• l’année dernière
Mardi 17 octobre 2023, SMART BOSS reçoit Guillaume Richard (Fondateur et PDG, OuiCare)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le nouveau rendez-vous des patrons et des
00:11 patronnes.
00:12 Je suis ravie d'accueillir avec moi aujourd'hui Guillaume Richard.
00:16 Tu es président et fondateur de WeCare, spécialiste des services à domicile.
00:20 Bonjour.
00:21 Bonjour.
00:22 Merci encore d'avoir accepté cette invitation.
00:24 Alors l'émission va se décomposer en trois parties.
00:26 Première séquence, David rencontre Goliath où tu vas devoir faire face à une start-up
00:31 avec qui tu vas pouvoir échanger sur des sujets communs.
00:34 Ensuite, on a l'interview en coulisses dans laquelle on va pouvoir revenir sur des moments
00:39 forts de ta vie de dirigeant et aussi ton quotidien.
00:41 Et enfin, dernière séquence, l'interview chrono qui, comme son nom l'indique, sera
00:46 une série de questions rapides.
00:48 Merci encore d'avoir accepté cette invitation et maintenant on passe à la séquence David
00:54 rencontre Goliath.
00:55 Et donc la start-up qui va te faire face Guillaume, c'est Ernestie, spécialiste de
01:04 l'accompagnement à domicile de nuit.
01:06 Je suis ravie d'accueillir Quentin Zaccoyan, tu es son PDG et fondateur.
01:11 Merci d'avoir accepté l'invitation.
01:13 Alors Quentin, tu as face à toi Guillaume qui est à la tête d'un groupe qui emploie
01:17 plus de 20 000 personnes.
01:19 Ça te fait rêver toi de travailler la grosse boîte ou alors tu préfères plutôt TPE,
01:24 la fameuse start-up ?
01:25 Je pense que chacun a son ambition.
01:29 Moi il se trouve qu'on a créé Ernestie parce qu'on avait pas mal d'ambition et
01:33 donc on espère un jour atteindre cette taille là.
01:36 Donc effectivement, très fan de Guillaume parce que tout ce qu'il a accompli depuis
01:42 maintenant une vingtaine d'années, c'est assez énorme.
01:45 Donc un entrée compte en état.
01:47 Tu pourrais travailler avec eux ?
01:48 Si effectivement il y a des synergies qui se présentent, pourquoi pas.
01:52 Alors vous avez tous les deux en commun le secteur du service à la personne, un secteur
01:58 qui n'est pas très très attractif.
02:00 C'est quoi un peu vos stratégies aujourd'hui pour recruter Guillaume ?
02:05 Alors en fait nous on se dit que tous les collaborateurs n'avaient pas les mêmes
02:10 attentes.
02:11 Et partant de là, on a une galaxie de marques qui propose différentes propositions de
02:18 valeur.
02:19 On a par exemple ODEU qui propose à nos collaborateurs des CDI à temps partiel ou à temps plein.
02:25 On favorise le temps plein mais on accepte aussi les temps partiels sur les trois grands
02:29 métiers, le ménage, la garde d'enfants et l'accompagnement de la personne âgée
02:33 avec l'objectif d'avoir un maximum de salariés qui font les trois métiers.
02:36 Et puis à l'inverse on a d'autres entreprises dans le groupe qui vont proposer un seul et
02:41 unique métier.
02:42 Donc par exemple on a la compagnie et la vendière, ça va être que le ménage et que à temps
02:45 plein et où on fournit aussi un véhicule.
02:47 A l'inverse on va avoir d'autres entreprises où c'est beaucoup plus souple et où le
02:51 salarié peut décider, est beaucoup plus libre dans son temps de travail.
02:56 Ça va être par exemple Nounou Experts qui est sur la garde d'enfants avec que de la
03:01 garde d'enfants dans un système qui s'appelle le mandataire dans lequel le particulier employé
03:05 à nous on intervient en mandat de gestion entre le client et l'intervenant.
03:11 Et l'intervenant choisit en fait ses clients.
03:13 Et là je peux vous en donner encore une dizaine mais bref on s'est posé la question de comment
03:19 est-ce qu'on fait pour répondre aux attentes des collaborateurs en leur proposant différents
03:23 types d'emplois qui peuvent correspondre à différentes attentes.
03:28 Et puis après on a énormément de programmes de formation, d'accompagnement, de travail
03:33 aussi sur la rémunération finale.
03:37 C'est-à-dire qu'il y a le taux horaire mais aussi comment est-ce que je fais pour remplir
03:44 votre planning d'intervention pour que vous ayez le moins de dépenses possibles, le moins
03:49 de trajets à faire et donc pour qu'à la fin vous ayez une rémunération nette finale
03:55 qui soit la plus élevée possible.
