DB - 19-08-2024
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00:00Pour mettre fin aux relations d'Aurore et de Victorien,
00:04sa mère, la comtesse d'Huérrière, l'emmène dans sa propriété de l'Anzac.
00:08Un cousin de la d'Huérrière, Gaétan de Rocamadour,
00:11propose à Aurore un tabouret de demoiselles d'honneur auprès de la duchesse de Lambal.
00:15Aurore refuse avec véhémence.
00:18Gaétan comprend que sa mission a échoué et revient à Requista.
00:21Il propose à Agnès une autre solution,
00:24expédier Victorien, lieu Tadès, aux Amériques.
00:27Agnès est alléchée par cette proposition et décide de tenir sa mère au courant
00:30du départ éventuel de lieu Tadès.
00:33A l'annonce de cette nouvelle, la comtesse d'Huérrière revient à Requista
00:36après avoir laissé Aurore chez les d'Entrevaux.
00:39Après une entrevue avec Agnès, la d'Huérrière exige d'annoncer elle-même à Victorien
00:42les décisions qui ont été prises à son égard.
00:45Un brevet de sous-lieutenant a été acheté pour lui.
00:48Il doit partir rejoindre les armées de Lafayette.
00:51S'il refuse, ce sera le couvent pour Aurore et pour lui, la Bastille.
00:55Le matin, madame d'Entrevaux annonce à Aurore qu'elle la ramène à Requista.
00:58Dès son arrivée au château, Aurore s'étonne de ne pas voir Victorien.
01:01Elle monte dans sa chambre et là,
01:04mademoiselle Vernoujac, son institutrice, lui apprend que Victorien est parti.
01:07Elle lui remet une lettre de sa part.
01:10Aurore lit la lettre, puis s'effondre
01:13en proie au plus profond des espoirs.
01:25L'homme de la Bastille, Victorien,
01:30a reçu une lettre de sa part.
01:33Une lettre de sa part.
01:42Qu'a-t-il dit toi, Vernon ?
01:45Il m'a dit que ce n'était pas par peur d'être en Bastille et qu'il partait.
01:50Que ce n'était pas par peur d'être embestillé qu'il partait.
01:53Qu'il n'a pensé qu'à vous.
01:55Qu'il aime plus que sa vie.
01:59Et l'idée de vous avoir enfermé dans un couvent lui était insupportable.
02:03C'est pour cela qu'il est parti.
02:05Oh !
02:08Mais pourquoi ? Pourquoi ?
02:11Il a ajouté
02:14qu'il fallait que vous preniez son départ comme une preuve d'amour.
02:18Il aurait tellement voulu vous revoir avant son départ.
02:25Non ! Où allez-vous ?
02:27Oh, la lettre !
02:32Comment c'est toi, Aura ?
02:34Mais en voilà des manières ! Tu entres sans frapper, maintenant ?
02:36Agnès, vous êtes tous des lâches !
02:38Vous avez chassé Victorien d'une manière ignoble !
02:40Calme-toi, je t'en prie !
02:41Victorien n'a pas été chassé.
02:43Il est parti avec un brevet de sous-lieutenant que nous lui avons payé.
02:45Un cadeau empoisonné, oui !
02:48Mais il n'était pas obligé d'accepter.
02:50S'il n'acceptait pas, il savait très bien que vous n'auriez pas hésité à me jeter dans un couvent.
02:55Tu as bien de l'imagination.
02:57D'où tiens-tu cela ?
02:58Je le tiens de Victorien lui-même.
03:00De Victorien ? Il est parti depuis trois semaines.
03:05J'ai des alliés, moi aussi.
03:07Lesquels ? Sois franche !
03:09Ça ne te regarde pas.
03:11L'essentiel, c'est que tu le saches.
03:13Et que j'en aurai de plus en plus.
03:16Vous croyez aimer.
03:17Vous n'êtes que servie.
03:19Tu te conduis.
03:22Moi aussi, j'étais trop faible avec toi.
03:25A voir dans quel état tu es.
03:26Je me rends compte que j'ai eu raison de mettre un terme à cette ridicule histoire d'amour.
03:29Tu es chalouce parce que tu t'es mariée sans amour.
03:32Ton Claude-Emile a bien de moins de noblesse que moi, Victorien.
03:35Et Victorien, lui, au moins est courageux.
03:37Ton Claude-Emile ne pense qu'à trousser les filles de fer.
03:39Aurore, ça suffit !
03:40Non, ça ne suffit pas.
03:42Tu n'as pas pu supporter que je sois aimée.
03:44Tu me détestes.
03:46Mais pourquoi, puisque tu es la maîtresse des domaines
03:48et que tu as un fils pour te succéder ?
03:50Tu sais très bien que je me moque de la richesse et de votre héritage.
03:54Je n'ai qu'une ambition.
03:55Être heureuse avec l'homme que j'aime,
03:57que j'ai choisi et que je considère digne de moi.
04:07Inutile de nous agiter.
04:10Tu savais bien qu'un jour, on serait obligés d'en terminer avec cette aventure.
04:15Aurore,
04:17je sais ce que c'est que d'être gêne.
04:19Tu as eu un caprice, bon, n'en parlons plus.
04:22Ton Victorien ne sera pas perdu pour tout le monde.
04:25Agnès, ne le prends pas sur ce ton.
04:27Sinon, tu risques de changer brusquement mes décisions.
04:30Je ne discuterai pas.
