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Transcription
00:00 L'ancien conseiller spécial de Félix Oufouette-Boigny est toujours en notre compagnie.
00:05 Venance, Guessend s'est ouvert à nous dans cette première partie d'émission
00:09 sur sa collaboration avec le Premier Président de la République de Côte d'Ivoire.
00:13 Pour cette deuxième partie, nous allons nous intéresser aux questions d'actualité.
00:18 Alors, Monsieur Guessend, lors du dernier congrès du PDCI RDI à Yamoussoukro, en 1990,
00:24 Félix Oufouette-Boigny annonçait la fin de son mandat.
00:27 Aujourd'hui, j'ai envie de savoir comment vous pensez que, de son vivant,
00:32 il aurait géré sa succession ?
00:36 C'est une question très complexe.
00:39 Complexe pourquoi ?
00:41 Parce que c'est difficile de se mettre à la place de quelqu'un d'autre.
00:45 Mais je pense qu'il avait déjà posé en 1990,
00:49 en appelant l'actuel Président de la République comme Premier ministre
00:52 pour restructurer l'économie, il avait déjà commencé à poser les jalons de la succession.
01:00 Au congrès de Yamoussoukro, j'y étais, il voulait se retirer.
01:05 Il n'était bien sûr pas question pour nous, les militants,
01:09 et nous avions raison de le laisser partir.
01:12 Et c'est l'une des raisons pour lesquelles, dans la campagne,
01:16 vous verrez que le thème, c'est le don de soi.
01:20 Le don de soi.
01:21 Oui, si vous vous souvenez bien.
01:24 Ça veut dire, à son âge, tout ce qu'il a fait,
01:27 selon lui, il n'y avait aucune raison pour qu'il continue.
01:31 Il avait tout donné.
01:32 Il avait tout donné.
01:33 Nous, les militants, avions dit en premier,
01:37 l'ancien Président de la République, M. Henri Conan Bédier,
01:42 et à son âme, et l'actuel Président de la République.
01:45 Nous lui avons dit, il n'est pas question qu'on vous laisse partir, papa.
01:49 Vous devez faire don de votre personne à la Côte d'Ivoire
01:52 pour que la Côte d'Ivoire sorte de ce tumulte
01:56 et que nous reprenions le chemin de la croissance équilibré.
02:02 Donc voilà un peu comment les choses se sont passées
02:06 de mon point de vue, qui n'engage que moi.
02:10 Après son décès, comment vous expliquez les différentes crises
02:13 qu'a connues la Côte d'Ivoire ?
02:14 Coup d'État en 1999, rébellion en 2000,
02:18 crise postélectorale en 2010 ?
02:20 Gérer la prêche au foie n'était pas facile
02:26 parce que le foie boignet, son œuvre était immense.
02:32 Et en appréhender tous les contours n'était pas facile.
02:37 Et les Ivoiriens sont ce qu'ils sont.
02:40 On aime beaucoup critiquer.
02:42 Mais lorsqu'on sait nous parler aussi,
02:44 on aime bien qu'on nous prenne comme des enfants.
02:47 Le président est toujours notre père.
02:50 Et selon les circonstances, bon, des fois les enfants s'égarent.
02:54 C'est ce qui nous a amenés à ces différentes crises.
02:58 Le plus important est que nous ayons retrouvé
03:00 le chemin de la paix et de la croissance
03:03 puisque depuis dix ans, l'économie repart.
03:07 Le pays a de bons indicateurs,
03:11 même s'ils ne sont pas suffisants
03:12 parce qu'il n'y a pas que des indicateurs économiques.
03:15 Il y a aussi les indicateurs sociaux,
03:16 mais qui sont en train de se relever
03:19 puisque je dirais depuis six, sept ans,
03:22 l'espérance de vie s'est beaucoup améliorée
03:24 par rapport à il y a dix ans.
03:27 Donc, nous sommes bien sortis de la crise
03:30 et j'espère que cette fois-ci, nous tenons le bon bout
03:33 en termes économiques, en termes sociaux
03:36 et même en termes environnementaux.
