Mardi 23 avril 2024, SMART BOSS reçoit Laurent Bentata (directeur général, Stage Entertainment France)
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00:00 *Générique*
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Boss, le rendez-vous des patrons et des patronnes.
00:13 Je suis ravie d'accueillir cette semaine Laurent Bentata. Bonjour.
00:17 Bonjour.
00:18 Tu es directeur général de Stage Entertainment France,
00:21 et aussi, c'est un producteur de comédie musicale, et aussi patron du théâtre Mogador.
00:27 Tout à fait.
00:28 Au sommaire de l'émission, tu auras d'abord la séquence "David rencontre Goliath",
00:33 et tu feras face à une start-up, tu verras qu'elle est un peu dans le même milieu,
00:36 et vous pourrez discuter de vos sujets en commun.
00:38 Je suis donc Goliath.
00:39 Voilà, normalement on pourra en discuter, mais ensuite tu as la séquence "En coulisses",
00:44 où là on va vraiment plutôt parler de ton parcours et ton rôle de dirigeant,
00:47 et tes multiples casquettes.
00:49 Et on termina par l'interview chrono, qui est là une série de questions réponses assez rapides.
00:54 Merci encore d'avoir accepté l'invitation.
00:56 Et on va pouvoir passer tout de suite à la séquence "David rencontre Goliath".
01:00 Et donc la start-up qui te fait face, c'est donc "Chope ta place",
01:08 application d'Antigaspi culturelle, et je suis ravie d'accueillir son co-fondateur, Idriss Salvi.
01:13 Bonjour.
01:14 Bonjour Charly, bonjour Laurent.
01:15 Bonjour.
01:16 Merci d'avoir accepté l'invitation.
01:17 Alors est-ce que c'est quoi ? C'est un "too good to go", mais façon culture ?
01:22 Totalement, c'est assez simple à expliquer, vous l'avez très bien fait.
01:26 C'est un "too good to go", le modèle "too good to go" appliqué à la culture,
01:29 donc les places à vendues des salles de spectacle à petit prix et en dernière minute.
01:34 Et le but c'est donc venir permettre aux salles d'écouler leurs places à vendues,
01:38 et aux consommateurs qui ont des problématiques de pouvoir d'achat aujourd'hui,
01:42 d'accéder à de la culture à prix réduit.
01:46 Appli et site internet ?
01:48 Seulement une application aujourd'hui sur Apple et Android.
01:51 Alors Laurent, est-ce que tu connaissais ou pas Shop ta place ?
01:54 De non, puisque j'ai vu quelques brèves passer récemment,
01:58 et puis ça nous rappelle un modèle qui existe déjà, mais en physique, qui s'appelle le kiosque.
02:03 C'est ça.
02:04 Donc c'est la version digitale.
02:05 C'est ça, totalement.
02:06 Ça existe encore d'ailleurs ?
02:08 Je pense.
02:09 Le kiosque de la Madeleine, mais c'est le dernier survivant.
02:12 Il y en avait plusieurs avant, il n'y en a plus qu'un, le dernier bastion.
02:16 Ça ne se fait plus du tout en France, en Europe ?
02:20 En tout cas, chez les nouvelles générations, ça ne se fait plus.
02:23 Déjà que ça ne se fait pas trop aujourd'hui d'aller au théâtre pour les nouvelles générations,
02:26 même avec les oeuvres digitales qui peuvent exister aujourd'hui.
02:29 Alors se déplacer en kiosque en dernière minute pour aller voir si on a une place gratuite,
02:34 enfin une place à petit prix peut-être à l'autre bout de Paris,
02:37 non, c'est une consommation qui ne se fait plus aujourd'hui.
02:39 Les jeunes veulent voir sur leur téléphone,
02:41 et peut-être aller chercher ce qu'il y a le plus proche de là où ils se trouvent aujourd'hui,
02:45 à ce moment-là, chez eux, ou peut-être de leur travail.
02:48 - Chez vous, comment les gens réservent un spectacle, par exemple pour le théâtre Mogador ?
02:53 C'est principalement, on va direct sur le site ?
02:55 - Oui, sur le site du Roi Lion, directement, pour le Roi Lion,
02:58 et sur Mahamia, directement pour Mahamia.
03:00 Donc oui, c'est plus de 60% sur notre site directement.
03:05 Je pense qu'en plus, le Covid a changé un peu la manière de consommer et d'acheter des billets,
03:12 puisque les gens se sentent plus à l'aise sur le site officiel, on va dire.
03:17 Même si on travaille très bien avec la FNAC et autres ticketmasters,
03:21 mais c'est vrai que c'est sur notre site qu'on accueille le plus grand nombre de nos spectateurs.
03:26 - Et vous travaillez avec qui ?
03:28 - Aujourd'hui, on travaille avec deux bons noms.