04:32Ta situation ne m'appartient plus.
04:33Ce serait nouveau.
04:35Tu n'es donc plus la comtesse Agnès, maîtresse de Requista.
04:38Ma sœur consulte à présent.
04:40Petite inde !
04:42Ne m'oblige pas à être brutale avec toi, je n'en avais pas l'intention.
04:45Tu dois comprendre qu'une Requista ne se mésallie pas.
04:48Ton cas relève de notre conseil, il n'existe pas chez nous de maître absolu.
04:52Nous écoutons notre raison quand nos sentiments risquent de nous égarer.
04:55Agnès, ces belles phrases m'ennuient.
04:58Ce ne sont pas des phrases, mes paroles valent des actes.
05:00Pas de grands mots, je t'en prie. Nous sommes seules ici.
05:03Pas de trop petits mots non plus, parce qu'alors on ne sait plus ce qu'on dit.
05:07Nous sommes seules ?
05:08Est-ce que tu en es sûre ?
05:10Toi oui, mais moi ?
05:13Tu vas crier encore à la vanité, il vaut mieux que je me taise.
05:16Evidemment, tu préfères déballer ton linge sale devant les autres.
05:22Quel langage, ma pauvre petite !
05:25Tes fréquentations te font un bon vocabulaire, bravo !
05:31C'est donc tout ce que tu trouves à me dire pour justifier votre décision.
05:35Je n'aurai pas droit à quelques explications, moi la cadette.
05:39Je ne discuterai pas.
05:41Ton lieu d'adès est parti, puisse-t-il ne jamais revenir.
05:46Quand je pense que tu es ma sœur.
06:02Entrez.
06:04C'est moi, madame.
06:07Aurore n'est pas près de vous ?
06:09Non.
06:09Qu'est-ce qui se passe ?
06:12Quand elle a appris le départ de Victorien pour les Amériques, elle a été bouleversée.
06:16Oui, je sais, je n'aurais pas dû le lui apprendre, mais elle m'a tant pris cette question.
06:21Et puis tout à coup elle est partie comme une folle, j'ai pensé qu'elle était venue vers vous.
06:24Mais non, je ne l'ai pas vue.
06:30Où a-t-elle pu aller ? Qu'a-t-elle pu faire ?
06:32Elle ne vous a rien dit ?
06:34Rien, madame, je vous le répète, elle est partie comme une folle.
06:39Je l'ai trouvée nerveuse aussi quand elle est arrivée.
06:42Elle m'a embrassée et elle s'est sauvée en disant qu'elle montait chez vous.
06:48Madame, je suis inquiète.
06:51Il est difficile de deviner ce qui se passe dans un cœur que la passion domine.
06:56Mais vous croyez que c'est le départ de Victorien qui la bouleverse à ce point ?
06:59Je le crois, madame.
07:01Je crois aussi qu'Aurore est capable de faire une folie.
07:04Il faut la chercher partout, voyons, vite dans le château, dans le parc, allez, venez avec moi.
08:01Victorien !
08:32Victorien...
08:36Enfin, Annie, est-ce que c'est-il passé entre vous ?
08:38Qu'est-ce que tu as pu lui dire ?
08:39Mais enfin, demandez-moi plutôt ce qu'elle m'a dit, elle était comme folle !
08:43Ah, Borte, vous avez vu Mlle Laurent ?
08:45Mais oui, Mme Anne, vous allez venir aux écuries.
08:47Elle m'a fait sceller le cheval de M. Eliott Adès, elle est sortie.
08:50Mais... mais il faut faire quelque chose !
08:52Je vous le disais, c'était une folle !
08:53Bon, écoutez, écoutez, ne perdons pas de temps, la nuit va tomber, allons, on s'en recherche.
08:56Bon, nous irons chacun dans une direction différente.
08:58Vous, Couffour, qui connaissez le chemin, vous me direz par où il faut passer.
09:12Tu aurais dû accompagner le baron Hérocamadour.
09:18Je ne suis pas certain que ma présence ferait plaisir, or...
09:21Vous aviez pourtant l'air de vous entendre à merveille, tous les deux.
09:25Il faut passer aux apparences.
09:27Vous ne vous êtes pas querellé, au moins.
09:29Non.
09:31Mais tu avais raison.
09:33Aurore est follement éprise de son régisseur.
09:35Pauvre Gustave.
09:38Quand elle a appris qu'on l'avait expédié en Amérique...
09:40Elle a fait un caprice et elle se sera offert une promenade pour calmer ses nerfs.
09:43Mais tu es genre femme raisonnable, tu raisonnes froidement, quoi.
09:48Aurore a perdu la raison.
09:50Gustave, je connais le cœur de M. Hérocamadour.
09:53Gustave, je connais le cœur des jeunes filles.
09:56Aurore ne ressemble pas aux autres.
09:58Elle est entière.
09:59Et quand elle se donne, elle se donne totalement.
10:05Je l'aime comme je ne t'ai jamais aimée.
10:10Et puisque le sort a voulu que le lieutenant cède la place,
10:13j'ai voulu essayer de le faire oublier à Aurore.
10:15Il n'a pas cédé la place.
10:17On l'a forcée.
10:19Sarvion même la place est libre.
10:23Avec le temps, elle oubliera.
10:25Et alors peut-être j'aurai ma chance.
10:27Son cœur est bien pris, Gustave.
10:29Tu ferais mieux de renoncer.
10:31Repartons au plus vite pour entre vous, ce serait la sagesse.
