Mardi 24 octobre 2023, SMART BOSS reçoit Thomas Derichebourg (Président, Derichebourg Environnement)
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00:00 [Musique]
00:07 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:12 Je suis ravie d'accueillir Thomas de Richebourg.
00:14 Bonjour.
00:15 Tu es président directeur général de Richebourg Environnement,
00:18 qui est donc une entité du groupe de Richebourg et qui propose des services de collègues,
00:22 de gestion, de recyclage et de valorisation des biens d'équipement et de consommation.
00:27 Exactement.
00:28 Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation.
00:30 Alors, l'émission se décompose en trois parties.
00:32 La première séquence s'appelle "David rencontre Goliath".
00:36 Donc, tu vas faire face à une start-up et vous parlerez de vos sujets communs.
00:40 Ensuite, il y a la séquence en coulisses dans laquelle on va revenir sur des moments forts de ta vie de dirigeant.
00:45 Et on terminera par l'interview chrono, donc une série de questions-réponses courtes.
00:50 Très bien.
00:51 C'est parti ?
00:52 On y va.
00:53 Écoutez, on commence par la séquence "David rencontre Goliath".
00:57 [Générique]
01:01 La start-up qui va te faire face, c'est Capiloum, qui recycle les cheveux pour dépolluer les eaux et l'agriculture.
01:08 Et donc, je suis ravie d'accueillir en visio son PDG Clément Baldeloup.
01:14 Bonjour.
01:15 Bonjour Clément.
01:16 Merci d'avoir accepté cette invitation.
01:19 Alors Clément, comment on fait pour créer, en tout cas participer à la création d'une nouvelle filière quand on est une start-up ?
01:26 Alors déjà c'est très difficile, effectivement.
01:30 On est parti avec mon associé d'un constat et de valeur aussi.
01:35 On avait une thématique en tête qui était "les déchets d'aujourd'hui sont les ressources de demain".
01:39 Et on s'est positionné sur un déchet qui est inépuisable et qui existe au-delà des frontières et que l'homme avec un grand H produit, qui est le cheveu.
01:46 Alors effectivement, on a démarré par un réseau de collecte.
01:50 On a fait une première levée de fonds pour créer cette filière.
01:53 Et finalement, on s'est rendu compte que ça fonctionnait bien.
01:56 Aujourd'hui, on travaille avec plus de 4000 salons de coiffure.
01:58 On collecte 10 tonnes de cheveux par mois pour leur donner une seconde vie, comme vous l'avez très bien dit, dans le domaine de l'agriculture et du jardin.
02:06 Puisqu'on crée des tapis de paillage qui remplacent les produits plastiques aujourd'hui qu'on peut voir dans nos collectivités, dans nos cultures.
02:13 Ou même quand on plante des arbres.
02:14 On a planté plus de 5000 arbres aujourd'hui grâce à nos cheveux.
02:16 Et la dépollution des eaux et des sols, puisque le cheveu absorbe les hydrocarbures jusqu'à 26 fois aujourd'hui leur poids.
02:23 Thomas, tu fais une mine impressionnée.
02:26 Oui, je ne sais pas ce que devenait la vie du cheveu.
02:30 Je suis ravi.
02:32 Alors tu peux peut-être nous expliquer un peu le processus de la coupe de cheveux.
02:36 On ramasse le cheveu, tu le collectes.
02:38 Et qu'est-ce qu'il devient après pour terminer en paillage ou à dépolluer les eaux souillées ?
02:42 Bien sûr.
02:44 La vie du cheveu, une fois qu'il est coupé, c'est très simple.
02:49 Nous, on met à disposition des salons de coiffure tout un kit de recyclage composé d'un bac, d'un sac, qui fait office aussi de kit de communication.
02:56 Parce que les coiffeurs adorent dire à leurs clients que leurs cheveux maintenant ont une seconde vie.
03:00 Ça les valorise.
03:01 Puis après, on travaille avec des réseaux de collecte.
03:03 En fait, on est vraiment chef d'orchestre de toute cette chaîne de valeur des réseaux de collecte.
03:07 Donc, ils viennent collecter les cheveux et les massifier jusqu'à une usine industrielle de textiles techniques.
03:13 C'est du retour d'industrie aujourd'hui en France.
03:16 Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'on a été labellisé Green Tech Innovation par le ministère de la Transition écologique,
03:20 puisqu'on remet au goût du jour des anciennes technologies qui s'apparentaient à du textile technique.
03:26 Et donc, ces types d'industries-là, c'est un peu comme quand on crée du feutre, par exemple.
03:32 Donc, le tapis de paillage peut s'apparenter à du feutre.
