"AFFAIRE ZAGO : RANCUNE MEURTRIERE" / Le 11 décembre 2003, Guy Pourriel paisible retraité, est abattu de deux balles en pleine tête sur le parking d'un centre commercial de Carprentras.
Rapidement les policiers découvrent que le vieil homme sortait d'un sexe shop lorsqu'il a été pris pour cible... Affaire de moeurs ? Dettes de jeu ? Règlement de compte mafieux ? La vie de la victime, qui cache de véritables zones d'ombres, va entraîner les policiers sur plusieurs fausses pistes.
Mais c'est en recoupant des témoignages et grâce à une enquête minutieuse que les policiers finiront par remonter jusqu'à un suspect. Un suspect totalement inattendu, au mobile encore plus incroyable...
Rapidement les policiers découvrent que le vieil homme sortait d'un sexe shop lorsqu'il a été pris pour cible... Affaire de moeurs ? Dettes de jeu ? Règlement de compte mafieux ? La vie de la victime, qui cache de véritables zones d'ombres, va entraîner les policiers sur plusieurs fausses pistes.
Mais c'est en recoupant des témoignages et grâce à une enquête minutieuse que les policiers finiront par remonter jusqu'à un suspect. Un suspect totalement inattendu, au mobile encore plus incroyable...
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00:00 Les policiers n'ont qu'une seule solution, attendre.
00:04 Et c'est par pur hasard que, quelques semaines plus tard,
00:07 l'affaire va rebondir.
00:10 (Générique)
00:32 Carpentras, le 11 décembre 2003, il est presque 17 heures.
00:37 Au sud de la ville, le centre commercial du Terradou se remplit peu à peu.
00:42 Marie-Claude Bressy est venue acheter son pain.
00:45 Et elle est intriguée par une étrange scène au milieu du parking.
00:49 - Au moment où je vais pour garer, j'aperçois une personne, un homme,
00:56 qui s'avance dans ma direction et met quelque chose de bizarre.
01:02 Il a une cagoule.
01:04 Une cagoule et pas seulement.
01:07 - Je vois une arme au bout de sa main.
01:12 L'homme tient un pistolet et avance tranquillement entre les voitures.
01:16 Marie-Claude l'observe, incrédule.
01:19 - Lorsqu'il arrive près de ma voiture, il s'arrête.
01:26 Son bras s'élève.
01:28 Une première détonation retentit.
01:33 Devant sa boulangerie, René Bagnol est surpris par le coup de feu.
01:38 - La personne qui avait tiré, Marc-Antoine Darré, s'est ajustée.
01:44 - Et une 2e détonation par...
01:47 Un homme est à terre, touché dans le dos.
01:55 Marie-Claude se précipite à son secours.
01:57 Le boulanger la rejoint.
01:59 - Je pars. Je pars après le tueur, le cagoulé.
02:04 - Tout le monde commence à crier.
02:06 "Non, non, mais il faut pas y aller, il est armé, c'est dangereux."
02:08 "C'est pour de vrai." "Arrêtez, arrêtez."
02:10 Au bout d'une centaine de mètres,
02:13 Marie-Claude, victime d'un point de côté,
02:16 prend sous l'inconscience du danger.
02:18 - J'ai peur.
02:22 Je réalise d'un coup
02:24 que peut-être il peut se retourner
02:28 et me mettre une balle à moi.
02:30 Et je le laisse courir. Il m'échappe.
02:33 Sur le parking, au chevet de la victime,
02:44 le boulanger prévient les secours.
02:46 - Quelques minutes plus tard, bon, tout le monde arrive.
02:56 Et puis là, bon,
02:58 ils constatent que la personne est décédée,
03:01 qu'il y a pas eu d'affaire.
03:03 Au milieu du parking du petit centre commercial,
03:07 les témoins sont sous le choc.
03:09 - On était en train de vivre un meurtre.
03:14 Ça dépassait toutes les réalités qu'on pouvait imaginer.
03:23 Sur place, les policiers de Carpentras
03:25 sécurisent la zone
03:26 et font les premières constatations autour du cadavre.
03:29 - Il a un trou au-dessous de l'omoplate gauche.
03:37 Le tireur l'a atteint dans le dos.
03:40 La victime est plutôt âgée.
03:43 Elle n'a aucun papier sur elle.
03:45 Qui est cet homme qui vient de se faire abattre ?
03:48 Pour l'heure, impossible de le savoir.
03:50 - Les policiers sur place, dans ce parking,
03:53 ont très peu d'éléments.
03:55 Ils ont un cadavre, un cadavre X.
03:57 Ils ne connaissent pas l'identité de ce cadavre.
04:00 - Le monsieur, la victime, c'est d'une soixantaine d'années.
04:03 On n'a rien, on le connaît pas.
04:04 C'est pas un notable, c'est pas quelqu'un de...
04:07 C'est pas quelqu'un de Carpentras, a priori.
04:10 Sans identité, impossible de comprendre
04:13 pourquoi cet homme a été assassiné.
04:15 Et surtout par qui.
04:17 La scène de crime est passée au peigne fin
04:19 et les témoins sont entendus.
04:21 A commencer par Marie-Claude Bressy.
04:23 Le tueur, elle s'en souvient bien.
04:25 Et elle peut même le décrire aux policiers.
04:28 - Il est grand.
04:30 C'est un grand... Un grand jeune.
04:32 Le jeune, il a une allure athlétique mince, très mince.
04:37 Il a un blouson beige clair, couleur mastic.
04:41 Bien habillé, propre.
04:43 - L'homme était cagoulé, mais Marie-Claude a pu croiser son regard.
04:48 - Je vois bien ses yeux parce que...
04:51 Parce que ce regard est fixe.
04:54 Des yeux froids, un regard foncé.
04:57 C'est son calme qui me fait le plus...
05:00 Impression.
05:02 Il est fixé sur sa cible.
05:05 Rien ne peut le distraire.
05:08 Lorsque je crie...
05:16 "Qu'est-ce que vous avez fait ? Qu'est-ce qui se passe ?"
05:20 Il ne me regarde pas.
05:23 - Le 2e témoin, René Bagnol, le boulanger, pense avoir vu le tueur un quart d'heure avant le meurtre.
05:30 Il portait le même blouson que l'assassin.
05:33 Et détail capital, à ce moment, il n'avait pas encore de cagoule.
05:38 Le boulanger ne peut pas le décrire de façon précise, mais il a vu son visage.
05:45 - Il voit d'abord rentrer l'individu dans la galerie Terradon, un petit peu dissimulé, mais sans plus.
05:51 - Assez grand, blouson clair, un bonnet assez enfoncé sur les oreilles.
05:59 - Et après, il l'a vu ressortir, il sait que c'est le même, et là, il l'a vu avec une cagoule.
06:05 - Le tueur a ensuite emboîté le pas à la victime jusqu'à sa voiture.
06:13 - Ce témoignage-là indique que l'individu attendait sa victime.
06:19 - C'est pas un coup de feu tiré comme ça sur une personne au hasard.
06:23 Au milieu du parking, les techniciens de la police scientifique finissent leur relevé.
