SMART BOSS - Emission du mardi 14 novembre

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Mardi 14 novembre 2023, SMART BOSS reçoit Arnaud Naudan (Président, BDO)

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00:00 *Musique*
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le nouveau rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:13 Je suis ravie d'accueillir pour ce nouveau numéro Arnaud Nodant. Bonjour.
00:18 - Bonjour. - Donc tu es président du directeur de BDO France,
00:21 un réseau mondial d'audits et de conseils. Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation.
00:26 Alors on va commencer par une petite séquence "David rencontre Goliath" où tu vas faire face à une startup
00:32 et vous pourrez parler de vos sujets communs. Ensuite on aura la séquence "En coulisses"
00:36 où tu vas vraiment nous parler de ta vie de dirigeant et des moments forts que tu as pu avoir ces dernières années.
00:41 Et enfin on aura l'interview chrono, comme son nom l'indique, et une série de questions réponses très courtes.
00:48 - D'accord. Ok. - Et bien écoute, merci beaucoup.
00:50 - Merci à toi. - Et maintenant on va passer à la séquence "David rencontre Goliath".
00:55 [Musique]
00:58 [Sonnerie de sonnette]
00:59 - Be smart.
01:00 - Donc la startup qui te fait face c'est Uplo, spécialisée dans la gestion de l'accionnariat
01:05 et plus largement digitalisation de la documentation juridique corporate.
01:09 On va en parler et je suis ravie d'accueillir son PDG, donc Florian Dadre.
01:13 - Bonjour Charlie. - Merci d'être venu.
01:15 Est-ce que déjà tu peux nous expliquer en quoi vous améliorez un peu tous ces process archaïques
01:21 qu'il y a dans ce fameux monde du juridique ?
01:23 - Avec plaisir. Donc Uplo effectivement c'est un logiciel SaaS qui a pour but d'aider à gérer l'actionnariat des entreprises.
01:29 Que vous soyez un grand groupe ou une startup, que votre actionnariat est amené à bouger,
01:33 c'est compliqué de suivre une table de capitalisation, c'est compliqué de tenir ses registres
01:38 et de suivre l'actionnariat salarié quand vous distribuez des plans d'options.
01:41 Et donc nous ce qu'on a essayé de faire c'est de justement proposer une proposition de valeur
01:45 qui est donc un logiciel qui va tenir ça le plus automatiquement possible, sans effort
01:50 et surtout en fiabilisant la donnée.
01:52 - Alors est-ce que tu connaissais déjà peut-être Uplo ?
01:55 Et est-ce que vous utilisez aussi des outils comme ça qui permettent de gérer la table de capitalisation ?
02:01 - Alors non, on ne se connaissait pas encore.
02:03 Effectivement je vois bien pourquoi il y a eu un go-between et tout l'intérêt qu'il pourrait y avoir entre nos deux entités.
02:09 Alors moi je vois plusieurs leviers sur lesquels on peut travailler.
02:13 Déjà je pense qu'ils sont quand même sur le bon sujet, notamment sur ce qui est actionnariat salarié.
02:19 Ça fait couler beaucoup d'encre.
02:21 Nous-mêmes c'est un sujet qu'on suit quand on conseille nos clients sur des sujets de rétention, d'attractivité des entreprises.
02:28 Donc je pense que c'est un marché qui va prendre de l'ampleur.
02:32 Donc voilà, je pense qu'on a affaire à des bons entrepreneurs de se positionner là-dessus.
02:36 Et après j'y vois un intérêt, déjà nous, pour un sujet interne.
02:40 Nous on a un cabinet d'audite et de conseil mais qui a un plan de croissance qui est extrêmement fort.
02:44 Donc on a des nouveaux associés qui arrivent très régulièrement.
02:47 Donc suivre nous-mêmes notre table de capi, ça peut être un enjeu.
02:50 Donc je pense qu'il y a déjà le sujet interne pour nous.
02:52 Et puis ensuite il y a tout ce qu'on pourrait éventuellement apporter.
02:55 Parce que je pense que c'est typiquement le type de solution où nous on peut être prescripteur pour des clients qu'on conseille.
03:01 Et on a dans nos métiers des practices de conseil sur la digitalisation des entreprises, la harmonisation des process.
03:09 Et donc voilà, c'est typiquement des sujets sur lesquels on peut être amené à conseiller nos clients.
03:13 Tu as des clients, des cabinets de conseil ? Ou alors peut-être que tu les utilises justement pour distribuer ce produit ?
03:18 Effectivement, Arnaud touche le doigt de ce qui est très intéressant, c'est que la prescription c'est fondamental.
