L'invité de 20h : Maxime Chattam- Clique - CANAL+

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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 Qui êtes-vous à la fin ?
00:01 Êtes-moi qui vous êtes, je vous dirai qui je suis.
00:03 Bonjour, je suis Maxime Chatham.
00:05 C'est une porte, c'est un trou noir qui m'aspire et qui m'emmène dans un autre univers.
00:15 La première autopsie à laquelle j'ai assisté, je me suis fait violence parce que j'avais pas particulièrement envie d'y aller.
00:27 On a tous une part d'ombre, elle est plus ou moins développée ou assumée.
00:30 Et un excellent can-d'eau.
00:34 Vous n'avez pas peur, non ?
00:42 Et si aujourd'hui j'avais plus aucune idée, je pense que je pourrais encore écrire facilement une quinzaine de livres avec ce que j'ai en stock.
00:50 Moi mes lecteurs savent qu'avec un de mes livres, tout est possible. Enfin, on n'est jamais en sécurité.
00:57 Maintenant nous nous connaissons.
00:59 Bonsoir Maxime Chatham.
01:06 Bonjour Pauline.
01:07 Bonsoir, merci beaucoup d'être sur le plateau de Kik.
01:09 Merci.
01:10 Je suis ravie de vous recevoir. Merci beaucoup.
01:12 Vous êtes un des romanciers français les plus célèbres à travers le monde, on peut dire ça comme ça.
01:16 Maestro du thriller, vous avez vendu plus de 7 millions d'exemplaires en France et vous êtes traduit dans une vingtaine de pays, plus d'un livre par an.
01:23 Et là vous revenez avec un livre, ça s'appelle Lux aux éditions Albert Michel.
01:27 Et ce n'est pas vraiment ce à quoi vous nous aviez habitué.
01:29 C'est un peu déroutant.
01:30 C'est presque un roman d'anticipation mais pas tout à fait.
01:33 Dans un monde, allez, du futur en tout cas, après moult tempêtes et autres galères climatiques,
01:39 on se retrouve avec une sphère suspendue au-dessus de l'Atlantique et charge à l'humanité d'essayer de découvrir ce qu'elle est, ce qu'elle fait.
01:47 C'est ça ou pas ?
01:48 C'est ça, vous avez bien résumé.
01:50 Ce qui est compliqué parce qu'il ne faut pas trop en dire.
01:52 J'ai essayé de ne pas te spoiler.
01:53 C'est un bon point de départ.
01:55 En fait, ça ne m'intéressait pas trop de faire un roman d'anticipation.
01:58 Je ne m'intéressais pas à ce que va être le monde réellement dans 15 ou 20 ans.
02:01 Ce qui m'intéressait, c'est parler du monde actuel mais en exagérant un tout petit peu la situation.
02:06 C'est-à-dire l'angoisse climatique qu'on a aujourd'hui, qu'est-ce que ça pourrait donner si ça se produisait vraiment ?
02:12 Qu'est-ce qu'il en est des relations hommes-femmes dans la société ?
02:15 Est-ce qu'elles vont se tendre ou au contraire s'apaiser ?
02:18 Qu'est-ce qu'il en est de l'acceptation de la différence dans notre société ?
02:21 Toutes ces petites questions qui, mises bout à bout, font un portrait du monde dans lequel on vit aujourd'hui.
02:25 Mais je me demandais s'il y avait moyen d'avoir une vision peut-être, pas alarmiste, mais inquiète,
02:31 pour voir jusqu'où ça peut amener le lecteur dans ses propres interrogations.
02:36 Et justement, il n'est pas question que de votre imagination, vous le disiez.
02:39 Ça part du réel et notamment de cette sixième possible extinction.
02:43 Après ce qui a été la cinquième extinction, celle des dinosaures, pour le dire grossièrement.
02:48 Et donc là, on arrive avec de la peur, mais pas la peur, je le disais tout à l'heure, à celle à laquelle vous nous avez habitués,
02:54 mais des peurs qui irriguent notre société.
02:56 La peur de l'autre, la peur de l'effondrement climatique, la peur de la guerre.
03:00 Et ces peurs-là, Maxime Chatham, je me suis demandé où vous alliez les chercher ?
03:04 Est-ce que même au sein de votre propre famille, parce que j'ai cru comprendre que c'était ô combien important pour vous,
03:08 vous nourrissiez ces peurs-là aussi ?