06:29 Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les indices sont maigres.
06:34 - Ils ne trouvent rien.
06:36 - Sur la scène de crime, il n'y a pas l'ombre d'une trace, d'un élément qui peut intéresser l'enquête.
06:41 Finalement, c'est en interrogeant les commerçants de la galerie commerciale
06:45 que les policiers vont trouver un nouveau témoin.
06:48 - Tout au fond de la galerie, il y a une boutique un peu particulière
06:56 qui est en réalité un sex-shop qui s'appelle Fantasme.
07:00 La victime venait-elle de ce sex-shop ? Un seul moyen de le savoir.
07:09 Et donc, ils vont aller interroger le gérant du sex-shop
07:13 pour savoir si leur mort, leur cadavre sortait de cette boutique.
07:19 - Il dit qu'effectivement, il venait assez régulièrement,
07:24 à des heures relativement régulières, des jours assez précis, le mardi, le jeudi.
07:29 C'était un homme, bon, évidemment, discret, souriant, gentil.
07:34 Mais il y a un problème. Le gérant ne connaît pas le nom de ce client régulier.
07:39 Et pour cause, la victime payait toujours en espèces.
07:43 - Généralement, dans ces endroits-là, on laisse pas son sac à identité.
07:48 Mais il l'a déjà vue et il sait que la victime qui était tendue sur le parking
07:53 atteinte mortellement est un de ces clients.
07:56 Les policiers ne connaissent toujours pas l'identité de la victime,
08:00 mais le gérant va tout de même leur apporter une aide précieuse.
08:04 Juste avant le meurtre, il a remarqué quelque chose d'étrange
08:07 sur sa caméra de surveillance.
08:09 D'après lui, un homme faisait les 100 pas devant le sex-shop.
08:13 Et s'il s'agissait du tueur...
08:15 - Il a une petite caméra qui filme, et à cette vidéo-là,
08:20 il voit une paire de baskets.
08:23 Il voit juste une paire de baskets.
08:25 Donc il se dit qu'effectivement, il y avait quelqu'un au fond de la galerie.
08:30 - Si c'est bien l'assassin que montre la vidéo,
08:33 il est évident que l'homme a pris soin d'éviter qu'on filme son visage.
08:37 La victime serait-elle tombée dans un guet-apens ?
08:40 Pour le savoir, les policiers ont besoin de déterminer
08:43 l'identité de l'homme abattu.
08:45 Et pour ça, ils possèdent peut-être une aide de taille.
08:49 C'est la voiture dans laquelle la victime allait monter.
08:57 Les policiers fouillent le véhicule,
09:00 mais ne découvrent pas de carte grise.
09:03 Ils font alors une simple recherche.
09:07 - Ils ont une plaque d'immatriculation qu'ils vont s'empresser de faire identifier.
09:13 Et cette plaque d'immatriculation donne un nom et une adresse.
09:16 Le nom, c'est Guy Pourriel.
09:18 Il est âgé de 72 ans et il habite à Cavaillon.
09:21 - Guy Pourriel est-il l'homme assassiné ?
09:25 Rien ne permet de l'affirmer encore avec certitude.
09:29 La voiture a très bien pu être prêtée ou volée.
09:32 Pour en avoir le coeur net, dans la soirée,
09:36 les policiers se rendent chez le propriétaire du véhicule
09:39 et c'est sa femme, Michèle, qui leur ouvre la porte.
09:42 - On vient lui demander comment est habillée son mari,
09:45 comment est sa voiture, décrivez la voiture, etc.
09:48 Et elle donne le signalement, effectivement, du véhicule
09:51 et des vêtements de son mari.
09:53 Et dans ce moment-là, la police a la conviction
09:56 que c'est bien M. Pourriel qui a été assassiné
09:59 et l'informe que son mari est décédé.
10:02 Effondrée, la veuve suit les policiers pour identifier le corps.
10:06 Elle ne sait pas que cette affaire va vite devenir
10:09 l'un des faits divers les plus retentissants de la région.
10:13 Dès le lendemain, le meurtre de Guy Pourriel s'étale à la une des journaux.
10:21 - Quand on apprend qu'un meurtre a eu lieu
10:24 à la sortie du sex shop de Carpentras,
10:27 c'est tout de suite forcément quelque chose de très particulier.
10:30 C'est pas une boulangerie, c'est pas une banque,
10:33 c'est pas un bar, quoi, c'est un sex shop.
10:36 - Guy Pourriel serait-il victime d'un meurtre lié à l'univers du sexe?
10:40 Pour le savoir, les enquêteurs se concentrent sur leurs victimes.
10:43 Qui était réellement cet homme?
10:46 Et surtout, qui lui en voulait autant
10:49 pour l'exécuter de 2 balles dans le dos en plein jour?
10:52 Sa vie est passée au crible.
10:57 - Tout est bon à prendre au départ,
11:01 surtout dans une affaire comme celle-ci où on n'a rien.
11:04 On fait ce qu'on appelle un environnement de la victime,
11:07 environnement familial, environnement professionnel s'il y a lieu.
11:10 - Mais dès les premières auditions, les enquêteurs dressent
11:13 le portrait d'un homme a priori sans histoire.
11:16 - Son casier judiciaire est rigoureusement vierge.
11:19 Il a exercé pendant longtemps la profession de garagiste.
11:22 Il avait une concession Mercedes à Cavaillon.
11:25 Il est d'origine parisienne.
11:28 Il mène une vie tranquille.
11:31 - Sa famille le décrit comme quelqu'un de paisible,
11:34 d'un paisible retraité qui est passionné par la pêche.
11:37 Il va très, très régulièrement.
11:40 - Il a peut-être eu un passé un peu plus tumultueux,
11:43 avec la cuisine, le rugby, mais aujourd'hui,
11:46 c'est un gentil retraité.
11:48 Absolument rien dans la vie de M. Pourriel ne pouvait laisser penser
11:51 qu'il serait un jour exécuté de cette manière-là.
11:54 - Pourtant, en poursuivant leurs investigations,
11:57 les hommes de la police judiciaire d'Avignon découvrent
12:00 que Guy Pourriel n'était peut-être pas qu'un gentil retraité.
12:03 L'homme s'emportait rapidement.
12:06 - C'est un monsieur qui avait certainement de très bons fonds,
12:09 mais qui avait une manière de s'exprimer un peu brutale
12:13 et qui donc en rajoutait un petit peu dans ses manières de s'exprimer.
12:18 Il n'était pas admis par tout le monde, il faut dire la vérité.
12:21 - Il avait une réputation d'homme autoritaire,
12:24 un peu crâneur, qui roulait un peu les mécaniques.
12:27 Voilà, il avait cette réputation-là.
12:30 C'était quelqu'un qui n'avait pas un caractère facile,
12:33 même son épouse le dit, d'ailleurs.
12:35 - Un homme colérique, mais les enquêteurs apprennent vite
12:38 qu'aucune plainte n'a jamais été déposée contre lui.
12:41 Comme il est d'usage, les policiers s'intéressent alors à sa vie conjugale.
12:46 Avec sa femme, Michelle, ils sont mariés depuis 10 ans.
