• l’année dernière
Avec Jean-Marie Le Pen, ancien président du Front National.

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##LE_FACE_A_FACE-2023-10-26##

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News
Transcription
00:00 Sud Radio Bercoff dans tous ses états, midi 14h. André Bercoff.
00:05 - Eh bien, il y a deux jours, nous sommes allés chez lui, chez Jean-Marie Le Pen.
00:13 Jean-Marie Le Pen, on ne va pas le présenter, c'est, je ne dirais pas,
00:17 le dernier des grands Mohicans de la politique. Le manier, comment on l'appelait ?
00:22 Mais pour ceux qui le détestent, comme pour ceux qui l'adorent,
00:26 comme pour ceux qui sont indifférents, je rappelle qu'il est en politique depuis plus de 60 ans.
00:32 Il a 95 ans aujourd'hui, il a toute sa tête, il est là et il dit des choses,
00:38 mais avec beaucoup de recul et beaucoup de paix, je dirais, et de paisibilité, paisible.
00:44 Et puis, vous savez, il ne faut pas oublier que ce qui est quand même assez paradoxal,
00:52 c'est que ce qu'il disait il y a 20 ou 30 ans, et il faisait traiter de nazis, de fascistes, de ceci,
01:00 on est tous contre, etc. Eh bien, la moitié de la classe politique, que ce soit sur l'immigration,
01:07 la sécurité, etc., a repris ses paroles. Alors, certains s'en réjouissent, d'autres le déplorent,
01:14 et dans tous les sondages, on voit que plus de 50 à 60% des Français, y compris de gauche,
01:20 sont assez d'accord avec lui sur l'immigration, mais évidemment, on ne le dit pas.
01:24 Non, non, non, on n'est pas d'accord, on n'en a rien à faire, c'est ce qu'on pense aujourd'hui.
01:28 Intéressant, mais il le disait il y a 30 à 40 ans. Je ne dis pas qu'il a raison,
01:33 il y a beaucoup de choses qui m'éloignent énormément et très fortement de Jean-Marie Le Pen,
01:37 mais on est, je le rappelle, la radio libre et on écoute.
01:42 Et Jean-Marie Le Pen, avec tout le recul qu'il a, mérite largement d'être écoutée.
01:47 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face à face.
01:54 Jean-Marie Le Pen, bonjour et merci de nous recevoir chez vous.
02:00 Je voulais vraiment, depuis quelque temps déjà, faire un point avec vous de cette situation tout à fait étonnante.
02:10 Nous sommes en 2023, le monde est en train de basculer, on le voit, pour le meilleur ou pour le moins bon.
02:18 On voit ce qui se passe en Russie-Ukraine, on voit ce qui s'est passé avec le Covid,
02:24 on voit ce qui s'est passé en Arménie, aujourd'hui avec la guerre à Gaza, en Israël et ailleurs.
02:33 Et on voit ce qui se passe dans cette Europe en général et dans cette France en particulier,
02:39 où l'impression que nous avons, mais vous me direz, c'est qu'on est à la fois spectateur,
02:46 et je dirais un peu un spectateur passif et un peu décomposé.
02:50 Je voulais avoir votre sentiment là-dessus.
02:53 Oui, l'Europe est passive, en quelque sorte.
03:01 Les événements qui se déroulent tout naturellement dans l'histoire du monde ne la laissent pas indifférente,
03:13 mais ne l'impliquent pas toujours directement.
03:16 Oui. Et qu'est-ce qui explique, selon vous, cette passivité ?
03:22 Je crois que c'est l'affaiblissement progressif des différents gouvernements qui la composent.
03:29 En l'occurrence, il n'y a pas de gouvernement européen, il n'y a même pas d'entente européenne, on peut dire.
03:38 Et donc chacun tire de son bord assez modestement dans l'histoire du monde pour l'instant.
03:49 L'Europe joue un rôle modeste et malheureusement, probablement,
03:54 beaucoup plus de sujets ou de victimes que d'acteurs principaux.
04:01 Et spécifiquement en France, vous considérez que cette espèce de suggestion,
04:08 ou enfin de victimisation, je ne sais pas,
04:12 vous qui avez connu cette France qui était quand même considérée de façon quand même comme un acteur du monde,
04:20 qu'est-ce qui fait pour vous que nous sommes devenus spectateurs ? Et encore ?
04:25 Je crois que c'est l'affaiblissement général de nos forces, aussi bien politiques, militaires, syndicales, qu'autres.
04:41 Je pense qu'il y a un recul de l'influence européenne dans le monde
04:48 et que la France, en étant un des éléments principaux,
04:53 eh bien elle en est à la fois responsable et victime.
