Le rugby est-il en train de devenir le sport le plus populaire en France?

Sud Radio

Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Françoise Degois, Sébastien Ménard et Jean Garrigues, historien et Président du comité d’histoire parlementaire, par ailleurs fan de rugby et fils d’international militaire de rugby. Auteur du livre Elysée contre Matignon publié chez Tallandier  Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio. --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry   ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ———————————————————————  ☀️ Et pour plus de vidéos des Vraies Voix : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRB7z8JrbG9LyNtTmhxaU-a   ##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-09-14##

Transcript

00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.

00:03 Et donc ce soir, nos Bleus affronteront l'Uruguay au stade Pierre Moroy à Lille,

00:08 avec 50 000 quand même supporters attendus.

00:10 Et selon un sondage IFOP pour Sud Radio, 58% des sondés

00:14 ont l'intention de suivre les matchs de cette Coupe du monde de rugby, Philippe.

00:18 Oui, c'est si les audiences télés sont excellentes.

00:20 La plus grosse audience, France All Blacks, plus de 15 millions de téléspectateurs.

00:24 Et tiens, Lille, c'est pas franchement une terre de rugby.

00:27 Il n'y a jamais eu un club de top niveau à Lille et le stade est plein.

00:30 Et demain, les Bleus iraient jouer à Brest, à Strasbourg, partout.

00:34 Le stade serait plein.

00:35 Est-ce que pour vous, le rugby est en train de devenir le sport

00:38 le plus populaire de France à la place du football ?

00:40 Comme l'était le cyclisme il y a 40 ou 50 ans ?

00:43 Venez nous le dire au 0826 300 300.

00:45 Et pour l'instant, vous le dites oui à 59%.

00:46 Et Nicolas nous dit, ça envoie du spectacle, de la bonne ambiance, de la tradition.

00:50 Que demande le peuple ? J'espère qu'en tout cas, ça va le devenir.

00:53 Avec nous pour en parler, Jean Garrigue, historien et présent

00:55 du comité d'histoire parlementaire, par ailleurs, fan de rugby

00:59 et fils d'international militaire de rugby et auteur du livre

01:02 "Élysée contre Matignon" publié chez Talendier.

01:06 Bonsoir Jean Garrigue, merci d'être avec nous.

01:09 À cette question, Philippe Bilger, quand on voit effectivement

01:13 l'engouement d'année en année du rugby, on se dit que finalement,

01:16 à un moment donné, il pourra se hisser pour plein de raisons

01:19 à la tête un jour des sports préférés des Français.

01:22 - J'en suis persuadé et je suis heureux pour une fois que Jean Garrigue

01:27 ait l'opportunité de parler d'autre chose que des présidents de la République.

01:31 Mais plus sérieusement, moi j'ai toujours pensé, et très honnêtement,

01:37 que le monde de rugby était infiniment plus sympathique que le monde du foot.

01:42 Aussi bien sur le terrain qu'en dehors, dans le comportement des joueurs,

01:48 dans la nature du public.

01:49 Il y a un hebdomadaire aujourd'hui qui a titré sa couverture "La France rugby".

01:55 Et peut-être vais-je choquer mes amis, mais j'ai lu récemment,

02:00 et ne croyez pas que c'est ma lecture quotidienne,

02:02 Mediapart qui s'étonnait que la France des cités

02:07 n'était pas très intéressée par la Coupe du monde du rugby,

02:11 et qu'en réalité, il n'y avait pas dans cette France-là

02:15 une passion pour ce qui paraît majoritairement mobiliser la France.

02:22 Et je me demande si là on ne peut pas trouver au moins une explication

02:27 dans le contraste qu'on peut faire entre le monde du foot,

02:30 largement entendu, et celui du rugby.

02:32 - Peut-être parce que c'était à la base un sport d'universitaire, François Assoucié ?

02:36 - À la base, et puis un sport très, comment dirais-je, localisé.

02:39 Moi je viens du sud-ouest, donc je suis de Tarbes, vous voyez bien,

02:43 et puis j'ai connu Bagnères, tout l'attendu.

