DB - 25-10-2023
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00:56 C'était à l'île de France en 1726. Marguerite Duval avait quitté pour toujours sa Bretagne natale,
01:03 enceinte d'un gentilhomme qui avait refusé de l'épouser. Dans la vallée d'Eauclair, où nous
01:08 étions voisins, j'aidais à la construction de sa case et, lorsqu'elle mit au monde le petit Paul,
01:14 c'est moi qui fût son parrain. Sophie de Latour, qui avait fui sa famille pour épouser en secret
01:19 un jeune rôturier, était devenue son amie. Monsieur de Latour était parti pour Madagascar
01:25 acheter des esclaves afin de pourvoir à l'installation du couple. En attendant son
01:30 retour, Sophie parcourait l'île en palanquin et faisait chez le gouverneur connaissance avec la
01:35 société de la colonie. Les assiduités d'un brave homme de major l'amenèrent à passer l'inspection
01:41 d'une batterie côtière. Elle s'y trouva prise d'un malaise que sa servante Marie et le docteur
01:46 de Mai expliquèrent aisément, elle attendait un enfant. Elle devait éviter toute émotion,
01:51 mais au cours de la nuit, des Noirs marrons descendirent des hauts, attaquèrent la garnison
01:56 et incendiaient les entrepôts.
01:59 -Tomo ! -Marguerite ! Qu'il est beau !
02:19 -Je suis heureuse ! -Marguerite, moi aussi je suis heureuse.
02:24 Enfin, je veux dire, moi aussi j'attends l'enfant.
02:30 -Venez, prenez-le. -Petit Paul !
02:35 -De cette hauteur, on voit tous les vaisseaux qui entrent à Port Louis ou qui le quittent.
02:46 J'y envoie de mangues aux nouvelles quelquefois. C'est notre seul lien avec le monde.
02:52 Je me dis souvent qu'à bord de ces bateaux, il y en a comme eux qui viennent d'Europe,
02:58 de France, de Bretagne, de Normandie peut-être, et qui courent le monde pour l'argent, pour
03:05 la gloire. Ils croient qu'ils cherchent le bonheur. Ils sont drôles.
03:11 Nous serions-nous connus en France ? Je me le demande.
03:21 -Vous étiez du beau monde. -Je faisais révérence comme ci, compliments
03:27 comme ça. J'apprenais les travaux qui s'aïtaient à une dame, l'air qu'il faut avoir pour
03:32 commander, pour s'asseoir, pour s'agenouiller, pour manger, la façon de rire, la manière
03:38 de pleurer. On me disait plus tard qu'on me suivait comme votre époux. Ils ont pensé
03:42 à quelques vieux messieurs enrubanés, poudrés, qui avaient, disait-on, la faveur du roi,
03:46 l'oreille du ministre, un pied au parlement et le bras long. Quel portrait on me faisait
03:50 d'eux ! Il aurait fallu tout d'un coup que mon visage s'illumine et que je m'écris
03:54 "c'est lui que j'aime, que je veux". On nous aurait mariés cérémonieusement.
03:57 Et puis l'on m'aurait laissé prendre tous les galants du monde parce que cela se fait.
04:02 Voilà. -Et vous avez choisi ailleurs.
04:06 -Ma tante m'avait fait enfermer dans une vieille tour qui servait de prison autrefois.
04:12 Une bien mauvaise idée. D'une prison, on ne pense qu'à s'évader. Il a suffi de
04:19 soudoyer le garde. Mais quelle angoisse ! -Vous ne regrettez pas du tout ?
04:25 -Non. Je préfère aimer. -Et si vous n'aviez plus celui que vous aimez,
04:33 y retourneriez-vous ? -Non, c'est une question que lui-même m'a
04:37 posée une fois. Je n'ai pas su répondre, je ne sais pas. Sans lui, plus rien n'existe.
04:44 Savez-vous qu'un bateau est arrivé aujourd'hui ? Peut-être aurais-je des nouvelles ce soir.
04:51 -Paul vous a adopté. Regardez comme il cache sa tête contre vous.
04:57 -Non, il n'a encore pas. Je n'ai pas de ça à lui donner, moi.