03:23 Surtout quand on est une petite start-up qui essaie d'émerger sur un marché B2B.
03:27 Et nos deux canaux de prescription stratégiquement sont les cabinets d'avocats,
03:31 qui historiquement sont un peu au cœur de ce sujet parce que c'est eux qui manipulent ces données corporate
03:35 et qui rédigent pour leurs clients les sociétés.
03:37 Et donc on a un très fort circuit de prescription via les cabinets d'avocats en corporate, en M&A.
03:42 Et puis dans notre roadmap à nous stratégique, on a décidé qu'effectivement dans quelque temps,
03:46 on s'intéresserait à un autre réseau de prescription qui est très proche de celui d'Arnaud,
03:49 puisque effectivement ce sont les cabinets de conseil et les cabinets d'expertise comptable
03:53 qui, à différents moments de la chaîne de valeur, sont amenés à recommander, prescrire,
03:58 voire peut-être même utiliser si nécessaire.
04:00 Alors on parle aussi aujourd'hui beaucoup et beaucoup d'IA.
04:04 Est-ce que d'ailleurs c'est une composante que vous intégrez maintenant ?
04:08 Est-ce que vous comptez en faire un peu plus ? Parce que sinon, je ne veux pas dire que vous allez disparaître.
04:12 Non, bien sûr. C'est le moteur qui va nous permettre d'automatiser le plus possible
04:18 la gestion de la comptabilité titre, donc des données qui composent l'action arrière.
04:23 Aujourd'hui, ce qui se passe, c'est que la comptabilité titre, on la fait en lisant un document corporate
04:28 et en extrayant la donnée qui la constitue.
04:30 On structure cette donnée, après on fait des calculs et on montre les résultats.
04:34 On montre une table de capi, on digitalise des registres et puis on propose plein de vues de l'actionnaire salarié
04:39 pour que chacun puisse voir ses plans de base PCE, ses vesting et tous les éléments qui les constituent.
04:44 Plus le machine learning et l'intelligence artificielle seront développés au sein de notre solution,
04:48 plus l'extraction de cette donnée sera faite rapidement, automatiquement et sans erreur.
04:53 C'est absolument fondamental. Notre modèle à nous, c'est d'entraîner notre machine dans ce sens-là.
04:58 On a aujourd'hui plus de 100 000 documents corporate qu'on a en gestion.
05:02 On a déjà entraîné notre modèle sur un volume relativement conséquent
05:05 et c'est forcément l'avenir des prochaines années pour nous.
05:08 C'est une bonne ou mauvaise nouvelle l'IA pour BDO ?
05:12 Moi je pense que c'est une très bonne nouvelle.
05:14 Je fais partie de ceux qui pensent que ça ne va pas nous disrupter, enfin qu'on a encore de l'avenir,
05:18 mais par contre que l'IA va nous permettre de gagner en productivité.
05:21 Elle va être un fantastique outil pour qu'on puisse vraiment se focaliser sur ce qui crée de la valeur pour nos clients.
05:26 Donc voilà, moi c'est ma philosophie.
05:28 Je reviens sur le sujet de la prescription.
05:30 Ce qui est intéressant, c'est que finalement nous, dans un cabinet pluridisciplinaire comme le nôtre,
05:33 on touche à l'ensemble des métiers qui peuvent être prescripteurs,
05:36 les experts comptables, on a notre propre cabinet d'avocats,
05:39 nos consultants, donc je dirais globalement des collaborations avec des entreprises comme la tienne peuvent être intéressantes.
05:45 Et sur ce sujet d'IA, je pense qu'aujourd'hui tout ce qui va nous permettre de gagner en productivité,
05:49 toutes les technologies qu'on peut utiliser basées sur l'IA,
05:52 qui feront que nos collaborateurs qui aujourd'hui font ça sous Excel vont pouvoir automatiser,
05:56 et donc se focaliser sur d'autres tâches.
05:58 Dans tous les cas, ce sera, je pense, le principal enjeu des prochaines années.
06:01 Et avec l'IA, tu vas pouvoir aller encore plus loin que rester sur la gestion de l'actionnariat,
06:06 comme vous avez en plus développé déjà d'autres outils.
06:09 Absolument. C'est-à-dire qu'à partir du moment où on va être capable de, encore mieux,
06:12 extraire la donnée qui constitue un document juridique,
06:15 on pourrait imaginer que ce ne sera pas simplement un document juridique corporate,
06:18 qui est relatif à l'actionnariat, mais que ça peut être un document juridique au sens large,
06:22 et que ça soit donc un contrat de travail, que ça soit un contrat commercial,
06:25 que ça soit de la RGPD, de la propriété intellectuelle, des baux commerciaux.