02:45 - Et voilà, on a connu Bagnères de la grande époque,

02:47 avec Aguirre et compagnie, et le stade au ceste,

02:50 donc c'était d'abord très localisé.

02:52 Je ne crois pas une minute que le rugby supplantera le football.

02:55 Vous avez une finale de Coupe du monde avec l'équipe de France et l'Argentine,

02:59 en décembre 2022, vous avez 25 millions de téléspectateurs.

03:03 Donc si on regarde les audiences, c'est énorme ce que fait le rugby.

03:07 Moi mon sentiment c'est que les deux peuvent absolument cohabiter,

03:10 mais le football est tellement planétaire.

03:13 La finale de la Coupe du monde, qui l'a regardée ?

03:16 1,8 milliard de personnes sur la planète.

03:19 Donc je ne crois pas, moi je ne suis pas en train de dire

03:22 le rugby est plus sympa que le foot, ça ne m'intéresse absolument pas.

03:25 Les deux sports sont sublimes et voilà.

03:26 - Sébastien Ménard.

03:27 - Moi je suis évidemment en soutien de cette culture rugby,

03:32 puisque nous on a la chance, en tout cas dans un périmètre,

03:35 puisque je suis élu de Biarritz, et on a le fameux Biarritz Olympique, le BO,

03:39 on a l'Aviron Bayonet, avec les copains Bayonet que je salue,

03:43 et avec les fonctions qui ont été les miennes pendant de longs mois,

03:46 on a la section Palois-Apau.

03:47 - Avec un champion du monde qui arrive pour la saison.

03:49 - Autant dire que niveau rugby on est plutôt bien servi.

03:55 La réalité c'est qu'il y a une culture rugby dans nos territoires,

04:01 il y a une culture rugby dans cette, je dirais, France des régions.

04:06 Mais il y a effectivement, comme le dit Françoise, un phénomène planétaire,

04:10 qui est celui du star system et du football.

04:14 - Parce que c'est sublime le foot, quand c'est magnifiquement joué,

04:16 c'est aussi beau que la vie en interne.

04:20 - On va faire réagir Jean Garrigue.

04:24 Jean Garrigue, est-ce que quelque part aujourd'hui,

04:26 quand on voit les audiences, on fera peut-être 25 millions de téléspectateurs

04:29 si la France soit finale de la coupe du monde,

04:31 est-ce que vous croyez, contrairement à Françoise de Gaulle par exemple,

04:33 que le rugby, vu ses valeurs, pourrait supplanter le football

04:37 comme sport numéro 1 dans le cœur des français ?

04:40 - Vous décevez.

04:43 - Pardon.

04:44 - Je ne sais pas, mais je suis d'accord avec Françoise de Gaulle là-dessus.

04:46 Ce sont deux sports qui se complètent, deux cultures qui se complètent.

04:52 J'allais presque dire deux sociologies qui se complètent.

04:54 Et c'est vrai que le rugby reste malgré tout, aujourd'hui,

04:57 un sport essentiellement du méridional, du sud-ouest essentiellement,

05:01 mais qui s'est déporté aussi beaucoup dans le sud-est de la France.

05:04 Et puis qui draine des populations qui ne sont pas tout à fait les mêmes

05:08 que le public ou que les joueurs de football.

05:12 Ce qui est certain, et ce que j'aime dans le rugby entre autres,

05:15 c'est que pour l'instant en tout cas, il est moins gangréné par le fric

05:19 que ne l'est le football, qui manifestement a été complètement

05:23 phagocyté par le capital et par la logique mercantile.

05:29 Et ce que j'aime aussi beaucoup dans le rugby, c'est qu'au fond,

05:32 il me semble qu'il reflète totalement les valeurs de ce qu'était

05:36 l'idéal républicain. Et d'ailleurs, ce n'est pas un hasard

05:40 si les petits clubs de rugby du sud-ouest se sont construits

05:45 au moment où la Troisième République s'installait en France.

