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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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TVTranscription
00:00 ...
00:05 -Pour moi, le cinéma et la télévision,
00:07 c'était totalement inaccessible.
00:10 ...
00:11 -On me parle de moi comme si j'étais un douce.
00:14 J'ai jamais l'impression que c'est moi dont on me parle.
00:17 ...
00:19 -D'après nos fichiers, vous êtes mort.
00:21 ...
00:23 Alors si vous avez quelque chose à dire, c'est maintenant.
00:26 ...
00:29 -On les a laissés dans cette maison, toutes les deux,
00:32 sans savoir ce qui s'y passait vraiment.
00:35 ...
00:39 -Dites donc, ça fait du bien quand ça se calme.
00:42 ...
00:45 -Ha !
00:46 ...
00:51 J'ai cru qu'il allait me tuer.
00:53 ...
00:55 -Il y a des actes monstrueux, mais il n'y a pas de monstre.
00:58 -Ca n'existe pas, les monstres.
00:59 ...
01:04 ...
01:07 -Bienvenue, Alix. -Merci.
01:09 -Ca va bien ? -Ca va bien, et toi ?
01:11 -Je suis très content qu'on se parle, Alix Poisson,
01:13 une des rares comédiennes à pouvoir passer
01:16 en acclancement de doigt d'un enregistre plutôt marrant,
01:19 un enregistre plutôt très sérieux, voire même très deep,
01:22 voire même qui vous met comme ça en boule chez vous.
01:25 -En PLS. -En PLS total.
01:26 -Le succès de la rentrée, c'est un phénomène à la télévision,
01:29 ça s'appelle "Sambre", c'est consommé en replay
01:32 sur MyCanal par tout le monde.
01:34 C'est pas moi qui l'ai dit, c'est le patron de France Télévisions
01:37 qui a dit qu'on regardait les contenus de France 2
01:40 essentiellement sur MyCanal.
01:42 C'est un succès également pour nous, et on est très contents.
01:45 "Sambre", hier, ça a réuni 2,97 millions de téléspectateurs
01:49 à la télévision, lundi dernier, 3,5 millions.
01:51 Les deux derniers épisodes seront diffusés lundi soir
01:54 sur France 2.
01:56 On vous connaît aussi pour le rôle dans "Parents, mode d'emploi",
01:59 avec Arnaud Ducré, qui a été un vrai succès à la télévision.
02:02 Moi, je vous ai découvert dans "Les revenants" sur Canal+.
02:06 -Ah, super ! -Evidemment !
02:07 Et "Sambre", avec Noémie Lovski, Clémence Poésie, Olivier Gourmet,
02:11 c'est réalisé par Jean-Xavier De Lestrade,
02:14 qui a, je le rappelle, remporté en 2002 l'Oscar du documentaire
02:17 pour "Un coupable idéal" sur une erreur judiciaire aux Etats-Unis.
02:21 La série est librement adaptée du livre "Sambre",
02:24 "Radioscopie d'un fait divers", écrit par Alice Géraud.
02:27 C'est un livre d'enquête sur Dino Scala, dit le violeur de la sambre,
02:31 condamné à 20 ans de réclusion criminelle
02:33 pour 54 agressions sexuelles et viols commis
02:36 entre 1988 et son arrestation en 2018.
02:40 Début octobre, il a décidé de ne pas faire appel à sa condamnation.
02:44 Et moi, quand j'ai vu la série,
02:46 je me suis posé une question très simple.
02:48 On parle beaucoup des serial killers.
02:51 Pourquoi on n'a pas parlé de ce personnage ?
02:53 Est-ce qu'il est sorti aussi tard ?
02:55 Pourquoi est-ce qu'il n'a pas interpellé la France ?
02:58 -Euh...
02:59 Au moment où il a été arrêté, tu veux dire ?
03:03 -Oui. -Oui.
03:04 En fait, moi, ça m'a aussi interpellée beaucoup,
03:07 parce que quand j'ai reçu le scénario,
03:09 alors que je suis plutôt du genre à lire ce qui peut...
03:13 Enfin, tout ce qui concerne ces affaires
03:17 de criminalité sexuelle et tout ça,
03:19 ça peut vraiment m'intéresser.
03:21 Et j'ai dit à Jean-Xavier, "C'est bizarre,
03:23 "j'en ai pas du tout entendu parler."
03:25 Et je trouve que ça n'a pas été très couvert par les médias, en fait.
03:30 Que ce soit quand il avait commencé à agresser des femmes,
03:35 même la presse locale s'en est pas vraiment emparée,
03:37 mais après, quand il a été arrêté,
03:39 et même l'année dernière, quand il y a eu le procès.
