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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 dans la nouvelle série documentaire que vous avez peut-être vu,
00:01 Pierre Gasly, sur David Beckham, qui vient de sortir sur Netflix.
00:05 Il parle de ce qu'il a vécu à la suite de l'élimination de l'équipe d'Angleterre.
00:08 C'était à la Coupe du monde 1998.
00:11 -To walk down the street and to see
00:13 people look at you in a certain way,
00:18 spit at you,
00:20 abuse you,
00:22 come up to your face
00:25 and say some of the things that they said...
00:37 And that's... You know, it's difficult. That's difficult.
00:40 -Et la semaine dernière, sur le plateau de clics,
00:43 c'était le combattant de MMA, Jordan Zebo, qui en a parlé aussi.
00:46 -Quand on écrit "Jordan, t'es mort", en fait, vous êtes vivant, vous êtes là.
00:49 Une fois que le match est terminé, il devrait plus y avoir ces trucs-là.
00:52 -C'est vrai. Ça n'a rien à voir avec le sport.
00:55 C'est un peu ça qui était dommage,
00:58 parce que moi, j'ai pas cette vision-là du sport.
01:00 Et même si forcément le trash talk fait partie du marketing et tout,
01:05 mais c'est aussi un peu à l'organisation
01:09 de mettre des limites.
01:12 -Et dans le sport de haut niveau, le premier à en avoir parlé,
01:15 c'est Teddy Riner.
01:16 -Quand on n'est pas les bonnes personnes autour d'un athlète,
01:20 forcément, il y aura toujours des burn-out,
01:22 des dépressions ou des blessures à foison.
01:26 Alors oui, les entraîneurs vous disent et tout le monde vous le dira,
01:29 les blessures font partie de la carrière d'un sportif de haut niveau.
01:34 Mais il y a des blessures qu'on peut éviter.
01:36 Il y a des burn-out qu'on peut éviter si on écoute l'athlète
01:38 et si l'athlète est suivi.
01:40 J'étais l'un des mecs à prendre dans mes bagages ma psychologue.
01:43 Je payais tout, parce que je sais les bienfaits que ça peut avoir.
01:46 Quand on sait l'enjeu qu'est les Jeux olympiques,
01:49 il faut pas louper quoi que ce soit.
01:51 Donc moi, à chaque fois, j'en ai ma psychologue.
01:53 -Bonsoir, Maire-Eme Salmi. Bienvenue sur le Pâteau de Pique.
01:55 Vous êtes la psychologue que Teddy Riner a amenée dans ses bagages.
01:58 Je vous présente Pierre Gasly.
02:00 -Vous connaissez ? -Oui, de nom.
02:03 -C'est une légende du sport.
02:05 -Non, pas vraiment. C'est plutôt eux.
02:08 Mais bon, j'ai la chance d'en accompagner un certain nombre.
02:12 -Et pas des moindres,
02:13 parce que Teddy Riner, on le rappelle,
02:14 c'est un des plus grands champions de l'histoire de France
02:16 et on est très fiers de lui.
02:17 -Et puis c'est important de souligner
02:18 que ça a été notre plus bel ambassadeur,
02:21 parce que contrairement à ce qu'on pense,
02:23 quand il a annoncé qu'il était accompagné, il avait 14 ans.
02:27 Ça fait 20 ans qu'on travaille ensemble.
02:28 À l'époque, c'était une autre époque,
02:32 où la santé mentale n'était jamais abordée.
02:35 Et le fait d'avoir dit ça à 14 ans est un exploit en lui-même,
02:39 parce qu'il a fait avancer les choses.
02:41 Et après, on a commencé à s'intéresser à ce qu'il disait.
02:43 Il a fallu attendre du temps pour que ça intéresse,
02:46 cette question de la santé mentale chez les sportifs de haut niveau.
02:49 -Justement, vous, à cette époque-là, vous aviez 34 ans.
02:51 Je crois que vous étiez aussi une très jeune médecin.
02:53 On a vu dans le sujet la parole des sportifs,
02:54 elle se libère, elle devient publique.
02:57 Aussi, pourquoi ça reste quand même un sujet très tabou,
03:00 notamment dans le sport de haut niveau ?
03:02 -En fait, déjà, dans la population générale,
03:05 on va dire que c'est pas avec un enthousiasme débordant
03:08 qu'on va voir un psychologue,
03:10 parce qu'il y a une connotation très péjorative
03:12 qui est associée, notamment, à cette question de la folie,
03:16 de la faiblesse, de la fragilité.
03:18 Donc, évidemment, ça va être renforcé dans le monde sportif,
03:20 puisqu'on est dans le monde des champions.
03:22 C'est absolument...
03:23 C'est comme si on attaquait ce monde-là,
03:25 que c'était pas possible.
03:27 Alors, ce qu'il faut rappeler,
03:29 et du coup, ça remet les choses en place,
03:32 c'est que ce sont des êtres humains, en fait.
03:34 Et que, par ailleurs,
03:35 puis on est dans un monde qui est difficile...
03:39 Vous avez vu les décisions qu'ils prennent à 370 km/h.