03:38 Alassane Ouattara, de qui vous parliez tout à l'heure,
03:41 est le chef de l'État.
03:43 Il prend le pouvoir après une crise
03:45 qui a fait 3 000 morts.
03:47 Comment vous jugez la gestion de son pouvoir ?
03:51 Déjà, il fallait penser les plaies.
03:53 Il y a eu beaucoup de pays qui ont connu des crises
03:56 aussi graves que les nôtres.
03:58 Très peu s'en sont sortis en si peu de temps
04:02 avec des indicateurs qui ne sont pas que,
04:07 je dirais, sur le papier macroéconomique,
04:09 comme les gens aiment le dire,
04:10 ils sont quand même visibles.
04:15 Jean Baudin, qui est un économiste,
04:18 et je le trouve quand même un chemin qui est le mien,
04:20 disait qu'il n'y a de richesse que d'hommes.
04:27 Le président Ouattara a repris le concept
04:29 du président Oufo-Boany, qui lui dit
04:33 qu'il n'y a de richesse que d'hommes bien formés.
04:36 C'est pour ça que le président Ouattara s'est entouré
04:39 et continue de s'entourer d'hommes bien formés,
04:42 d'hommes d'expérience de tout âge.
04:44 La création du RDR est partie du PDCI RDA.
04:47 Comment doit-on comprendre que les membres
04:49 du plus vieux parti de Côte d'Ivoire
04:51 décident d'aller créer un autre parti politique ?
04:54 Ce qu'il faut retenir, ce n'est pas le point de départ,
04:58 c'est la finalité en 2005.
05:00 Puisque tout cela,
05:02 en fond, Oufo-Boany se retrouve et crée le RHDP.
05:06 Donc il ne faut pas partir de la tumulte.
05:10 Il faut voir comment la vague a été surmontée
05:12 et les bonbons ont été retrouvés.
05:15 Création du RHDP, d'accord,
05:16 mais quelques temps après,
05:18 certains partis politiques sont sortis du RHDP.
05:20 Je pense que de temps en temps,
05:25 lorsqu'il y a trop d'eau, ça sort du lit.
05:28 Mais je pense que d'une façon ou d'une autre,
05:31 tôt ou tard, on se retrouvera.
05:35 Alassane Ouattara, Félix Oufo-Boany,
05:37 quelle différence, quelle similitude ?
05:40 La différence d'abord, c'est le fils qui succède au père
05:46 ou qui continue l'œuvre du père.
05:49 Et puis la similitude,
05:52 c'est la grande vision qu'ils ont pour la Côte d'Ivoire.
05:55 En termes d'infrastructure, en termes de rayonnement,
05:59 je pense que le président Ouattara continue l'œuvre.
06:04 Parce que l'œuvre et la pensée d'Oufo-Boany,
06:07 c'est tellement grand qu'il ne pouvait pas réaliser ça.
06:11 Parce que la vie d'un être humain, malheureusement, est mesurée.
06:15 Quand une idée est bonne, bien sûr, elle est reprise
06:17 par celui qui vient après et qui a la même vision.
06:20 Et quand une idée est bonne,
06:23 un grand président ne peut que l'adopter.
06:25 C'est ce qui est en train de se passer.
06:27 L'actualité du moment, c'est l'augmentation du carburant,
06:30 la cherté de la vie par là.
06:31 Beaucoup d'Ivoiriens s'en plaignent.
06:33 Vous qui avez côtoyé le président,
06:35 enfin Félix Oufo-Boany,
06:37 comment pensez-vous qu'il aurait pu gérer cette situation ?
06:41 Le président Oufo-Boany a eu à gérer beaucoup de crises de ce genre.
06:46 Vous vous souvenez du terme qui était utilisé à l'époque
06:49 quand vous étiez à l'école, au collège,
06:52 on parlait de la conjoncture,
06:54 lorsque les prix ont commencé à augmenter.
06:56 Et que les produits de base,
06:58 dont le café et le cacao, étaient mal payés.
07:01 La solution réside dans quoi ?
07:03 Dans la transformation.
07:06 La transformation de nos produits.
07:08 Nous sommes sur la voie en termes agricoles.