05:00 Effectivement. Et alors justement, vous, vous vous êtes battu depuis, allez, plus de 50 ans, on le sait, depuis bien avant,
05:08 pour non seulement une certaine idée, il faut le dire, de la France,
05:12 mais pour une France, et ce qui est très frappant aujourd'hui,
05:17 que les gens s'en réjouissent ou le déplorent,
05:19 mais beaucoup de gens, je vois, dans le personnel politique, même intellectuel, ou autres,
05:25 reprennent ce que vous aviez dit il y a 30-40 ans.
05:29 Je ne dirai pas mot pour mot, mais pas loin, il y a quand même quelque chose...
05:34 Comment ça vous fait réagir, quand vous entendez tel ou tel homme politique, ou leader politique,
05:41 ou intellectuel, ou autre, dire oui au fond,
05:45 "Ah, on aurait dû faire peut-être plus attention."
05:47 Oui, mais c'est un hommage posthume qui m'est rendu, en quelque sorte.
05:53 Posthume, posthume.
05:54 Je veux dire, un hommage passé.
05:59 Oui.
06:00 Je crois avoir été dans ma vie politique relativement lucide, en tous les cas,
06:08 tout à fait libre de penser et responsable de ce que je disais ou faisais,
06:15 mais que ce que j'ai dit a pu quelquefois choquer,
06:21 parce que, justement, mes dires étaient en avance sur la perception qu'en avaient mes contemporains.
06:30 Et il n'est pas toujours facile d'être un promoteur ou un ouvreur de route.
06:39 En tous les cas, c'est dangereux.
06:41 C'est dangereux.
06:43 Est-ce que, Jean-Marie Le Pen, est-ce que certaines choses que vous avez dites,
06:51 en fait, vous aviez aussi un goût de la provocation, ou pas ?
06:57 À peu près le moment où on énonce des vérités qui ne sont pas celles du commun,
07:06 on est toujours provocateur.
07:08 Je suis le provocateur de quelqu'un.
07:11 Non, je n'ai pas le sentiment.
07:13 Je ne le faisais pas pour cela,
07:15 encore que ça puisse être un procédé pour percer le barrage de l'indifférence.
07:23 Oui.
07:24 Eh oui.
07:25 Donc, il y avait ça et ça faisait partie de…
07:28 Mais je voulais savoir, qu'est-ce que vous avez senti ?
07:31 Une chose dont je me rappelle, et qui est…
07:35 L'histoire est intéressante.
07:38 En 1983, vous avez fait, je crois, corrigez-moi si je me trompe,
07:43 votre première grande émission,
07:45 en ce qu'on dit les Américains, le jargon, le prime time à la télévision,
07:51 dans l'heure de vérité, de François-Henri de Vérieux.
07:54 Oui.
07:54 Vous étiez passé, et ça avait fait une très grande impression, et après…
08:00 Est-ce que c'était bien la première fois
08:02 que vous passiez dans une émission de très grande audience,
08:06 où vous aviez déjà votre… ou pas ?
08:09 Je dois dire que je ne me souviens pas,
08:11 et que je n'inscris pas les différentes prestations que je fais dans un schéma…
08:18 Oui, bien sûr.
08:19 Non, pourquoi je vous dis ça ?
08:21 Je vais vous dire pourquoi pas, pour me resouvenir de l'émission de télévision.
08:26 Mais François Mitterrand avait, paraît-il, exigé,
08:30 c'était le service public, que vous passiez à une heure de grande écoute,
08:34 et pratiquement deux mois après, il crée SOS Racisme,
08:38 dans la tradition de dire "on va faire un peu l'équilibre".
08:42 Et quand vous avez senti qu'au fond, ce que vous faisiez vous,
08:48 il y a eu après le choc de 2002, mais on en reparlera,
08:51 quand vous avez senti que la France était en train de basculer dans quelque chose d'autre,
08:58 est-ce que c'est il y a 40 ans, ou est-ce que c'est plus haut, plus avant,
09:02 personnellement, vous-même ?
09:04 Je crois que c'est une évolution qui ne s'est pas démentie,
09:07 il n'y a pas eu d'accélération particulière.
09:13 Non, nous sommes dans un procédé de décadence
09:17 de la puissance politique, économique, morale,
09:25 et il y a des moments plus ou moins rapides,
09:31 mais imperceptibles, pour ainsi dire, au grand public.
09:35 Mais alors, est-ce que c'était inscrit ? Pourquoi, selon vous ?
09:38 Pourquoi cette décadence ? Pourquoi ce processus ?