05:48 - C'est vrai ? - Oui, Bagnères par exemple.

05:50 - Exactement, ce sont les clubs de Jules Ferry en quelque sorte,

05:53 parce qu'ils vous offrent la liberté de courir un peu partout sur le terrain,

05:59 d'innover, de contourner l'adversaire, la fraternité.

06:03 Alors ça, c'est une valeur très importante dans une équipe de rugby.

06:07 On est solidaires les uns les autres. Et puis, il y a cette idée d'égalité aussi,

06:12 parce qu'il y a des petits, on a besoin du petit demi-de-mêlée,

06:16 on a besoin du très grand second de ligne, on a besoin du très rapide 3 carrels,

06:20 on a besoin du costaud 3/4 centre ou du 3e ligne,

06:23 et tout le monde a sa chance dans le rugby.

06:26 Alors moi, je trouve que ces valeurs-là, si vous voulez,

06:29 avec celles de la laïcité d'ailleurs, qui est importante aussi,

06:32 eh bien ces valeurs-là, on les retrouve dans le rugby,

06:37 et avec ça, ce parfum de la France des terroirs,

06:40 qui est aussi quelque chose auquel, malgré tout,

06:43 beaucoup de Français restent attachés.

06:45 - Vous parliez tout à l'heure des quartiers, Françoise,

06:49 ce serait peut-être génial de se dire, de monter une équipe, justement,

06:53 des quartiers de rugby, parce que les valeurs d'en parle Jean Garrigue,

06:56 de fraternité, de...

06:58 - Il y en a de plus en plus.

07:00 - Il y en a de plus en plus. Dans l'équipe de France de rugby,

07:03 vous avez un certain nombre de jeunes qui viennent des quartiers.

07:07 - Bien sûr.

07:08 - Il y en a de plus en plus.

07:09 - Si, mais bien sûr, moi, j'aime pas cette idée,

07:11 parce que je vois où veut arriver, je suis d'accord avec Jean,

07:14 pour une fois, je suis d'accord avec Jean,

07:16 je vois bien où veut arriver Philippe Bilger,

07:18 alors il y aurait la France, en gros,

07:21 des quartiers avec plus ou moins les racailles,

07:23 et ça, ça serait le foot,

07:24 et la France du rugby, qui serait chimiquement pure,

07:27 mais si, si, en gros, il le reconnaît, il est pas loin de ça.

07:30 Moi, je pense que c'est extrêmement dangereux de dire ça,

07:32 je le redis, et Jean a absolument raison de le souligner,

07:34 d'abord, Philippe connaît très bien le rugby,

07:37 il y a de plus en plus de clubs qui se montent dans les quartiers.

07:39 - Il y a Bobigny, il y a Massy, comme club formateur, par exemple.

07:41 - Il y a de plus en plus de clubs, il y a de plus en plus,

07:44 il y a de plus en plus, mais vous avez de plus en plus de joueurs

07:47 de l'équipe de France qui arrivent des quartiers,

07:49 et moi, j'espère qu'on tiendra la ligne de l'argent,

07:52 je suis d'accord avec ce foot extraordinaire,

07:55 qui a aussi, qui permet à tout le monde de s'exprimer,

07:58 vous pouvez être comme Maradona, mesurer 1m65,

08:01 et être un pur génie, voilà, et puis être un immense joueur,

08:05 je ne sais pas, comme Van Dijk, et mesurer 2 mètres, voilà.

08:08 Mais je pense que, j'espère que le rugby tiendra sur la question de l'argent,

08:12 malheureusement, mon sentiment est quand même que les Diks

08:14 sont en train de céder également au niveau de l'argent pour le rugby.

08:17 - Mais, ce qui m'amuse, si j'ose dire,

08:20 dans l'argumentation tout à fait pertinente de Jean Garry,

08:24 c'est que, je ne discute pas le fait que le football va continuer

08:29 à avoir une multitude de gens qui vont regarder les matchs,

08:33 ou les pratiquer, mais Jean Garry a développé à la fin de son propos

08:38 une argumentation qui montre bien à quel point le rugby,

08:42 et pas seulement à cause de l'intérêt du jeu,

08:45 mais de l'univers qu'il représente à tout point de vue,

08:49 a représenté de manière éruptive une compensation depuis ces dernières années

08:56 à ce que l'équipe de France et son comportement et le public en général

09:01 avaient de déprimant.