03:35 Et derrière, le commercialisme, il y a un réseau de distribution pour boucler la boucle de l'économie circulaire.
03:41 Aujourd'hui, on peut directement le retrouver en B2B2C avec des enseignes où on a plusieurs implantations dans des magasins
03:50 ou sur notre site Internet directement.
03:52 Donc, vraiment, le schéma circulaire est simple.
03:55 Ça part de notre tête et ça finit sur la terre.
03:57 Et ça t'intéresserait de travailler avec des potes comme ça ?
04:01 Déjà, je trouve ça fabuleux qu'on puisse recycler quelque chose qui, à mon avis, partait à la poubelle.
04:06 Et alors, là où je suis étonné, c'est 10 tonnes de cheveux.
04:09 Quand on voit ce que représente le poids quand on a une touffe de cheveux dans les mains, c'est quelques grammes.
04:15 Et pour arriver à 10 tonnes qui représentent presque 10 voitures quand on compare une tonne, une voiture, je trouve ça énorme, le volume.
04:22 Par contre, c'est génial.
04:23 Alors, moi, j'habite à Paris. Je ne sais pas si tu as un réseau de collecte ou de coiffeurs.
04:28 Moi, je préfère maintenant aller plus vers ce type de recyclage et de développement de notre industrie du cheveu,
04:36 puisque ça va devenir maintenant quelque chose où tout doit être recyclé et plus rien ne devra être jeté.
04:43 Donc, si tu es sur Paris, tu as des points de collecte, j'irais volontiers dans un de tes coiffeurs référencés.
04:49 Je trouve que c'est une super idée.
04:51 Tu es où ?
04:52 Absolument. Et si tu ne veux pas changer de coiffeur, tu peux parler à ton coiffeur et lui dire que ça s'appelle Capillum.
04:57 Les démarches se font en ligne et c'est très facile.
05:00 Mais effectivement, le premier ambassadeur dans la chaîne de valeur, c'est celui qui donne ses cheveux.
05:03 C'est le citoyen qui devient éco-citoyen.
05:06 Je suis juste en train de se faire couper les cheveux.
05:08 Et je suis ravi vraiment de parler avec vous parce qu'on a des valeurs et des synergies communes.
05:13 Et si aujourd'hui, c'est un lieu de rencontre, moi, vu qu'on est sur une logique où est-ce qu'on va internationaliser la démarche,
05:19 je serais ravi de pouvoir vous rencontrer et échanger en vrai puisqu'on a toujours à prendre des passions communes.
05:27 Alors déjà, je vois que tu as un accent du sud, donc tu es peut-être dans le sud et tu vis là-bas.
05:31 Moi, je suis à Paris, mais si tu passes par Paris, avec grand plaisir pour te rencontrer.
05:35 Et surtout, bravo déjà de lancer ça parce que quand on est une start-up, je sais que le plus difficile, c'est la logistique, c'est le transport.
05:42 Tout ça coûte très, très cher.
05:43 Il faut avoir des moyens de collecte et puis après de regroupement et de faire tout ce processus aussi de recyclage.
05:49 Tout ça, écoute, je ne sais pas où est l'équilibre et où est-ce que tu gagnes après ta vie dans tout ça.
05:54 Mais au début, il y a plus un coût que des recettes.
05:57 En tous les cas, félicitations de faire ça.
05:59 Moi, je trouve ça génial.
06:00 Je ne pensais pas que le cheveu pouvait finir sur des tapis de paillasse ou bien dans la dépollution des eaux.
06:06 Franchement, félicitations avec plaisir pour te rencontrer, que tu m'expliques un peu plus en détail tout ça.
06:12 Nous, on a beaucoup de collecte aussi et de recyclage, pas du tout sur ton domaine d'activité.
06:17 On est beaucoup plus sur le traitement des métaux ferreux et non ferreux et tout ce qui est service aux collectivités.
06:22 Mais en tous les cas, je suis ravi que Capilum existe et j'irais peut-être en parler à mon coiffeur si ça l'intéresse d'aller s'inscrire.
06:32 Si les démarches sont simples sur ton site, je pense que c'est quelque chose qui doit être véhiculé et surtout de faire beaucoup de communication.
06:40 Je pense que ça intéresserait tout le monde d'avoir cette démarche de mettre ses cheveux dans un circuit court de recyclage.
06:48 Clément, c'est quoi tes prochaines étapes ?
06:51 Alors là, on est sur une seconde levée de fonds aujourd'hui.
06:55 Effectivement, la première levée de fonds servait à créer cette filière et à travailler tout l'aspect logistique qui était extrêmement coûteux
07:03 avant de trouver notre équilibre et justement être économiquement viable.