09:41 Est-ce que c'était inscrit ? Est-ce que c'était inéluctable ?
09:44 Est-ce que c'était mectoube ? Ou pas ?
09:47 C'est l'usure des institutions, quelles qu'elles soient,
09:53 et des situations.
09:56 Elles sont mouvantes, les équilibres se modifient,
10:00 et elles ne dépendent généralement pas de nous.
10:07 Nous en sommes donc, par conséquent, les victimes.
10:12 Mais, quelles qu'elles soient, nous devons faire face,
10:18 et nous essayons de trouver des réponses
10:20 à des questions dont nous ne connaissons pas toujours l'intitulé.
10:24 Mais, vous, vous l'avez senti quand même,
10:26 puisque vous en parliez très tôt,
10:28 en tout cas, vous aviez pris position,
10:31 en disant, je me rappelle, votre Jeanne d'Arc "Sauve-nous".
10:34 Je veux dire, vous aviez pris position, en tout cas, en disant,
10:37 mais il faut casser ce processus, ou en tout cas, essayer de l'endiguer.
10:41 C'est ce que vous tisiez à maître prise.
10:45 Oui, je ne devais pas, dans ce domaine, changer d'idée.
10:49 Ma base de réflexion est principalement nationale.
10:56 Je considère, même si le mot a perdu de sa force,
11:02 que la nation reste un élément fondamental de la science politique.
11:08 Et donc, des éléments de détermination,
11:12 des volontés qui s'expriment.
11:18 Cela étant, je n'ai pas le sentiment
11:23 d'avoir été le promoteur de solutions particulièrement remarquables,
11:30 si ce n'est que d'apporter à chaque fois
11:33 la réponse que, tout naturellement, devaient donner
11:38 les institutions politiques de défense de la nation,
11:44 que je considère comme un élément fondamental de l'équilibre des sociétés.
11:50 Nous allons mettre une petite pause,
11:52 et nous en reprendre notre entretien avec Jean-Marie Le Pen.
11:57 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
12:01 le face à face.
12:03 Jean-Marie Le Pen, nous sommes toujours avec vous.
12:07 Et il y a une question que je voulais vous poser,
12:09 parce que vous avez traversé, je dirais,
12:13 une bonne partie du XXe siècle et une bonne partie du XXIe.
12:18 Et oui, et en fait, il y a quelque chose,
12:23 je voulais vraiment vous demander,
12:25 comment vous avez côtoyé le personnel politique,
12:30 pour ne parler que de celui-là, des années 50, 60, 70, etc., 80.
12:37 Nous sommes en 2020,
12:39 et quand vous regardez le personnel politique d'aujourd'hui,
12:42 pour ne parler que de la France, mais on pourrait aussi parler du reste,
12:45 comme vous voulez,
12:47 qu'est-ce que...
12:48 quand même, il y a quelque chose d'assez frappant sur les différences.
12:52 - Non, qu'est-ce qui vous paraît frappant, vous ?
12:54 - Ce qui me paraît frappant, c'est la baisse de niveau.
12:57 - Là ? - La baisse de niveau.
12:59 La baisse de niveau, de personnalité,
13:02 de stature, d'épaisseur, quand même.
13:05 - Oui, oui, oui, oui, oui.
13:08 Ceci est en effet un des signes du temps.
13:13 Euh...
13:15 La...
13:17 La vie politique,
13:19 si je... Cette formule est moins vivante
13:22 qu'elle ne l'a été en d'autres temps,
13:25 parce qu'aussi, notre capacité à agir, notre puissance
13:31 a diminué, a se relativisé.
13:34 Le rôle de la France en Europe et de l'Europe dans le monde
13:40 n'a pas augmenté, au contraire.
13:44 Et dans cette situation,
13:47 je dirais, d'attente
13:49 des événements, parce que
13:52 il y aura des événements
13:54 déterminants,
13:56 mais il y a de grandes chances qu'ils ne soient pas de notre fait.
14:00 - Mais vous pensez qu'il y aura des événements déterminants, on va en parler.
14:03 Oui, mais ça, écoutez, c'est une explication, mais ça ne suffit pas.
14:07 Qu'est-ce qui fait quand même, même si la France ou l'Europe a perdu de sa puissance,
14:12 c'est évident,
14:13 mais qu'est-ce qui fait que nous avions... Allez, je vais prendre des exemples et je ne vais pas vous citer à vous.
14:17 Enfin, qu'est-ce qui fait que nous sommes passés
14:21 de qu'on aime ou qu'on n'aime pas, de De Gaulle, d'un Mitterrand, et encore une fois, je ne fais aucune préférence politique,
14:28 d'un Pompidou, même d'un, je ne sais pas moi, d'un Pasqua,
14:33 allez, je ne vais pas les citer, à nos petits marquis d'aujourd'hui.