07:11 Nous sommes aussi en train de bonifier un peu l'économie.
07:15 Parce que c'était quoi la base de l'économie ivoirienne ?
07:18 C'était basé sur l'agriculture.
07:20 J'ai eu à poser la question au président,
07:24 pourquoi on ne fait que l'agriculture,
07:30 on ne fait que ceci ou cela ?
07:32 Il m'a dit, mon petit, prends l'exemple des pays
07:35 qui ont beaucoup de pétrole, qui ont beaucoup de minerais.
07:39 Tu n'as pas constaté qu'il y a beaucoup de crises dans ces pays ?
07:42 Souvent même, ils vendent d'avance, sous forme de troc,
07:47 la production à des pays africains aujourd'hui,
07:49 qui ont déjà vendu 15 années de leur production pétrolière,
07:53 ou 15 années de leur production de minerais.
07:56 Il faut bien se concentrer sur l'agriculture. Pourquoi ?
08:00 Parce que quand tu produis ton riz,
08:03 personne ne peut venir dire c'est tant de kilos, c'est toi qui…
08:06 Si on doit faire du pétrole en haute mer,
08:11 et je sais de quoi je parle, puisque j'ai eu quand même de la famille,
08:14 des parents qui étaient dans la marine.
08:17 Combien d'ivoiriens pourraient aller savoir combien de barils sortaient
08:20 de nos puits en haute mer ?
08:23 Un guillemet, le blanc allait dire c'est tant de barils, et puis c'était fini.
08:26 Maintenant que nous avons les hommes,
08:29 on peut approfondir ces recherches-là,
08:32 de telle sorte que bientôt,
08:35 sous la gouvernance du président Ouattara,
08:37 nous allons être un producteur de pétrole, je dirais, de référence.
08:42 Vous avez vu pour l'or, la production a augmenté.
08:45 Donc chaque chose en son temps.
08:47 Chaque chose en son temps.
08:48 Le temps actuel fait référence au prix de 1 000 francs CFA le kilogramme
08:53 pour le cacao, pour cette période de campagne 2023-2024.
08:57 Votre jugement là-dessus ?
08:59 Je pense que nous allons aller plus loin.
09:03 Comment ? Au jour d'aujourd'hui, ça représente à peu près 60% du prix,
09:07 1 000 francs.
09:09 Nous pourrons aller plus loin lorsque nous allons transformer totalement.
09:13 Je pense que...
09:15 Quand vous parlez de plus loin, vous parlez de l'augmentation du prix borchand ?
09:19 Bien sûr, il y a l'augmentation du prix borchand,
09:22 mais pour pouvoir gagner plus en termes nationaux,
09:25 il faudrait que nous ayons des produits finis.
09:28 Que nous ne vendons plus le café,
09:30 dans une moyenne mesure, et dans une meilleure mesure.
09:33 Le cacao, sous forme de fève, mais plutôt sous forme de couverture.
09:37 La couverture, c'est quoi ?
09:39 C'est la première transformation de la fève de cacao,
09:44 pour obtenir le chocolat.
09:46 C'est la couverture.
09:47 Après, on a le produit fini.
09:49 De la fève à la couverture, on a une ratio de 1 à 7.
09:54 De la fève au chocolat, selon la qualité, on a une moyenne de 23 en ratio.
10:00 Lorsque nous irons vers ça, la tendance va s'inverser.
10:04 Il y a deux approches possibles.
10:06 Soit nous transformons directement,
10:10 comme nous sommes en train de le faire.
10:12 Soit nous prenons des positions en termes de marché,
10:16 en termes d'action, dans les grandes multinationales,
10:19 comme nous l'avons fait pour le pétrole des pays comme l'Arabie Saoudite, le Qatar et autres.
10:23 Et nous allons y arriver.
10:25 Les Ivoiriens ne se plaignent pas seulement de la cherté de la vie.
10:28 Les Abidjanais posent le problème de plusieurs embouteillages
10:32 dans la capitale économique ivoirienne.
10:34 Je reviens encore là-dessus.
10:35 Vous avez travaillé avec Fufufufu et Tewpany.