07:07 Puisque là où on s'y retrouve, c'est quand on apporte de la valeur, qu'on transforme et qu'on valorise ce cheveu,
07:12 qu'il y a des applications après sur le marché pour pouvoir bien dynamiser après la partie commerciale.
07:17 Et c'est en ce sens et c'est nos enjeux aujourd'hui, développer, pérenniser et internationaliser via cette deuxième levée de fonds qu'on est en train de finaliser pour cette fin d'année.
07:29 Merci beaucoup Clément.
07:31 Merci.
07:32 J'espère que vous pourrez peut-être vous rencontrer prochainement.
07:36 C'est bien sûr pareil, grand plaisir qu'il m'explique un peu plus en détail.
07:40 En tous les cas, bravo, félicitations.
07:42 C'est un beau challenge de faire tout ça.
07:46 Bravo Clément.
07:48 Merci Clément.
07:49 Merci à vous aussi Clément.
07:50 Merci, à bientôt.
07:51 Au revoir.
07:52 Eh bien, tout de suite, on passe à la séquence en coulisses.
08:00 Alors Thomas, tu n'as pas commencé ta carrière tout de suite dans le groupe de Richebourg qui est d'ailleurs une entreprise familiale.
08:07 Mais tu as commencé plutôt dans le théâtre, le cinéma, la télévision.
08:12 Pourquoi tu n'étais pas prêt, tu n'avais pas envie ?
08:16 Alors c'est vrai que le groupe de Richebourg c'est un groupe familial qui a été créé par mon grand-père il y a maintenant 70 ans.
08:21 Mon grand-père la première étape, mon père la deuxième étape.
08:25 Et c'est vrai que lorsque j'ai terminé mon curse moi, je suis né avec le groupe.
08:29 J'ai vu le groupe se construire en partant de rien à quelque chose de très important maintenant.
08:35 Et c'est vrai que quand j'ai fait mon circuit scolaire et je me suis retrouvé après avoir mon bac,
08:40 je n'ai pas eu envie tout de suite de rejoindre le groupe familial parce que je voyais mon grand-père et mon père qui étaient au bout du chemin là-bas.
08:48 Et je me suis dit si je rentre tout de suite dans le groupe, je vais être simplement un exécutant.
08:53 On va me dire tu fais ça, tu vas là, tu fais ça, tu apprends comme ça.
08:57 Et en fait j'ai eu envie d'avoir ma propre expérience, de me construire moi-même, d'être moi-même.
09:02 Et puis je suis parti sur quelque chose qui m'intéressait beaucoup, j'ai été passionné par le théâtre.
09:08 Donc je suis rentré au cours Florent, je suis passé ma classe livre, j'étais avec François Florent, avec Francis Fuster,
09:13 toute cette grande époque du théâtre ça m'a passionné.
09:16 J'ai fait ça pendant je dirais une petite dizaine d'années.
09:19 Et puis j'ai évolué dans tout ce métier qui est un métier difficile, particulier, mais que j'ai profondément adoré.
09:26 Franchement j'ai de très belles amitiés encore aujourd'hui.
09:30 Et surtout j'ai fait des rencontres incroyables.
09:33 Et arrivé un moment où les choses elles se sont un tout petit peu construites pour moi dans ce métier là,
09:37 c'est là où je me suis posé et je me suis dit ou je continue dans ce métier là que j'ai choisi,
09:44 ou bien je rejoins le groupe familial et finalement je pense que ma vie m'a destiné, mon moi au plus profond,
09:52 c'était ma famille, c'était le groupe et donc à un moment donné j'ai pris le choix,
09:57 moi-même sans aucune pression de ma famille, de personne, de rejoindre le groupe familial.
10:03 - Alors tiens on fait souvent un parallèle des fois entre le monde de l'entreprise, de l'entreprenariat avec le sport.
10:09 Est-ce qu'il y a aussi des liens, des passerelles entre le monde plutôt de la comédie que tu connais bien et celui de l'entreprise ?
10:16 - Oui, alors ce que je pense qu'il m'a beaucoup servi dans cette première partie de vie,
10:21 je pense qu'on a plusieurs vies dans une vie,
10:23 c'est dans cette première partie de vie, ce qu'il m'a beaucoup appris c'est sur moi-même,
10:28 sur l'aisance, sur la capacité à pouvoir se sentir bien, à l'aise,
10:33 et surtout ce que je retiendrai vraiment c'est le collectif, c'est de faire des choses ensemble.
10:37 Parce que quand on fait une pièce de théâtre, quand on fait un film,
10:39 et surtout dans une pièce de théâtre, on parle longtemps ensemble, on est ensemble et on travaille ensemble.