14:38 - Oui.
14:39 Je trouve rien que de très banal.
14:43 Sans doute,
14:47 les statures
14:49 sont dessinées
14:51 a posteriori.
14:53 C'est-à-dire que
14:58 chacun essaye d'y mettre
15:00 ce qui convient à son équilibre personnel.
15:04 - Ah. Vous pensez qu'on projette ?
15:07 - Je dois dire que la vie politique ne me surprend pas,
15:12 si ce n'est qu'elle s'inscrit
15:14 dans ce que je crois être, hélas,
15:16 une décadence de nos institutions,
15:20 de notre moral, de notre intelligence.
15:24 - Alors, je vous repose la question, Jean-Marie Le Pen,
15:27 cette décadence, elle est due à quoi ?
15:29 A la perte de puissance ? Elle est due à quoi ?
15:32 Parce qu'on ne décadence pas comme ça, si je peux me permettre.
15:37 - Oui, elle est certainement liée
15:40 à nos formules de
15:45 savoir,
15:47 c'est-à-dire d'éducation.
15:51 Je crois que
15:56 les différentes exigences
16:00 ont baissé de niveau
16:03 et que
16:06 on tolère maintenant beaucoup de faiblesses
16:09 que l'on n'aurait pas admises dans d'autres temps.
16:12 Cette espèce d'indulgence
16:15 à l'égard de l'effort, du travail,
16:22 des valeurs qui étaient, en quelque sorte, jusqu'ici,
16:27 exigées de tous les États et de tous les gouvernements,
16:31 c'est là qu'il y a, je pense, une différence.
16:36 La demande est à la faiblisse,
16:39 on se contente de peu.
16:44 - On est beaucoup moins exigeant. - C'est ça.
16:48 - Et donc, effectivement, il y a cette espèce de facilité qui règne, on le voit bien.
16:54 Et en même temps, est-ce que vous pensez toujours
16:58 qu'il y a cela ? Tout le monde le voit, beaucoup de monde le voit, c'est clair.
17:04 Est-ce que vous pensez aussi, pas pour employer des mots d'un certain général,
17:09 est-ce qu'il peut y avoir pour vous, ce pays que vous avez
17:13 toujours aimé, défendu, etc., est-ce qu'il peut y avoir un sursaut ?
17:17 Est-ce que c'est une pente inéluctable ou c'est quelque chose qui peut réagir ?
17:22 - Je pense que là, les éléments démographiques
17:28 jouent un rôle capital.
17:31 Nous sommes un petit pays, démographiquement,
17:36 et nous n'avons pas de réel dynamisme dans ce domaine.
17:42 Nous sommes donc conduits à des attitudes passives
17:49 qui correspondent aux forces qui sont les nôtres.
17:53 Le pays ne s'est pas renforcé dans le domaine de l'intelligence,
18:00 de la qualité de vie, de l'exigence morale.
18:10 Donc, nous allons de notre petit bonhomme de chemin,
18:14 en espérant que le ciel ne nous tombera pas sur la tête.
18:19 - Encore une minute, M. Le Bourreau ?
18:23 C'est un peu ça.
18:24 Oui, c'est pas très... Mais juste, alors vous demandez par rapport à ce qui se passe aujourd'hui,
18:30 parce que ça a été quand même un des moments forts de votre vie.
18:36 J'étais, il y a deux jours, aux 50 ans du cercle algérianiste,
18:42 qui se tenait à baiser, il y avait les Mouadems Ansal, les Malika Sorel,
18:47 et tous ceux qui parlaient de tout ce qui s'est passé, on ne revient pas là-dessus,
18:51 mais est-ce que vous pensez vraiment qu'aujourd'hui...
18:54 Alors, il y avait, je vous le résume, il y avait des gens qui disaient
18:57 "Si l'Algérie était française aujourd'hui,
19:00 ce serait quand même... l'affrontement des civilisations sera encore plus fort."
19:06 D'autres qui disent "Bon, c'est très bien que ça soit fait comme ça, mais le fait que par exemple,
19:12 quand vous entendez un président de la République qui dit "La colonisation était un crime contre l'humanité",
19:18 Emmanuel Macron en 2017 pendant sa campagne, quand vous entendez
19:22 que l'Algérie a effectivement interdit le français dans les écoles privées algériennes,
19:29 mais quand vous entendez aussi un Mouadem Ansal qui dit
19:32 "Mais quel dommage, ça a été un drame, cette histoire, parce qu'il y a une famille extrêmement importante
19:39 qui devait être là et qui est partie",
19:42 avec le recul 60 ans passé, aujourd'hui un peu plus de 60 ans,
19:47 vous le ressentez, vous le jugez comment ?
