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00:00 (Générique)
00:06 - Bonjour Bernard Cazeneuve. - Bonjour.
00:08 - Rien ne doit empêcher Israël de se défendre.
00:11 C'est ce qu'a dit Yael Broun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale en déplacement ce week-end à Tel Aviv,
00:16 pour afficher sa solidarité à Israël.
00:18 "La France soutient pleinement Israël", a-t-elle dit.
00:21 Est-ce que c'était sa place ?
00:23 - Je pense qu'à la veille ou à l'avant-veille du déplacement du président de la République,
00:27 il lui était préférable que la voix de la France s'exprima seulement par la voix du président de la République.
00:33 Et que la voix du président de la République, qui s'exprimera donc demain sur place,
00:39 par les objectifs qu'elle définira, par la méthode qu'elle proposera,
00:44 soit la seule voix française qu'on soit en situation d'entendre sur un sujet grave,
00:51 dans un contexte international difficile.
00:52 Je comprends très bien que la présidente de l'Assemblée nationale se déplace avec une délégation,
00:57 mais lorsqu'on est dans un contexte aussi difficile que celui qu'on connaît, aussi troublé,
01:01 avec des tensions internationales aussi graves,
01:04 la voix de la France s'exprime par le président de la République.
01:07 - Sur la délégation, justement, Yael Broun-Pivet était accompagnée du patron des Républicains,
01:12 Eric Ciotti, du député Meier Habib, proche de Benyamin Netanyahou.
01:16 Elle dit que la gauche n'a pas voulu l'accompagner.
01:19 Est-ce que vous comprenez ces élus de gauche, ces responsables de gauche, qui ont refusé d'y aller ?
01:23 - Je pense qu'à partir du moment où un déplacement est organisé par l'Assemblée nationale,
01:28 qu'à la tête de la délégation de l'Assemblée nationale, il y a la présidence de l'Assemblée nationale,
01:34 que nous sommes dans un contexte, encore une fois, international extrêmement grave,
01:38 qui appelle une responsabilité collective,
01:41 il aurait été normal que l'ensemble des formations politiques s'associent à ce déplacement,
01:46 l'ensemble des formations politiques sollicités.
01:48 Je pense d'ailleurs que si le déplacement avait été organisé en concertation avec ceux qui ont été sollicités,
01:55 et si le discours tenu sur place avait été discuté avec les organisations politiques sollicitées,
02:00 peut-être les choses se seraient passées différemment.
02:03 - Vous parlez de troubles, Bernard Cazeneuve, pour ajouter du trouble au trouble,
02:06 Jean-Luc Mélenchon crée la polémique avec un tweet.
02:10 Madame Broun-Pivet campe à Tel Aviv pour encourager le massacre.
02:15 À l'instant, Yael Broun-Pivet l'accuse de lui mettre une cible dans le dos.
02:19 On rappelle qu'elle a déjà été la cible de menaces antisémites.
02:22 - Je pense que ces propos sont, comme souvent, mais j'allais presque dire comme toujours,
02:26 lorsqu'ils viennent de Jean-Luc Mélenchon, outranciers, irresponsables,
02:31 et de nature à créer les tensions les plus grandes.
02:34 Mais moi, je ne veux plus commenter les propos de Jean-Luc Mélenchon, pour plusieurs raisons.
02:39 La première raison, c'est que ça nous conduit à dire systématiquement la même chose,
02:44 sur les mêmes agissements d'un personnage qui semble avoir perdu tout sens commun.
02:48 Deuxièmement, les propos de Jean-Luc Mélenchon ont une conséquence,
02:52 c'est d'alimenter le vote Rassemblement National.
02:54 Or, le principal objectif que nous devons avoir aujourd'hui,
02:57 c'est d'éviter que le Rassemblement National n'arrive au pouvoir.
03:00 Donc moi, je n'ai pas l'intention de donner davantage d'audience à des propos
03:04 qui ont pour seule et unique conséquence d'aider le Rassemblement National à faire son chemin.
03:10 Et enfin, troisièmement, pendant qu'on commente les propos absurdes de Jean-Luc Mélenchon,
03:15 on ne parle pas des sujets fondamentaux essentiels.
03:17 Or, comme j'ai peu de temps chez vous aujourd'hui,
03:19 je n'ai pas beaucoup de temps à perdre à commenter les outrances de ces discussions.
03:23 – Parce que sur le fond, ce qui a choqué Jean-Luc Mélenchon et une partie de la gauche,
03:27 la France Insoumise, c'est la phrase de Yael Brown-Pivet,
03:31 "il faut préserver les civils à Gaza, mais rien ne doit empêcher Israël de se défendre".
03:37 Est-ce que vous aussi, cette phrase, elle vous surprend ?