10:35Je ne me sens pas sage du tout.
10:37Mais tu avais raison, Elise. J'aurais du moi aussi aller à la recherche d'Aurore.
10:40J'y vais.
10:53Au revoir.
11:24Madame !
11:27Madame.
11:28Mademoiselle Aurore est retrouvée.
11:30Où est-elle ?
11:31On l'a transportée dans sa chambre.
11:32Monsieur Adolphe d'Entremont est parti chercher un médecin.
11:35Mon Dieu.
11:37Ma petite Aurore.
11:41Excusez-moi.
11:42Je...
11:43Je...
11:44Je...
11:45Je...
11:46Je...
11:47Je...
11:48Je...
11:49Je...
11:50Je...
11:51Je...
11:52Excusez-moi.
11:53Je monte tout de suite.
12:04Quand je suis arrivé au bout de la prairie, j'ai aperçu un cheval à la lisière d'un bois.
12:07Quand je fuis près du cheval, j'ai vu Aurore, étendue auprès d'un buisson.
12:11Elle n'était pas évanouie, mais enfin elle ne pouvait pas bouger.
12:13J'ai tout de suite compris qu'elle devait avoir quelque chose de cassé.
12:16Elle t'a reconnu.
12:17Elle t'a parlé.
12:18Oui.
12:19Oui, mais enfin...
12:20Elle m'a réproduit avec le temps que vous lui connaissez.
12:21Ah, c'est vous. Vous auriez mieux fait de rester où vous étiez.
12:24Mais enfin, je me suis branché sur elle.
12:26Je lui ai demandé si elle souffrait, mais elle a répondu complètement à côté de la question.
12:36Aurore.
12:41Vous ne voyez pas que je suis morte ?
12:43Apparemment pas. Vous divaguez ?
12:46Non, je ne divague pas.
12:49Je suis venue ici pour mourir,
12:51mais je vois que j'ai mal choisi mon heure.
13:01J'ai eu beaucoup de mal à la hisser sur mon cheval.
13:03Jusqu'au château, elle n'a pas dit un mot, d'ailleurs.
13:05Elle gémissait simplement de temps en temps.
13:07Enfin, il n'y a que moindre mal.
13:10Une simple fracture de la jambe.
13:13Ce qui m'effraie, mon ami, c'est...
13:16c'est que cette chute a été voulue.
13:19Ma cousine, rassurez-vous, on ne renouvelle pas deux fois ce genre de tentative.
13:23Je suis coupable, Gaëtan.
13:25Je n'ai pas protégé ma fille comme c'était mon devoir.
13:30Je t'avoue que je la comprends.
13:33L'amour est le plus beau des sentiments.
13:38Et j'en ai la certitude.
13:40Victorien est mort hors d'un amour pur.
13:43S'il a accepté de partir comme nous l'y avons forcé, c'est par noblesse d'âme.
13:48Mais de quel droit, de quel droit empêcherions-nous deux êtres de s'aimer ?
13:52Vous n'y pensez pas.
13:55Vous détruisez notre société, tout simplement.
13:58La noblesse n'est pas seulement une question de cœur.
14:01C'est beaucoup plus sérieux.
14:03Toute une civilisation est fondée sur ce principe.
14:06Théorique, tout cela.
14:08Moi, je ne considère qu'une chose, le bonheur de ma fille.
14:11Son bonheur est de vivre avec Victorien et bien qu'elle l'épouse.
14:14Enfin, ma cousine, vous vous égarez complètement.
14:16Façon Jésus, vous êtes aussi la mère d'Agnès.
14:19Agnès, qui a la charge du comte, est d'ailleurs une charge énorme.
14:22Politique, sociale, religieuse.
14:24Et vous voulez vous dresser contre elle.
14:26Contre elle qui, en définitive, vous protège.
14:28Et par la même, sauvegarde de vrai bonheur d'Aurore.
14:31Enfin, ma cousine, vous ne sentez pas qu'il se passe dans le peuple des choses néfastes ?
14:35Et qu'un jour, ce seront tous les Victoriens du royaume qui jetteront bas ce que la noblesse a édifié ?
14:39Oui, oui, croyez-moi, c'est une affaire qui dépasse de loin le cadre de notre famille.
14:43Ne parlons pas le même langage, Gaétan.
14:45Toi, tu penses et tu parles en diplomate.
14:49Moi, je parle en mère.
14:52Qui est à la torture parce que sa fille souffre.
14:54Allons, ne dramatisons pas.
14:56Après tout, ce n'est qu'une simple fracture.
14:58Et pour tout le monde, ce sera un accident.
14:59Mais bien sûr, et dans trois mois.
15:01Aurore aura retrouvé l'usage de sa jambe et la maîtrise de son coeur.
15:05Puis-tu dire vrai ?
15:06Viens nous chercher près d'Aurore avec les entre vous.
15:09Très bien.
15:11Je vais aller les remplacer.
15:13Bonsoir.
15:14Bonsoir.
15:19Eh bien, demain, c'est moi qui irai tenir la jambe de notre jeune esservilé.
15:23Vous n'avez pas peur qu'elle vous reste dans la main ?
15:26Cofaut, vous êtes sauvetieux.
15:32Il paraît que notre régisseur revient au pays.
15:34Non, ce n'est pas vrai.
15:36Comment tu le sais ?
15:37C'est sa mère elle-même qui me l'a dit.
15:40Ça va en faire une histoire au château.
