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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Bonsoir à tous, 19h, c'est l'heure.
00:02 Mathieu De Vazella pour La Minute Info et dans un instant, face à l'info.
00:05 Le Conseil d'État valide l'interdiction de l'abaya à l'école.
00:12 La plus haute juridiction administrative avait été saisie en urgence par l'Association
00:17 Action Droit des Musulmans.
00:19 Le juge estime que l'interdiction du port de l'abaya et du camis ne porte pas une atteinte
00:24 grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale.
00:27 Il révèle également que le port de ses vêtements au sein des établissements scolaires s'inscrit
00:32 dans une logique d'affirmation religieuse.
00:34 Les gardes à vue des deux policiers ont été levés dans l'affaire Elencourt.
00:38 Ils ressortent donc libres à l'issue de leur audition par l'IGPN.
00:41 Les deux policiers sont les conducteurs des véhicules impliqués dans l'accident d'un
00:45 jeune de 16 ans.
00:46 L'adolescent, hospitalisé après une collision avec une voiture de police, est en état de
00:51 mort cérébrale.
00:52 Enfin, Brigitte Macron a rencontré la famille de l'adolescent de 15 ans retrouvé mort
00:57 mardi soir.
00:58 Il s'est pendu à son domicile de Poissy dans les Yvelines.
01:01 La première dame était accompagnée du ministre de l'éducation Gabriel Attal.
01:05 Ce dernier a annoncé l'ouverture d'une enquête administrative sur les faits de harcèlement
01:09 scolaire.
01:10 L'année dernière, l'adolescent avait en effet signalé des faits de harcèlement.
01:14 Et cette année, il avait effectué sa rentrée dans un autre établissement.
01:17 - Marie-Josée Saumer - Merci Mathieu de Vez.
01:29 Ce soir, on parlera de la BAYA, du refus d'obtempérer bien sûr.
01:32 Mais d'abord Marion Maréchal, Jordan Bardella, François-Xavier Bellamy, qui sont des têtes
01:33 de liste aux européennes.
01:34 Alors que les droites ont fini par se recomposer en Europe, Suède, Italie, Espagne, Pays-Bas,
01:39 en France, comment analyser la multiplication des candidats à droite aux européennes ? Est-ce
01:43 le reflet de la forte présence des idées de droite en France ? Ou l'annonce d'un
01:47 nouvel échec de l'union des droites ? L'édito de Mathieu Beaucoupet.
01:52 Comment décrypter la lettre d'Emmanuel Macron envoyée au parti politique une semaine après
01:57 leur rencontre secrète à Saint-Denis ? Il promet de leur faire une proposition sur la
02:02 question du référendum dans les semaines qui viennent.
02:04 A quoi peut-on s'attendre ? L'analyse de Guillaume Bigot.
02:08 Nous nous arrêterons en ce 7 septembre sur la naissance en 1907 de Georges-Louis Buffon.
02:15 Qui est cet homme dont le nom est sur le fronton de plusieurs établissements scolaires
02:19 aujourd'hui ? Naturaliste, mathématicien, écrivain, biologiste, c'est académicien
02:24 des sciences, académicien français, un des symboles de l'esprit des Lumières, a transformé
02:30 le Jardin des Plantes à Paris en centre de recherche et en musée.
02:34 Etait-ce le début de l'écologie ? Marc Menand raconte.
02:38 Le conseil d'Etat a validé ce soir l'interdiction de la baïa dans les établissements scolaires.
02:45 La plus haute juridiction administrative va dans le sens de Gabriel Attal.
02:50 Cette interdiction a été contestée par une association qui pointait un risque de discrimination,
02:55 d'atteinte au droit.
02:56 Ce soir on se penchera sur cette note des services de l'Etat.
03:00 Qui révèle d'ailleurs l'origine des critiques contre la France sur ce sujet.
03:04 Une influence turque dans ses critiques sur les réseaux sociaux, contre la France, contre
03:09 ses dirigeants, critiques issues de courants islamistes, après cette interdiction de la
03:14 baïa, le décryptage de Charlotte Dornelas.
03:17 Lorsque vous écrivez Black, vous devez mettre un B majuscule.
03:21 Lorsque vous écrivez White, un W minuscule.
03:25 Voilà une des recommandations de l'Oxfam, une ONG qui lutte contre les inégalités
03:31 et qui plaide pour un langage plus inclusif.
03:34 En quoi l'utilisation du langage est une arme redoutable, un pouvoir sous les personnes
03:38 et les esprits, une façon de modifier nos conditions de perception du réel.
03:44 Le deuxième édito de Mathieu Bocote.
03:46 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos éditorialistes.
03:51 On commence en décrypte, en analyse et on commence par ici.
03:56 * Extrait de la vidéo *
04:08 Je vous sens un petit peu endormi avec la chaleur là, non ?
04:12 - Oh non !
04:13 - Parce que l'actualité va vous réveiller là, non ?
04:15 - Oh non !
04:16 - Ah bon, vous êtes en forme !
04:17 - Déjà quand on vous en...
04:18 - Le sommeil c'est pour la nuit et encore !
04:20 Nous sommes au taquet !
04:21 - Au taquet.
04:22 Ma Charlotte ?
04:23 Tout va bien.
04:24 On peut y aller ?
04:25 - Si, Charlotte est prête.
04:26 - Elle avait piqué, elle avait piqué à Dimitri le...
04:29 - Elle a fait des coeurs au-dessus de lui.
04:31 - Jolie cravate.
04:32 - Merci.
04:33 - C'est exceptionnel, merci.
04:35 Nous allons parler aujourd'hui, dans un instant évidemment, on fera un tour de table sur
04:40 le refus d'autompérer, le nouveau refus d'autompérer.
04:43 Il y en a un toutes les 20-30 minutes en France mais qui a eu des conséquences dramatiques
04:47 à Elancourt dans les Yvelines.
04:49 L'adolescente de 16 ans est entre la vie et la mort.
04:51 Les deux policiers qui auraient été placés en guée d'avion ont été libérés.
04:54 On en parlera dans un instant pour savoir est-ce qu'on doit craindre le retour des émeutes
04:59 puisque la CRS 8 a aidé des péchés sur place aujourd'hui.
05:04 Le Conseil d'État a validé ce soir l'interdiction de la baille.
05:08 On va faire un tour de table avant de commencer à parler de la politique avec vous, Mathieu
05:13 Beaucoupté.
05:14 Donc le Conseil d'État valide, la plus haute juridiction administrative va dans le sens
05:18 de Gabriel Attal.
05:20 Cette interdiction a été contestée par une association qui pointait un risque de
05:25 discrimination et d'atteinte aux droits.
05:27 Est-ce un pas de plus vers la laïcité ?
05:30 Non, je pense que c'était absolument aberrant que le Conseil d'État accepte même d'examiner
05:38 cette requête.
05:39 Pourquoi ? Parce que ça fait deux siècles quand même.
05:41 Mais oui, le modèle républicain français ne reconnaît pas des droits, refuse catégoriquement
05:46 de reconnaître des droits à des groupes, à tel ou tel groupe.
05:49 D'ailleurs, la jurisprudence du Conseil constitutionnel 1999, une célèbre décision
05:53 que les juristes connaissent bien sur les langues régionales et minoritaires, avait
05:59 bien expliqué ce point.
06:01 C'est impossible.
06:02 Donc qu'est-ce que c'est que cette association qui défend les droits des musulmans ? En
06:05 France, il n'y a pas les droits des musulmans, il y a les droits des citoyens français et
06:08 éventuellement des étrangers sur notre sol, pointe à la ligne.
06:11 Alors, je ne comprends pas, personne ne s'étonne que le Conseil d'État ait pu être saisi
06:16 par cette association et le Conseil d'État apparemment a accepté.
06:20 Et l'autre chose qui me semble invraisemblable, c'est qu'est-ce que c'est que ce concept
06:24 de racisme anti-musulman ? Mais qu'est-ce que ça peut vouloir dire ?
06:27 L'islam, c'est une religion.
06:29 Ça concerne des gens de toutes les origines, ça n'a aucun rapport avec le racisme.
06:33 Alors, je vais confesser, mais en fait je prends le relais de Guillaume, mais l'idée
06:37 qu'on doit prendre après chaque décision politique importante, qu'il y ait le suspense,
06:41 pour reprendre le mot d'hier, le suspense inévitable.
06:44 Le coup d'effroi.
06:45 Le coup d'effroi, donc la suspense, nous avons aussi ce soir, pour savoir si les juges
06:50 ou le Conseil d'État ou la Cour constitutionnelle, est-ce qu'ils seront d'accord ?
06:55 Est-ce qu'ils autoriseront la décision politique ? En tant que tel, pour moi, c'est un problème celui-là
07:00 que d'avoir besoin toujours d'une autorité supérieure, d'une autorité transcendante
07:04 qui vient encadrer une souveraineté populaire que l'on croit toujours soumise
07:08 aux humeurs tyranniques de la majorité.
07:10 Et de ce point de vue, il va falloir un jour être capable de restaurer une décision politique
07:13 qui ne dépend pas en dernière instance d'autorité transcendante extérieure,
07:16 et bien franchement déconnectée et détachée du réel.
07:19 Et en même temps, Charlotte Dornelas, on a vu à plusieurs reprises, le Conseil d'État nous surprendre
07:23 sur certains sujets. Le burkini, sur les plages, parfois à la conférence de...
07:27 En fait, le vrai problème, c'est que leur rôle initial, il est absolument compréhensible.
07:30 C'est-à-dire, ils examinent la loi, ils encadrent, on va dire, les gouvernants
07:35 sur la base de la protection des principes. Le problème, c'est que ces principes
07:39 sont tellement parfois d'abord abstraits et surtout équivoques, potentiellement équivoques,
07:44 qu'il y a une forte dose d'interprétation du Conseil d'État.
07:49 Et là, cette fois-ci d'ailleurs, un référé Liberté, vous savez, c'est 48 heures,
07:53 et ça examine sur le fond certes, mais juste l'atteinte grave et manifestement illégale.
07:58 Or, il y a d'autres associations qui ont déjà déposé des demandes de suspension sur le fond,
08:02 donc l'affaire n'est pas finie. Le Conseil d'État va se repencher dessus.
08:05 Là, c'est une décision qui est jugée provisoire, c'est-à-dire
08:08 que le juge n'a pas le pouvoir, en référé Liberté, de faire une décision définitive.