03:30 Le théâtre actuel La Brouillère, qui a beaucoup de pièces primées au Molière.
03:33 On a aussi le Grand Point-Virgule, le Point-Virgule, le République, le Bourvil,
03:37 qui sont des belles institutions aujourd'hui à Paris,
03:40 mais qui souffrent quand même, comme tous les acteurs du marché aujourd'hui, d'invendus.
03:45 Des statistiques un peu qu'il peut y avoir aujourd'hui, c'est entre 20 et 50% de places invendues par représentation.
03:50 C'est des représentations tous les jours, parfois deux fois par jour.
03:54 Donc il y a des créneaux creux et ces créneaux aujourd'hui, ces invendus, ils vont plutôt vers les 50% que vers les 20%.
04:01 Et si on prend des statistiques, une estimation basse, c'est plus de 300 000 places qui resteraient vendues chaque mois, rien qu'à Paris.
04:07 Donc il y a un vrai marché.
04:10 Et la problématique, c'est que le public est vieillissant, qu'il ne se renouvelle pas.
04:14 Et donc il faut aller chercher les jeunes et leur montrer que la culture peut être abordable,
04:19 que ce soit financièrement, mais pas seulement, mais aussi abordable,
04:23 et que la culture, ce n'est pas seulement du Molière, du Shakespeare.
04:26 Ce sont des comédies super drôles qui sont aussi bien peut-être qu'une série Netflix.
04:31 Aujourd'hui, il faut venir chercher les spectateurs, parce qu'on est dans une génération où on est bombardé d'informations, d'offres.
04:39 Et donc on ne va plus les chercher par nous-mêmes. Il faut qu'on les ramène.
04:42 Et donc c'est le principe de "Choppe ta place" aujourd'hui.
04:45 C'est sa mission, c'est venir amener un nouveau public dans les salles de spectacle.
04:49 Sinon, malheureusement, dans 20-30 ans, le monde de la culture, le monde du spectacle vivant, il ne sera peut-être plus là.
04:55 Vous avez des problèmes d'invendus ou pas du tout ?
04:57 Pour l'instant, non. Je n'ai pas une vision aussi catastrophique que ça sur l'avenir du théâtre.
05:02 Mais non, c'est important de toute façon de s'occuper de nos futures générations.
05:07 Mais nous, on s'y attend autrement, même si le prix est un des paramètres.
05:12 Mais c'est pour ça qu'on a des tarifs à partir de 25 euros, par exemple sur le Roi Lion.
05:16 Bien sûr, ça peut aller jusqu'à 100 euros. On a la chance d'avoir un théâtre qu'on voit très bien partout.
05:20 Mais on y travaille aussi sur des opérations avec les scolaires.
05:24 Donc le théâtre va maintenant être, comme le président de la République l'a voulu,
05:29 bientôt comme un cours dispensé dans les écoles.
05:33 Donc ça, c'est une très bonne chose pour reconnecter le théâtre, et c'est vrai avec cette jeune génération.
05:37 Mais ça passe par des oeuvres et je pense qu'on a beaucoup d'oeuvres actuellement à Paris,
05:42 faites notamment par des jeunes, parce qu'il y a des jeunes metteurs en scène qui voient le jour
05:48 et qui arrivent et qui bousculent un peu justement les codes.
05:51 Je pense notamment à Big Mother au théâtre des Béliers, qui est un spectacle incroyable,
05:55 qui est construit comme une série télé d'ailleurs.
05:59 Et surtout, on donnait envie aux gens de se dire qu'on est dans un monde de l'écran,
06:04 mais que le théâtre justement propose autre chose.
06:08 Un monde sans filtre, un monde live, un monde direct, où l'émotion est directe, elle est perceptible et elle est là.
06:14 Donc on a un travail à faire pour préparer l'avenir, préparer nos futurs spectateurs.
06:19 Mais ça passe, pour moi en tout cas, par d'autres choses, même si le prix est un paramètre.
06:23 Mais c'est à nous de réfléchir sur les conditions d'achat, sur les conditions d'accès,
06:29 sur les conditions aussi de nos théâtres.
06:31 Il faut que nos théâtres soient adaptés pour ces jeunes générations qui n'ont pas l'habitude de pousser une porte d'un théâtre.
06:36 Mais ça passe par l'oeuvre et par les oeuvres qu'on doit développer pour leur donner envie.
06:40 L'offre, elle est là aujourd'hui.
06:42 Et comme vous l'avez dit, il y a des oeuvres très jeunes.
06:45 Ce n'est pas du théâtre forcément intellectuel, c'est du théâtre où on va venir rigoler pendant une heure, une heure et demie.
06:52 Mais il faut montrer à ces nouvelles générations, à ces personnes qui n'ont pas encore poussé la porte d'un théâtre, que ça existe.