15:43Pour moi, ce ne serait pas une mauvaise chose que notre régisseur reprenne sa place.
15:48Oui, ce serait bien.
15:50Et vous savez pourquoi on l'a fait partir ?
16:05Je vous ai demandé de venir parce que j'ai reçu une lettre de mon cousin Rukamadou.
16:09Oui, il est question de Lyotardès.
16:11Il est mort ?
16:13Nous n'aurions pas cette chance.
16:15Lyotardès a été blessé.
16:17Dès le premier engagement.
16:19Avec son courage, on pouvait le prévoir.
16:22Mais il est mort.
16:24Il est mort.
16:26Il est mort.
16:28Il est mort.
16:30Il est mort.
16:32Il est mort.
16:34On l'a renvoyé en France avec le grade de capitaine et la croix de Saint-Louis.
16:39Que va-t-il faire ici ?
16:41Je l'ignore.
16:43Il apparaît-il une pension du roi à cause de sa blessure ?
16:46Il a donc été gravement atteint ?
16:48Je n'en sais pas davantage, ma mère.
16:50Tout ce que je sais, c'est qu'il revient.
16:53Il va falloir que nous préparions un ror.
16:56Ce retour nous met dans une situation difficile.
16:59Comment va-t-elle réagir ?
17:02Est-ce que la pitié ne va pas l'apporter à exagérer ses sentiments ?
17:07Regardons les choses en face, mesdames.
17:10Si Lyotardès revient au pays, ça n'est pas avec une jambe en moins.
17:13Peut-être ne restera-t-il à Reykista que le temps de régler ses petites affaires.
17:17Peut-être tient-il simplement à se montrer en uniforme.
17:20Capitaine, il n'y a tout de même pas de quoi éblouir les populations.
17:25Surtout quand on sait qui a payé les galons.
17:27Vous parlez pour ne rien dire.
17:28La situation est sérieuse et le retour de Lyotardès remet bien des choses en question.
17:33Il va falloir de nouveau éloigner Aurore.
17:36Il ne faut pas qu'il se revoie.
17:39Je ne crois pas que ce soit une bonne solution.
17:43Souvenez-vous, Aurore n'a pas hésité à attenter à sa vie
17:48lorsqu'elle a appris le départ de Lyotardès.
17:51En ce moment, je craindrais le pire.
17:54Je me range à l'avis d'Agnès.
17:56La situation est claire.
17:58Puisque Lyotardès revient, Aurore doit s'en aller.
18:01Non, je regrette, Clodomir. Je dois protéger Aurore.
18:04Et après tout, je me moque de la rigueur de vos barons.
18:06Ce n'est pas de leur fille qu'il s'agit, mais de la mienne.
18:08Il est évident que nous devons considérer les changements survenus dans la condition de Lyotardès.
18:13Vous parlez raisonnablement, Lespinasse, et je vous en sais gré.
18:17Mais vous savez que les gentilles armes seront irréductibles.
18:21Ma mère.
18:23Avez-vous une proposition à nous faire ?
18:25Hélas, non.
18:27Attendre, patienter, préparer Aurore et...
18:31Rocamadour ne donne pas de précisions quant au retour de ce...
18:34Non, mais d'après ce que je crois, ça ne saurait tarder.
18:38Il y a une personne que nous pourrions consulter.
18:40C'est Monseigneur de Saint-Flour.
18:42Sa grandeur va venir ici pour la fête annuelle.
18:45Nous pourrions consulter son nom.
18:47Sa grandeur va venir ici pour la fête annuelle.
18:50Nous pourrions l'entretenir de ce qui nous préoccupe.
18:52Et si Lyotardès revient avant ?
18:55Oui, il faut le prévoir.
18:57A mon avis, il faut réunir le conseil du comté, sans plus tarder.
19:00Oui, oui, voilà la bonne décision.
19:02Donnez-moi votre ordre, Agnès, et j'irai moi-même le porter immédiatement à Monseigneur.
19:13L'essentiel est de prendre Lyotardès de vitesse.
19:17Oui.
19:29Mes sentiments n'ont pas changé à l'égard de Victoria, mon père.
19:33Avez-vous revu M. Lyotardès depuis son retour au pays ?
19:37Je ne l'ai entrevue, mon père.
19:39Lui avez-vous parlé ?
19:41Non, mon père.
19:43Il ne sait donc rien de vos sentiments après cette longue séparation ?
19:47Non, mon père.
19:49De quelle manière a-t-il été informé ?
19:52Je lui ai fait passer un billet par Mlle Vernoujac.
19:54Et vous ne vous en accusez pas ?
19:56Accuser de quoi, mon père ? Je n'ai pas péché.
20:00Vous ne péchez pas contre Dieu, certes,
20:02mais vous persistez dans la rébellion contre votre famille.
20:06Et si ce n'est pas un péché, c'est tout de même une faute, une très grande faute.
20:09Enfin, mon père, vous connaissez le docteur Miller.
20:12C'est un homme droit, honnête, courageux, nous en avons eu la preuve.
20:16Il a été blessé et décoré pour sa bravoure.
20:20N'avons-nous pas le droit à nous aimer ?
20:25Enfin, mon père, il y a une chose que je ne comprends pas.
20:28Pourquoi cette haine, cet acharnement des gens de ma caste contre les petites gens ?
20:32Tous les hommes ne sont-ils pas frères ?
20:34Si, ma fille, en Jésus-Christ.