06:29 Quel que soit finalement la verticale du droit dont on parlera, le document référent,
06:34 on pourrait extraire le plus automatiquement possible les datas,
06:37 et ensuite les manipuler, les structurer, et les rendre accessibles à l'utilisateur
06:41 pour avoir un outil de knowledge management,
06:43 et d'accéder à la connaissance juridique extrêmement rapidement.
06:46 Et c'est ça, en tout cas, la vision qu'on se fait d'Upload dans les prochaines années.
06:50 Vous travaillez avec des startups déjà.
06:53 Vous en avez peut-être, je ne sais pas, racheté. C'est quoi un petit peu la stratégie là-dessus ?
06:57 Alors on travaille avec des startups, évidemment.
06:59 Sur l'ensemble de nos métiers, on a ces réflexions sur comment est-ce qu'on peut capter des nouvelles technologies,
07:04 toujours dans cet objectif de gagner en productivité et d'apporter des nouveaux services à nos clients.
07:08 Donc on est en veille permanente sur l'ensemble de nos métiers, sur les nouvelles idées, les jeunes pousses,
07:14 et donc on a des collaborations, ce qui existe déjà, notamment sur les métiers traditionnels d'expertise comptable.
07:20 On vient de signer un accord avec Penny Lane pour diffuser l'outil sur l'ensemble de nos clients.
07:28 Donc voilà, je dirais, dans chacun de nos métiers, on a soit des partenariats.
07:32 On fait beaucoup de croissance externe, mais on peut prendre des participations minoritaires sur quelques sociétés,
07:41 et ensuite on voit comment est-ce qu'on les évolue.
07:43 Donc c'est dans la feuille de route stratégique du directoire d'être vraiment en alerte sur, encore une fois,
07:48 toutes les nouvelles technologies qui peuvent nous permettre de gagner en productivité
07:51 et de frère vraiment là où on apporte de la valeur pour nos clients.
07:54 Donc toutes les tâches qui peuvent être automatisées aujourd'hui, on regarde,
07:57 parce que de toute manière c'est un enjeu pour le groupe, pour l'ensemble de la profession,
08:01 et je pense pour l'ensemble des entreprises.
08:03 Bonjour devant elle. Merci beaucoup en tout cas d'être venu, Florian, pour témoigner.
08:11 Et maintenant on va passer à la séquence en coulisses.
08:14 [Musique]
08:18 Alors avant d'aller chez BDO, tu es passé par PWC, votre cabinet de conseil.
08:25 Pourquoi tu n'es pas resté ? Parce que tu étais trop impatient d'aller grimper les échelons,
08:30 c'était plus facile d'aller dans un plus petit cabinet.
08:33 Alors je pense qu'il y avait différents facteurs.
08:37 Effectivement ça faisait pas loin de dix ans que j'étais chez PWC.
08:40 J'avais eu un parcours international, j'avais commencé au Luxembourg, j'étais parti à New York,
08:45 je revenais en France. Une entreprise dans laquelle j'étais très bien,
08:50 j'ai toujours beaucoup de respect, j'ai toujours beaucoup de contacts,
08:52 mes meilleurs amis sont toujours chez PWC.
08:55 Non, ça a vraiment été une opportunité.
08:57 J'ai été contacté par BDO au moment où BDO venait de gagner un client très significatif
09:03 dans le secteur bancaire, qui était le secteur dont j'étais issu et dont j'étais spécialiste,
09:07 et qui a voulu utiliser cette référence pour créer un practice d'audit et de conseil dans la banque.
09:13 Et donc c'est comme ça que j'ai été contacté.
09:15 J'ai rencontré le patron de BDO de l'époque qui m'a convaincu de les rejoindre
09:21 en me promettant une carrière rapide chez BDO.
09:23 Et donc voilà, pas loin de dix ans après, je me dis qu'il ne m'a pas menti.
09:26 Alors tu as dirigé le site de Paris au départ.
09:29 C'était quoi ta première décision peut-être marquante ?
09:33 Quand j'ai été nommé à la direction du site de Paris,
09:38 je pense que finalement les choses sont allées très vite,
09:42 parce que j'ai pris la responsabilité du site de Paris le 30 septembre 2019,
09:46 et j'ai été élu à la présidence du groupe un an après.
09:49 Donc je pense que très vite la décision impactante a été de dire
09:53 "je vais aller me présenter pour la présidence du groupe".
09:55 Non, on était dans un contexte où on a une profession qui a besoin de se transformer.
10:01 Je pense que les experts comptables, les auditeurs, les avocats, les consultants
10:07 doivent être en lien avec l'ère dans laquelle on évolue.