05:00 -Vous en aurez bientôt. Pourrais-je vous aider quand vous serez en couche ?
05:04 -Si Dieu veut, nous serons ensemble. Je voudrais que nous nous installions près d'ici.
05:09 Nous resterons amis, nos enfants aussi, ils sauront.
05:12 -Rien ne les retiendra de ce nid. Regardez ! Regardez comme l'arbre de Paul a vieux
05:19 prix. -Non, mais je crois qu'il a grandi déjà.
05:22 -Maitresse ? -Oui, il y en a un qui a fini.
05:26 -Un message. -Madame Latour ?
05:28 -Peut-être est-ce la lettre qui est arrivée. Oui, c'est moi.
05:31 -De la part de son Excellence. -Merci.
05:34 Il me prie de venir prendre connaissance des nouvelles envoyées par mon époux. Que ne
05:41 les a-t-il confiées aux messagers ? -C'est peut-être coutume ici.
05:44 -Est-ce coutume ? -Pour être coutume, c'est fréquent. Ça
05:47 nous fait courir, nous autres. -Oh, bien, dites que je viens.
05:50 Marguerite, je m'en vais, je ne peux pas attendre. Peut-être est-il malade et on veut m'éménager.
05:56 Ou bien il était sur le bateau, il est déjà là à m'attendre. Je veux savoir. Je reviendrai
06:01 demain, je vous raconterai. Au revoir, mon petit pote.
06:04 Marguerite, au revoir.
06:07 Allez.
06:12 -Allez.
06:16 -Allez.
06:18 -Allez.
06:20 ...
06:31 -Voilà. -J'ai été convoquée par son Excellence.
06:56 -Il doit s'annoncer. -Madame de la Tour.
06:58 -Madame, je vous en prie, venez prendre place.
07:24 -Il n'est pas là ? -Tido, on ne vous a pas annoncé cela, j'espère.
07:29 -Je ne reconnais pas sa main, ce n'est pas de lui.
07:41 -Ma main tremble. Elle ne peut rien tenir. A peine sur le vaisseau, la fièvre m'a saisi.
07:51 J'ai débarqué ici à demi mort. Ceux qui m'ont recueilli se sont emparés de tout ce
07:58 qui reste, tel de notre bien. Je crois avoir obtenu d'eux en échange qu'ils te fassent
08:04 tenir ce billet dès que je ne serai plus. L'obstacle sera alors levé qui te séparait
08:09 des tiens. Reviens vers eux. Je n'ai aimé en cette vie et n'aimerai dans l'autre par
08:16 la grâce de Dieu que toi. Pardonne-moi, je t'aime.
08:21 -Madame, vous avez acquis ici en peu de temps l'estime et la considération de beaucoup.
08:31 Comptez-moi parmi eux. Notre sympathie est vive. Mais vous êtes bien née. Vous aurez
08:39 le courage de m'écouter. Votre tante, que votre conduite a indisposée, n'a cependant
08:47 pas perdu l'espoir que vous la rachetiez. Elle me fait demander que vous rompiez et
08:53 reveniez vers elle. Elle aura l'indulgence de vous accueillir et de vous rétablir dans
08:59 vos droits et dans vos espérances, puisqu'elle a fait de vous son unique héritière, voyant
09:04 quel attachement vous liait à votre époux et sachant votre volonté de vous installer
09:08 ici, je n'aurais pas compté sur votre consentement. Mais à présent qu'il n'est plus, vous êtes
09:14 seule, rien ne vous retient plus, lui-même vous l'ordonne et c'est sa dernière volonté
09:20 que vous retourniez vers les vôtres. Une personne de mérite comme l'est votre tante,
09:26 vous voyant chercher refuge entre ses bras et apprenant de vous-même le coup qui vous
09:30 a frappé, ne peut que vous reprendre son affection. Faites, je vous en prie, ce qui est le plus
09:38 raisonnable et vous pourrez compter avec notre aide. J'ai pris des dispositions pour que
09:44 vous soyez dès aujourd'hui et le temps qu'il faudra jusqu'à votre départ l'hôte du gouvernement.
