25 C'est nous qui fermions le salon.
07:28 La guerre nous a arrêtés pendant 15 jours. Ce furent 15 jours de torture pure.
07:35 15 jours ou un peu plus. Pas exactement, mais environ 15 jours.
07:42 À ce moment-là, comment tu te sentais ? Est-ce que tu t'attendais à tout ce qui allait t'arriver après ?
07:47 C'était quoi tes émotions à ce moment-là ? T'avais peur ? T'étais en colère ?
07:52 J'avais très peur. Parce que c'était terrifiant. Extrêmement terrifiant.
07:59 Après que l'on nous ait muté au camp d'incarcération, c'était une toute petite chambre sombre, sans lumière.
08:06 Il y avait tellement de personnes dedans qu'on dormait comme ça.
08:12 Un adossé à l'autre. On dormait comme ça.
08:16 À ces moments, je ne savais pas à quoi penser, tellement j'avais peur.
08:20 Mais à force d'être torturé, j'attendais à ce qu'on me tue pour que j'en finisse.
08:26 Mon espoir était la mort. Mon corps était fatigué tellement j'ai été torturé.
08:31 Tout genre de torture. Électricité, des coups de bâton à fer, des coups de fouet.
08:38 J'ai été victime de toutes sortes de torture durant ces 15 jours.
08:43 J'attendais donc mon tour pour être tué.
08:46 Tous mes rêves en cette période étaient sur le coup de miséricorde. C'était mon plus grand rêve.
08:52 Et pendant ces 15 jours de torture, quelles étaient vos conditions de vie ?
08:57 Est-ce que tu avais à boire, à manger ? Est-ce qu'il y avait de la lumière ? Ou est-ce que c'était dans le noir ?
09:02 Est-ce que tu arrivais un petit peu à dormir ? Comment étaient les tortures ?
09:06 Est-ce que c'était quotidien, c'est-à-dire tout le temps, tout le temps ? Est-ce qu'ils vous laissaient par moments ?
09:11 Au début, par moments, oui. Ils nous apportaient à manger.
09:15 Parfois, c'était de la bonne nourriture, pas la meilleure.
09:19 Mais d'autres fois, c'était juste du pain ancien, du pain sec.
09:24 Nous avions accès à l'eau, mais on faisait nos besoins au même endroit.
09:28 Il n'y avait pas de toilette. On ne voyait pas du tout la lumière.
09:32 Mais quand on nous emmenait à la chambre de torture,
09:37 on voyait un peu d'électricité, seulement sur notre chemin vers la torture.
09:42 Quant à la torture, c'était quotidien.
09:46 Le programme des coups était divisé en trois séances par jour.
09:49 Est-ce que pendant ces séances de torture, ils vous posaient des questions pour avoir des informations sur vous,
09:54 sur ce que vous avez fait, ou c'était juste des séances de torture pour vous torturer ?
09:58 C'est sûr qu'on nous posait des questions, parmi lesquelles,
10:02 pourquoi vous incitez les jeunes à la transformation sexuelle,
10:06 pourquoi avez-vous quitté la religion ? On subissait beaucoup d'accusations.
10:11 Et en même temps, nous n'avions pas de réponse à ces accusations.
10:16 Et dans la cellule, quand vous étiez tous ensemble, est-ce que vous vous entraîniez,
10:20 est-ce que vous communiquez ensemble ? Ou alors, tellement la peur était présente,
10:24 vous restiez concentrés sur vous-même, ce qui est totalement compréhensible.
10:28 Au début, nous n'étions pas trop torturés.
10:34 Au premier jour, aux deux premiers jours, nous étions torturés, mais pas beaucoup.
10:39 Ce n'était pas trois séances, mais une seule séance.
10:42 On discutait, par exemple, toi, quelle est ton histoire ?
10:47 Mais après cela, non. Quand la torture s'est intensifiée,
10:51 tout le monde souffrait, pas seulement nous.
10:54 Chacun combattait la douleur qui était en lui.