10:12 Et c'est une profession qui ne s'est pas toujours caractérisée par sa capacité à se moderniser.
10:17 Donc très vite on a essayé de réfléchir à comment est-ce qu'on redonnait du sens à nos métiers,
10:22 comment est-ce qu'on pouvait davantage convaincre les jeunes de venir dans nos cabinets.
10:27 On avait une profession qui était très attractive il y a encore quelques années.
10:30 Il faut dire qu'on a perdu en attractivité.
10:32 Les premières décisions ont vraiment été comment est-ce qu'on peut redonner une dynamique dans le cabinet,
10:38 comment est-ce qu'on peut repartir dans une démarche de croissance.
10:41 On était à cette époque-là plutôt sur un plateau en termes de croissance de chiffre d'affaires.
10:46 BDO est un très grand réseau, on a plus de 110 000 personnes dans le monde, on est dans 160 pays.
10:51 La France est un marché stratégique pour le réseau international.
10:55 Donc les premières actions ça a été d'aller dans une dynamique de développement.
10:59 Finalement les choses sont allées très vite.
11:02 Jamais j'aurais imaginé que ça puisse aller aussi vite.
11:05 Ce n'était pas forcément de l'impatience mais c'était une volonté d'avoir de l'impact dans la société.
11:09 Tu es nommé 1er janvier 2021, tu es juste un an après.
11:13 Tu as mené une campagne, c'est comme un homme politique.
11:17 Il y a un petit peu de politique parce qu'on a la particularité dans des groupes comme le nôtre
11:23 d'avoir une gouvernance qui est très collégiale.
11:26 C'est un groupe qui a été tenu par ses partenaires et le président est élu au suffrage universel par ses associés.
11:33 Donc effectivement il y a eu un peu de conviction et un peu de rendez-vous à faire avec les associés,
11:39 les leaders d'opinion dans l'entreprise.
11:42 Ça n'a pas été réellement une campagne, je pense qu'on n'est pas au stade de maturité.
11:45 D'ailleurs ce n'était pas ce qu'on voulait.
11:47 Je sais que dans certains cabinets il y a une année de campagne avec toute la politique qu'on peut imaginer
11:53 autour de ces sujets. Là on l'a fait plutôt en bonne intelligence.
11:56 On a essayé de trouver l'adhésion de tout le monde, de vraiment bâtir un projet
12:00 et de ne pas simplement chercher à être élu pour être élu,
12:04 mais vraiment de proposer quelque chose de nouveau pour le groupe.
12:07 C'est ce qui, je l'espère, a plu à nos associés et qui s'est contractisé dans leur vote quand ils ont décidé,
12:13 à la fois pour moi mais surtout pour mon équipe parce qu'on a aussi la particularité,
12:17 c'est que les associés chez BDO ne votent pas pour un président,
12:20 mais ils votent vraiment pour une équipe de direction.
12:22 Donc c'est extrêmement collégial et très collaboratif au sein de la communauté des associés.
12:26 Donc tu as été élu à 38 ans, c'est un atout, c'est un élément sur lequel tu as joué,
12:31 le fait d'avoir moins de... je veux dire, jeunes, il y en a qui vont pas leur plaire,
12:35 jeunes, vieux, on ne sait jamais, ou alors c'est au contraire un peu un handicap
12:38 et il fallait prouver justement des choses.
12:40 Alors non, j'ai beaucoup joué là-dessus, effectivement.
12:43 Moi je pense que c'était un actif et que c'était un avantage,
12:47 à la fois parce que j'ai l'énergie qu'on n'a pas forcément quand on prend un poste comme celui-là,
12:53 en dernier poste dans sa carrière, et je pense surtout parce que les décisions qu'on prend aujourd'hui,
13:00 je serai toujours dans l'entreprise ou toujours dans la profession
13:03 quand réellement elles vont avoir de l'impact et on va remporter les résultats.
13:06 Donc je pense que je suis encore plus challengé,
13:09 je dirais la pression est d'autant plus grande que je n'ai pas tellement droit à l'erreur,
13:12 parce que si effectivement, passe-moi l'expression, si je me plante,
13:15 derrière quand même il faudra continuer à travailler un petit peu.
13:17 Donc je pense que c'était un actif.
13:19 Après il a fallu effectivement convaincre, il y a des personnes qui disaient
13:22 "est-ce que à 38 ans tu as déjà passé tous les caps pour pouvoir gérer une entreprise
13:27 qui quand même à cette époque-là faisait 150 millions d'euros de chiffre d'affaires,
13:31 1500 collaborateurs, donc il a fallu quand même convaincre
13:34 et avoir les idées à un projet qui soit assez clair.
