J'ai failli perdre ma jambe après cet accident

  • l’année dernière
Alors qu'il allait récupérer des affaires chez une amie, l'ex petit ami de Maryon n'est finalement ressorti qu'avec un fusil. Loin d'être dans son état normal, il s'est mis à tirer au hasard sur la route durant une partie du trajet qui les ramenait chez Maryon. Une fois rentrés, il a continué à vouloir "jouer" avec le fusil et l'a pris par la gâchette. C'est alors que le coup est parti à bout portant dans la jambe de Maryon... Un accident gravissime qui aurait pu l'obliger à se faire amp*ter. Elle nous raconte son long calvaire entre les séjours dans les hôpitaux et les séances de rééducation.

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Transcript
00:00 Mon ex-copain m'a tiré dessus sans faire exprès avec un fusil.
00:03 Quand il ne buvait pas, c'était un gentil garçon, tout calme, dans son coin, qui n'embêtait personne.
00:08 Et dès qu'il buvait, il avait une case dans sa tête qui se déclenchait, comme ça.
00:12 Il repensait à des histoires de 2002, des problèmes qu'il avait eus en 2004.
00:17 Moi, je vivais plutôt mal le fait qu'il ait deux personnalités, en fait.
00:20 Donc, il m'a parlé des affaires chez une fille et il m'a dit "ben, je vais les chercher".
00:24 Je lui ai demandé de quelle affaire il parlait, qu'est-ce qu'il voulait récupérer.
00:27 Il m'a dit des vêtements, une console, et c'est tout.
00:31 Au début, il m'a juste dit ça.
00:32 Et c'est sur la route qu'il m'a dit qu'il voulait récupérer aussi un fusil.
00:35 Quand il a récupéré le fusil, il n'a récupéré que le fusil.
00:38 Il n'y avait ni vêtements, ni console, ni rien du tout.
00:40 Pour remonter vers où j'habite, il y avait environ 20 minutes de route.
00:45 Et sur les 20 minutes de route, il a dû tirer pendant 10 minutes par la fenêtre.
00:49 Il faut savoir aussi qu'il était défoncé.
00:51 Il était sous ballon, il était sous shit, il était sous alcool.
00:56 Jusqu'à ce que je lui ai dit qu'il y avait un barrage de gendarmes devant nous.
01:00 Du coup, il l'a mis derrière.
01:01 Et quand les gendarmes nous ont arrêtés pour faire le test d'alcool, j'étais négative.
01:06 J'ai bien parlé avec un des gendarmes.
01:09 Je me suis clairement vendue en lui inventant une histoire sortie de ma tête.
01:12 J'ai dit ça à mon grand-père, qu'il est décédé, il faut que je le ramène.
01:15 Sur le moment de la soirée, je ne voulais pas qu'on finisse lui et moi en garde à vue.
01:18 Ou que lui en garde à vue.
01:19 Je ne voulais pas que ça...
01:20 J'imaginais même pas que ça allait partir aussi loin.
01:23 Il m'a dit "mais qu'est-ce que tu fous avec ce mec ?"
01:25 Il m'a dit "mais regarde-le", il était au loin.
01:28 Il m'a dit "mais regarde-le".
01:29 Et c'est vrai qu'on aurait dit "un fou" parce qu'il était là et il disait aux gendarmes "je prends".
01:33 Parce que les gendarmes voulaient qu'ils mettent le fusil dans la chaussette et dans le coffre.
01:39 Et lui disait "non, je ne prends pas le fusil parce que si je prends le fusil,
01:42 vous allez me tirer dessus comme dans les films".
01:44 Donc du coup, j'explique au monsieur qu'il a bu, qu'il est défoncé,
01:47 que voilà, il n'est pas dans son état.
01:50 Donc du coup, je vais le voir, je lui dis "prends le fusil, mets-le dans le coffre, qu'on parte de là en fait".
01:55 Ils avaient juste à regarder son casier judiciaire.
01:57 On repartait pas de là-bas, c'était sûr.
01:59 Il a un casier comme ça, avec arbre, machin...
02:03 Du coup, ils nous ont laissé repartir.
02:05 Les gendarmes n'ont jamais entendu les coups de feu quand tu tirais avant d'arriver au barrage.
02:10 Après le barrage, on devait aller à Marseille.
02:14 Du coup, j'ai pris la décision de poser chez moi le fusil.
02:18 Et je suis repartie.
02:19 On a continué notre soirée.
02:20 Même pas une heure après, on est revenus chez moi.
02:23 Et le fusil était là, posé sur le lit, il n'avait pas bougé.