03:42 Après, il y avait un autre procès qui se déroulait en même temps,
03:46 donc peut-être que ceci explique cela,
03:48 mais ça n'a pas été très suivi.
03:50 Parce que je me suis dit que je pense que ça a à voir
03:53 avec le fait que, justement, ça parle de viol.
03:57 -C'est ça, la question ? -Oui.
03:58 -C'est pourquoi est-ce que le viol serait mis sous le tapis ?
04:03 Qu'est-ce que ça raconte ?
04:05 -C'est tout ce que la série essaie d'expliquer.
04:08 C'est-à-dire qu'à partir du moment où il s'agit d'un viol,
04:12 on est quand même dans une société
04:14 où il y a une forme de minimisation, de banalisation.
04:17 Ça commence par la façon dont on reçoit la parole d'une victime.
04:21 Julia Foy, ça l'explique très bien.
04:23 Elle dit toujours que quand tu te fais piquer ton téléphone,
04:26 au commissariat, on te demande où t'étais,
04:28 ce que c'était comme téléphone.
04:30 Quand tu vas porter plainte, on te demande ce qu'ils ont pris.
04:33 Et quand tu vas porter plainte pour viol,
04:36 bizarrement, on a tendance à interroger la victime
04:40 et à te demander ce que tu faisais là, pourquoi,
04:43 comment t'étais habillée, ce genre de choses,
04:46 et à mettre en doute le simple fait
04:48 que tu viennes porter plainte pour ça
04:50 et que, d'une certaine façon, tu serais presque un peu responsable
04:54 de ce qui t'arrive.
04:55 Et donc, on a toujours tendance, après, à minimiser
04:59 ce qui t'est arrivé parce que c'est un crime sans cadavre,
05:02 et qu'on part du principe qu'à un moment,
05:04 tu vas te relever et tu vas passer à autre chose.
05:07 -Les mentalités n'ont pas évolué ?
05:09 -Si, quand même, j'espère. Sinon, c'est l'horreur.
05:12 On le voit, d'ailleurs, je trouve, très bien,
05:15 parce que comme la série se déroule sur 30 ans,
05:17 tu vois quand même d'où on part, qui est quand même...
05:20 C'est abyssal, en termes de prise en charge,
05:23 de psychologie et d'écoute, y a rien qui va.
05:25 Et tu vois bien qu'il y a un moment où ça évolue dans le bon sens,
05:29 qu'il y a peut-être plus de femmes aussi dans la police,
05:32 ça peut aider, mais quoi qu'il y a des hommes
05:35 qui reçoivent très bien la parole, c'est pas ça.
05:37 Mais tu sens qu'il y a des notions clés de consentement
05:40 qui sont arrivées, mais c'est suite à Me Too.
05:43 C'est un gros progrès, à ce moment-là.
05:45 Après, on a beaucoup de chemin à faire.
05:47 -Tu incarnes Christine Labeau, une jeune femme coiffeuse,
05:50 avec une vie de famille épanouie,
05:52 qui va se retrouver au mauvais endroit.
05:55 Je précise que c'est un personnage fictif.
05:57 C'est quoi la place de ce personnage ?
06:00 Et surtout, ce qui est intéressant, c'est l'époque.
06:02 Les mentalités de l'époque, les regards de l'époque.
06:05 -Bah, Christine, en fait, elle est vraiment...
06:10 C'est une femme...
06:11 C'est ça qui est fou, quoi.
06:13 Au départ, c'est une femme qui va bien,
06:15 qui a une vie de famille équilibrée,
06:17 qui aime son métier, et on voit qu'elle aime danser,
06:20 elle adore écouter de la musique,
06:22 et elle va croiser le chemin de cet homme,
06:25 et en fait, elle ne pourra plus jamais être
06:27 celle qu'elle a été avant.
06:29 Et je pense que c'est quelque chose
06:31 que les gens ont du mal à entendre,
06:33 c'est-à-dire l'effondrement psychique et physique
06:36 que c'est, un viol,
06:38 ça fait quand même que tu ne pourras plus jamais
06:41 être la personne que tu étais avant.
06:43 -C'est fort dans l'interprétation,
06:45 je parle juste du travail de comédienne,
06:47 d'être capable de jouer au début la joie de vivre
06:50 et après d'incarner un personnage
06:52 qui devient quasiment un mort vivant après son rôle.
06:55 -Tout à fait. Il y tenait beaucoup, Jean-Xavier Delestrade,
06:59 la scène de l'anniversaire, il y tenait beaucoup,
07:01 parce qu'il me disait qu'il faut absolument
07:04 qu'on voit qui elle était avant pour montrer l'avant-après
07:07 et voir toutes les conséquences qu'un viol peut avoir sur quelqu'un.