07:00 Parce que ça existe déjà et là n'est pas le problème, c'est vraiment faire connaître et dire que ça existe.
07:07 - Et là, vous avez eu beaucoup de crises ces dernières années.
07:12 - Oui, on est un peu spécialiste dans les réformes.
07:14 - Est-ce que nouvelle crise, nouvelle solution ?
07:17 - On ressort, de toute façon on a un peu résilience interne à la mode aussi, mais on ressort toujours, on essaye dans le milieu de la culture,
07:23 tous les acteurs ressortent toujours un peu plus gonflés.
07:25 On n'a pas le choix, de toute façon, on doit continuer.
07:27 Donc les grèves, les manifestations, les attentats, le Covid nous ont permis justement de réfléchir, de nous repositionner, de repenser.
07:37 Même si on garde l'essence même de notre activité, on est là pour offrir de l'émotion.
07:41 Nous sommes des vendeurs d'émotion.
07:42 Nous sommes des conteurs d'histoire et des vendeurs d'émotion.
07:44 Donc ça, il ne faut pas l'oublier parce qu'une fois qu'on a compris ça, je pense que tout le reste et tout ce qui navigue autour doit être construit et travaillé par rapport à ça.
07:54 - Alors juste un petit mot, c'est quoi vos objectifs 2024 ?
07:59 - L'objectif 2024, c'est d'étendre notre offre.
08:01 Aujourd'hui, on a une vingtaine de théâtres partenaires, mais c'est continuer à l'étendre.
08:04 C'est aussi étendre l'offre culturelle.
08:07 Aujourd'hui, on est sur du théâtre, du spectacle vivant, mais c'est aussi des concerts, du cabaret, des pièces un peu plus spectaculaires comme le Roi Lion peut-être.
08:17 Et essayer de gagner un peu plus du marché parisien là-dessus et ensuite se déployer aussi dans le reste des villes françaises.
08:27 Il y a des très belles offres dans des villes comme Lyon, Lille, Marseille ou Bordeaux et plein d'autres que je n'ai pas citées.
08:33 Et c'est rendre petit à petit la petite pierre à l'édifice pour rendre la culture un peu plus accessible.
08:40 - Super, merci beaucoup Idriss.
08:42 - Merci à vous Charline.
08:43 - On va pouvoir passer maintenant à la séquence en coulisses.
08:46 En 91, tu as 23 ans, ça remonte un petit peu.
08:56 Tu as produit et tu écrivais à l'époque avec ton ami et complice Bernard Bitton, ta première comédie musicale qui s'appelle "Le sel et le miel".
09:06 C'était quoi le déclic ?
09:08 - Le déclic exactement, j'étais animateur en comédie de vacances pour "La petite histoire" et on avait des ados un peu difficiles à gérer.
09:14 Et le directeur nous a dit "Bon, ça ne va plus à les soirées, c'est compliqué, donc vous devez écrire une comédie musicale ou un spectacle, peu importe".
09:22 Et on a pensé et écrit ce spectacle qui a énormément plu.
09:26 En rentrant, on a voulu faire une salle, donc on a loué le théâtre très vite, une petite salle de 200 personnes.
09:33 Et puis avec le bouche à oreille, ça a pris, ça a pris.
09:36 Puis on a joué pendant plusieurs dizaines d'années dans l'Europe entière, on a tourné.
09:40 Donc voilà, c'était le début d'une belle aventure et d'un beau succès.
09:43 - Mais alors après tu arrêtes complètement et tu rentres dans le groupe Lagardère.
09:48 Alors là, autre salle, autre ambiance.
09:50 - J'ai arrêté d'être saletain-branque et j'ai décidé d'être un peu plus sérieux et de me consacrer à ma formation,
09:57 qui est plus marketing et commercial, et de rejoindre le groupe Lagardère.
10:00 - Et là, c'était plutôt côté la branche radio.
10:02 - J'ai commencé en presse, plus exactement, et ensuite radio.
10:06 Donc oui, je suis un homme de médias, j'adore les médias, j'adore la radio, la télé aussi, mais la radio aussi.
10:11 Avec Europe 1, notamment à l'époque, directeur des opérations spéciales.
10:17 - Et donc c'est après que tu reviens, j'ai envie de dire, dans le milieu et que tu rejoins Stage Entertainment France en 2006,
10:24 alors responsable de la promotion des partenariats, plus directeur marketing commercial.
10:28 Et enfin en 2012, tu es nommé directeur général.
10:31 C'est quoi selon toi un peu les compétences indispensables pour être producteur ?
10:35 - C'est une question qu'on pose souvent, mais c'est complexe parce que je ne sais pas si on est producteur ou on le devient.