08:12 Donc c'est vrai qu'on donne des outils aux individualités, on va dire, dans le pays,
08:16 de contester absolument tout et n'importe quoi, avec des arguments par ailleurs
08:19 particulièrement fallacieux et confus.
08:22 J'entends bien ce que vous dites, mais on est dans un pays de liberté, Marc Menon.
08:24 Ah oui, ben un pays de liberté où effectivement il y a des gens que l'on considère comme étant,
08:29 alors là, entre la transcendance et les pauvres humains que nous sommes,
08:33 des grands sages qui, eux, sont capables d'analyser les situations,
08:38 de prendre la loi et de voir si on peut philosopher à partir de ça.
08:41 Moi, je dirais, parce que je ne vais pas reprendre les propos de mes camarades,
08:45 ils ont été brillants comme toujours, je dirais coup de chapeau aux ministres.
08:49 Ça fait quand même des années qu'on attendait qu'un ministre ait ce courage,
08:53 qu'il fasse valoir la laïcité à l'école.
08:56 Bravo, monsieur Attal, pour une fois, je dis vraiment du bien,
09:00 bien plus que du bien d'un membre du gouvernement.
09:03 Non, mais j'aime bien comment on dit bravo à quelqu'un qui fait appliquer la loi de 2015.
09:06 Voilà, oui.
09:07 C'est pas grave.
09:08 Vous avez déjà un républicain au gouvernement.
09:11 Bon, Charlotte Dornelas, dans un instant, on parlera avec vous d'un aspect particulier,
09:15 justement, sur la baïa, c'est-à-dire que la note qui révèle l'influence turque
09:20 sur les critiques qu'il y a vis-à-vis de la France, vis-à-vis de nos dirigeants.
09:25 D'abord, Mathieu Bocote, l'université d'été du Parti Reconquête
09:29 s'est ouverte là aujourd'hui, cet après-midi, à Gréoux-les-Bains,
09:33 dans les Alpes de Haute-Provence.
09:36 Au cœur des débats, la nomination de Marion Maréchal, tête de liste pour les élections européennes.
09:42 Éric Zemmour, sur CNews ce matin chez Sonia Mabrouk,
09:45 ne semblait pas inquiet de l'éventuelle dispersion des voix à droite pour les européennes.
09:50 Question, est-ce qu'on ne va pas directement, Mathieu Bocote, vers un échec de la droite
09:55 en obligeant les uns et les autres à se critiquer ?
09:58 Un peu comme on l'a vu pendant la présidentielle.
10:01 On aura l'occasion d'y revenir, mais là c'est encore plus marqué.
10:04 C'est-à-dire, Anne-Jordan Bardella, François-Xavier Bélami, très probablement,
10:08 et Marion Maréchal, il n'y a aucune différence substantielle,
10:13 des différences de tempérament, assurément, de sensibilité peut-être.
10:16 Mais fondamentalement, on est sur la même ligne,
10:18 donc c'est trois candidats pour trois fois plus de voix,
10:21 ce serait un peu étonnant comme idée.
10:23 Mais la capacité d'autodestruction politique de la droite française n'est pas nouvelle,
10:27 et j'ai bon avenir, j'ai bonne confiance, dis-je,
10:30 en la capacité qu'a la droite de continuer de s'autodétruire pendant longtemps.
10:33 En présenter trois candidats qui sont d'accord à peu près sur tout,
10:36 mais c'est un problème structurel qui s'exprime à travers ça.
10:39 Cela dit, si on revient sur cette nomination particulière de Marion Maréchal,
10:43 c'est une bonne nomination pour reconquête.
10:45 Ça nous rappelle une chose toute simple, Éric Zemmour n'est pas seul.
10:48 Parce qu'il faut le rappeler de temps en temps,
10:50 est-ce une aventure singulière, donc le chef et ses 100 000 membres,
10:53 ou est-ce qu'il y a des figures politiques de poids qui sont avec lui ?
10:56 Quelle est la force particulière de Marion Maréchal ?
10:58 Dans la politique, il y a des gens qui ont différents talents, il y a des organisateurs.
11:01 Dans son cas, elle, dans le rapport avec les...
11:04 on pourrait dire qu'elle est beaucoup plus construite idéologiquement que d'autres.
11:07 Dans le rapport avec les médias, c'est important, pourquoi ?
11:10 Parce qu'on a souvent vu, vous savez, des journalistes,
11:12 presque dans leur deuxième nature chez eux, ils cherchent à piéger les politiques.
11:15 C'est à qui va être capable de le piéger en faisant « ha ha ha, il est tombé dans mon piège ».
11:18 Et une des forces de Marion Maréchal, c'est de rarement se laisser piéger.
11:22 Quand on lui pose une question mal orientée, tordue, qui cherche à la coincer,
11:26 eh bien, elle tombe très rarement dans le piège.
11:29 Je dirais avec une pique, à la différence du patron de son parti,
11:32 qui lui, a la fâcheuse tendance quelquefois de sauter à deux piégeoins dans un piège
11:37 pour expliquer qu'il va démonter le piège.
11:39 Donc, ça, elle a cette force médiatique qui consiste à ne pas se laisser coincer
11:43 par le journalisme d'inquisition.
11:46 Premier élément qui me semble assez important.
11:48 Deuxième élément, Zemmour le disait hier dans le Figaro,
11:53 elle le disait elle-même dans son annonce,
11:55 elle veut faire de ses élections européennes un référendum sur l'immigration.
11:59 Là, il faut distinguer, on parle beaucoup ces temps-ci du référendum demandé au pouvoir
12:03 sur l'immigration, là, ce n'est pas de ça dont on parle.
12:06 Il y a cette idée qu'il faut transformer ses élections en plébiscites,
12:09 en référendums pour marquer un désaccord de fond sur le devenir migratoire de l'Europe.
12:14 Donc, on comprend que ce sera la ligne de fond,
12:16 qui correspond à ce qu'ils appellent la droite civilisationnelle.
12:18 Et ça, c'est intéressant, il ne faut jamais oublier,
12:20 on est passé de la droite nationale à la droite civilisationnelle,
12:22 pour nommer ce courant, qui dit finalement l'avenir de la France
12:25 est indissociable de l'avenir de l'Europe.
12:27 Il y a un certain souverainisme des années 90 et 2000,
12:31 qui n'est plus nécessairement la référence politique de base
12:35 de cette droite civilisationnelle, qui dit globalement qu'une France
12:38 absolument souveraine, mais avec une population à 70 % islamique,
12:42 est-ce que ce sera encore la France, la république islamique souveraine de France,
12:45 est-ce le véritable rêve des souverainistes?
12:47 Donc, c'est un peu le point de vue de cette mouvance.
12:50 Ensuite, j'y reviens, vous avez, ça me semble important,
12:53 les institutions européennes, ils nous disent qu'ils sont capables
12:55 de construire une majorité, donc ils veulent jouer dans les institutions européennes,
12:59 avec cette idée par ailleurs de maximiser les transferts de pouvoir vers les États.
13:03 C'est une politique qui est présente en Italie,
13:05 c'est une politique qui est présente aujourd'hui, évidemment, en Pologne, en Hongrie.
13:11 Je note une chose, cela dit, vous avez vu avec Mme Mélanie,
13:13 qui s'est fait élire avec un programme fort,
13:15 globalement, pour l'instant, elle est tenue par l'Europe.
13:18 L'Europe dit, si tu appliques ton programme, on te casse.
13:21 Donc, tu ne peux gouverner qu'à l'intérieur des paramètres fixés par l'Europe.
13:25 Donc, ça implique une bataille politique pour changer ces paramètres.
13:28 Ensuite, j'y reviens, trois candidats de grande qualité, il n'y a pas de doute,
13:31 Jordan Bardella, tous convaincus de son talent politique,
13:33 François-Xavier Bélamy, philosophe remarquable et politique de qualité,
13:37 et Marion Maréchal, dont je vais dire les qualités.
13:41 Le problème, c'est que ces trois-là vont se battre les uns contre les autres
13:43 pour la même part de tarte.
13:45 - Alors, sur le plateau de Cétavo, sur France 5, il y a quelques jours,
13:48 Nicolas Sarkozy refusait d'assimiler Éric Zemmour à l'extrême droite.
13:53 Intéressant. Est-ce un tournant dans le traitement médiatique de Reconquête?
13:57 - Alors, un tournant, non. Je fais confiance aux journalistes de gauche
13:59 pour demeurer ce qu'ils sont, c'est-à-dire des inquisiteurs,
14:02 mais un révélateur néanmoins.
14:04 Parce que quelle est la scène à laquelle on a tous rêvé...
14:06 - Journaliste de tout court, au point de vue...
14:08 - ... de tout court, quelle est la scène à laquelle on a souvent rêvé,
14:11 c'est de voir devant un journaliste de gauche qui pose ses questions,
14:14 quelqu'un qui dit non, je n'accepte pas les termes de la question,
14:16 et je questionne... Autrement dit, on renverse les rôles.
14:19 Et c'est ce qu'a fait Sarkozy d'assez belle manière.
14:21 Donc, il est en tournée pour son livre, on le sait.
14:23 Et là, qu'est-ce qu'il nous dit? Il refuse de diaboliser Zemmour.
14:26 Donc, il dit, ma majorité à l'époque allait du centre-gauche à Philippe Devilliers,
14:30 un homme de grande qualité, dont j'aime dire grand bien,
14:32 dont son oeuvre est remarquable, répétons-le surtout aujourd'hui.
14:35 Donc, du centre-gauche à la droite Villiers, Sarkozy dit,
14:39 j'étais capable de tenir tous ces gens-là avec moi.
14:42 Et dans cette majorité, on peut comprendre, il y avait Éric Zemmour.
14:46 Alors là, réaction immédiate de la journaliste de circonstance,
14:50 la commissaire politique, qui dit, mais en attendant,
14:52 il n'est pas d'extrême-droite pour vous, Éric Zemmour?
14:54 Et là, il répond, mais non, non, il ne l'est pas.
14:56 Donc là, on est censé, quand cette question-là est posée,
14:59 on est censé mettre le genou à terre, s'excuser,
15:02 et dire oui, effectivement, il est d'extrême-droite, pardonnez-moi,
15:04 j'aurais pas dû, j'ai péché, je ne pêcherai plus.
15:06 Il dit non, non, il n'est pas d'extrême-droite.