03:10 En fait, je pense que c'est le premier roman que j'écris sur mes propres peurs.
03:13 Habituellement, je joue avec celles des autres.
03:15 Vous pouvez me mettre dans la forêt tout seul la nuit ou enfermer dans une boîte avec des araignées, je m'en fiche, ça ne me fait pas grand-chose.
03:21 Par contre, la peur de l'intolérance, de ne pas pouvoir exprimer ce que j'ai à dire,
03:28 de ne pas pouvoir être entendu, de ne pas pouvoir discuter, de ne pas pouvoir débattre, juste débattre, en fait.
03:34 Ça, c'est ma terreur aujourd'hui.
03:35 Je vois le monde qui se radicalise de plus en plus, alors sur les réseaux sociaux, un peu moins dans la vraie vie, heureusement,
03:40 mais où en fait, il n'y a plus le fameux forum, là où on pouvait discuter, échanger.
03:45 Et aujourd'hui, non, c'est un forum de jugement, les réseaux sociaux.
03:48 Et cette espèce de glissement digital auquel on assiste aujourd'hui, mon angoisse,
03:53 c'est qu'il puisse petit à petit parvenir jusque dans la société réelle, quotidienne.
03:59 Donc ça, ça me fait peur.
04:00 Je n'ai pas envie de ce monde-là pour moi, je n'ai pas envie de ce monde-là pour mes enfants.
04:03 Et puis au-delà de ça, c'est toutes mes peurs, probablement de père, autour de le monde qu'on va léguer à nos enfants, en fait.
04:11 Oui, on parle de réchauffement climatique, mais ça veut dire quoi concrètement ?
04:15 Les conséquences, etc. ? Les tempêtes ?
04:17 Alors, le livre commence sur une énorme tempête et c'est un monde dans lequel il y a beaucoup de tempêtes qui frappent la France et le monde entier.
04:22 On en a vécu il n'y a pas si longtemps, j'ai peur que ce soit quelque chose d'assez récurrent, hélas, dans l'avenir.
04:28 Tout ça, c'est des questions qu'on se pose forcément quand on a une famille ou quand on a envie d'en avoir une un jour,
04:34 de se dire "mais quel est le monde qu'on prépare aux générations qui arrivent ?
04:38 Et quel est mon rôle dans ce monde aujourd'hui ? Qu'est-ce que je peux faire en tant que citoyen ?"
04:41 sans avoir peut-être besoin d'un coup se transformer en soldat écologique, parce que ce n'est même pas ce que je suis, en fait.
04:48 Mais en revanche, avoir une conscience du monde dans lequel je vis et d'en faire quelque chose.
04:52 Moi, j'en ai fait un livre.
04:53 Et ça, ça habite presque chaque ligne du roman, chaque chapitre.
04:56 J'en ai noté des tonnes, mais il y a notamment cette phrase "l'espoir comme la vie se transmet", vous dites.
05:01 Et votre façon à vous de le faire, on l'a bien compris, c'est l'écriture.
05:05 Et je me disais, comment vous transmettez-vous, hormis par l'écriture, cet espoir-là à vos enfants ?
05:10 À travers vos livres, peut-être aussi ?
05:12 Non, parce que pour l'instant, ils sont petits, ils ne les ont pas lus et je pense qu'ils prendront le temps pour les lire.
05:16 S'ils les lisent un jour, non.
05:18 Mais en fait, c'est un peu la phrase que vous venez de citer.
05:20 L'espoir, ça se transmet juste à travers ce qu'on est, déjà.
05:23 Si on est soit porteur d'espoir, en tout cas quand on a envie d'être chargé d'espoir, même si on a du mal parfois à y croire,
05:30 je pense que c'est un moteur parfait pour élever ses enfants.
05:33 Et puis, au-delà de l'espoir, c'est aussi dans les valeurs du quotidien, en fait, avoir des valeurs.
05:37 Qu'est-ce que c'est, avoir des valeurs dans la société actuelle ?
05:39 Pas nécessairement avoir des valeurs d'extrême droite, d'extrême gauche, etc.
05:42 Non, juste des valeurs personnelles.
05:44 Moi, j'avais mes enfants là-dedans, je ne suis pas croyant, par exemple,
05:47 mais je veux qu'ils aient des valeurs très, très fortes, y compris spirituelles,
05:50 pour qu'ils puissent se regarder dans une glace à tout instant et se dire "je suis droit dans ce que je fais".