07:11 Donc, voir toute sa joie de vivre,
07:13 voilà, elle a un truc très solaire, quoi, dans cette scène.
07:16 Et effectivement, après, comme tu l'as suit sur 30 ans,
07:19 et comme elle n'a pas été entendue,
07:21 comme elle n'a pas été prise en charge
07:23 et que justice n'a pas été faite,
07:25 en fait, elle, elle va s'enfermer dans un déni
07:28 et puis elle va avoir plein de manifestations
07:30 de stress post-traumatique que beaucoup de victimes peuvent avoir.
07:34 Elle va avoir des troubles du comportement alimentaire,
07:37 elle va être en survigilance, elle va devenir presque paranoïaque,
07:41 elle va avoir tendance à s'enfermer dès qu'elle peut,
07:44 physiquement, avec des verrous ou dans son corps.
07:46 Et en fait, on a travaillé dans le jeu...
07:49 Parce que le déni, c'est compliqué à jouer,
07:51 parce qu'il y a rien de spectaculaire dans le déni.
07:54 Tu peux presque avoir l'impression qu'il est normal,
07:56 à part qu'il y a des moments où tu sens que ça se fissure,
07:59 et donc, on a essayé de travailler sur quelque chose
08:02 qui est presque comme absent à soi-même,
08:05 un peu comme anesthésie. Voilà.
08:08 -J'ai l'impression que tu joues avec un voile dans les yeux.
08:11 -C'est fou que tu dis ça, il me l'a demandé plein de fois.
08:14 Des fois, c'est vrai, il me disait, "Attention,
08:17 "parfois, t'as le regard encore trop vif, trop présent,
08:20 "il faut qu'il y ait quelque chose."
08:22 Et d'ailleurs, les autres comédiennes qui jouent les victimes
08:26 sont remarquables aussi.
08:27 Tous les acteurs sont magnifiques dans la série,
08:30 mais je trouve qu'à chaque fois, les comédiennes
08:33 qui se sont emparées de ce désastre intime,
08:35 elles ont trouvé un endroit de regard
08:37 qui est très particulier, ce que tu dis,
08:40 c'est-à-dire un truc où t'es là, mais t'es pas complètement là.
08:43 -En tout cas, ça s'appelle "Sambre",
08:45 carton populaire, on regarde un extrait.
08:47 -Dans la déposition, vous disiez que votre soutien-gorge
08:51 et votre haut étaient relevés.
08:52 Ils se sont relevés pendant qu'ils vous traînaient jusqu'ici
08:56 ou c'est lui qui les a enlevés après ?
08:58 -Je sais pas.
08:59 J'étais inconsciente.
09:01 ...
09:03 -Hm.
09:04 ...
09:12 J'ai froid.
09:13 ...
09:15 Je voudrais rentrer chez moi.
09:17 ...
09:18 Je peux me lever ?
09:20 -Oui.
09:21 ...
09:27 Vous me voulez mon avis, Mme Labeau ?
09:29 Vous avez eu de la chance.
09:31 ...
09:33 -Je te rappelle. -On vous attend.
09:35 -Tiens.
09:36 ...
09:38 Merci.
09:39 -Cette scène est folle, parce qu'on voit le personnage
09:42 à qui on a quasiment volé la vie, volé l'âme,
09:45 et quelqu'un qui lui dit "vous avez de la chance".
09:47 -Mais même, ça va plus loin.
09:49 Et ça s'est vraiment passé comme ça.
09:51 Il y a des victimes à qui on a demandé de faire ça.
09:54 C'est-à-dire que c'est dire à quel endroit de non-écoute
09:57 on était à cette époque-là.
09:59 Elle vient de porter plante, ce qui demande beaucoup de courage.
10:02 C'est juste après que ça lui soit arrivé.
10:05 Et ce policier lui dit "on va retourner sur les lieux".
10:08 Donc, c'est inouï de faire ça,
10:10 parce que le trauma est encore là, très, très vif.
10:13 Et il lui demande de s'allonger à l'endroit où elle s'est allongée
10:17 et où elle a été violée.
10:19 Donc, c'est vraiment...
10:21 C'est double peine, quoi.
10:22 Et en plus, il termine avec cette phrase en disant
10:25 "vous avez eu de la chance".
10:26 -On parle beaucoup des victimes quand on parle de viol,
10:30 quand on parle de coupable.
10:31 Et là, le sujet, c'est aussi le coupable.
