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DB - 19-08-2024

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00:00Vers 1760, un jeune paysan d'Auvergne,
00:03Victorien-Lieu-Thadès, a tué une bête monstrueuse
00:06qui terrorisait la région.
00:08Pour le récompenser, le comte de Réquistat
00:10l'a nommé régisseur de ses terres.
00:12Le comte a deux filles, Agnès et Aurore.
00:15L'aîné Agnès se marie avec le baron du Couffour
00:18et à la mort de son père devient maîtresse du domaine de Réquistat.
00:21Aurore, la plus jeune, s'était prise de Victorien-Lieu-Thadès,
00:24le héros qui a débarrassé son pays de la bête.
00:28Pour mettre fin aux relations d'Aurore et de Victorien,
00:31sa mère, la comtesse d'Huérrière, l'emmène dans sa propriété de l'Anzac.
00:34Aurore s'y ennuie.
00:36Pour la distraire, sa mère invite la famille d'Entrevaux
00:39à venir passer quelques temps au château.
00:41Aurore, elle, ne pense qu'à revenir à Réquistat et retrouver Victorien.
00:44Sa seule alliée dans cette aventure est son institutrice,
00:47mademoiselle Vernoujac.
00:49Un cousin de la d'Huérière, Gaétan de Rocamadour,
00:52va tenter de convaincre Aurore de venir à Paris.
00:55La duchesse de Lambal en fait règne de ses demoiselles d'honneur.
00:58Aurore se rebiffe et réplique assez vertement à Rocamadour.
01:01Il comprend que sa mission a échoué et va en rendre compte à la comtesse Agnès.
01:05Il avance alors à une autre combinaison, acheter un brevet de sous-lieutenant à Victorien
01:09et l'expédier aux Amériques dans les troupes de Lafayette,
01:12avec l'espoir, bien entendu, qu'il ne reviendra pas.
01:15Agnès est fort alléchée par cette proposition.
01:18Malgré l'avis de son époux, le baron du Couffour,
01:20elle décide de tenir sa mère au courant du départ éventuel de Lieu-Thadès.
01:55...
02:18Dis à Mlle Vernoujac de venir me voir immédiatement.
02:21Bien, madame la comtesse.
02:26...
02:38Oui, entrez.
02:44Mme la comtesse a passé une bonne nuit ?
02:48Vernoujac, je vous ai fait venir. Il faut préparer les bagages, nous partons.
02:51Ah, nous partons ?
02:52Oui, nous partons pour Équistin.
02:53Bien, madame.
02:54Nous nous arrêtons à Entrevaux où nous laisserons Aurore.
02:57Ah, je resterai ? J'ai les Entrevaux avec Aurore ?
02:59Non, vous et le père Cortat vous rentrez avec moi à Équistin.
03:04Dois-je prévenir Aurore ?
03:06Bien sûr.
03:08Ah, madame.
03:12Et si Aurore pose des questions ?
03:14Vous ne pourrez pas répondre puisque vous ne savez rien.
03:24...
03:42Mon père.
03:44Mon père, je suis bien aise de vous rencontrer.
03:47Savez-vous que nous partons aujourd'hui même pour Équistin ?
03:50Ma foi, non. Je ne suis pas dans la confidence.
03:52Qu'en penseriez-vous ? Vous vous garderiez bien de laisser filtrer le moindre bout de secret.
03:56Comme vous me connaissez bien.
03:58Et nous laissons Aurore au passage chez les Entrevaux.
04:01Eh, il y a peut-être un guis sous roche.
04:04Que voulez-vous dire, mon père ?
04:05Je vais vous dire ce que je devine, mademoiselle Vernoujac, pour que vous ne vous fassiez point d'imagination.
04:09Je vous connais. Si je vous cachais mon hypothèse, vous seriez capable d'inventer je ne sais quoi.
04:15Mais tu vois ma place, mon père. Je suppose le pire.
04:19Il y a peut-être des projets pour mademoiselle Aurore et monsieur Gustave d'Entrevaux.
04:24Les sentiments de notre demoiselle ont peut-être évolué.
04:28Aurore reste soumise à la volonté de sa mère.
04:31Je vous parle de ses sentiments à l'égard de... enfin à l'égard de qui vous savez.
04:35Toujours les mêmes.
04:37Elle ne se résigne pas.
04:38Moins que jamais.
04:40Le séjour de monsieur Trocamadour n'aura pas les suites favorables que la douarière escomptait.
04:45Vous pensiez qu'on en attendait des effets.
04:49On comptait sur sa situation à la cour.
04:52Savez-vous ce qu'il a proposé à mademoiselle Aurore?
04:55Le mariage?
04:56Non. Tout de même pas d'emblée. N'oublions pas ses qualités de diplomate.
05:01Quoi alors?
05:02Tout simplement de la présenter à la cour où l'attendait, paraît-il,
05:05un tabouret de demoiselle d'honneur de la princesse de Lamballe.
05:10Hé! Voyez-vous ça!
05:14On y met le prix pour écarter notre demoiselle.
05:17Oui, mais Aurore ne se laisse pas jeter.
05:19On a le mauvais tour qu'elle joue.
05:21Voyez-vous, mademoiselle Vernoujac, j'en arrive à un étonnement chaque jour grandissant.
05:25Entre nous, nous avons connu des temps plus anciens
05:29où le couvent ou la bastille s'ouvraient assez facilement entre nous.
05:34Ne trouvez-vous pas étrange que la fille cadette d'un seigneur
05:37puisse tenir tête ainsi à sa mère, à sa sœur, au conseil du comté?
05:44Mon père, j'ignore ce qui se trame entre Rikista et Lanzac,
05:47mais je suis bien obligée de croire qu'il se trame quelque chose.
05:50J'en ai l'impression.
05:52Les courriers, depuis plusieurs semaines, se succèdent à un rythme inaccoutumé.
05:56Monsieur de Rocamadour et madame Ladouerrière travaillent ensemble avec un sel.
05:59Voulez-vous mon sentiment, mademoiselle Vernoujac?