05:55 Et en fait, le monde, il est, au final, ce que j'en fais moi, dans mes petites actions du quotidien,
06:02 dans mes interactions avec les autres.
06:04 Donc, tous ces petits réflexes de comportement au quotidien, c'est ça que j'essaie de transmettre à mes enfants.
06:11 Et c'est un peu ça aussi que j'essaie de transmettre à mes personnages dans le livre.
06:15 Il en est question, encore une fois, très souvent, vous parlez notamment de transition,
06:18 avec le personnage de Romy, qui est en pleine transition.
06:21 Vous parlez aussi de l'âge des femmes, de leur place dans la société,
06:24 la femme de cette anticipation, presque.
06:26 C'est une femme présidente, aussi.
06:28 Vous vous êtes inspiré des femmes de votre entourage ?
06:31 Peut-être d'une en particulier, on dirait ?
06:33 Des femmes fortes, des femmes influentes, aussi ?
06:35 Je vis avec une femme que j'aime et que j'admire, donc forcément, à partir de là,
06:39 je vous dirais n'importe quoi, mais ça sera faux,
06:43 je suis forcément influencé au quotidien par mon entourage, par ma femme,
06:47 par mes amis, par mes enfants, ma famille.
06:50 Mais oui, je pense qu'il y a un peu de moi dans pas mal de personnages,
06:53 il y a un peu de ma femme dans pas mal de personnages.
06:56 Et puis parce que j'ai une telle estime pour ma femme, pour ma fille,
07:00 mais au-delà de ça, pour toutes les femmes de ma vie, ma sœur, ma mère, etc.,
07:05 que je veux d'un monde dans lequel elles aient une place qui soit égalitaire.
07:09 Il n'y a pas de discussion à avoir.
07:11 La place de la femme et la place de l'homme ne devraient pas être un sujet.
07:14 Forcément, pour un romancier, quand on parle de la société,
07:17 qu'on en fait un portrait global, parler de la place de la femme,
07:20 et oui, en jouer, en disant, dans ce bouquin-là,
07:23 le président de la République, c'est une femme.
07:25 Autre personnel principal, c'est Zoé, l'écrivaine,
07:27 et moi, je l'ai un peu vu comme votre double littéraire au féminin,
07:30 quelque part, comme si Maxime Chatham essayait un peu de se féminiser
07:33 dans son approche du monde, dans son écriture,
07:35 et pourtant, on a l'impression aussi de beaucoup plus vous découvrir,
07:38 vous, avec ce livre, parce qu'on lit, par exemple,
07:41 vous savez qu'elle ne composait pas de la grande littérature.
07:44 Sa force était d'établir un récit simple, porté par des personnages forts,
07:47 authentiques, quasi un prétexte pour philosopher sur nos petites existences.
07:51 Et je me suis dit, est-ce que ça, ce n'est pas le crédo de Maxime Chatham ?
07:54 Est-ce que ce n'est pas ce qu'il habite quand il écrit ?
07:57 Oui, un peu, il y a de ça.
07:59 En tout cas, ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas la prétention
08:01 de faire de la haute littérature.
08:02 Moi, ce qui m'intéresse, c'est de divertir.
08:04 Qu'est-ce que c'est que la haute littérature ?
08:06 Je ne sais pas, c'est probablement ceux qui estiment que leur livre
08:08 a peut-être une portée dans la langue française et dans le monde académique,
08:14 qui va aller au-delà même de leur livre.
08:17 Mais vous vendez 7 millions de livres à travers le monde.
08:19 Oui, alors je ne sais pas si être populaire est signe de qualité,
08:22 je n'en sais rien, ce n'est pas pour moi de le dire.
08:24 En tout cas, ce qui est sûr, c'est que moi, ce qui m'intéresse,
08:26 c'est de divertir, c'est d'amuser, c'est de prendre par la main
08:29 de mes lectrices et mes lecteurs et de leur dire, voilà, faites-moi confiance,
08:31 je vous embarque dans une histoire.
08:33 J'espère qu'elle sera différente à chaque livre.
08:35 En revanche, pour moi, ce qui est fondamental pour écrire un livre,
08:38 c'est de savoir de quoi le livre va parler au-delà même de l'histoire,
08:41 au-delà des personnages, au-delà du twist final,
08:44 de la fameuse surprise, la révélation qu'on a en général à la fin des livres.