12:50 Elle le décrit comme un mari modèle.
12:53 - On leur raconte qu'il venait lui apporter le petit déjeuner
12:55 tous les matins au lit, il lui fêtait ses anniversaires,
12:58 elle avait droit à un bouquet de fleurs chaque fois que c'était son anniversaire
13:00 ou l'anniversaire du mariage, etc.
13:03 Il était très prévenant à son égard, c'était un gentil mari.
13:06 - La veuve est longuement entendue au commissariat.
13:09 - On va lui poser des questions qui font très mal.
13:13 Voilà, les questions sur "Avez-vous une assurance vie ?",
13:16 "Aviez-vous des problèmes conjugaux ?",
13:19 "Votre sexualité avec M. Pourriel était-elle normale ?",
13:22 "Votre couple fonctionnait-il bien ?",
13:25 "Que savez-vous du passé de votre mari ?",
13:28 "Que savez-vous de ce qu'il fait dans la journée ?"
13:30 Plein de questions qui sont très indiscrètes et qui touchent à l'intimité.
13:34 - Mais les conclusions s'imposent bientôt.
13:37 - Le couple s'entendait bien, donc c'est une porte qui se referme.
13:42 Tout a été vérifié, elle n'avait aucun intérêt à faire disparaître son mari.
13:48 - Seulement, lorsqu'elle va apprendre que son épouse
13:53 se rendait deux fois par semaine dans un sex-shop,
13:56 Michel va tomber des nues.
13:58 - C'est un élément qui était ignoré par son épouse, bien sûr.
14:03 Il avait caché absolument cette partie de sa vie à sa femme.
14:08 - Elle se posait pas de questions sur ce que faisait son mari dans la journée.
14:11 D'autant qu'ils avaient une sexualité, d'après ce qu'elle dit, absolument normale.
14:14 - Et ce n'est pas la seule surprise de ce dossier,
14:17 car la victime a plusieurs zones d'ombre dans sa vie.
14:21 Lors de leurs auditions, les policiers découvrent que Guy Pourriel
14:29 avait ses habitudes dans un bar de cavaillon,
14:31 l'Embuscade, où il jouait souvent au poker.
14:35 Le meurtre serait-il lié à une dette de jeu ?
14:39 - Cavaillon est connu pour une ville, à l'époque,
14:43 où il se jouait beaucoup d'argent aux cartes,
14:46 notamment dans certains établissements.
14:49 Et la police va envisager une dette de jeu,
14:54 une embrouille qui aurait pu avoir lieu dans le bar.
14:59 Alors les policiers vont entendre tous les habitués qui jouaient avec Guy Pourriel.
15:04 - C'est vraiment un bar familial.
15:07 Il y a une table ou deux de personnes à la retraite
15:09 qui viennent faire leur partie de carte.
15:11 Mais bon, on joue quoi ? On joue au café, quoi.
15:13 Le café ou l'apéritif, si la partie se termine vers midi, quoi.
15:15 C'était vraiment quelque chose d'amical, quoi.
15:17 - Derrière ce que disent, en fait, la plupart des gens qui viennent régulièrement,
15:22 celui qui perd va payer le café,
15:24 les enquêteurs, très rapidement,
15:26 ça, en fait, il y a des parties qui sont financièrement intéressantes.
15:30 Plusieurs centaines d'euros, donc, sont joués sur certaines parties.
15:34 - Joueurs de poker assidus, oui.
15:37 Mais les enquêteurs constatent que Guy Pourriel n'avait contracté aucune dette de jeu.
15:42 Très vite, les policiers réorientent l'enquête sur les lieux du drame
15:50 pour une raison très simple.
15:52 La police locale leur signale qu'une semaine, jour pour jour,
15:55 avant le meurtre de Guy Pourriel,
15:57 le sex shop de la galerie Terradoux a été braqué.
16:00 - Le responsable avait été menacé par 2 individus.
16:16 A une semaine d'intervalle, 2 événements liés au sex shop.
16:21 Ca paraît, effectivement, un petit peu suspect,
16:23 donc il y a eu une piste aussi de ce côté-là qui s'ouvre.
16:26 - Guy Pourriel aurait-il été témoin de ce hold-up ?
16:29 Les braqueurs ont-ils décidé de l'éliminer ?
16:32 Le gérant du sex shop est à nouveau entendu.
16:37 Mais l'homme est formel.
16:39 Guy Pourriel n'était pas là le jour de l'agression.
16:42 A Avignon, les policiers commencent à douter.
16:46 - Au fur et à mesure que l'enquête de la police judiciaire avance,
16:51 on se rend compte que c'est un homme...
16:53 La victime est un homme sans problème.
16:55 On a un petit peu de mal à comprendre
16:57 ce qui a pu se passer sur un homme comme tout le monde.
17:01 - C'était désespérément banal.
17:03 Et on avait du mal à accrocher...
17:06 A faire le lien entre cette vie paisible
17:11 et puis cette fin dramatique.
17:14 - Après une semaine d'enquête,
17:18 les policiers ont épuisé toutes les pistes.
17:21 Pour la police, l'énigme reste entière.
17:25 Heureusement, un témoignage inespéré
17:29 va relancer les investigations.
17:32 Un garagiste se présente au commissariat d'Avignon.
17:36 Il a reconnu la photo de Guy Pourriel dans le journal.
17:39 Et il a des révélations à faire.
17:41 - Les enquêteurs, donc,
17:44 entendent un garagiste qui a vu Guy Pourriel
17:47 2 jours avant le meurtre.
17:49 Et Guy Pourriel est venu dans ce garage automobile
17:52 pour faire réparer son pneu qui était crevé.
17:55 Et le garagiste, comme son salarié,
17:57 dit à Guy Pourriel, "Mais votre pneu, il est pas...
18:01 "C'est pas un clou qui est rentré dans le pneu.
18:04 "C'est quelqu'un qui l'a tailladé volontairement."
18:07 - Un pneu crevé 2 jours avant d'être abattu,
18:10 pour les policiers, il ne s'agit certainement pas
18:13 d'une coïncidence.
18:15 Était-ce un avertissement? Une menace?
18:19 Les enquêteurs interrogent une nouvelle fois Michelle,
18:23 la veuve de la victime.
18:25 Elle leur raconte alors une anecdote troublante.
18:28 Un jour, à la pêche, son mari s'était fait
18:32 violemment accoster par un inconnu,
18:34 sans aucune raison apparente.
18:36 - Il avait dit à sa femme, "J'ai fait une...
18:39 "Je me suis fait accoster, je suis pas tranquille."
18:41 Et c'est à cette occasion-là, d'ailleurs,
18:43 que M. Pourriel avait cherché à acheter une arme.
18:46 Quelqu'un qui s'est senti menacé à un moment donné,
18:48 qui cherche à négocier l'achat d'une arme.
18:50 On va essayer de retrouver qui aurait pu être
18:53 l'individu qu'il avait accosté à la pêche.
18:55 Mais qui est cette personne qui effrayait tant Guy Pourriel?
19:00 Michelle l'ignore.