06:02Je vous en prie, mon père.
06:04L'aurore n'est l'instrument d'un destin qui nous dépasse tous.
06:10Le doigt de Dieu.
06:24Gustave, j'ai une nouvelle à t'annoncer.
06:27Aurore de Rikista vient passer quelques jours avec nous.
06:30Non, avec sa mère?
06:32Seule. Toute seule. Même pas avec sa gouvernante.
06:36Ah ça! Est-ce que nos parents n'auraient pas des idées derrière la tête?
06:40Ça ne te déplaît pas, ce que je vois?
06:42Ma foi, non.
06:44Aurora du charme, elle me plaît.
06:47Elle est intelligente, vive.
06:49On a tout de même pas mal jasé à son propos.
06:52Il paraît qu'elle s'était entichée du régisseur.
06:55Elle t'en a parlé, de ce victorien Lyotardès?
06:58Non, pas du tout.
07:00Il est possible qu'elle est admirée pour son courage.
07:03On a fait toute une histoire quand il a tué la bête.
07:06Mais de là à ce qu'Aurore soit folle de lui, il y a une marge.
07:10Aurore, épousez-y des nouvelles.
07:12Et moi aussi.
07:14Je la comprends.
07:17Et elle reste après tout la fille du comte de Rikista.
07:19Gustave, tu ne devrais pas te faire trop d'illusions.
07:25Illusion ou pas, ma petite sœur.
07:27Une femme, il faut la mériter. Il faut la conquérir.
07:29Et je m'y emploierai.
07:31Puisque le destin a décidé qu'elle vienne ici.
07:33Beau courage, Gustave.
07:39Maman, vous auriez dû me dire qu'Agnès allait te préparer un coup de jardin.
07:42Non, ne m'accuse pas, ma chérie. Je cherche à te sauver.
07:45Oh, maman. Maman, j'ai besoin de vous.
07:48Il ne faut pas me laisser seule.
07:50J'ai été suffisamment seule jusqu'à présent.
07:52Non, par notre faute pour une bonne part, oui.
07:55Je ne m'inquiète pas.
07:58C'est la solitude qui m'a permis de découvrir la source du bonheur dont je rêve.
08:03Une vie simple, avec l'homme que j'aime.
08:06Aurore, est-ce que...
08:07Non, maman. Ne me posez pas de questions tout de suite.
08:10Après, tout ce que vous voudrez.
08:13J'y répondrai honnêtement.
08:15Au point où nous en sommes, je n'ai aucune raison de vous cacher quoi que ce soit.
08:18Aurore, tu me dis tout cela comme si c'était naturel.
08:20Mais c'est naturel.
08:22Rien n'a été plus naturel, maman.
08:24J'ai aimé la vie avec lui quand j'étais enfant.
08:27Au fur et à mesure que j'ai grandi,
08:30j'ai senti que je l'aimais chaque jour davantage.
08:33J'avais besoin de sa présence.
08:35J'étais heureuse en sa compagnie.
08:36Mais vous ne croyez pas que je suis restée sourde
08:38au raison que j'aurais dû m'écarter de ces plaisirs-là.
08:41J'étais votre fille.
08:43Lui n'était qu'un paysan.
08:45Il était beaucoup plus âgé que moi aussi.
08:48Mais maman, croyez-moi,
08:50je n'ai pas rencontré de gentils hommes mieux élevés que lui,
08:53plus beaux que lui.
08:54Dominez sa passion.
08:56Voilà ce que la foi aurait dû t'enseigner.
08:58Je respecte la religion dans laquelle j'ai été élevée.
09:01Mais je mesure la puissance de mes sentiments.
09:04Il me jetterait dans le désespoir s'il ne me conduise pas au bonheur.
09:09Ce sera tout ou rien,
09:12que Dieu le veuille ou non.
09:14Non, il ne faut pas parler comme tu le fais, ma chérie.
09:16Nous avons trop besoin de Dieu.
09:18Surtout en ce moment, crois-moi.
09:20C'est grâce à lui que tu es là, que Victorien est sauvé.
09:23Il était menacé, je le sentais bien.
09:25Mais le voilà sauvé pour l'instant.
09:27Maman, je vous en supplie.
09:29Que se trame-t-il contre Victorien?
09:31Ta soeur a pu se rendre compte que ta passion
09:33jette le trouble dans toutes les nobles familles du comté.
09:35Mais qui en parle?
09:36Mais tous les baroués.
09:38Toutes leurs filles se réjouissent de tes exploits.
09:41Les bourgeois, le peuple des paysans t'approuvent, te soutiennent.
09:45Ça devrait être plutôt bon signe.
09:47Ma chérie, tu es l'instrument des pires ennemis de ta soeur,
09:50qui à la charge du comté ne l'oublie pas de sa paix, de son avenir.
09:57Alors pourquoi voulez-vous sauver Victorien?
10:01Parce que j'ai de l'estime pour lui.
10:05Ça t'étonne?
10:06Le contraire m'aurait surpris, je le vois.
10:09Et puis, parce qu'il n'est pas responsable
10:12de ce qui vous arrive à tous les deux.
10:14Certainement pas, en effet.
10:16Dans ton innocence, tu t'es déclarée à lui la première, n'est-ce pas?
10:19C'est exact?
10:21Tout à fait, oui.
10:23Lui ne se serait pas hasardé à une telle démarche.
10:26C'est un homme. Il a une expérience d'homme.
10:29Il a de l'honneur, ma mère.
10:31Heureusement.
10:33Ma fille, ma petite fille chérie, écoute-moi bien.
10:36Je peux t'être utile si tu m'aides.
10:40Autrement, je ne peux rien pour toi.
10:42Rien pour Victorien.
10:45Qui sera privé de sa liberté à jamais.
10:47Tu m'entends?
10:49À jamais.
10:52Je commence à comprendre.
10:53Comprends ce que tu veux, ma chérie.
10:55L'essentiel est que tu m'obéisses.
10:59Ce que je t'impose n'est pas une punition.
11:04Je vous obéis de tout mon cœur, maman.