08:47 Il y en a une dans celui-ci.
08:49 Au-delà de tout ça, ça c'est juste la matière de base
08:52 avec laquelle je vais composer mon récit.
08:54 Moi, ce qui m'intéresse, c'est de quoi va parler,
08:56 c'est quoi le sous-texte de mon livre ?
08:58 Celui-ci, on vient déjà d'en parler, c'est le portrait de cette société,
09:02 de mes peurs à moi, mais je pense que des peurs très communes
09:05 sont les peurs collectives aujourd'hui.
09:07 Mais pour le coup, l'héroïne, il y a des moments où c'est absolument pas moi.
09:11 En revanche, oui, elle me ressemble dans son rapport à ses personnages, par exemple.
09:14 Quand elle dit qu'elle a énormément de mal à se détacher d'eux,
09:18 chaque fin de livre est une petite mort en soi.
09:21 Quand j'ai écrit ça, j'étais en train d'écrire la fin de ce livre
09:24 et j'avais une espèce de... je sentais le blues monter,
09:27 le fameux "baby blues".
09:29 Moi, je l'avais à la fin de ce bouquin-là et comme je l'ai eu dans beaucoup d'autres livres,
09:33 parce que je dis adieu à des personnages,
09:35 surtout quand je sais que je ne la verrai jamais, parce que ça n'appelle pas de suite.
09:38 Mais vous ne dites pas qu'adieu qu'à des personnages.
09:40 Vous dites aussi adieu à des gens de votre famille, vous rendez hommage.
09:45 Il y a toute une partie dans le livre où vous remerciez votre grand-mère
09:48 de vous avoir mis votre premier journal entre vos mains pour raconter votre voyage,
09:52 vous vous obligez à le faire, et vous dites aussi adieu d'une certaine manière
09:55 à votre papa qui est décédé pendant l'écriture du livre.
09:58 Et c'est ce qui est troublant pour le lecteur,
10:00 c'est que pour la première fois, on a l'impression d'avoir accès
10:02 à quelque chose de très personnel, d'intime, et on se dit vraiment,
10:06 Maxime Chattam écrit en famille, dans tous les sens du terme.
10:09 C'est vrai. Oui, je ne l'avais pas vu comme ça, mais oui, vous avez raison.
10:11 Enfin, je n'avais pas pensé à cette analogie-là.
10:15 C'est clairement mon livre le plus personnel, je pense,
10:19 dans certaines thématiques, dans certains personnages.
10:21 Le fait que j'ai perdu beaucoup de gens qui étaient très proches pendant l'écriture aussi,
10:25 du jouet, oui, je pense que c'est évident.
10:28 Oui, c'est un adieu aux gens que j'ai aimés.
10:33 C'est le livre du regret, vous savez, on est toujours à un moment dans une vie
10:39 où on se dit, j'aurais aimé être accompagné par telle personne à ce moment-là.
10:43 Ce livre-là, c'est le livre que j'aurais aimé faire lire à mon père,
10:46 et là, c'est parti avant.
10:47 Maxime Chattam, votre livre "Le Signal" va bientôt être adapté en série
10:51 par la plateforme Paramount+.
10:52 Il a aussi été question d'adapter votre livre "Prédateur".
10:55 Alors, on voulait parler de ça avec vous, juste après ça.
10:58 La littérature est une source d'inspiration intarissable pour les scénaristes et les réalisateurs,
11:03 et on ne compte plus le nombre d'adaptations qui ont existé,
11:06 si bien que certaines ont donné lieu à des films et des sagas mythiques.
11:09 Je vais lui faire une offre qu'il ne pourra pas refuser.
11:11 Mais attention, car derrière cette offre qu'on ne peut pas refuser,
11:14 à savoir l'adaptation d'un livre à succès, se cache un pari risqué,
11:17 car les lecteurs attendent souvent au tournant.
11:19 *Cris*
11:22 Certains films ont même été un tel succès qu'on en a oublié l'existence du livre à l'origine.
11:26 La première règle du Fight Club est "il est interdit de parler du Fight Club".
11:30 La seconde règle du Fight Club est "il est interdit de parler du Fight Club".
11:36 D'autres ont provoqué la consternation des fans et des auteurs eux-mêmes.