15:08 D'ailleurs, demande Sarko, j'en ai assez de ce terme d'extrême-droite.
15:11 Il est galvaudé, on l'utilise toujours, c'est franchement lassant,
15:15 et c'est un terme qui est sans définition.
15:17 On lance des termes, il n'est jamais défini.
15:19 Alors la journaliste, croyant en reprendre l'initiative,
15:21 dit, ah, mais quelle est votre définition de l'extrême-droite?
15:24 Et Sarko balaissa ici.
15:26 Qu'est-ce qui est intéressant?
15:27 C'est que si un journaliste veut à tout prix utiliser le concept d'extrême-droite,
15:30 c'est à lui de le définir, c'est pas à l'inviter.
15:32 Autrement dit, on impose de moins extrême-droite sans arrêt,
15:35 de manière répétitive, lassante, jusqu'à la folie, jusqu'au délire.
15:38 Et là, si on questionne, mais donnez-moi votre définition,
15:40 vous, monsieur le journaliste qui utilisez ce terme comme s'il va de soi,
15:43 le journaliste se décompose, le journaliste se liquéfie.
15:47 Sarko, qui était probablement sur un mode taquin, va jusqu'à dire,
15:51 d'ailleurs, le concept de la théorie du grand emplacement,
15:54 dont je ne me réclame pas, prendre la peine de dire,
15:56 c'est pas d'extrême-droite non plus.
15:58 Alors là, imaginez la réaction de tous ces gens pour qui cette formule,
16:03 la théorie du grand emplacement n'existe pas comme formule.
16:05 Ce qui existe, c'est théorie raciste et conspirationniste d'extrême-droite
16:08 du grand emplacement.
16:10 Et vous répétez ça à la manière d'une formule religieuse
16:12 pour chasser le diable et vous délivrer du démon qui vous tente.
16:16 Alors qu'est-ce qu'il dit, lui? Non, c'est pas d'extrême-droite.
16:18 Fichez-moi la paix avec ça.
16:19 Mais là, qu'est-ce qu'on peut retenir comme leçon de ce passage important
16:22 de Sarkozy devant ces journalistes?
16:25 C'est qu'il suffit quelques fois d'avoir un peu d'audace,
16:28 d'avoir une véritable maîtrise du vocabulaire politique,
16:30 d'avoir assez d'autorité soi-même pour ne pas se laisser intimider,
16:33 pour dire, mais fichez-moi la paix avec vos concepts
16:35 qui relèvent de l'Inquisition, qui relèvent du procès politique.
16:39 Définissez vos termes ou alors cessez de jouer à ce petit jeu de persécution.
16:43 Mais ça nous rappelle une chose importante.
16:45 Le concept d'extrême-droite, c'est le trou noir de la pensée politique française.
16:49 C'est là où va se perdre l'intelligence.
16:52 Et je suis convaincu d'une chose, le jour où ce concept tombe
16:55 ou même est fragilisé, c'est tout le système de représentation
16:58 de la vie politique qui tombe.
16:59 Parce qu'à partir du jour où, pour parler d'une réalité,
17:02 vous n'avez pas peur qu'on vous dise,
17:03 oui, mais vous ne seriez pas un peu d'extrême-droite,
17:05 que cette peur tombe, imaginez ce qui va arriver.
17:07 Ce n'est pas que l'extrême-droite va gagner,
17:09 c'est que le réel pourrait être mentionné.
17:11 - Cache-misère de la politique.
17:12 - Très juste, absolument, très bonne formule.
17:15 - Oui, one point.
17:17 Élargissons le regard.
17:19 Il est vrai que partout en Europe,
17:21 les droites se sont recomposées.
17:23 Je disais ça à Thibaut Côté depuis quelques années.
17:26 C'est vrai en Suède, en Italie, Espagne, Péribas,
17:28 et même dans un certain sens au Royaume-Uni.
17:30 Est-ce que ce mouvement n'est pas appelé à l'emporter
17:33 un jour en France?
17:35 - On pourrait dire que la France fait encore barrage
17:37 à la recomposition des droites.
17:39 Qu'est-ce qui se passe globalement ailleurs?
17:41 On a fait tomber ce concept d'extrême-droite.
17:44 En Italie, on parlait de la coalition centre-droite.
17:46 On parlait de Mme Mélanie.
17:48 Je faisais paniquer d'ailleurs une journaliste du Monde
17:50 qui est rendue à l'Obs, je crois, qui disait
17:52 "Mais c'est terrible, quand on dit centre-droite,
17:54 on ne voit plus l'extrême-droite, et alors là,
17:56 ces gens-là peuvent gouverner, c'est terrible!"
17:58 Désolé, madame.
18:00 Mais ce qui est intéressant ici, c'est de voir
18:02 que partout ça se recompose.
18:04 En France, ça ne se recompose pas.
18:06 La vie politique s'est recomposée autrement.
18:08 D'un côté, le centre, qui se voit comme
18:10 le centre présidentiel macronien, et les extrêmes,
18:12 tout en sachant que l'extrême-droite,
18:14 c'est un peu pire quand même.
18:16 On a toujours l'impression qu'au jeu d'alliance à droite,
18:18 il y a une instrumentalisation de la mémoire
18:20 qui fait en sorte qu'on a toujours l'impression
18:22 que si vous n'êtes pas de gauche, vous êtes finalement,
18:24 d'une manière ou de l'autre, potentiellement un collabo.
18:26 Ça, quoi qu'il en soit, entrave la recomposition.
18:28 Mais, dépendamment du résultat des listes,
18:30 donc de Bardella, de Marion Maréchal
18:32 ou de François-Xavier Bellamy,
18:34 la recomposition de la droite qui était avancée
18:36 au moment des dernières élections présidentielles
18:38 et plus encore législatives,
18:40 le jeu va s'ouvrir à nouveau,
18:42 et on va voir de ces trois courants
18:44 ils vont pouvoir se recomposer
18:46 à l'horizon de la présidentielle de 2027.
18:48 C'est pas sans intérêt.
18:50 Donc, c'est un moment de recomposition
18:52 qui peut avoir lieu au moment de ces européennes
18:54 avec trois candidats de talent.
18:56 J'allais dire que le meilleur gagne,
18:58 que le plus chanceux l'emporte peut-être.
19:00 - Alors, on parlait de la puissance des mots.
19:02 On parla tout à l'heure en fin d'émission
19:04 de... Est-ce que vous êtes d'accord
19:06 à mettre "Black" en B majuscule
19:08 et "White" en minuscule, W?
19:10 - Mais "mauve", on l'écrit comment?
19:12 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:14 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:16 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:18 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:20 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:22 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:24 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:26 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:28 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:30 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:32 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:34 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:36 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:38 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:40 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:42 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:44 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:46 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:48 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:50 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:52 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:54 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:56 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
19:58 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
20:00 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
20:02 - "Mauve", on l'écrit comme ça.
20:04 - D'abord, si on en croit Olivier Véran, qui est le porte-parole du gouvernement,
20:10 après les douze heures de réunion, c'était un tournant majeur dans l'histoire politique française.
20:16 A lire les six pages de compte-rendu, j'ai quelques doutes,
20:20 et je pense que les gens qui ont reçu la lettre sont un peu moins enthousiastes.
20:24 D'abord, il s'agit d'un relevé de conclusion.
20:26 Le terme "conclusion" en français, il y a une équivoque sur le sens.
20:30 "Conclusion", c'est un peu comme "je vais conclure", comme Michel Blanc.
20:36 On aboutit à une décision, quand même, qui peut éventuellement jamais venir.
20:40 Mais il y a cette idée-là.
20:42 Ou alors, la conclusion, c'est une sorte de synthèse.
20:44 Là, c'est plutôt une recension de sujet, une espèce de liste à l'après-verre.
20:48 La guerre en Ukraine, par exemple, le chef de l'État a dit que tous les chefs de parti présents
20:54 étaient d'accord pour condamner l'invasion de Vladimir Poutine.
20:57 Oui, je pense qu'ils étaient aussi d'accord pour être contre le cancer, par exemple.
21:01 Il y avait d'autres sujets qui étaient tout aussi consensuels et difficiles.
21:04 Les coups d'État en Afrique, le chef de l'État a dit,
21:07 "Ecoutez, la prochaine fois, il n'y aura pas des coups d'État en Afrique,
21:11 mais qu'il y ait une actualité, il y aura un débat à l'Assemblée."
21:13 Pardon, mais enfin, les questions d'actualité à l'Assemblée nationale, ça existe depuis longtemps.
21:17 Ensuite, encore plus surprenant, la déconcentration.
21:20 Sauf que là, c'était déjà dans le programme du président,
21:23 et qu'il n'y a rien de nouveau, il n'y a rien de précis non plus.
21:26 La conférence sociale en octobre annoncée,
21:28 on se dit "Ah, c'est un peu plus substantiel, la question du pouvoir d'achat, etc. c'est très important."
21:32 Mais là, on sent qu'il va y avoir, ça va être à nouveau minimaliste.
21:35 De quoi s'agit-il ? Que les salaires qui sont en dessous du SMIC dans certaines branches,
21:40 les branches puissent se réunir pour les élever éventuellement.
21:43 Donc vous voyez, ça va être du volontarisme de saut de puce,
21:45 et en plus, ça regarde les partenaires sociaux.
21:47 Ah, il reste le référendum, vous avez raison, le référendum,
21:49 "Ouh là, le sujet qui fâche, attention !"
21:51 Alors là, il a dit niette sur la question des retraites, pas de référendum,
21:54 pas de surprise non plus, mais l'immigration, peut-être,
21:57 il laisse la porte entre-ouverte, il laisse planer le flou,
22:00 et il note quand même qu'il y a un désaccord.
22:02 Mais je pense qu'il y a un texte de cette lettre, 6 pages,
22:05 mais il y a aussi un contexte.
22:06 Si on n'a pas le contexte, on ne peut pas vraiment comprendre cette lettre.
22:08 Le contexte, c'est la rentrée parlementaire.
22:10 C'est-à-dire qu'il va y avoir un 49.3 inévitable sur la question du budget
22:14 et sur le projet de loi immigration,
22:16 et ensuite, il y a une motion de censure assez probable.
22:18 Et donc, pourquoi le président a écrit ça ?
22:20 Pourquoi le président a réuni les chefs de parti ?