19:51 J'ai été de ceux qui pensaient qu'il y avait un avenir de développement
19:59 pratiquement sans limite pour la France à partir de sa plateforme nord-africaine
20:06 et de l'Algérie française en quelque sorte.
20:09 Et puis bon, j'ai déchanté de ce rêve et je me suis adapté moi aussi à la réalité banale
20:21 d'un pays qui survit dans sa grandeur, grandeur dont il n'est souvent pas responsable,
20:31 mais dont il est le bénéficiaire tout de même.
20:36 Que dire ? Je survis comme la plupart de mes compatriotes
20:43 à un grand rêve qui était celui d'une France occupant un rôle plus important dans l'histoire du monde.
20:54 Et je me résigne, enfin pour le moment, les événements peuvent eux-mêmes changer la donne,
21:00 car ce sont selon moi plus les événements que les hommes qui déterminent l'avenir des sociétés.
21:08 Et pour l'instant, ils ne sont pas favorables à une explosion de la puissance française.
21:20 Oui, si on regarde cela effectivement avec un oeil froid, je dirais, c'est vrai qu'on n'est pas très très encouragé.
21:31 Mais je reviens à ce que vous disiez par rapport à quelque chose qui est arrivé.
21:38 Je franchis, on ne fait pas une chronologie du tout.
21:41 Mais je voulais savoir qu'en 2002, vous êtes arrivé second aux élections présidentielles,
21:48 avec, je me rappelle très bien, les cris d'orfraie pour certains et de joie pour d'autres,
21:56 mais disant "mais c'est pas possible". Alors pour eux, c'était "ça y est, l'occupation arrive et tout",
22:01 et d'autres, les cris de joie.
22:04 Est-ce que très franchement, aujourd'hui, encore une fois avec le recul, ça fait 20 ans,
22:08 est-ce que vous y attendiez ? C'était quelque chose qui était dans le cadre, à l'époque, normal et devait venir ?
22:16 Oui, ça ne m'a pas étonné. C'était prévu, prévisible et prévu par nous. Donc ça n'a pas été surprenant.
22:26 Oui.
22:27 Et...
22:30 Seulement, avec la conviction aussi que les événements sont plus forts que les hommes,
22:37 et que nous ne manœuvrons contrairement à ce qu'on croit quelquefois, que sur une portion très légère de l'espace.
22:48 Très intéressant. Vous vous dites "la marge de manœuvre humaine est très étroite".
22:52 Pardon ?
22:52 La marge de manœuvre des hommes est très étroite.
22:55 Bien sûr.
22:56 C'est ça, c'est ce que vous dites.
22:57 Ça paraît évident.
23:00 Alors, on va faire une autre petite pause et on va reprendre, parce que c'est très intéressant d'avoir effectivement
23:09 ce recul que vous avez sur cette idée raire, tout à fait, d'ailleurs, exceptionnelle, il faut le dire.
23:15 Jean-Marie Le Pen, vous suivez l'actualité mondiale, etc. Vous regardez les journaux, enfin la télévision, etc.
23:29 Vous suivez tout cela, j'imagine, avec ou pas du tout.
23:33 Je suis un observateur que j'espère aviser, mais de connaissances modestes de la réalité.
23:43 Je n'ai pour me renseigner que les vecteurs habituels des citoyens, c'est-à-dire la radio, la télévision, les journaux.
23:55 Oui, bien sûr.
23:58 Et alors justement, parlons un peu, parce que je voudrais aborder cela, quand vous regardez ce qui se passe, l'actualité,
24:04 à travers le monde, à travers tout ce qui se dit, à travers...
24:07 Justement, je voudrais avoir votre avis, parce que vous êtes arrivés dans un monde où, effectivement, bon, la guerre,
24:15 vous êtes... Il y a eu 45, on sait ce qu'il y a eu après, la guerre froide, l'Amérique, l'URSS.
24:24 Ensuite, l'effondrement de l'URSS, avec la fin de l'histoire que prévoyaient certains, comme Fukushima, il disait "ça y est, l'histoire est finie, tout va aller bien".
24:35 Et puis, juste après, effectivement, le 11 septembre, ensuite, ce qu'il y a eu, toutes les guerres, etc.
24:44 La Russie-Ukraine aujourd'hui, et le basculement du monde avec les BRICS, avec la volonté de dé-dollariser le monde,
24:53 et avec, effectivement, la volonté de bâtir une alternative aux dollars et à l'Amérique. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
25:02 - Cela ne me transporte pas d'enthousiasme. Je suis observateur des événements politiques et de leur déroulement.