10:44 Et finalement j'ai gardé vraiment cet esprit un peu de troupe, de groupe, où j'ai mon équipe avec moi,
10:50 on est ensemble et on est tous au même niveau et on avance dans un unique chemin qui est tracé,
10:56 qui est le groupe, le groupe de Richembourg et uniquement le groupe.
10:59 Mais c'est ça que je pense qu'il m'a le plus appris sur moi, c'est de travailler en équipe.
11:05 J'ai vu dans une interview, quand tu es arrivé dans le groupe, tu as déclaré "je suis entré par la petite porte".
11:12 C'était voulu ou subi ?
11:14 Non, non, c'était au début lorsqu'on passe de ce métier-là.
11:17 Vous savez quand on connaît le groupe en le regardant et après le groupe de l'intérieur,
11:22 c'est quelque chose qui est très différent.
11:24 Moi au début lorsque je suis rentré, j'ai voulu apprendre.
11:27 J'avais la vision globale par mon père, par mon grand-père de ce qu'était le groupe
11:31 et surtout de la construction qu'ils avaient fait de ce groupe.
11:34 Mais à un moment donné, quand on passe d'un métier comme celui-ci
11:37 au métier de l'entreprise et d'industriel et d'entrepreneur,
11:41 je pense qu'au début il faut apprendre et comprendre le mode de fonctionnement.
11:45 Donc j'ai souhaité faire tous les services,
11:48 de pouvoir me mettre dans le service développement, le service financier, le service RH,
11:53 pour pouvoir déjà acquérir cette expérience-là
11:56 et puis surtout de connaître le monde de l'entreprise de l'intérieur.
12:00 Donc ça cette formation, elle m'a duré entre 4 et 5 ans.
12:03 Là j'étais une véritable éponge, j'ai voulu terriblement apprendre,
12:07 comprendre avant de prendre des décisions.
12:10 Donc c'est quelque chose, voilà, c'était un processus
12:12 et puis finalement après les choses, elles se sont faites au fur et à mesure
12:16 et j'ai grandi dans tout ça.
12:17 Mais j'ai beaucoup, beaucoup travaillé au début, d'une part pour avoir la crédibilité
12:22 et surtout de pouvoir dire des choses, je ne dis pas de diriger,
12:25 mais de donner des conseils, d'être là et d'orienter.
12:28 Pour ça il faut déjà avoir le back-office, de bien connaître tout ça
12:31 et après de se projeter, d'avoir une vision.
12:33 Et cette vision, c'est le développement, c'est aussi la rentabilité d'une entreprise
12:37 et c'est de la faire grossir.
12:39 Puisque moi, mon ambition, parce que je ne suis pas tout seul,
12:41 je suis avec mon frère Boris de Richebourg,
12:43 il y a toujours mon père aussi à la tête de l'entreprise, Daniel de Richebourg,
12:46 on travaille en trio, mais autour de nous avec une équipe remarquable.
12:50 Il y a des inconvénients de travailler en famille ?
12:53 Comme partout.
12:55 Alors je dirais qu'on a plutôt une très bonne entente familiale.
12:58 Pourquoi ? Parce que déjà on fait tous aussi beaucoup d'efforts
13:02 pour que ça se passe bien entre nous et puis en même temps on n'est pas nombreux.
13:05 Il y a mon frère et moi avec mon père et surtout que le groupe est très grand, très gros.
13:09 Donc on est chacun dans une des branches du groupe,
13:12 donc finalement on est très complémentaires et puis on se réunit une fois par mois,
13:15 toute la famille avec des membres aussi du groupe, dans un comité stratégique
13:20 pour décider des grandes orientations du groupe.
13:23 Mais oui, il y a parfois, travailler en famille, il ne faut pas tout mélanger,
13:28 il faut séparer le travail et la famille.
13:30 Mais on a plutôt une bonne entente familiale et avec mon frère et avec mon père,
13:34 tous les trois, on est soudés ensemble pour que tout fonctionne bien.
13:38 Donc on peut avoir quand même une vie personnelle, une autre vie familiale,
13:43 en dehors de l'entreprise familiale ?
13:45 Oui, on peut l'avoir très facilement.
13:47 Alors évidemment, l'entreprise, comme dans tous ceux qui travaillent
13:51 et qui ont des responsabilités dans une entreprise,
13:53 l'entreprise, elle vous suit aussi un peu à la maison.
13:55 C'est-à-dire que tout le temps, vous êtes dans la réflexion,
13:58 les e-mails, les textos, les portables, les urgences,
14:00 mais on arrive quand même à couper, à se retrouver en famille
14:03 et de séparer et la vie professionnelle et la vie personnelle.