09:50 J'ai fait préparer un appartement pour vous et votre servante, je vais vous y faire conduire
09:54 immédiatement. Non, vous vous trompez. Je ne suis pas seule.
10:04 Accompagnez Madame Delatour jusqu'à son palanquin.
10:10 [Il y a un son de la chasse à pieds de la chambre.]
10:28 [Il y a un son de la chasse à pieds de la chambre.]
10:56 Bien, nous ferons la rencontre avec les ministres communales en trois points différents. Les
11:03 rebelles, d'après nos renseignements, se trouvent dans la vallée de la rivière noire. Vérifiez
11:11 poudre et munitions. La soirée sera chaude.
11:21 Rochecôte, prenez un cheval et faites savoir dans les campagnes que nous traverserons à
11:26 tous les braves gens, s'ils ne sont pas de la milice, qu'ils restent chez eux et qu'ils
11:29 fassent enfermer leurs esclaves. Bien. Soldats, vous connaissez maintenant votre devoir. Vive
11:38 le roi. Vive le roi.
11:45 Reviens, Mme. Paque, voilà la dignité. Voilà la dignité. Voilà la dignité.
11:53 Madame, il est parti. Le palanquin et le soldat aussi, parce qu'il y a grande chasse,
12:11 expédition en marmon pour vous noirs. Eh bien, nous irons à pied. Mais ce n'est pas permis,
12:15 c'est défendu pour madame. Va donner cette bourse au logeur. Il devra s'en contenter,
12:19 c'est tout ce que j'ai. Il nous fera porter les mâles demain s'il est aimable, dis-lui
12:22 cela, Marie.
12:24 [Le palanquin se déplace, les mâles sont apportés des armes et un couteau.]
12:34 Feu à volonté !
12:59 [Le palanquin se déplace, les mâles sont apportés des armes et un couteau.]
13:26 N'aie pas peur, je ne te veux pas de mal. Ne bouge pas. Je vais me tendre l'épaule.
13:32 [Le palanquin se déplace, les mâles sont apportés des armes et un couteau.]
13:39 Tout bon, tout doux, la vie s'élance, le temps avance, il passe en nous, à nos genoux.
13:51 La mer s'allonge, la vague s'ouvre. Tout bon, tout doux.
14:17 Moi, chef Yalombo, toi blanc, tu as sauvé un noir blessé par balle. Les soldats voulaient
14:27 tuer les noirs, mais toi, tu es ami. Vos blancs amis, nous voulons travailler.
14:37 Je suis ami de tous les hommes, noirs et blancs. Vous voulez travailler pour moi ? Mais je n'ai rien, rien qu'un petit champ que je travaille moi seul.
14:52 Mais venez travailler avec moi à la vallée d'Auclair. Je construis la maison d'une femme blanche.
15:00 Venez. Personne ne vous donnera aux soldats.
15:07 Alors, tu es d'accord que nous montons la case ? Oui.
15:14 [On monte la case.]
15:24 [On monte la case.]
15:48 Voilà, nous allons construire la case ici. Il faut d'abord couper les arbres. Allez-y.
15:55 Mon vieil ami, savez-vous la surprise ? Madame de la Tour est en couche depuis tôt ce matin.
16:02 Le médecin l'assiste, ou plutôt il assiste Marie, car c'est elle qui commande. Tout va bien.
16:10 Petit Paul a bien dormi.
16:14 Oui, ce sont des marrons de main. Il faut les avertir s'il y a du danger. Maintenant, annonce-leur la nouvelle.
16:28 Finis, finis, finis-en. Elle donne nouvelle pour d'autres. Madame là, vous gagne petit. Tapez.
16:50 Vois-tu ce qu'a fait Dominque ? Il a construit ce pont de ses propres mains. Puis il a cassé des roches pour aplanir ce chemin de marchands.
16:58 Et plus tard, il en fera bien d'autres qui tourneront autour des plantations. Et pour toi, ce sera une véritable exploration. Que tu promenais.
17:09 L'enfant va naître. Venez vite.
17:13 Marchez en bourrelle.
17:18 L'enfant va naître. Venez vite.
17:22 Marchez en bourrelle.
17:33 Bouillard.
