"C’est la recherche de sens qui motive mes actions" - Marie-Christine Dupuis-Danon - Destins de Femmes

  • l’année dernière
Judith Beller reçoit Marie-Christine Dupuis-Danon, spécialiste des questions de gouvernance financière et de finance criminelle.

"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.

Une émission de Judith Beller.

Merci au Groupe Connect Travail Temporaire !

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##DESTINS_DE_FEMMES-2023-11-11##

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00:00 Le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire.
00:03 Rejoignez les 35 agences du groupe Connect pour des opportunités de carrière partout en France.
00:08 Le groupe Connect présente...
00:10 Sud Radio, Destin de Femmes, 14h, 14h30, Judith Beller.
00:16 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Destin de Femmes sur Sud Radio, votre rendez-vous du samedi à 14h avec les femmes françaises qui sont hors du commun, connues ou pas, tous-tils confondues.
00:26 Celle qui tisse le lien républicain, c'est une émission tirée du livre au même titre de Valérie Pérez-Hénouchi qui est sortie chez Ramsey.
00:33 Dans Destin de Femmes aujourd'hui, vous allez découvrir le destin de la spécialiste de la criminalité financière, auteur et coach de dirigeant à la tête de son cabinet de conseil C3Com, Marie-Christine Dupuis-Danon.
00:45 Une femme qui a donc non seulement percé dans un domaine exigeant mais qui a aussi dédié sa vie à la défense de la justice financière et à l'autonomisation, pardonnez-moi, des leaders d'aujourd'hui et de demain.
00:56 Autant vous dire, chers auditeurs, un vrai destin de femme comme on les aime sur Sud Radio. Bienvenue Marie-Christine Dupuis-Danon.
01:01 - Merci Judith. - Avec plaisir.
01:03 Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
01:06 Alors pour commencer Marie-Christine Dupuis-Danon, les quatre questions que je pose à toutes les invitées de Destin de Femmes et que je prends plaisir à vous poser vous aussi.
01:13 La première, quel destin de quelle femme vous inspire le plus ?
01:17 J'ai nourri un imaginaire de l'ailleurs, un imaginaire du voyage, un imaginaire de l'exploration qui correspond assez bien je pense à un tempérament de curiosité pour les autres.
01:29 Alors les femmes qui m'ont inspirée quand j'étais adolescente, c'était les grandes voyageuses, les grandes exploratrices, celles qui ne se contentaient pas de ce qu'on pouvait leur dire du monde mais qui allaient le voir par elles-mêmes et qui en ont témoigné.
01:42 Elles ont vraiment été des sources d'inspiration et...
01:46 - Vous pensez à qui en particulier alors ?
01:48 - J'avais vu Out of Africa à 15 ans, comment résister à Myriam Streep.
01:54 - Elle est irrésistible en général.
01:57 - Et non, plaisanterie à part, oui une femme comme Karen Blixen mais aussi Isabelle Eberhardt, Alexandra Davindel, toutes ces femmes qui ont été à la découverte des choses...
02:09 - Qui ont pas eu le temps de se confronter à l'immensité quoi.
02:11 - Qui se sont confrontées à elles-mêmes en se confrontant à l'immensité.
02:15 - Bien sûr.
02:16 - Et qui ont eu cette envie d'approcher le monde dans sa diversité en allant à la rencontre de l'autre, en allant l'écouter, en allant l'observer.
02:28 C'est une chose aujourd'hui où le monde est fini et presque totalement connu, c'est une chose qui manque peut-être de cultiver.
02:36 - On a des cieux à découvrir maintenant quoi, mais c'est vrai qu'il y a moins de monde là-haut.
02:39 - On a beaucoup de choses à découvrir sur Terre pourvu qu'on sache se mettre en position d'accueillir l'autre, de l'écouter, de donner du temps pour ça.
02:50 - Et ça c'est ce qui manque un peu à l'humanité quoi.
02:52 - L'humanité manque peut-être, en tout cas l'Occident manque peut-être de cette humilité là que ces femmes avaient chevillées au corps.