20:37Mais sur cette terre, les hommes ne se conduisent pas toujours chrétiennement, hélas.
20:44J'estime, moi, avoir agi en bonne chrétienne.
20:46Je lui ai crié parce que je voulais qu'il soit sûr de mes sentiments.
20:50Vous a-t-il répondu ?
20:52Oui, mon père.
20:53Par la même voie ?
20:55Oui, mon père.
20:57Je dois le rencontrer demain avant le conseil,
20:59où je le sais, on nous mettra en accusation.
21:02Et où le verrez-vous ?
21:04Dans le parc du château.
21:07Vous me semblez bien imprudente, ma fille.
21:09Si votre famille apprend...
21:11Ma mère est au courant.
21:12Elle m'a donné l'autorisation.
21:15Et vous, quelles sont vos intentions ?
21:21Je ne prendrai aucune décision avant d'avoir revu Victoria.
21:25Mademoiselle Aurore,
21:27il ne m'appartient pas de peser sur votre choix.
21:31Mais je vous demande, en grâce, au nom de feu, monsieur votre père,
21:36au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, surtout,
21:39d'un point cométant,
21:41d'un point de plus,
21:43d'un point de plus,
21:45d'un point de plus,
21:47d'un point de plus,
21:49d'un point de plus,
21:51d'un point de plus,
21:53d'un point cométant de faute contre vous-même.
21:57Oui, contre votre personne comme vous l'avez déjà tenté une fois.
22:02Vous ne me répondez pas, mademoiselle.
22:06Je vais vous répondre, mon père.
22:12Si je choisis de ne pas être avictorien, je serai plus courageuse qu'ancien temps.
22:19Me sera-t-il donc à jamais interdit d'être heureuse ?
22:23Remettez-vous de ce soin. Adieu, Mademoiselle Aurore.
23:23Mon père, je vous prie de refaiser la voie de mon conseil.
23:51Je vous écoute, Madame.
23:56Je m'accuse de poursuivre ma soeur d'une haine que je ne puis réprimer.
24:02Une haine, Madame ? Comment ce sentiment vous est-il venu ?
24:08À vrai dire, je ne sais pas. Insensiblement.
24:12Cherchez bien. Fouillez votre mémoire.
24:16Ma mémoire ?
24:17Votre soeur a cinq ans de moins que vous.
24:22Et quels étaient vos sentiments à son égard quand elle était encore enfant ?
24:26Je ne me préoccupais pas d'elle. Je menais avec mes parents la vie du monde.
24:32Elle restait dans les jupes de sa gouvernante.
24:37Mon père, je m'accuse de soupçonner Mlle Verneau-Jacques d'être pour beaucoup
24:42dans la passion qui a détourné Aurore de ses devoirs.
24:44De quelle manière ?
24:45Mlle Verneau-Jacques savait parfaitement que nous nous opposerions à cette union avec un croquant.
24:49Madame, puis-je vous prier de faire attention à vos expressions ?
24:54Pardon, mon père. Avec un paysan.
25:00À quel moment avez-vous commencé à haïr votre soeur ?
25:06Lorsqu'elle m'a laissé entendre qu'elle se plaisait dans la compagnie du régisseur.
25:11Cela se situe à quelle époque par rapport à la mort de M. Lecomte ?
25:17Pendant les derniers mois de sa maladie.
25:20Et vos parents, eux, n'ont pas réagi ?
25:24Vous savez, mon père, ils ne se sont aperçus de rien d'abord.
25:29Tout le monde avait confiance en Victorien Liottadès.
25:33On le tenait pour un héros pur et sans faiblesse.
25:36Parce qu'il avait tué la bête, vous vous en souvenez ?
25:38Si je m'en souviens, ça n'est pas si vieux.
25:41Alors moi, je savais que j'allais être amenée à prendre en main les affaires du comté.
25:47C'est là que je dois m'accuser surtout.
25:51J'ai éprouvé une joie maligne à penser que ma soeur s'en canaillait.
25:57Expliquez-vous, madame.
26:00Souhaitiez-vous, par exemple, que s'établissent des liens...
26:04plus intimes entre...
26:06mademoiselle Aurore et son séducteur ?
26:09Mais...
26:11Ah non, ma fille, non.
26:14Maintenant que vous êtes de sang-froid, vous devez pouvoir...
26:17Aurore est jolie.
26:19Beaucoup plus jolie que moi.
26:22Et à l'époque, c'était encore plus vrai que maintenant.
26:26Et j'observais qu'elle gagnait en beauté à mesure qu'elle avançait dans ses relations avec Liottadès.
26:30J'étais jalouse.
26:32Parce que...
26:33vous éprouviez un sentiment pour Liottadès.
26:38Ah non, mon père.
26:40Non.
26:42Enfin, qu'allez-vous supposer ?
26:45Non, je...
26:46J'étais jalouse parce qu'on me vantait la beauté de ma soeur.
26:50Sa grâce, son charme.
26:53Moi, je...
26:55Je...
26:56Sa grâce, son charme.
26:59Moi, je n'étais aux yeux des autres ni belle, ni gracieuse, ni charmante, mais...
27:05sérieuse, appliquée et froide.
27:10Oui.
27:11J'étais agacée, d'autant plus que mon mari me fut presque tout de suite infidèle.
27:16À cause de ma situation, je ne pouvais pas me plaindre.
27:19Je ne le devais pas.
27:22Et puis, j'avais un fils.