17:36 Bouillard.
17:39 Bouillard.
17:43 Bouillard.
17:47 Bouillard.
17:50 Bouillard.
17:53 Bouillard.
18:04 Bouillard.
18:16 Bouillard.
18:19 Bouillard.
18:26 C'est une belle petite fille.
18:32 Bouillard.
18:35 Oh, qu'est-ce que c'est que ce cheval ? On dirait celui du médecin.
18:53 Bouillard.
18:56 Nous vous aurions peut-être invité au baptême, M. Brissac, mais vous arrivez un peu tôt.
19:08 Je crois que j'arrive trop tard, au contraire, pour faire connaissance de vos invités. Beaucoup de filets, pourtant.
19:14 Vous êtes sur notre terre. Que voulez-vous ?
19:17 Vous ignorez les coutumes de l'île ? Il n'y a pas de droit d'asile pour les nègres rebelles. Que faisait-il ici ?
19:23 Qui sont ces enfants ?
19:31 Celui-ci est à moi. Et le nouveau-né est à notre amie commune, Mme de la Tour. Le docteur Demey vous le confirmera, il vient d'en délivrer.
19:39 Je vous observe avec étonnement, Brissac. Auriez-vous si peu d'usage ?
19:46 Alors je vous présente mes félicitations.
19:49 Je voudrais vous demander une faveur. Me l'accorderez-vous ?
20:07 Certainement, commandant.
20:09 On me dit que vous avez recueilli des noirs qui avaient quitté vos domaines aujourd'hui pour venir saluer mon enfant.
20:14 Mais il y avait aussi des rebelles.
20:17 Faites-leur grâce. Je vous en prie.
20:24 Pour moi, bien volontiers. Le châtiment me pèse sur la conscience.
20:29 Je les menacerai seulement pour cette fois, mais il faut les tenir, vous savez.
20:34 Entendu.
20:36 Je leur fais grâce.
20:38 Vous n'avez rien promis, Brissac.
20:57 Non.
20:58 Ils sont partis, enfin.
21:19 Vous avez été merveilleuse. Dans l'état où vous êtes, vous n'avez songé qu'à intercéder en faveur de ces malheureux.
21:31 Comme vous êtes courageuse.
21:34 Marguerite, quel nom donneriez-vous à notre petite fille ?
21:47 Moi ?
21:49 Oui. Les jours au Pôle-Aîné, rappelez-vous, j'étais encore une étrangère pour vous.
21:53 Je n'avais rien vécu de vos épreuves. J'étais riche. Non d'argent, mais de l'amour qu'on me portait.
21:59 Je n'étais pas encore seule.
22:02 Vous avez mis votre enfant dans mes bras en disant "Regardez quand on a tout perdu, comment peut-être un riche, malgré tout."
22:09 Aujourd'hui, c'est mon tour.
22:12 Et puis, vous êtes une amie comme je n'en ai jamais eue.
22:15 Vous m'avez accueillie comme une mère.
22:18 Devant ceux qui me nuiraient volontiers, vous êtes demeurée ferme, loyale comme une sœur.
22:23 Ni ma mère, ni ma sœur n'en faisaient cela pour moi quand elles étaient en vie.
22:27 Alors permettez-moi de vous confier mon enfant.
22:30 Vous serez sa marraine, sa seconde mère.
22:34 Me refusez-vous cela ?
22:37 Nous l'appellerons Virginie, si vous voulez.
22:44 Un cocotier pour Virginie, deux cocotiers pour le petit.
22:48 Un cocotier pour le petit.
22:51 Un cocotier pour Virginie.
22:54 Ah, Lumi !
22:56 Voilà Lumi !
22:59 C'est le bébé !
23:02 Lumi !
23:05 C'est un grand bébé !
23:08 C'est un grand bébé !
23:11 Allez viens, viens.
23:14 Non, non.
23:17 Assieds-toi.
23:20 C'est un beau bébé.
23:39 Allez !
23:42 Tu sais que nous aurons bientôt à nous deux filer assez de coton pour l'aller vendre en ville ?
23:55 Nous pourrons nous offrir des cadeaux.