10:41 Après, les prédispositions, il faut avoir une certaine ouverture d'esprit sur un peu tous les domaines,
10:47 puisqu'il faut maîtriser à la fois la finance, l'artistique bien sûr, et puis être dans l'empathie,
10:52 parce qu'on gère plusieurs corps de métier, notamment technique, artistique, marketing, finance, RH, l'événementiel.
11:01 Donc je pense qu'il ne faut pas avoir peur de travailler, parce que c'est un travail qui ne s'arrête jamais.
11:06 On travaille 7 jours sur 7, 24, enfin pas 24/24, mais presque.
11:11 Mes premières équipes arrivent à 7h, 8h du matin, et les dernières partent à 1h, 2h du matin.
11:16 Je ne suis pas là tout le temps, mais ça veut dire qu'il peut toujours se passer quelque chose,
11:20 et qu'il faut être disponible et très impliqué.
11:23 - C'est quoi un peu ? Tu ne vas peut-être pas avoir de journée type, mais ça ressemble à quoi ?
11:28 - Je me lève très tôt, je dors très peu, et j'arrive au bureau vers 8h30.
11:34 Et je ne pars pas avant 21h, 21h15.
11:38 Voilà ma journée type, en tout cas en termes d'amplitude horaire.
11:41 - Et après tu rencontres qui ?
11:43 - Je suis un peu le chef d'orchestre, je coordonne un peu toutes les équipes,
11:47 donc pour s'assurer qu'au niveau finance tout va bien,
11:49 qu'au niveau marketing, avec mon directeur de marketing Olivier Lazzarini, on puisse travailler, avancer.
11:54 En plus c'est un domaine que je connais bien, parce que je l'ai été avant,
11:57 donc on échange beaucoup là-dessus, mais à tous les domaines.
12:00 Dans la production, les problématiques qu'on peut avoir avec les artistes, avec les techniciens, être très présent.
12:04 J'essaie d'être là au moins un soir pour aller voir les artistes,
12:08 à la fois au Théâtre Mogador pour le Roi Lion, mais au Casino de Paris pour Mamilla.
12:12 Et puis entre septembre et février, j'avais aussi Spa Malote au Théâtre de Paris,
12:17 donc je faisais le tour du quartier, on me voyait courir entre le Théâtre de Paris, le Casino de Paris, le Théâtre Mogador.
12:22 - Oui, vous n'étiez jamais sur un seul...
12:24 - Quand j'en ai plusieurs, non.
12:26 - Non, c'est vrai, l'idée c'est de tourner, parce que c'est important de voir les gens.
12:29 On fait un métier où il y a de l'humain, beaucoup d'humains.
12:32 D'ailleurs c'est souvent une aventure humaine ce que je dis, donc il faut voir les gens.
12:35 Parce que les artistes, tous les jours pour eux, c'est une première.
12:39 Tous les jours, ils se mettent nus devant le public, c'est le cas de le dire.
12:42 Ils sont vraiment en connexion directe avec le public, donc c'est bien d'être là, ça vient les soutenir.
12:47 Parce que c'est un métier à la fois extraordinaire quand on le voit, mais c'est un métier qui est très très très exigeant.
12:52 Notamment le métier de la communauté musicale, qui réunit tous les arts de la scène.
12:55 Donc c'est un esthétique très très exigeant.
12:57 - Et c'est dur de gérer des artistes ?
13:00 - Ça peut être dur par moments, on a des conflits, on a des explications.
13:05 Je pense que ce qui est important c'est d'être dans l'empathie encore une fois, d'être ouvert.
13:08 A la fois ferme, parce qu'il faut quand même fixer une raie.
13:11 Quand vous avez une troupe de 49 artistes sur le Roi Lion et 150 personnes qui travaillent tous les soirs.
13:16 Quand vous avez 30 artistes sur Mahamia, il faut à la fois être là, écouter, diriger, expliquer les choses.
13:24 Et je pense que c'est important d'être transparent, de dire ce qu'on fait et de faire ce qu'on dit.
13:30 Je pense que c'est pour ça que c'est une relation humaine.
13:32 Mais comme n'importe quelle relation humaine que vous avez avec quelqu'un, dans n'importe quel domaine d'activité,
13:37 je pense que c'est important d'être transparent, de pouvoir regarder les gens dans les yeux et leur expliquer quand ça ne va pas, d'une manière polie.
13:43 Et quand ça va, aussi de valoriser.
13:45 C'est un peu le rôle d'un chef d'entreprise, je pense.
13:47 - J'ai lu un peu que tu faisais ton marché quand tu vas à Broadway, qui est un peu le cœur des comédies musicales.
13:55 À quelle fréquence tu y vas ? Comment est-ce qu'après tu te promènes ?
14:00 - J'y vais en général une ou deux fois par an, en sélectionnant.
14:04 Je dois partir en juin ou juillet.
14:06 J'identifie les nouveaux spectacles, en général les spectacles qui ouvrent entre janvier et avril.