03:43 C'est des cerveaux d'exception.
03:45 Il faut être capable de raisonner, d'être lucide.
03:48 Avec ce qu'ils supportent aussi dans la voiture,
03:51 eh bien oui, il faut être entraîné.
03:52 -En général, un psy accepte une consultation
03:54 quand on appelle soi-même.
03:56 Est-ce que les sportifs vous appellent eux-mêmes
03:57 ou c'est des gens de leur entourage qui vous appellent ?
03:59 -C'est plutôt les sportifs eux-mêmes.
04:01 Ou alors l'encadrement, mais c'est plutôt les sportifs eux-mêmes.
04:05 Ils viennent jusqu'à maintenant
04:07 parce qu'ils sont dans des périodes de doute,
04:10 d'incertitude, de questionnement.
04:12 Jusqu'à maintenant, c'est ça.
04:13 Alors je suis obligée de le dire,
04:14 parce que là, j'ai reçu un sportif qui va très bien,
04:17 qui est un footballeur,
04:18 et qui est venu alors qu'il va très bien.
04:19 C'est la première fois de ma carrière,
04:21 et ça fait 40 ans que j'exerce.
04:23 Donc les choses commencent à avancer, mais je n'ai jamais eu ça.
04:26 -Vous êtes tenue par le secret médical.
04:28 Quand on va chez un psy, en général, à la première séance, on s'effondre.
04:32 Est-ce que ça vous arrive de voir des très grands sportifs
04:34 s'effondrer en larmes tout de suite ?
04:36 -Oui, ça m'arrive.
04:38 Alors on va dire qu'ils ont quand même des capacités hors normes.
04:42 Ça reste des êtres humains,
04:43 ils souffrent de la même façon que tout le monde.
04:45 Ils rencontrent des problématiques qui ressemblent à tout le monde.
04:48 Mais ce qui caractérise ces personnes, tous ces milieux d'élite,
04:53 sont des gens qui ont des capacités hors normes.
04:55 Sinon, ils ne pourraient pas aussi bien sur le plan physique.
04:58 Ça, c'est souligné, on le sait déjà,
05:00 mais il faut souligner que c'est sur le plan psychologique aussi.
05:03 Et ça, c'est important.
05:04 -Méhame Salmi, vous avez accompagné aussi le pilote de Formula 1,
05:06 Romain Grosjean.
05:08 On se souvient, il a été victime d'un très grave accident à Bahreïn en 2020.
05:12 Il est resté 28 secondes prisonnier de sa Formula 1 en feu.
05:16 Vous êtes une des premières à l'avoir vue à la suite de son accident.
05:18 Qu'est-ce que vous lui avez dit et dans quel état il était ?
05:22 -Alors en fait, à ce moment-là, ça, je peux le dire,
05:25 parce qu'il l'a dit dans les médias,
05:27 je suis à l'aise pour en parler, j'ai pas pu le joindre tout de suite.
05:30 D'abord, il pouvait même pas tenir son téléphone.
05:34 Et ensuite, on a débriefé très rapidement,
05:36 parce que ce sont des méthodes et des techniques qu'on connaît,
05:39 on sait que dans ces moments-là, il faut tout de suite évoquer,
05:43 réévoquer la situation, la revivre pour pouvoir l'évacuer, en fait.
05:47 Donc c'est des séances qu'on fait très rapidement.
05:50 -Pierre Gasly, est-ce que vous, vous êtes accompagné par Amsie ?
05:54 -Oui, je suis accompagné par Amsie.
05:57 Et pour rebondir sur ce que vous venez de dire,
05:59 pour moi, je pense que c'est presque...
06:02 C'est un point de vue personnel,
06:03 je pense qu'on a tous une personnalité unique,
06:06 on a tous une manière de gérer certaines situations qui sont uniques,
06:09 donc on doit pas tous être traités de la même manière.
06:12 Mais pour moi, je sais quelque chose qui est très important,
06:14 c'est d'avoir ce suivi en continu dans les bons et dans les mauvais moments.
06:19 Et grâce à ce suivi-là et la personne qui me suit en question,
06:24 ça lui permet de savoir dans quel état d'esprit je suis dans les bons moments
06:28 pour me le rappeler quand j'ai des moments
06:30 dans lesquels je me sens un petit peu moins bien.
06:32 -Mais il y a aussi un sujet différent, c'est-à-dire que si moi, je vais mal,
06:35 je peux en parler à des gens.
06:37 J'imagine que quand on a l'exposition d'un champion d'agran sportif,
06:40 c'est très compliqué de parler, en fait.
06:41 On est entre la pression des réseaux,
06:43 entre l'entourage à qui on doit faire confiance, pas confiance,
06:46 ça doit être très compliqué de pouvoir parler.
06:48 -Tout à fait. Exactement.
06:49 -Je pense que ce qui est compliqué d'un point de vue sportif,
06:53 c'est une chose d'en parler en privé pour trouver le bien-être,
06:58 son bien-être à soi.