03:00 En même temps que beaucoup d'audace, de courage, de bravoure, autant de vertu que personnellement j'admire beaucoup.
03:07 - Alors quel a été votre plus grand succès selon vous, Christine ?
03:12 - Alors déjà le mot succès, j'ai un petit problème avec le mot succès.
03:15 - Votre plus grande réussite ?
03:16 - Je préfère réussite parce que succès ça a quelque chose d'éphémère.
03:19 Vous faites, c'est un succès, c'est pas un succès.
03:21 Et finalement quand les années passent et qu'on a l'âge que j'ai, c'est pas tant les succès qui comptent que ce que l'on a inscrit dans une trajectoire.
03:32 Donc une forme de réussite et peut-être en ce qui me concerne, une forme de réussite que je me reconnais,
03:41 c'est d'avoir fait des choix en intégrité avec mes valeurs profondes, avec ce que je comprenais d'une situation à un moment donné,
03:50 qui a pu évoluer dans le temps, mais d'avoir toujours écouté cette voix, cette fibre intérieure,
03:59 d'être restée dans une forme d'alignement, de droiture, à l'écoute de mon intuition, à l'écoute de mon cœur,
04:06 et de ne pas avoir cédé à des sirènes ou des injonctions.
04:10 - À quoi vous avez pu céder ?
04:12 - On vous dit toujours, il y a beaucoup de gens qui donnent des conseils, fais pas ci pour ta carrière, fais pas ça, ça risque de te nuire.
04:19 Et je vais vous donner un exemple concret, quand mes enfants sont arrivés, j'avais une trajectoire professionnelle très, très, très successfoule.
04:28 Mais j'avais envie de prendre le temps d'accueillir ces maternités, et je l'ai fait avec l'intuition qui me disait que je pourrais reprendre...
04:39 - Vous commencez à travailler ensuite.
04:41 - Parce que ce que j'apportais était une singularité de regard, d'analyse, et que ça, ça ne partirait pas.
04:47 - Et puis ça n'a pas pris d'avoir pris le temps pour vos enfants non plus, en fait.
04:51 - C'était un vrai choix, mais pour moi ça s'imposait, et effectivement ce qui avait permis que j'arrive là où j'étais, au moment où la maternité est arrivée,
05:01 je l'ai retrouvé, peut-être encore enrichi d'autres nuances, d'autres subtilités.
05:07 - Et alors votre plus grande déception, Marie-Christine, depuis Dana ?
05:11 - Alors, j'ai un fonctionnement très autonome, en fait.
05:15 - Vous êtes rarement déçue du coup, par vous-même ?
05:19 - Par moi-même, si ça a pu m'arriver. Je suis rarement déçue par les autres parce que je n'attends pas de l'extérieur.
05:24 Je prends les choses qui se présentent comme elles arrivent et j'essaye d'en faire quelque chose.
05:29 J'essaye d'apporter une transformation, d'apporter une forme de valeur ajoutée.
05:33 Alors plus jeune, oui, plus jeune, j'étais constamment déçue par moi-même.
05:37 J'étais victime ou malade d'une forme de perfectionnisme que j'ai appris à...
05:45 - A détendre, hein ?
05:47 - A détendre, que j'ai appris à reconnaître, à diagnostiquer et donc à mettre à sa juste place.
05:54 Il peut y avoir une voix ou une petite voix qui me dit "non, t'as pas été assez" ou "t'as été trop" ou "c'était pas bien".
05:59 - Mais c'est un conseil que vous donneriez, ça, aux femmes, par exemple, de ne pas trop faire attention à ce qu'on leur envoie en général
06:07 et de s'écouter elles-mêmes dans les chemins qu'elles ont décidé de prendre ?
06:11 - C'est toujours une chose précieuse d'apprendre à s'écouter.
06:15 Et c'est vrai que beaucoup des femmes que j'ai pu accompagner ou avec qui j'ai pu m'entretenir en profondeur,
06:24 quel que soit leur parcours professionnel, leur parcours personnel et leur réussite,
06:32 sont des femmes qui ont pu être dans le doute, dans le questionnement et dans ce qui est bien connu...
06:38 - Le syndrome de l'imposteur ?