25:12 Et cela ne me surprenne pas outre mesure. La toute-puissance du dollar est mise en cause, mais elle l'est depuis longtemps.
25:22 Et, somme toute, elle n'a pas encore perdu sa guerre. Et je ne sais pas ce que l'avenir décidera de cela.
25:32 Et je me borne à constater ce qui se passe, à observer avec décontraction et relativement bienveillance les déroulements des événements,
25:45 en souhaitant qu'ils ne soient pas défavorables à mon pays. C'est le souhait que je puis faire.
25:53 - Mais, justement, revenons à la France et à l'Europe. Est-ce que, pour vous, l'euro, l'Union Européenne,
26:01 aujourd'hui quand même, on a 20 ans de recul avec l'euro, etc. ça a été une bonne chose ?
26:07 Ou les avantages importent sur les inconvénients et les bénéfices sur les risques ? Ou c'est le contraire ?
26:12 - Je crois que vouloir construire une Europe par-delà les nations et contre elle était nuisible.
26:23 Et donc, par conséquent, le déroulement, somme toute, banal de la vie, qui fait qu'on s'accommode des différentes situations,
26:35 fait que je constate que la France, dans l'Europe actuelle, joue un rôle qui est plutôt favorable,
26:47 à la fois à ses intérêts et, en général, aux intérêts de l'Europe elle-même.
26:52 - Donc, pour vous, c'est un point positif ?
26:56 - Somme toute, oui. Mais, en plus, si j'ose dire, on ne nous demande pas notre avis.
27:02 Nous sommes là des éléments acteurs involontaires de la vie publique.
27:13 Nous marchons avec notre temps. Et celui-ci n'est pas particulièrement défavorable, je dois le dire, pour la France,
27:22 qui essaye de sauver ses billes, avec assez de succès, je crois.
27:28 - Oui. Et donc, en fait, vous pensez que nous sommes plutôt pas mal lotis dans cette espèce d'évolution du monde ?
27:38 - Oui, somme toute. Le rôle de la France est reconnu comme un des éléments fondamentaux de l'évolution de la société humaine.
27:49 - Et alors, par rapport quand même, parce que vous en avez aussi beaucoup parlé, Jean-Marie Le Pen,
27:53 immigration, chômage, sécurité, insécurité. Quel est votre...
27:58 - Là, je suis beaucoup plus pessimiste. Je pense que l'Europe va être submergée par l'immigration d'origine africaine, probablement.
28:11 Et là, je crois que rien pour l'instant, en tout cas, n'est promu comme mesure de contrainte ou de règlement.
28:23 Et c'est très inquiétant, car nous risquons d'être submergés, humainement parlant.
28:29 - Tout à fait. Et donc, de ce point de vue, effectivement, c'est un vrai problème.
28:33 Mais là, justement, est-ce qu'il n'y a pas contradiction avec le fait qu'on dit "Bon, la France, voilà, bon, suit son chemin,
28:40 on est dans une plutôt positive, mais de l'autre côté, il y a tous ces dangers, comme ça, d'ailleurs, européens aussi,
28:47 et on ne sait pas où on va." Et vous vous dites "Bon, écoutez, c'est intéressant, parce que vous revenez à dire, et toujours,
28:54 les événements sont plus importants que les hommes." C'est ça. C'est-à-dire, ce sont eux qui modèlent, effectivement, notre avenir et tout.
29:02 C'est ce que je crois. Je crois que les événements sont plus importants que les hommes, même si, à certains moments,
29:11 certains hommes peuvent jouer un rôle capital par rapport aux événements eux-mêmes.
29:18 Mais je pense, tout de même, que l'évolution des temps conduit à un maintien du rôle de la France dans l'histoire du monde.
29:32 - Oui. Bah écoutez, espérons-le. En tout cas, je pense que tout le monde sera d'accord avec vous là-dessus.
29:37 Je vais vous demander, Jean-Marie Le Pen, dans votre vie, que vous ayez connu ou pas, quels sont les hommes ou les femmes,
29:44 politiques ou autres, il ne s'agit pas, que vous avez le plus soit admiré, soit qui vous ont concerné ou bouleversé.
29:52 Est-ce qu'il y a... Quelles sont les personnes, disons, vous avez quand même côtoyé énormément de monde,
29:58 vous avez rencontré énormément de monde, et rencontré ou pas, ça peut être des écrits ou des livres ou des œuvres
30:05 qui vous ont, vous, particulièrement touché, influencé ou concerné ?