11:39 Coucou, chérie !
11:41 *Cris*
11:42 Car si Stephen King n'a jamais caché son avis mitigé sur le film de Stanley Kubrick,
11:47 il connaît en revanche mieux que personne les rouages de l'adaptation cinématographique.
11:51 Bref, entre ceux qui les adorent et ceux qui les détestent,
12:05 entre satisfaire les lecteurs et faire du cinéma,
12:08 est-ce qu'être adapté sur le grand écran ou en série, c'est la consécration pour un auteur ?
12:12 *Rires*
12:13 Et c'est la question qu'on voulait vous poser, Maxime Chattam.
12:15 Est-ce qu'être adapté, c'est une consécration ?
12:17 *C'est une sacrée question !*
12:19 *C'est pas une consécration. D'abord, j'ai refusé pendant longtemps de céder mes droits.
12:24 Je voulais pas d'un producteur qui arrivait en disant "Tiens, il y a peut-être un coup à flairer, on va tenter".
12:29 Et non, moi ce qui m'intéressait, c'est ce que j'ai attendu, c'était une rencontre.
12:33 Quelqu'un qui avait lu mon livre et qui avait un regard, une proposition en fait, à faire sur mon livre.
12:39 Et me dire "Voilà, vous, vous avez fait ça dans le bouquin,
12:42 moi maintenant j'aimerais prendre le livre et le faire de cette manière-là
12:45 parce que je pense que j'ai ça à raconter avec votre histoire".
12:48 Et ça c'est génial, parce que moi j'ai rien d'autre à rajouter, tout est dans le livre.
12:53 En revanche, si quelqu'un se l'approprie, ça, ça fait plaisir.
12:55 Mais la consécration, non je crois pas. Non, non, c'est amusant, c'est drôle, ouais, c'est drôle.
13:03 *Il y a pas mal de fantasmes et de rumeurs qui courent autour de votre façon d'écrire en fait,
13:08 de vous immerger dans votre univers, assez cringe, assez crénios parfois, c'est ce qu'on sait.
13:13 - J'ai fait avec du sang de hamster, c'est ça ?
13:15 - C'est ça, il y a tout un tas de choses qui...
13:17 Comment vous faites pour écrire dans le quai ?
13:18 Pourquoi il faut vous mettre dans une ambiance un petit peu particulière ?
13:21 Comment ça se passe une journée type pour vous ?
13:23 - En fait, ça vient en partie du bureau que j'ai.
13:26 Je me suis fait un bureau au fil des décennies qui est un endroit un peu à part,
13:29 qui est une espèce de grand musée, un peu cabinet de curiosité fin 19e.
13:34 Il y a du bois, il y a des lumières partout, et puis il y a des objets très étranges.
13:37 Il y a une grande momie égyptienne, il y a un loup-garou empaillé de 2 mètres de haut.
13:40 Il y a des objets très, très singuliers qui viennent du monde entier, de toutes les époques.
13:44 Et dans ce contexte-là, j'aime écrire.
13:46 C'est pas que j'ai besoin de ça pour écrire, mais c'est un accélérateur.
13:49 C'est un peu comme une espèce de conditionnement en fait.
13:51 Je me suis rendu compte qu'avec les années, ne soit-ce pas que l'odeur,
13:55 il y a un ensemble que je mets régulièrement, entre l'odeur, la lumière, ce que je vois,
14:00 mon cerveau est conditionné.
14:01 Quand je rentre dans cette pièce, maintenant il sait qu'il doit être créatif.
14:04 Là, on laisse à la porte toutes les idées, tous les trucs, les tracas du quotidien
14:08 et le pragmatisme de la vie régulière.
14:11 Et je suis juste là pour écrire en fait.
14:14 Donc ça m'aide.
14:15 Si je dois écrire au fin fond d'une chambre d'hôtel dans le sud de la Pologne,
14:19 ça m'est arrivé, je le fais.
14:21 Mais c'est plus lent, c'est plus compliqué.
14:23 Donc oui, il y a ce bureau qui est particulier.
14:24 Je me suis amusé parfois à mettre des photos d'objets et de la déco,
14:28 et les gens étaient un peu soit fascinés, soit je crois très inquiets
14:32 sur ma santé mentale.