22:22 Pour montrer qu'il est à l'écoute, qu'il est à l'initiative,
22:25 et que s'il y a une motion de censure, à ma foi, ça ne sera pas de sa faute.
22:29 Voilà le sous-texte ou le contexte.
22:31 Et Bon Prince, il conclut son texte en disant "Je vous laisse répondre,
22:35 je vous laisse, d'ailleurs, moi j'ai pris 7 jours pour écrire les 6 pages,
22:39 mais je vous laisse juste 4 jours, dimanche compris".
22:41 On ne va quand même pas rigoler, ça reste de mettre des horloges.
22:44 Donc dépêchez-vous, mais par contre, vous répondez comme vous voulez.
22:46 Projet de référendum, proposition de loi, règlement,
22:49 dans tous les cas, c'est le président de la République ou le gouvernement qui ont la clé.
22:52 Donc évidemment, c'est totalement une manipulation.
22:55 Donc selon vous, manipulation, une réunion qui sert un peu à gagner du temps.
23:00 C'est sûr.
23:01 Mais est-ce que ce n'était pas important quand même de répondre à la crise de représentativité ?
23:06 Et est-ce que selon vous, c'est réussi ?
23:08 C'est un sujet grave, la représentativité, on l'évoque souvent ici.
23:13 C'est l'abstentionnisme, la montée du vote contestataire, etc.
23:16 Mais après, disons le grand débat, après les conventions citoyennes, après les CNR,
23:21 le nouveau machin, on pourrait dire le machin de Saint-Denis,
23:25 est supposé, vous avez raison, résoudre cette crise.
23:27 Moi je pense que comme les schmilblick précédents, comme les gadgets précédents,
23:31 ça ne va faire que souligner cette crise.
23:33 Et ça va peut-être potentiellement l'aggraver, ça ne va en rien la résoudre.
23:37 Tout ce qui s'est passé avant, ça a permis aux citoyens de s'exprimer,
23:40 parfois d'exprimer leur mécontentement, un peu comme on relâche la vapeur.
23:43 Mais il n'y a aucune décision qui est sortie.
23:45 Et en plus d'ailleurs, quand le gouvernement a fait la convention citoyenne,
23:50 le grand débat, etc., ça montrait quoi ?
23:52 Ça montrait que les élus ne sont pas assez grands pour décider tout seuls.
23:55 Donc il faut amener des vrais gens autour, des échantillons de vrais citoyens.
23:58 Là c'est pire, parce qu'il réunit finalement les chefs de parti.
24:01 Donc il est en train de dire que pour avoir un débat au Parlement,
24:04 il faut réunir les chefs de parti.
24:05 Mais il y a un endroit où débattre, ça s'appelle précisément le Parlement.
24:09 Donc c'est absurde.
24:10 En plus les chefs de parti, évidemment, il leur tend un piège.
24:12 Il leur dit qu'on va parler d'intérêt général.
24:14 S'ils refusent de parler, ça veut dire qu'ils ne s'intéressent pas à l'intérêt général.
24:17 Et s'ils acceptent de parler, ils se coupent de leur base.
24:19 Vous voyez, ces différents gadgets sont totalement typiques du management.
24:23 Ce sont des techniques manipulatoires.
24:24 Les décisions sont déjà prises, elles sont prises ailleurs.
24:26 On réunit les gens, ils peuvent parler, ils peuvent se soulager.
24:29 Ça leur fait plaisir de parler.
24:31 Et donc ça ressemble aux réunions d'entreprise, aux copiles, aux codires,
24:34 avec plus la réunion dure, moins elle est utile.
24:36 Plus le compte rendu est long, moins il y a de décisions à l'intérieur.
24:39 Et en réalité, ça ne sert à rien, sauf à ce que les participants se fassent mousser.
24:43 Et en général, le dirigeant lui-même s'écoute parler pendant ses réunions.
24:47 Voilà à quoi ça a servi en fait.
24:49 D'ailleurs, ces réunions en général, des codires, des copies dans les entreprises, ça débouche sur quoi ?
24:53 Sur des non-décisions, un calendrier, on va se revoir, on fixe la date pour se revoir,
24:57 pour suivre la non-application de la non-décision.
24:59 C'est à ça que ça sert en fait.
25:01 Et bien là, c'est pareil.
25:02 Je cite le président de la République dans sa lettre.
25:04 « D'ici là, nous reviendrons collectivement de donner une suite concrète à nos échanges
25:09 sur la base de ce relevé de conclusions partagées. »
25:11 Alors là, je ne sais pas ce que c'est comme langue.
25:13 Ce n'est pas de l'anglais, ce n'est pas du français non plus.
25:15 Il y a sans doute une faute de français.
25:17 En tout cas, c'est peut-être un lapsus parce que c'est qui ce « nous » ?
25:19 C'est un « nous », c'est le « nous » on va dire souverain.
25:23 Nous, Emmanuel Macron, nous pensons que, où est-ce que c'est ?
25:27 Il est en train d'embarquer en fait, les chefs de parti, dans la « Team Macron »,
25:31 pour suivre dans un copil le relevé des décisions.
25:33 Vous voyez, donc, ça ressemble vraiment évidemment à une manipulation.
25:36 Et il est en train, mine de rien, peut-être qu'Olivier Véran a raison,
25:40 de noyer la République française dans les eaux saumâtres du management mondial.
25:44 Je vais vous poser une question juste après la pause.
25:47 Si on vous suit seul, le référendum pourrait résoudre cette crise.
25:50 Est-ce qu'il aura lieu ? Est-ce qu'il n'aura pas lieu selon vous ?
25:53 Dans un instant, vous me répondez.
25:55 Coup d'effroi.
25:56 Excellent. Allez, on marque une pause. À tout de suite.
26:02 Retour sur le plateau de Face à l'Info.
26:05 Dans un instant, on parlera de « white » qu'on parlera avec vous.
26:10 Mettez le hashtag #facealinfo.
26:12 Est-ce que vous voulez qu'on écrive « white » avec un W majuscule ou minuscule,
26:16 et « black » avec un B majuscule ou minuscule ?
26:18 Ça me fait rigoler, mais ce n'est pas du tout une blague.
26:21 C'est l'Oxfam qui propose une sorte de réécriture de la langue
26:25 pour pouvoir mieux inclure certaines personnes qui se sentent exclues.
26:29 On verra si ça fonctionne.
26:31 Le B majuscule, après, ça va mieux.
26:33 Oui, tout est une question de taille, apparemment.
26:36 Dans un instant, on parlera de Buffon, parce qu'il y a beaucoup de lycées qui s'appellent Buffon, etc.
26:42 Qui est-il ? On célèbre l'anniversaire de sa naissance aujourd'hui.
26:45 Et avec Charles-Antoine Dornelas, quelle est cette influence turque
26:48 qui infiltre les réseaux sociaux français pour critiquer les décisions de nos dirigeants,
26:53 notamment sur la baïa ?
26:55 Dernière question à propos de lettres d'Emmanuel Macron envoyées aux partis politiques aujourd'hui.
27:00 La référendum, selon vous, c'est une solution à la crise de représentativité ?
27:04 On est dans une crise de représentativité.
27:06 Le référendum est-ce la solution ? Oui ou non ?
27:09 Et est-ce qu'on s'en éloigne ?
27:11 Oui, je pense que ça pourrait être une solution.
27:13 Parce que, évidemment, si on respecte le résultat du référendum,
27:17 la crise de la représentativité, le vrai, non pas coup de canif,
27:21 mais coup de tronçonneuse dans le contrat politique entre les Français et leurs dirigeants,
27:25 c'est l'effacement du référendum de 2005.
27:27 Donc, effectivement, il faut commencer par, si on fait le référendum,
27:30 les respecter à Notre-Dame-des-Landes ou avec 2005.
27:32 Ensuite, c'est un sujet, pas le genre de sujet que veut imposer M. Macron,
27:36 c'est-à-dire des sujets sociétaux ou des sujets d'organisation
27:39 comme la décentralisation par référendum.
27:41 C'est des sujets, justement, clivants et c'est des sujets où il y aurait,
27:44 disons, la possibilité pour le président de la République de restaurer l'esprit de la Ve,
27:48 c'est-à-dire que le chef de l'État, représentons tous les Français,
27:51 s'adresse aux Français au-delà des partis, au-dessus des partis.
27:54 Imaginons que, je ne sais pas, la Basilique Saint-Denis,
27:56 il y ait l'esprit du général de Gaulle qui ait saisi Emmanuel Macron en disant
27:59 "Sauve la République et sauve la France et adresse-toi directement au peuple"
28:04 sur cette question.
28:05 Et là, on voit qu'effectivement, c'est un sujet à l'immigration
28:08 qui pourrait faire consensus, puisque même des électeurs de la France insoumise
28:11 considèrent que ça commence à bien faire, cette immigration à tout va.
28:15 Mais il y a deux contradictions qui surgissent immédiatement.
28:17 La première contradiction, c'est pourquoi, dans ce cas,
28:19 si Emmanuel Macron veut s'adresser aux Français par-delà les partis,
28:22 il réunit les chefs de partis. C'est totalement contradictoire.
28:25 La deuxième contradiction, elle est juridique.
28:27 C'est que pour faire ça, il y a un dispositif qui permet au président de la République
28:30 de s'adresser au peuple. Pour le référendum, c'est l'article 11.
28:33 Sauf que cette question de l'immigration, elle n'est pas mentionnée par l'article 11,
28:38 elle est même exclue par l'article 11.
28:40 L'article 11 permet au président de la République de mobiliser un référendum
28:44 sur les questions d'organisation des pouvoirs publics,
28:46 sur les questions économiques et sociales.
28:48 Alors, le général de Gaulle l'a fait pour imposer l'élection du président de la République
28:51 aux chiffres à la générale, mais c'était le général de Gaulle.
28:53 Évidemment, Emmanuel Macron n'a pas cette légitimité et il n'osera pas le faire.
28:56 Donc, ça, c'est la première contradiction.
28:58 La deuxième contradiction, très rapide, c'est donc juridique.
29:00 C'est-à-dire qu'il faudrait modifier la constitution,
29:03 étendre le champ de l'article 11 pour permettre de traiter la question du référendum
29:08 ou d'autres questions, d'ailleurs, la question de l'immigration, pardon,
29:11 par le référendum. Il faudrait modifier l'article 11,
29:14 ce qui impose de modifier la constitution.