10:57 De plus, parfois, il quittait la chambre de torture,
11:01 et on y restait accrochés jusqu'au matin.
11:04 Je me rappelle à plus d'une fois, on restait dans cette position, ligotés.
11:10 Et on restait jusqu'au matin dans cette position.
11:13 Jusqu'à maintenant, j'ai eu une blessure à cause de ceci.
11:17 À cause de ça, on ne les voyait pas toujours.
11:21 La plupart des temps, je restais dans cette position, avec mon frère et quelques autres personnes.
11:26 Le fait d'avoir eu ton frère avec toi au début, est-ce que ça t'a maintenu en vie ?
11:31 Est-ce que ça te donnait de la force ? Qu'est-ce que vous ressentiez ensemble ?
11:35 Premièrement, je ne souhaitais pas que mon frère soit avec moi,
11:39 car je craignais pour sa vie et lui pour la mienne.
11:42 Tout ce qu'il disait, "laissez-le sortir et emmenez-moi".
11:46 "Torturez-moi, tuez-moi, gardez-moi prisonnier, mais laissez-le sortir".
11:52 Et moi, je leur disais la même chose.
11:55 Vraiment, je ne souhaitais pas qu'il soit avec moi.
12:00 Et qu'il soit battu devant moi, ou qu'il soit tué devant moi.
12:06 Une des situations les plus difficiles de ma vie,
12:10 c'est quand il a été tué et son sang est venu sur moi.
12:14 C'était il y a 6 ans.
12:18 Et depuis, ça ne quitte pas mes pensées.
12:23 Chaque jour, quand je regarde mon corps, je vois son saut sur moi.
12:29 Je vais continuer à parler.
12:32 Après ça, je me suis retrouvé à l'hôpital,
12:35 parce que quand mon frère a eu cet accident,
12:39 ils m'ont tapé avec un objet dur sur mon cou.
12:43 Et je me suis évanoui.
12:45 Quand j'ai ouvert les yeux, je me suis retrouvé à l'hôpital.
12:48 J'ai demandé qui m'a amené.
12:50 J'ai reçu deux réponses.
12:52 Quelle est la réponse vraie et quelle est la réponse fausse, je l'ignore.
12:56 La première réponse, c'est que les gens m'ont retrouvé avec mon frère dans la poubelle,
13:01 dans les ordures.
13:03 Et on nous a amenés à l'hôpital.
13:06 Et la deuxième réponse, qui n'est pas sûre,
13:09 c'est que la police les a affrontés et nous ont libérés.
13:13 Mais c'est une faible possibilité.
13:15 La plus grande probabilité, c'est qu'ils nous ont retrouvés dans la poubelle.
13:19 Et je crois que c'est la réponse la plus vraie.
13:22 - Est-ce que tu peux me raconter ce qui s'est passé à l'hôpital, ce que tu as appris ?
13:26 - Après que j'ai repris connaissance, j'ai découvert que j'avais des blessures sur mon corps.
13:32 Des blessures qui ont nécessité des opérations chirurgicales.
13:35 On m'a enlevé la rate, mon rein était endommagé et j'avais des blessures secondaires.
13:41 Le nerf de ma jambe était endommagé, j'avais des blessures au dos.
13:46 Mais ce sont des douleurs physiques.
13:49 Ce que j'ai découvert à l'hôpital, c'était la douleur de l'âme.
13:55 Parce que quand j'étais à l'hôpital, j'ai appris qu'ils avaient détruit ma maison et tué mes deux neveux.
14:03 Mes deux neveux ont été tués.
14:06 J'ai su qu'ils ont détruit ma maison et mes deux neveux étaient devenus des martyrs.
14:11 Ils sont morts dans la maison.
14:13 Je ne vais pas parler de mon neveu, de ce qui lui est arrivé, de son état.
14:18 Mais ma nièce, on l'a retrouvée décapitée, sans tête et elle avait 15 ans.
14:25 Ce sont les milices qui sont allées chercher tes neveux où ils étaient ?
14:32 Parce que tu dis qu'ils sont partis en martyr, ça veut dire quoi ?