09:03 - Un petit mot de Laurent de 0826-300-300,

09:06 et ce sera à vous Sébastien Ménard dans un instant.

09:09 - Laurent, tu viens d'une terre de rugby, l'Ariège.

09:11 - Oui, alors, je suis, oui j'habite en Ariège, mais je suis né à Marseille.

09:14 Donc, bon, on ne peut pas faire plus foutu que moi.

09:17 Après, j'ai la chance d'avoir côtoyé dans mon enfance Eric Chiant,

09:22 qui était un très bon ami.

09:23 - Ah oui, troisième membre de l'équipe de France 87.

09:25 - Voilà, donc je connais le rugby, mais pour moi,

09:29 le foot, le rugby ne passera pas au-delà du rugby.

09:32 Pourquoi ? Parce que le foot déjà fait rêver les jeunes

09:35 par rapport au côté bing bing argent qu'il n'y a pas dans le rugby.

09:39 Après, au niveau des mentalités, malheureusement dans le rugby,

09:42 je vois au quotidien, moi ici à Foix ou ailleurs,

09:45 ça commence à changer doucement, doucement.

09:48 Ça perd ses valeurs, malheureusement, à l'image de la société.

09:51 Mais pour moi, le foot, vous voyez, j'ai mon épouse

09:54 qui ne connaissait rien au foot avant 98.

09:57 Elle s'était intéressée à la Coupe du Monde parce que c'était la Coupe du Monde.

10:00 Ça a été un effet de mode et aujourd'hui, elle s'y connaît au foot,

10:03 presque autant que moi.

10:04 Pour moi, la Coupe du Monde de rugby est un effet de mode.

10:08 Il y aura, si la France va loin,

10:10 il y aura une augmentation de licenciés dans les clubs,

10:13 ce qui est évident, comme lors de la victoire de l'équipe de France de handball.

10:17 Mais pour moi, non.

10:20 Malheureusement, le foot véhicule beaucoup trop d'images bing bing

10:24 qui fait rêver les gosses et qui est beaucoup plus médiatisé que le football en plus.

10:28 - Mais Sébastien Ménard, c'est clair.

10:30 - On va faire réagir Sébastien Ménard et le mot de la fin, très court, à Jean-Garic.

10:33 - Je ne suis évidemment pas d'accord du tout avec notre auditeur

10:36 parce que je crois, moi, que nos territoires, nos terroirs portent des valeurs,

10:42 en tout cas des valeurs qui durent, des valeurs qui rassemblent,

10:45 des valeurs qui font du bien versus des valeurs bing bing qui nous divisent,

10:49 notamment celle du football.

10:51 Il n'en demeure pas moins que le foot est plus fort et plus costaud, médiatiquement parlant.

10:54 - Mais dans les moindres petits bleds, on a regardé la Coupe du Monde en décembre 2022.

10:58 Qu'est-ce que vous racontez là ?

11:00 - François, on a le droit de défendre des valeurs

11:05 qui sont celles de nos territoires, qui sont celles de notre terroir

11:08 et qui, quelque part, sont incarnées, en tout cas sur le terrain, parfaitement, par les joueurs de rugby.

11:13 - Merci beaucoup. Merci Jean-Garic, historien et président du Comité d'Histoire par le momentaire

11:18 et par ailleurs, aussi, auteur du livre "Élysée contre Matignon" publié chez Talendier.

11:23 Merci beaucoup d'avoir été avec nous. Merci mille fois Philippe Bilger,

11:25 merci mille fois Françoise de Gaulle, merci mille fois Sébastien Ménard.

11:29 Et dans un instant, on va vous parler automobile.

11:31 Nous serons avec le directeur général de Sixte.

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