10:33 On parle de quelqu'un qui a pu faire ça en toute impunité
10:37 pendant des années. -Ouais.
10:38 Ouais.
10:40 Je crois que le premier but de la série,
10:42 c'était quand même de vraiment donner la parole aux victimes.
10:45 Je trouve ça remarquable,
10:47 parce qu'il y a même des choix de cinéma qui permettent ça.
10:50 Pour chaque déposition au commissariat,
10:53 on reste sur la victime, il n'y a pas de contrechamp.
10:56 Et parfois, ça dure 5, 6, 7 minutes.
10:58 Et du coup, ça fait que le spectateur est obligé
11:01 d'écouter cette parole et d'assister à cet effondrement,
11:04 mais en live, quoi, en direct.
11:06 Et je pense que c'était vraiment ça, le premier but de la série.
11:09 Après, un des buts, c'était de montrer
11:12 que, contrairement à ce qu'on a voulu nous dire
11:15 pendant tellement longtemps,
11:16 les violeurs ne sont pas des monstres
11:20 qui surgissent dans la nuit, dans un parking.
11:24 Ça peut arriver, bien sûr.
11:25 Mais en fait, on s'aperçoit qu'à 80, 85 % des cas,
11:29 contrairement à ce qu'on nous avait dit,
11:32 c'est pas des déséquilibrés, c'est pas des marginaux,
11:36 c'est pas...
11:37 Je sais pas, moi... Des psychopathes.
11:40 En fait, très souvent, c'est quand même des hommes
11:43 parfaitement insérés dans la société,
11:46 qui ont un travail, qui ont une famille,
11:48 qui ont des hobbies,
11:49 et que donc, potentiellement, on connaît tous.
11:52 Alors, je dis pas du tout, évidemment,
11:54 les hommes ne violent pas, bien évidemment,
11:56 mais dans les violeurs, il y a, on le sait maintenant,
12:00 l'immense majorité, en fait, c'est monsieur tout le monde.
12:03 Il y a une scène géniale entre Jonathan et Olivier Gourmet,
12:06 dans le dernier ou avant-dernier épisode,
12:09 où Jonathan dit...
12:10 Le criminel dit...
12:12 Essaye de se défausser en disant,
12:14 "Mais en fait, il y a moi, mais il y a le gentil moi,
12:17 "puis il y a le méchant moi, et quand le méchant sort,
12:19 "j'ai une pulsion, j'arrive pas à me retenir."
12:22 Et il lui répond, "Non, il y en a pas deux, il y a vous,
12:25 "il y a que vous."
12:26 C'est ça qui nous fait chier, en fait.
12:28 Parce que si on admet ça,
12:30 si on admet que ça peut être monsieur tout le monde,
12:32 ça veut dire qu'il y a un moment...
12:34 Et on en connaît.
12:37 Enfin, voilà.
12:38 Et que donc, cette société permet ça, permet que ça continue.
12:42 -Il y a quelque chose qui nous intéresse aussi dans la société,
12:45 c'est le succès des faits divers,
12:47 le succès d'une série comme "Sambre".
12:49 On en parle juste après ça.
12:51 -Les gens sont fous.
12:52 Les documentaires "True Crime", ces affaires criminelles
12:55 qui se déclinent en séries, en podcasts ou à la télévision,
12:58 sont partout. Ils sont tirés de faits divers.
13:01 -Grégory a été enlevé devant chez lui
13:03 alors qu'il jouait sur ce tas de gravier.
13:05 La dernière menace qu'a pu entendre sa famille
13:08 était celle d'un homme qui disait au téléphone...
13:11 -Même en fiction, les séries et les films basés
13:13 sur des histoires vraies font un carton.
13:16 L'année dernière, personne n'a pu passer à côté
13:18 du ranmari d'Hammer.
13:20 -Pourquoi ?
13:21 -Parce que je vais le manger.
13:23 -Une tendance à aller toujours plus loin,
13:25 dans l'horreur et le glauque qui questionne.
13:28 On attribue ce succès à la curiosité malsaine
13:30 et à l'appétit pour l'hyperviolence.
13:32 -Alors, j'ai pris un marteau, je l'ai battu à mort.
13:35 -Et même si c'est parfois le cas,
13:37 on ne peut pas limiter le phénomène
13:39 à une simple fascination pour le trash.
13:42 Certaines oeuvres inspirées d'affaires criminelles
13:44 font plus que titiller nos instincts macabres.
13:47 Elles révèlent un fait social.
13:49 -Il s'est fait tuer ?
13:50 Moi, je sais, je vais vous dire.
13:52 Il s'est fait tuer parce que c'était une fille.