14:35 Oui, les milices ont fait sauter la maison.
14:38 Dans l'islam, on utilise le mot martyr pour ce qui est opprimé.
14:42 Celui qui décède sans son argent est un martyr.
14:44 Celui qui décède sans son âme est un martyr.
14:47 Celui qui décède sans sa terre est un martyr.
14:49 Nous avons combattu pour la liberté et pour plusieurs choses.
14:52 Ces enfants, quand ils ont disparu, opprimés, ils sont donc des martyrs.
14:57 Ils sont des enfants au paradis.
14:59 Nous croyons, c'est vrai que c'est une situation douloureuse.
15:02 Mais dans mon intérieur, je crois qu'ils sont des martyrs et des oiseaux dans le paradis.
15:07 Moi j'y crois aussi, qu'ils sont au paradis, j'en suis sûre.
15:09 Et tes parents rentraient chez toi parce que tu avais peur de te faire retrouver.
15:12 Est-ce que tu pensais que la milice savait que tu étais vivant ? Est-ce qu'ils te recherchaient ?
15:18 Pourquoi est-ce que tu as voulu fuir directement ?
15:21 En réalité, j'avais peur pour ma famille.
15:24 Je ne voulais pas perdre plus.
15:26 J'ai perdu trois personnes.
15:29 Je ne voulais pas perdre ma mère, mes frères et mes sœurs.
15:33 Et c'est pour cela que j'ai décidé de quitter l'Irak.
15:36 Chaque être humain qui entreprend un pas difficile,
15:38 ça sera certainement dans l'intérêt de sa famille.
15:41 Et c'est pour cela que j'ai pensé à l'intérêt de ma famille et non pas à mon intérêt personnel.
15:45 Et à partir de cet instant, j'ai commencé le voyage des souffrances.
15:48 De la Turquie, en Athènes, en Belgique et jusqu'en France.
15:52 Est-ce que tu étais en état de fuir un pays avec toutes les opérations que tu as subies,
15:56 avec toutes les séquelles psychologiques et surtout physiques que tu as vécues ?
16:01 Mon état de santé était mauvais, mon état physique était mauvais, tout était mauvais.
16:05 Et je n'ai pas trouvé une aide de médecin ou de personne pour ma condition.
16:11 Ma souffrance était longue jusqu'à ce jour-ci.
16:15 Lesquelles ? Au niveau physique, est-ce que tu as du mal à marcher par exemple ?
16:19 Oui, j'ai un handicap à cause d'une blessure au nerf de la jambe gauche.
16:23 Ça me cause des problèmes quand je marche, quand je suis debout.
16:26 J'ai des blessures au dos et j'ai toujours des maux de tête.
16:32 Selon le rapport du médecin, à cause des coups que j'ai reçus à la tête,
16:37 je souffre d'une terrible migraine chronique.
16:39 Et donc tu m'as dit que c'était le début d'un périple très dangereux.
16:42 En quoi c'était dangereux ?
16:44 Le voyage le plus difficile de ma vie était la traversée de la Turquie en Grèce.
16:49 À plus de trois reprises, la chaloupe se noyait avec nous dessus.
16:54 La chaloupe s'est noyée à trois reprises.
16:56 Une fois, la police nous a arrêtés mais nous avons fui.
16:59 Jusqu'à un point où, imagine-toi au milieu de la rivière, au milieu de la mer, excuse-moi,
17:06 et que la chaloupe se noie. Quelle serait ta réaction ?
17:09 En plus que mon corps était fatigué et que je ne pouvais pas nager,
17:12 c'était une mort certaine à 100%.
17:14 Nous étions plus de 70 personnes sur la chaloupe.
17:17 Bien que c'était une petite chaloupe, il y avait des enfants, des femmes, des jeunes,
17:21 et on était restés dans la mer entre deux à trois heures.
17:26 Celui qui conduisait la chaloupe était mauvais, mais nous sommes arrivés grâce à Dieu.