14:07 Mais la famille, c'est le travail, c'est le groupe, c'est la famille.
14:11 Et il y a aussi des fois le sujet de la succession, de la transmission, ça c'est des choses…
14:16 Les entrepreneurs, moi qui en rencontre beaucoup aussi dans les startups,
14:19 ils ne pensent pas toujours à ce sujet.
14:21 Vous, c'est à partir de quel moment on pense à tout ça ?
14:23 Alors là, pour le moment, mon père, il est très présent dans l'entreprise,
14:26 donc il est là encore pendant très longtemps et je le souhaite aussi.
14:29 Puis après, on va voir le cheminement que tout cela prend.
14:32 Mais comme je vous dis, nous, on est chacun dans une des branches avec mon frère
14:36 et on est tous les deux à diriger chacune nos entités,
14:40 mais on le fait d'une manière aussi collective, collégiale,
14:43 pour que tout fonctionne bien et qu'on soit dans une bonne harmonie.
14:46 Je crois que c'est ça aussi les vraies valeurs d'un groupe familial,
14:50 c'est de travailler en famille et pour la famille.
14:53 Et je pense que c'est ça aussi l'ADN très fort, c'est de savoir pour qui on travaille,
14:57 d'avoir une vraie famille à la tête d'une entreprise et d'un groupe.
15:00 Et on est là, on est présent, on n'est pas sur une plage dorée au Caraïbes,
15:05 on est sur le terrain opérationnel avec nos équipes.
15:08 Et quand on a un nom, comme le tien, tu as mentionné un petit peu tout à l'heure la crédibilité,
15:14 c'est dur de l'acquérir cette crédibilité ?
15:17 Je ne sais pas si c'est dur, elle se fait naturellement au fur et à mesure des années,
15:22 de vos actions, de votre comportement, de la manière dont on prend les décisions.
15:26 Mais maintenant, j'allais dire, je m'y suis habitué,
15:29 quand le nom que j'ai, c'est mon nom, et même lorsque je vois passer des véhicules, des camions,
15:34 c'est mon nom mais c'est plus la marque.
15:37 Moi je dissocie ça un peu, j'ai ce nom là, mais lorsque je vois un véhicule,
15:42 je regarde toujours s'il est en bon état de marche, s'il est propre,
15:45 pareil sur les équipements, les affaires de nos EPI, de nos collaborateurs,
15:51 j'attache beaucoup d'importance à la marque et à l'image de la marque qu'on peut donner au public
15:57 puisqu'on est quand même dans les rues, dans les villes, au cœur des villes.
16:00 Donc oui, je dissocie mon nom de la marque, même si c'est la même chose.
16:05 Bon, De Richebourg c'est devenu quand même un très grand groupe, une multinationale,
16:10 comment vous avez réussi, tous les trois notamment, à conserver cet esprit familial ?
16:15 Alors on a réussi, ça a été surtout mon père qui est un chef d'entreprise extraordinaire,
16:22 remarquable d'ailleurs, qui a pris beaucoup de décisions stratégiques dans le groupe,
16:26 il a eu 4-5 étapes dans sa vie, et c'est vrai que le groupe de ce qu'on en a vu avec mon frère,
16:32 tout au départ où il y avait vraiment la naissance d'un groupe, mais c'était tout petit,
16:38 à maintenant où on est presque 150 000 collaborateurs répartis dans 14 pays,
16:43 donc on est, comme tu disais, une énorme multinationale, mais toujours gérée finalement comme une PME,
16:49 c'est le travail, le travail, le travail, et surtout avec les collaborateurs.
16:53 On a vraiment un véritable esprit d'équipe et on est tous en adéquation avec la marche et la stratégie de l'entreprise.
17:01 Alors justement, tu parles des collaborateurs, j'ai lu dans une interview que tu disais
17:06 que un bon dirigeant doit faire preuve de sincérité vis-à-vis de ses collaborateurs,
17:10 donc de communiquer à l'intérieur du groupe, même s'il existe bien entendu des limites à cette transparence.
17:15 Quelles sont tes limites ?
17:17 Alors, c'est vrai qu'au plus on est transparent et sincère, au mieux on est efficace.
17:24 Moi je suis quelqu'un finalement de très basique dans mon mode de management,
17:28 moi je suis là pour que les choses se passent bien, pour qu'elles se coordonnent bien,
17:32 je suis un peu comme un grand chef d'orchestre, et surtout de savoir s'entourer, de bien s'entourer.
17:37 Moi je préfère parfois même embaucher des collaborateurs meilleurs que moi, plus compétents que moi.