23:58 Marguerite, je repense à ce que m'a dit le gouverneur sur ma famille.
24:02 Je me rappelle aussi la dernière volonté de celui que j'aime.
24:05 Si ma tante n'avait agi que pour mon bien,
24:08 c'est une personne pieuse qui a certainement de bonnes intentions.
24:11 Alors ne suis-je pas une ingrate de la laisser sans nouvelles ?
24:14 Peut-être ne sait-elle même pas que j'ai une fille.
24:17 Je crois que je vais lui écrire une lettre.
24:20 Qu'en penses-tu ?
24:22 Tu dois faire comme bon te semble.
24:25 Elle sait bien maintenant que je n'attendais elle ni argent, ni aide, ni héritage.
24:30 Je voudrais qu'elle sache aussi que je ne la hais pas,
24:33 que même je prie pour elle.
24:36 Je suis dans le bonheur où nous sommes.
24:38 L'idée que quelque part sur la terre,
24:40 quelqu'un puisse être malheureux ou aigri à cause de moi,
24:44 cette idée m'est intolérable.
24:47 Tu comprends cela ?
24:49 Oui.
24:50 Écris-lui.
24:52 C'est ton cœur qui juge le mieux de tout cela.
24:55 Mais garde un peu de prudence.
24:57 La France est loin.
24:59 Les gens n'y pensent pas comme nous,
25:01 mais nous ne nous sentons pas comme eux.
25:03 Demande encore conseil à notre vieille amie.
25:06 Lui te dira bien mieux que moi, qui ne suis qu'une paysanne.
25:10 Tu as vu dans le bain comme il jouait à un sable ?
25:24 Il s'aimerait.
25:27 Qu'est-ce que tu fais ?
25:29 Qu'est-ce que tu fais ?
25:32 Sous-titrage FR : VNero14
25:37 Musique douce
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27:47 On va aller dans le champ pour bêcher le mille, Marie-Labelle.
27:50 Bêche, vieux papa, bêche.
27:52 Rapporte-nous des goyaves et des papayes.
27:54 Et prends bonne garde du petit commandeur, vieux papa Pauveneig.
27:58 Fends aussi petite fleur sous ton chapeau,
28:07 méchant demi, vieux papa Pauveneig.
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28:44 Ne pleure pas, vieux papa Pauveneig. Ne pleure pas.
28:47 Virginie n'a rien.
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30:18 Maintenant, je vais m'occuper de mes fleurs.
30:21 Et toi, perds pas tes cheveux à la ville, Marie-Labelle.
30:24 Tu me planteras des fleurs sur le caillou, la tête, vieux papa.
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31:02 Tu te souviens du rêve que tu m'as raconté ?
31:04 Celui des fleurs ? Oui.
31:06 Eh bien, je l'ai trouvé.
31:08 Quoi ?
31:09 Une fleur toute charnue, avec des pétales d'un rouge éclatant.
31:12 Son coeur est sombre, avec une sorte de point blanc.
31:15 Comme un oeil ouvert au milieu.
31:17 Mais oui, c'est elle ! Comment l'as-tu trouvée ? Où est-elle ?
31:20 A mes pieds, hier, quand je passais sous la falaise, il y en avait une.
31:24 Elle était flétrie.
31:26 Mais j'ai vu qu'elle poussait en grappe plus haut dans le rocher.
31:28 Je vais t'en chercher. Non, Paul. Je ne veux pas.
31:31 Tu te feras mal. Tu tomberas.
31:33 C'est très dangereux, là-haut.
31:35 Sinon, m'arrêter là, sûr qu'elle t'en empêcherait.
31:37 Sûr qu'elle ne m'empêcherait pas de te faire plaisir.
31:39 J'y vais.
31:41 Et toi, tu nous prépareras un délicieux repas.
31:44 Paul, je vais être inquiète.
31:46 Non, tu vas m'embrasser.
32:04 Quand je rapporterai la fleur, tu chanteras pour moi, n'est-ce pas ?
32:08 Mais prends garde à toi.
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34:17 Qu'est-ce que tu as ?
34:22 Tu l'as mal ?
34:24 Qui t'a fait mal ?
34:26 On t'a battu.