02:27 Et lui, je ne sais pas pourquoi, en le ramassant, il l'a ramassé par la gâchette en fait.
02:33 Et lui, il était d'un côté du lit, moi j'étais de l'autre.
02:36 Et en le ramassant, le coup est parti à bout portant dans ma jambe.
02:40 Et moi, sur le moment, je n'ai pas eu de douleur, rien, j'ai juste entendu le "pam".
02:44 J'ai fait ça et je lui ai dit "mais tu m'as tiré dessus".
02:47 C'était ma seule réaction, je lui ai dit "mais tu m'as tiré dessus".
02:50 Et en relevant ma tête, je voyais la fumée qui sortait de ma jambe.
02:54 Je n'ai pas vu le trou, je n'ai pas vu comment c'était au début.
02:56 Mais je savais que c'était grave, j'ai su de suite que c'était grave.
02:58 Et de suite, il m'a mis par terre.
03:00 Il est allé réveiller mon beau-père.
03:02 Ma mère, elle est venue.
03:04 Je m'en ai barré toute ma vie de sa tête.
03:07 Et je lui ai dit "mais c'est rien, je me suis fait ça toute seule, c'est rien".
03:10 Et ma mère, elle a appelé tout de suite les pompiers.
03:14 Mon beau-père, il m'a fait un garrot.
03:16 Et lui, je ne l'ai plus vu.
03:17 Il a disparu de la pièce.
03:19 Et c'est mon beau-père qui m'a raconté que
03:21 il s'était mis dans la chambre de mon petit frère en boule.
03:24 Il pleurait en boule, il était choqué.
03:27 Les pompiers sont vraiment très vite arrivés,
03:29 en même pas un quart d'heure ils étaient là.
03:31 De suite, je leur ai dit que je n'avais pas mal,
03:33 mais que je ne voulais pas qu'on me touche.
03:36 Donc, je n'étais pas en dormi.
03:37 Ils ont attendu le médecin.
03:39 Les gendarmes sont arrivés entre-temps.
03:41 Le médecin arrive, me fait une piqûre et moi je m'endors.
03:44 Et la dernière image que j'ai de lui, c'est qu'ils lui mettent les menottes.
03:48 Entre-temps, je ne me suis pas réveillée une fois.
03:49 Je sais qu'ils m'ont ramenée à l'hôpital Nord.
03:53 L'hôpital Nord, ils ne pouvaient rien faire pour moi.
03:54 Ils m'ont directement amenée à la Tchimone.
03:56 Et de là, je me suis fait opérer à la Tchimone.
03:58 Quand je me réveille, j'ai mal au dos.
03:59 Je ne comprends pas trop.
04:00 Tout me revient petit à petit.
04:02 Et je vois qu'il y a beaucoup de bandages et tout.
04:05 Je vois que j'ai un truc comme ça qui sort de ma jambe.
04:09 Je vois le fixateur à l'extérieur.
04:10 Je n'en avais jamais vu de ma vie à part à la télé.
04:12 Je comprends en fait petit à petit que c'est vraiment grave.
04:15 Donc l'infirmière qui vient me parler, elle me rassure quand même un peu.
04:19 Je me dis mais j'ai quand même mal au dos.
04:21 Alors qu'il m'a tiré dans la jambe, je ne comprends pas trop et tout.
04:24 Elle m'explique avec les mots de docteur, je ne comprends encore plus rien.
04:28 De là, je vois qu'un chirurgien est arrivé.
04:31 De suite, il m'a dit alors en gros,
04:34 je n'ai plus la tête du tibia, je ne l'ai plus.
04:36 Elle a explosé.
04:37 C'est au niveau du genou, mais c'est l'articulation qui a explosé.
04:40 Je n'ai plus le bas de l'articule, ça je ne l'ai plus.
04:43 Mon fémur, il a cassé avec le choc.
04:46 Ma rotule, elle est déplacée.
04:47 Il me dit que l'opération, la première, c'était qu'il ne pouvait pas me laisser avec un trou comme ça.
04:54 Du coup, ils m'ont pris un muscle du dos et de la peau du dos pour la mettre sur mon genou.
04:59 Ils m'ont fait un lambeau, ça s'appelle.
05:00 J'ai une cicatrice qui part de dessous le bras en bas.
05:04 Et comme ils m'ont pris ça de peau, il fallait que ça se recolle.
05:07 Maintenant, j'ai une cicatrice et un tricriant, c'est tout fait.
05:11 Ensuite, le chirurgien me dit clairement que ma jambe n'est pas sauvée,
05:15 que je peux encore la perdre et qu'à tout moment, il me coupe la jambe.