27:24C'était l'essentiel.
27:26Madame...
27:29Cette petite jalousie ne me semblait pas suffisante
27:33pour faire naître en votre cœur de la haine.
27:38Certes.
27:40La haine est venue après.
27:43Aurore, jeune fille, plaisait beaucoup aux gentils hommes.
27:46Mais elle refusait de se mêler à notre existence.
27:49Tous mes vassaux se déclaraient furieux.
27:51Ils disaient que j'acceptais que notre sang soit souillé.
27:55Mon père...
27:57Je me dois d'agir en qualité de chef de famille.
28:00Mais aussi en qualité de suzeraine.
28:02Dans le premier cas, ma sœur me bafoue.
28:05Dans le second, elle bafoue mes sujets.
28:08N'avez-vous jamais raisonné sur l'un et l'autre point ?
28:13Notre mère a mis en mouvement un système de découragement successif.
28:18Pourquoi n'avez-vous pas essayé du couvent ?
28:22Ma mère s'y est opposée.
28:24Aurore lui ressemble en bien des points.
28:27Et par tradition, les filles portées au pouvoir
28:29continuent de tenir compte des avis de la dorière.
28:33Et...
28:35Lyotardès ?
28:38Ah ! Monsieur de Lafayette nous a mis dans de beaux draps
28:41en projetant des manants sur le même pied que la noblesse.
28:43Capitaine !
28:45Avec sa croix de Saint-Louis, nos regards de haut.
28:48Sa présence ici est un scandale.
28:51Lyotardès est revenu tout naturellement voir sa mère.
28:55Pas seulement ça, mon père.
28:57Il est revenu montrer son uniforme,
28:59étaler sa poitrine et achever de séduire ma sœur.
29:04On dit qu'il a l'intention de l'enlever.
29:08On n'enlève pas une jeune fille.
29:10La propre sœur de la comtesse Agnès,
29:12quand on est roturier, comporte un uniforme de capitaine.
29:16Et sur cet uniforme, la croix de Saint-Louis.
29:19Son retour est un défi.
29:21Les électeurs des paillages ont réclamé son retour.
29:24Lyotardès est populaire.
29:27La gloire, même locale, ça compte.
29:31La voix du peuple enlève au retour du régisseur
29:34beaucoup du caractère de provocation que vous lui prêtez.
29:39Juste.
29:41Très juste, mon père.
29:45Je m'accuse à présent de la haine que je porte à ma sœur
29:49parce qu'elle est devenue glorieuse dans mes domaines
29:51pour combattre mon autorité.
29:54Le fait-elle réellement, madame?
29:57Non, pas encore.
29:59Mais elle le fera.
30:01C'est une supposition de votre part, n'est-ce pas, madame?
30:05Une supposition qui deviendra une réalité
30:07si je viens à disparaître.
30:09C'est elle qui aurait la régence.
30:12Vous voyez, mes enfants,
30:13ils vont à l'école du concubinage
30:15car elle n'abandonnera pas son idée d'épouser Lyotardès.
30:19Et vous savez que c'est impossible.
30:26Que dit madame votre mère de toutes ces choses?
30:30Que voulez-vous qu'elle dise?
30:32Elle cherche à défendre Aurore et ses biens naturels.
30:37Mais le grave, mon père,
30:39c'est que les paysans, les bailliers, les bourgeois
30:42sont favorables à cette union.
30:44Oh, qu'elles soufflaient pour nous, les maîtres.
30:47On se gosserait de nous si cela se faisait.
30:50Monseigneur de Saint-Flour interviendra, j'en suis sûr.
30:55Enfin, vous, mon père,
30:57qui entrez en communication avec nos âmes,
31:00ne pouvez-vous pas me dire ce que ma sœur a dans la sienne?
31:05Son âme est pure, madame.
31:07Si pure qu'elle a voulu mettre fin à ses jours.
31:11De la comédie, mon père.
31:15Son accident de cheval aurait pu être mortel.
31:18Rien ne nous prouve qu'il était volontaire.
31:21Madame,
31:22les changements de la société sont une chose,
31:26les sentiments qui doivent unir une famille
31:29en sont une autre.
31:31Ne vous dressez pas contre mademoiselle Aurore.
31:34Permettez,
31:36je mets votre esprit en garde.
31:39Dieu semble parfois abandonner les mortels
31:42et ceux-ci commettent alors des actions maudites.
31:45C'est pourquoi les écritures disent
31:47malheur à celui par qui le scandale arrive.
31:51Je vous en supplie,
31:53faites que cela n'arrive pas à Requista.
31:57Votre sœur n'a pas de colère.
32:00Son cœur a été blessé.
32:03Elle souffre.
32:05Au lieu de la détester,
32:08comblez-la de tendresse.
32:12Je vous donne l'absolution
32:14pour toutes vos fautes personnelles.
32:17Et prions.
32:36Madame la Comtesse de Requista.
32:43Monseigneur.
32:44Messieurs.
32:45Bien que ma mère, la Comtesse de Guerrière, soit absente,
32:48j'ordonne que les débats du conseil commencent.
32:55Messieurs, la présence à Requista du capitaine Victorien Lyotardès
32:59est un défi.
33:00C'est un défi.
33:01C'est un défi.
33:02C'est un défi.
33:03C'est un défi.
33:04C'est un défi.
33:05C'est un défi.
33:06C'est un défi.
33:07C'est un défi.
33:08C'est un défi.
33:09C'est un défi.