03:56 Donc on a pas mal de choses pour travailler tous les éléments pour accompagner dans
04:02 l'évolution professionnelle, pour professionnaliser, pour augmenter les rémunérations nettes,
04:06 pour apporter des avantages avec de l'intéressement, de la participation, des choses comme ça
04:10 aussi qui permettent d'augmenter l'attractivité du métier.
04:13 Et toi, chez Ernestie ?
04:15 Oui, alors ce qui est sûr c'est qu'effectivement nous on n'est pas forcément sur exactement
04:18 la même population puisque nous donc tous les intervenants que nous proposons sont des
04:22 étudiants en santé, donc des étudiants en médecine, soins infirmiers, kinés, pharma.
04:26 On essaie vraiment de regrouper tous les étudiants qui demain travailleront avec des personnes
04:30 en perte d'autonomie.
04:31 Et effectivement nous aujourd'hui on a eu la chance depuis qu'on existe d'avoir plus
04:36 de 18 000 étudiants en santé qui se sont inscrits sur nos plateformes.
04:40 Donc nous le réactif limitant est plutôt du côté des familles d'arriver à se faire
04:45 connaître, gagner en crédibilité, etc.
04:47 Mais effectivement nous voilà ce qu'on propose à tous ces étudiants en santé.
04:50 C'est quelque chose de très flexible, très digitalisé, très j'ai envie de dire contemporain
04:55 dans le sens où on n'a pas d'agence physique, tout se peut se faire à distance.
04:59 Mais une chose qui évidemment est hyper locale, ça va être le fait que l'étudiant en santé
05:04 se rende au domicile de la personne.
05:05 Et c'est vrai qu'on passe beaucoup par les associations étudiantes, les administrations,
05:11 beaucoup de bouche à oreille, les réseaux sociaux, etc.
05:13 Donc on se débrouille pas mal là-dessus pour arriver à trouver ces étudiants en santé.
05:18 Alors aujourd'hui on a un contexte assez compliqué, inflation, baisse du pouvoir d'achat.
05:23 Est-ce que vous êtes inquiet tous les deux là aujourd'hui pour un peu vos business
05:27 respectifs ou pas ?
05:28 Alors il y a sur certains points de notre business, il y a effectivement une demande
05:36 qui est un peu moins soutenue qu'elle pouvait l'être.
05:39 Mais pour autant on est quand même sur un marché qui aujourd'hui fait 40 milliards
05:42 d'euros rien qu'en France.
05:44 20 milliards déclarés, 20 milliards non déclarés, travail au noir.
05:48 Et l'ensemble des entreprises, toutes les entreprises confondues ont fait 3 milliards
05:54 sur 20 milliards déclarés.
05:55 Le reste c'est fait par l'emploi direct, donc vous quand vous employez en direct quelqu'un
06:00 ou par des associations de type ADMR.
06:03 Et donc même si ce marché ne grandit pas et même s'il diminuait, on a encore une
06:09 place énorme à prendre, énorme à prendre.
06:12 Donc on n'a pas d'inquiétude particulière à nous d'être bons, à nous de réussir
06:16 à convaincre et clients et salariés de nous rejoindre.
06:19 Et toi ?
06:20 Oui, je rejoins tout à fait Guillaume, d'autant plus que nous on est spécialisé sur la
06:26 verticale de la nuit et effectivement les familles qu'on accompagne chez nous ce n'est
06:31 pas du luxe.
06:32 On l'a notamment vu nous pendant la période du Covid où effectivement quand le Covid
06:37 s'est déclaré, on a appelé nos familles pour savoir qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce
06:40 qu'on arrête tout ? Est-ce qu'on met en stand-by ? Et nos familles nous ont dit si
06:45 on arrête tout, nous derrière c'est hospitalisation.
06:47 Et donc évidemment il fallait éviter les hospitalisations à tout prix.
06:51 Donc effectivement on a continué.
06:52 Ce que je voulais dire c'est que ce n'est pas du luxe ce qu'on fait, donc effectivement
06:56 pas trop inquiet sur la nature de notre activité dans l'avenir.
07:00 Et si tu avais peut-être une demande, un petit coup de pouce que tu voudrais de la
07:04 part du gouvernement, ce serait quoi ?
07:06 Il y a plein de choses qu'on pourrait évoquer mais bon déjà je tiens à souligner qu'il
07:12 y a déjà pas mal de choses qui sont faites, tout ce qui va être le crédit d'impôt,
07:15 la relocation personnalisée pour l'autonomie, l'appart, évidemment c'est des choses qui
07:20 aident beaucoup nos familles au quotidien.