13:55 Voilà, c'est tout.
13:56 -Parce que oui, certaines affaires criminelles
13:59 peuvent devenir de réels faits politiques.
14:01 C'est le cas de la série "Sambre",
14:03 qui, en s'inspirant d'une histoire vraie,
14:06 nous éclaire sur l'évolution de la société.
14:08 -Juste après, il y a un petit chemin
14:10 qui part vers la sambre sur la droite.
14:12 C'est par là qu'il m'a entraînée.
14:15 -Qu'est-ce que vous faisiez toutes seules à cette heure-là ?
14:18 -Au sujet du traitement des victimes d'acharnement médiatique
14:21 ou des réponses pénales, certaines affaires criminelles
14:25 témoignent de l'évolution des mœurs.
14:27 Finalement, qu'est-ce que les faits divers disent ?
14:30 -Qu'est-ce que dit "Sambre" de notre société ?
14:33 -Je trouve que c'est là où le travail de Jean-Xavier
14:36 est remarquable.
14:37 C'est que lui, à chaque fois qu'il prend un fait divers,
14:40 que ce soit Laetitia ou que ce soit Sambre,
14:43 il y a toujours, en fait, la volonté de ne surtout pas
14:48 rester collé au fait divers.
14:49 C'est que ce fait divers raconte quelque chose de notre société.
14:53 Dans Laetitia, c'était déjà le cas,
14:55 ça parlait quand même des défaillances de notre société
14:59 sur la protection des enfants, des mineurs.
15:01 Et là, en fait, moi, quand j'ai lu le scénario,
15:04 et après, quand j'ai découvert la série dans son entièreté,
15:07 je me suis dit que c'est presque comme une cartographie
15:11 de la culture du viol en France de 1988 à 2018.
15:14 Et donc, ça nous raconte quand même
15:16 comment, depuis 30, 40, 50 ans,
15:22 on vit dans une société
15:26 où les femmes ne sont pas entendues,
15:30 les femmes peuvent être potentiellement en danger,
15:33 et il y a une forme d'impunité quand même
15:36 sur cette criminalité sexuelle.
15:38 -Vous êtes intéressée aussi aux enfants,
15:40 vous êtes la marraine d'une association
15:42 qui fait un super travail, l'Enfant bleu.
15:45 -C'est une association qui lutte contre les maltraitances
15:48 faites aux enfants.
15:49 Hier, c'était la Journée internationale
15:52 des droits de l'enfant.
15:53 La première ministre a présenté un nouveau plan
15:56 contre les violences faites aux enfants pour 2023-2027.
15:59 22 actions pour renforcer les moyens de ceux qui protègent
16:02 les enfants, la prise en charge des enfants victimes.
16:05 Si vous aviez une mesure à lui conseiller,
16:08 ce serait laquelle ? -Alors, j'en dirais deux.
16:11 Je dirais qu'à un moment, il faut vraiment, vraiment
16:14 un budget conséquent, mais en fait, un budget normal
16:17 à cette cause qui, pour moi, devrait être,
16:20 depuis, je sais pas, depuis très longtemps,
16:22 cause nationale, parce que...
16:24 Parce que les enfants, c'est les adultes de demain,
16:27 c'est les citoyens de demain, et on voit bien que,
16:30 par exemple, en termes de criminalité sexuelle,
16:33 de pédocriminalité, il y a quelque chose
16:35 qui est très systémique, quoi, et que si on n'apporte pas
16:39 une réponse politique à ce problème,
16:41 qui est un vrai problème de société,
16:43 de société publique, on crée la société de demain
16:46 qui sera très malade. Donc, le premier truc,
16:49 ça serait déjà d'arrêter de donner des toutes petites enveloppes,
16:52 mais de vraiment allouer un vrai budget à ça,
16:55 éventuellement même un vrai ministère,
16:58 ça serait quand même vraiment chouette, maintenant.
17:01 Et le premier truc, je crois, ça serait de faire en sorte
17:04 que, quoi qu'il arrive, la prévention à l'école
17:07 soit systématique dans chaque classe de France.
17:11 Vraiment, et dès la maternelle, en fait,
17:13 parce que c'est tout à fait possible,
17:16 on pourrait mettre ça en place.
17:18 D'ailleurs, des associations comme l'Enfant bleu le font,
17:21 ils font beaucoup d'interventions dans les écoles, dans les lycées.
17:25 -C'est quoi la première phrase à dire à un enfant ?