13:37 - Et alors aussi rapidement, tu fais tout très rapidement,
13:40 BDO est devenu le premier acteur dans l'audit et le conseil
13:46 à adopter le statut d'entreprise à mission.
13:49 Comment tu as mis en marche ça au sein de la société concrètement ?
13:55 Tu l'as porté seul avec des équipes ?
13:57 - Alors effectivement on a été les premiers à adopter la qualité, on en est très fiers.
14:02 La genèse de ce projet, on est pendant le Covid,
14:08 ça a été un moment pour moi qui a été quand même une vraie prise de recul.
14:12 Enfin moi je suis quelqu'un qui fait beaucoup de sport, qui a beaucoup de hors,
14:14 donc là être enfermé à Paris ce n'était pas quelque chose, ça n'a pas été...
14:17 Voilà je pense que les gens ont vécu ça pas forcément au même degré.
14:22 Donc pour moi c'était vraiment un moment où j'ai vraiment pris du recul.
14:25 Et à ce moment-là où je commençais à réfléchir effectivement à l'élection du président de BDO,
14:30 je me suis vraiment posé la question, dans quel type d'entreprise est-ce que je voudrais porter cette fonction ?
14:36 Et si je dois l'incarner, quel type de valeur on doit incarner ?
14:39 Et effectivement la mission est devenue assez naturellement.
14:42 Je pense que pendant le Covid, notre profession a réalisé le rôle fondamental qu'elle avait dans la société.
14:48 Qu'on soit expert comptable, avocat, consultant, on a été vraiment au chevet d'une entreprise.
14:53 Et donc c'est comme ça qu'en faisant des recherches, en réfléchissant,
14:56 ça dit voilà, au moins la mission permet de redonner du sens.
15:00 On a un problème de quête de sens, je pense que c'est pas juste une mode.
15:04 Toutes les entreprises sont faire prêts par ça et je pense que le sujet est vraiment fondamental.
15:08 Donc ça peut redonner du sens, ça permet également de fixer des objectifs qui sont ambitieux et qui sont contraignants.
15:14 C'est peut-être une philosophie de dirigeant, mais je pense que si on se contraint pas un minimum, on n'avance pas.
15:19 Et on aurait toujours eu une bonne raison de dire qu'on n'allait pas faire telle ou telle chose
15:22 si on n'était pas devenu société à mission.
15:24 Donc aujourd'hui on l'est, on a des objectifs, on a un comité qui vérifie qu'on met bien les moyens en face de ces objectifs.
15:29 Donc je pense que voilà, c'était une transformation profonde, alors effectivement très ambitieuse, très audacieuse.
15:35 Mais pour moi, ça nous a permis à la fois de définir cette raison d'être et d'apporter cette réponse aux questions,
15:43 notamment des jeunes consultants ou des jeunes auditeurs qui nous revenaient.
15:46 Et puis de nous mettre vraiment dans une démarche de transformation.
15:49 Pour moi la mission, c'est pas quelque chose que l'on fait et puis il y a un avant et un après.
15:54 C'est une démarche constante d'amélioration, de progression.
15:58 Mais ça a vraiment mis l'entreprise en marche et dans une dynamique qu'on n'avait pas du tout avant.
16:03 Et peut-être le dernier point, et c'était lié à l'histoire de BDO, c'est que BDO s'est reconstitué par des opérations de croissance externe,
16:10 avec des associés qui venaient de différents métiers, de différentes cultures.
16:15 Et la mission a vraiment permis d'aligner, moi c'était vraiment mon objectif premier,
16:19 d'aligner l'ensemble des associés et des collaborateurs autour de cette raison d'être et de valeur commune.
16:25 Et finalement, moi j'ai insufflé, donc on y reviendra peut-être sur mon rôle dans tout ça et comment je le vois,
16:30 mais ça a été un projet collectif avec l'ensemble de nos associés, de nos collaborateurs, de nos parties prenantes,
16:35 et plébiscité parce que je crois qu'on a fait 95% de votes positifs quand on a adopté cette qualité.
16:41 Alors tu as dit beaucoup de choses, tu as parlé de croissance, choses comme ça,
16:45 moi je voulais quand même, on a fait beaucoup de recherches avant l'émission,
16:49 et je le sens dans la façon dont tu parles, mais tu dis, j'ai lu que tu écris souvent 3 points sur ta tout douce du jour,
16:56 alors je ne sais pas si c'est toujours exact, mais en tout cas tu en écris peu, pourquoi aussi peu ?
17:01 Parce que tu dis que tu ne peux pas tout faire de toute façon.