14:12 Je vais voir, puis je rencontre du monde là-bas. Nos plus gros partenaires sont là-bas.
14:18 Disney, par exemple, la branche théâtre de Disney est là-bas, à New York, à Broadway.
14:22 Je vais les rencontrer parce qu'on travaille beaucoup avec eux, avec leurs équipes.
14:26 Et je vois des producteurs, des directeurs de salles et surtout, je vois des spectacles.
14:30 Et en fonction de ça, il faut se projeter, se dire est-ce que ce spectacle peut marcher en France ?
14:36 Est-ce qu'il y a un public pour ça ? Est-ce qu'il a les arguments et les éléments créatifs, techniques pour séduire un public français ?
14:43 - Tu en as quand même produit beaucoup aujourd'hui, pas mal de comédies musicales.
14:47 Et est-ce qu'il y a un playbook un petit peu ?
14:50 Une fois que tu as repéré la pièce, tu dis que c'est bon, c'est quoi les marches à suivre ?
14:55 - J'ai cette idée, j'ai envie, j'en parle avec des équipes.
14:59 On regarde au niveau, déjà à la fois production, savoir si c'est réaliste et réalisable dans le théâtre qu'on a identifié.
15:05 Par exemple au Gador, est-ce que la scène peut accepter tout ça ?
15:09 Au niveau marketing, on fait des études avant sur les intentions d'achat éventuellement d'un titre.
15:13 C'est-à-dire qu'on prend un spectacle et on le teste.
15:16 On teste non seulement sur la notoriété spontanée, mais aussi en montrant des images.
15:21 Parce qu'on a la chance dans les spectacles qui existent, quand ils existent à Broadway, de montrer ces images et de voir comment les gens réagissent.
15:26 Est-ce que ça leur donne envie ? Est-ce que ça leur parle ? Est-ce qu'il y a une intention d'achat ?
15:30 Donc on a un classement, après on arrive à regarder nos spectacles.
15:33 Alors ce n'est pas une valeur sûre, ce n'est pas le seul élément de comparaison.
15:36 Je donne un exemple, avant de faire Les Producteurs, qui a été l'un des plus gros succès de la saison dernière à Paris, on a fait deux ans.
15:44 L'étude ne montrait pas une véritable appétence.
15:47 Mais on a réussi dans notre marketing, dans la collaboration avec l'un des plus grands metteurs en scène,
15:51 et meilleur metteur en scène actuel sur Paris qui s'appelle Alexis Michalik, à créer quelque chose, à créer une dynamique.
15:56 Donc voilà, on prend des éléments, on regarde l'analyse financière.
16:01 Il faut que le spectacle soit aussi rentable, derrière il puisse dégager quelque chose,
16:04 parce qu'on fait un métier, on est un théâtre privé, on est un producteur privé, on n'a pas de subvention ou très peu.
16:10 Donc il faut que ce qu'on génère comme résultat sur un spectacle nous permette de financer l'autre,
16:16 de payer nos factures, de payer nos salariés et nos actionnaires.
16:20 Et quand un spectacle commence, après tu penses déjà au suivant ? Ça se passe comment ?
16:25 Moi il faut que j'ai au moins deux ou trois ans d'avance, parce qu'on est sur des grosses machines.
16:29 Un spectacle comme le Roi Lion, ça se décide trois ou quatre ans avant, parce qu'il y a des décors,
16:34 encore une fois il y a 150 personnes qui travaillent sur ce show, donc il faut anticiper.
16:39 En général c'est une anticipation de deux ou trois ans, là je travaille déjà sur 2026, 2027, 2028.
16:45 Donc tu gères aussi le théâtre Mogador, est-ce que c'est pareil ?
16:51 C'est gérer aussi plein de problématiques humaines au final, gérer un théâtre ?
16:56 C'est plein de choses, on a la chance d'être producteur et directeur de théâtre,
17:01 donc on peut maîtriser le contenu et le contenant.
17:03 Donc les deux sont liés, c'est-à-dire que si on ne met pas les gens dans les meilleures dispositions
17:07 quand ils rentrent dans le théâtre, par l'accueil, par la propreté, par les produits qu'on propose,
17:14 les gens arrivent dans le spectacle, déjà ils arrivent stressés,
17:17 quand on sait ce qui se passe dehors à Paris, notamment dans les grandes agglomérations pour Circul et autres.
17:21 Quand ils arrivent, on est là pour leur ouvrir une bulle de déconnexion,
17:26 pour être décontractés et se sentir bien, mais il faut que nos équipes soient là.
17:32 Donc la gération d'une salle, oui, et puis la salle c'est un investissement permanent,
17:36 on investit beaucoup d'argent chaque année pour que le théâtre reste dans son jus, dans cette qualité.
17:43 Il y a deux maîtres mots en général à Mogador, c'est élégance et convivialité.