11:07Et sachez que mon cœur est aux supplices.
11:11Mon enfant.
11:15Oh, excuse-moi.
11:18Il faut que je te parle maintenant de ton séjour à Haute-Revaux.
11:23Ma petite chérie, sais-tu que tu as beaucoup plu à Gustave?
11:45Verneau, Jacques?
11:54Oui, Aurore, qui est-il?
11:56Oh, je te réveille?
11:57Vous êtes malade?
11:59Pire que cela, Verneau.
12:01On m'étudie.
12:03On m'éduque.
12:05On m'éduque.
12:07On m'éduque.
12:09On m'éduque.
12:11On m'éduque.
12:12On m'éduque.
12:14On veut me tuer.
12:16Allons, allons, allons.
12:17Que se passe-t-il?
12:20Oh, vous avez vu votre mère?
12:23Oui, longuement.
12:25Très longuement.
12:26Presque toute la nuit.
12:28Mais votre mère ne peut vouloir que votre bien.
12:31C'est possible, mais elle me jette dans la gueule du loup.
12:35C'est un rayon entre vous, ou je serai seule.
12:38Verneau, c'est pire qu'une embuscade.
12:40Gustave.
12:41Gustave.
12:44Si c'est Gustave la gueule du loup.
12:46Oh, ne ris pas, Verneau.
12:49Ce sont nos mères qui sont dangereuses.
12:51Celle de Gustave est la mienne.
12:54La manœuvre est habile, je l'avoue.
12:57Gustave, je l'avais remarqué, n'était pas insensible à votre esprit.
13:01Et vous, pas indifférente à son cœur, je crois.
13:04Mais que vais-je faire entre vous toutes seules?
13:06Nous devons réfléchir.
13:08Je vais penser à l'attitude que vous devrez adopter.
13:11Une lame à l'ennemi.
13:17Tiens, je voulais te donner cette lettre.
13:20Que tu remettras à Victorien en même temps que le portrait que tu as fait de moi.
13:26Va te recoucher, ma bonne Verneau.
13:28Je ne m'en veux pas trop de t'avoir réveillée.
13:31Non, je reste.
13:33Je n'ai plus sommeil.
13:36Je vois trop dans quelle situation fâcheuse on veut vous précipiter.
13:41Aurore, moi aussi autrefois, j'ai eu des épreuves à surmonter.
13:52Je vais vous aider.
13:54Mon expérience vous servira, j'en suis sûre.
13:58Mais il n'y a pas un moment à perdre.
14:03Maman, vous aimez Aurore avec excès.
14:05Il ne faut pas dire cela, Agnès.
14:07J'aime Aurore autant que je t'aime, toi.
14:09Mais vous ne me comprenez pas. Je veux dire que vous êtes trop faible avec elle.
14:12Je ne le pense pas. Je la vois telle qu'elle est.
14:15Et comment la voyez-vous ?
14:17Aurore a 17 ans. Ce n'est plus une enfant, mais elle est encore moins d'être une femme.
14:22Elle rêve de le devenir et elle porte du sentiment à ceux qui la comprennent.
14:26Oui, c'est-à-dire à ce malin de Lyotardès qui a su l'envoûter.
14:29Jusqu'à preuve du contraire, je ne considère pas Lyotardès comme un intrigant ni comme un séducteur.
14:33Alors comment expliquez-vous sa conduite ?
14:35Lyotardès a de la fierté.
14:37Ton père et moi lui avions confié la garde d'Aurore quand elle était enfant.
14:40Il s'est acquitté de sa tâche avec souhait.
14:42Oui, avec un peu trop de souhait, ça me semble.
14:44Mais enfin, que reproche-t-on à Lyotardès ?
14:46Est-ce qu'il n'accomplit plus son travail de régisseur comme il faut ?
14:49Justement. Voilà sa perfidie.
14:51On n'a rien à lui reprocher de ce côté-là.
14:53Jamais les impôts ne sont entrés dans nos caisses avec autant de régularité.
14:57Et il joue les humbles, les modestes.
14:59Il déclare à qui veut l'entendre qu'on ne peut le châtier pour un crime de lèse-noblesse,
15:03dont il n'est pas responsable, après tout.
15:06Je le crois aussi.
15:09Aurore veut se persuader que Lyotardès a de la noblesse dans l'âme, sinon dans le sang.
15:14Mais le grave tient à ceci, ma mère,
15:16que l'opinion populaire brûle en faveur de Lyotardès et d'Aurore.
15:20On me juge passive, on m'accuse de négligence.
15:23Et c'est pour cela que vous avez pris la décision d'envoyer Lyotardès chez M. de Lafayette ?
15:29Oui, c'est exactement pour cela.
15:32En accord avec Gaétan, Clodomire, l'Espinasse, enfin tous.
15:37Et j'ai l'intention d'annoncer cette nouvelle à notre régisseur dès à présent.
15:41Et moi, c'est pour cela que je suis revenue de l'Anzac,
15:44avant même que vous ne le souhaitiez.
15:46Je craignais d'arriver trop tard.
15:48Car je veux annoncer moi-même cette décision à notre régisseur.
15:54Comment, ma mère ? Enfin, vous n'y pensez pas ?
15:57Lyotardès ne comprendra pas que ce soit vous.
16:00Je saurais me faire comprendre de Lyotardès.
16:04Sois sans crainte.
16:31Ces jeux vous semblent un peu périls.
16:34D'ailleurs, je partage votre avis.
16:36Vous ne me croyez pas obligée de me tenir compagnie, Gustave.
16:41Ma chère, ce n'est pas une obligation.
16:46C'est un plaisir.
16:48Et si j'osais dire toute ma pensée, c'est mon plus grand plaisir.
16:54Pourtant, une petite paysanne comme moi n'offre guère d'intérêt.
16:59Ror, si vous cherchez des compliments, vous allez en avoir.
17:06Vous êtes jolie.
17:08Très jolie.
17:11Élégante.
17:14Et même parfois coquette.
17:17Vous avez l'air à partie facile.
17:20Et puis, nous avons des goûts communs.