17:31 Ce qui est drôle, c'est quand la police est arrivée à côté de la rivière.
17:36 Pardon, à côté de la mer.
17:38 Les gens ont couru dans cette direction et moi j'ai couru vers la droite.
17:42 Je me suis caché entre les roseaux et j'ai badigeonné mon corps debout
17:46 pour qu'ils ne me voient pas et qu'ils me prennent pour un animal.
17:48 Et donc tu es arrivé en Grèce, qu'est-ce qui s'est passé ?
17:51 Les pires moments de ma vie, je les ai passés en Grèce.
17:54 J'ai dormi cinq à six mois dans la rue.
17:57 Je n'avais pas un endroit où dormir.
17:59 Je mettais des cartons et je placais mes chaussures en dessous de ma tête
18:04 et j'ai dormi ainsi durant cinq ou six mois.
18:07 En plus, à l'heure du repas, on nous donnait de la nourriture,
18:10 mais c'était un seul petit endroit.
18:13 Il y avait plus de 4000 personnes, 3000 à 4000 personnes
18:16 qui venaient à cet endroit pour prendre de la nourriture.
18:19 Parfois, on restait deux à trois jours sans manger
18:21 car quand on arrivait, on nous disait qu'il n'y avait plus rien à manger.
18:24 D'autres fois, on obtenait de la nourriture et comme on crevait de faim,
18:27 on trouvait des verres de terre dans la nourriture.
18:29 Dans la viande, on nous donnait du poulet, dans lequel on trouvait des verres de terre.
18:33 Comme on crevait de faim, on retirait les verres de terre,
18:36 on les plaçait de côté et on mangeait.
18:38 Est-ce que les conditions étaient extrêmement difficiles
18:40 parce que c'était une île qui avait l'habitude de recevoir
18:43 beaucoup de réfugiés et de migrants ou bien le contraire,
18:46 c'était compliqué parce que justement, j'étais pas du tout habituée
18:48 à recevoir autant de personnes ?
18:49 Non, la situation était difficile là-bas
18:52 car les citoyens n'aimaient pas les réfugiés.
18:56 Un jour, j'étais allé pour faire des photocopies,
18:59 on m'a chassé du magasin.
19:02 Ils n'ont pas accepté de me faire des photocopies
19:04 parce que j'étais un réfugié.
19:06 Ils n'aimaient pas nous recevoir.
19:08 En même temps, les personnes à l'intérieur du camp de réfugiés
19:10 étaient très difficiles car ils appartenaient à des classes sociales différentes.
19:13 Il y avait toujours des problèmes et des bagarres entre eux.
19:16 Par exemple, quand une bagarre éclatait entre les Arabes et les Afghans
19:21 ou entre les Afghans et les autres parties,
19:24 ça veut dire des problèmes entre deux parties.
19:27 La police restait là à observer jusqu'à ce qu'il y ait du sang.
19:32 Ils venaient les séparer avec des bombes lacrymogènes.
19:36 En plus, je viens d'en parler,
19:39 moi je dormais dans la rue et je savais qu'à n'importe quel moment,
19:43 on pouvait me tuer parce qu'il était très normal
19:46 qu'une personne soit tuée à l'intérieur du camp des réfugiés Moria sur l'île de Lisbeth.
19:50 Il était très normal qu'une personne soit tuée là-bas.
19:53 J'ignorais mon avenir là-bas.
19:55 Tu ne te sentais pas du tout considéré
19:57 et tu avais l'impression qu'on ne te considérait pas comme un être humain ?
20:00 Tu n'avais pas tes droits d'être humain ?
20:02 Non, l'animal avait plus de droits que moi.
20:04 Pendant ces temps, l'animal avait plus de droits que moi
20:07 et moi, je n'avais aucun droit.
20:09 Et tu t'es fait des amis là-bas ?
20:11 Oui, j'ai travaillé avec des personnes avec qui je pouvais parler.
20:14 Après une période, j'ai fait la connaissance d'une médecin
20:17 qui m'a dirigé vers une organisation.