29:16 Et pour modifier la constitution, quel que soit le chemin choisi,
29:19 le Congrès, les 3/5e ou le référendum, il faut d'abord un accord du Parlement
29:25 et donc une majorité parlementaire.
29:27 Donc, comment demander au Parlement, finalement,
29:30 de donner à Emmanuel Macron la possibilité de changer la constitution ?
29:33 Évidemment, le chien se mord la queue. C'est une contradiction totale.
29:37 Merci beaucoup pour votre regard, Guillaume Bigou.
29:40 Je vais garder un petit peu de temps parce que je veux qu'on fasse un tour de table
29:43 dans un instant sur le refus d'Octobre Perret,
29:46 qui a tourné au drame avec ce jeune garçon de 16 ans
29:49 qui est en état de mort, s'il y a un bras à l'ence moment,
29:51 et ça s'est passé à Elancourt dans les Yvelines.
29:54 Les deux policiers qui étaient en garde à vue ont été relâchés.
29:57 Doit-on craindre le retour des émeutes ? On se posera la question dans un instant.
30:02 Marc Menand, est-ce que c'était peut-être le début de l'écologie ?
30:06 On va voir, parce que c'est intéressant de voir comment le passé éclaire toujours le présent.
30:11 On va s'arrêter sur ce 7 septembre 1707.
30:14 C'est un homme, son nom est sur beaucoup de frontons d'établissements scolaires.
30:21 Au lycée Buffon, je suis au lycée Buffon.
30:23 Oui, exactement. Et puis qui est-il ?
30:26 Cet académicien des sciences, académicien français,
30:29 symbole de l'esprit des Lumières, bien sûr, c'est pour ça que vous l'avez choisi.
30:33 Il a transformé le jardin des plantes à Paris en centre de recherche et en musée.
30:38 Et l'histoire naturelle, 36 volumes.
30:42 Vous imaginez un homme qui écrit 36 volumes.
30:46 Personnage invraisemblable que ce Buffon.
30:49 1707, ça veut dire qu'il naît à la fin du règne de Louis XIV.
30:55 On est en province, pas très loin de Dijon.
30:58 Et puis, c'est un garçon qui très rapidement se fasse œil à son père.
31:02 Son père est un juriste, un homme d'ordre.
31:04 Et ce petit bonhomme-là, il conteste.
31:07 Heureusement, sa maman le couvre.
31:09 Or, il écrira qu'il faut oublier toute sa jeunesse,
31:12 que la jeunesse n'est qu'une étape, qu'elle n'apporte rien.
31:15 Mais qu'en revanche, il doit tout à sa maman, son épancipation, son goût de la curiosité.
31:23 C'est essentiel, ce mot, curiosité.
31:25 Il se place dans une époque qui connaît le bouleversement de la pensée en Europe.
31:31 Jusque-là, on était dans ce cheminement où on acceptait les lois célestes.
31:38 Et on commence à s'interroger sur ce qu'est la nature,
31:41 sur ce qu'il se passe autour de nous.
31:44 En Angleterre, on a Newton qui invente ou qui découvre les lois de la gravitation.
31:51 Il taquine aussi les mathématiques et fait naître le calcul infinitésimal.
31:58 Vous imaginez tout ce qui va se passer.
32:01 Les gens qui soudain se disent,
32:03 ce n'est plus le céleste qui nous gouverne et qui nous tient dans ses désirs et ses caprices.
32:12 Nous sommes capables, nous, d'éclairer notre connaissance d'une nature
32:17 que l'on pourrait même manipuler et faire rayonner à notre façon.
32:24 - Bref, là, on se croit Dieu.
32:26 - Ce n'est pas se croire Dieu, c'est soudain se dire qu'on est capable d'influencer l'environnement.
32:32 Quelle est la place de l'homme dans la nature ?
32:35 L'homme est effectivement un élément de la nature,
32:38 mais est-ce qu'il n'a pas quelque chose de différent ?
32:40 Et quel est ce différent ?
32:42 Et s'il y a un tout puissant,
32:44 est-ce que ce tout puissant n'a pas élaboré des lois et comment découvrir ces lois ?
32:49 C'est fascinant.
32:50 Alors à l'école, ce n'est pas vraiment le meilleur élève.
32:52 Lui, c'est plutôt du côté du sport qu'on le remarque,
32:55 mais les mathématiques, ça c'est son petit truc.
32:57 Tant et si bien que quand il termine ses études à 16 ans,
33:00 ses professeurs ne sont même plus capables de lui apprendre quoi que ce soit.
33:04 C'est lui qui les émerveille, qui les méduse,
33:08 de par les recherches qu'il a déjà tramées.
33:11 Et c'est pour ça qu'il s'inscrira très rapidement dans ses calculs infinitésimaux,
33:18 initiés par Newton et Leibniz.
33:21 Bref, notre gaillard, le voilà qui se fâche avec son père.
33:25 Sa maman meurt lorsqu'il est en sortie de l'adolescence.
33:29 Il va cheminer jusqu'à Angers.
33:32 C'est toujours les mathématiques, c'est là, ça le prend.
33:36 Il ne peut pas s'empêcher de chercher ces lois qui nous gouvernent.
33:42 Mais ça n'exclut pas d'avoir quelques sorties le soir,
33:46 puisque le tout-puissant, il existe peut-être en tant que créateur,
33:50 mais qu'il n'a pas des lois morales aussi exigeantes que ça.
33:53 Bref, on se joue en liberté.
33:57 - Ne mettez pas le feu tout à fait.
34:00 - Et parfois, il y a une mauvaise rencontre dans les tavernes.
34:03 Toujours est-il qu'il est accusé d'avoir, dans un duel,
34:06 tué ou blessé quelqu'un. Il est obligé de fuir rapidement.
34:10 Il rencontrera un Anglais et cet Anglais va lui faire faire le tour de l'Europe.
34:15 Son seul voyage. Comment arrive-t-il à cette fonction du responsable surintendant
34:23 du jardin qui se trouve aujourd'hui être le jardin du muséum ?
34:31 Alors là, c'est intéressant parce qu'on peut quitter deux secondes Buffo,
34:35 ce personnage extravagant, un peu attrabilaire, sûr de lui,
34:40 mais avec cette prospérité invraisemblable pour les trouvailles mathématiques
34:44 et qui s'intéresse à cette nature herborise.
34:47 Mais comment est né ce jardin du roi ?
34:50 Eh bien, c'est sous Henri IV. Que se passe-t-il sous Henri IV ?
34:54 Il y a les premières expéditions qui ont lieu au bout du monde
35:00 et on revient avec des plantes, on revient avec des insectes.
35:03 C'est exotique et la mode va s'imprégner de cela.
35:06 Alors, on crée un jardin, non pas pour étudier les plantes,
35:09 mais simplement pour les avoir en référence,
35:11 afin que le monde de la mode s'en inspire, afin de fabriquer des vêtements.
35:17 Ça, c'est quand même étonnant.
35:18 Et ensuite, ce seront les tapissiers qui continueront.
35:21 Et Louis XIII, lui, va s'intéresser à ces plantes médicinales en tant que telles.
35:28 Je ne vais pas prendre les deux personnages qui ont précédé notre Buffo.
35:32 Toujours est-il que là, on se dit que les plantes, selon la tradition,
35:37 elles guérissent, mais comment guérissent-elles ?
35:40 C'est le début de la pharmacopée, c'est le début de la médecine.
35:44 Cherchez les principes qui font qu'une plante puisse vous permettre de retrouver la santé.
35:51 Il est nommé responsable de ce jardin, le développera de manière inimaginable,
35:59 enfermé dans son bureau,
36:01 ayant toutes les intuitions qui permettent de mieux comprendre cet environnement.
36:07 Notons aussi au passage qu'il fait construire la gloriette de Buffo.
36:11 On la voit encore aujourd'hui, la gloriette de Buffo.
36:14 C'est le premier monument, je dirais, en métal, avant, bien avant Gustave Eiffel.
36:21 Et il est avec une sorte d'horloge automatique, c'est le gong,
36:26 qui tous les jours, grâce à l'installation qu'il a faite,
36:29 sonne automatiquement les douze coups de midi.
36:33 Voilà ce personnage incroyable.
36:36 Et grâce à lui, par exemple, un personnage comme Philippe-Hère de Commerson
36:42 partira avec de Bougainville au bout du monde,
36:45 avec un domestique qu'on trouve un peu bizarre,
36:48 ben oui, c'est sa maîtresse.
36:50 Et de Bougainville s'en aperçoit en arrivant à ce qu'est aujourd'hui Tahiti.
36:56 Et Commerson va offrir des matières incroyables
37:01 que, aujourd'hui encore, on étudie au muséum.
37:04 Voilà donc qui est Buffon, un homme de science, un homme d'esprit.
37:08 Ce courant qui nous a ouvert à la connaissance.
37:12 Merci Marc Menand. Dans un instant, on parlera du refus d'obtempérer.
37:16 Doit-on craindre le retour des émeutes ?
37:18 Tout de suite, Charlotte, on a appris ce soir la validation par le Conseil d'État
37:22 de l'interdiction de la baillard dans les établissements scolaires.
37:25 Mais on va s'arrêter sur cette note des services de l'État
37:28 qui s'alarment d'une campagne de diffamation contre la France et ses dirigeants
37:33 après l'interdiction de la baillard.
37:35 Cette campagne est alimentée par des réseaux turcs. Que comprendre ?
37:40 Alors en effet, c'est nos confrères du Parisien qui ont eu accès à cette note,
37:45 à ce document qui est confidentiel évidemment,
37:47 et qui s'attardent sur le flot d'attaques organisés.
37:50 Et ce qui est intéressant, c'est que sur le plan de la baillard,
37:53 on a les discussions de savoir si c'est religieux ou pas.
37:56 On a la discussion de savoir si c'est la liberté de la personne
37:59 ou la liberté de la France d'imposer une manière de s'habiller pour aller à l'école.
38:03 Mais tout ça n'est vu que sous le prisme des individus ou de leur liberté religieuse.
38:07 Et là, dans cette note, on comprend ce qui devrait saisir d'effroi
38:12 tous les responsables politiques. Ils pourraient se positionner différemment.
38:15 Mais à partir du moment où vous avez une offensive organisée,
38:19 qu'ont détecté les services de renseignement, ça devient une question éminemment politique.
38:23 Donc c'est ça qui est intéressant dans cette note.
38:25 Alors ils disent qu'il y a eu des étapes dans la rédaction.