33:10C'est un défi.
33:11C'est un défi.
33:12Couffour, à l'assaut.
33:13Après vous, Lespinasse.
33:17Une brebis galeuse, d'abord on la tombe.
33:20Ensuite, on la sépare du troupeau.
33:22Messieurs,
33:23les écritures parlent autrement.
33:25Il y a aussi des brebis égarées.
33:27Monseigneur, celle-ci ne l'est pas.
33:29Qu'en pensez-vous, Couffour ?
33:31Pour sûr que non.
33:32Avez-vous par hasard sondé son cœur ?
33:34Dieu m'en garde.
33:35Mais le père Cortat a certainement des lumières sur ce point.
33:39Oui, mon père, vous en avez certainement.
33:41N'êtes-vous pas le confesseur de Mlle de Réquistat depuis des années ?
33:44Répondez, mon père.
33:46Le conseil vous interroge.
33:48Je ne puis révéler les secrets du confessionnal.
33:51Il n'y a pas de secrets pour le conseil que je sache.
33:53Messieurs,
33:54adressez-vous, je vous prie, à sa grandeur.
33:57Qu'en pensez-vous, Monseigneur ?
33:59Ce qui vient de la confession
34:01ne peut passer qu'à travers les grilles du confessionnal.
34:04Bien, Monseigneur.
34:05Notre dévouement inconditionnel dans le passé,
34:07ça serait de l'être si on nous tourne en ridicule.
34:10Va-t-on ici, comme à Paris,
34:11tracer des verges qui vont nous fouetter jusqu'au sang ?
34:14Est-ce une politique enfin établie qu'on aille négocier avec les coquins ?
34:17Des siècles de royauté vont-ils être balayés par quelques libelles de philosophes ?
34:21Devrons-nous flatter nos adversaires
34:23au lieu de nous soutenir les uns les autres ?
34:28On peut se poser la question.
34:30Vous vous égarez, Lespinasse.
34:32Sa grandeur demande à intervenir.
34:34Monsieur de Lespinasse,
34:36l'illustre Massillon prêchait pour inspirer la terreur.
34:39Mais son serment contenait toujours de bons conseils.
34:43Où sont les vôtres ?
34:44Les miens ? Oh, ils seront simples.
34:47Le conseil doit envoyer Mlle de Réquista au couvent.
34:52Et le régisseur imposteur en prison.
34:56Si on ne fait pas cela,
34:57qu'on ne compte plus sur moi pour lever les impôts.
35:01En vain, on appellerait les soldats du roi contre moi.
35:04Et nous emprisonnerions le capitaine.
35:06Pour quelle raison ?
35:08Peut-on savoir ce qui vous fait rire, monsieur ?
35:10Monseigneur vient de poser une question tellement innocente.
35:13Et l'innocence vous fait rire, vous ?
35:15Et vous, Lespinasse ?
35:16Vous vous rebellez contre votre suisse reine,
35:18mais pas contre Napolitaine.
35:19Et vous vous dites gentille.
35:20Et vous vous posez en défenseur des nobles traditions.
35:22Bravo.
35:23Je tiens Aurore pour une folle
35:25et Liotanès pour un criminel.
35:27L'amour est parfois une folie, monsieur.
35:29Jamais un crime.
35:35Tu vois, Victorien,
35:36bien le change dans la nature.
35:38Nos sentiments non plus n'ont pas changé.
35:40Et nos ennemis sont toujours là.
35:42Il faut se battre.
35:44Oui, nous battre.
35:50Depuis mon départ et là-bas,
35:52j'ai compris et vu bien des choses.
35:55Je me suis trouvé sur un pied d'égalité
35:57avec de jeunes aristocrates
35:59qui m'ont fait entrevoir de grandes évolutions.
36:01Peut-être même
36:03des bouleversements dans l'avenir.
36:06Le temps galope.
36:10Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire.
36:15C'est simple.
36:20Personne ne peut aujourd'hui nous aider
36:22à triompher des vieux préjugés.
36:26Et je ne peux pas.
36:29Et je ne dois pas rester ici.
36:32Je vais repartir pour Paris
36:33où j'ai maintenant des amis.
36:35Tu vas me quitter encore une fois, Victorien.
36:37Mais il le faut.
36:39Et je vais même plus loin.
36:42Il faut que tu déclares comme venant de toi
36:45que tu renonces à notre union.
36:51C'est toi, Victorien.
36:54Mon Victorien qui parle de renoncer.
36:56Mais comprends-moi bien, ma chérie.
36:58Il n'est pas question que je renonce à toi.
37:01Il faut que nos ennemis pensent qu'ils ont gagné.
37:03Ils se trompent.
37:05J'ai appris à ruser comme eux.
37:08Je reviendrai, Aurore.
37:10Je te supplie d'être patiente.
37:12Je te jure que tu seras à moi, à moi pour toujours.
37:15Et confiance.
37:18Nous allons souffrir encore, c'est certain.
37:20Mais pour mieux assurer notre bonheur.
37:27J'agirai comme tu le veux, Victorien.
37:30Je te jure de rester pure toute ma vie.
37:34J'en fais le serment.
37:40Mon amour.
37:57Nous allons décider ensemble
37:59que la déclaration qui sera lancée demain
38:01en quatre coins du comté.
38:10Madame la comtesse Doirière.
38:20Madame la comtesse Doirière.
38:27Madame la comtesse Doirière.