20:20 J'ai travaillé là-bas, dans cette organisation,
20:23 où j'ai aidé des réfugiés.
20:25 Et est-ce que l'effet d'exercer ta passion, de coiffer,
20:28 t'a permis de te sentir vivant, de te stimuler,
20:31 malgré le fait que c'était un enfer sur terre ?
20:34 Ce n'était pas le travail,
20:36 mais le fait d'aider une personne en besoin
20:39 qui m'a laissé sentir que j'entamais un bon début.
20:42 Parce que plusieurs des réfugiés là-bas
20:45 avaient des refus.
20:47 Sans travail, sans argent, sans logement,
20:50 il était de mon devoir, comme être humain,
20:53 de leur offrir une chose minime.
20:55 Que j'offre mon aide, c'est ce qui me rendait heureux.
20:58 Ce n'était pas le travail.
21:00 Le travail, c'est rien, parce que moi, j'ai travaillé durant 20 ans.
21:03 Mais il était de mon devoir d'exprimer les choses telles qu'elles étaient.
21:06 Beaucoup de personnes venaient diffamer l'image du pays
21:09 en disant que c'était un mauvais pays.
21:12 Quand je parlais avec les Européens,
21:15 pour eux, l'Irak représentait le terrorisme.
21:18 Il était de mon devoir de changer leur idée de mon pays.
21:21 Parce que n'importe ce qui se passe, c'était mon pays.
21:24 Et il a été de mon devoir de l'embellir
21:27 et de faire de sorte de le rendre beau aux yeux des autres.
21:30 Je dois rendre mon pays le premier.
21:33 Mais quand je dis « j'embellis mon pays »,
21:36 ce n'est pas avec des mensonges, non.
21:39 J'embellis mon pays avec la réalité.
21:42 Parce que nous représentons la première civilisation au monde,
21:45 le premier prophète est descendu dans notre pays,
21:48 nous avons appris la lecture et l'écriture aux gens.
21:51 Plusieurs belles choses existent, mais personne n'en parle.
21:54 Et beaucoup de gens n'en tiennent pas compte.
21:57 Il est de mon devoir de parler des belles choses de mon pays
22:00 et pas seulement des mauvaises choses.
22:03 Dans tous les pays, il y a de mauvaises choses.
22:06 Tous les pays sont passés par des guerres, par d'autres crises.
22:09 Mais la situation s'améliore par la suite.
22:12 Donc tu es arrivé en France et c'était la grosse déception,
22:15 comme tu me le dis depuis tout à l'heure.
22:18 Qu'est-ce qui s'est passé ?
22:21 Premièrement, on habitait dans un camp, dans une forêt,
22:24 durant un an ou un an et demi.
22:27 Deuxièmement, il n'y avait pas de voisins,
22:30 pas de voitures ou des bus qui circulaient près du camp,
22:33 parce qu'on était en pleine forêt.
22:36 Pas tout le monde parlait l'anglais,
22:39 pas tout le monde parlait le français.
22:42 Je me souviens qu'un jour, le chauffe-eau est tombé en panne
22:45 en plein hiver.
22:48 Durant quatre mois, on ne l'avait pas réparé
22:51 et on prenait notre douche avec de l'eau froide.
22:54 Je marchais pendant deux heures pour prendre ma douche
22:57 à la maison d'un ami. Deux heures de marche pour prendre une douche.
23:00 On nous donnait de la nourriture expirée,
23:03 expirée depuis plus d'une année entière et on était obligés de la manger.
23:06 Tu as senti que... Tu as vécu du racisme en France ?
23:09 Je n'ai pas une réponse à 100 %,
23:12 mais ce que j'ai ressenti, c'est que la façon
23:15 dont on nous traitait, pas tout le monde.
23:18 Il y avait des personnes formidables,
23:21 comme par exemple mon ami Nicolas,
23:24 mon ami Ludovic. J'ai beaucoup d'amis français
23:27 qui se battent pour les réfugiés.
23:30 Dans tous les peuples,
23:33 il existe une bonne catégorie et une autre raciste.