38:27 D'abord, alors ils étudient les réseaux sociaux,
38:29 parce que c'est là qu'il y a beaucoup d'antrisme militant, on va dire.
38:31 D'abord, il y a eu le silence. D'abord, personne n'a réagi.
38:35 Puis ensuite, il y a eu une déferlante de messages en ligne
38:37 qui sont tous arrivés en même temps.
38:39 Donc il y a assez peu de doute, on va dire, sur l'offensive organisée.
38:42 Et les services se disent eux-mêmes d'ailleurs surpris du rôle pris en particulier par la Turquie.
38:47 Alors il est pris par une organisation qui s'appelle
38:52 l'Organisation internationale de soutien aux prophètes de l'islam.
38:55 Parce qu'il faut rappeler que la Bayan n'est pas religieuse,
38:57 mais c'est quand même, ça a un petit rapport avec le prophète de l'islam.
39:00 Donc c'est une structure qui est proche des frères musulmans
39:02 et qui a été créée en 2021 à Istanbul.
39:05 Et vous voyez encore le titre,
39:07 Organisation internationale de soutien aux prophètes de l'islam.
39:10 Ce n'est pas spécialement, à mon avis, leur zone d'influence, on va dire.
39:13 Ce n'est pas spécialement la Turquie ou les pays alentours.
39:15 C'est évidemment le monde entier et en particulier l'Europe.
39:18 Et la note nous dit, elle se bat pour l'interdiction du blasphème partout dans le monde.
39:24 On l'a vu à diverses occasions.
39:26 Mais elle vise surtout à décrédibiliser la France au niveau international,
39:30 notamment auprès du monde musulman.
39:32 Et par le biais notamment d'une campagne de diffamation en arabe sur les réseaux sociaux.
39:37 Et par le biais, alors là c'est encore plus beau si je puis dire,
39:40 vous avez un débat télévisé qui a été organisé sur une chaîne publique turque en anglais,
39:45 entre des universitaires qui, je cite,
39:47 "théorisent les fondements racistes et coloniaux de l'interdiction française de la Bayan dans les écoles".
39:53 Donc ce sont les termes qui sont dits.
39:55 Et alors là, vraiment il faut s'attarder parce que cette organisation, elle dénonce quoi ?
40:00 L'oppression contre les musulmans, le fait, ouvrez les guillemets,
40:03 d'empêcher les étudiantes d'accéder à l'éducation.
40:07 C'est quand même magnifique, le détournement est quand même lunaire.
40:10 Le mouvement s'en prend à, je cite encore,
40:12 "des décisions répressives revenant aux âges d'obscurité et d'ignorance".
40:16 Et enfin, les valeurs de la République française à l'époque d'Emmanuel Macron
40:22 auraient conduit à ce que 12% des femmes soient violées au moins une fois.
40:27 Non.
40:28 Est-ce que vous comprenez ce qui se passe ?
40:29 Ces gens-là ont étudié tous les arguments qu'il y a dans le débat public de manière générale
40:33 et ils les ont retournés contre cette décision de la Bayan
40:36 en prenant un vocabulaire qui est très progressiste, on va dire, dans le débat public français.
40:40 Et alors la dernière chose qui crédibilise énormément cette note des renseignements,
40:44 c'est qu'elle s'inquiète, elle a quelques jours la note,
40:46 elle s'inquiète d'une, je cite encore,
40:48 "une note de convergence entre des professeurs issus d'établissements du 93 et du 94,
40:53 Senceni et Valdemarne, et des collectifs islamistes".
40:56 Or hier, nous avons parlé de ce lycée de Steyn
40:58 où le personnel s'est mis en grève, en effet,
41:00 contre la politique islamophobe du gouvernement.
41:03 Donc vous voyez que la boucle est bouclée, finalement, par rapport à cette note.
41:07 Alors, ces attaques viennent de Turquie, comme on se disait,
41:11 notamment, ce n'est pas la première fois, on a déjà eu l'occasion d'en parler ici à plusieurs reprises,
41:15 que le monde musulman s'attaque à la France sur ce terrain.
41:18 Faut-il réellement s'inquiéter ?
41:21 Alors, ce qui est amusant, ce n'est pas le mot, mais en tout cas, ce qui retient l'attention,
41:24 c'est qu'en effet, la note faisant état d'un antrisme étranger en France sur cette loi,
41:30 inquiète beaucoup plus largement que ce qui se passe en France tout court.
41:33 Et alors, moi, ça m'a étonnée, je vais vous dire pourquoi.
41:36 On avait vu au moment de l'interdiction du voile, déjà,
41:38 à l'époque des signes religieux, de manière générale,
41:40 que le monde musulman s'était attaqué, on va dire, la laïcité à la française.
41:44 Il y avait eu la question des caricatures.
41:46 Souvenez-vous au moment où Emmanuel Macron avait pris la défense de Samuel Paty, s'il vous plaît,
41:50 et de la manière dont il avait fait son cours dans une interview,
41:54 où le monde musulman s'était totalement enflammé contre Emmanuel Macron en l'accusant d'islamophobie.
41:59 Alors, évidemment, dans un monde mondialisé, c'est évidemment problématique,
42:04 on va dire, que le monde musulman parle aussi mal de la France.
42:06 Par ailleurs, sur le terrain des relations diplomatiques, c'est évidemment une question qui se pose.
42:10 Mais c'est surtout inquiétant en France. Pourquoi ?
42:13 Parce que la déstabilisation turque, si je puis dire, elle n'a même plus besoin de la Turquie.
42:19 On va reprendre les arguments.
42:21 Islamophobie d'État, colonialisme auprès des populations d'origine étrangère
42:25 et de cultures revendiquées étrangères, racisme amalgame, on a les mêmes à la maison.
42:31 Il n'y a plus besoin de la Turquie. Il n'y a pas besoin de cette offensive turque.
42:35 Alors, évidemment, elle participe, mais elle a désormais des relais tellement puissants à l'intérieur de la France.
42:39 Et par ailleurs, je note que dans le débat public, on s'inquiète de la Turquie.
42:43 Mais dans le débat public, vous noterez que tous ces mots-là, le contre-discours global,
42:47 mais même des autorités de l'État, est nettement moins agressif qu'envers l'extrême droite,
42:51 pour reprendre, je ne sais pas le dire aussi bien que Mathieu, mais pour reprendre l'extrême droite.
42:55 Donc vous voyez que le contre-discours n'est pas du tout aussi virulent, même en France.
42:59 Or, ce sont exactement les mêmes mots.
43:01 Alors, qui est la poule, qui est l'œuf, peu importe.
43:03 La Turquie se sert d'une offensive qui est déjà présente en France,
43:07 ce qui rend évidemment l'entrisme encore plus percutant, si on veut.
43:11 Ensuite, ces pays ont une influence par le biais de leurs ressortissants,
43:15 ce qu'ils appellent eux-mêmes leurs ressortissants,
43:18 qui ont parfois la double nationalité, parfois pas, mais peu importe,
43:22 et que la France a bien voulu entretenir.
43:25 Pourquoi est-ce que je dis ça ?
43:26 Un, on a en France une archipélisation culturelle qui est inquiétante,
43:31 parce que c'est un ferment de division évident sur le terrain de la culture.
43:35 Mais dans le monde, c'est évidemment un biais absolument redoutable d'entrisme,
43:41 précisément de puissance étrangère, par le biais de leur culture.
43:44 Or, quand vous accueillez des populations d'origine étrangère, en effet,
43:48 et que parallèlement à cet accueil massif, pendant des décennies,
43:54 vous diabolisez l'assimilation, vous diabolisez ceux qui prônent l'assimilation,
43:59 vous n'en faites même plus une option politique défendable,
44:02 vous lui préférez un droit à la différence, c'était le slogan de SES Racisme pendant des années,
44:07 vous célébrez la fierté de la double appartenance,
44:10 et en même temps, vous pratiquez une repentance de votre pays vis-à-vis du reste du monde.
44:16 Mais quelle est la légence privilégiée pour les personnes que vous accueillez ?
44:20 Évidemment, la légence initiale, la légence d'origine sur le terrain culturel.
44:25 Donc ensuite, les pays d'origine, ils n'ont plus qu'à se servir, on va dire, dans ce dispositif.
44:30 Et quand, par ailleurs, vous accompagnez l'implantation d'une religion,
44:34 puisque l'islam est évidemment une question nouvelle qui se pose à la France,
44:37 donc quand, en parallèle de ça, vous accompagnez l'implantation d'une religion
44:41 sans prendre en compte sa particularité culturelle,
44:44 alors, inévitablement, vous êtes un peu étonné par les conséquences des décennies plus tard.
44:49 En effet, c'est bien le monde musulman qui réagit,
44:53 le prophète qui est évoqué, l'islamophobie qui est brandie, quitte de la place de l'islam français dans ce débat.
45:01 En fait, personne ne veut comprendre le sophisme du moment,
45:04 parce que, à la fois, ce sont les mêmes qui parlent au nom du prophète,
45:07 qui brandissent l'islamophobie, qui nous expliquent que la Baye n'est pas religieuse.
45:11 Donc, avec un peu de bon sens, on se dit qu'on est un peu pris pour des cons,
45:14 pour le dire un petit peu messamment.
45:16 Mais en réalité, c'est que le sophisme ne veut pas être assumé par la France
45:19 parce qu'elle n'assume pas la différence.
45:21 Pourquoi ? L'islam n'est pas seulement une foi.
45:24 Et c'est ça que la France a du mal à comprendre,
45:27 puisque la France, ayant conçu sa laïcité,
45:29 ayant conçu sa relation à la religion de manière générale par rapport au catholicisme,
45:34 elle n'a pas l'habitude d'une orthopraxie.
45:36 Et par ailleurs, la dimension culturelle du catholicisme s'appelle la civilisation européenne.
45:41 Donc, on n'a pas cette distinction, on ne comprend pas ce qui nous arrive.
45:45 Pourquoi ? L'islam, c'est une culture, c'est une orthopraxie,
45:48 une manière de s'habiller, une manière de manger,
45:51 une manière de concevoir sa relation au monde.
45:53 C'est une civilisation, ce qu'avait d'ailleurs dit Emmanuel Macron,
45:55 sans en tirer trop les conclusions, et donc une culture.
45:59 Et dans une culture, on trouve par exemple des vêtements.
46:02 On s'habille à l'occidentale.