19:03 Pourtant, en reprenant les auditions des proches
19:06 de la victime, les enquêteurs vont découvrir
19:08 que la vie du retraité cachait encore d'autres zones d'ombre.
19:12 En paisible retraitée, Guy Pourriel avait pour habitude
19:19 d'aller pêcher tous les après-midi
19:21 sur les berges de la Durance.
19:23 Si la victime affectionnait particulièrement
19:25 cette activité de plein air,
19:27 les enquêteurs s'interrogent sur d'autres motivations éventuelles.
19:31 - C'est un lieu qui est fréquenté par la communauté homosexuelle.
19:35 Sex Shop, Durance, tout de suite, on pense que peut-être
19:38 il aurait fait de mauvaises rencontres,
19:40 il aurait pu être témoin de quelque chose.
19:42 - Les bords de Durance, ils ont une réputation,
19:44 ça peut être des rencontres mous,
19:46 ça peut être des échanges, ça peut être n'importe quoi.
19:50 Donc là, l'imagination, Sex Shop et dents,
19:52 les fantasmes, on va dire, il faut y faire.
19:55 On peut tout imaginer.
19:57 - Guy Pourriel allait-il réellement pêcher
20:00 lorsqu'il se rendait sur les bords de la Durance?
20:02 Où venait-il pour y faire des rencontres?
20:05 Les policiers décident de mettre l'endroit sous surveillance.
20:11 Ils se demandent si le meurtrier ne fait pas partie
20:14 des habitués de ce lieu de rendez-vous.
20:16 - Ils vont entendre à la fois les pêcheurs le jour,
20:19 les libertins la nuit,
20:21 et ça, malheureusement, ne donnera rien.
20:23 Aucun couple échangiste entendu sur place
20:26 ne peut apporter l'ombre d'une information
20:28 intéressante en tout cas.
20:30 Après plusieurs semaines de recherche,
20:33 l'enquête sur le décès de Guy Pourriel est au point mort.
20:37 En désespoir de cause,
20:40 les enquêteurs décident alors
20:42 de lancer un appel à témoin dans la presse.
20:45 - Le but de cet appel à témoin, c'est de trouver quelqu'un
20:50 qui a vu le tueur partir.
20:52 Une fois qu'il est sorti du parking,
20:53 on sait absolument pas par où il est passé.
20:55 On sait pas s'il a utilisé un moyen de transport,
20:57 s'il a pris une moto, une voiture.
20:59 Au bout d'une semaine seulement,
21:01 l'appel à témoin porte ses fruits.
21:04 Plusieurs personnes habitant à proximité du centre commercial
21:07 appellent la police.
21:09 - Inspecteur, j'écoute.
21:12 - Il y a 2 témoignages qui vont intéresser la police judiciaire.
21:16 Le témoignage d'une personne
21:19 qui habite à 300, 400 m de la scène de crime
21:22 qui explique donc aux policiers
21:24 que le 11 décembre 2003, vers 17h,
21:27 qu'en bas de chez elle,
21:29 il y a un véhicule utilitaire blanc.
21:32 - Un véhicule aperçu quelques minutes seulement après le drame.
21:36 Un conducteur qui démarre en trombe.
21:39 Le témoin, suspicieux,
21:41 n'a retenu que quelques chiffres de la plaque minéralogique.
21:44 - Et puis un autre témoin donne à peu près
21:46 la même description de la camionnette.
21:48 Il ajoute même que sur le flanc de la camionnette,
21:51 il y a une sorte d'autocollant sombre noir
21:54 qui représente un plongeur sous-marin.
21:57 - Ce 2d témoin donne également certains chiffres de l'immatriculation.
22:01 - Du coup, les policiers n'ont pas le choix
22:05 que de reprendre un travail très fastidieux
22:07 qui consiste à interroger le terminal des cartes grises
22:11 et de ressortir toutes les fourgonnettes blanches
22:14 qui pourraient avoir une bribe de numéros
22:18 qui correspondent à des numéros relevés par les témoins.
22:22 Après plusieurs semaines de recherche,
22:24 le travail des hommes de l'APJ va payer.
22:27 Ils vont établir une liste d'une quinzaine de véhicules blancs suspects.
22:31 - Et systématiquement, ils vont appeler les propriétaires
22:35 pour savoir s'ils ont toujours la voiture
22:37 et puis vérifier leur emploi du temps au besoin.
22:41 Arrivé à la fin de la liste,
22:43 seule une voiture pourrait correspondre.
22:46 - Par élimination, on en retient une, notamment.
22:51 On va entendre le propriétaire,
22:53 enfin, en tout cas, le titulaire de la carte grise.
22:55 - Il prétend, en fait, qu'il l'a vendue dans le Gard,
22:59 dans une ville qui s'appelle Marguerite.
23:01 - Il explique que ça s'est fait un rond-point
23:03 dans des circonstances un petit peu particulières.
23:06 - Il ne connaît pas l'identité de l'acquireur.
23:14 - Il décrit, en parlant d'un type assez jeune,
23:16 d'un mètre 80, assez mince,
23:18 qui pourrait correspondre au profil du tueur.
23:21 - Les policiers sont un peu suspicieux sur sa...
23:26 Sur ses déclarations et vont l'interroger,
23:29 vont essayer d'en savoir un petit peu plus
23:31 sur ce curieux vendeur
23:33 et surtout, a-t-il vraiment vendu ce véhicule
23:36 ou est-il l'homme qui, peut-être, a pu tuer Guy Pourriel ?
23:41 - Il y a bien un moyen de vérifier que la transaction a eu lieu.
23:45 Par exemple, si l'acheteur a payé par chèque
23:48 ou par virement bancaire.
23:51 - Le problème, c'est qu'il a réglé en espèces
23:55 et qu'ils ont rempli les papiers,
23:57 mais qu'il n'en a pas gardé de double
23:59 et que, visiblement, l'autre... Enfin, l'acquireur
24:01 n'a pas fait immatriculer cette camionnette,
24:03 donc il roule toujours sous le nom de l'ancien propriétaire.
24:06 - Mais, heureusement pour lui,
24:08 le vendeur va se souvenir in extremis
24:10 d'une information a priori anecdotique.
24:14 - Pendant la transaction...
24:16 (sonnerie)
24:17 L'acheteur a reçu un coup de téléphone sur son portable.
24:20 - Grâce au relais des réseaux de téléphone mobile,
24:23 les policiers listent tous les téléphones portables
24:26 présents dans le périmètre du rond-point,
24:28 le jour de la vente, à l'heure exacte de la transaction.
24:32 - Et là, les policiers sortent une dizaine,
24:36 une quinzaine de numéros de téléphone les intéressants.
24:39 - Pour la 1re fois depuis le meurtre,
24:41 une piste solide apparaît.
24:43 Le numéro de l'acheteur fait-il partie de cette liste ?
24:46 Et si c'est le cas, l'homme a-t-il un lien avec le meurtre ?
24:51 Pour le savoir, les policiers comparent ces 15 numéros
24:56 à la liste de tous les téléphones
24:58 utilisés au moment exact du meurtre
25:00 aux abords de la galerie commerciale du Terradou.
25:03 - Et là, bingo, il y en a un.