03:40 – Là aussi, répondons clairement.
03:42 D'abord, Jean-Luc Mélenchon n'a aucune leçon à donner à quiconque.
03:46 Il n'est même pas capable avec son organisation de qualifier de terroriste
03:50 l'organisation qui a agressé Israël, c'est-à-dire le Hamas.
03:53 Quand on n'est pas capable de qualifier pour ce qu'elles sont des organisations terroristes,
03:58 on est disqualifié pour donner des leçons à quiconque.
04:00 Ensuite, pour ce qui concerne les propos tenus par la présidente de l'Assemblée Nationale,
04:05 bien entendu qu'Israël a le droit de se défendre,
04:08 sans quoi il n'y a plus d'État d'Israël.
04:10 Israël a fait l'objet d'une attaque terroriste monstrueuse
04:14 qui a conduit à des massacres de nombreux civils,
04:18 mais la limite de l'intervention d'un État, quel qu'il soit,
04:22 c'est le respect du droit international.
04:24 Et par conséquent, dans le respect du droit international,
04:27 il y a le respect de la vie des populations civiles.
04:30 Et d'ailleurs, je constate, lorsque j'entends le président de la République
04:34 s'exprimer sur ces sujets, que la préoccupation majeure,
04:37 sans doute l'exprimera-t-il demain, c'est la préoccupation de la désescalade,
04:41 c'est-à-dire faire en sorte que l'on puisse, dans un contexte de tension extrême,
04:45 de faire en sorte que les populations civiles,
04:48 qui ont déjà beaucoup souffert, de part et d'autre, ne souffrent pas davantage.
04:52 Je constate d'ailleurs, pour le cas...
04:54 - Donc vous ne parlez pas de soutien inconditionnel ?
04:56 - C'est également la position des Américains,
04:59 et c'est la position qui a été prise par Joe Biden à l'occasion de son déplacement,
05:03 et il a eu raison de prendre cette position.
05:05 - Et le dire à Tel Aviv ? C'est important de le dire là-bas ?
05:07 - Je pense que c'est important de le dire partout où la voix de la France s'exprime.
05:11 J'ajoute d'ailleurs que la voix de la France ne s'est jamais exprimée
05:14 de façon aussi pertinente au cours des dernières décennies
05:17 qu'à l'occasion du discours de François Mitterrand à la Knesset en mars 1982.
05:21 On n'aurait jamais dû abandonner la ligne de François Mitterrand à la Knesset en mars 1982.
05:26 Quelle était cette ligne ?
05:28 C'était le droit pour Israël à sa sécurité,
05:32 et le caractère inconditionnel de l'existence d'Israël,
05:37 le renoncement à l'action terroriste pour les Palestiniens,
05:41 le droit pour les Palestiniens à un État,
05:43 et la cohabitation entre deux États dans la paix.
05:45 C'était ça la ligne de la France.
05:47 Et cette ligne-là, qu'aurait dû inspirer d'ailleurs la diplomatie de l'ensemble des États pour la paix,
05:53 est une ligne qui a été abandonnée, y compris d'ailleurs à travers les accords d'Abraham,
05:57 puisque ces accords ont fait l'impasse sur la question palestinienne.
06:00 Abandonnée, y compris par Emmanuel Macron ?
06:01 Non. Quand je dis que cette ligne a été abandonnée,
06:05 je ne fais pas référence à Emmanuel Macron,
06:08 je ne fais pas référence d'ailleurs aux successeurs de François Mitterrand,
06:11 je fais référence aux accords qui ont été signés au plan international,
06:15 à ce que la diplomatie internationale a pu faire,
06:17 notamment à travers les accords d'Abraham,
06:19 qui ont fait l'impasse sur la question palestinienne,
06:22 qui ont fracturé le monde arabe,
06:24 et c'est précisément à cela que je fais référence lorsque je dis qu'on s'est éloigné
06:29 de l'esprit du discours de François Mitterrand de 1982 à la CNESSEF.
06:33 Bernard Cazeneuve, dans le journal "L'Opinion", vous avez écrit
06:35 "Nous devons parler à Israël en amis, d'État à État, et lui dire ses vérités.
06:40 Israël devra être capable d'accepter un jour des concessions inconfortables."
06:45 Je ne vais rien la retirer à cela.
06:47 C'est-à-dire qu'on ne peut pas construire la paix si on continue la colonisation en Cisjordanie,
06:53 on ne peut pas construire la paix si on n'accepte pas l'idée qu'il puisse y avoir
06:56 deux États coexistants et cohabitants dans la paix l'un à côté de l'autre.