06:40 - Le syndrome de l'imposteur !
06:41 - On l'a tous vu, ou toutes, pardon !
06:43 - C'est quelqu'un qui arrive à un moment donné et qui vous dit "non, qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas assez, tu n'es pas assez de travailler !"
06:49 - "Tu es en train de réussir, ma zut ! Comment t'as fait ?"
06:51 - Il faut y avoir un malentendu !
06:53 - Et alors, votre plus grande joie, quand même ?
06:55 - Alors, je suis évidemment toujours dans la joie et le bonheur très profond quand je suis entourée d'amour et d'amitié.
07:05 Je suis quelqu'un pour qui l'amitié tient une place immense dans ma vie.
07:11 - Vous n'avez pas peur d'être déçue, pour le coup ?
07:13 - Non. Comme une vie, ça n'est pas une trajectoire rectiligne, il y a des hauts, il y a des bas.
07:18 Dans ce que chacun traverse humainement, les amis, la famille, l'amour, c'est fondamental.
07:25 Mais au-delà de ça, la joie que je peux éprouver, et ça, elle revient constamment et c'est un vrai moteur,
07:33 c'est à chaque fois que je vais me lancer dans une aventure nouvelle, à chaque fois que je vais faire quelque chose hors des sentiers battus,
07:38 que je vais un petit peu me décaler, cette espèce de frisson de la curiosité, juste avant d'aller dans le vide.
07:45 Là, j'ai une joie qui monte.
07:50 Ça peut être accompagné de trac, ça peut être accompagné même de peur.
07:54 Je me souviens avoir sauté en parachute et ne pas en avoir dormi.
07:58 - Vous allez loin, quand même.
07:59 - Oui, je veux comprendre.
08:01 Quand je dis que j'ai cette curiosité, je l'ai réellement.
08:04 Je la mets en pratique et pour quelqu'un qui a le vertige, ce n'était pas forcément très naturel.
08:09 Mais au moment de sauter, la joie monte en moi, réellement.
08:16 - D'accord.
08:17 - Quand je me lance dans le vide.
08:18 - Ça rend joyeux de sauter en parachute. Je ne suis pas sûre que ça me ferait le même effet.
08:22 - Alors Marie-Christine, depuis d'un an, vous êtes un des soutiens historiques du projet Destins de Femmes.
08:28 C'est important.
08:29 C'est un projet auquel vous avez adhéré très rapidement auprès de Valérie Pérez-Énouchien qui est l'auteur.
08:34 Ce projet est devenu cette émission.
08:36 C'est aussi une pièce de théâtre qui est tirée des témoignages.
08:39 Pourquoi ce projet plutôt qu'un autre ?
08:41 Dans les projets féministes, il y en a des centaines.
08:44 Pourquoi est-ce que vous avez eu envie de soutenir ce projet en particulier ?
08:47 - Parce que c'est une rencontre avec Valérie, avec l'auteur, l'autrice,
08:54 qui a porté vraiment cette vision de donner la parole à des femmes sans voix
08:59 et qui l'a tellement incarnée et qui s'est tellement battue
09:03 pour que le livre et puis la pièce puissent exister,
09:08 que c'était une évidence de pouvoir contribuer à la place qui était la mienne.
09:15 - Puis elle a aussi une façon plus liante d'aborder le féminisme,
09:18 parce que le féminisme n'est pas forcément contre les hommes et ça c'est très important dans son discours.
09:22 - C'est fondamental et c'est aussi une vision du féminisme
09:26 sur laquelle je suis complètement en adéquation avec elle.
09:30 C'est-à-dire que pour moi, c'est permettre à la femme de trouver sa place et de s'y épanouir.
09:35 Ce n'est pas un combat contre l'autre sexe, c'est un combat pour et avec
09:41 et dans une forme d'équilibre.
09:44 - On ne peut rien faire s'il n'y a pas d'équilibre de toute façon, clairement.
09:48 - C'est la quête d'une vie l'équilibre, et chacun a le sien.
09:51 Chaque société, chaque culture, chaque organisation doit trouver la sienne
09:56 qui n'est pas constante dans le temps, qui évolue.