07:22 Après c'est vrai que, notamment dans le cadre de nos activités, un étudiant en santé
07:30 qui travaille chez Ernestie, six mois après, ce n'est plus le même en termes de professionnalisme,
07:35 en termes de découverte du monde du maintien à domicile, en termes de travail en équipe,
07:38 de savoir comment est-ce que je me comporte face à une personne qui est en perte d'autonomie.
07:41 Et donc effectivement, nous là, ce qu'on est en train d'essayer de travailler, c'est
07:45 une reconnaissance, un tampon, un label, quelque chose qui fait que ces étudiants-là, ça
07:49 soit un petit peu reconnu leur expérience, que ça soit avec Ernestie mais potentiellement
07:54 auprès d'autres boîtes de service à la personne.
07:56 Est-ce que tu connaissais d'ailleurs un peu ce qu'ils faisaient ?
07:59 Oui, je connaissais très bien Ernestie parce qu'au sein du groupe Wicare, on a une entreprise
08:05 extrêmement particulière qui s'appelle la Silver Alliance.
08:07 La Silver Alliance, c'est un regroupement de près de 40 entreprises qui interviennent
08:12 toutes dans la silver économie, qui sont toutes complémentaires, donc elles interviennent
08:16 toutes dans l'accompagnement des personnes âgées pour le bien-vivre et le bien-vire
08:22 à domicile.
08:23 Et donc on est tous complémentaires parce qu'on a tous pris conscience qu'on était
08:26 juste une pièce chacun du puzzle et que si je fais juste des services sans faire l'aménagement
08:31 du domicile, si je fais juste la journée sans faire la nuit, si j'apporte juste une
08:36 géante technologie mais pas les services qui vont avec, je ne peux pas répondre à
08:40 l'ensemble des besoins des personnes.
08:41 Et comme on a par ailleurs tous les mêmes clients que l'on sert, on s'est dit que
08:49 ce serait peut-être pas idiot de rassembler nos forces pour proposer cette offre complète,
08:54 pour proposer des offres plus complètes en direction de nos clients et puis se prescrire
08:57 les uns les autres.
08:58 Et puis comme on n'est pas concurrents, qu'on est tous complémentaires, on s'est
09:02 dit qu'on allait aussi partager les bonnes pratiques.
09:03 Et puis l'objectif c'est d'abord de faire ça très bien en France et demain d'aller
09:08 chasser en metal international.
09:09 Super, merci beaucoup Quentin d'être venu.
09:13 J'espère à bientôt.
09:15 Et maintenant on va passer à la séquence en coulisses.
09:18 Alors première question, tu t'es lancé pendant la bulle internet, fin 99-2000, c'était
09:30 la galère ou la grosse grosse galère ?
09:32 Ah non, on s'est lancé juste avant la bulle internet.
09:37 Et à l'époque, je sais pas si tu te rappelles, mais le modèle qui devait tout révolutionner,
09:43 c'était le click and mortar.
09:45 L'alliance du web et de l'économie réelle.
09:47 Donc le click.
09:48 Et nous on avait un projet à la base qui était un projet qui s'appelait @home avec
09:52 le @ parce que tu sais il fallait avoir soit deux O, soit un truc avec des @.
09:56 Et donc nous on s'appelait @home et on a rencontré très vite une boîte qui faisait
10:00 à peu près la même chose dans l'économie réelle qui s'appelait Unipolet.
10:03 Donc on a décidé de fusionner l'un et l'autre pour faire ce fameux modèle click and mortar,
10:07 l'alliance du web et de l'économie réelle.
10:09 Et donc on est arrivé, sauf que le temps qu'on arrive sur le marché, qu'on décide
10:14 du non au deux, de la répartition des parts, de la répartition des rôles, du business
10:18 plan, on est arrivé pour lever des fonds tout début avril 2000, juste après l'explosion
10:24 de la bulle internet.
10:25 Et là effectivement autant tous les jours avant il y avait 1, 2, 3, 5, 10 levées de
10:29 fonds, autant si entre début avril et la fin de l'année il y a eu 5 levées de fonds
10:33 ça a été le bout du monde.
10:34 Et je vais tout de suite tuer tout suspense, nous n'avons pas fait partie des 5 levées
10:38 de fonds donc effectivement c'était un peu galère.
10:40 Et derrière il a fallu reprendre un emploi salarié et gérer ça pendant le soir, le
10:47 week-end, pour les vacances.