17:03 Alors oui, tu es bien renseigné, effectivement.
17:07 Je pense qu'un dirigeant, on peut très vite se faire noyer, mon rôle n'est pas,
17:12 et donc faire une tout douce où il y a 50 pages de tâches, ce n'est pas forcément ce sur quoi on m'attend,
17:17 et quand j'ai pris ces fonctions, et donc je continue à me le dire presque tous les jours,
17:22 quels sont vraiment les 3 sujets stratégiques pour le groupe sur lesquels je dois avancer.
17:26 Donc certains s'inscrivent dans la durée, je ne les change pas tous les jours,
17:31 mais c'est réellement comme ça que je vois mon rôle, c'est qu'est-ce qui est vraiment fondamental, stratégique pour le groupe,
17:38 et c'est vraiment sur cela que je me pose régulièrement et que j'en ai en question.
17:41 Donc effectivement j'ai une tout douce qui est très courte,
17:43 et j'ai un nombre limité d'objectifs, mais que j'estime particulièrement structurant et impactant pour l'avenir du groupe.
17:50 Alors je voulais revenir aussi sur un événement, je passe un peu du coq à l'âne,
17:54 mais je trouve qu'il est important d'évoquer, c'est Fabrice Branjon,
17:58 qui était le directeur général de BDO France, qui est décédée l'année dernière à l'âge de 59 ans.
18:04 Comment est-ce que toi tu l'as vécu, et peut-être même l'entreprise, les collaborateurs, comment est-ce que vous êtes sortis de ça ?
18:12 C'était même plus récent que ça, vu que c'était fin septembre de cette année.
18:18 Non, ça a été un choc évidemment, Fabrice était un pivier du groupe,
18:22 je pense que vous vous dites à n'importe quel président, demain si tu n'as plus ton directeur général, comment tu fais ?
18:26 C'était quelqu'un qui était extrêmement apprécié, respecté par ses équipes,
18:30 qui avait un rôle de mentorat pour beaucoup d'entre nous,
18:34 qui moi-même d'ailleurs, à titre personnel, a été la première personne à qui je me suis adressé
18:38 quand j'ai voulu devenir président de BDO France,
18:40 donc je dirais que je ne serais probablement pas là si lui ne m'avait pas poussé,
18:45 donc ça a été un choc pour tout le monde.
18:47 Après, voilà, on avance, on a été très proche de nos collaborateurs de Nantes et de sa région d'Atlantique,
18:54 d'où il était basé, il y a eu le choc affectif de sa disparition,
18:59 et puis après le deuil, on est reparti de l'avant, s'occuper des clients, s'occuper des collaborateurs,
19:05 et on a la compétence aujourd'hui dans le groupe pour faire face à une situation comme ça.
19:09 Mais c'est vrai qu'une particularité aussi du partnership,
19:12 c'est que, et qui plus est dans une équipe de direction, on se voit beaucoup, on travaille beaucoup ensemble,
19:18 on était dans la même trajectoire, dans le même projet,
19:21 donc c'était une lourde perte à la fois personnelle et puis pour le groupe.
19:24 Ça fait quoi ? Vous êtes comme une direction tournante ?
19:27 Comment ça se passe ? Il y a un intérim qui est organisé ?
19:30 Non, non, on a continué avec l'équipe actuelle,
19:33 équipe actuelle qui va être renouvelée dans tous les cas,
19:35 vu que le directoire arrive en fin de mandat, et donc on va revivre une élection pour la prochaine mandature.
19:42 Donc après, on a réattribué les rôles, et encore une fois,
19:45 on a parmi nos associés des gens extrêmement compétents et qui peuvent avancer.
19:50 Le sujet était, on n'avait pas envie de gérer ça.
19:52 Et moi-même, dans ma vie professionnelle, je ne m'imaginais pas,
19:55 ce n'est pas quelque chose que j'avais imaginé quand j'ai pris ces fonctions,
19:59 de dire un jour il faudrait que je fasse l'éloge funèbre de mon directeur général.
20:02 Donc voilà, c'était un mauvais moment pour nous tous, mais on va continuer à avancer.
20:06 Alors autre sujet, on a aussi vu que tu étais quelqu'un d'un peu passionné de sport,
20:10 alors j'ai vu triathlon, alpinisme, parachutisme,
20:14 beaucoup de sports qui te demandent de beaucoup se dépasser.
20:18 Faut-il encore plus se dépasser quand on est dirigeant ?
20:22 Oui, je pense. Je pense qu'il y a une attente qui est très forte de nos collaborateurs,
20:26 de nos clients, de nos équipes.