17:28 -Ca dépend si c'est prévention en termes de pédocriminalité
17:31 ou si c'est en termes de maltraitance physique,
17:34 mais si c'est en termes de pédocriminalité,
17:37 il faut absolument commencer par lui dire
17:40 que son corps lui appartient,
17:42 que personne n'a le droit jamais de...
17:45 toucher son corps sans autorisation,
17:47 qu'un adulte n'a jamais le droit de toucher son corps
17:51 ou de le forcer, lui ou elle, à toucher le corps de l'adulte,
17:54 et que surtout, si jamais ça lui arrive,
17:57 parce qu'on n'est jamais à l'abri,
17:59 de lui dire que c'est jamais de sa faute,
18:02 qu'il n'a jamais rien fait de mal,
18:04 et qu'il faut tout de suite qu'il en parle à quelqu'un
18:07 pour qu'il ait confiance, qu'un adulte le protège.
18:10 -Est-ce qu'il y a quelque chose dans votre histoire
18:13 qui vous a fait vous engager dans cette cause ?
18:16 -Vraiment, le premier truc,
18:18 c'est quand j'ai rencontré les gens de l'Enfant bleu,
18:21 parce que quand j'ai lu les rapports et les chiffres,
18:24 au début, j'ai vraiment cru qu'il y avait des erreurs
18:27 dans les chiffres. Je me revois en train de lire
18:30 le rapport que m'avait donné la présidente de l'association
18:33 et je me disais que c'était pas possible.
18:36 Il y a trois enfants par classe
18:39 qui sont victimes d'abus sexuels et le plus souvent d'incestes,
18:43 ou quand on me dit qu'il y a 160 000 enfants,
18:46 au bas mot, parce qu'il y a tous ceux qui parlent pas,
18:49 par an, qui sont victimes de violences sexuelles,
18:52 et les chiffres sur la maltraitance physique...
18:56 J'ai vraiment cru qu'il y avait des erreurs.
18:59 Je suis tombée de ma chaise et je me suis dit,
19:02 comment c'est possible qu'on sache ça
19:05 et qu'on ne fasse rien,
19:07 qu'on ne mette pas en place un vrai programme politique
19:11 pour résoudre ce problème ?
19:13 Jusqu'à aujourd'hui, ça n'a pas été fait.
19:16 Il y a des trucs qui bougent,
19:18 l'instauration de la civise avec le juge Durand,
19:21 et Dieu merci, elle va être reconduite,
19:23 mais il y a encore beaucoup de choses à faire.
19:26 -Alix Poisson, on va aller en enfance,
19:28 mais on va aller dans votre enfance.
19:30 On passe à des sujets un peu plus légers.
19:33 -C'est pas normal. -On voit Alix Poisson partout,
19:36 mais on va connaître votre histoire.
19:38 Vous avez choisi une madeleine de l'enfance,
19:41 la madeleine de Clique.
19:42 Musique jazz
19:44 ...
19:46 -Alix Poisson, vous avez choisi ça.
19:49 C'est "Madame et ses revues".
19:51 Musique jazz
19:53 -Oh là là ! Mais c'est vraiment...
19:55 ...
20:02 -J'aime bien quand vous le sortez. -Ah non !
20:04 ...
20:09 -Brand new life, brand new life, brand new life...
20:14 -Oh là là !
20:15 -Tony Danza, on l'aime.
20:17 -Mais tous !
20:18 Entre parenthèses, Judith Light, merveille de femme,
20:21 merveille d'actrice, grande féministe...
20:24 -Alissa Milano. -Alissa Milano, tout le monde.
20:26 C'est vraiment ma madeleine.
20:28 -Pourquoi ça vous a parlé, cette série ?
20:31 C'était révolutionnaire, à l'époque. On inversait les rôles.
20:34 -C'est vrai. -C'était un homme à tout faire.
20:37 -Absolument. Déjà, sans le savoir,
20:39 c'était déjà féministe, et du coup...
20:41 Moi, j'avais 8-9 ans,
20:43 donc j'avais peut-être pas conscientisé ce truc-là.
20:46 Mais je pense que ça devait me parler.
20:48 Après, ce que je trouvais...
20:50 ...génial, c'est que...
20:54 Comment dire ?
20:55 Ils étaient tous totalement imparfaits.
20:58 Déjà, ils étaient tous...
21:00 Ils avaient plein de défauts et tout.
21:02 Elle, elle était complètement contre le fric.
21:04 Mais je crois que...
21:06 Je sais pas comment dire.
21:08 Moi, je suis vraiment une enfant de la télé.
21:10 J'ai pas adoré l'enfance.
21:12 J'ai pas trouvé...
21:13 J'ai pas eu une super période dans ma vie,
21:16 pour plein de raisons, et...