07:00 Après, d'aller au-delà et de le rendre public,
07:04 je pense que ça, c'est encore une autre étape.
07:06 Et c'est là où je pense qu'il y a beaucoup de respect
07:10 pour tous les athlètes qui font vraiment ce step-là
07:14 et qui poussent à le rendre le plus normal possible,
07:18 parce qu'au final, on reste tous des humains.
07:19 Et je peux vous assurer que tous les sportifs
07:21 passent par des moments de bons, des moins bons moments,
07:24 des moments de doux, des moments où...
07:26 Voilà, ça peut être dans le milieu professionnel,
07:30 et puis après, il faut pas oublier
07:31 que chacun a aussi une vie personnelle
07:33 qui peut impacter cette vie professionnelle,
07:36 et il faut jongler entre les deux.
07:38 Et c'est pour ça que tout le monde a, je pense très clairement,
07:40 besoin de soutien,
07:42 et je suis vraiment content de voir l'évolution
07:46 sur les dernières années que ça prend.
07:48 -Il y a quelque chose d'intéressant dans ce que vous dites,
07:50 c'est aussi de parler de ce qui va bien.
07:52 Un psy, c'est pas forcément ce qui règle les problèmes,
07:54 c'est un peu comme la médecine chinoise,
07:56 il y a aussi un côté de prévention.
07:57 Mais moi, j'aimerais comprendre quelque chose chez les grands sportifs,
08:00 qu'il s'agisse de Pierre Gasly, de Esteban Ocon,
08:03 ou même d'un Zinedine Zidane ou d'un Victor Wembeniama,
08:08 ils ont tous, dans leur tête, un goût de la victoire,
08:11 un goût de la compétition.
08:13 Comment ça vient et qu'est-ce que ça veut dire ?
08:16 -Ça commence très tôt, déjà.
08:18 Ça commence quand ils sont enfants.
08:20 Il faut rappeler que c'est une histoire d'amour, avant tout.
08:22 Oui, je sais que certains diront "oui, mais ils gagnent beaucoup d'argent",
08:25 enfin, déjà, pas tous.
08:26 Donc, c'est stimulé dès ce moment-là,
08:29 et on aime gagner parce qu'on aime se dépasser
08:31 par tout ce que ça apporte.
08:34 Quand ils sont plus jeunes, effectivement, c'est valorisant,
08:37 on arrive à dépasser tout le monde,
08:38 et puis, au bout d'un moment, ça prend une autre forme,
08:41 et là, on est satisfait aussi d'avoir été capable
08:45 de faire quelque chose qui est extrêmement difficile à obtenir,
08:49 donc ça se modifie au fur et à mesure.
08:51 Et évidemment, il y en a qui n'ont pas la possibilité
08:56 de continuer sur ce chemin-là,
08:58 mais pour ceux qui arrivent jusqu'au bout,
08:59 il y a une transformation, ils évoluent au fur et à mesure.
09:02 Et c'est pour ces raisons-là qu'en Pierre disait
09:05 "Voilà, c'est important".
09:07 Moi, ça fait 30 ans que je suis dans le sport de haut niveau,
09:10 ça fait 30 ans que je me bats pour faire comprendre
09:12 que plus on fait quelque chose de difficile,
09:15 et plus on a besoin d'être accompagnés, en fait.
09:18 Plus c'est compliqué, et je ne défends pas ça
09:22 pour dire qu'ils sont plus faibles et plus fragiles,
09:24 contrairement à ce qu'il y a entendu,
09:26 et dans les représentations qu'on a de la psychologie,
09:28 mais l'inverse.
09:29 Tous ces milieux sont particulier.
09:31 -Est-ce que vous pouvez les aider dans leur vie de couple aussi ?
09:33 -Oui, bien sûr.
09:34 Parce que c'est la différence aussi avec la préparation mentale,
09:38 c'est pour ça que je me suis toujours définie comme psychologue,
09:41 alors qu'on me disait pendant un moment
09:42 "il vaut mieux que tu te parles de coach mental",
09:45 parce que c'était plus valorisé,
09:47 parce que là, on s'adresse à la performance
09:49 quand on parle de préparation mentale, donc c'est entendable.
09:52 Je pense que ce qui est important,
09:55 c'est de rappeler que c'est des êtres humains,
09:57 et oui, l'accompagnement psychologique au sens global,
10:00 parce qu'ils se sont pris aussi dans un environnement privé,
10:04 dans un environnement sportif,
10:07 et puis tout ce qu'ils doivent gérer, les médias,
10:10 les sollicitations, les rythmes de vie infernaux...
10:14 Parce que pour eux, il ne faut pas juste être très bon,
10:19 il faut être le meilleur à chaque fois.
10:20 C'est une autre dimension sur le plan psychologique.
10:23 -En tout cas, la santé mentale, c'est un vrai sujet,
10:25 si vous pouvez aller voir un psy.
10:27 Merci beaucoup. -Merci à vous.
10:28 -Merci beaucoup, Pauline. -Merci, Melonie.
10:30 -Merci à vous.
10:31 Merci à tous !
10:33 [SILENCE]