23:36 C'est une chose normale. Par contre,
23:39 je vais raconter une histoire qui m'est arrivée depuis quelques jours
23:42 puis on reviendra à tes questions.
23:45 Depuis quelques jours, je marchais dans la rue,
23:48 je marchais dans les courses, je suis entré dans la station de métro
23:51 puis soudain, je sentis quelqu'un me retirer.
23:54 Je me suis retourné et j'ai vu la police.
23:57 Quand il m'a retiré, il m'a retiré avec force.
24:00 Je lui ai demandé...
24:03 Je parle un peu de français.
24:06 Et il me retirait. J'ai senti que je pouvais faire sauter la France.
24:09 Trois personnes m'ont approché,
24:12 m'ont tenu les mains et m'ont poussé au mur.
24:15 On m'a très mal traité.
24:18 Et j'ai été blessé physiquement, pas seulement mentalement.
24:21 Ils me poussaient avec force vers le mur. Quel était le problème ?
24:24 Je l'ignorais.
24:27 Ils ont fait un contrôle d'identité, un contrôle de faciès.
24:30 Ils l'ont fait parce qu'ils se sont dit que tu étais un étranger
24:33 et c'est pour ça qu'ils t'ont contrôlé ?
24:36 Non, il est sûr que si j'avais des cheveux blonds,
24:39 des yeux verts et une peau pâle, ils ne m'auront pas traité de la sorte.
24:42 Même si j'avais de la drogue, même si je portais des interdits,
24:45 ils ne m'auraient pas traité de la sorte.
24:48 Ils m'auraient jugé, mais pas de cette façon.
24:51 Ils ont le droit de me juger, mais ils n'ont pas le droit de m'humilier.
24:54 Parce qu'ils m'avaient humilié à ce moment-là.
24:57 Ils m'ont même soulevé mon tee-shirt.
25:00 C'est leur droit de contrôler tout le monde, mais il faut contrôler des humains
25:03 et les considérer comme des humains, c'est tout.
25:06 Quand une personne a un peu de pouvoir, des fois elle l'utilise à très mauvaise estion.
25:09 Sa façon de me fouiller était très violente.
25:12 Il me tenait le ventre avec force et tirait dessus.
25:15 Je lui ai dit que j'étais opéré, ça ne l'a pas arrêté.
25:18 Il me tenait le buste, le ventre, les jambes.
25:21 Je sentais qu'il voulait m'extirper.
25:24 Ce n'était pas une fouille.
25:27 C'est une méthode bizarre.
25:30 Je lui ai dit « qu'est-ce que tu cherches ? »
25:33 Pour que je t'aide.
25:36 Il m'a donné un couteau ou un couteau.
25:39 Je lui ai dit « je ne porte pas de hachiche et je ne porte pas de couteau,
25:42 et tu peux me fouiller ».
25:45 Il a insisté durant plus de 20 minutes que je portais un couteau ou du hachiche.
25:48 D'où veux-tu que je t'en apporte si je n'en ai pas ?
25:51 Veux-tu que j'aille en acheter ?
25:54 Il y a un vrai cliché des réfugiés, des migrants en France.
25:57 Les gens ont l'impression que si tu es un réfugié,
26:00 tu es forcément dangereux, voleur,
26:03 qui ne respecte pas les règles ni la loi française.
26:06 Alors que pas du tout.
26:09 Si tu connaissais juste 5% de ton histoire,
26:12 on sait très bien que tu es quelqu'un de trop gentil,
26:15 qui a vécu des choses difficiles, mais tu es nullement quelqu'un de dangereux.
26:18 Tu es un être humain comme tout le monde,
26:21 tu exerces tes droits humains comme tout le monde.
26:24 J'aimerais transmettre un message à tous ceux qui traitent les réfugiés de cette façon.
26:27 C'est un message simple.
26:30 Je veux que tous les gens sachent que les réfugiés sont des gens qui ont été traités par les pays arabes.
26:33 Que les pays arabes les traitaient.