34:28 Il ne faut pas que tu aies peur de moi.
34:30 Je veux t'aider.
34:32 Et maintenant, tu as faim ?
34:42 Tu veux manger ?
34:44 Alors tu vas venir avec moi dans la maison là-bas.
34:46 Non, me couper l'oreille, non.
34:49 Personne ne te coupera l'oreille.
34:51 Ma sœur Virginie prépare le repas.
34:53 Tu vas manger,
34:55 et après elle te soignera avec les herbes de Marie.
34:57 Viens.
34:59 Viens.
35:01 Viens.
35:12 [Bruit de la mer]
35:15 Tu as vu son dos ?
35:38 Ce sont des coups de fouet qu'elle a reçus.
35:41 Je nettoierai ses blessures tout à l'heure.
35:43 Après, nous la laisserons dormir un peu.
35:45 Et si nous la gardions ici ? Marie serait contente.
35:56 Nous n'avons pas le droit, Paul. Elle n'est pas à l'eau.
35:59 Et si les soldats la trouvent ici, ils la tueront.
36:01 Son maître aussi la tuera si elle rentre chez lui.
36:04 Maman dit qu'il n'a pas le droit.
36:06 Si c'est le planteur de la rivière noire, il le fera.
36:08 C'est lui, M. Brissac.
36:11 Elle me l'a dit.
36:13 Alors il vaut mieux qu'elle prenne la montagne comme les marrons.
36:16 Seulement les marrons ne veulent pas de femmes.
36:19 Comment va-t-on faire ?
36:21 Je sais. Je vais aller avec elle et je vais expliquer à son maître tout ce qui s'est passé.
36:26 Quand il la verra, il se laissera toucher, c'est sûr.
36:29 Aucun homme n'est vraiment méchant, tu sais.
36:31 Mon vieil ami l'a dit.
36:33 Pour être de retour pour souper, il nous faut partir dès maintenant.
36:36 Regarde, l'ombre du latanier atteint déjà la porte de notre case.
36:41 Il ne faut pas prévenir demain qu'ils s'inquièteraient.
36:47 Le lendemain
36:50 Le lendemain
36:53 Le lendemain
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37:02 Le lendemain
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37:17 Le lendemain
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37:23 Le lendemain
37:26 Le lendemain
37:29 Le lendemain
37:32 Le lendemain
37:35 Le lendemain
37:38 Le lendemain
37:40 Le lendemain
38:08 Attends, je vais te faire des sandales.
38:11 Je ne sais plus si nous avons eu raison, Paul.
38:23 Son maître est sûrement très cruel.
38:25 Regarde comme il l'a fouetté.
38:27 Nos mères disent qu'il y a des lois pour les esclaves.
38:30 Le maître n'a qu'à les respecter.
38:32 Sinon...
38:34 Nos mères demanderont sa grâce au gouverneur.
38:37 Et si le gouverneur ne dit rien...
38:39 Alors nous punirons nous-mêmes le maître.
38:42 N'en ai pas peur.
38:58 Tu ne dois pas avoir peur.
39:00 Nous allons demander ta grâce.
39:02 Et nous, il ne peut pas la refuser.
39:04 Tu me tiendras par la main, je te conduirai jusqu'à lui.
39:06 Alors il te pardonnera.
39:08 Et tu n'auras jamais plus besoin de t'enfuir.
39:10 Je te le promets.
39:12 Je suis sûre au fond que ton maître n'est pas méchant.
39:14 Longuet, ici au pied.
39:27 Bonjour, monsieur.
39:30 Nous sommes venus pour voir M. Brissac.
39:32 Ah oui, et celle-là ?
39:34 Elle est avec nous.
39:36 Où est M. Brissac ?
39:38 Vous n'avez qu'à la laisser là. Je vous montrerai.
39:41 Non, elle reste avec nous.
39:43 Allez.
39:45 Quels sont ces gamins ?
39:54 Que viennent-ils faire ici ?
39:56 Ah, je vais rattraper celle-là.
39:59 Oui, monsieur, ils veulent vous voir.
40:01 Et ils ne veulent pas me laisser la marronne.
40:03 Quel est ce roman !