38:41En votre absence, madame, le conseil n'a pris aucune décision.
38:45Voulez-vous dire quelque chose tout de suite, ma mère ?
38:47Non, je souhaite former mon opinion d'après ce que j'entendrai ici.
38:51Nous demandons le cachot pour l'Ieutades.
38:53Si nous n'y prenons garde, l'imposteur créera bientôt
38:55vive la République.
38:56C'est la faute à Voltaire, monsieur de l'Espinasse.
38:58Et à Lafayette. Je le dis bien qu'il soit notre compatriote.
39:01Et en ce qui concerne notre famille, c'est aussi la faute à Rocamadour.
39:04Oh, je vous en prie, mon gendre.
39:06Laissez notre cousin Rocamadour tranquille.
39:08Il n'a jamais pris un parti contraire au nôtre.
39:10Merci, ma cousine.
39:11Oui, mais il s'est entremis pour procurer
39:13un brevet d'officier à votre régisseur.
39:15Cela faisait partie d'un plan, vous le savez fort bien.
39:17On aurait dû soumettre ce plan au conseil.
39:19Serait-il indiscret de savoir si ce plan a échoué ?
39:21Bien sûr, ce plan ridicule a échoué.
39:23Silence, Couffour.
39:24Mais non, ma fille.
39:26Qu'il vide sa poche de fiel,
39:28notre petit baron du Couffour,
39:30qui n'est ici que par ma grâce.
39:32Madame la comtesse, madame la douérière,
39:34je voudrais ramener le calme au conseil.
39:39Voici le régisseur devenu capitaine.
39:42Avons qu'il est beaucoup plus difficile d'agir
39:44contre un capitaine au service du roi.
39:46Monseigneur, cela n'est ainsi que parce que les choses
39:48n'ont pas tourné comme nous l'espérions.
39:49Nous aimerions avoir des explications.
39:51Nous savions, ma mère et moi-même,
39:53que Lyotardès ne manque pas de fierté.
39:55De vanité, plutôt.
39:56Raison de plus pour l'écarter des honneurs de l'armée.
39:58Laissez-moi répondre.
40:00Les électeurs des Bayages ont réclamé le retour de Lyotardès.
40:03Voilà ce que nous devons considérer comme un fait.
40:06Le moyen de sévir contre un homme
40:09qui a su garder l'amitié des paysans et des bourgeois,
40:13monsieur de l'Espinasse.
40:15La voilà bien, la maladie.
40:17La maladie contagieuse.
40:19Lyotardès est devenu contagieux.
40:20Et c'est cette vermine qu'on a élevée au grade de capitaine de Hussard.
40:24Ma mère, vous avez la parole.
40:27Ma fille, monseigneur, messieurs,
40:31je vous ai écoutés patiemment.
40:34Je ne vous cache pas que les paroles qui ont été prononcées
40:36sur le ton de la moquerie m'ont profondément blessée.
40:41Vous avez trop facilement oublié que vous parliez devant moi
40:43qui suis la mère d'Aurore.
40:46J'ai souffert pour ma fille
40:48et je souffre aussi pour Victorien Lyotardès.
40:50Ni l'un ni l'autre n'ont commis de fautes.
40:52Au contraire, ils ont en oubli leur amour.
40:56Je vais vous en donner la preuve.
40:58Aurore renonce à son projet d'épouser monsieur Lyotardès
41:03à condition...
41:04Voyez-vous ça, Agnès, on met des conditions.
41:06Continuez, ma mère, je vous en prie.
41:08Aurore veut qu'on ne lui conteste pas
41:10que c'est elle qui a pris cette décision.
41:12Que cela ne tienne.
41:14Voici la seconde condition.
41:16Aurore veut envoyer elle-même un message
41:19à tous ceux qui l'ont soutenu dans son épreuve.
41:21Ça, on voudrait bien savoir de quelle épreuve
41:23cette perronnelle a souffert.
41:25Plaignons-la.
41:26Ma mère veuillez nous dire quel est ce message.
41:28Je vais vous le lire.
41:30Nos messagers le porteront demain
41:32aux quatre coins de nos domaines.
41:35Moi, Aurore de Requista,
41:39je renonce à épouser le capitaine de Hussard,
41:41Victorien Lyotardès.
41:43Je lui conserve mon estime
41:45comme il me garde son amitié.
41:48Il ne dépendait pas de nous qu'il en fût autrement.
41:51Nous avons décidé de parcourir chacun notre chemin
41:55sans oublier que nous avons fait le serment
41:57de garder l'un de l'autre le souvenir fidèle
42:01dans l'honneur.
42:03Monseigneur.
42:05De toute mon âme, je prierai pour que la paix revienne
42:09et se maintienne dans le cœur de ceux qui souffrent.
42:12Je serai curieux de voir quel avenir nous réserve ces deux aventuriers,
42:16la pureté et la mer de toutes les folies.
42:20Monseigneur, messieurs, le conseil est terminé.
42:23Un mot encore, madame.
42:24Non, monsieur, j'ai dit que le conseil était terminé.
42:38Je m'en vais, Avernus. Le jour se lève.
42:43Que Dieu vous protège, ma chérie.
42:47Quant à moi, je me damnerai pour vous.
42:49Je le sais, ma Véronique.
42:51C'est pour ça que je t'aime.
43:03Tiens, je te laisse, mademoiselle.
43:12Au revoir.
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46:43Je t'aime, Victorie.
46:47Maman.
47:06Aie confiance.
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