10:48 Il y a des associés qui sont partis, voilà quoi, effectivement ça a été un peu plus
10:53 compliqué.
10:54 Depuis après ça a énormément grossi, j'ai noté pas mal de changements forcément en
11:00 plus de 20 ans, le passage notamment de 80 services à domicile.
11:04 C'était ça en fait, au départ on était une plateforme multi-services et puis on a
11:08 dans les changements, parce qu'on a été obligé de changer notre business model et
11:13 puis de pivoter et donc on est passé d'une plateforme de 80 services où on était nous-mêmes,
11:18 on n'était pas opérateur, on était juste une marketplace, à devenir nous-mêmes opérateurs
11:24 mais donc sur exclusivement un service.
11:26 L'idée c'était de se dire plutôt que d'avoir 80 services sur une ville, c'est plus pertinent
11:30 d'avoir un service mais sur 80 villes.
11:32 Tu disais justement pivoter, ça c'est un mot qu'on entend beaucoup aussi dans le monde
11:36 des start-up, mais est-ce qu'aujourd'hui quand on emploie 20 000 personnes on peut
11:40 encore pivoter ?
11:41 Oui parce qu'en fait on a structuré le groupe avec un ensemble d'entreprises différentes.
11:48 Aujourd'hui il y a une quinzaine de marques qui s'adressent au grand public et puis il
11:54 y a aussi des entreprises support à l'intérieur du groupe parce que je veux justement garder
11:57 cet esprit entreprenarial et cette agilité à l'intérieur de l'entreprise.
12:01 Ce qui fait que des projets sont développés en mode start-up par des intrapreneurs et
12:07 donc qui vont lancer leur nouvelle entreprise sur une nouvelle idée, sur un nouveau créneau.
12:15 On aurait pu lancer Ernesti au sein du groupe, Ernesti pourrait d'ailleurs rejoindre le
12:19 groupe éventuellement à un moment ou à un autre en y trouvant tout un écosystème,
12:24 en y trouvant des entreprises support.
12:25 Par exemple nous on n'a pas un service de com, c'est une entreprise de communication
12:28 à l'intérieur du groupe.
12:29 On n'a pas une DSI, on a une ESN, une entreprise de services numériques à l'intérieur du
12:35 groupe qui va avoir comme client les entreprises du groupe mais qui ne sont pas obligées de
12:40 faire appel à cette ESN et puis qui peut avoir aussi des clients en dehors.
12:44 Pareil, il y a une centrale d'achat qui est une entreprise en tant que telle, il y a une
12:48 boîte de M&A qui est une entreprise en tant que telle, il y a une boîte de développement
12:51 de la franchise qui est une entreprise en tant que telle et qui a comme client certaines
12:55 des entreprises du groupe mais aussi des entreprises à l'extérieur.
12:58 Donc on garde cette agilité et cette capacité à pivoter et à trouver de nouveaux modèles
13:02 et à développer différentes propositions de valeur à la fois pour nos clients et pour
13:08 nos salariés.
13:09 - J'ai lu dans pas mal d'interviews que tu te fixais toujours des objectifs très hauts,
13:15 WeCare doit être le leader mondial, c'est quoi ? C'est de la mégalomanie, de l'ambition
13:20 ou les deux ?
13:21 - Les deux.
13:22 Je pense que comme tous les chefs d'entreprise, je suis un peu mégalo parce qu'on ne peut
13:27 pas quitter le confort du salariat si on n'a pas des projets absolument très ambitieux
13:36 et si on n'a pas l'envie aussi de partager notre vision du monde et l'envie de changer
13:41 le monde.
13:42 Et puis après c'est une ambition et je pense que c'est important de se donner des ambitions
13:50 élevées et un cap.
13:52 Ce matin encore j'étais avec Edgar Gropiron et il racontait que juste avant les Jeux Olympiques,
13:59 en fait il y avait le directeur technique national qui les avait tous rassemblés et
14:03 puis il y avait une vingtaine d'athlètes qui avaient plus ou moins fait un podium et
14:08 donc il leur a demandé "les gars, vous êtes une vingtaine, j'ai que trois places, comment
14:13 est-ce qu'on va faire pour choisir ? Aidez-moi".
14:15 Et donc les uns et les autres commencent à expliquer pourquoi.
14:18 Il y en a qui dit "moi j'aimerais bien, j'espère, potentiellement un jour je pourrai et puis
14:24 moi je suis trop vieux donc ça va être mes derniers Jeux Olympiques donc il faut que
14:28 je les fasse, moi c'est le rêve d'une vie, d'autres "moi je suis trop jeune, je vais
14:31 te laisser ma place".