17:46 C'est ces deux valeurs sur lesquelles on joue, enfin on joue, on travaille,
17:51 pour que le public, on les accueille dans les meilleures conditions, à la fois en sécurité mais avec le sourire.
17:56 Des fois, malheureusement, par moments, ce n'est pas souvent inné ou en tout cas lié, mais ça l'est.
18:01 Et toi tu vas à chaque fois à la première représentation ?
18:05 Oui, je suis toujours à la première, mais je suis là tous les soirs,
18:07 j'ai la chance notamment avec le Roi Lion, j'ai mon bureau dans le théâtre, où il y a le spectacle.
18:12 Donc je ne pars jamais le soir sans passer avec les équipes d'accueil à 8h pour voir,
18:17 puisque j'aime bien aussi regarder directement comment ça se passe, la gestion des bars pour optimiser tout ça,
18:21 le service, la gestion du merchandising, la propreté, voilà.
18:26 Après il faut aimer ça, j'ai ce côté un peu commerçant, et pas commercial.
18:32 Commerçant ce n'est pas du tout la même chose, on est des petits artisans,
18:36 même si c'est une grande maison qui accueille 1600 personnes,
18:38 qui fait travailler tous les soirs entre 150 et 200 personnes,
18:41 mais on doit garder cet esprit d'accueil, cette volonté d'avoir toujours le sourire,
18:46 d'accueillir les gens et de les raccompagner.
18:49 Hier je passais juste à la fin du spectacle, à 23h,
18:52 et je remarquais que mes équipes n'avaient pas assez le sourire en sortant,
18:55 j'ai dit je veux qu'on raccompagne les gens en leur ouvrant la porte, en leur disant merci,
18:58 et leur dire à bientôt.
19:00 Ce n'est pas grand chose, mais pour des gens qui ont payé 80 euros, c'est le minimum et c'est la moindre des choses.
19:05 Et je pense que c'est comme ça aussi qu'on fidélise les gens et qu'on leur donne envie de revenir au théâtre.
19:09 Et c'est quand même un univers où il y a beaucoup de contraintes extérieures,
19:12 il peut arriver plein de choses dans une journée.
19:15 Ça, ça te booste ou ça te stresse ?
19:18 Non, ça me booste, après la problématique c'est que ça ne s'arrête jamais,
19:21 donc il faut toujours être en éveil, il faut toujours être prêt à affronter l'imprévu.
19:27 Mais on commence à connaître beaucoup l'imprévu.
19:30 Il y a des choses qu'on n'a peut-être pas encore vues, je n'ai pas envie de les voir,
19:33 mais on a une équipe, l'idée c'est de s'entourer,
19:37 moi j'ai une équipe extraordinaire à Mogador, j'ai la chance d'avoir des gens qui sont passionnés,
19:40 impliqués, créatifs, parce qu'il faut être créatif.
19:44 Quand on est confronté à une problématique, il faut trouver une solution la plus créative possible
19:48 et la plus adaptée à la situation.
19:50 Et il y a beaucoup de métiers, comme tu disais, les gens sur scène, mais aussi tout autour,
19:55 donc tu es un peu un chef d'orchestre, mais c'est quoi ton style de management ?
19:59 Assez participatif, assez ouvert, je gère les problèmes.
20:04 Quand il y a un problème, je le gère.
20:07 Pour moi, les gens viennent dans mon bureau, on ferme la porte, et quand ils en sortent, le problème doit être réglé.
20:10 Avec le sourire, on peut tout se dire, avec respect.
20:14 Donc c'est mon management, je suis très présent.
20:17 Je suis très présent, mais dans le bon sens du terme, parce qu'on peut être présent et ne pas délégué.
20:20 Je délégue, au maximum, je fais confiance, mais je contrôle.
20:26 Bien entendu, c'est un peu les deux, mais très participatif, très ouvert, je pense.
20:30 Il y a un million de spectateurs qui sont venus à Mogador pour voir l'Oréon.
20:34 Un million deux, maintenant.
20:35 Un million deux ? On va remettre à jour.
20:37 C'est quoi le plus dur ? C'est atteindre le million ou aller atteindre les 10 000, 100 000 premiers ?
20:43 Le plus dur, c'est de se dire que tous les soirs, pour les spectateurs, c'est la première.
20:49 Et c'est ce que je dis aux artistes, n'oubliez pas, la première représentation que vous avez jouée du Royaume,
20:53 vous étiez stressé, mais vous aviez une dynamique, une énergie.
20:57 Cette énergie, vous devez la trouver tous les soirs.
21:00 C'est ne pas tomber dans la routine.
21:02 Parce que le spectateur, encore une fois, quand il vient, c'est sa première.
21:06 Donc il faut le respecter.