40:05 Ah oui, c'est pour la récompense.
40:08 Avez-vous seulement mérité.
40:11 Je la connais, elle serait revenue d'elle-même.
40:13 La fin.
40:15 Monsieur, nous venons, ma soeur et moi, de la vallée d'Eauclair.
40:19 Ta soeur et toi ?
40:21 Vous ne vous ressemblez guère.
40:23 C'est la fille qu'on veut t'entendre, pas vrai ?
40:26 Une petite qui promet.
40:28 Ça se voit tout de suite.
40:30 Mon frère vous a dit bien.
40:32 Mon frère vous a dit vrai, monsieur.
40:34 Il a trouvé cette pauvre esclave dans les bois,
40:36 mourant de faim et cruellement blessée.
40:38 Chez nous, elle a mangé et dormi un peu.
40:43 Et comme elle avait peur que vous ne soyez fâchés contre elle...
40:46 Je pense bien, une esclave marronne.
40:48 Nous sommes venus pour vous expliquer.
40:51 Et pour vous demander de lui faire grâce.
40:53 Allez à vos affaires, messieurs.
40:56 Toi, ma jolie, viens donc un peu par là.
41:01 Que je te vois de près.
41:03 Quel âge as-tu ?
41:08 Je ne sais pas très bien, monsieur.
41:10 Voyez-vous la naïve.
41:12 Ça fait bien une quinzaine d'années que je t'ai vue.
41:16 Tu sortais de ta mère.
41:18 Tu n'avais pas encore ces yeux-là,
41:20 ni cette bouche,
41:22 ni ce buste, ma foi.
41:24 Tu ferais un beau brin de fille, sais-tu.
41:27 Je ne comprends pas bien.
41:29 Je suis venue ramener cette pauvre noire.
41:31 Oui, oui, je sais.
41:32 N'aie pas de soucis pour elle, on s'en occupera.
41:34 Mais elle ne peut même plus tenir debout.
41:36 Ça fait trois jours qu'elle erre.
41:38 Trois jours ?
41:39 Sa perlote, on va la faire asseoir.
41:41 Simon, ramène-moi ça.
41:43 Et là, asseoir.
41:45 Qu'elle se repose à fond au moins deux jours.
41:48 Tu as compris ?
41:50 N'aie plus peur maintenant.
41:54 Tout ira bien pour toi, tu verras.
41:58 Je vais te dire quelque chose.
42:00 Tu vas être bien sûr qu'on ne lui fera rien ?
42:12 Rien du tout, je te le jure.
42:14 À cause de ton minois d'innocence, ma poupée.
42:16 Nous vous remercions, monsieur.
42:18 Tu t'en vas faire à ta mère ce message de la part de Brisac.
42:21 Tu lui diras qu'elle serait bien folle
42:23 de priver de sa dot une fille comme toi,
42:25 et qu'elle cesse de bouder sa famille
42:27 et qu'elle se fasse son bec.
42:29 Répète-lui bien cela.
42:31 Tu pourrais bien me voir, si jamais tu t'ennuies.
42:35 Il a promis de lui faire grâce.
42:43 C'est un méchant homme.
42:46 Il ne tiendra pas parole.
42:48 Viens, Paul. Viens.
42:52 1ère année, 1er mois
42:54 Un, deux, trois, quatre pièces.
43:17 Un, deux, trois, quatre pièces.
43:20 Un, deux, trois, quatre, cinq, six.
43:24 Six pièces, madame.
43:26 Madame Delatour ?
43:44 Oui ?
43:46 Madame Delatour ?
43:48 Je vous suis.
43:54 Son Excellence attend madame Delatour.
44:14 Son Excellence a précisé madame Delatour seule.
44:18 Son Excellence attend madame Delatour seule.
44:22 Son Excellence attend madame Delatour seule.
44:48 Je sais quel souvenir évoque pour vous cette salle, madame.
44:51 Voilà 15 ans, j'ai dû vous apprendre la fin de monsieur Delatour.
44:55 J'ai évité depuis de vous y convoquer.
44:59 Merci.
45:02 Et pourtant j'avais des raisons de le faire.