07:00 On ne peut pas vouloir la paix et réussir à sortir de la difficulté extrême
07:07 dans laquelle nous nous trouvons si on n'enjambe pas les événements qui se produisent
07:11 pour essayer de regarder ce que pourrait être une solution politique.
07:14 - On en est loin, très loin ?
07:15 - On en est très loin, bien entendu, et c'est la raison d'ailleurs pour laquelle
07:18 il faut mettre beaucoup d'ardeur à construire cette solution pour la paix,
07:22 précisément parce que la tension, la guerre, les armes parlent partout
07:25 et qu'il y a un risque d'embrasement de la Réunion.
07:28 Vous avez vu la déclaration qui a été faite par le ministre des Affaires étrangères d'Iran,
07:33 la situation difficile au Liban.
07:35 Donc dans le contexte qui prévaut, chaque parole politique doit être pesée et sous-pesée,
07:41 l'esprit de responsabilité doit l'emporter sur toute haute considération,
07:45 et dès lors qu'il s'agit de la France, l'objectif ne doit pas être à travers ce drame
07:49 de faire prospérer des petites affaires de partis,
07:52 des actions politiques dérisoires au regard des enjeux,
07:56 mais d'essayer de faire en sorte que la voix de la France,
07:59 qui sera portée par le Président de la République,
08:01 corresponde à ce dont la région a besoin pour retrouver le chemin de la paix.
08:05 - Risque d'embrasement, risque peut-être aussi d'importation du conflit ici, chez nous, en France,
08:09 on va continuer d'en parler avec vous.
08:11 Bernard Cazeneuve, juste après le Fil info, 8h41, Maxime Glorieux.
08:16 - Des images de vidéosurveillance publiées par Israël dans la journée,
08:19 tournées lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier.
08:22 L'objectif est de montrer la gravité des crimes,
08:25 Israël qui prépare toujours son offensive terrestre.
08:28 On ne risque pas un AVC pour un ébouché, l'alerte sur France Info,
08:31 la directrice de l'Agence de sécurité du médicament.
08:34 Dans le viseur de Christelle, ratiniers carboneil, les comprimés contre le rhume
08:38 sont concernés l'Actifed, l'Umex ou encore le Dolirum.
08:42 L'Olympique Lyonnais, lanterne rouge de la Ligue 1 de foot,
08:45 nouvelle défaite hier face à Clermont, en clôture de la 9ème journée.
08:49 En tête du classement, le retour de Monaco devant Nice.
08:52 Et en 3ème position, le PSG, après sa large victoire 3-0 contre Strasbourg.
08:56 Un ticket à gratter pour financer la biodiversité, vendu 3 euros,
09:00 dont 43 centimes reversés à l'Office français de la biodiversité.
09:04 L'objectif est de lever 6 millions d'euros pour des projets des Vosges au Pyrénées
09:09 et jusqu'en Martinique.
09:11 France Nature Environnement dénonce une opération de communication
09:14 qui alerte sur le risque d'addiction au jeu.
09:16 -Toujours avec Bernard Cazeneuve, l'ancien Premier ministre.
09:28 Interdites, dans un premier temps, les manifestations en soutien
09:31 à la cause palestinienne sont finalement autorisées
09:33 après l'intervention du Conseil d'Etat.
09:35 15 000 personnes étaient hier rassemblées, place de la République,
09:38 sur autorisation de la juridiction administrative.
09:42 Est-ce que c'est une bonne chose que ces manifestations puissent se tenir ?
09:45 -Mais nous sommes dans un État de droit,
09:47 et cet État de droit répond à un certain nombre de principes.
09:50 La liberté de manifester, elle est consubstantielle
09:53 à l'histoire de la République.
09:55 D'ailleurs, on n'autorise pas les manifestations.
09:58 Ceux qui les organisent les déclarent,
09:59 et s'il y a des risques de troubles graves à l'ordre public,
10:02 ceux qui sont investis des responsabilités régaliennes
10:05 peuvent interdire ces manifestations,
10:06 en condition d'être en situation d'argumenter,
10:10 devant le juge notamment.
10:12 Donc ce principe-là est le principe qui prévaut.
10:14 Il n'y a pas de principe d'interdiction générale des manifestations.
10:17 -Sauf que l'interdiction de base a été justifiée par Emmanuel Macron.
10:20 Il a parlé d'un délai de décence après l'attaque du 7 octobre.
10:24 Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
10:26 Il fallait un délai de décence avant d'autoriser des manifestations.
10:29 -Moi, j'ai toujours une position extrêmement simple sur ce sujet.
10:31 Il y a des principes qui sont définis par le droit.
10:34 Ces principes qui sont définis par le droit,
10:36 à chaque fois que l'État s'en éloigne,
10:39 il prend le risque de trébucher.
10:42 Quels sont les principes ?