30:11 - Tout un trac, comme ça, je dois vous dire qu'il m'est difficile de vous répondre.
30:17 Parce que, certainement, je suis comme tout le monde, le sujet de l'évolution des problèmes.
30:28 Mais pour autant, comme je ne suis pas de ceux qui en décident, je me bande à observer...
30:40 - Non mais, vous avez été décideur à un moment donné. Quand je dis décideur, ça veut dire que vous avez pesé,
30:47 sur, à la fois, l'opinion publique, sur les rapports... Vous avez toujours été, quand même, Jean-Marie Le Pen,
30:53 la personne avec laquelle on se démarquait ou on se marquait. Vous le savez très bien.
30:57 - Oui, c'est vrai. Mais ça n'était pas déterminant dans la marche, ni dans les pouvoirs.
31:06 J'étais un observateur, souvent critique d'ailleurs, de la situation politique et de l'avenir de notre pays.
31:16 Et je disais mon sentiment, appelant toujours à la vigilance et à l'effort,
31:28 qualité qui serait amoindrie, il faut le dire, dans l'histoire de notre temps.
31:36 - Oui, vigilance et effort, vous en parlez beaucoup et vous avez raison d'en parler,
31:43 parce que rien ne se fait sans effort et dans tous ces pays émergents, on voit très très bien ce qui se passe.
31:49 Juste un mot, est-ce que vous êtes concerné ou pas du tout par transition écologique,
31:56 environnement, qui a pris une place énorme ? Vous avez vu comment le nucléaire, à un moment donné,
32:01 on l'a presque mis de côté, enfin maintenant ce n'est plus le cas, parce qu'on disait "non, non, le nucléaire,
32:06 c'est quelque chose de très mauvais par rapport". Est-ce que vous, vos préoccupations, ça a été quelque chose
32:12 qui a joué ou pas du tout, maintenant avec le recul ?
32:15 - Oui, bien sûr que oui, je déconne ces éléments qui sont fondamentaux et en particulier ceux qui touchent l'énergie,
32:25 et son... ses sources, son contrôle, son coût.
32:32 Je pense que tous les hommes politiques responsables ont en présent à l'esprit les différentes constitutions
32:45 d'intérêts ou de groupements. Ça fait partie de l'évolution du temps, ça fait partie de la vie des nations,
32:58 et comme tel, ça justifie l'attention évidente des dirigeants ou de ceux qui souhaitent l'être.
33:08 - Et vous, par exemple, justement, vous avez été... vous êtes né dans le pays breton, si je ne m'abuse.
33:16 - Oui. - Est-ce que c'est quelque chose qui a toujours été important, je veux dire...
33:22 Parce que, il y a eu, vous savez, quand l'écologie est devenue politique,
33:31 est-ce que c'est quelque chose, vous avez vu croître le mouvement écologiste, qui est devenu aujourd'hui un parti, etc.
33:38 C'est quelque chose que vous considérez que l'écologie n'appartient-elle pas à tout le monde,
33:44 et pas à telle ou telle ou telle mouvance politique ?
33:47 - Non, mais je pense qu'il y a eu un enchelous de l'écologie par la gauche, qui est tout à fait injustifié.
33:59 Moi, je le considère tout naturellement comme un écologiste naturel,
34:05 c'est-à-dire un défenseur des équilibres harmonieux d'une société.
34:11 Et je crois que je ne me démentirais pas en disant que la France, somme toute, est restée relativement modérée et équilibrée dans ce domaine.
34:31 - Oui, qu'elle n'ait pas allé vers des excès, vous voulez dire.
34:35 Et juste un mot, on va reprendre et on va finir quand même sur le culturel et la culture.
34:43 On va en parler tout de suite après cette petite pause.
34:47 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face à face.
34:53 Jean-Marie Le Pen aussi, il faut le dire, là je voulais parler, quand je parle culture, je parle des mots,
34:57 vous avez quand même, on peut le dire, vous êtes parmi les hommes politiques qui avez le goût du français, le goût du français bien dit et le goût du français bien écrit.
35:07 Même vos adversaires les plus récalcitrants et les plus résolus vous le reconnaissent.
35:15 Et vous avez aussi, après, le goût de la formule, quelquefois la formule à la porte-pièce,
35:21 alors qui déplait à certains, qui plaît à d'autres, mais c'est quoi ? C'est votre goût, ça a toujours été, d'avoir une sens de la formule comme ça qui sort ?
35:29 - Oui, c'est instructif, en l'occurrence.
35:33 On émet une pensée et soit on la contrôle, soit on la laisse libre et soit on la contraint.