17:42 Au contraire, moi c'est au groupe que je pense, avant de penser à moi, moi me mettre en avant finalement,
17:47 ça n'a peu d'importance, moi ce que je veux faire c'est le rayonnement du groupe.
17:51 Donc après voilà, la transparence elle va dans l'entreprise, c'est le management,
17:58 mais il y a certaines barrières qu'on ne franchit jamais.
18:01 Moi la partie personnelle de chaque collaborateur elle est privée, elle doit rester privée.
18:06 Moi dans le cœur de l'entreprise, on est là simplement pour manager, pour coordonner,
18:11 et pour que tout le monde aille dans le même sens.
18:14 C'est intéressant ce que tu disais sur la mise en avant du dirigeant,
18:17 parce que la semaine dernière je recevais le patron de Wicker,
18:20 et il avait en plus sa veste avec écrit Wicker dessus,
18:25 est-ce que tu trouves qu'il faut être quand même VRP quand on est le patron d'une entreprise ?
18:31 Ou faut au contraire rester un peu caché ?
18:33 Moi je pense que oui, il faut être VRP, surtout à l'époque actuelle,
18:37 moi je crois que c'est très important, alors moi je m'occupe beaucoup du développement commercial,
18:42 pourquoi ? Parce que je suis Thomas de Richebourg, du groupe de Richebourg,
18:45 donc je sais que les clients ils apprécient énormément de rencontrer directement,
18:50 d'une part soit le président, mais surtout le propriétaire.
18:53 Donc c'est quelque chose aussi qui est très fort pour eux,
18:55 donc ça c'est un peu la mission que je me suis donnée, c'est de développer le groupe,
18:59 d'avoir ce relationnel aussi client très important,
19:02 parce que je sais l'impact que ça a lorsque j'arrive dans une mairie,
19:06 ou voir un camministe, ou dans des déplacements présidentiels ou autre,
19:10 je sais que ça a beaucoup d'importance.
19:12 Alors c'est quoi le style de management de Thomas ?
19:16 Le style de management je dirais, comme je le disais tout à l'heure,
19:19 c'est quelque chose de très cohérent, on travaille tous énormément,
19:22 on a beaucoup de responsabilités, moi ce que j'aime c'est le travail,
19:25 c'est le travail et c'est le travail.
19:27 C'est-à-dire que quand c'est bien, je dis que c'est bien,
19:30 quand il faut féliciter, il faut féliciter,
19:32 et puis quand il y a un moment donné où on trouve que les choses,
19:35 elles ne vont pas forcément dans le sens qu'on avait dit au départ,
19:38 il faut aussi recadrer les choses.
19:40 Je crois que les personnes, ils apprécient les collaborateurs,
19:43 quand ils ont de leur direction un aspect plutôt de confiance et positif,
19:48 je crois qu'on se sent bien.
19:50 Ce que j'ai envie c'est qu'on se sente tous bien dans le travail
19:53 et qu'on avance tous ensemble.
19:55 Donc c'est un mode de management qui est basique,
19:57 et après aussi qui est rigoureux.
19:59 Moi je suis très exigeant avec moi-même, donc je suis aussi avec les autres.
20:02 Moi je veux qu'on gagne des marchés, je veux qu'on se développe,
20:04 je veux qu'on améliore notre rentabilité, je veux qu'on ait une belle image.
20:08 Donc voilà, c'est un ensemble de choses sur lesquelles on s'est mis des objectifs
20:12 et on doit tous aller dans le sens de ces objectifs et ensemble,
20:15 mais dans une certaine bonne humeur aussi et bonne ambiance.
20:19 On passe plus de temps à être au travail que dans sa vie familiale,
20:23 donc je me dis si c'est pour venir au travail avec la boule au ventre, quel intérêt ?
20:27 Donc voilà, j'ai ce mode-là, peut-être que ça me reste du théâtre
20:32 ou peut-être plus simplement de ma personnalité.
20:35 - Ça passe par quoi, une bonne ambiance ?
20:37 - Quelque chose comme là, dans ce qu'on discute sur le plateau,
20:39 je trouve qu'il y a plutôt une bonne ambiance, que c'est agréable, c'est se parler,
20:42 c'est d'avoir une certaine humilité et simplicité.
20:45 Donc moi, je suis plutôt quelqu'un d'assez basique, assez simple, vraiment.
20:49 Donc je ne me prends pas la tête, les choses, elles se font.
20:52 Et pareil dans le recrutement des collaborateurs,
20:55 moi j'apprécie beaucoup l'évolution en interne.
20:57 Je fais évoluer aussi tous mes collaborateurs qui sont à l'intérieur et qui travaillent proche de moi.