14:32 "Coach, retenez-moi pendant quatre ans" etc.
14:34 Puis à un moment il y en a un un peu gonflé qui dit "Coach, promets-moi parce que dans
14:39 un bon jour je pense que je peux essayer de faire un podium".
14:42 Ça continue, les uns et les autres s'expriment.
14:46 Puis il y en a un encore plus gonflé qui dit "Coach, promets-moi parce que je veux réussir
14:52 à avoir la médaille d'or".
14:54 Et puis Gropiron en parlait l'an dernier et dit "Coach, je vais vous faciliter la vie,
14:59 de toute façon vous n'avez plus que deux places parce que moi j'en prends une et vous
15:02 pourrez d'ores et déjà graver mon nom sur la médaille d'or parce que la médaille
15:06 d'or elle sera pour moi".
15:07 In fine, et je vais l'avoir, lui il a dit "je vais" et il l'a eu, celui qui a dit "je
15:14 veux" il a été deuxième et celui qui a dit "dans un bon jour je vais essayer d'avoir
15:20 le podium" il a été quatrième.
15:21 Et il a bien essayé, tout a marché.
15:23 Et en fait quand vous fixez ça, quand vous le partagez, non seulement vous-même vous
15:31 devez, vous avez un engagement que vous avez pris par rapport à vous-même et puis c'est
15:35 aussi un engagement par rapport aux autres.
15:36 Et comme vous n'avez pas envie de passer pour un couillon, vous mettez tout en oeuvre
15:40 pour.
15:41 Et tout en oeuvre pour, c'est-à-dire vous réfléchissez tant long, à partir du moment
15:44 où nous on avait fixé, dès 2005 on avait dit "ben voilà, on se donne 30 ans pour
15:47 être numéro 1 mondial, 10 ans pour être numéro 1 français, 20 ans pour être numéro
15:50 1 européen, 30 ans pour être numéro 1 mondial" parce qu'à l'époque où on avait fait ça
15:53 on faisait 250 000 euros de chiffre d'affaires, numéro 1 mondial faisait 3,5 milliards.
15:56 Donc comme on est un peu réaliste quand même, on s'est dit "voilà, on fait ça en étapes,
16:01 mais on se donne ça".
16:02 Et à partir du moment où vous avez cette vision lointaine, et ben ça vous oblige.
16:05 Ça vous oblige à réfléchir tant long, ça vous oblige à aller chercher des gens qui
16:09 sont meilleurs que vous, ça vous oblige à réfléchir dans les étapes que vous allez
16:13 faire, etc.
16:14 - Et tu as fait un petit parallèle là, tu as parlé du sport, j'ai vu aussi d'ailleurs
16:19 que tu es un grand fan de foot, du PSG.
16:21 Alors je sais qu'on fait souvent des parallèles entre le sport, l'entreprenariat, est-ce
16:25 que tu trouves que c'est un peu tiré par les cheveux ou non, c'est vraiment légitime ?
16:28 - Je trouve que c'est extrêmement légitime.
16:30 Parce que, est-ce que tu as déjà entendu une seule fois un champion qui a dit "ouah
16:37 mais alors j'ai gagné, mais alors c'est un coup de bol monstrueux".
16:40 Jamais ! C'est jamais arrivé.
16:42 Est-ce que tu as déjà rencontré un patron d'une boîte qu'il a créée et qui est devenue
16:48 numéro un, qui te dit "ouah mais alors là, mais on a eu un bol incroyable, on n'a rien
16:53 fait, puis c'est arrivé par là, comme ça, par hasard, par chance".
16:56 Non.
16:57 A chaque fois, on va te dire "ben voilà, c'était une volonté de tous les instants,
17:03 et on a fait les sacrifices qu'il faut pour, on a bossé pour, on s'est structuré pour,
17:09 on a fait les choses qu'il faut".
17:10 Et donc c'est là où c'est super important.
17:13 C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu dis "je vais faire ça", tu t'engages,
17:18 tu engages l'entreprise, les gens qui te rejoignent dans l'aventure savent aussi quel est l'objectif
17:23 de l'entreprise, donc on partage un rêve ensemble, on rêve ensemble, PG, dream bigger,
17:29 on rêve plus grand, et on rêve plus grand ensemble.
17:31 Et donc on va mettre en œuvre tout ce qu'il faut pour.
17:35 Tu as récemment aussi, j'ai vu déclaré, alors c'était peut-être pas si récent
17:40 que ça, mais dans une interview aux Echos, que le patron doit être le premier commercial
17:43 de son entreprise.