09:58 Il faut suffisamment d'humanité, suffisamment d'écoute et d'amour de l'autre
10:04 pour accepter de marcher sur ce fil d'équilibre.
10:08 - Est-ce que vous pensez que les témoignages de femmes et les histoires personnelles
10:12 qui sont partagées dans ce livre, "Destin de femmes",
10:15 peuvent inspirer et informer le public sur les enjeux qui sont liés à l'égalité des sexes ?
10:20 Pardon, c'était un joli lapsus.
10:22 Et surtout à l'autonomisation des femmes en tant que telles.
10:26 Qu'est-ce que ça peut changer, ces textes ?
10:29 - Ces textes parlent à la première personne du singulier.
10:34 C'est Valérie qui a prêté sa plume à des femmes qui racontent leur destin
10:42 et qui le racontent en l'incarnant intimement, qu'ils l'offrent.
10:50 Et je vous disais, toute l'importance de se décentrer pour voir les choses
10:56 à travers le regard de l'autre.
10:58 Et quelle meilleure prise de conscience que de glisser dans la peau de ces femmes
11:04 qui pour la plupart ont des destins épouvantablement difficiles
11:08 pour réveiller ou pour cultiver cette empathie profonde
11:16 qui naît immanquablement à la lecture de ces témoignages
11:21 et pouvoir mesurer les défis terribles qui sont les leurs dans la maternité,
11:27 dans le mariage, dans l'exercice de leur vocation professionnelle.
11:33 - Ce dont on se rend compte, c'est qu'on soit au Laos, au Soudan ou en Belgique,
11:39 il y a quand même des problématiques communes à toutes ces femmes
11:41 et des situations un peu répétitives, qui sont plus ou moins graves
11:46 en fonction de l'endroit où elles se trouvent.
11:48 Mais il y a quand même une problématique commune à toutes les femmes de la planète.
11:52 C'est ça qu'on voit dans l'écriture de l'épidème.
11:54 - On voit des femmes qui sont dans des environnements
11:57 où le droit ne protège pas le faible, mais le droit est mis au service du fort.
12:02 Donc de l'homme et du patriarcat qui se reproduit.
12:07 Et là, on mesure la chance que nous avons, nous, d'être nées et d'avoir grandi dans des états de droit.
12:14 Où même si les choses ne sont pas parfaites,
12:16 la protection des libertés fondamentales est assurée.
12:20 Et ces femmes, oui, sont confrontées à ce que c'est que d'être femme.
12:23 Ce qui vient après l'enfantement, ce qui vient après la maternité,
12:29 la relation à l'enfant comme enjeu de pouvoir,
12:32 comme instrument d'aliénation,
12:36 leur vie dans leur corps de femme, leur féminité, leur sexualité.
12:42 Toutes ces choses qui sont absolument universelles,
12:46 mais qui ne sont pas vécues de la même façon.
12:48 Selon que vous soyez dans un environnement qui va reconnaître, protéger
12:53 et laisser une place à l'épanouissement de cela.
12:56 Ou un environnement qui au contraire va prendre chacune de ces étapes de la vie d'une femme
13:00 pour l'écraser, la dominer, la soumettre.
13:03 Et très rapidement, quand vous voyez que les grandes démocraties occidentales comme aux Etats-Unis,
13:07 il y a un recul par exemple du droit à l'avortement,
13:09 est-ce que vous ne pensez pas qu'on est quand même dans une période un peu compliquée
13:12 où on ne sait pas très bien quel chemin on prend quand la démocratie remet en question ce genre de droit ?
13:17 Je trouve ça absolument terrifiant.
13:19 Mais on pourrait débattre de savoir si les Etats-Unis sont encore...
13:22 Une démocratie ?
13:23 Oui, puisque le système juridique américain fait que ces acquis des droits des femmes
13:32 sont remis en question par une petite minorité qui est très politisée
13:37 et sous l'emprise d'une forme d'extrémisme religieux.
13:42 On est bien en France quand même.
13:44 Restez avec nous, pardonnez-moi chers auditeurs,
13:46 j'ai la voix un peu cassée aujourd'hui, vous l'aurez entendu sur Sud Radio.