25:06 Un seul numéro correspond.
25:08 C'est celui d'un homme de 34 ans,
25:11 un certain Eric Zago.
25:13 Zago, ce nom interpelle les enquêteurs.
25:17 - Les policiers se disent "Tiens, ce nom, on le connaît."
25:22 - Les policiers font le lien avec un nommé Zago, Fernand.
25:28 - Fernand Zago, c'est le propriétaire de l'embuscade,
25:32 le bar où Guy Pourriel avait l'habitude de jouer aux cartes.
25:36 - Et donc, à partir de là, on se dit
25:38 qu'il y a peut-être quelque chose à creuser,
25:40 puisqu'on retrouve le nom de Zago à 2 reprises.
25:44 Fernand Zago est le père d'Eric Zago,
25:47 l'individu soupçonné d'être le meurtrier du Terradou.
25:50 Mais pourquoi Eric, le fils,
25:52 aurait-il tué un client du bar familial ?
25:55 Dans un 1er temps, les enquêteurs constatent
26:02 que le jeune homme est un individu des plus ordinaires.
26:06 - Il est ramoneur de profession.
26:09 Il est séparé de sa compagne.
26:12 Il a un petit enfant.
26:14 Il est retourné vivre chez sa grand-mère,
26:16 qui habite à Marguerite.
26:18 Il a son père, qui est un ancien international de rugby.
26:21 Il a son frère et sa sœur, qui, tous les 2,
26:23 ont plutôt bien réussi dans la vie, dans leur existence.
26:26 Et lui, en réalité, c'est un peu un loser.
26:29 Mais ça en fait pas pour autant un criminel.
26:31 - Le seul point commun entre la victime et Eric Zago,
26:34 c'est l'embuscade, le bar tenu par son père.
26:38 Un bar où Eric a travaillé
26:40 et où il aurait pu croiser la victime.
26:43 - Eric Zago travaillait très régulièrement
26:48 pour son père au bar de l'embuscade.
26:50 Il travaillait il y a très longtemps.
26:52 Il n'y travaillait plus du tout.
26:54 Eric Zago semble de plus en plus suspect.
26:56 Mais les enquêteurs ne disposent encore d'aucun mobile.
27:00 Alors, ils décident de mettre le jeune homme sous surveillance.
27:05 - On met Eric Zago en surveillance discrète
27:08 pour essayer de voir un petit peu son emploi du temps,
27:11 ses habitudes.
27:13 On n'a pas d'élément, mais enfin,
27:15 c'est quelqu'un qui peut avoir quelque chose à faire
27:19 dans ce qui est arrivé à M. Pourriel.
27:22 - Les policiers n'ont qu'une seule solution.
27:26 Attendre.
27:27 Et c'est par pur hasard que, quelques semaines plus tard,
27:30 l'affaire va rebondir.
27:33 Nous sommes le 6 février 2004,
27:36 2 mois après le meurtre de Guy Pourriel,
27:39 à Rodillan, près de Nîmes.
27:41 Il est 22h.
27:43 Les gendarmes patrouillent et remarquent un véhicule,
27:51 feu éteint, stationné en race campagne, au milieu de nulle part.
27:55 Le véhicule est en route vers le port de Nîmes.
27:59 Stationné en race campagne, au milieu de nulle part.
28:02 Le conducteur est au volant.
28:05 Les gendarmes lui demandent alors de descendre du véhicule.
28:09 - On retrouve dans la voiture des objets étonnants.
28:21 Sur le siège avant-passager,
28:23 les gendarmes découvrent un revolver, une cagoule,
28:27 des fausses plaques d'immatriculation et un masque de Zorro.
28:31 Ils contrôlent cet individu, il s'appelle Eric Zago.
28:39 En appelant le central, les gendarmes ne tardent pas à découvrir
28:43 qu'Eric Zago fait l'objet d'une surveillance policière.
28:46 Dans les heures qui suivent, l'homme interpellé
28:50 est livré à la police judiciaire d'Avignon.
28:56 - Le seul élément dont on dispose, c'est l'arme.
29:00 L'arme retrouvée en possession d'Eric Zago
29:03 et possiblement l'arme qui a tué Guy Pourriel.
29:06 On n'a pas encore les résultats de la balistique,
29:08 mais en tout cas, c'est du 9mm qui a tué Guy Pourriel
29:11 et l'arme est un 9mm.
29:13 Donc, a priori, il y a quand même de fortes chances
29:16 que ça puisse coller.
29:18 Une arme du même calibre que celle du meurtre,
29:21 un téléphone localisé sur les lieux du crime
29:24 et une voiture identique à celle du tueur.
29:27 Pour les policiers, il est fort probable
29:29 qu'Eric Zago soit impliqué dans le meurtre de Guy Pourriel.
29:33 Reste à savoir comment et surtout pourquoi.
29:36 Interrogé, le suspect nie toute implication.
29:40 - Eric Zago est ferme.
29:44 "Oui, je connais Guy Pourriel, c'était un client du bar de mon père,
29:47 "mais non, je ne l'ai pas exécuté
29:49 "et non, je ne suis pas l'auteur ou le commanditaire
29:52 "ou l'exécutant de cet assassinat."
29:55 - On l'entend, on l'entend, et puis ça ne donne rien.
29:58 Donc, les heures passent
30:00 et on n'a toujours pas plus d'éléments.
30:03 - Les heures d'interrogatoire défilent.
30:06 Face au mutisme du suspect,
30:08 le juge d'instruction décide de prolonger la garde à vue.
30:11 C'est une guerre d'usure qui s'engage.
30:14 Après 36 heures de garde à vue,
30:19 Eric Zago finit par craquer.
30:22 - Eric Zago affirme,
30:29 donc, au bout de 36 heures de garde à vue,
30:32 qu'il est bien l'auteur de cet assassinat.
30:35 - Eric Zago revendique le crime en disant
30:39 "Oui, c'est moi, c'est moi qui l'ai tué, c'est moi qui ai tué Guy Pourriel."
30:42 Et il a l'air assez fier de lui, assez content de lui,
30:48 assez satisfait de lui.
30:51 En 36 heures, il n'a rien voulu savoir.
30:55 Et puis, d'un seul coup, pour des raisons qui nous échappent totalement,
30:58 il se met à clamer sa culpabilité.
31:01 - Eric Zago ne se contente pas d'avouer le meurtre.
31:05 Il raconte même qu'il a tenté d'éliminer Guy Pourriel
31:08 à plusieurs reprises par le passé.
31:11 - Une après-midi, quelques 8-10 jours avant son ultime décès,
31:17 son ultime passage à l'acte,
31:20 il a repéré Guy Pourriel dans le jardin qui est en train de bricoler.
31:25 Il est, lui, caché derrière la haie.
31:27 Il a déjà cette arme avec lui.
31:29 Et il va renoncer à son projet d'assassinat
31:32 parce qu'il considère qu'il est trop loin
31:34 et que s'il enjambe la haie, l'autre va le voir
31:36 et va prendre forcément la fuite.
31:39 La 2e tentative, c'était sur le parking du Terradou,
31:42 le 9 décembre 2003, alors que Guy Pourriel était au sex shop.