35:47 Et moi je suis un homme de liberté et si j'ai pu rendre quelques services, justement, c'est de dire les choses telles que je les voyais,
35:57 telles que je les ressentais, même si elles paraissaient choquantes comme c'est normal,
36:05 chaque fois qu'une idée nouvelle ou apparentée à la nouveauté est produite.
36:15 Non, j'ai vécu, j'ai survécu, puis dire, avec une bonne formation de base, j'ai eu cette chance.
36:31 - C'est quoi cette formation de base ? Jean-Marie Le Pen, c'était quoi ?
36:35 - C'est un collège chez les jésuites, à Vannes, une formation très classique, à base de travail, d'effort, de discipline,
36:50 toutes vertus qui sont amoindries dans le courant des siècles, du siècle.
36:58 Des siècles, il y en a eu deux.
37:01 - Ah, c'est pas mal, mais effectivement. Et vous dites que ça c'est la culture qui vous a vraiment fait ce que vous êtes.
37:08 - Oui, je pense que c'est l'apprentissage du latin, du grec, des pensées anciennes,
37:22 donc la relative valeur des opinions selon les moments historiques,
37:33 tout cela contribuait à former l'honnête homme, en quelque sorte, l'honnête homme du 21e siècle.
37:44 - Et oui, l'homme de la Renaissance, enfin, dans tout cas, si on peut dire cela.
37:50 Mais en même temps, Jean-Marie Le Pen, c'est intéressant parce que la politique, en tout cas, la famille,
37:58 que ce soit votre fille ou votre petite-fille, elles sont extrêmement présentes.
38:04 Mais c'est intéressant, c'est-à-dire que vous, en tout cas, vous êtes un arbre, quel que soit ce qu'on peut penser, qui a porté des fruits.
38:13 - Bien sûr, mais ils ne les maîtrisent pas. Mais ils s'en réjouissent d'ailleurs.
38:20 Je considère qu'ils sont plutôt flatteurs pour l'arbre de...
38:28 - Pour le chêne !
38:31 - Et je ne fais pas d'illusion sur la trace que nous laissons dans l'histoire du monde.
38:42 - Est-ce que vous êtes comme Giscard d'Estaing qui disait "la postérité ne gardera aucune image de moi" ?
38:50 Est-ce que vous pensez ça de vous ?
38:53 - Non, je pense que le fait d'avoir été contesté sera probablement la plus sûre garantie que mon nom ne sera pas tout à fait oublié.
39:06 - Oui, c'est vrai, c'est-à-dire que vous n'avez laissé personne indifférent, en tout cas, on peut le dire.
39:17 - Je me contente du peu.
39:20 - Le peu, le peu... Vous avez en tout cas, vous avez fait, vous avez tracé, vous avez fait...
39:28 Alors, dernière chose, je ne veux pas vous redemander, les gens ou les écrivains que vous aimez, etc.
39:33 Mais est-ce que vous pensez qu'un pays, c'est d'abord, entre autres, c'est d'abord sa langue,
39:40 mais la maîtrise de la langue est vraiment l'une des conditions d'être français, et je dis français puisque nous sommes en France.
39:48 Est-ce que c'est la langue le plus important pour vous ? Est-ce que c'est la mémoire ? Est-ce que c'est l'identité ?
39:54 Qu'est-ce qui est pour vous constitutif ? Et c'est ma dernière question d'un pays.
39:59 - Je ne sais pas l'ensemble de ces valeurs, mais il est bien évident que la langue est capitale.
40:06 Parce que d'abord, le capital intellectuel, moral, psychologique que contient la langue
40:21 est en fait une poutre maîtresse de l'édifice de la pensée.
40:28 Et c'est ça que les français sont d'abord des gens qui parlent le français ou l'écrivent.
40:37 Et que si eux apportent des modifications à l'état de cette langue,
40:46 elle-même modifie l'état des psychologies de ceux qui s'en servent.
40:53 Et le fait de parler le français, de le bien connaître, de l'étudier,
41:01 sont des éléments fondamentaux de notre forme de civilisation.
41:07 - Et donc l'écriture inclusive, ce n'est pas quelque chose qui vous attire beaucoup ?
41:14 On est mis les points, les E, les S, vous savez, je ne sais pas,
41:19 c'est suivi ces polémiques sur la cancel culture, sur le woke, sur le genre, etc.
41:24 - Oui, non. Je suis assez classique dans ce domaine-là.
41:29 - D'accord, oui. Ce n'est pas vraiment quelque chose qui vous attire ?
41:32 - Non. - D'accord. Merci beaucoup Jean-Marie.
41:34 - Vous m'en prie.

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