46:04 Il y a une manière de s'habiller qui est typiquement française.
46:07 On reconnaît une mode française.
46:09 Et de la même manière, il y a une mode islamique.
46:11 Et d'ailleurs, les micros qui ont été tendus à la sortie des lycées aux jeunes filles qui portaient la baïa,
46:15 il y en a une qui nous a dit, j'ai vu ça sur CNews, j'ai trouvé ça magnifique,
46:18 il y en a une qui nous dit, mais en fait, ce n'est pas du tout religieux,
46:20 c'est simplement une mode au Proche-Orient.
46:22 Oui, Bichette, mais en fait, tu n'es pas au Proche-Orient,
46:24 je ne sais pas si tu as remarqué.
46:26 Donc, en effet, elle avait finalement assez bien résumé la chose.
46:29 Donc, l'islam, c'est en effet une foi.
46:31 Et sur le terrain de la foi, la séparation des ordres spirituels et temporels,
46:35 en effet, nous avons la laïcité.
46:37 Mais quand elle est une civilisation, ce n'est pas la laïcité l'outil,
46:41 c'est la laïcité sur le terrain religieux,
46:43 et plus largement, c'est la culture française.
46:45 Mais quand vous n'arrivez pas à imposer la primauté de votre culture en France,
46:50 pas par rapport au monde,
46:52 ce n'est pas une question de relativiser en disant que c'est mieux que le reste,
46:55 c'est simplement qu'en France, c'est la culture française qui prime
46:58 et à laquelle les autres doivent s'attacher.
47:00 Quand vous ne faites pas ça,
47:02 vous avez parfois des questions contradictoires entre des civilisations.
47:05 Ça ne veut pas dire que c'est bien ou moins bien,
47:07 parfois c'est moins bien, que les choses soient claires,
47:09 ça ne veut pas dire que c'est moins bien,
47:11 simplement c'est parfois contradictoire.
47:13 Alors il faut choisir.
47:15 Et si vous n'imposez pas ce choix,
47:17 les choix se font sur un autre terrain,
47:19 peut-être celui que vous avez envie,
47:21 celui qui vous rappelle votre grand-père,
47:23 celui qui vous rappelle des origines un peu fantasmées et perdues.
47:25 Et enfin, quand sur le terrain de l'organisation religieuse,
47:27 vous n'imposez pas la rupture avec des autorités politiques étrangères,
47:31 parce que sur le terrain de la religion,
47:33 souvenez-vous, reprenons la Turquie,
47:35 certains imams sont des fonctionnaires de l'état turc,
47:38 mais ils ne sont pas des fonctionnaires de la grande religion musulmane,
47:41 puisqu'il n'y a pas d'hierarchie religieuse.
47:43 Ce sont des fonctionnaires politiques.
47:45 Quand vous n'imposez pas cette rupture-là,
47:47 encore une fois, vous avez la monnaie de votre pièce en France.
47:50 Et je rappelle pour terminer,
47:52 au moment de la mort du jeune Nahel,
47:54 l'Algérie avait parlé de l'un de ses ressortissants.
47:56 Nahel était né en France.
47:58 Quand Erdogan vient s'adresser aux Turcs en Europe,
48:01 qui sont au minimum des binationaux,
48:03 il parle à ses ressortissants
48:05 et il qualifie l'assimilation de "crime contre l'humanité".
48:07 Et souvenez-vous, il y a encore plus longtemps,
48:10 quand le roi du Maroc confiait à une journaliste française
48:13 que les Marocains resteraient des Marocains.
48:15 Toutes ces questions, nous ne les avons pas prises
48:17 autant au sérieux que les pays d'origine
48:19 de ceux dont nous avons voulu faire des Français.
48:21 J'ai peur qu'ils soient un peu tard pour pleurer.
48:24 - Trop tard ?
48:26 - En fait, il n'y a jamais trop tard pour agir.
48:28 Il n'y a jamais trop tard pour agir.
48:30 Ensuite, ce qui est fascinant, c'est que notre logiciel,
48:32 notre structure mentale n'est pas faite pour comprendre ce qui arrive.
48:34 On n'est pas capable de comprendre la spécificité de l'islam.
48:37 On parle de colonialisme quand on veut imposer...
48:39 - Je suis d'accord avec Guillaume Bigaud, il fait comme ça
48:41 parce qu'on n'est pas capable. Si on est capable,
48:43 on ne veut pas comprendre.
48:45 - Les élèves politiques, globalement, ont décidé de fonctionner
48:47 dans un logiciel qui condamne à l'aveuglement.
48:50 Et ensuite, vous voyez l'inversion des termes.
48:52 On parle de colonialisme quand la France cherche
48:55 à imposer sa propre culture chez soi, pas à l'étranger.
48:58 Imposer sa culture chez soi, c'est rendu du colonialisme.
49:01 Mais lorsque la Turquie, lorsque l'Algérie
49:04 cherche à orienter les populations d'origine en France,
49:08 ce n'est pas vu comme du colonialisme ou de l'impérialisme.
49:11 Les mots n'ont plus de sens.
49:13 - Très rapidement, Guillaume Bigaud.
49:15 - Je suis totalement d'accord avec Charlotte.
49:17 L'islam, ce n'est pas une religion comparable au christianisme.
49:19 C'est une sorte de package global.
49:22 Ça relève plus d'une civilisation globale.
49:24 Ce n'est pas une religion au sens où on peut l'entendre,
49:27 notre culture judéo-chrétienne.
49:29 Par contre, on sait très bien à quoi s'en tenir.
49:32 Quand vous lisez l'historien Pierre Vermeerhen,
49:34 vous vous rendez compte que 200 officiers français
49:37 ont tenu d'une main de fer des pays
49:39 avec des dizaines de millions de musulmans,
49:41 que la République française a organisé des concours
49:43 pour recruter des imams en arabe sur la connaissance du Coran,
49:47 et qu'on les a tenus d'une main de fer.
49:48 On sait parfaitement en réalité que l'islam est justement
49:51 très sensible au rapport de force, ce qu'a montré M. Attal,
49:55 et que l'islam sait où s'arrêter,
49:57 mais à condition de ne pas vouloir nous-mêmes nous écraser,
50:00 nous-mêmes nous suicider d'une certaine façon,
50:02 ou nous soumettre.
50:03 En fait, il y a une pulsion de soumission,
50:05 et il y a une pulsion de suicide à l'intérieur de nous.
50:07 C'est nous le problème, ce n'est pas l'islam.
50:09 Si on l'arrête, l'islam s'arrêtera.
50:10 Moi, ce qui me navre le plus, c'est quand on rencontre les jeunes.
50:14 Ils ont été véritablement imprégnés de tout ce que Charlotte
50:19 a énoncé avec une clarté, une pertinence extraordinaire.
50:23 Comme des éléments de l'image.
50:24 Là même, je ne sais pas, je voudrais leur faire lire,
50:27 parce qu'ils vous disent, mais enfin, ils tournent en boucle,
50:29 c'est la liberté, mais c'est leur liberté.
50:32 Ils n'arrivent même plus à philosophiser.
50:34 Ça, c'est l'américanisation.
50:35 Oui, mais c'est terrifiant.
50:37 Ça veut dire qu'aujourd'hui, on n'est plus capable
50:39 de placer les gens dans cette logique de raisonnement
50:43 qui leur permettrait de se repositionner.
50:46 Merci beaucoup. On va s'arrêter là, parce que j'aimerais
50:48 quand même vous entendre.
50:49 Il y a beaucoup de choses à dire, j'aurais bien aimé continuer,
50:51 mais on va parler quelques instants sur ce refus d'obtempérer
50:55 qui a tourné au drame à Elancourt, dans les Yvelines,
50:59 l'adolescente de 16 ans, entre la vie et la mort,
51:02 dans un état de mort cérébrale.
51:04 Après une collision avec une voiture de police,
51:07 les deux policiers qui étaient en garde à vue ont été libérés.
51:09 La CRS 8 est dépêchée ce soir sur place.
51:12 Est-ce qu'il faut craindre le retour des émeutes ?
51:15 Mathieu Boccoté.
51:16 À court terme, je ne crois pas, parce qu'il n'y a pas l'élément
51:19 le coup de feu, le côté quasi-George Floyd,
51:22 tel que ça nous avait été présenté la première fois.
51:24 Et vous savez, une fois que ça se dépense, il faut se refaire
51:27 de l'énergie avant de repartir à l'émeute.
51:29 C'est le premier élément.
51:30 Ensuite, ce qui est fascinant, je le dis en même temps,
51:33 c'est tant que le refus d'obtempérer demeurera
51:35 un rituel d'initiation pour affirmer sa masculinité
51:38 globalement dans les quartiers, mais les événements comme ça
51:40 vont se multiplier par dizaines, par centaines.
51:42 - Il y en a un toutes les 20-30 minutes, Charles-Arden Elas.
51:44 Vous craignez les émeutes ou pas ? C'est reparti ?
51:47 - C'est difficile de le savoir à l'avance, mais ce qui est sûr,
51:50 c'est que quand vous avez des versions aussi contradictoires
51:54 et que vous avez, par ailleurs, objectivement,
51:57 l'action de justice, c'est que la garde à vue des policiers
52:00 a été levée.
52:01 Donc, il n'y a pas d'élément pour poursuivre cette garde à vue
52:03 et que les policiers disent... La version des policiers,
52:06 c'est de dire que d'abord, il n'avait pas de casque,
52:08 qu'il faisait un refus d'obtempérer et qu'il a percuté
52:10 une voiture qui avait été appelée en renfort à une intersection.
52:13 Et quand vous avez l'avocat de l'autre côté qui vous dit
52:16 publiquement qu'il y a une volonté des policiers
52:19 de percuter ce jeune homme et donc de le tuer,
52:21 il y en a qui poussent à l'émeute, en tout cas.
52:23 - Guillaume Bigot, un second.
52:25 - Moi, je crains la peur de l'émeute.
52:27 En fait, il ne faut pas avoir peur de l'émeute,
52:29 il faut avoir peur de la peur de l'émeute, d'une certaine façon.
52:31 C'est ça qui nous paralyse.
52:33 Je n'ose pas imaginer un instant que ces deux policiers
52:36 aient été mis en examen et détenus, d'ailleurs,
52:38 uniquement par peur de l'émeute. J'espère pas.
52:40 - Une seconde.
52:41 - Une seconde. Que dire ?