31:46 Eric Zagot lui a crevé un pneu pour l'obliger à sortir de son véhicule.
31:51 - Il voulait passer à l'acte, ce jour-là.
31:54 Il a crevé les pneus en pensant qu'il allait sortir de sa voiture,
31:57 que Pourriel allait sortir de sa voiture, s'agenouiller,
31:59 et qu'il pourrait le tuer facilement à ce moment-là.
32:01 Le problème, c'est que Pourriel n'est pas sorti de la voiture
32:03 et qu'il a été directement au garage.
32:05 Donc il n'a pas pu le tuer.
32:07 L'homme ne renonce pas.
32:08 2 jours plus tard, il repasse à l'action, plus déterminé que jamais.
32:13 - Et là, il est dans cette fameuse galerie.
32:17 Il va faire même un repérage.
32:19 Il arrive un petit peu avant, sur les lieux du crime.
32:23 C'est là où il va être vu par le boulanger.
32:26 Eric Zagot raconte qu'il a ensuite attendu le vieil homme devant le sex shop.
32:30 - Et à un moment donné, il enfonce sa cagoule de manière à dissimuler son visage.
32:37 Il va se coller derrière Guy Pourriel.
32:40 Il va tirer une 1re fois. Il va le rater.
32:42 Et une 2e fois, il va l'abattre d'une seule et unique dernière balle.
32:47 Pour vérifier la version donnée par Eric Zagot,
32:51 les policiers font venir au commissariat René Bagnol, le boulanger témoin du meurtre.
32:56 Ils veulent voir s'ils reconnaient l'homme aperçu devant la galerie
32:59 un quart d'heure avant les coups de feu.
33:01 - On rentre donc dans une pièce avec une glace santé.
33:06 Et on nous demande de voir si on reconnaît la personne
33:11 qu'on avait vue au mois de décembre tirée sur l'autre, là.
33:15 Au milieu des suspects, un homme sourit étrangement.
33:18 C'est Eric Zagot. René le reconnaît aussitôt.
33:22 - Pratiquement, on aurait dit qu'il était content de s'être fait attraper.
33:26 Et en revendiquant, "Non, non, mais c'est moi, y a pas de souci."
33:30 Mais bon, la physionomie générale, sa corpulence,
33:34 je leur dis, bon, j'ai de grosses présomptions sur cette personne-là, voilà.
33:40 Reconnu par le boulanger, le suspect semble fier de son acte.
33:45 Les hommes de la PJ ne comprennent pas son attitude
33:48 et une question leur brûle les lèvres.
33:50 Pourquoi ? Qu'a bien pu faire Guy Pourriel
33:53 pour être abattu à bout portant par Eric Zagot ?
33:56 Au moment où le meurtrier présumé leur dévoile son mobile,
34:00 les policiers n'en reviennent pas.
34:04 - C'était la première fois que j'avais eu une affaire crime de sang
34:08 avec un mobile pareil.
34:10 - Eric Zagot va raconter une histoire que les policiers ne parviennent pas à croire.
34:17 Une histoire qui, selon Eric Zagot, a commencé 17 ans plus tôt.
34:23 C'était en 1986.
34:29 Il raconte, à la grande stupeur de la police judiciaire,
34:33 que 17 ans avant, alors qu'il était adolescent
34:36 et qu'il servait de façon régulière au bar de son père,
34:39 Guy Pourriel lui aurait dit, petit, dépêche-toi,
34:42 serre-moi, sinon tu prends de gifle.
34:44 - Eric Zagot, en tout cas, c'est ce qu'il expliquait,
34:49 n'avait pas apprécié cette humiliation.
34:52 Il revendique son acte en disant, il m'a humilié,
34:55 il fallait que je lave la fronte.
34:58 - Si Guy Pourriel serait donc mort à cause d'une simple phrase
35:01 prononcée 17 ans plus tôt, l'histoire semble invraisemblable.
35:05 - À la rédaction, quand on dit, ça y est,
35:11 qu'on annonce le mobile de ce meurtre,
35:15 personne n'y croit.
35:17 - La carpentre à la police vient d'élucider un crime étrange.
35:21 Un homme de 72 ans avait été abattu il y a 2 mois.
35:24 Le meurtrier présumé a reconnu les faits.
35:26 Le mobile a stupéfié les policiers.
35:29 La victime aurait été visée en raison d'une remarque désagréable
35:32 faite 17 ans plus tôt.
35:34 - L'histoire fait la une des journaux
35:37 et tout le monde dans la région a du mal à y croire.
35:40 Du côté de Cavaillon, c'est l'incompréhension la plus totale.
35:44 De nombreux habitants connaissaient Eric Zagot
35:46 depuis son plus jeune âge.
35:48 - C'est une grosse stupéfaction parce que Eric,
35:52 c'est un gamin que j'ai reçu même chez moi
35:54 parce qu'il a l'âge de mon fils aîné
35:56 et donc il venait s'amuser à la maison.
35:58 Je connais la famille, quoi.
36:00 C'est une famille tout à fait normale, tout à fait...
36:02 Y a rien d'extraordinaire.
36:04 Jamais je pouvais penser que ce gamin
36:06 pouvait en arriver à cette extrémité, quoi.
36:08 - Pour les enquêteurs, tout semble bien accuser Eric Zagot,
36:12 sauf son mobile, auquel il ne croit pas.
36:15 Le juge d'instruction leur demande de vérifier cette histoire ahurissante.
36:22 - J'étais pas spécialement convaincu
36:25 de la réalité du mobile qu'il invoquait.
36:28 - Il y aurait eu des fêtes, une bagarre, quelque chose.
36:31 Là, je m'en serais souvenu.
36:34 Là, une parole... Non, je m'en souviens pas.
36:38 À la limite, ça m'étonne pas de Guy
36:40 parce que c'est vraiment dans son genre de caractère.
36:43 Je pense pas que...
36:45 Je pense que je me souviens pas d'y avoir assisté.
36:48 - Cette phrase prononcée par Guy Pourriel
36:51 et qui a tant marqué Eric Zagot n'a marqué que lui
36:54 parce que personne, tellement elle est futile,
36:57 ne s'en souvient, absolument personne.
37:00 - Pourtant, Eric Zagot persiste et signe, et il va même plus loin.
37:04 Il affirme que Guy Pourriel ne lui a pas laissé le choix.
37:07 Il raconte comment, 2 mois avant le meurtre,
37:10 il a décidé de rencontrer le retraité pour s'expliquer
37:13 et pour obtenir des excuses.
37:15 - Il frappe au domicile de Guy Pourriel
37:19 puisqu'il a retrouvé le domicile.
37:21 Guy Pourriel ouvre.
37:23 Eric Zagot lui raconte son histoire.
37:26 - Il aurait alors répété au vieil homme sa phrase vexante
37:29 prononcée 17 ans plus tôt au bar de son père.
37:32 Pour lui, cette phrase est à l'origine de tous ses malheurs.
37:36 - Tout est de la faute de cet incident.
37:39 Tous ses échecs viennent de cette humiliation suprême.