17:44 Alors oui, évidemment, tu as le pull avec Marc-Éric Ferrand.
17:47 J'ai le pull, j'ai les boutons de manchette, j'ai les baskets.
17:50 Oui, le chef d'entreprise doit être le premier commercial de son entreprise.
17:53 Si nous-mêmes on n'est pas ultra fiers de notre entreprise, qui le sera ? Si on n'est
17:58 pas exemplaire dans un certain nombre de domaines, et notamment dans celui-là, comment est-ce
18:03 qu'on peut demander à nos collaborateurs d'être fiers de leur entreprise et d'être
18:08 des porte-parole et des héros OS et AULT de leur entreprise, si nous-mêmes en tant
18:14 que chef d'entreprise, on ne l'est pas ?
18:17 Il y a plusieurs études, je voulais parler un petit peu d'impact, en tout cas plutôt
18:22 d'inclusion, tu vas me voir venir, mais j'ai vu que plusieurs études montrent que les
18:26 entreprises les plus performantes sont aussi les plus diverses.
18:29 Est-ce qu'en période de crise, aujourd'hui, une entreprise peut toujours appliquer, une
18:35 politique d'inclusion peut faire encore des efforts alors que ce n'est peut-être pas
18:38 une priorité ?
18:39 Mais encore plus.
18:40 Encore plus.
18:41 Il y a quelques années, on avait travaillé sur l'inclusion de personnes en situation
18:46 de handicap dans l'entreprise parce qu'on avait une convention avec la GEPIP, et on
18:50 avait remarqué que nos agences les plus performantes étaient celles où il y avait le plus de personnes
18:54 en situation de handicap.
18:55 La réalité, c'est que je ne sais pas, c'est parce qu'elles étaient super performantes
19:00 qu'elles avaient beaucoup de personnes en situation de handicap aussi, c'est parce
19:03 qu'elles avaient beaucoup de personnes en situation de handicap qu'elles étaient très
19:06 performantes, mais il y avait une corrélation qui était énorme, vraiment extrêmement
19:09 importante.
19:10 Et quand vous êtes en situation justement où c'est un peu plus tendu, où sur les
19:15 recrutements c'est un peu plus compliqué, est-ce que justement, faire de l'inclusion,
19:19 et faire de l'inclusion ça veut dire quoi aussi ?
19:21 Ça veut dire s'intéresser au caractère les plus profond et abandonner le superficiel.
19:30 Qu'est-ce qui a le plus d'intérêt pour votre entreprise ?
19:36 C'est avoir des gens qui sont superficiellement parfaits ou avoir des gens qui profondément
19:43 ont les bonnes aptitudes, les bonnes compétences, la bonne attitude et qui demain, et avec qui
19:47 vous avez envie de partager un projet et de grandir.
19:50 Et donc, moi je dirais qu'encore plus en période de crise, encore plus, il faut qu'on
20:00 fasse cette inclusion parce qu'en fait, ça vaut le coup et ça vaut la peine.
20:04 Et d'ailleurs c'est pour ça que nous sommes actuellement dans une démarche d'entreprise
20:09 à mission pour aussi faire en sorte que ce que l'on faisait un peu comme Monsieur Jourdain
20:14 qui faisait la prose sans le savoir soit demain inscrit statutairement et soit vraiment, et
20:21 avec par ailleurs des critères objectifs qui vont être validés par des organismes tiers
20:27 indépendants.
20:28 Et donc pour vraiment aller plus loin encore dans cette démarche.
20:31 Et d'ailleurs tu es assez engagé, toi, à titre personnel auprès des travailleurs
20:36 en situation de handicap.
20:37 Comment est-ce que tu as voulu prendre en main ce sujet, que tu l'as appliqué dans
20:42 l'entreprise ?
20:43 Alors, on a mis en place au niveau des travailleurs en situation de handicap, mais on a aussi,
20:49 parce que c'est aussi une partie de notre métier, on est dans le ménage, le repassage,
20:54 la garde d'enfants, l'accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap.
20:58 Donc, ça ne serait pas normal, dans le fond, si on n'avait pas aussi une politique en
21:06 faveur des personnes en situation de handicap.
21:08 Et on a, pour tous les types de handicap, mais aussi on a fait des actions spécifiques
21:15 pour les personnes qui sont sourdes et malentendantes, parce que c'est un handicap qui est relativement
21:20 facile à intégrer par rapport à nos métiers, en particulier dans les métiers de l'entretien
21:23 de la maison.