21:07 C'est ça le plus dur, ce n'est pas de faire 10 000 ou 100 000 ou 200 000 ou un million.
21:11 Bien sûr, on est très content de tout ça, mais c'est de conserver la qualité du spectacle.
21:16 Notre seul argument et notre seul vecteur de communication et de vente, en tout cas le plus important, c'est le bouche-à-oreille.
21:23 Donc si on est sur une pente descendante et on ne s'assure pas d'être derrière les artistes, on répète encore.
21:28 On a ouvert le show en septembre cette saison, on répète encore.
21:32 On est toujours là, on a des rapports artistiques.
21:35 Tous les soirs, je reçois, mais au même titre que les Américains qui ont créé le spectacle,
21:39 on reçoit un rapport, on sait ce qui s'est passé dans le show.
21:42 Donc on a un contrôle qualité, mais ce qui est normal vis-à-vis des spectateurs.
21:46 Tout ne se passe pas toujours très bien.
21:49 J'ai lu le projet de comédie musicale "Marie Poppins" qui a été avorté début 2010.
21:56 Qu'est-ce qui se passe ?
21:58 Qu'est-ce qu'on va éviter pour ne pas retomber dans cette situation ?
22:03 On l'a résolu quasiment, puisqu'on a lancé un casting de "Marie Poppins".
22:07 On n'a pas décidé de date encore là, mais on a fait un casting pour essayer de trouver "Marie Poppins".
22:12 En gros, on a eu du mal en 2010 de trouver les trois ou quatre rôles principaux.
22:18 Avec les Anglais, avec Cameron McIntosh qui gère ce spectacle,
22:24 on n'arrivait pas à le convaincre sur les artistes qu'on trouvait.
22:28 C'est pour ça qu'on a annulé à un moment donné.
22:31 Là, on n'a pas fixé de date, mais on a travaillé sur le casting et on l'a trouvé.
22:34 En tout cas, j'espère. Ça a été validé.
22:37 A priori, on est bon, mais aujourd'hui, de toute façon, on n'a pour l'instant pas de salles,
22:41 parce que le Royaume continue.
22:43 - On attendra de voir ça. Est-ce que tu voudrais toi, recréer, écrire à nouveau une comédie musicale un jour ?
22:52 - Pour l'instant, je n'ai pas vraiment beaucoup le temps,
22:56 mais je prends beaucoup de plaisir dans mon métier de producteur.
23:00 Des fois, je sais que tu m'avais posé la question un jour, mais tu ne veux pas être sur scène.
23:03 Non, ce n'est pas mon métier. Les Anglo-Saxons ont bien compris ça, de bien répartir les rôles.
23:09 On est producteur, on n'est pas comédien, ne pas mélanger ça.
23:12 Parfois, on trouve des metteurs en scène acteurs, des metteurs en scène chorégraphes.
23:16 C'est bien d'avoir des experts.
23:18 Moi, je n'ai pas la prétention de croire et de dire que je suis comédien. Je ne suis pas comédien.
23:22 Auteur, je l'ai fait une fois. Je ne suis pas sûr d'être vraiment disposé à ça.
23:27 Moi, mon métier, c'est de trouver les meilleurs talents et de les faire jouer ensemble.
23:30 - Et comment est-ce que tu progresses à chaque fois, d'année en année ?
23:34 - En essayant de s'interroger, de se questionner à chaque fois
23:38 et de se dire qu'il n'y a pas d'échecs dans la vie, il n'y a que des leçons.
23:43 On ne perd jamais, on apprend.
23:46 - Tu es dans un grand groupe, tu es sur la filiale française.
23:52 Comment ça se passe ? Tu arrives à avoir assez de liberté ? Tu apportes ta touche ?
23:59 - Oui, on apporte notre touche. La preuve, les producteurs n'étaient pas forcément un spectacle qui avait fonctionné dans les autres pays.
24:06 Mon actionnaire, quand j'ai évoqué ce nom au début, était plutôt contre.
24:10 Je l'ai vraiment convaincu.
24:12 Il y a du reporting, c'est normal.
24:14 On a un actionnaire américain, mais avec une délégation aux Pays-Bas, qui est le comité exécutif.
24:22 Mais on a la possibilité de gérer mes équipes, de recruter mes équipes, comme je l'entends,
24:27 de travailler avec un cadre commun, un canevas commun, sur des valeurs à l'entreprise,
24:33 qui est prêt à disposer notamment sur tout ce qui est diversité et inclusion, sur tout ce qui est RSE, notamment,
24:38 pour être positionné là-dessus, mais comme le sont la plupart des grandes entreprises et les petites.
24:42 - C'est quoi de la RSE chez vous ?
24:44 - RSE, c'est faire attention à ce qu'on consomme, par exemple éviter le plastique,
24:48 avoir des réflexes au niveau de l'environnement, mais au niveau social, vis-à-vis de nos salariés, encadrer au maximum.