05:19 Clairement, il m'a dit clairement les choses.
05:24 Donc, j'ai fait dix jours d'hôpital pour que la greffe de peau prenne.
05:29 Donc, à partir de là, j'avais un point mort.
05:32 Je sentais ma jambe, mes pattes partout.
05:34 Il y a des zones où je ne les sens toujours plus.
05:36 Je savais que j'allais remarcher et je me disais que ce n'est pas possible qu'il me coupe la jambe
05:40 parce que mes orteils fonctionnent.
05:42 Je n'arrivais pas à comprendre ça.
05:44 Mes orteils fonctionnent très bien.
05:45 Je les faisais bouger, tout allait bien.
05:47 Donc, en janvier, je retire le fixateur et mon chirurgien devait me greffer un os.
05:52 Et pour me faire cette greffe d'os, il fallait que ma jambe plie à 90 degrés.
05:56 Donc, moi, je ne pouvais pas la plier à 90 degrés, mais mon kiné pouvait.
06:00 J'arrivais à la bouger un petit peu, mais ce n'était pas ça.
06:03 Donc, moi, quand je pars à l'hôpital, mon ex se fait menotter.
06:07 Et en fait, le lundi, j'apprends qu'il est rentré directement en prison
06:12 pour les transports d'armes, pas pour m'avoir tiré dessus.
06:16 Mais la police est venue à l'hôpital me demander si c'était bel et bien un accident,
06:21 si je n'avais pas peur de lui.
06:23 Je me rappelle que sa soeur, elle avait peur que je porte plainte contre son frère,
06:27 alors que c'était non, en fait, je n'allais pas porter plainte.
06:30 Pour moi, c'était un accident et voilà.
06:31 Et peut-être trois jours après, je reçois un appel de lui, j'étais encore à l'hôpital.
06:36 Il me dit "Marion, tu as toujours ta jambe ?"
06:38 Je lui dis "Oui, j'ai toujours ma jambe."
06:40 Il me dit "Mais tu es sûre ?"
06:42 Je lui dis "Oui, je suis sûre, j'ai toujours ma jambe quand même."
06:44 Il me dit "Parce qu'en fait, ils m'ont dit qu'ils allaient te la couper."
06:47 Je lui dis "Non, ma jambe, elle est là."
06:49 Je lui dis "Par contre, c'est vraiment grave.
06:51 Je sais que je vais en avoir pour toute ma vie.
06:53 Le mieux, c'est qu'on s'arrête là, toi et moi.
06:55 Ça y est, on ne va pas forcer, c'est bon."
06:57 Il me dit "Non, je vais être là, je vais te soutenir."
07:01 Au final, j'accepte parce que déjà, j'étais amoureuse
07:04 et qu'on avait eu cet accident ensemble.
07:07 En fait, j'avais besoin de lui.
07:09 Et ça a été un pilier à ce moment-là pour moi.
07:11 À chaque douleur, il était là.
07:13 Les nuits quand je ne dormais pas, il était là.
07:16 Il a subi en fait, il a quand même subi.
07:20 Sauf que c'est ta vie que tu...
07:22 Moi, c'est la vie que je vais subir.
07:23 Donc, j'aurais aimé qu'il subisse sa vie avec moi.
07:25 Et au mois de mars, on se dispute.
07:28 Il laisse sa voiture là devant chez moi, pas garée, avec moi dedans.
07:31 Et il part.
07:31 Donc, moi, je descends de la voiture pour rentrer chez moi.
07:34 Donc, je suis avec mes béquilles, je rentre chez moi
07:36 et je me fais tambourner par une voiture.
07:39 Je me fais renverser.
07:40 Je me rappelle, pendant mon vol plané,
07:41 je me disais "Mais c'est une blague, mais c'est une blague."
07:44 Six mois après, je me disais "Ce n'est pas possible en fait,
07:46 on va faire quelque chose."
07:47 Donc, de là, j'ai senti de suite.
07:49 Tous les os qui m'ont resté, c'était cassé dans cette jambe.
07:51 Quand je repars à l'hôpital,
07:53 on me dit que c'est tout cassé, qu'il faut mettre des broches.
07:57 Ensuite, je suis sortie.
07:59 Et donc, après ça, j'ai pu reprendre ma rééducation quelques mois après.
08:03 Quand le kiné a réussi à me débloquer la jambe à 90 degrés,
08:06 je me suis fait greffer un os.
08:08 Tant que cette greffe d'os n'avait pas pris,
08:11 je n'étais pas sûre de garder ma jambe.
08:12 Et moi, je le sais que ça va marcher.
08:13 J'en suis sûre.