21:24 Donc, on a mis en place un service de relations clients, où les personnes en situation de
21:31 handicap, qui entendent mal, peuvent avoir une interface vidéo, où eux, en fait, on
21:39 va oraliser la langue des signes.
21:40 Et inversement.
21:41 Je ne connaissais pas du tout.
21:44 On entend aussi, alors, beaucoup, notamment les jeunes, ils disent "je veux un travail
21:50 qui a du sens", même de plus en plus d'entrepreneurs qui se reconvertissent.
21:54 Est-ce que tu crois que c'est vraiment un nouveau phénomène ? Est-ce que d'ailleurs
21:58 toi, tu le vois chez toi, où vraiment les gens n'y pensaient même pas du tout avant ?
22:04 Alors oui, c'est un phénomène qui s'accentue.
22:07 Et aujourd'hui, on a beaucoup d'entrepreneurs qui nous rejoignent, parce qu'on a un mode
22:11 de développement avec des salariés, mais on a aussi un mode de développement en franchise.
22:14 Et je pense que sur plus de 90% de nos franchisés, qui sont donc des entrepreneurs en franchise,
22:20 le point du sens et des valeurs est primordial et est le moteur de leur engagement dans
22:27 ces métiers.
22:28 Il y avait une célèbre remarque, un célèbre pétrolier qui disait "vous viendrez pas
22:33 chez nous par hasard", et bien dans les services à la personne, vous venez pas dans les services
22:36 à la personne par hasard.
22:37 C'est parce que vous avez aussi ce sens de l'accompagnement, de l'attention portée
22:43 à l'autre.
22:44 C'est d'ailleurs pour ça qu'on s'appelle Wicker, nous portons attention.
22:46 C'est quoi aujourd'hui ta préoccupation principale ?
22:50 Ma préoccupation principale, elle est justement autour de cette attention portée à l'autre.
22:56 Comment est-ce qu'on peut davantage exprimer cela à la fois pour nos clients, mais aussi
23:04 et surtout pour nos salariés ? Parce qu'il y a un point qui était au départ une intuition,
23:08 qui est assez rapidement devenue une conviction et maintenant une constatation, c'est qu'un
23:13 salarié heureux, un salarié épanoui, c'est à 99,9% l'assurance d'avoir un client satisfait.
23:19 Et il y a un des grands penseurs du XXe siècle, Jean-Jacques Goldman, qui nous chantait "il
23:26 changeait la vie" et qui explique qu'à sa tâche chaque jour, il changeait la vie,
23:31 parce que c'est dans la façon aussi dont on fait les choses.
23:33 C'était un cordonnier, un simple cordonnier, il faisait des souliers si jolis, si légers,
23:37 que nos vies semblaient un peu moins lourdes à porter, il mettait du temps, du talent
23:39 du cœur, ainsi passait sa vie au milieu de nos heures, et dans des longs discours, des
23:42 longues théories, à sa tâche chaque jour, il changeait la vie.
23:44 Et derrière la ritornelle, en fait, ce qui est dit, c'est que dans la façon dont on
23:48 fait le métier, la façon dont on fait le métier est parfois plus importante que le
23:51 métier en lui-même.
23:52 Et quand vous mettez du cœur dans l'accompagnement d'une personne âgée, du cœur dans l'accompagnement
23:59 d'un enfant, du cœur même dans le ménage, et que derrière, vous pensez au client et
24:06 à la réaction qu'ils vont avoir quand ils vont rentrer chez eux, et que ça fait "waouh".
24:09 Même quand vous allez, vous, dans n'importe quel magasin avec l'hôtesse de caisse, vous
24:15 souriez.
24:16 Est-ce que ça élimine pas votre journée ? La façon en fait dont vous faites votre
24:19 métier est plus importante que votre métier en tant que tel.
24:24 Et là, aujourd'hui, quand on est à la tête d'un grand groupe comme le tien, est-ce
24:28 qu'on n'a pas envie de retourner entreprendre, aller avoir de nouveau les mains dans le
24:32 cambouis ?
24:33 Mais j'arrête pas ! Mais j'arrête pas d'entreprendre ! J'arrête pas d'entreprendre
24:36 parce que le groupe, il est composé d'une grande entreprise, O2.
24:42 O2, c'est, sur les 450 millions du groupe, O2, c'est 350 millions.
24:46 On a 12 000 collaborateurs en direct, il y en a 6000 chez nos franchisés, c'est une
24:56 grosse entreprise.
24:57 Et puis, à l'intérieur de l'entreprise, il y a plein de petites start-up.
25:01 Il y a plein de petites start-up.