24:54 Tout ce qui est diversité et inclusion rentre là-dedans.
24:57 On a fait énormément de choses en diversité et inclusion ces derniers temps.
25:02 On a même une personne qui s'en occupe quasiment à plein temps, pour justement accueillir des publics empêchés.
25:10 Donc on fait des séances pour notamment les malvoyants, malentendants, ou aveugles, ou malvoyants,
25:16 donc aussi avec des séances incroyables qui mobilisent toutes nos équipes et qui sont assez incroyables.
25:21 On fait aussi beaucoup de choses au niveau social, pour accueillir des gens justement
25:24 qui ne peuvent pas se permettre peut-être d'acheter des billets spectacle.
25:27 On a commencé à l'initiative de notre directeur marketing, Olivier Lazzarini,
25:32 un principe qui était sur le modèle du principe du café suspendu en Italie.
25:36 Donc on a fait le billet suspendu.
25:38 Et la possibilité aux gens de venir, d'acheter un billet, d'en acheter un deuxième.
25:41 Alors le deuxième, c'est nous qui le mettons en place avec des associations, pour des associations,
25:44 avec des sponsors comme le CIC qui est notre partenaire,
25:47 et qui permet de subventionner, d'offrir des billets à des associations et des gens
25:54 qui ne peuvent pas malheureusement avoir accès à la culture et au théâtre.
25:59 - Merci beaucoup d'avoir répondu à toutes ces questions.
26:03 Et on va pouvoir passer à l'interview chrono.
26:06 - Alors, quelle est la dernière comédie musicale à laquelle tu as assisté ?
26:15 - Sunset Boulevard.
26:17 - C'était pas à Paris ?
26:19 - À Londres.
26:20 - Très difficile, mais ta comédie musicale préférée ?
26:24 Tu as peut-être une, allez deux, tu peux aller…
26:27 - Cabaret…
26:30 Billy Elliot.
26:32 - D'accord, merci.
26:33 Plutôt LinkedIn, Instagram ou TikTok ?
26:36 - Instagram.
26:38 - Est-ce que tu peux me citer peut-être une entrepreneuse,
26:41 une dirigeante française que tu apprécies, qui t'inspire ?
26:45 - Ouh là, quelle question difficile.
26:47 Une ?
26:48 - Oui, une.
26:49 - C'est fait exprès.
26:50 - C'est fait exprès ?
26:51 - Oui, pour qu'on mette en avant plus de femmes.
26:53 - Alors, les femmes avec lesquelles je travaille, non, j'en ai peu malheureusement.
26:59 Malheureusement.
27:00 Non, je n'en ai pas en tête tout de suite là.
27:04 Mais je pourrais dire Julie Taymor qui a créé Le Roi Lion.
27:07 Ce n'est pas une entreprise, mais c'est elle qui a créé Le Roi Lion.
27:09 Et je pense que je suis très impressionné par ce qu'elle a fait.
27:12 - Si tu devais écrire une comédie musicale, quel thème tu choisirais ?
27:17 - L'amitié.
27:18 - Quelle est l'application que tu utilises le plus ?
27:22 - LinkedIn peut-être, si on peut appeler ça une application.
27:26 Ou c'est un réseau social.
27:27 - Oui.
27:28 - LinkedIn.
27:29 - Oui, mais en fait on est souvent…
27:30 - Même si j'ai dit que je préférais Instagram, mais LinkedIn aussi.
27:32 - C'est quand même très utile.
27:34 Est-ce que tu as un de tes meilleurs souvenirs au Théâtre Mogador ?
27:37 - Oui, le meilleur souvenir, c'est quand on a réouvert le théâtre après l'avoir
27:42 fermé pendant un an à cause d'un incendie.
27:44 Et on a réouvert avec gris, mais pendant un an j'ai vécu quasiment seul dans le théâtre,
27:49 on était fermé, et le théâtre était mort.
27:51 Ce que j'appelle mort, parce que pour moi c'est un théâtre sans public, c'est un théâtre
27:54 qui ne vit pas et donc qui est mort.
27:56 Et quand on a réouvert, je me rappelle, je descendais de mon bureau et j'ai eu un choc
28:01 en entendant le bruit simplement du public qui arrivait.
28:05 Et j'avoue que j'ai été pris d'une certaine émotion.
28:09 - Écoute, merci beaucoup d'avoir répondu à toutes mes questions.
28:12 - Merci.
28:13 - Donc on va se quitter forcément avec une musique du Roi Lion interprétée par les
28:17 comédiens que tu produis à Mogador.
28:20 - Merci, à bientôt.
28:21 - Merci à vous d'avoir suivi cette émission et je vous dis à bientôt pour un nouveau numéro.
28:26 - Au revoir.
28:27 - Au revoir.