13:49 On est pour Destin de Femmes avec la spécialiste de la criminalité financière.
13:53 D'ailleurs on va en parler.
13:54 Auteur et coach de dirigeant à la tête du cabinet de conseil C3Com,
13:58 Marie-Christine Dupuis, Danon, à tout de suite.
14:17 Destin de Femmes sur Sud Radio, c'est l'émission consacrée aux femmes extraordinaires
14:21 qui tissent le serail de notre République française.
14:23 Avec aujourd'hui pour vous la spécialiste de la criminalité financière,
14:26 auteur et coach de dirigeant, Marie-Christine Dupuis, Danon.
14:29 Alors Marie-Christine Dupuis, Danon, je le disais,
14:31 vous êtes donc une spécialiste des questions de gouvernance financière, de finances criminelles.
14:35 Vous avez conseillé de nombreux gouvernements,
14:37 notamment sur la gestion de leurs finances.
14:39 Vous avez développé aussi le programme mondial de lutte contre le blanchiment des capitaux
14:44 à l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
14:46 Vous avez un sacré pédigree.
14:48 Moi ça m'impressionne en le lisant.
14:50 Alors évidemment, on va venir, là on va moins rigoler,
14:53 quelques mots sur l'actualité en cours en Israël,
14:56 suite à l'attaque des terroristes du Hamas.
15:00 A quelle mesure, pensez-vous, Marie-Christine Dupuis, Danon,
15:04 que la communauté internationale devrait prendre
15:06 pour que ce type de mouvements, il n'y a pas que le Hamas,
15:09 il y en a beaucoup des mouvements extrémistes, terroristes sur Terre,
15:12 comment est-ce qu'on peut faire pour couper les financements
15:15 ou les empêcher d'être financés, ces gens-là ?
15:17 Le dispositif existe juridiquement.
15:20 Il y a une convention des Nations Unies qui date de 1999,
15:24 qui n'était pas rentrée en vigueur avant le 11 septembre,
15:27 parce que ça n'avait pas mobilisé les gouvernements.
15:29 En fait, pour qu'une convention universelle entre en vigueur,
15:32 il faut qu'il y ait un nombre de pays qui la signent et qui la ratifient.
15:35 Ça ne reste pas l'être morte.
15:37 Et donc, avant le 11 septembre, il ne s'était pas passé grand-chose.
15:39 Après le 11 septembre, une grosse mobilisation internationale,
15:42 et là, elle entre en vigueur.
15:44 - Mais ça ne sert à rien, on a l'impression, pardon.
15:47 - Ça sert. Peut-être pas suffisamment, mais ça sert.
15:50 La question du financement des organisations terroristes,
15:55 elle est extrêmement difficile à circonscrire.
16:00 Et si vous prenez l'exemple du Hamas,
16:02 une partie du financement, une grosse partie du financement,
16:05 étaient des financements tout à fait officiels,
16:08 avec l'aval même du gouvernement israélien,
16:12 puisque c'est le Sheikh El.
16:14 Mais parce que le Hamas cultive les avantages de l'organisation hybride.
16:22 À la fois organisation qui administrait un territoire,
16:25 et qui donc, au titre d'administrateur de ce territoire,
16:29 recevait de l'aide internationale,
16:31 recevait des appuis financiers.
16:33 - Ils ont tout détourné ou pas ?
16:34 - Alors tout, il faudrait être derrière chaque dollar, chaque Sheikh El.
16:37 Oui, on voit bien, vu les moyens mis au service de l'action de guerre,
16:45 qu'une partie colossale de ces financements ont été utilisés
16:51 à d'autres effets que ceux qui étaient prévus.
16:53 Mais ces organisations, elles ont aussi des entreprises,
16:56 elles investissent.
16:58 Il y a des boîtes dans lesquelles elles ont des intérêts,
17:02 et qui rapportent de l'argent.
17:04 Elles utilisent leur base territoriale.
17:06 - C'est pour les entreprises commerciales ?
17:09 - Lambda.