10:43 Les principes, c'est que ceux qui organisent les manifestations,
10:45 les déclarent,
10:46 et ceux qui sont investis du respect des principes de l'ordre public,
10:50 s'ils estiment qu'il y a des risques de troubles graves à l'ordre public,
10:53 les interdisent en donnant l'ensemble des informations dont ils disposent
10:58 et qui viennent étayer la thèse de ces risques de troubles graves à l'ordre public.
11:02 J'ai eu d'ailleurs à prendre des dispositions en juillet 2014
11:05 d'interdiction d'une manifestation,
11:07 parce que dans une manifestation pro-palestinienne,
11:10 il avait été crié "mort aux juifs"
11:12 et des slogans antisémites avaient fusé.
11:15 J'ai considéré qu'il y avait là un risque très grave
11:17 de confrontation de troubles graves à l'ordre public.
11:19 Et j'ai considéré aussi que le fait qu'on puisse prononcer
11:23 de façon extrêmement violente et répétée des propos antisémites
11:27 était contraire au principe républicain.
11:29 J'ai interdit cette manifestation
11:31 et personne parmi les juges administratifs n'est venu casser la décision.
11:35 - Et la place de la République, c'était jeudi dernier,
11:37 on a entendu Alaa Akbar dans ce contexte.
11:40 Est-ce que ça vous a choqué ?
11:41 - J'ai bien entendu que ça m'a choqué profondément.
11:44 Et c'est la raison d'ailleurs pour laquelle, là encore une fois,
11:47 tous ceux qui sont investis d'une responsabilité publique,
11:49 qui portent une parole politique dans le contexte d'extrêmes tensions
11:53 que connaît notre pays avec des risques de confrontation réelles
11:57 à l'intérieur même de la nation,
11:59 doivent par leurs propos, par leur comportement,
12:03 tout faire pour apaiser et non pas organiser
12:06 l'affrontement et la confrontation.
12:07 - Bernard Cazeneuve, depuis l'attentat d'Aras
12:09 qui a provoqué la mort du professeur Dominique Bernard,
12:12 les propositions se multiplient pour contrer la menace terroriste.
12:15 Rétention de 18 mois pour les fichiers S étrangers,
12:18 rétention préventive pour les fichiers français,
12:21 reconnaissance faciale aussi autour des lycées.
12:23 Ça c'est utile au débat ou alors c'est de la surenchère ?
12:26 - Mais ça dépend des mesures qu'on propose.
12:28 Je veux dire que toutes les mesures qui sont utiles
12:30 à la prévention et à la lutte contre le terrorisme
12:32 doivent être prises.
12:33 C'est pas moi qui vous dirai le contraire, j'ai eu à le faire
12:36 lorsque j'étais ministre de l'Intérieur
12:37 et je l'ai fait systématiquement.
12:39 Il m'arrive d'ailleurs de constater que ceux qui,
12:41 aujourd'hui, sont en situation de responsabilité,
12:44 considèrent que les mesures antiterroristes
12:46 ont commencé en 2017 et que rien ne s'était passé avant.
12:49 Alors même que nous avons été amenés, par exemple,
12:53 à l'occasion de la loi de juillet 2015 sur l'asile,
12:55 à tout mettre en oeuvre pour réduire la durée de traitement
12:58 des dossiers demandeurs d'asile, avec la volonté de ramener
13:01 de 24 à 9 mois la durée de traitement de ces dossiers
13:05 pour permettre la reconduite à la frontière
13:07 de ceux qui ne relevaient pas du statut de réfugiés en France.
13:10 Nous avons également, dans cette loi de juillet 2015,
13:13 décidé de pouvoir retirer le statut de réfugié
13:16 à ceux qui en avaient bénéficié et tourner contre notre pays
13:19 qui les avait accueillis, leur violence.
13:22 - Mais vous entendez bien le sens de la question,
13:23 c'est-à-dire qu'on entend toujours des mesures supplémentaires
13:26 et on se demande toujours si on n'est pas en train de repousser
13:28 le curseur entre la sécurité et la liberté,
13:31 au dépend de la liberté.
13:32 - Non mais nous ne devons pas le faire au détriment de la liberté.
13:34 Si nous le faisions au détriment de la liberté d'ailleurs,
13:37 nous consacrerions la victoire des terroristes,
13:39 puisque ce que les terroristes veulent faire en nous attaquant,
13:41 c'est nous pousser à remettre en cause tous les principes de l'état de droit.
13:44 Donc moi, comme ministre de l'Intérieur,
13:45 je n'ai jamais considéré que la remise en cause
13:48 des principes de l'état de droit pour assurer la sécurité des Français
13:51 devait être un objectif à atteindre.
