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Romain Millet, PDG de Millet Mountain Group, une marque de vêtements et d'équipements de montagne était l'invité éco de franceinfo le jeudi 28 septembre.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, les amoureux de la montagne connaissent ce nom.
00:08 Millet, Romain Millet, vous êtes à la tête du groupe Millet Mountain Group.
00:12 Bonsoir.
00:13 Bonsoir.
00:14 Quatrième génération, vous êtes PDG de l'entreprise créée en 1921 par vos arrières-grands-parents.
00:19 C'est toute une saga marquée par la montagne.
00:22 En 1950, Millet équipe les premières expéditions françaises sur l'Anapurna dans l'Himalaya et notamment Maurice Herzog.
00:29 En 1977, Millet lance la première Parca Gortex.
00:34 La marque a fêté ses 100 ans en 2021 et cette même année, vous avez racheté l'entreprise familiale.
00:41 Est-ce que c'était un choix évident ?
00:43 Non, ce n'était pas évident.
00:45 Mais ce qui était sûr, c'est qu'on en avait très envie.
00:48 L'entreprise, vous l'avez très bien noté, avait été fondée il y a plus de 100 ans.
00:52 Elle a été revendue en 1974, l'ensemble du capital, par mon grand-père et son frère.
00:57 Moi, je n'étais pas né.
00:59 Cette entreprise, on l'a suivie avec l'ensemble des membres de la famille et notamment mon oncle,
01:04 avec qui je suis associé aujourd'hui dans cette aventure qui détient la majorité du capital à mes côtés.
01:09 On a regardé, on a vécu tous les deux nos carrières professionnelles et à un moment, les planètes se sont alignées.
01:14 C'était en effet durant la période du Covid.
01:16 C'est ça, 2021, on est à la sortie du Covid.
01:19 Moi, j'étais à Shanghai, Jean-Pierre était en Suisse et finalement, les planètes s'alignaient à un moment et on s'est dit que c'était notre moment.
01:26 Sachant qu'en 2021, on imagine que l'entreprise n'allait pas très bien parce que les gens ne se déplaçaient plus.
01:31 Il y avait deux signes au contraire.
01:34 Oui, en effet, d'un point de vue économique, l'entreprise, évidemment, était à l'arrêt,
01:38 comme malheureusement beaucoup de pans de notre économie française.
01:41 En même temps, il y avait eu des vertus à ce Covid pour nous,
01:44 puisque nos consommateurs, nos clients ont pratiqué après le Covid,
01:50 ont revu l'intérêt de la nature, l'envie de nature.
01:54 Et du coup, ça nous a finalement, et encore aujourd'hui, ça nous a pas mal aidé.
01:58 Donc, Millier, ce sont des équipements de montagne, des vêtements, des chaussures.
02:03 En 77, je le disais, vous avez lancé la première parka Gortex.
02:07 C'est quoi la prochaine innovation ? Est-ce que c'est du 100% recyclable ou plutôt des vêtements qui durent plus longtemps ?
02:13 Un peu tout ça.
02:15 Notre mission, c'est de permettre à chacune et chacun de vivre un rêve en montagne.
02:20 Ça fait 100 ans qu'on fait ça.
02:22 Vous l'avez dit, la montagne change.
02:24 Elle change tous les jours.
02:26 Et du coup, nous, on doit adapter nos produits à ces changements.
02:29 Du coup, l'innovation qui va venir, il y en a plusieurs.
02:32 À très court terme, je pourrais vous en citer quelques-unes.
02:34 Il y en a une d'ailleurs très récente, qui est une chaussure totalement faite en France, dans une usine en Ardèche.
02:39 Tous les composants sont français.
02:41 Et on a eu l'honneur d'avoir la visite du président Macron à la fin du printemps, visitant cette usine.
02:48 Donc ça, c'est une première innovation.
02:50 Les secondes innovations, en effet, sont tournées vers la responsabilité.
02:55 Et justement, la responsabilité, c'est un peu un mot-valise.
02:58 On y met un peu ce qu'on veut.
03:00 La responsabilité chez vous ?
03:02 Il y a plusieurs aspects.
03:04 Il y a un aspect qui est très propre à notre industrie, qui est la responsabilité au sens de la sécurité.
03:08 Nous, on garantit pour que les gens vivent des rêves en montagne, on garantit leur sécurité.
03:13 On est partenaire des guides de Chamonix, par exemple.
03:15 Le rôle d'un guide, c'est de permettre à son client d'évoluer en sécurité.
03:19 Est-ce qu'aujourd'hui, il ne faut pas produire moins de vêtements, d'équipements, et faire en sorte de payer le prix, mais peut-être pour qu'ils durent plus longtemps ?
03:26 Tout à fait.
03:27 Le premier élément, c'est la sécurité.
03:29 Le deuxième élément, c'est de prolonger la durée de vie de nos produits.
03:31 C'est ce qu'on fait.
03:32 On est en train de faire...
03:33 On a en fait un groupe, on a deux marques, Lafuma et Millet.
03:36 Chacune de ces marques va prolonger la durée de vie de nos produits.