20:28 Donc ça nécessite de l'engagement et ça nécessite de se dépasser professionnellement.
20:32 Après, moi, j'ai aussi cette nécessité, c'est mon exutoire, c'est mon moyen de décompression.
20:39 Je suis tombé dans le sport tout petit, et finalement,
20:43 je n'ai fait qu'augmenter le volume au fil des années.
20:46 C'est vrai que là, j'en fais beaucoup, donc ça demande de l'organisation.
20:50 Ça demande de ne pas beaucoup dormir.
20:52 J'ai la chance de ne pas pouvoir dormir 4-5 heures par nuit.
20:56 Donc finalement, ça rentre dans l'agenda et ça fait du bien.
20:58 C'est bon pour la santé.
20:59 Tu as de la chance.
21:01 Et d'ailleurs, tu as représenté BDO dans de nombreuses manifestations sportives.
21:05 J'ai vu aussi un circuit d'Ironman.
21:07 Tu cours avec les collaborateurs. Qu'est-ce que ça a créé ?
21:12 On fait beaucoup d'initiatives autour du sport.
21:16 J'ai toujours pensé que le sport était un moyen de rassembler les personnes,
21:21 de créer un sentiment d'appartenance, un esprit d'équipe.
21:24 Et donc, on pousse les collaborateurs à faire du sport, à la fois pour leur santé.
21:31 On a un objectif dans la mission qui est la santé physique de nos collaborateurs.
21:34 Donc effectivement, il y a beaucoup de choses.
21:36 Il y a des applications internes qui incitent les collaborateurs à faire du sport,
21:40 à faire des challenges internes.
21:41 On sponsorise énormément d'événements, beaucoup autour de la course à pied.
21:46 C'est vrai, c'est peut-être parce que j'ai cette passion-là.
21:49 Forcément, ça retourne autour de mes propres passions.
21:51 Mais oui, j'aime bien, quand on participe à une course, aller courir avec les collaborateurs.
21:56 Ça crée de la proximité.
21:59 Je pense que c'est aussi ce que les jeunes collaborateurs attendent de leurs dirigeants.
22:04 Je pense qu'il y a une évolution de leadership qui est assez palpable.
22:10 Et je pense que les dirigeants aujourd'hui ne peuvent plus être un dirigeant dans une tour d'ivoire
22:15 avec des barrières par rapport à leurs collaborateurs.
22:19 Moi, je fais vraiment en sorte, enfin, je pense que mes collaborateurs me connaissent,
22:22 sachent ce que je fais dans ma vie privée, mes passions.
22:25 On promeut énormément cela, de dire "Vivez vos passions, parlez-en, venez au bureau comme vous êtes".
22:30 Et donc, finalement, qu'il y ait une proximité entre moi et l'ensemble des associés, des collaborateurs.
22:35 C'est un peu ça, parce qu'on a lu dans plusieurs interviews, tu dis toujours "Je veux casser les codes du conseil", etc.
22:41 C'est une autre façon de dire "Allez, tu veux rajeunir tout ça ?"
22:45 Oui, c'est ça. C'est exactement ça.
22:47 Je pense qu'on a un métier qui est extrêmement utile, fondamental pour la société, qui est très intéressant.
22:55 Et donc, je pense que moi, il faut que je sois comme je suis naturellement.
23:03 Et donc, je suis un dirigeant de 40 ans maintenant, les années passent, 41.
23:07 Mais avec ma particularité, avec mon style, et je ne change pas de rôle quand j'arrive au bureau.
23:13 Donc, je continue d'être comme je suis à l'extérieur, comme je suis à l'entreprise.
23:19 Et je pense que, au moins, les collaborateurs et mes associés savent comment je suis, ce que je pense, comment je vis.
23:24 Et je pense que c'est un axe de leadership qui est très important et que je conseille à tous les dirigeants.
23:29 Comment tu résumes ton style ? Tu as eu beaucoup de choses, on a l'impression de sportif, très ambitieux, transparent.
23:35 Oui, je pense que c'est ça. J'avais un mantra qui était déjà de dire "Il faut créer de la cohérence et il faut être aligné".
23:43 Je dis toujours "Dire ce que vous faites et faites ce que vous dites".
23:46 Donc, j'agis toujours en transparence et je ne sors jamais du cadre qu'on s'est fixé.
23:51 Je pense que, autrement, ça crée de l'incertitude et l'incertitude n'est pas bonne dans les entreprises.
23:56 Donc, c'est de la transparence, c'est de l'engagement. C'est vrai que je vis passionnément pour ce groupe.
24:03 On s'est fixé un objectif qui est de le développer en France, d'être un peu la force motrice de la profession pour l'amener à se transformer.