08:14 Je sais que ça va le faire et que ça y est,
08:16 je vois un peu le début de la fin et tout.
08:18 Il fallait que j'attende trois mois,
08:20 savoir si l'os m'appartenait ou pas.
08:22 Et au bout des trois mois, mon chirurgien,
08:25 trop content de lui, moi trop contente aussi
08:28 parce que la greffe a pris,
08:29 sauf que ma jambe, elle est tordue.
08:31 Je boite énormément et elle n'est pas belle aussi.
08:35 Donc, je continue la rééducation après la greffe d'os.
08:38 Et à la fin du centre de rééducation,
08:41 je remarche un petit peu.
08:42 Ma jambe touche le sol.
08:43 J'ai les béquilles, mais je remarche.
08:45 À ce moment-là, j'ai 25 ans,
08:46 je me dis que toute ma vie, j'ai marché avec une béquille.
08:48 Et là, qu'il m'a dit que tout est possible,
08:51 je vais te la redresser, ça y est, je suis en forme.
08:53 Je me dis que dans trois mois, je ne suis plus handicapée.
08:57 Même si j'aurais toujours des séquelles,
08:58 je boiterais toujours, je pense et tout.
09:00 Ce n'est pas grave.
09:01 Quand je me suis fait renverser,
09:03 déjà, je ne me disais pas...
09:05 Ça a fait deux fois, ça à cause de lui.
09:07 Je me disais, on a fait quelque chose.
09:09 Et en fait, après, tout le monde me l'a dit.
09:10 C'était lui qui me pourrissait la vie plus qu'autre chose,
09:13 parce qu'il n'est pas bien dans sa tête.
09:14 Je n'ai plus le temps pour être avec quelqu'un
09:16 qui n'est pas bien dans sa tête.
09:17 C'est malheureux à dire, mais j'ai essayé de l'aider, moi.
09:19 Mais après, je me suis pris un coup de fusil.
09:21 C'est à moi de m'aider.
09:22 Je n'ai plus le temps de l'aider à lui.
09:25 Je suis déjà en train de me reconstruire comme je peux.
09:27 Je galère et toi, tu es là.
09:28 Tu t'en fous de tout et c'est encore moi que je prends.
09:30 Il y a un jour, en fait, où il m'a levé la main dessus.
09:33 Je lui ai rendu coup par coup
09:35 et je l'ai quitté.
09:35 Je lui ai dit, c'est fini.
09:36 Tu ne peux pas me tirer dessus.
09:38 Certes, c'est un accident.
09:39 Et après, venir me lever la main dessus,
09:40 ce n'est pas possible.
09:41 Et en fait, ce qu'il y a, c'est que je me suis dit,
09:43 là, je l'ai vu dans tes yeux
09:44 que tu voulais me faire mal.
09:46 Tu as voulu me frapper.
09:47 C'était volontaire.
09:48 C'est que tu voulais.
09:49 Donc, c'est mort.
09:49 La vie, ce n'est pas une série.
09:50 On est dans la vraie vie.
09:51 Tu m'as fait vraiment mal.
09:53 Tu m'as brisé.
09:54 Ce n'est pas que tu m'as brisé le cœur.
09:55 On ne parle pas d'une petite amourette
09:56 ou tu m'as brisé le cœur.
09:57 C'est que tu m'as brisé, frérot.
09:58 Depuis qu'il est sorti de ma vie,
10:01 je vis ma meilleure vie.
10:02 Il manque que le travail.
10:04 Mais ça, ça va être un petit peu long
10:05 parce que j'ai encore une ou deux opérations à faire.
10:07 Il faut que je fasse une reconversion professionnelle aussi
10:10 parce qu'avant, j'étais manutentionnaire.
10:12 Mais je ne pourrais plus faire un métier,
10:13 rester debout toute la journée.
10:15 Je pense que je ne pourrais plus.
10:16 Je peux reprendre l'équitation.
10:18 Même si je veux, je peux même aller faire du ski.
10:20 Mais il me faut une attelle.
10:21 Il me faut une attelle exprès pour sportif.
10:23 Ma vie, elle n'est pas si niquée que ça.
10:24 J'ai changé.
10:25 Je suis plus calme.
10:26 Je me prends beaucoup moins la tête.
10:28 Sauf pour ma jambe.
10:29 J'ai l'impression que je vis pour elle.
10:31 Franchement, ça m'a fait mûrir.
10:32 J'étais un peu trop de one life.
10:34 Rien ne peut m'arriver.
10:36 La vie, ce n'est pas une série.
10:38 C'est réel.
10:40 Et de jouer avec un fils, ça te nique ta vie.

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