21:02 Je crois que c'est important aussi qu'on puisse se sentir bien dans une entreprise,
21:05 mais au-delà de ça, qu'on puisse savoir qu'on peut évoluer,
21:08 qu'on peut grandir à l'intérieur de cette entreprise et que c'est possible.
21:11 Et ça, je veux vraiment garder cet aspect-là du groupe, de pouvoir évoluer à l'ensemble du groupe.
21:17 Parce que quand on sait ça, on arrive à se projeter,
21:20 et c'est là où on se dit, finalement, peut-être qu'aujourd'hui je commence là,
21:23 mais demain je peux être président. Et c'est le cas.
21:26 Tous les présidents de groupes de Richebourg, de nos filiales, sont issus de la base.
21:30 Donc quand on a un peu d'ambition, un peu de motivation et beaucoup de volonté,
21:34 c'est quelque chose qu'on peut faire dans le groupe.
21:36 - Et alors tu es aussi forcément engagé sur tous les sujets d'environnement,
21:41 puisque tu diriges la branche environnement du groupe Richebourg.
21:45 Est-ce que c'est un rôle qui nécessite quand même aussi de faire de la politique ?
21:49 - Alors, je crois qu'on en fait un peu tous les jours de la politique,
21:53 surtout avec nos hommes politiques, mais pas forcément.
21:56 L'environnement, c'est devenu maintenant un enjeu majeur.
22:00 On a découvert vraiment la notion de l'environnement avec la COP 21, la COP 22,
22:05 toutes ces COP et où maintenant cet environnement est un véritable enjeu politique
22:10 et qui fait même partie des campagnes politiques.
22:13 D'ailleurs, on voit bien que maintenant tous les éluvères,
22:15 même la prise de conscience aussi de la population, elle est très engagée maintenant.
22:19 Même quand vous recrutez des personnels, on vous demande ce que l'entreprise fait,
22:24 quelle est sa politique RSE.
22:26 Donc il y a vraiment des choses maintenant qui sont dans l'air du temps,
22:29 mais où chacun et chacune d'entre nous a pleinement conscience
22:33 qu'il faut agir pour notre environnement, protéger notre planète.
22:37 Donc nous, on fait du recyclage depuis 70 ans.
22:40 C'est vrai qu'on a des techniques de valorisation et de recyclage
22:43 qui sont extrêmement avancées, très poussées, mais on est en plein dans l'air du temps.
22:47 Et même le gouvernement, on voit bien que maintenant,
22:50 il y a des moyens qui sont donnés avec des directives européennes strictes
22:54 pour valoriser davantage, qu'on arrête et qu'on diminue l'enfouissement
22:58 pour que toutes les matières que nous récupérons,
23:01 et je fais le penchant avec notre coiffeur, Capilum,
23:06 qu'il récupère, voilà.
23:08 On a suffisamment maintenant de matière en surface pour la réutiliser.
23:12 Il faut qu'on arrête un petit peu d'aller puiser dans notre terre
23:16 parce que la terre s'appauvrit et on a tellement de choses en surface
23:20 qu'il faut arriver à trouver des techniques, des solutions
23:22 pour recycler comme lui a fait pour les coupes de cheveux.
23:26 - Et d'ailleurs, ça se passe par des task force en interne ?
23:30 - Dans certains sens, on a tout un service R&D également.
23:34 Par exemple, je vais prendre un exemple que tout le monde va comprendre
23:37 sur un véhicule hors d'usage, une vieille voiture.
23:40 Les pneumatiques deviennent des airs de jeu pour enfants,
23:43 les pare-chocs deviennent des bacs poubelle,
23:46 le pare-brise redevient du verre.
23:48 Voilà, donc on est dans une évolution de la réutilisation de la matière
23:53 avec des filières qui sont données et qui sont extrêmement organisées.
23:57 - Est-ce que tu aurais un très bon souvenir, ou pas,
24:00 de nous partager de toutes ces dernières années au sein de l'entreprise ?
24:04 - En fait, c'est de partager toutes ces réussites avec tous nos collaborateurs,
24:12 avec ma famille, parce que c'est vrai que le groupe évolue énormément.
24:16 Je suis très fier du groupe que nous avons.
24:19 Vraiment, on est un très, très beau groupe familial avec des superbes valeurs.
24:23 On est dans une magnifique dynamique et c'est vrai qu'on voit beaucoup
24:26 la morosité de ce qui peut se passer en ce moment,
24:29 mais nous, on est vraiment dans un élan, dans un dynamisme.
24:32 Donc, ce que je retiendrai de ces dernières années,
24:35 c'est le dynamisme qu'a le groupe et ça me motive énormément.