17:24Je peux vous renvoyer le compliment ?
17:28Vous êtes cultivé.
17:31Bel homme.
17:33Je vous trouve agréable.
17:36J'aime beaucoup votre compagnie.
17:43Impossible d'être tranquille cinq minutes.
17:46Ah, que le monde serait supportable sans les plaisirs et les distractions.
17:58Elle est insensée.
18:00Elle se laisse mener par sa mère, maintenant.
18:03Qu'est-ce que la douerrière vient faire ici ?
18:05De quoi se mêle-t-elle ?
18:07Clodemire, ma cousine, est une femme très adroite.
18:10De plus, elle connaît bien l'utadès.
18:12Elle saura le prendre par les sentiments.
18:14Personnellement, je trouve préférable que ce soit une personne d'un certain âge qui lui parle.
18:18Mais qu'est-ce que c'est que cette façon de prendre des gants avec un régisseur ?
18:21Ne vous en portez pas.
18:22Enfin, l'essentiel est que notre plan aboutisse, non ?
18:24Bon, alors ne compliquez pas les choses.
18:26Je viens de Paris et, croyez-moi, on n'y est pas très à l'aise.
18:28Oh, je croyais que tout y était pour le mieux dans le meilleur des mondes.
18:31Le roi s'amuse avec les serrures.
18:33La reine joue.
18:35Les dames sont entrées dans les loges de franc-maçonnerie
18:37et elles s'imaginent qu'elles vont faire de grandes choses pour le peuple.
18:40C'est bien ça, n'est-ce pas ?
18:41Oui, alors, si vous le voulez bien, laissons les dames à leur projet de réforme.
18:46Il ne reste qu'en nous battant en Amérique
18:48pour la liberté contre la tyrannie anglaise, nous aurons acquis le droit d'agir à notre retour.
18:52Je voudrais bien savoir de quelle manière.
18:54Comme disait le grand roi, on verra.
18:56On verra, on verra.
18:58On va attraper un mâle outre-Atlantique
19:00et ceux qui reviendront n'affecteront le royaume.
19:03La corruption gagne nos provinces.
19:05Les agents recruteurs se font en ce moment de belles commissions.
19:08Personne n'a rien touché sur le brevet du sous-lieutenant Liutades, que je sache.
19:12Merci, mon cher.
19:14À quand le départ du héros ?
19:16Pontieuse s'embarque à Brest dans deux ou trois semaines.
19:19Il faut donc hâter le départ de Liutades.
19:22Vous avez attendu pendant des mois et des mois avant de chercher une solution.
19:25Et maintenant...
19:26Louis Spouynas vous le confirmera.
19:28Il se prépare une sorte de protestation générale
19:30des électeurs d'éballage du comté en faveur de Liutades.
19:33Vous comprenez maintenant ce que Smanan entendait
19:35par ne pas se laisser manœuvrer comme un pion sur l'échiquier ?
19:38Eh bien, messieurs, nous devons jouer serré.
19:41En attendant, Rocamadour, c'est à vous de jouer.
19:45Oui, mais là, c'est beaucoup plus facile.
19:53Madame.
19:56Bonjour, Victorien.
20:06Victorien Liutades, vous savez pourquoi vous êtes ici ?
20:09Je sais, madame, que je dois me présenter à vous.
20:11L'accontesse a dû vous dire pourquoi.
20:13Mme Agnès nous m'a donné l'occasion de vous présenter.
20:16C'est bien.
20:18Je vous présente à vous.
20:19L'accontesse a dû vous dire pourquoi.
20:21Madame Agnès ne m'a donné aucun détail.
20:23Elle ne vous a pas parlé de votre situation au futur ?
20:26Non.
20:30Victorien, je vais vous parler en mère de famille.
20:33Vous êtes un homme, Victorien.
20:35Un homme courageux, je ne l'oublie pas.
20:37Vous avez été récompensé à juste raison par feu monsieur le comte
20:41qui vous avait accordé son estime et sa confiance.
20:47Je crois qu'il vous les retirerait aujourd'hui.
20:51Ma douleur à sa mort, le mariage de madame Agnès
20:55et l'attitude d'Aurore aussi ont permis un développement fâcheux
21:00de vos relations avec ma fille.
21:02Vous aimez votre mère, n'est-ce pas ?
21:05Oui, de toute mon âme.
21:07Aurore vous a admirée pour cela aussi.
21:11Asseyez-vous.
21:16Madame, j'aurais voulu pouvoir me confier à ma mère, je ne l'ai pas pu.
21:21Comprenez-moi.
21:23Ma mère a trop de respect pour la distance qui doit nous séparer,
21:26nous les paysans de nos seigneurs, nous ne sommes rien.
21:28Victorien, vous exagérez.
21:30Pas grand-chose.
21:31De bons serviteurs, vous appelez cela pas grand-chose ?
21:34Nous vous devons notre subsistance, nos maisons,
21:37notre sécurité, enfin notre existence quoi.
21:41Tu ne dois cela à quelqu'un.
21:43Les vassaux en sont redevables aux suzerains,
21:45le suzerain au prince, au roi.
21:48Adieu en définitive.
21:50Ma pauvre mère tremblerait si elle savait que je suis là,
21:52assis devant vous et non debout.
21:54Et pourtant, ce n'est pas un crime, n'est-ce pas ?
21:56Je vous l'ai demandé, Victorien.
21:58Eh bien, je vais vous dire ce que j'aurais voulu répondre à ma mère
22:00si elle avait osé me questionner.
22:03Eh bien, oui, j'aime Aurore.
22:06Je ressens pour elle un sentiment que je ne domine plus,
22:08c'est moi qui suis dominé.
22:10Nous avons donc raison.
22:12Et il est temps que nous vous écartions
22:14avant que vous ne perdiez votre netteté.
22:16Je vous jure, madame, que le premier mouvement est venu d'Aurore.
22:18Le premier mouvement ? J'espère que j'entends mal.
22:20Vous voulez dire le premier, la première parole.
22:22Oui, le premier mot, le premier geste.