21:18 Et des fois, la télé m'a vraiment...
21:21 Apporté beaucoup de bonheur.
21:25 Je suis pas du tout snob vis-à-vis de la télé,
21:28 elle m'a sauvée un peu.
21:29 Y a des fictions, des trucs que j'ai vus à la télé.
21:32 Et ça, quand je savais que ça passait de 20h à 20h30,
21:35 c'était mon bonbon, quoi.
21:37 -Poisson, y a "Parents, mode d'emploi",
21:39 qui a été un carton populaire.
21:41 Mais y a eu également le rôle de Laetitia dans "L'affaire Courgeot".
21:45 La préparation pour "L'affaire Courgeot",
21:48 c'était pas le rôle de Laetitia.
21:50 -On a fait un mélange entre Laetitia et "L'affaire Courgeot".
21:53 "L'affaire Courgeot", donc. -Y a eu "L'affaire Courgeot".
21:57 Moi, ce qui m'intéresse, c'est le moment où vous avez passé le casting,
22:02 et pour passer ce casting, y a une préparation physique,
22:06 ce que les gens font rarement.
22:07 -Pour "L'affaire Courgeot". -Oui.
22:10 -Je l'ai beaucoup raconté.
22:12 J'ai l'impression qu'une histoire a grossi.
22:14 -Les gens se sont inventés des mythos.
22:17 -C'est vrai qu'il s'est passé un truc,
22:19 c'est vrai que ça arrive pas si souvent.
22:21 Mais comme je viens du théâtre,
22:23 moi, j'ai vraiment l'habitude de...
22:27 C'est vraiment un kiff de me transformer,
22:29 d'arriver aux essais en costume,
22:32 avec des transformations physiques, du maquillage, des trucs.
22:36 Au début, y a des gens qui étaient surpris.
22:38 Je me souviens d'un casting pour un film où c'était des nonnes,
22:41 et j'étais arrivée intégralement en bonne soeur.
22:44 La personne qui a ouvert la porte était un peu surprise.
22:47 Mais pour "L'affaire Courgeot",
22:49 comme je savais que je lui ressemblais pas du tout,
22:52 elle était très brune, j'étais blonde,
22:54 j'avais 40 ans au moment du procès,
22:56 j'avais 30 ans à l'époque,
22:58 elle était un peu plus carrée que moi et tout,
23:03 et je savais que...
23:05 Souvent, il faut avoir plus d'imagination
23:07 que les réalisateurs, quand même,
23:09 et si je faisais pas un effort pour aller vers elle, je l'aurais pas.
23:13 C'était ça, l'erreur, par contre.
23:15 J'ai pas dormi pour être cernée, machin, tout ça,
23:18 j'ai mis une veste avec des grosses épaulettes,
23:20 je m'étais fabriquée des faux seins,
23:22 je m'étais bombée les cheveux avec une bombe noire,
23:25 parce que j'avais pas assez de sous pour aller me faire une couleur,
23:29 et donc je m'étais bombée avec une bombe de farcea trappe,
23:32 sauf qu'en casting, il s'est mis à pleuvoir des trombes,
23:35 et donc ça me dégoulinait partout dans le cou.
23:37 -J'ai un pote qui a une calvitie qui a eu le même problème.
23:41 On va faire un jeu. -Sans transition.
23:43 -J'ai des cartes. -J'adore.
23:45 -Chaque carte, c'est un thème de question.
23:47 C'est l'interview à la carte. C'est parti, vous allez choisir.
23:51 -OK. -OK, la main.
23:52 -OK. -Allez, hop, choisissez.
23:54 Une carte.
23:55 L'amour. -Qu'est-ce que je fais ?
23:58 -On fait l'interview, l'amour.
24:00 À quand remonte votre dernier "Je t'aime" ?
24:03 -Hier. -Qu'est-ce qui vous fait tomber amoureuse ?
24:06 ...
24:10 -La franchise.
24:12 -C'est quoi votre pire date de votre vie ?
24:15 -Non !
24:16 -Faut raconter, c'est bien.
24:18 -Ah !
24:19 C'est un date... C'est pas très drôle, comme histoire,
24:22 mais c'est un date où j'étais au restaurant avec un...
24:25 Mon petit copain, j'avais 23, 24, il s'y regarde,
24:28 il va s'en rappeler, et en fait, on était au restaurant,
24:31 on était hyper heureux, on avait pas beaucoup de sous,
24:34 on s'était payé un super resto.