26:36 Les arabes, quand les européens émigrés arrivaient,
26:39 ils sortaient de leur maison et laissaient les immigrants dans leur maison.
26:42 Ils sortaient de sa maison et laissaient le réfugié vivre dans sa maison.
26:45 Ils recevaient toutes sortes d'aides.
26:48 L'exemple le plus simple,
26:51 au temps de Saddam Hussein en Irak,
26:54 on ne va pas dire des européens,
26:57 mais des réfugiés arrivaient.
27:00 Celui qui parlait avec un réfugié,
27:03 des agents de police ou du peuple,
27:06 on le tenait responsable de ses actes.
27:09 Quand les européens étaient des réfugiés,
27:12 ils avaient des droits plus que les citoyens.
27:15 On revoit ceci et on revoit l'histoire.
27:18 Comment vous nous avez traités.
27:21 Et je souhaite que vous voyez la différence entre nous et vous.
27:24 Seulement pour le mauvais.
27:27 Je me souviens d'un jour où trois femmes allemandes étaient proches de notre endroit.
27:30 Quand je voyais comment les gens les traitaient,
27:33 c'était comme s'ils faisaient partie de leur famille.
27:36 Quand ils arrivaient à un barrage de contrôle de la police,
27:39 on leur parlait avec du respect.
27:42 C'est que nous sommes tous des humains.
27:45 Il faut que tout le monde soit traité de cette façon simple.
27:48 Si j'arrive comme réfugié dans un pays,
27:51 je ne suis pas mauvais.
27:54 Au contraire, si mon pays qui est ma priorité était un endroit où je pouvais y vivre,
27:57 je ne viendrais pas pour te laisser me fouiller.
28:00 C'est impossible.
28:03 Tu m'as parlé de tes conditions de vie en France,
28:06 des conditions sociétales, du traitement, etc.
28:09 Aujourd'hui, tu en es où ? Qu'est-ce que tu voudrais ? Qu'est-ce que tu espères ?
28:12 La première chose actuellement que j'espère,
28:15 c'est de trouver un endroit où habiter.
28:18 Parce qu'en ce moment, je n'ai pas d'endroit.
28:21 Chaque période, chez un ami, je vivais dans la maison de l'organisation Kada.
28:24 Le compris est fini.
28:27 Actuellement, je n'ai pas de maison.
28:30 Mon rêve le plus primitif, c'est d'avoir une maison.
28:33 Par la suite, je peux rêver. Maintenant, je ne peux pas rêver.
28:36 En plus, mon plus grand rêve, c'est de trouver un bon travail
28:39 pour que je puisse subvenir aux besoins de ma famille et de ma mère malade,
28:42 que je puisse aider dans leur traitement.
28:45 Tu parles beaucoup de ta mère et de ta famille durant cette interview.
28:48 Je sens l'amour que tu portes pour eux, l'émotion.
28:51 Est-ce que tu as des contacts encore ?
28:54 Est-ce que tu les appelles souvent ? Est-ce que tu comptes les revoir ?
28:57 Premièrement, le contact, c'est quotidien.
29:00 Chaque jour, j'appelle mes parents et surtout ma mère.
29:03 Si je n'appelle pas pendant deux jours,
29:06 elle devient folle.
29:09 Même qu'elle peut tomber malade si les deux jours passent sans que je ne l'appelle.
29:12 Elle a trop peur.
29:15 Quant à ma relation avec eux et l'amour que je leur porte,
29:20 la valeur de l'homme, c'est l'amour.
29:23 Si l'homme abandonne ses sentiments, il ne sera même pas du niveau des animaux
29:26 parce que même les animaux ressentent de l'amour.
29:29 L'amour est un tout.
29:32 De plus, ma relation avec mes frères, avec mes sœurs,
29:35 avec ma mère, avec toute ma famille, nous sommes des amis.
29:38 J'ai été élevé avec de la liberté,
29:41 la liberté d'opinion et j'ai été élevé dans un très bel environnement.