22:24Mais, Victorien, vous m'effrayez.
22:26Je vous jure que le plus noble gentilhomme ne se serait pas conduit mieux
22:28que je ne me suis conduit.
22:29Mais expliquez-vous, voyons.
22:34Faut remonter au temps, mademoiselle.
22:36Oh, c'était une enfant.
22:38Et il ne s'agissait que de la surveiller à une époque
22:40où vous savez que les champs et les bois n'étaient pas sûrs.
22:42Je lui ai appris à connaître la nature.
22:44C'est avec moi qu'elle est devenue une bonne cavalière.
22:46Je répondais toujours à ses questions
22:48dans le sens d'une bonne éducation.
22:50Et les années ont passé,
22:52nous avons y habité sans vouloir.
22:54Vous n'auriez jamais dû en arriver là.
22:56Est-ce qu'on se rend compte du chemin
22:58que l'affection fait au cœur de chacun ?
23:00Nous avions du plaisir
23:02à parcourir les domaines ensemble.
23:04Je suis devenu son confident
23:06en tout bien, tout honneur.
23:08Rien d'imprudent.
23:10Jusqu'au jour où Aurore m'a déclaré...
23:14M. le Comte nous avait quittés.
23:16Mlle Agnès avait épousé M. le Baron du Gouffour
23:18et le petit Bertrand a été né.
23:20Que vous a déclaré Aurore ?
23:24C'est elle qui m'a déclaré sa flamme.
23:26Non, non, Victorien, vous vous êtes monté la tête.
23:28Déclarer sa flamme.
23:30Seriez-vous aussi romanesque
23:32qu'une adolescente de dix-sept ans
23:34qui a lu trop de livres ?
23:36Mais où avais-je donc les yeux
23:38pour ne rien voir ?
23:40J'aurais pu fuir, m'en aller sous n'importe quel prétexte
23:42ou simplement vous avant mon trouble.
23:44Ah oui, voilà ce que vous auriez dû faire.
23:46Mais justement, j'étais en plein trouble, madame.
23:48Je vous demande de me comprendre.
23:50Je me confie à vous de toute mon âme
23:52au risque de vous donner des arguments
23:54pour me perdre, pour me livrer à mes ennemis.
23:56Vous auriez dû me parler ainsi depuis longtemps.
23:58Madame, je vous le répète,
24:00il n'y a eu aucun geste,
24:02aucune parole entre Mlle Aurore et moi
24:04pour s'engager.
24:06Regardez-moi.
24:08Voyez votre humble serviteur comblé par les bienfaits de son maître.
24:10Vous l'avez bien mal récompensé.
24:14Eh bien, oui, madame.
24:18Oui, soudain, j'ai eu le bonheur d'être aimé.
24:20Votre devoir était de refuser.
24:22Oui, moi aussi je l'ai.
24:24C'est une chose tellement rare,
24:26tellement extraordinaire, tellement...
24:28Madame,
24:32j'ai l'audace de m'envanter ici devant vous,
24:34sa mère, au lieu de vous demander pardon.
24:39Relevez-vous, Victorien.
24:47Dites-moi ce que je dois faire, je vous obéirai.
24:51Mais de grâce.
24:53Ne me demandez pas de renoncer à la tondesse d'Aurore.
24:57Ce serait au-dessus de mes forces.
25:01Me croyez-vous ?
25:05Je vous crois, monsieur le régisseur.
25:09Et je vous pardonne.
25:12Je ne cherchais pas du tout à vous faire de la peine.
25:16À mon âge, on sait ce que sont les vrais souffrances.
25:19Asseyez-vous.
25:32Vous avez prouvé dans le passé
25:34que vous saviez vous conduire en homme courageux,
25:36en gentil homme.
25:38J'ai essayé, madame.
25:42Je ne suis pas le seul.
25:45Vous ne pouvez pas vous renier, vous trahir.
25:49Vous continuerez à l'avenir
25:51à vous conduire en homme courageux,
25:53en gentil homme.
25:58Par l'entremise de mon cousin Rocamadour,
26:00nous vous avons acheté un brevet de sous-lieutenant.
26:03Vous partirez pour les Amériques,
26:05dans les armées de monsieur de Lafayette.
26:08Et si je refuse ?
26:10Si vous refusez,
26:12c'est le couvent pour Aurore
26:16et la Bastille pour vous.
26:22Tu n'as pas encore vu Aurore, ce matin ?
26:24Non, pas encore.
26:31Je me demande ce qu'elle fait.
26:34Aurore, tu sais,
26:36j'ai l'impression qu'elle s'ennuie ici.
26:38Pourtant, nous faisons tout ce que nous pouvons pour la distraire.
26:41Il ne faut pas être grand clair
26:43pour se rendre compte qu'il lui manque quelque chose.
26:46Ou quelqu'un.
26:53Elle t'a fait des confidences.
26:55Si Aurore m'avait confié quelques secrets,
26:58je serais bien malvenue de la trahir.
27:04Je ne sais pas.
27:07Oui, tu as raison.
27:12Mais si je te posais cette question,
27:15c'est parce que je ressens pour Aurore
27:17autre chose que de la sympathie ou de l'amitié.
27:22Enfin, je ne vais pas jouer de la comédie avec toi, soyez enfant.
27:26Pour la première fois, je suis vraiment amoureux.
27:30Eh bien, moi aussi, je vais te parler en toute franchesse.
27:32D'abord, je ne sais rien de précis.
27:34Aurore ne m'a pas confié de secrets.
27:37Mais chaque fois que nous avons bavardé,
27:40j'ai bien senti qu'elle souffrait,
27:42qu'elle était malheureuse
27:45et qu'elle n'aspire qu'à une chose,
27:48retourner à Arrequista.
27:51Tu crois vraiment que ce serait pour rejoindre ce régisseur?
27:54Je ne le crois pas, j'en suis sûre.
27:57Mais je ne le crois pas.
27:59Je ne le crois pas, j'en suis sûre.
28:05A ton avis, je n'ai aucune chance.
28:09Il n'y a rien à faire.