24:36 Et la table d'à côté, il y a une dame un peu âgée
24:39 qui s'est étouffée, mais étouffée vraiment
24:41 avec un morceau de poulet, et qui est devenue bleue
24:44 intégralement, qui est tombée par terre
24:47 pour mourir à côté de nous, et en fait,
24:49 l'amoureux avec qui j'étais a fait un truc fou,
24:51 il s'est levé, il a fait la fameuse manœuvre
24:54 où t'éclates le... Et en fait, tac,
24:56 elle a craché son morceau de poulet,
24:58 et elle était sauvée.
24:59 Mais on était comme ça, tous les deux.
25:02 On a quitté le restaurant, on était en panique.
25:04 -C'est quoi le pire défaut ?
25:06 -Le pire défaut ?
25:07 Euh... L'hypocondrie.
25:10 -De quelle star êtes-vous secrètement amoureuse ?
25:13 -De Jessica Chastain.
25:14 -Pas mal. -Ouais.
25:16 -On allait faire un tour sur les réseaux d'Alex Poisson.
25:19 On a quand même trouvé des trucs. -Sur Jessica Chastain ?
25:22 -Non, sur Alex Poisson.
25:23 Musique électronique
25:25 ...
25:28 -On a cliqué sur vous, Alex Poisson.
25:31 On a vite compris que pour vous, Insta, c'était un journal intime
25:34 et un manuel de survie pour maman.
25:36 Vous dévoilez vos secrets beauté à mi-chemin
25:39 entre une pâtisserie orientale. -On est sur un masque
25:42 au miel de thym.
25:43 ...
25:44 -C'est blime.
25:46 -Et un remake de "Massacre à la troncheuse".
25:48 Vous montrez vos craquages
25:50 ou vous risquez le torticolis à chaque mouvement.
25:53 Musique électronique
25:55 Mais en cliquant sur vous, on a vu le manuel de survie d'une maman
25:58 où vous brillez par votre patience et votre zénitude.
26:01 ...
26:11 -Ah !
26:12 -Mais ça va, vous le vivez super bien.
26:14 Vous avez l'air épanoui.
26:15 ...
26:18 -J'ai eu la peste, là.
26:20 -En cliquant sur vous, on voit la femme engagée
26:22 et l'actrice au CV bien remplie.
26:24 Un CV qui n'a pas fuité dans les rédacs.
26:26 -Qui est Alex Poisson, qui incarne Christine Labeau ?
26:29 -A priori, peu importe les sorties, il se pose toujours les mêmes questions.
26:33 -Qui est Alex Poisson, qui incarne Lama Eude ?
26:36 -En même temps, le succès d'Alex dans la série "Sambre"
26:39 est passé inaperçu, de fin liminée.
26:41 ...
26:43 -J'espère que maintenant, vous savez qui est Alex Poisson.
26:46 Compte à rebours, c'est parti.
26:48 Un maximum de questions pour un maximum de réponses.
26:51 -Ca fait peur, ça.
26:52 -Qu'est-ce que vous passez votre temps à chercher ?
26:55 -Mickey. -Avec quoi peut-on vous acheter ?
26:57 -Un sourire.
26:58 -Qu'est-ce que vous oubliez tout le temps d'acheter
27:01 quand vous faites vos courses ?
27:03 -Le...
27:04 Le...
27:05 Oh, merde, ça n'a aucun intérêt.
27:07 La pâte à tartiner.
27:08 -Qu'est-ce que vous allez faire avec vos mains ?
27:11 -Avec mes mains ? -Ouais.
27:12 ...
27:14 -Euh...
27:15 Waouh !
27:16 C'est un maximum de réponses. Avec mes mains ?
27:19 ...
27:20 Waouh, je sèche complètement mon ain de Joker ?
27:23 -Oui. Le lait avant les céréales ou les céréales avant le lait ?
27:26 -Pas de céréales. -Qu'est-ce que vous détestez ?
27:28 -Euh... Mon hypochondrie.
27:30 -Qu'est-ce que vous voulez pas montrer sur les réseaux ?
27:33 -Mon enfant.
27:34 -Faut-il donner le code de son téléphone
27:36 à la personne qu'on aime ? -On le donne.
27:39 -C'est quoi le cauchemar dont vous vous souvenez toujours ?
27:41 -Ah ! Je... Je cours...
27:44 Je cours, je cours, je cours,
27:45 et j'essaie d'échapper à quelque chose,
27:48 mais mes gestes sont très empêchés.
27:50 Et surtout, à la fin, je me dis à chaque fois
27:52 "on t'avait dit de prendre des lunettes".
27:54 -On vous avait dit de prendre des lunettes.
27:57 Et vous savez qui est Alix Poisson. Merci.
27:59 [SILENCE]