37:43 Dans son parcours professionnel, il va aller d'échec en échec,
37:47 il va faire des petits boulots,
37:50 il va se marier, mais il va très vite divorcer.
37:54 - Selon Eric Zagot, le retraité serait resté
37:57 complètement insensible face à son désarroi.
38:00 - Qu'est-ce que tu racontes, petit ?
38:04 Mais je me souviens pas de ça.
38:06 Tu racontes n'importe quoi, tu délires.
38:08 Je vous dis que c'est vrai, je vous demande des excuses.
38:11 Mais arrête, tu m'ennuies, tu me fatigues, dégage.
38:14 J'ai pas d'excuses à te donner.
38:16 Par contre, cette discussion, il dit non, non,
38:18 mais Pourriel est resté correct, simplement très froid, très distant.
38:21 Il a pas voulu me présenter des excuses.
38:23 Et je me suis dit que là, il ne s'en sortirait pas comme ça.
38:26 Guy Pourriel ne présentera pas ses excuses
38:29 et rentrera chez lui comme si de rien n'était.
38:32 C'est à cet instant précis qu'Eric Zagot
38:35 aurait décidé de se venger.
38:37 - À partir de ce moment-là, voyant qu'aucune discussion
38:41 n'était possible pour laver la front,
38:44 il va décider de suivre cet homme, il va l'épier.
38:48 - Pendant un mois, Eric Zagot va presque tous les jours
38:52 suivre Guy Pourriel.
38:55 Il va le suivre à la pêche, il va le suivre...
38:57 Donc il connaît ses habitudes, il connaît les habitudes du retraité.
39:00 Il va le suivre au sex shop,
39:02 il va le suivre aux différents bars où il se rend tous les jours.
39:06 En interrogatoire, Zagot raconte que c'est à ce moment-là
39:09 qu'il a acheté l'arme pour passer à l'acte.
39:13 - Cette arme a une particularité.
39:16 Lorsqu'il l'achète, elle est équipée de 5 balles, 5 munitions.
39:20 Ensuite, Eric Zagot va vérifier le fonctionnement de cette arme.
39:24 Et il va aller s'isoler dans une forêt
39:26 et il va tirer 3 projectiles.
39:28 Il lui en reste plus que 2.
39:30 - 2 balles qui serviront à tuer Guy Pourriel
39:33 pour une menace de 2 chiffres.
39:41 Encore une fois, les enquêteurs sont face à un dilemme.
39:44 Car rien ne vient prouver le récit de Zagot.
39:47 Une question se pose.
39:49 Sont-ils face au délire d'un homme complètement déséquilibré ?
39:53 Le juge ordonne alors une expertise psychiatrique.
39:56 Les conclusions sont édifiantes.
39:58 - Il souffre d'une psychose paranoïaque délirante.
40:01 Le psychiatre considère qu'il y a abolition de son discernement.
40:05 C'est-à-dire qu'il n'est pas responsable de ses actes.
40:09 Pour l'expert René Pendelon, pas de doute.
40:12 Éric Zagot raconte sa vérité.
40:15 - Il dit ça m'a...
40:18 Comment dire ?
40:19 Ça m'a détruit, ça a été abominable pour moi.
40:22 Pendant des années,
40:24 tout ce qui m'est arrivé un petit peu de difficile,
40:28 de compliqué dans la vie,
40:30 c'est parce qu'au départ, j'ai été détruit
40:33 par la psychose.
40:35 C'est parce qu'au départ, j'ai été détruit par cette parole.
40:39 Il dit, j'ai passé des années à essayer de me reconstruire
40:43 au fil de ma vie.
40:45 Et puis, cette reconstruction a toujours buté
40:49 sur cette insulte de départ.
40:52 Et je n'avais plus d'autre solution
40:55 que d'éliminer la personne
40:57 qui avait proféré cette insulte qui m'avait détruite.
41:03 - Face au psychiatre, Éric Zagot va faire la démonstration
41:07 de son délire paranoïaque, car le suspect obéit à une logique
41:11 pour le moins déconcertante.
41:13 - Il me dit, à la fin, j'ai pris une feuille de papier
41:17 et j'ai fait 2 colonnes.
41:20 Sur une colonne, j'ai mis les raisons pour lesquelles
41:24 je ne dois pas éliminer, tuer la victime.
41:29 Et donc là, il avait mis, la victime est âgée,
41:33 je suis contre la peine de mort,
41:37 j'ai jamais fait de mal à personne, même pas à un animal.
41:41 Et de l'autre côté, il avait mis 17 ans de souffrance.
41:45 Et il m'a dit, c'est ce qui a fait basculer ma décision.
41:52 - Pour l'expert, Éric Zagot n'est pas responsable de ses actes.
41:56 Et dans ce cas, il échappera aux griffes de la justice.
42:00 Mais à la surprise générale, quand le meurtrier présumé l'apprend,
42:04 il est fou de rage.
42:06 - Ce qui se comprend moins, en tout cas ce qui est moins habituel,
42:09 c'est la réaction d'Éric Zagot, qui n'accepte pas
42:12 d'être considéré comme fou, pour parler simplement.
42:16 Et qui veut une contre-expertise, parce qu'il veut être jugé.
42:20 - La contre-expertise parle d'une altération du discernement,
42:25 qu'il parle uniquement d'altération.
42:28 En clair, ça veut dire qu'il est parfaitement accessible
42:30 à une sanction pénale et qu'il va être jugé,
42:33 qu'il va avoir un procès devant la cour d'assise.
42:35 - Nous sommes le 13 mars 2006.
42:44 Le procès d'Éric Zagot s'ouvre devant la cour d'assise du Vaucluse,
42:47 à Avignon.
42:49 La salle est comble.
42:51 Tout le monde veut voir celui qui aurait tué un homme
42:53 par simple menace de gifle, vieille de 17 ans.
42:56 Mais l'accusé surprend.
42:58 Depuis son boxe, il semble tout à fait normal.
43:01 - Éric Zagot est quelqu'un qui...
43:05 D'apparat, c'est plutôt un garçon costaud,
43:10 bien rasé, il porte bien sur lui, il a un costume.
43:14 - Il présente bien, comme on dit.
43:17 Il n'a pas de signe extérieur de maladie mentale.
43:19 Il donne le change sans aucun doute.
43:21 Mais cette impression ne durera pas longtemps.
43:24 Dès qu'il s'explique sur les faits,
43:26 les réponses qu'il donne jettent un froid dans la salle.
43:29 - Il explique sans aucun état d'âme, sans aucun remord,
43:34 ce qu'il a fait, comment il a préparé,
43:36 et ce qu'il a fait exactement.
43:38 Et il le dit de manière si simple que c'est ça qui est effrayant.
43:41 - On est dans une revendication
43:45 qui est posée par l'accusé,
43:48 qui vient dire "j'ai commis cet acte, je ne regrette pas,
43:51 il le méritait."
43:53 Et ça, ça heurte, c'est insupportable.
43:55 Rapidement dans la salle,
43:58 tout le monde se pose encore et toujours la même question.
44:01 Eric Zagot est-il fou ?
44:03 - On perçoit le caractère pathologique de ses propos.