28:17Tu ne pourrais pas m'aider, Élise?
28:20Bien sûr que je t'aiderai si je pouvais faire quelque chose.
28:22Mais comment?
28:25Va chercher l'eau.
28:29J'y vais.
28:50Oui, entrez.
28:55Bonjour, Aurore.
28:57Bonjour, madame. Il est tard, n'est-ce pas?
28:59Élise et Gustave vous ont attendu au petit-déjeuner.
29:01Oh, que je suis paresseuse.
29:03Élise aurait dû venir me faire sortir du lit.
29:05Elle en avait bien envie, mais c'est Gustave qui n'a pas voulu.
29:07Oh, qu'il est gentil, Gustave.
29:09Et moi, je me suis dit que vous étiez peut-être souffrante.
29:11Oh, pas le moins du monde.
29:13Vous savez, les mères sont ainsi, elles pensent toujours au pire.
29:15Bon, je vais dire qu'on vous apporte votre petit-déjeuner dans votre chambre.
29:17Oh non, ne faites rien, madame, je vous en prie.
29:19Pour une fois, je m'en passerai, ça ne sera pas à mal.
29:21Je vais vous laisser à votre toilette.
29:23J'irai rejoindre Élise dès que je serai prête.
29:25Elle est allée cueillir une brassée de fleurs.
29:27Il ne veut pas tarder à revenir.
29:29Aurore.
29:33Bonjour, Élise.
29:35Alors, paresseuse, on vous attend pour la promenade.
29:37Gustave s'inquiète.
29:39Votre mère aussi s'inquiète.
29:41Elle est près de moi. Je me prépare et je descends.
29:43A tout de suite.
29:45A tout de suite.
29:47Votre fils sait ce qui me fait plaisir.
29:49Il est tellement délicat.
29:51Je suis contente que vous appréciez mon fils.
29:53Son frère est né pour les ordres,
29:55mais lui, il est né pour le monde.
29:57Il a l'âme sensible, il est artiste.
29:59Il vous ressemble.
30:01Quand votre mère est passée ici,
30:03nous avons beaucoup parlé de vous deux.
30:05Je me prépare, si vous le permettez.
30:07C'est ça. Faites comme si j'étais votre mère.
30:09Dites, je ne vous dérange pas, au moins.
30:11Non, non, pas du tout, madame.
30:13Je ne vous dérange pas.
30:15Je ne vous dérange pas, au moins.
30:17Non, non, pas du tout, madame.
30:19J'ai beaucoup parlé avec votre mère.
30:21Nous avons cru deviner
30:23que...
30:25que Gustave ne vous déplaisait pas.
30:27Est-ce vrai?
30:29Oui, c'est vrai.
30:31Il a remarqué vos qualités.
30:33À son retour de l'Anzac,
30:35il n'a cessé de les vanter.
30:37Vous êtes à ses yeux une sorte de perfection.
30:39Je le crois bien indulgent.
30:41Indulgent ou pas, voilà son sentiment.
30:43Votre mère et moi,
30:45nous avons lâché l'abri de nos espérances.
30:47Nous avons façonné l'avenir.
30:51Rien ne s'oppose à ce que vous soyez un jour
30:53l'héritière de l'Anzac.
30:55Et de notre côté, nous envisageons
30:57une charge pour Gustave.
30:59Notre ami, monsieur Tzartin,
31:01le ministre de la Marine, nous y aidera.
31:03À moins que Gustave ne préfère
31:05la carrière des arbres, et dans ce cas,
31:07son père lui achètera un brevet de colonel.
31:09Qu'est-ce que vous préféreriez pour lui?
31:11Il est bien difficile de choisir.
31:13Le choix doit venir de lui.
31:15Mais tel que je connais Gustave,
31:17une charge à la cour me semble mieux appropriée.
31:19Oui, oui, je le pense aussi.
31:21Notre cousin Rocamadour pourrait s'intéresser à lui.
31:23Ah, très bonne idée, oui.
31:25La diplomatie se fierait à Gustave.
31:27Gaétan est très apprécié de monsieur de Vergennes.
31:29Et monsieur de Vergennes a la faveur du roi.
31:31J'ai entendu ma soeur le dire.
31:33Et il paraît même qu'il a signé
31:35un traité d'alliance avec les insurgents d'Amérique.
31:37Gustave pourrait très bien trouver une charge auprès de lui
31:39puisqu'il connaît la langue anglaise.
31:41Je vois qu'il a su se faire briller à vos yeux.
31:43Non, pas du tout.
31:45C'est venu tout naturellement dans notre conversation
31:47au sujet de mes études.
31:49Moi, je ne suis qu'une petite ignorante à côté de lui.
31:51Voulez-vous bien vous taire?
31:53On ne vit pas pendant des années auprès des maîtres de Régista
31:55sans acquérir de hautes connaissances.
31:57Et puis, vous avez lu tant et tant.
31:59Gustave a été ébloui.
32:01De cela, je suis certaine.
32:03Eh bien, voici Prêtre.
32:05Allez vite rejoindre votre cavalier.
32:07Je me sauve avec votre permission.
32:09Au revoir.
32:11Vous êtes ravissante.
32:35Bonjour, Madame Lutadas.
32:37Bonjour, Mademoiselle Vernoujac.
32:39Bonjour, Mademoiselle.
32:41Bonjour, Victorien.
32:43Je vous remercie d'avoir bien voulu venir.
32:45Tenez, asseyez-vous là.
33:05J'ai un grand service à vous demander.
33:23Faites tout ce que vous voudrez, Victorien.
33:25Vous n'ignorez pas
33:27qu'on m'expédie en Amérique
33:29avec probablement l'espoir
33:31que je n'en reviendrai pas.
33:33Oh, Victorien, c'est affreux.
33:35Comment ma petite Aurore
33:37va-t-elle réagir?
33:39Mais aussi, pourquoi avez-vous
33:41accepté de partir?
33:43J'ai eu, il y a quelque temps,
33:45une longue conversation
33:47avec Madame le Doirier.
33:49Ma première réaction a été de dire non.