14:34 Aussi, au début de votre livre, et ça c'est assez génial,
14:37 vous donnez une playlist qui peut nous accompagner dans la lecture
14:40 et vous nous encouragez vraiment à nous plonger dans au cours de cette lecture.
14:44 Il y en a une qu'on a retenue, et je voudrais que vous me disiez
14:47 ce que ça vous fait, dans quel état ça vous met quand vous entendez ça.
14:50 Ou plus exactement, dans quelle disposition ça vous met.
14:55 Vous avez un clavier pour que j'écrive ?
14:57 C'est ça.
14:58 On vous a fait un petit bureau sur le côté du plateau.
15:00 Ah bah super.
15:01 Il y a des têtes de mort.
15:02 Il faut des têtes de mort.
15:03 Très bien, l'inspiration vient de là.
15:05 En fait, la musique m'accompagne parce qu'elle est une espèce de filtre, un cocon.
15:10 La musique, pardon, c'est la musique de Foundation ?
15:12 Oui, de la série.
15:14 J'ai des centaines de playlists à la maison,
15:17 et je sélectionne celles qui collent le plus à l'atmosphère
15:20 de ce que je vais écrire dans la journée.
15:22 Et ça m'aide.
15:24 D'abord, je mets assez fort, comme ça le message est très clair pour l'extérieur.
15:27 N'approchez pas.
15:28 Papa est en train d'écrire, ça va pas voir ce que ça veut dire.
15:31 Et puis, je ne sais pas, il y a un côté un peu…
15:35 La musique, elle a un rythme.
15:37 Alors même si moi, quand j'écris, je n'ai pas nécessairement celui de la musique que je suis en train d'écouter,
15:41 ça me porte, ça m'aide à aller trouver des mots,
15:44 à avoir une gymnastique dans mon phrasé.
15:48 Et il m'arrive parfois, c'est vrai, même dans ma façon de taper,
15:51 d'accélérer, ça, la musique accélère.
15:54 Et pourtant, je ne pense pas plus vite ou plus lentement,
15:56 mais je sens que ça vient et donc je me laisse accompagner
15:59 comme, je ne sais pas, quelqu'un porté par un musicien
16:01 qui serait porté par un chef d'orchestre imaginaire.
16:04 Maxime Chatham, on a fait quelque chose.
16:06 On a cliqué sur vous sur les réseaux sociaux, et ça donne ça.
16:09 On a cliqué sur vous, Maxime Chatham.
16:16 Et on attend toujours votre réponse sur Insta.
16:18 Bon, on ne se formalise pas, mais ça fait mal quand même.
16:21 Après, vous êtes un auteur à succès.
16:22 Vous avez même des fans qui portent votre nom.
16:24 Un rassemblement avec une équipe dingue de Chathamise dont vous parliez.
16:28 Et vous écrivez beaucoup de livres, avec des thématiques bien badantes.
16:31 Alors du coup, vos lieux de dédicaces sont tout aussi joyeux.
16:38 Nous sommes dans un vieux hangar.
16:40 C'est pour une dédicace.
16:41 Bon, après, il faut dire que vous aimez les beaux endroits.
16:43 Ce n'est pas votre femme Faustine Bollard qui dira le contraire.
16:45 Notre première sortie en amoureux, j'ai embarqué faire de l'urbex.
16:49 C'est quand même sympa, non ?
16:50 Au milieu des fantômes.
16:52 Et malgré vos goûts chelous, en termes de rancard et de déco,
16:55 votre femme fait votre promo en scred sur France 2.
16:58 Ouvrez un livre de Maxime Chatham, toutes les deux.
17:00 En cliquant sur vous, on s'est rendu compte que dès le plus jeune âge,
17:03 vous étiez déjà plus étrange qu'un épisode de Stranger Things.
17:05 Je courais dans des champs de maïs la nuit pour échapper à des robots.
17:09 Et je tombais face à une usine immense qui les fabriquait.
17:11 Heureusement, vous aviez des occupations beaucoup plus classiques.
17:18 J'allais me balader dans les catacombes de Paris et dans les égouts de ma ville aussi.
17:23 Après avoir cliqué sur vous, on a vu votre proximité avec votre public,
17:27 à qui vous dévoilez en exclu des infos sur votre prochain livre.
17:30 L'histoire se boucle et l'épilogue le lance, lui, sur une autre piste.
17:33 Et à ce moment-là, ça le renvoie à un truc qu'il a vécu.