17:10 Elles utilisent aussi toutes les ressources qu'elles vont trouver sur un territoire,
17:14 les gens, les business, pour pratiquer...
17:18 - C'est la mafia quoi en fait ?
17:19 - Une forme de... d'impôt.
17:24 - De raquette ?
17:25 - De raquette.
17:26 Selon qu'on place le curseur plus ou moins drastiquement.
17:30 Mais oui, c'est du raquette.
17:32 - Et est-ce que c'est vrai alors ?
17:33 Parce qu'on entend beaucoup qu'ils sont financés par le Qatar.
17:35 Le Qatar, il ne faut pas oublier qu'ils sont propriétaires du Paris Saint-Germain aussi.
17:38 Donc ça nous pose un petit problème en France.
17:40 - La diplomatie du foot est extrêmement efficace.
17:43 Ça fait partie du soft power international.
17:46 - Et alors comment ça se fait qu'on peut être et financeur du Hamas,
17:50 et patron et propriétaire du PSG ?
17:53 Moi je n'ai toujours pas compris.
17:55 - Parce qu'encore une fois, la partie financière allouée à Gaza
17:59 était une partie qui était absolument officielle.
18:03 - Ah donc le Qatar, ce qu'il donnait à Gaza, c'était officiel aussi ?
18:06 - Absolument.
18:07 Mais d'autres pays financés, on a parlé de l'Iran.
18:10 - Alors l'Iran c'est peut-être moins officiel aussi.
18:11 - L'Iran c'est moins officiel et c'est problématique.
18:13 Mais on a une équation où les choses ne sont pas noires et blanches.
18:17 Il y a différentes modalités de transfert de fonds
18:20 qui vont aller sur différentes formes d'appuis financiers.
18:24 Certains sont officiels, certains sont clandestins,
18:28 certains sont illégals, certains sont des business.
18:32 Et tout ça forme une pelote assez difficile, assez inextricable,
18:40 mais sur laquelle les législations existantes
18:45 permettent déjà de couper un certain nombre de pratiques.
18:48 Notamment, là on est en France,
18:51 envoyer de l'argent au soutien du Hamas, ça n'est pas possible.
18:55 Le Hamas est une organisation terroriste pour la France,
18:58 donc vous ne pouvez pas la financer, sauf à tomber sous le coup de la loi.
19:01 - Et ça c'est surveillé évidemment.
19:03 - Ça c'est très surveillé.
19:05 Si des associations servent de paravent à la collecte de fonds
19:09 destinées à des organisations terroristes,
19:12 elles sont identifiées, nos services de renseignement
19:16 surveillent tous les canaux de collecte de fonds,
19:20 les chaînes Telegram, les sites d'associations.
19:24 - Ça ne se voit pas forcément, mais on fait notre boulot.
19:26 - Le travail qui est fait et qui n'est pas connu du grand public,
19:29 c'est normal parce que ce sont des choses très techniques,
19:31 est absolument considérable.
19:33 Et ça c'est vraiment après le 11 septembre
19:38 que l'ensemble des pays
19:44 qui sont parties prenantes à la lutte contre le blanchiment des capitaux
19:48 et à la lutte contre le financement du terrorisme,
19:51 donc très concrètement plutôt des pays de l'OCDE,
19:55 donc plutôt des pays occidentaux,
19:58 en théorie ça s'appliquerait partout dans le monde
20:00 et c'est très surveillé dans la pratique.
20:02 Ça reste encore l'apanage de pays qui sont moteurs dans cette lutte,
20:06 mais le boulot est fait, oui.
20:08 - Bon, ça rassure un peu quand même, je vous avoue.
20:10 - Un petit peu.
20:11 - Vous, votre mari a été ambassadeur de France en Israël.
20:14 - Pendant 4 ans.
20:15 - Voilà, c'est ça.
20:16 Pendant votre temps, vous venez de rentrer au mois de juillet,
20:18 donc ça ne fait pas très longtemps que vous êtes de retour.
20:20 - On est rentré fin juillet.
20:21 - On imagine que pour vous ça doit être particulièrement touchant
20:24 et prenant de ne pas être là-bas, alors que vous y étiez.