13:53 L'objectif à atteindre, c'est d'assurer la sécurité des Français.
13:55 Et on prend des mesures pour cela.
13:57 J'ai par exemple été amené, en février 2015,
14:01 à décider de l'expulsion d'un ressortissant tunisien.
14:05 La Cour européenne des droits de l'homme a sanctionné cette décision,
14:07 mais je ne l'ai pas prise pour apporter la démonstration
14:10 de ma capacité à être orthogonale aux règles définies
14:15 par la Convention européenne des droits de l'homme.
14:16 - Qu'est-ce que dit Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur ?
14:18 - Je l'ai fait pour protéger les Français.
14:20 Il s'avère qu'à ce moment-là, il y a eu un différent
14:22 avec la Cour européenne des droits de l'homme.
14:24 J'en ai pris acte.
14:25 Mais le fait d'être en contravention avec les règles européennes,
14:28 les principes juridiques sur lesquels nous sommes engagés
14:32 au sein du Conseil de l'Europe ou au sein de l'Union européenne,
14:34 ne doit pas être un objectif.
14:35 L'objectif, c'est de lutter efficacement contre le terrorisme.
14:38 - C'est une critique en creux de l'action de Gérald Darmanin qui dit
14:41 "Moi, mon opinion, c'est que la CEDH,
14:43 la Cour européenne des droits de l'homme,
14:44 doit comprendre qu'elle juge dans une situation de crise terroriste
14:47 qui n'existait pas lorsque ces règles furent imaginées".
14:50 Est-ce que ça veut dire que les règles de la CEDH
14:52 doivent être adaptées au contexte terroriste ?
14:54 - Les règles européennes doivent être constamment adaptées
14:57 au contexte terroriste.
14:58 Et si on estime qu'elles ne le sont pas,
15:00 il y a un Conseil européen qui s'appelle
15:02 Conseil de justice d'affaires intérieures,
15:03 où le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice
15:06 peuvent porter des propositions pour faire changer le droit européen.
15:09 Lorsque j'ai estimé qu'il était indispensable
15:11 que la traçabilité du parcours des terroristes à travers le monde,
15:15 lorsqu'ils empruntent des moyens aériens,
15:17 soit établie pour qu'on puisse les arrêter
15:19 à leur arrivée dans les aéroports européens
15:21 avant qu'ils ne nous frappent,
15:22 je me suis battu avec le ministre allemand de l'Intérieur
15:24 et le ministre anglais, à l'époque c'était Theresa May,
15:26 pour qu'on adopte le PNR européen,
15:29 qui était un outil qui nous manquait.
15:31 Lorsque j'ai senti qu'il était absolument absurde
15:35 que ceux qui étaient sur le théâtre des opérations terroristes
15:37 en Irak et en Syrie, ressortissant européens,
15:40 puissent revenir sur le territoire européen
15:42 sans être contrôlés aux frontières extérieures,
15:44 au motif qu'ils bénéficiaient, la décirculation,
15:47 on a fait changer le code frontière schengen.
15:49 - Vous dites qu'il faut constamment adapter le droit
15:51 au contexte terroriste, aux évolutions.
15:52 - Non, mais il faut bien entendu totalement et constamment
15:56 adapter le droit européen et le droit national
15:58 à la menace terroriste.
15:59 C'est ça le travail des ministres de l'Intérieur et de la Justice,
16:03 mais on ne peut pas théoriser la remise en cause
16:07 des principes du droit tel qu'il existe
16:10 comme un objectif à atteindre.
16:12 Ça, ça n'est pas possible et ça n'est pas souhaitable.
16:14 - Bernard Cazeneuve, les suspects et les terroristes
16:16 sont parfois extrêmement jeunes, 20 ans pour celui d'Arras.
16:20 Gabriel Attal annonce vouloir sortir des établissements scolaires
16:24 et les mineurs radicalisés.
16:26 On parle de plusieurs dizaines de personnes en France,
16:29 d'élèves en France.
16:31 Est-ce que c'est une bonne chose ?
16:33 - C'est une mesure dont je comprends le sens
16:36 et dont j'approuve les objectifs que cette mesure
16:40 pourrait être atteinte, mais ça suppose que ces individus
16:43 ne soient pas laissés dans la nature.
16:45 C'est-à-dire qu'on met en place des structures spécialisées
16:47 de déradicalisation qui permettent dès lors que ces personnes
16:52 ne sont pas susceptibles d'être expulsées vers leur pays d'origine,
16:56 si elles sont françaises, de créer les conditions
16:59 pour que ces personnes soient prises en main
17:01 par des structures spécialisées de déradicalisation.