45:06 On m'a raconté des choses étranges
45:08 qui se seraient passées à votre campement.
45:11 Des noirs en fuite,
45:13 ils chercheraient refuge parfois.
45:16 Enfin, tant qu'il n'y a que rumeurs,
45:19 je veux bien tout ignorer.
45:21 Maintenant parlons de madame votre tante.
45:26 Vous vouliez rompre tout lien avec elle.
45:28 Et j'apprends que vous lui écrivez depuis des années.
45:31 Oui, je n'en ai reçu aucune réponse.
45:34 Peut-être est-elle malade.
45:36 Sa santé est fragile en effet,
45:38 mais ce n'est pas la raison.
45:40 Elle me le fait savoir,
45:43 avant que je vous le dise.
45:45 Vos lettres l'indisposent.
45:48 Et elle vous avise qu'elle vous les fera à l'avenir,
45:50 aussitôt renvoyées, sans les ouvrir.
45:52 Elle s'en explique clairement et charitablement
45:55 dans une lettre
45:57 qui n'est pas destinée à vous être remise.
46:00 Je vous en lirai l'essentiel,
46:03 si vous le désirez.
46:05 Peut-on imaginer, dit-elle,
46:10 ce qu'il m'en a coûté à moi
46:12 qui avais chéri et comblé cet enfant
46:14 comme ma propre fille,
46:16 qui lui avais donné avec l'éducation la plus noble
46:18 et la plus distinguée,
46:20 l'espérance assurée des parties les plus hautes,
46:23 les plus proches du trône,
46:25 moi qui l'avais dotée de ma propre fortune,
46:27 sans aucune réserve.
46:29 Oui, peut-on imaginer ce qu'il m'en a coûté
46:31 de la bannir de mon cœur.
46:33 Au genre de qualité que notre sage expérience lui proposait,
46:36 elle a cru devoir préférer
46:38 un aventurier, un brigand sans essence,
46:40 sans biens et sans scrupules,
46:42 qui ne cherchait qu'à la pervertir,
46:44 à la servir à ses viles passions,
46:46 pour ensuite jouir de sa fortune.
46:49 La Providence nous a donné raison,
46:51 elle a fait périr le libertin
46:53 par son propre vice,
46:55 et infligé à Sophie la pénitence
46:57 que méritait son indignité.
46:59 Je n'y reviendrai pas,
47:01 et quoi que mon cœur saigne,
47:03 je me réjouis qu'elle soit demeurée aux îles,
47:05 plus que moi,
47:07 plutôt que d'être revenue en France
47:09 pour déshonorer sa famille.
47:11 Les pleurs que j'ai versées à cause d'elle
47:13 ont écourté ma vie déjà si douloureuse,
47:16 et je ne désire pas cultiver des illusions
47:19 au sujet d'une personne qui ne les vaut pas.
47:22 En poscriptum, Madame,
47:24 votre tante ajoute cependant des recommandations.
47:27 Elle s'inquiète des malheurs plus graves
47:30 qui peuvent survenir,
47:32 et me charge de veiller
47:34 à ce qu'ils ne soient pas fatales à votre pauvre vie.
47:36 Ce sera fatal à votre pauvre enfant.
47:38 J'ai dit ce que j'avais mission de dire,
47:42 sans porter de jugement
47:44 ni sur vous, ni sur votre conduite.
47:47 Cependant, il me semble,
47:49 à ce que l'on dit d'elle,
47:50 que votre tante est une femme de grands biens,
47:52 et que vous avez eu tort de l'indisposer.
47:55 Au reste, si vous avez une requête à présenter,
47:58 je ferai mon possible pour vous aider.
48:00 Il est de l'intérêt de la colonie
48:03 que chacun trouve auprès de moi
48:05 confiance et compréhension.
48:07 Je confie en son Dieu, Excellence.
48:18 [bruits de pas]
48:43 [musique douce]
48:47 [musique douce]
48:51 [musique douce]
48:54 [musique douce]
49:10 [musique douce]
49:13 [musique douce]
49:32 [musique douce]
49:35 [musique douce]
49:44 [musique douce]
49:48 [musique douce]
49:51 Merci.