25:03 Tout à l'heure, je te parlais de Nounounexpert, mais on a aussi la compagnie Lavandière
25:07 qu'on a créée il y a deux ans et qui, aujourd'hui, a déjà pratiquement 30 agences, qui emploient
25:14 déjà 400 personnes et qu'on a créé de rien.
25:17 Enfin, voilà, il y a deux ans.
25:18 On a, O2 Travaux, on a plein de petites boîtes qu'on a créées comme ça.
25:22 On a Autonomia, on a plein de boîtes qu'on a créées de rien.
25:25 Et donc, on a plein de projets pour développer des nouvelles idées.
25:31 Et puis, moi, c'est quelque chose qui me passionne, d'accompagner aussi des intrapreneurs.
25:36 Parce que ça, c'est une notion aussi qui est extrêmement importante, celle d'intrapreneur.
25:40 J'entreprends à l'intérieur d'un groupe.
25:42 Quand vous écoutez les Français, il y a 63% des Français qui vous disent "j'ai
25:45 envie d'entreprendre un jour ou l'autre".
25:47 Mais en fait, il y en a très peu qui passent à l'acte.
25:49 Et pourquoi ils ne passent pas à l'acte ? Parce que c'est compliqué de devenir…
25:52 Et puis, on n'est pas accompagné, on quitte le confort quand même du salariat.
25:55 On va prendre des risques.
25:57 Et donc, si vous pouvez limiter les risques en accompagnant dans un cadre qui est celui
26:04 de l'entreprise, qui fait que vous pouvez vous concentrer juste sur les parties sur
26:08 lesquelles vous êtes bon.
26:09 Parce que la difficulté à être entrepreneur, c'est que vous avez à la fois à gérer
26:13 de la compta, de la finance, du commerce, du marketing, de la SI, du juridique.
26:20 Stop ! On ne peut pas tout faire, on ne peut pas tout maîtriser.
26:25 Et pourtant, on vous demande de tout maîtriser.
26:27 Et donc, si vous vous concentrez juste sur la partie que vous savez faire, par exemple
26:31 du webmarketing, hop, vous allez faire ça.
26:33 Et puis après, tout le reste, c'est l'entreprise avec les entreprises support, comme j'ai
26:37 organisé le groupe, qui va vous accompagner.
26:39 Ça, ça pourra être tout un autre sujet, l'entrepreneuriat.
26:41 Ça donne plein d'idées pour la prochaine fois.
26:43 Mais on doit déjà passer à la séquence interview chrono.
26:46 Première question, sport.
26:53 Quel est ton joueur du PSG préféré ?
26:56 Kylian Mbappé.
26:57 Et pour une raison très claire, c'est qu'il sait exactement où il veut aller et il se
27:01 donne les moyens d'atteindre ses objectifs.
27:04 Une entrepreneuse ou une dirigeante française ?
27:05 Que je kiffe ? J'en ai plusieurs.
27:08 Il y a Maëlys Kanzler, personne incroyable, qui a créé Crèche Attitude, qui après
27:19 a créé des habitants inclusifs, qui là maintenant est sur un autre projet qui est
27:23 absolument incroyable.
27:24 C'est une fille qui est top.
27:25 Il y a Émilie Le Goff, qui est troupes.
27:28 Enfin bref, j'ai plein de copines qui sont top et qui sont incroyables.
27:31 On a parlé de ton engagement dans l'handicap.
27:33 Est-ce que tu as un autre combat ?
27:34 Oui, la violence est aux femmes.
27:36 Les violences contre les femmes.
27:38 Les violences faites aux femmes.
27:39 J'ai même créé un fonds de solidarité qui est doté de plus de 5% des actions du
27:42 groupe et qui vient en aide aux femmes qui sont victimes de violences conjugales.
27:46 Un de tes meilleurs souvenirs chez Wicker ?
27:48 Un jour où j'ai reçu un SMS d'une de mes collaboratrices, qui a un SMS incroyable,
27:56 qui me dit "sans ce job que j'adore et cet accompagnement avec le fonds de solidarité,
28:02 je ne serais plus de ce monde".
28:03 Et il y a ce gars-là qui avait dit "si il y a 50 ans, tu n'as pas ta Rolex, tu n'as
28:10 pas planté ta vie, moi je pense que si il y a 50 ans, tu n'as pas changé la vie de
28:13 quelqu'un et apporté ta pierre à l'édifice, tu n'as pas réussi ta vie".
28:16 Et là, ce jour-là, je me suis dit "waouh".
28:18 Merci beaucoup Guillaume d'être venu dans cette émission et merci à vous d'être toujours
28:24 présent.
28:25 Et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
28:27 Au revoir.
28:28 [Musique]