17:04 - Est-ce que vous parleriez, vous aussi,
17:06 comme l'a fait Jean-Michel Blanquer ce week-end sur France Info,
17:08 de "d'islamisme d'atmosphère", notamment à l'école, chez ces jeunes ?
17:12 - L'islamisme d'atmosphère est une expression
17:15 qui a été utilisée par Gilles Kepel, à juste titre.
17:18 - Le dyadisme d'atmosphère.
17:20 - A juste titre, parce que nous sommes confrontés aujourd'hui
17:22 à des individus qui ne sont pas nécessairement repérés
17:25 par les services de renseignement,
17:26 qui subissent une propagande constante sur les réseaux sociaux,
17:29 qui peuvent être éventuellement impliqués
17:31 dans des réseaux radicalisés sur le territoire national,
17:34 et qui peuvent passer à l'acte à tout moment
17:36 sans avoir été nécessairement identifiés par les services.
17:39 - Et face auxquels les services français sont impuissants.
17:42 - Impuissants, non, parce que les services de renseignement
17:44 font un travail extrêmement important.
17:46 Ils bénéficient de moyens dont ils ne bénéficiaient pas auparavant.
17:49 La loi de juillet 2015 leur a donné beaucoup de moyens
17:52 qui leur permettent notamment d'entrer dans les conversations
17:55 entre les terroristes,
17:58 ce qu'ils ne pouvaient pas faire avec la loi de 1991.
18:01 - Oui, mais parfois on se demande à quoi ça sert.
18:03 Pardon Bernard Cazeneuve, vous avez été ministre de l'Intérieur,
18:06 mais dans le cas de la Saïan à Arras,
18:08 il y a eu plusieurs signalements et on en est arrivé là.
18:11 - Oui, mais ça, c'est un raisonnement, si je puis me permettre, faux.
18:15 Pourquoi ? Parce que si nous n'avions rien fait
18:18 avec la coalition pour éradiquer l'état-major de Daesh en Irak et en Syrie,
18:22 si nous n'avions pas pris l'ensemble des dispositions qui ont été prises,
18:25 tout gouvernement confondu, pour lutter contre le terrorisme,
18:28 nous serions encore dans la situation de 2015 et de 2016,
18:31 c'est-à-dire des commentaux projetés sur le territoire national,
18:34 des attentats avec des tueries de masse,
18:37 des réseaux organisés, susceptibles de frapper,
18:40 en Europe et à tout moment.
18:41 Donc il y a aujourd'hui des individus qui passent à l'acte,
18:45 et bien entendu, ça crée toujours à l'intérieur du pays
18:47 une émotion considérable, et c'est toujours un échec
18:50 pour l'État et pour les services de renseignement,
18:52 mais il faut bien mesurer que nous sommes face à un phénomène
18:55 qui va nous éprouver dans le temps long de notre histoire,
18:59 nous sommes face à un totalitarisme qui nous met à l'épreuve depuis longtemps
19:02 et qui continuera à le faire,
19:04 et dans cette guerre que nous livre le terrorisme,
19:07 nous aurons à adapter en permanence nos dispositifs,
19:10 et il se produira notre attentat.
19:12 Et la vérité, c'est de le dire, et quels que soient d'ailleurs
19:15 ceux qui dirigeront le pays, ils seront confrontés à cette épreuve.
19:18 Dire le contraire aux Français, c'est mentir.
19:20 - Bernard Cazeneuve, invité de France Info ce matin,
19:22 on vous retrouve dans une minute, juste après le Fil Info,
19:24 8h52, Maxime Glorieux.
19:26 - Bernard Cazeneuve réagit sur France Info
19:29 aux propos de Jean-Luc Mélenchon, qui accuse Yael Bonne-Privé
19:33 d'encourager le massacre à Gaza,
19:35 et ce, après la visite de la présidente de l'Assemblée Nationale en Israël,
19:38 ce week-end, des propos outranciers et irresponsables,
19:41 selon l'ancien Premier ministre.
19:43 5 départements placés en vigilance orange pour pluie, inondation,
19:47 il s'agit de l'Ardèche, la Drôme, l'Isère, l'Inde et le Jura,
19:50 avec jusqu'à 100 mm de pluie à partir de ce soir 21h,
19:54 et jusqu'à demain midi.
19:56 Plus aucun métro à partir de 21h30 dans la 2e ville de France,
20:00 les deux lignes ferment à Marseille, en semaine,
20:03 pour tester de nouvelles rames automatisées.
20:05 Gaël Monfils remporte hier son 12e titre de sa carrière,
20:11 celui de Stockholm face au russe Pavel Kotov.
20:14 Victoire en 3-7 après plusieurs blessures.
20:16 Le tennisman de 37 ans est de retour et se rapproche du top 100.