03:38 Lafuma garantit désormais à vie ces produits, donc ils sont réparés.
03:42 On réparera tous les produits Lafuma, appel à qui veut aujourd'hui.
03:47 Millet offre un service de location.
03:49 Vous pouvez aller découvrir les cascades de glace, les glaciers de Chamonix, en louant nos produits, mais pas nécessairement en vous équipant.
03:56 Et ça veut dire qu'il y a une demande pour ça aujourd'hui, Renan Millet ?
03:59 Oui, il y a une demande.
04:00 Elle se développe.
04:01 Elle est aussi incitée par un certain nombre de marques ou de distributeurs qui sont dans notre écosystème.
04:07 Et d'une certaine manière, je les en remercie, parce que c'est bien.
04:10 Je pense qu'on avance mieux sur ces sujets à plusieurs.
04:13 La location, la seconde main aussi, il y a beaucoup de grandes enseignants notamment qui s'y mettent.
04:18 Est-ce que c'est quelque chose auquel vous pensez ? Est-ce qu'il y a une demande pour ça ?
04:23 Oui, on la propose pour la marque Lafuma et on l'organise comme un certain nombre de marques le font.
04:28 On ne le fait pas pour la marque Millet pour une simple raison.
04:30 C'est qu'on ne garantit pas nécessairement la sécurité sur la seconde main.
04:33 Puisque si vous reprenez un produit usagé, si vous le remettez sur le marché, vous en êtes un acteur.
04:38 Vous n'êtes pas certain que ce produit pourra fournir les mêmes propriétés techniques que ceux pour lesquels il a été dessiné.
04:44 Vous l'avez dit, vous avez une usine en Ardèche. Le siège de Millet est à Annecy.
04:49 Vous avez également des usines en Hongrie et en Tunisie. Est-ce que ça coûte trop cher de fabriquer en France ?
04:54 On a la chance d'avoir ces usines. Nous sommes un des rares industriels du monde de la houte d'or à avoir conservé des usines.
05:01 Dans les années 2000, tous les savoir-faire sont partis.
05:04 C'était le moment de la grande globalisation où il fallait investir dans les marques mais pas dans vos outils industriels.
05:08 C'est pour ça que vous habitiez peut-être à Shanghai à l'époque ?
05:10 Non, pas du tout, ça c'était juste après.
05:12 Effectivement, vous dites que vous avez vos usines, mais elles sont hors de France.
05:16 On les a conservées. Aujourd'hui, à travers ce projet de la chaussure, ce qu'on apprend, c'est qu'on ne relocalise pas.
05:22 On réinove, on redessine. La chaussure que nous avons faite, c'est une chaussure dont le dessin,
05:27 vous le verrez visuellement, c'est notable, a été adapté au fait de produire en France.
05:35 Très concrètement, le coût de la main-d'oeuvre en France est plus élevé qu'il ne l'est en Asie, qu'il ne l'est au Moyen-Orient, qu'il ne l'est dans les pays de l'Est.
05:42 Du coup, on a réduit cette part de la main-d'oeuvre et on a aussi rajouté des éléments plus automatisés.
05:48 C'est un mix entre l'automatisation et la main-d'oeuvre, mais dans tous les cas, on ne peut pas reproduire un produit exactement comme il est fait dans les zones actuelles.
05:55 C'est-à-dire que la relocalisation, aujourd'hui, vous dites que ce n'est pas d'actualité, que ce n'est pas quelque chose...
06:01 Non, c'est parce que j'ai dit que, comme vous le disiez tout à l'heure, le mot responsabilité est un peu un fourre-tout.
06:08 La relocalisation, c'est un peu ça. J'essaye de préciser ou d'aider à la réflexion sur le fait, de façon très empirique, puisque nous l'avons fait,
06:15 qu'il faut penser le produit et le redesign du produit pour pouvoir plus facilement produire en France. Et c'est notre mission.
06:22 Alors, votre corps de métier, c'est la montagne, aujourd'hui, qui est parfois victime de surtourisme. Est-ce que ça vous inquiète ?
06:28 Ou finalement, tant qu'il y aura des mordus, des sommets, il y aura des clients et des ventes d'équipements ?
06:32 Alors, nous déjà, on a une réflexion qui est globale, qui est mondiale, qui n'est pas que française.
06:36 Et il y a énormément de territoires, aujourd'hui, naturels, de montagnes qui sont vierges. Énormément. Notamment en Himalaya.
06:43 Pour ce qui est de la France, en effet, il y a une surfréquentation sur certaines périodes de l'année. Fin du mois d'août, par exemple, à Chamonix,
06:52 puisque c'était récemment une actualité. Parfois, les vacances scolaires, mais le reste du temps, notamment les mois d'été, les montagnes ne sont pas surfréquentées.
06:59 Et on pense, clairement, qu'il faut inciter les gens à venir à la montagne tout au long de l'année et pas uniquement pour les sports d'hiver.
07:06 Et on sent ce changement arriver.
07:08 Merci beaucoup Romain Millet, PDG de Millet Mountain Group, invité Echo de France Info ce soir.

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