44:07 Et puis il y a un peu indicible,
44:09 une sorte de distance, de froideur.
44:11 Les gens n'existent pas, quoi.
44:14 On perçoit cette folie.
44:17 Une folie qu'ont pu notamment constater son frère et sa sœur,
44:20 venues témoigner à la barre.
44:22 - On découvre qu'il tourne pas bien rond.
44:25 C'est quand même un type qui reste enfermé pendant un an chez lui,
44:28 et qui ne sortait que la nuit.
44:30 Et encore, quand il sortait, c'était en tenue de ski.
44:33 C'est pas complètement rien, quoi.
44:35 Et les jurés ne sont pas au bout de leur surprise.
44:39 Les experts psychiatres ont une autre interprétation du crime.
44:45 En tuant Guy Pourriel,
44:47 Eric Zagot a voulu régler ses comptes avec son père.
44:50 - C'était un garçon probablement sensible, Eric Zagot,
44:53 avec un père qui était dur comme...
44:55 Comme le fer, et qui ne supportait pas les faiblesses de son fils.
44:59 Ce qui est certain, c'est quasiment certain,
45:02 c'est que Pourriel ressemblait au père d'Eric Zagot.
45:05 Ils avaient la même personnalité, la même carure.
45:08 Bon, c'était des rubéémènes tous les 2.
45:10 La même carure, le même ton cassant, autoritaire, humiliant.
45:13 Et je pense qu'à un moment donné,
45:16 Eric Zagot a complètement disjoncté pour ça.
45:19 - Clairement, Eric Zagot fait une sorte de confusion
45:22 entre Guy Pourriel et son père.
45:24 En gros, en tuant Guy Pourriel, il a un peu tué son père.
45:28 - La cause semble entendue
45:31 quand, soudain, Eric Zagot fait une incroyable déclaration.
45:35 - Je ne suis pas l'auteur. C'est pas moi qui l'ai tué.
45:41 Alors, imaginez, la stupeur dans la salle.
45:44 En fait, c'est pas moi, c'est la balle.
45:47 Et il part dans une théorie sur les balles et tout ça.
45:51 Et là, tout le monde est sidéré.
45:53 C'est-à-dire que là, il est manifestement dans l'incohérence totale.
45:56 - Après 3 jours de débat, au moment des plaidoiries,
45:59 l'accusé donne des consignes très strictes à ses avocats.
46:03 Il leur interdit de plaider la folie.
46:06 - Ils sont complètement muselés par leurs clients
46:10 qui leur interditent de s'exprimer en leur disant
46:13 "Mais non, je ne veux pas que vous évoquiez ma folie.
46:17 "Je suis responsable, je suis coupable, je ne regrette rien."
46:21 - Dans son réquisitoire,
46:23 l'avocat général requiert 11 années de prison.
46:26 Les magistrats et les jurés quittent la salle pour délibérer.
46:37 Après à peine 3 heures,
46:39 ils sont de retour pour l'énoncer du verdict.
46:42 - La présidente prend son micro et dit...
46:47 Donc elle répond oui aux questions sur la culpabilité,
46:50 sur la préméditation.
46:51 Donc on s'attend à maximum 20 ans, et là, c'est la stupéfaction.
46:55 - Le verdict tombe.
46:57 Contre toute attente, Eric Zagot est condamné
47:00 à seulement 2 ans de prison avec internement d'office.
47:04 Pour les jurés, l'homme est fou de toute évidence.
47:07 Dans la salle d'audience, c'est la stupeur.
47:10 - C'est absolument ahurissant,
47:13 une peine d'emprisonnement de 2 ans
47:15 pour quelqu'un qui est déclaré coupable d'assassinat.
47:18 C'est-à-dire coupable d'avoir tué avec préméditation.
47:22 Ca ne s'est jamais vu.
47:24 - Au lieu d'aller en prison,
47:26 Eric Zagot s'est retrouvé à l'hôpital psychiatrique,
47:28 là où il ne voulait pas aller.
47:30 - Il est fou furieux.
47:31 Quand il a entendu la présidente d'Accodassis dire
47:34 qu'elle leur donnait d'office son hospitalisation,
47:36 ça a été une colère noire.
47:38 - A l'issue de l'audience, Eric Zagot est transféré
47:41 au centre psychiatrique de Montfavé,
47:43 dans l'unité des malades difficiles.
47:45 Il fait appel de sa condamnation.
47:47 - Échange d'avocat.
47:49 - 21 mars 2007, le procès en appel s'ouvre à Nîmes.
47:59 Cette fois-ci, Eric Zagot n'a qu'un but,
48:02 éviter l'internement en hôpital psychiatrique.
48:05 Sa nouvelle avocate a interdiction formelle
48:08 d'évoquer sa folie pendant les débats.
48:11 - Il m'explique qu'il est prêt, peu importe la peine,
48:14 à prendre et accepter n'importe quelle peine,
48:16 que ce soit 10 ans, 12 ans, 14 ans,
48:18 tant qu'on ne le soigne pas,
48:20 tant qu'on ne l'oblige pas à se soigner.
48:22 C'est la seule volonté qu'il a.
48:23 - Eric Zagot a changé. Il n'a plus ce regard fou.
48:26 On sent qu'il a fait une... Qu'il suit une psychothérapie,
48:28 qu'il évolue.
48:30 Au lieu de dire froidement, comme il le disait à Avignon,
48:33 "Je voulais le tuer, je l'ai tué",
48:35 il dit "Je voulais laver l'humiliation,
48:38 "mais je ne voulais pas sa mort."
48:40 Ce qu'il demande de manière très énergique,
48:42 c'est "Je suis coupable,
48:44 "je suis responsable de ce que j'ai fait,
48:46 "je mérite une sanction, je le sais et je l'accepte."
48:49 - A la fin des débats,
48:51 l'avocat général requiert une peine de 12 ans de prison.
48:54 Après 2 heures de délibérés, le verdict tombe.
48:57 Eric Zagot est condamné à 14 années de détention.
49:00 C'est plus que la réquisition.
49:02 Et jusqu'à la dernière minute,
49:04 l'accusé déconcerte juré et avocat.
49:07 - Je me retourne, je m'attendais à une réaction de Zagot
49:11 ou de colère ou d'abattement,
49:13 et pas du tout, pas du tout.
49:15 Et je m'aperçois que c'est pire que ça.
49:17 C'est pas que ça glisse et que c'est pas grave,
49:19 c'est qu'il est content, il est content.
49:21 Et la seule question qu'il m'a posée,
49:23 c'est "Est-ce que je suis obligée de prendre mes médicaments encore ?
49:26 Est-ce qu'on va m'obliger à faire des soins ?"
49:28 Je réponds "J'ai pas le choix."
49:30 Je lui dis "Non, non, vous êtes un adulte,
49:32 vous choisissez si vous voulez faire des soins ou pas,
49:35 vous êtes en prison."
49:37 - Eric Zagot a été incarcéré dans le sud de la France.
49:41 Il a déjà purgé plus de la moitié de sa peine.
49:44 Il pourrait, dès aujourd'hui,
49:46 bénéficier d'une libération conditionnelle.
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