10:38 Comment pensez-vous qu'il aurait pu régler ce problème d'embouteillage dans la ville économique ?
10:43 En tant qu'économiste, je dirais que l'embouteillage, c'est bon.
10:45 Ça fait plus de consommation.
10:46 Effectivement, c'est ce que les économistes disent.
10:48 Donc, ça va augmenter la croissance.
10:53 Maintenant, quand on en vient au temps perdu dans la circulation,
11:01 l'une des premières mesures pour apaiser cela a été déjà proposée par le père fondateur.
11:07 C'était quoi ?
11:08 C'est la décentralisation.
11:09 La décentralisation.
11:10 Voilà.
11:11 Nous sommes, c'est vrai, très avancés dans la déconcentration.
11:15 Ça, ça s'est fait.
11:16 Il faut qu'on passe à la phase effective de la décentralisation.
11:20 Le poids des conseils régionaux, le poids de la capitale politique Yamsoukro
11:25 et bien sûr, le deuxième pôle qui est Boaké doit s'accroître.
11:29 Et de fait, je ne dis pas que ça va annihiler,
11:32 mais ça va réduire fortement les embouteillages.
11:35 Je pense que les choses vont se faire.
11:37 Alors, on va supposer que vous êtes en face du président Alassane Ouattara.
11:41 S'il faut lui parler de décentralisation, ça sera parti de quand ?
11:46 Je pense qu'il a jeté les…
11:49 Il a donné déjà les premières indications.
11:53 Quand vous partez à Yamsoukro aujourd'hui,
11:56 toutes les grandes voies ont été reprofilées.
11:59 Je ne pense pas qu'il l'ait fait uniquement pour les fêtes du 7 août de l'année dernière.
12:05 D'accord.
12:06 Je pense qu'il y a une suite logique qui va venir
12:09 avec la poursuite de l'œuvre du père fondateur
12:12 et un certain nombre d'institutions.
12:14 De mon point de vue et de la manière dont je fais la lecture de sa politique,
12:19 il y a un certain nombre d'institutions qui vont être reparties sur Yamsoukro.
12:24 Le Sénat y est déjà.
12:27 D'autres institutions vont suivre.
12:29 Et puis, d'autres pôles économiques vont se développer.
12:32 Prenons le cas du port sec à Ferquet.
12:37 San Pedro est en train d'accroître son poids.
12:39 Il y a du travail qui est en train d'être fait.
12:40 Tout à fait.
12:42 Monsieur Guessen, nous sommes au terme de cette émission.
12:44 Qu'est-ce qu'on doit retenir ?
12:45 Qu'est-ce que vous voulez qu'on retienne de Feu, Félix ou Feu de Boigny ?
12:50 Ce que nous pouvons retenir de Feu, Félix ou Feu de Boigny,
12:55 c'est qu'il nous a enseigné l'arme des forces et le dialogue.
13:02 Quelles que soient nos divergences économiques, politiques, idéologiques,
13:07 nous devons toujours dialoguer.
13:09 Et nous avons cette chance de vivre,
13:12 je dirais, dans le pays des deux religions,
13:14 à savoir une cohabitation pacifique entre l'islam et le christianisme.
13:20 Et je pense que, sans vouloir me mixer dans la vie privée de notre président,
13:28 qui me pardonne de faire une ouverture là-dessus,
13:31 il est musulman, il a épousé une chrétienne.
13:34 Qu'est-ce qu'on peut avoir comme meilleur exemple pour la génésie, pour nous autres ?
13:38 Merci, monsieur Guessen.
13:40 Merci.
13:40 Je rappelle que vous êtes ancien conseiller spécial de Feu, Félix ou Fouette Boigny.
13:45 Vous étiez sur ce plateau pour parler de votre collaboration
13:48 avec le Premier président de la République.
13:50 Et c'est avec beaucoup de plaisir que nous avons échangé
13:52 sur l'actualité du pays en ce moment.
13:54 Mesdames et messieurs, cette émission est terminée.
13:55 Merci de l'avoir suivie.
13:57 Très bonne suite de programmes sur cette info et sur cetteinfo.ci.
14:01 (Générique)

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