20:20 -Le 8.30, France Info, Jérôme Chapuis, Saliha Braklia.
20:28 -Toujours avec l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve,
20:31 quelques dizaines de personnes se sont installées
20:33 pour protester contre la future autoroute A69 Toulouse-Castre.
20:37 Elles ont été délogées par la force hier.
20:40 Qu'est-ce qu'il fallait faire avant qu'une ZAD s'y installe ?
20:42 -A partir du moment où les procédures ont eu lieu,
20:45 où l'ensemble des contraintes juridiques ont été surmontées,
20:51 où les choses ont été faites conformément au principe de l'Etat de droit,
20:53 où les collectivités locales et l'Etat se sont engagés
20:56 au terme d'une longue concertation,
20:58 que les enquêtes publiques ont été réalisées
21:00 conformément à ce que le droit nous dicte,
21:02 on peut considérer que lorsque des zones à défendre se constituent,
21:08 on les laisse se constituer et rien ne se passe.
21:10 Et on laisse les choses se dégrader.
21:13 Ce n'est pas ma position.
21:14 Il n'y a pas d'Etat de droit, il n'y a pas d'autorité de l'Etat,
21:17 il n'y a pas d'infrastructure susceptible d'être construite
21:20 lorsqu'elles sont nécessaires au désenclavement d'un territoire,
21:23 si on laisse ainsi les choses se faire.
21:24 -Mais vous entendez ce que disent les écologistes ?
21:27 Ils disent que c'est bien la preuve que nos structures démocratiques
21:30 sont plus adaptées à l'urgence écologique.
21:32 -Non, mais qu'il y ait en amont de la réalisation d'infrastructures,
21:36 de concertations larges qui permettent d'associer
21:39 l'ensemble des partis, et notamment tous ceux qui sont engagés
21:42 sincèrement et utilement d'ailleurs pour la nation,
21:45 dans la réalisation d'objectifs écologiques,
21:48 est bien normal.
21:49 Mais une fois que nous sommes au terme des procédures
21:51 et que dans le cadre du respect des principes de l'Etat de droit,
21:54 des décisions ont été prises, il faut bien à un moment donné
21:57 que les infrastructures se réalisent,
21:59 qu'il y ait en amont de la décision sur les infrastructures
22:03 un dialogue approfondi est bien normal.
22:06 Et j'ai eu à connaître de ces sujets
22:08 dans des conditions très difficiles.
22:10 -Justement, vous avez connu la mobilisation
22:13 sur le barrage de Syvins en 2014,
22:14 qui a conduit à la mort de Rémi Fresse.
22:17 -Mais c'est bien pour ça que j'ai souscrit tout à fait
22:19 aux propositions parlementaires qui exprimaient la nécessité
22:23 en amont de la réalisation de ces infrastructures
22:25 d'aller sans doute plus loin dans la concertation
22:27 avec l'ensemble des partis.
22:29 Mais une fois que cette concertation a eu lieu
22:31 et que la décision a été prise,
22:33 il faut que l'Etat puisse faire respecter cette décision,
22:38 sinon il n'y a plus du tout d'état de droit
22:41 ni d'autorité de l'Etat.
22:42 -Bernard Cazeneuve, la NUP est suspendue,
22:45 suspendue notamment après la décision du Parti socialiste
22:48 de décréter un moratoire après les prises de position
22:52 de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon
22:54 suite aux attaques du 7 octobre.
22:57 Pour vous, le problème, c'est l'accord électoral
22:58 ou c'est Jean-Luc Mélenchon ?
23:01 -Pour moi, le problème, c'est un processus d'abaissement profond
23:06 de la gauche au moment où elle a conclu cette alliance.
23:10 Parce que nous étions quelques-uns à savoir
23:13 ce qu'était le parti de Jean-Luc Mélenchon.
23:15 Et nous étions quelques-uns à considérer à juste titre,
23:18 et tous les événements qui se sont produits depuis l'ont montré,
23:21 que ce parti n'appartenait pas à la grande histoire
23:24 de la gauche française, qu'il était la manifestation
23:27 d'un extrémisme.
23:29 -Mais une fois que vous avez dit "on vous l'avait dit",
23:30 qu'est-ce que vous proposez ?
23:31 -Non mais nous l'avons dit et nous avons eu raison.
23:33 Parce que tout ce qui s'est produit depuis
23:36 a montré que l'analyse qui était la nôtre était juste.
23:39 A partir du moment où les choses se sont passées ainsi
23:42 et que nous faisons le constat des excès, des outrances,
23:46 de l'extrémisme dont Jean-Luc Mélenchon
23:48 et son organisation sont capables,
23:50 il faut couper les ponts.
23:51 Et il faut reconstituer la gauche autour de bases
23:55 qui soient plus saines et plus solides.