33:51Mais alors, pourquoi?
33:53Je dois rendre hommage à Madame de Riquistan.
33:55Elle a été franche
33:57et ne m'a pas caché
33:59que si je refusais,
34:01ce serait le couvent pour Aurore
34:03et la Bastille pour moi.
34:05La Bastille?
34:07Mais vous n'êtes pas un criminel.
34:09Aimer, ce n'est pas un crime.
34:17Pour certains, c'est un crime, mademoiselle.
34:21Mais ce n'est pas par peur d'être embastillé
34:23que j'ai cédé, non.
34:27Je n'ai pensé qu'à Aurore.
34:29Je l'aime plus que ma vie.
34:31Et l'idée de la savoir enfermer à cause de moi
34:33m'est insupportable.
34:35Voilà pourquoi je pars.
34:37Vous me comprenez maintenant.
34:39Comment peut-on être aussi dur,
34:41aussi inhumain?
34:47Mademoiselle Vernoud-Jacques,
34:49j'ai espéré pendant un moment
34:51revoir Aurore.
34:53Je sais que je ne la reverrai pas
34:55avant de partir.
34:57C'est pourquoi
34:59je veux vous charger
35:01de lui remettre une lettre.
35:05Cette lettre,
35:07qui est peut-être
35:09une lettre d'adieu.
35:13Mon pauvre Victorien.
35:17Tout ce que je n'ai pas su écrire,
35:19j'aimerais que vous le lui fassiez comprendre.
35:23Je ne pars pas par la jetée.
35:25Il faut qu'elle prenne mon départ comme une preuve d'amour.
35:29J'aurais tellement voulu la revoir
35:31avant de partir.
35:47Victorien,
35:49moi aussi,
35:51autrefois,
35:53j'ai vécu des moments
35:55comme ceux que vous vivez en ce moment.
36:01Toujours les mêmes,
36:03ces chers aristocrates.
36:05Il n'y a que le sang
36:07qui compte.
36:11Comme si le nôtre était différent.
36:15Si Dieu me prête,
36:17vis-je au Victorien
36:19retarder votre départ?
36:21Non.
36:23Non, je tiens à être loyal
36:25envers Mme la Doirière.
36:27D'ailleurs, cela ne servirait à rien.
36:29Aurore ne pourra revenir
36:31à Riquistac lorsque je n'y serai plus.
36:35Comptez sur moi, Victorien.
36:39Je saurais entretenir dans le cœur d'Aurore
36:41l'amour qu'elle a pour vous.
36:51Sous-titrage MFP.
37:21J'adore cette musique.
37:23C'est qu'elle est vieille et entraînante.
37:27C'est la musique d'un être jeune.
37:29Mozart n'a pas trente ans.
37:51Jouez encore, Elise.
37:53Un air de ce monsieur Mozart.
37:55Voici un menuet qu'il a composé
37:57à l'âge de treize ans
37:59et qu'il a joué à Versailles.
38:01Il est donc venu à Paris?
38:03Oui, avec son père.
38:05Et il a été présenté à la cour.
38:07La cour aussi a ses bons côtés, Aurore.
38:09Si mademoiselle Aurore de Riquistac
38:11daigne me faire l'honneur.
38:15Elle daigne, monsieur Gustave, d'entre vous.
38:39C'est la musique d'un être jeune.
38:41C'est la musique d'un être jeune.
38:43C'est la musique d'un être jeune.
38:45C'est la musique d'un être jeune.
38:47C'est la musique d'un être jeune.
38:49C'est la musique d'un être jeune.
38:51C'est la musique d'un être jeune.
38:53C'est la musique d'un être jeune.
38:55C'est la musique d'un être jeune.
38:57C'est la musique d'un être jeune.
38:59C'est la musique d'un être jeune.
39:01C'est la musique d'un être jeune.
39:03C'est la musique d'un être jeune.
39:05C'est la musique d'un être jeune.
39:07C'est la musique d'un être jeune.
39:09C'est la musique d'un être jeune.
39:11C'est la musique d'un être jeune.
39:13C'est la musique d'un être jeune.
39:15C'est la musique d'un être jeune.
39:17C'est la musique d'un être jeune.
39:19C'est la musique d'un être jeune.
39:21C'est la musique d'un être jeune.
39:23C'est la musique d'un être jeune.
39:25C'est la musique d'un être jeune.
39:27C'est la musique d'un être jeune.
39:29C'est la musique d'un être jeune.
39:31C'est la musique d'un être jeune.
39:33C'est la musique d'un être jeune.
39:35La Musique dubonne
39:57Voici les nouvelles de Rekista.
39:59Pour moi?
40:00Pour tous.
40:02Votre mère nous invitation à accompagner vous.
40:03Eh bien, Ror, notre projet va pouvoir se réaliser.
40:06Vous vous en souvenez, lorsque nous sommes venus à l'ANZAC,
40:09nous avions décidé de suivre à cheval la voiture de ma mère.
40:12Ah oui, c'est vrai. Vous voulez mettre mes talents d'écuyer à l'épreuve.
40:16Eh bien, vous verrez.
41:04C'est une fameuse cavalière, Ror.
41:06C'est que j'ai eu un maître.
41:08Monsieur votre père, je crois, était un cavalier extraordinaire.
41:10Un cavalier extraordinaire, oui.
41:12Mais le galon ne l'intéressait pas, il m'en fallait en ce moment.
41:15À présent, je cherchais ce dimanche.
41:18En tout cas, vous avez bien profité des leçons de notre professeur.
41:21Je vous fais connaître.
41:23Pourquoi pas?
41:24Un de vos voisins?
41:27Ne serait-ce pas tout simplement le baron de Couffour, le mari de votre sœur?
41:30Il a une belle réputation.
41:32Ah non, vous n'y êtes pas. Mais alors, pas du tout.
41:35Ah, je devine. Votre cousin, Rocamadour.
41:39Non, ne cherchez pas. Ce n'est pas un gentilhomme.
41:43Vous m'intriguez.
41:45J'aimerais que vous me disiez qui vous a enseigné l'équitation.