29:44 Ceux qui ressentent l'amour et l'affection
29:47 ont une motivation pour l'avenir.
29:50 C'est la valeur de ma vie.
29:53 De plus, quand je parle d'eux, je suis très ému
29:56 parce que ça fait sept ans que je ne les ai pas vus
29:59 et c'est une chose très difficile.
30:02 Surtout que je n'ai pas l'option de les visiter,
30:05 de les revoir ou de les voir,
30:08 de les enlacer pour un jour.
30:11 C'est dur. L'éloignement est très dur.
30:14 Surtout que dans la société irakienne
30:17 ou dans la plupart des sociétés arabes,
30:20 mais surtout dans la société irakienne,
30:23 la famille grandit ensemble.
30:26 J'ai grandi jusqu'à l'âge de 30 ans.
30:29 J'étais avec mes frères, avec mes sœurs, dans une seule maison.
30:32 Soudain, tout a disparu, comme dans un rêve.
30:35 - Est-ce que pendant ces six ans,
30:38 tu es la même personne ?
30:41 Est-ce que tu te sens changer ?
30:44 Est-ce que ta vision du monde est différente aujourd'hui ?
30:47 - Premièrement, il est normal que l'être humain change chaque jour.
30:50 Vous, il y a cinq ans,
30:53 est-ce que vous étiez la même personne qu'aujourd'hui,
30:56 avec les mêmes idées, le même comportement, les mêmes choses ?
30:59 De plus, les difficultés te renforcent,
31:02 et les difficultés te font sourire et les larmes se mélangent.
31:05 S'il ne passe que par des difficultés,
31:08 l'être humain sourit ou pleure.
31:11 Mais à cause des difficultés,
31:14 on mélangeait les larmes avec le sourire,
31:17 et en même temps, il y avait une force positive qui existait.
31:20 Elle n'était pas toujours négative.
31:23 Et finalement, ma dernière réponse à ta question,
31:26 le changement radical qui m'est arrivé,
31:29 c'est que je me suis dit que je ne pouvais pas réaliser.
31:32 Actuellement, je ne peux réaliser aucun de mes rêves.
31:35 À cause de ça, j'ai abandonné les rêves.
31:38 Je vis le jour au jour.
31:41 L'Europe a tué tous mes rêves internes.
31:44 - J'ai senti que par moments, c'était très compliqué et très difficile
31:47 pour toi de partager ton histoire et tout ce que tu as vécu.
31:50 Tu as eu beaucoup de courage.
31:53 Et malgré tout ça, quel est ton but aujourd'hui de partager ton histoire ?
31:56 - Bien sûr. En premier lieu, je te remercie de m'avoir écouté.
31:59 C'était une histoire douloureuse.
32:02 Je ne l'ai pas toute racontée tellement c'est douloureux.
32:05 Mon message est aux gens qui ne savent pas
32:08 pourquoi il y a des réfugiés en France ou dans le monde entier.
32:11 Mon message est que nous ne sommes pas partie de notre plein gré.
32:14 A chaque personne, une histoire remplie de douleurs.
32:17 Mon message est d'essayer de comprendre
32:20 ce qui nous fait vivre.
32:23 Mon message est d'essayer de comprendre
32:26 pourquoi les gens ont quitté leur pays.
32:29 Nous n'avons pas quitté pour le plaisir, nous avons quitté à cause de la douleur
32:32 et non pas pour le plaisir.
32:35 Et dernièrement, à chaque œil, une larme et une histoire.
32:38 (Rires)
32:41 - Je suis désolé.
32:44 - Merci beaucoup.
32:47 - Ça va bien. - Merci.
32:50 - Je suis désolé.
32:53 - Merci beaucoup.
32:56 - Tu vas me coiffer un jour.
32:59 - Comment? - Tu dois me coiffer un jour.
33:02 (Rires)
33:05 - Je comprends, mais je pense à un style...
33:08 Je pense à zéro.
33:11 (Rires)
33:14 - Il ne va pas me coiffer.
33:18 - Oh, shit!
33:21 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]