20:27 Avec tout ce qui vient de se passer,
20:29 comment est-ce que vous vivez cette situation ?
20:31 - Depuis le 7 octobre, une immense tristesse s'est abattue,
20:40 là je parle pour moi, lui est très affecté aussi,
20:46 mais une immense tristesse s'est abattue sur moi
20:49 et je dois lutter pour conserver un esprit d'analyse
20:54 et pouvoir contribuer par des choses qui puissent être construites,
21:02 posées, réfléchies, en même temps que je suis très triste,
21:07 très affectée par l'attaque terroriste et par ses conséquences.
21:14 - Qui sont mondiales.
21:16 - Oui, et je ressens très profondément toute cette douleur
21:19 qui est partagée, dont je reçois des témoignages directs
21:24 tous les jours depuis un mois.
21:28 - Vous avez dit qu'on ne peut pas réparer le monde
21:32 si on occulte sa face sombre.
21:34 - Oui, j'ai dit ça un jour, oui.
21:37 Je le pense encore plus.
21:39 - D'autant plus en ce moment ?
21:40 - D'autant plus en ce moment.
21:42 Il est tentant de fuir dans le divertissement.
21:50 Je pense que c'est une chose qui est encouragée,
21:54 que nos pays ont laissé entrevoir
21:59 comme une forme de traversée de la vie
22:03 qui soit finalement dans la légèreté,
22:06 sans traiter les grands problèmes.
22:08 Ils sont en train d'atteindre un niveau d'amplitude
22:13 et de complexité tel qu'on ne peut plus jouer les autruches.
22:18 Et chacun doit faire sa part,
22:20 toujours dans l'idée que vous contribuez,
22:25 pas nécessairement sur tout, tout le temps, toujours,
22:28 mais à la mesure de ce que vous pouvez faire,
22:31 apportez, faites votre part.
22:33 - On va parler un peu de vous, Marie-Christine Dupuy-Danon,
22:37 vous êtes spécialiste des questions de gouvernance financière,
22:41 de finances criminelles, vous avez conseillé des gouvernements,
22:44 vous avez développé un programme mondial de lutte contre le blanchiment
22:47 à l'Office des Nations Unies.
22:49 Quel est l'élément déclencheur qui vous met sur votre route ?
22:54 - Le sens.
22:56 Toujours se poser la question,
22:58 j'ai une sorte de boussole intérieure,
23:01 je me demande si je fais ça, si je dis ça,
23:04 si je participe, si je contribue,
23:07 dans des places et dans des positions avec une importance
23:10 toutes différentes, d'une chose à l'autre,
23:13 est-ce que ça a du sens ?
23:15 Et la deuxième chose fondamentale, est-ce que j'ai une valeur ajoutée ?
23:18 Je ne viens pas pour être là juste comme ça,
23:22 j'essaye de voir ce que je vais apporter,
23:26 cette singularité, parce que je suis toujours un petit peu décalée
23:29 dans la manière de voir ou de faire les choses,
23:31 est-ce que cette singularité va contribuer ?
23:34 Est-ce que je vais pouvoir semer ou générer quelque chose
23:38 qui sera bénéfique pour le bien commun ?
23:40 - Et vous ne le faites pas pratiquement à chaque fois finalement ça ?
23:42 - C'est vraiment une ligne de vie,
23:44 c'est toujours une constante de vie et de ma vie,
23:48 dont j'ai eu conscience très tôt, très jeune.
23:52 - A quel âge ?
23:54 - Probablement... - Dès l'enfance ?
23:56 - Pas dès l'enfance, ça ce serait...
23:58 - Dès la prise de conscience vers 8-10 ans ?
24:00 - Oui, j'ai mis du temps à trouver ma place,
24:03 mais en même temps que cette curiosité qui m'animait,
24:08 j'avais envie qu'elle serve à quelque chose,
24:10 qu'elle soit au service de quelque chose de plus grand que ma personne.
24:15 - Alors il n'y a pas beaucoup de femmes dans votre domaine ?
24:18 - Il n'y a pas mal de femmes, oui.