24:11 Donc, il y a de l'ambition, il y a de l'engagement, il y a de la détermination.
24:15 On est très déterminé à atteindre nos objectifs de croissance, à augmenter notre impact dans la société.
24:22 Après, moi, je me vois surtout, qui plus est dans une gouvernance comme celle de BDO, plus comme un chef d'orchestre.
24:30 J'ai des gens très compétents dans l'entreprise, des associés qui ont une fibre entrepreneurial, qui veulent avoir une liberté d'entreprendre.
24:37 Moi, mon rôle, c'est surtout d'insuffler, de donner un cap, et puis ensuite de faire en sorte que tous les potentiels se développent dans l'entreprise.
24:44 Dans la direction qu'on a insufflé avec l'équipe.
24:47 Alors, dans un portrait qui a été consacré dans les échos, il y a écrit qu'il y a une photo encadrée de Mohamed Ali qui trône sur l'une des étagères de ton bureau.
24:57 Est-ce que c'est vrai déjà, j'espère ?
24:59 Oui, oui, c'est vrai.
25:00 Et pourquoi alors ?
25:01 Parce que c'est le fameux combat de Mohamed Ali, où il vient de mettre KO à son adversaire.
25:11 Et je trouve qu'elle démontre de la détermination, de la combativité.
25:15 Alors avant, elle était sur mon bureau, je l'ai un peu enlevé, maintenant je l'ai mis sur une étagère, parce que ça froissait quand même.
25:20 Quand je discutais dans mon bureau, d'avoir cette photo à côté de moi, ce n'était pas forcément le message que je voulais faire.
25:26 Mais effectivement, c'est une image de sport que je trouve très intéressante, marquante.
25:31 C'était un combat historique.
25:32 Donc, elle est toujours sur mon étagère, dans mon bureau.
25:35 Merci d'avoir répondu à toutes ces questions, et maintenant on va passer à l'interview chrono.
25:41 Si tu devais garder qu'un seul sport, ce serait lequel ?
25:49 La course à pied.
25:52 Est-ce que tu utilises chaque GPT ?
25:54 Oui, beaucoup.
25:55 Pourquoi ?
25:56 Parce que je trouve que c'est un outil formidable pour gagner en productivité, pour plein de choses.
26:03 Et je le dis assez régulièrement, je dois passer un minimum d'une heure sur chaque GPT, chaque jour, voire deux.
26:10 Est-ce que tu peux me citer une entrepreneuse ou une dirigeante française ?
26:14 Mot de caillot ?
26:16 De GreenGut, Banque Verte, comme on dit.
26:19 Tu es plutôt au bureau ou alors télétravail ?
26:23 Plus bureau quand même, je suis très souvent au bureau.
26:26 Si tu pouvais changer le code du travail, tu changerais quoi ?
26:32 La durée du congé paternité.
26:34 Tu l'allongerais ?
26:36 Je l'allongerais.
26:37 L'appli que tu utilises le plus ?
26:39 LinkedIn.
26:41 Alors j'allais te demander plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok.
26:44 LinkedIn et Instagram.
26:46 Ah quand même.
26:47 Je suis très réseau social.
26:48 À part le conseil, est-ce qu'il y a un autre secteur qui te passionne ?
26:52 Le secteur financier, la médecine.
26:58 Rien à voir.
27:00 Elles étaient où tes dernières vacances ?
27:03 À Chamonix, Montagne.
27:06 Un des meilleurs souvenirs chez BDO ?
27:09 L'élection à la présidence du groupe.
27:13 Voilà, il y a deux ans.
27:15 Est-ce qu'il y a un pays que tu rêverais de visiter ?
27:18 Plusieurs, ou alors tu peux me dire.
27:25 J'ai pas mal voyagé pour le travail.
27:29 Je connais très peu l'Asie.
27:31 Je dirais visiter l'Asie.
27:33 Le Japon, la Thaïlande.
27:35 Des endroits où je ne suis jamais allé et que j'aimerais beaucoup visiter.
27:37 Mais je voyage moins quand même.
27:39 Avec tes fonctions, tu voyages moins ?
27:41 Oui parce que j'ai pris aussi des engagements environnementaux.
27:45 Donc j'essaie de limiter mes déplacements.
27:47 Je suis obligé de faire un voyage long courrier par an.
27:52 Le reste du temps, j'essaie de limiter.
27:55 Merci beaucoup d'avoir répondu à cette série de questions.
27:58 Merci à toi, c'était un plaisir.
28:00 Merci à vous d'avoir regardé cette émission.
28:05 Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
28:09 Merci.
28:10 [Musique]