52:44 D'abord, on ne peut pas prédire effectivement
52:46 ce qui va se dérouler ce soir ou après-demain.
52:48 Mais ce qui est fou, c'est qu'il n'y ait pas
52:51 la moindre amélioration, malgré la répétition des faits.
52:55 On a l'impression d'un calque et rien, rien, rien
52:59 ne nous indique qu'il y a un petit correctif
53:02 dans la perception de ces événements à l'identique.
53:05 - L'Oxfam, une ONG qui lutte contre les inégalités,
53:09 plaide pour un langage plus inclusif.
53:12 - Oui, c'est ça. Lorsque vous écrivez "black",
53:14 vous devez mettre un B majuscule, c'est ce qu'elle propose.
53:17 Mais lorsque vous écrivez "white", c'est avec un petit W minuscule.
53:21 L'utilisation du langage, on le sait, c'est une arme redoutable,
53:25 un pouvoir sur les personnes, sur les esprits.
53:27 Faut-il se féliciter ou s'inquiéter de ces évolutions
53:31 fortement conseillées par l'Oxfam ?
53:33 L'objectif n'est-il pas de modifier nos conditions
53:36 de perception du réel ?
53:37 - Oui, l'objectif est très clair.
53:39 C'est même revendiqué comme tel.
53:40 On a déjà vu ce document qui remonte, je crois,
53:42 il y a quelques mois déjà, et qui est remonté à la surface
53:45 il y a quelques jours, donc ça nous a tous frappés.
53:47 On le dit, il y a une volonté explicite de décoloniser le langage.
53:51 Donc, il y a cinq grands thèmes.
53:53 Donc, une redéfinition féministe du langage,
53:56 à partir de principes féministes.
53:58 Redéfinir le rapport à la "normalité physique",
54:01 j'y reviendrai.
54:02 La question du genre, la justice, la diversité sexuelle,
54:05 l'immigration, et race, pouvoir et décolonisation.
54:09 Vous voyez l'état d'esprit ?
54:11 Ils nous disent, mot pour mot, il faut redéfinir le langage
54:15 pour être capable de véritablement avoir une emprise sur les esprits.
54:18 Nous devons interdire des mots, bannir des mots,
54:21 en imposer des nouveaux pour gagner la guerre culturelle
54:24 ou médiatique, on dirait aujourd'hui.
54:26 Je précise, c'est assez drôle, ils invitent au début du texte,
54:29 ils se peuvent que des personnes soient blessées en lisant ce texte
54:32 parce qu'il y a des mots, lorsqu'on les lit,
54:34 peuvent susciter un traumatisme.
54:35 Et là, ils nous invitent, ils disent,
54:37 prenez soin d'abord de votre santé, prenez soin de vous.
54:40 Si un mot vous traumatise, prenez d'abord le temps de le digérer
54:43 parce qu'on comprend que ça réveille chez vous
54:45 des traumatismes ratios, coloniaux, etc.
54:48 - Je suis traumatisée de voir "white" en "w" minuscule.
54:50 - Sachez que, de mémoire, j'espère ne pas me tromper,
54:52 mais le New York Times avait proposé la même chose
54:54 au moment des événements Floyd et ainsi de suite.
54:56 Donc le New York Times, en la pravda du régime,
54:58 avait déjà eu l'idée, il faut le noter.
55:00 Alors je donne quelques exemples,
55:02 parce qu'il y en a plusieurs et c'est merveilleux.
55:04 - Des pépites.
55:05 - Alors, alors, les personnes de petite taille,
55:07 vous savez, les nains, si vous avez le seigneur des anneaux,
55:10 les nains, ça existe, c'est même un peuple.
55:12 Les personnes de petite taille n'existent plus,
55:14 il faut désormais parler des personnes à croissance restreinte.
55:17 C'est quand même... il fallait y penser.
55:19 Politiquement, crise des migrants devient migration
55:23 comme phénomène complexe. C'est intéressant, ça.
55:26 D'ailleurs, est-ce qu'il faut vraiment parler
55:28 des migrants illégaux?
55:30 Non, il ne faut plus parler des migrants illégaux.
55:32 C'est très clair, on doit plutôt parler
55:34 des personnes affectées par un déplacement,
55:36 des personnes en contexte de déplacement,
55:38 des personnes à la recherche de sécurité,
55:41 de protection, d'asile, des réfugiés
55:43 qui vont reconstruire leur vie, des mineurs non accompagnés.
55:46 Mais des immigrants illégaux, ça n'existe plus.
55:48 Pourquoi? Parce qu'ils ne devraient...
55:50 Vous connaissez la formule, la personne n'est illégale.
55:52 Dès lors, il faut bannir du langage
55:54 la notion d'immigrant illégal.
55:56 Vous devinez que la suite, c'est quand le politique dit
55:58 qu'il faut s'en prendre à l'immigration illégale.
56:00 Mais vous ne pouvez pas faire ça, puisque ça n'existe pas.
56:02 Il fallait y penser.
56:04 Alors, il ne faut plus dire non plus marché noir, soit dit en passant.
56:06 Parce que marché noir, c'est connoté négativement.
56:09 Noir, méchant.
56:11 Donc, il faut dire économie informelle.
56:13 Mais qu'est-ce qu'on va dire des criminels en col blanc?
56:16 Ça, c'est un problème aussi, mais ça, il ne le suggère pas.
56:18 Et là, un autre terme qui est invité...
56:21 On doit remplacer Occident, vous savez,
56:23 Occident, la civilisation occidentale,
56:25 par minorité globale. - Non.
56:27 - Parce qu'il y a la majorité globale,
56:29 c'est ce qu'on appelait autrefois le tiers-monde,
56:31 qui est en voie de développement, les termes sont nombreux.
56:33 Alors ça, ça devient la majorité globale.
56:35 Et qu'est-ce que la minorité globale?
56:37 C'est la minorité qui s'accapare les ressources
56:39 à travers le système de domination néocoloniale,
56:41 hétérosexiste, phallocentrique, patriarcale.
56:44 Ça va de soi.
56:46 Et c'est la minorité globale.
56:47 Donc, vous comprenez, c'est une guerre pour le contrôle
56:49 des mots qui est proposé par Oxfam.
56:52 - On comprend que tout cela vous agace, on le voit,
56:54 vous exaspère, mais est-ce que vous n'agrandez pas,
56:56 Mathieu Beaucotter, un peu trop de l'importance, quand même,
56:58 à ces patriciens de la neuf glances?
57:00 - Je ne vous en prie pas du tout. Au contraire.
57:02 - En quoi c'est important?
57:03 - Je vais vous donner un exemple.
57:04 Rappelez-vous au débat...
57:05 - On peut s'en moquer, ce n'est pas grave.
57:07 - Non, pas du tout. C'est porté par les élites politiques.
57:09 Je vais vous donner un exemple.
57:10 On en a déjà parlé ici.
57:11 Rappelez-vous le débat porté par le planning familial.
57:13 Ici, nous savons qu'un homme peut être enceint.
57:15 Et c'est repris par la ministre des Droits de la femme,
57:18 je ne me rappelle pas le titre exact,
57:20 mais on comprend ce que c'est, je pense que c'est Mme Romm,
57:22 qui dit que si vous êtes en désaccord avec ça,
57:24 vous êtes transphobe.
57:25 Aujourd'hui, on ne parle plus des réfugiés,
57:27 on parle des exilés, mais j'en reviens quand même là-dessus.
57:29 On est en train de créer, surtout dans le vocabulaire du genre,
57:32 toute une réalité alternative où il y a des licornes.
57:34 Un homme enceint, c'est la même consistance possible
57:37 qu'une licorne ou encore qu'une baleine volante.
57:39 Ça n'existe pas. Un homme ne peut pas être enceint.
57:41 Mais aujourd'hui, le vocabulaire médical,
57:43 le vocabulaire politique, le vocabulaire médiatique
57:46 normalise l'homme enceint,
57:47 normalise l'homme qui va voir sa gynécologue,
57:50 normalise la femme qui a son cancer de la prostate,
57:52 normalise tout cela.
57:53 Je m'excuse, mais la bataille des mots est essentielle
57:55 parce que c'est la possibilité de la bataille du réel
57:57 et de la vérité.
57:58 Je croyais qu'on avait un souci pour la science
58:00 et la vérité à notre époque.
58:01 Apparemment, ce n'est pas le cas.
58:02 - Et c'est intéressant de savoir d'où ça vient.
58:04 On parle, par exemple, le mot genre.
58:06 Ça vient de M. Monet, qui a valorisé ce mot-là.
58:08 - Oui, oui, bien sûr.
58:09 - Alors qu'il prônait l'inceste.
58:11 Bon. - Chut!
58:12 (rires)
58:13 - La Minute info avec Mathieu Devez.
58:16 Excellente fin de soirée.
58:18 (clic)
58:19 ♪ ♪ ♪
58:22 - Les gardes à vue des deux policiers
58:24 ont été levés dans l'affaire Elencourt.
58:26 Ils ressortent donc libres à l'issue de leur audition par l'IGPN.
58:29 Les deux policiers sont les conducteurs des véhicules
58:32 impliqués dans l'accident d'un jeune de 16 ans.
58:34 L'adolescent hospitalisé après une collision
58:37 avec une voiture de police est en état de mort cérébrale.
58:40 Brigitte Macron a rencontré la famille de l'adolescent de 15 ans
58:44 retrouvé mort mardi soir.
58:45 Il s'est pendu à son domicile de Poissy.
58:47 C'est dans les Yvelines.
58:48 La première dame était accompagnée du ministre de l'Education,
58:51 Gabriel Attal.
58:52 Ce dernier a annoncé l'ouverture d'une enquête administrative
58:55 sur les faits de harcèlement scolaire.
58:57 L'année dernière, l'adolescent avait en effet signalé
59:00 des faits de harcèlement et cette année,
59:02 il avait effectué sa rentrée dans un autre établissement.
59:05 Enfin, 14 départements seront placés en vigilance orange
59:08 à la canicule à partir de demain midi.
59:10 Cette vigilance concerne toute l'île de France
59:13 et 6 autres départements de la région centre Val-de-Loire.
59:16 Et selon Météo France, c'est la première fois
59:18 qu'une vigilance orange canicule est déclenchée
59:21 au-delà de la période estivale depuis 2004.
59:24 ♪ ♪ ♪
59:28 [Musique]

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