24:20 - Donc il y a l'évolution de l'égalité des sexes,
24:22 dans le domaine de la gouvernance financière,
24:25 de la finance criminelle, elle existe quoi ?
24:27 - Oui, j'ai travaillé, j'ai une équipe aux Nations Unies,
24:31 où il y avait des femmes...
24:33 - On est en parité totale ou pas, en général ?
24:35 - Ça marche pas comme ça. - Ça marche pas comme ça ?
24:37 - Ça marche pas comme ça. - Ça marche comment ?
24:39 - Je comprends cette envie d'avoir la parité totale,
24:42 mais en fait... - Mais il faut les bonnes personnes au bon poste.
24:44 - Il faut les bonnes personnes, et des femmes qui analysent,
24:48 qui vont sur les terrains, qui trouvent, elles, leur place,
24:52 et leur espace d'expression. - C'est pas parce que c'est des femmes.
24:56 C'est parce qu'elles ont la compétence,
24:58 mais dans les professions du droit, dans les professions d'analyse,
25:02 et maintenant dans les professions de conseil,
25:04 on va trouver de plus en plus de femmes, et c'est formidable.
25:07 Après, en interaction avec les gouvernements,
25:10 avec les ministres, etc., - Parce que là c'est beaucoup des hommes.
25:12 - Moi j'ai toujours considéré que le fait d'être une femme...
25:15 - C'est un plus. - ...était un plus.
25:17 Parce que, il y avait...
25:19 Alors c'est peut-être...
25:21 En tout cas c'était très daté,
25:23 mais il y avait une attention,
25:26 ou peut-être de ma part une qualité d'écoute,
25:29 et d'accueil, dans...
25:32 Ce qui n'était pas un jugement ou une vérité sur ceintre,
25:35 mais quelque chose à construire ensemble,
25:37 et c'est peut-être une touche... - Féminine ?
25:40 Est-ce que c'est pas parce que vous êtes vous, tout simplement, ça ?
25:43 - Peut-être parce que, et sans doute parce que je suis moi,
25:46 mais c'est aussi, je trouve,
25:49 une forme de collaboration,
25:52 que j'ai retrouvée chez beaucoup de femmes.
25:55 De prendre le temps d'écouter très profondément
25:59 ce que l'autre avait à dire,
26:01 pour construire sur une base commune.
26:03 Se retrouver dans une communauté d'action.
26:08 - Est-ce que vous avez un mot de la fin pour nos auditeurs ?
26:11 On se quitte vite, parce qu'on avait envie de rester ensemble,
26:13 mais ça passe vite, effectivement.
26:15 Marie-Christine Dupuis-Danon, quel serait votre mot de la fin pour nos auditeurs ?
26:18 - Soyez vous. - Et auditrices, évidemment.
26:20 - Soyez vous-même. - Oui, c'est ça.
26:22 - Tous les autres sont déjà pris.
26:25 - Voilà, ce sera dit.
26:27 Merci beaucoup d'être venue par les studios de Sud Radio.
26:29 - Merci pour votre invitation. - Merci Marie-Christine Dupuis-Danon.
26:31 Pour "Destin de Femme".
26:33 Alors, pour chers auditeurs, pour retrouver toute l'actualité
26:35 de la spécialiste, notamment on l'a dit, de la finance criminelle,
26:38 Marie-Christine Dupuis-Danon, y compris ses ouvrages,
26:41 attention, dans le tout dernier "Les Protecteurs",
26:43 qui est sorti en 2019 chez Odile Jacob,
26:45 vous allez sur son site.
26:47 Marie-Christine Dupuis, tout attaché, point com, évidemment.
26:50 Nous on a rendez-vous samedi prochain à 14h pour un nouveau "Destin de Femme".
26:53 Demain, c'est excellent, saison 5 à 19h.
26:56 Et puis tous nos rendez-vous sont sur sudradio.fr,
26:59 Youtube, Deezer, etc.
27:02 Merci à Lucille Montier qui réalise pour vous aujourd'hui.
27:05 Bisous les copains, bisous les copines.
27:07 Avec le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire.
27:10 Rejoignez les 35 agences du groupe Connect
27:12 pour des opportunités de carrière partout en France.

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