41:48Oui, tout à l'heure, je vous ai vu enlever votre jument d'une façon remarquable pour lui faire sauter un petit mur.
41:53Ce n'est pas si facile.
41:56Eh bien, je vais tout vous dire, Gustave.
41:58Mon maître, c'est le régisseur de notre comté.
42:01Victorien Lyotardet.
42:03Tout ce que j'aime, je le tiens de lui.
42:05Quand j'étais petite, il a été l'enchanteur.
42:08Ma gouvernante, elle, m'a enseigné la musique, la lecture, les sciences.
42:12Vous la verrez, c'est une femme exceptionnelle.
42:15Mais Victorien, lui, m'a appris à connaître la nature.
42:20Grâce à lui, je sais regarder les étoiles,
42:23voir aux sauces,
42:25écouter chanter en moi des pensées, des idées,
42:28des rêves que je fais.
42:31Oui, oui, j'ai entendu dire beaucoup de bien de lui.
42:33Vous m'étonnez.
42:34On dit, je sais beaucoup de vilaines choses à son propos.
42:37Mais on se trompe, Gustave.
42:38Croyez-moi.
42:40Je vous crois.
42:44Oui, Victorien a vraiment été un maître pour moi.
42:47Il a su s'élever au-dessus de sa condition de paysan.
42:50Un vieux curé de chez nous lui avait appris à lire, à écrire, à compter.
42:54Il sait même un peu de latin.
42:56Mais c'est le hasard qui a fait de lui l'homme de confiance de mon père.
42:59L'année de ma naissance, une sorte de bête du gévaudan
43:02avait répandu la terreur sur toute notre région.
43:05Je le crois bien, ils en parlent encore.
43:07Victorien a été le libérateur.
43:10C'est pour le récompenser que mon père l'a nommé régisseur de ses domaines.
43:15Vous l'admirez.
43:17Tout le peuple l'admire.
43:21Et vous aussi.
43:23Je le comprends.
43:25Je le comprends.
43:27Oui, moi aussi.
43:31Les barons sont jaloux de sa popularité.
43:33Alors je vous le dis en confidence, Gustave.
43:35Moi, je le défends.
43:39C'est ce que les nobles du comté prennent pour de la passion.
43:41Qu'ils le prennent pour ce qu'ils veulent.
43:55Il ne faut pas que l'on décrive Gustave.
44:15Bonjour, papa.
44:16Bonjour, mademoiselle Laura.
44:24Bonjour.
44:42Ils ont chaud. Bouchonnez-les bien.
44:44Bien, monsieur.
44:45Soyez tranquille, Gustave.
44:46Portez le meilleur des palfreudiers.
44:49Bonjour.
44:50Vous n'êtes pas trop fatigué?
44:51Pas du tout.
44:52Je suis si contente de vous voir.
44:53Bonjour, mademoiselle.
44:54Bonjour.
44:55Bonjour, madame.
44:56Bonjour, Émilie.
44:57Oh, mademoiselle, on nous fait bien du souci.
44:59Nous avons reçu votre lettre et ça nous a fait très plaisir d'accompagner.
45:03Bonjour, maman.
45:04Ça fait si longtemps.
45:06Ma petite ronde.
45:08Je vais embrasser Verneau-Jacques.
45:09Oui.
45:12Bonjour, Gustave.
45:13Entrez, entrez.
45:14Je vous dis au revoir.
45:15Au revoir.
45:16Bonjour, Gustave.
45:17Entrez, entrez.
45:18Je vous dis de vous rafraîchir.
45:19Vous devez en avoir bien besoin après ce long voyage.
45:26Verneau!
45:27Verneau!
45:30Verneau!
45:34Je l'ai manqué.
45:38Oui, Victoria.
45:46Merci.
46:09Monsieur de Rocamadour m'a prouvé que la seule issue à notre amour était dans l'héroïsme.
46:17Une occasion comme celle qu'il m'offre ne se présentera pas deux fois.
46:23Je pars la mort dans l'âme.
46:26Mais si je meurs, ce sera au rore avec votre nom sur mes lèvres.
46:31J'espère pouvoir vous envoyer de mes nouvelles.
46:35Que la vie et l'amour vous gardent, mon cher cœur.
46:42Oh, Victoria, que j'ai peur.
46:46Que j'ai peur.
46:57Mademoiselle Vernejac peut me faire parvenir une lettre de vous
47:00en prenant le prétexte de me donner des nouvelles de ma mère.
47:04Vous saurez y glisser vos pensées.
47:07Il suffit de m'adresser un courrier par l'intermédiaire du ministère de la Marine.
47:11Le ministère saura comment nous trouver.
47:13Les volontaires comme moi auront droit à des égards.
47:33Et dans ce cas, pourquoi ne m'écririez-vous pas directement vous ?
47:38Seulement vous feriez recopier votre lettre par mademoiselle Vernejac
47:41qui signerait aussi à votre place.
47:44Ainsi, votre honneur serait sauf.
47:47Enfin, au rore, vous aurez le temps d'une longue réflexion.
47:52J'ai aussi chargé mademoiselle Vernejac de vous raconter par le menu
47:55les petites choses qui ont entouré mon départ.
47:59Moi, je n'ai voulu vous exprimer que mes sentiments.
48:12Qu'a-t-il dit, toi, Verne ?
48:15Il m'a dit que ce n'était pas par peur d'être embestillé qu'il partait.
48:21Qu'il n'a pensé qu'à vous, qu'il aime plus que sa vie.
48:26Et l'idée de vous avoir enfermé dans un couvent lui était insupportable.
48:31C'est pour cela qu'il est parti.
48:33Mais pourquoi ? Pourquoi ?
48:36Il a ajouté qu'il fallait que vous preniez son départ comme une preuve d'amour.
48:42Il aurait tellement voulu vous revoir avant son départ.
48:49Non ! Où allez-vous ?
48:51Oh, la lettre !
48:54Oh, la lettre !
48:57Oh, la lettre !
49:00Oh, la lettre !
49:03Oh, la lettre !
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