24:39 - Est-ce que tu pourrais travailler en dehors d'une entreprise familiale, de la tienne, du coup ?
24:44 - Alors, honnêtement, Charlie, non. Je ne pourrais pas,
24:47 parce que maintenant, ma vie, c'est le groupe et je ne me vois pas faire autre chose ou être ailleurs.
24:52 D'ailleurs, où j'irais ? Chez M. Veolia, chez M. Suez ?
24:56 Ça n'aurait aucune crédibilité et puis en même temps, ce n'est pas ma vie du tout.
25:00 Non, non, ma vie, c'est l'entreprise et surtout dans l'entreprise et dans mon et notre entreprise familiale.
25:06 - Super, merci encore d'avoir répondu à toutes ces questions.
25:11 Et maintenant, on va passer à la séquence interview chrono.
25:19 Alors, je commence avec une question, elle est simple.
25:22 Une entreprise familiale qui t'inspire en dehors de De Richembourg ?
25:27 - En dehors de De Richembourg, je dirais...
25:30 Moi, j'aime bien Elon Musk, je ne sais pas, Tesla, tout ce qu'il fait.
25:35 Ce n'est pas vraiment une entreprise familiale.
25:37 Alors, je dirais peut-être les Decaux.
25:40 Voilà, une belle entreprise familiale, pareil, qui a grandi aussi dans un total autre secteur d'activité.
25:47 C'est aussi une famille, ils sont aussi les enfants à la tête de tout ça et c'est une belle famille.
25:52 - Un acteur que tu adores ?
25:54 - Anthony Hopkins.
25:56 - Tu préfères travailler avec ton père ou ton frère ?
25:59 - Les deux.
26:01 - Est-ce que tu peux me citer une entrepreneuse ou une dirigeante française ?
26:05 - Ah...
26:07 - Ce qu'on aime bien citer, voilà, aussi des femmes.
26:09 - Oui, oui, bien sûr, il y en a beaucoup.
26:11 Je dirais, qu'est-ce que je pourrais dire ?
26:14 - Ah, c'est difficile.
26:16 - Oui, c'est le joker parce que...
26:18 - Ah, les jokers, ce n'est pas grave.
26:20 L'application que tu utilises le plus ?
26:22 - Waze.
26:24 - Je crois que moi aussi.
26:25 Plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
26:28 - LinkedIn.
26:29 - Oui, c'est plus pro quand même.
26:30 - Oui, c'est plus entreprise.
26:32 - Si tu devais changer quelque chose au code du travail, ce serait quoi ?
26:36 - Alors, d'alléger certaines procédures RH, qui sont parfois assez lourdes pour l'entreprise.
26:46 - Est-ce qu'il y a autre chose ?
26:48 Tout à l'heure, on a vu les recyclages de cheveux.
26:50 Il y a quelque chose d'autre que tu aimerais beaucoup recycler ?
26:53 - En dehors de ce qu'on recycle, nous ?
26:55 - Oui.
26:56 - Déjà, on en a tellement à recycler que je ne vois pas ce qu'on pourrait recycler encore d'autres.
27:01 Parce que j'ai découvert tout à l'heure qu'on recyclait les cheveux, ce que je ne savais absolument pas.
27:05 Donc, je crois qu'on a tellement de matières, tellement de choses à recycler que là, je crois qu'on fait tout.
27:13 - De tout. Allez, tout.
27:14 Tes dernières vacances, c'était quand ?
27:16 - En Espagne. En mois d'août en Espagne avec ma famille.
27:20 - Je prends des vacances.
27:21 Et j'ai demandé tout à l'heure, un des meilleurs souvenirs, est-ce qu'il y a un des pires souvenirs chez Dreyfus ?
27:27 - Le pire souvenir, c'était quand j'ai loupé un rendez-vous très, très important en avion.
27:35 Et je me suis retrouvé dans une situation. C'était pour une soutenance de dossier.
27:39 J'étais là, j'étais perdu. J'ai loupé mon avion.
27:42 Toute mon équipe est partie alors que c'était moi qui portais toute la responsabilité du dossier.
27:46 Et j'étais « waouh ». Mais bon, ils se sont très bien débrouillés sans moi.
27:50 Mais c'est vrai que ça m'avait... Ah, j'étais énervé contre moi-même.
27:55 Je n'ai pas parti assez tôt pour prendre l'avion et je l'ai loupé.
27:58 - Merci beaucoup, Thomas, d'avoir répondu à cette série de questions.
28:03 Et merci d'être venu dans cette émission.
28:06 Enfin, moi, je vous remercie aussi d'être encore présent pour cette émission.
28:11 Et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Au revoir.
28:14 (Générique)