17:36 Ok, bon après en le lisant, ce sera peut-être plus clair.
17:41 Je suis pas sûr parce que c'est même pas clair pour moi.
17:45 Bon, il faut avancer encore un peu alors que c'est ça l'idée.
17:48 Vous militez, entre autres, Maxime Chatham, pour une chose qui nous a assez étonnés,
17:52 c'est une limite d'âge sur vos livres, comme sur les films en réalité.
17:55 C'est vrai que vous avez écrit des livres où il est beaucoup question de violence,
17:58 d'agression, de viol, de séquences assez rudes.
18:01 Vous pensez que c'est une bonne chose ?
18:04 Ça existe partout. On a ça dans les films.
18:07 Même la musique, ils font des avertissements quand les textes sont un peu trop explicites.
18:12 Pas dans les livres, c'est étonnant. Alors moi, je milite pas pour l'interdiction, au contraire.
18:15 Et le libraire, ils ont déjà assez de travail comme ça.
18:19 C'est pas leur rôle, donc ils peuvent conseiller,
18:22 mais ils peuvent pas ramener sur tous les bouquins, tout connaître.
18:25 En revanche, que sur chaque bouquin, il y a un petit macaron,
18:27 quand le livre est pas tout public, je trouve que c'est plutôt une bonne chose
18:30 et j'ai décidé de le faire sur tous mes livres.
18:33 Parce que j'ai écrit des bouquins qui sont plutôt grand public,
18:36 parfois même pour des jeunes lecteurs, la série Outre-Monde.
18:39 Et quand ils aiment mes livres, j'ai déjà vu des gamins dire "Ah j'ai adoré, du coup j'ai pris celui-ci".
18:43 Ils venaient me voir en dédicace en me disant "Je viens d'acheter un bouquin qui était un truc horrible pour adultes".
18:47 J'ai dit "Ah non, tu vas reposer ça tout de suite".
18:50 Et parce qu'il y a pas au dos le macaron qui dit "des conseillers au moins de 12, 14, 16".
18:55 Donc c'est juste un guide, en fait, pour se repérer.
18:58 Maxime, on termine par l'interview compte à rebours.
19:02 Vous devez répondre à un maximum de questions. Est-ce que vous êtes prêt ?
19:05 Oh là là, je suis pas bon pour aller vite, moi.
19:07 Une minute, on lance le chrono.
19:10 Quelle est votre addiction la plus tenace ?
19:13 Oh, ma femme.
19:15 Si vous deviez passer votre vie sur une île déserte, avec une seule personne, ce serait qui ?
19:20 Je vais pas redire ma femme.
19:22 Shakespeare.
19:24 Quel est votre plus gros pétage de câble ?
19:27 La maison que j'ai achetée un jour, qui est idiote.
19:30 Si on vous offre un détective privé, vous enquêtez sur qui ?
19:33 Sur, sur, sur...
19:34 Dis pas votre femme, on veut vraiment avoir...
19:36 Non, non, non, sur moi-même, je veux savoir si je fais des trucs dans mon dos.
19:39 C'est quoi votre journée parfaite ?
19:42 Oh là là, famille, copains, famille, copains.
19:47 Qu'est-ce qu'il y a après la mort ?
19:49 Bah rien.
19:50 C'est quoi votre surnom ?
19:52 Oh non, je peux pas vous dire ça, c'est ma femme qui me...
19:55 Non, je suis grillé après pour attendre le jour.
19:57 Vous êtes obligé, vous avez 30 secondes.
19:59 Doudou.
20:00 C'est quoi votre définition d'une clique ?
20:02 Une clique, à la vie et à la mort.
20:04 Est-ce qu'il y a un rêve dont vous vous souvenez ?
20:06 Très peu, mais très très peu. Je rêve pas, je suis pas quelqu'un qui rêve.
20:09 C'est peut-être pour ça que j'écris beaucoup.
20:11 Merci beaucoup. Bon bah ça va, ça a été, vous en êtes bien sortis.
20:15 Merci beaucoup.
20:16 J'aime pas les réponses courtes, c'est horrible pour moi comme exercice.
20:18 Pour un romantiste, j'imagine que c'est un peu difficile.
20:20 Merci beaucoup, Mexim Chatam, d'avoir été sur le plateau de cliques.
20:23 pas toutes cliques.
20:23 [SILENCE]

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