23:56 Comment le faire ?
23:58 Il faut rassembler tous ceux qui croient à la nécessité
24:02 de la renaissance d'une gauche de gouvernement,
24:04 qu'ils soient crédibles, qu'ils soient responsables,
24:07 qu'ils soient audacieux dans ses propositions.
24:09 Et comme le Parti Socialiste a été fracturé
24:12 par la décision prise par sa direction
24:14 de conclure cette alliance,
24:16 je pense que la direction du Parti Socialiste
24:18 serait bien inspirée de rassembler les siens.
24:20 Parce que le discours de la direction du Parti Socialiste,
24:22 je l'entends, consiste à dire
24:24 "mais nous voulons l'union de la gauche".
24:26 Mais quand on veut l'union de la gauche,
24:28 il faut commencer par rassembler les siens.
24:29 Ensuite, le discours consiste à dire
24:31 "mais c'est difficile de rassembler les nôtres
24:33 parce qu'ils sont défavorables à l'union de la gauche".
24:35 Tous ceux qui se sont exprimés
24:36 pour condamner l'alliance avec l'ANUP,
24:38 enfin avec LFI,
24:39 sont ceux qui, pendant des années,
24:42 ont dirigé des collectivités locales
24:43 avec toutes les forces de gauche.
24:44 - D'accord, mais le discours d'Olivier Dufort...
24:46 - Ça a été mon cas à Cherbourg,
24:47 au Conseil Régional de Basse-Normandie,
24:49 partout où j'ai dirigé des collectivités locales,
24:51 c'était avec toute la gauche.
24:53 Donc, si l'on veut aujourd'hui que l'union de la gauche se fasse,
24:56 il faut qu'il y ait une force politique centrale
24:59 qui soit, encore une fois,
25:01 une force de responsabilité et de crédibilité...
25:02 - Très bien, Bernard Cazeneuve,
25:03 mais le discours d'Olivier Dufort,
25:05 le Premier secrétaire du Parti...
25:06 - Une question contre France Court, hein ?
25:07 - Très rapide, le Premier secrétaire du Parti socialiste dit...
25:09 - J'ai peur que ce soit le dernier secrétaire,
25:11 autrement qu'on les chose.
25:12 - Ah.
25:13 Bon, eh bien lui, en tout cas, il l'est encore,
25:15 et il vous dit "ne nous donnez pas de leçons
25:17 parce que quand on vous a écouté,
25:18 on a fait 1,7% à la présidentielle,
25:21 et les sièges qu'on a eus à l'Assemblée,
25:23 c'est grâce à LFI aussi.
25:24 - Olivier Dufort était Premier secrétaire du Parti socialiste
25:27 depuis 5 ans lorsque ce score a été fait.
25:29 Ce n'était pas moi qui étais Premier secrétaire, c'est lui.
25:32 Et je me souviens que lui, comme d'autres,
25:34 sont venus à ce moment-là me demander,
25:37 il n'était pas très nombreux à être loyaux à ce moment-là,
25:40 de bien vouloir prendre la présidence du comité de soutien
25:42 d'Anne Hidalgo, et je l'ai fait,
25:45 pendant que d'autres, à ce moment-là,
25:47 s'occupaient d'essayer de négocier déjà des accords,
25:51 et éventuellement des accords avec d'autres candidats,
25:54 torpillant en cela, de façon totalement déloyale,
25:56 la candidature d'Anne Hidalgo.
25:57 Donc, tous ceux qui ont été dans ces combines d'appareils,
26:01 dans ce tacticisme de chaque instant,
26:03 et qui savent parfaitement quelle a été leur action
26:05 et quel a été leur rôle,
26:07 seraient bien inspirés de ne pas en rajouter.
26:08 - Merci beaucoup, Bernard Cazeneuve,
26:10 d'avoir été avec nous sur France Info ce matin.
26:13 Je vous laisse en compagnie de Salia Braklia.
26:15 Dans 5 minutes, les informés. Salia, quel est le programme ?
26:18 - Deux sujets au menu des informés,
26:19 alors qu'Emmanuel Macron se rend demain en Israël.
26:22 Un débat est prévu cet après-midi à l'Assemblée nationale
26:24 sur la situation au Proche-Orient.
26:26 Un débat qui s'annonce électrique.
26:28 Et puis, les militants écologistes, on vient d'en parler, ne lâchent pas.
26:30 Ils ne veulent toujours pas de l'autoroute A69.
26:33 Ils ont été délogés de force ce week-end par les forces de l'ordre.
26:36 On parle de tout ça dans un instant avec Renaud Delis.
26:38 Et ses informés, à tout de suite sur France Info.
26:41 - Merci beaucoup.