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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 ♪ ♪ ♪
00:05 - C'est un petit peu meilleur que chez moi,
00:07 mais bon, on cherche toujours le meilleur ailleurs.
00:10 ♪ ♪ ♪
00:13 - Et tac, il nous lâche un texte.
00:15 Depuis ce jour-là, on n'a plus lâché Keri James.
00:17 ♪ ♪ ♪
00:22 - Moi, c'est Alix, alias Keri, le penseur des rebelles.
00:25 J'ai qu'une passion, c'est le rap.
00:26 ♪ ♪ ♪
00:28 Est-ce que je continue ou pas?
00:32 - J'ai jamais cru qu'il allait arrêter le rap.
00:34 ♪ ♪ ♪
00:39 - La vie, c'est une question de choix, c'est tout.
00:41 ♪ ♪ ♪
00:55 - Le combat continue jusqu'à la mort
00:57 et c'est ce qu'on croit en Dany.
00:58 ♪ ♪ ♪
01:04 - Bonsoir. - Bonsoir.
01:06 - Bonsoir, Keri James. - Ça va?
01:07 - Oui, je suis très contente de vous recevoir dans "Clic".
01:10 - C'est gentil. - Merci beaucoup
01:12 de nous faire l'honneur de répondre à l'invitation.
01:14 - Ça me touche. - Je suis hyper heureuse
01:16 pour parler de "Banlieusards 2", co-réalisé avec Leïla Sy,
01:19 qui est disponible sur Netflix à partir de mercredi.
01:22 Il le sera. - C'est ça.
01:23 - Et vous, Keri, vous jouez Demba,
01:25 c'est l'aîné d'une fratrie.
01:26 C'est un... On peut dire, vous me contredisez si c'est pas ça,
01:29 mais un ancien caïd qui s'est reconverti,
01:32 qui a décidé de se repentir, de passer une autre vie.
01:34 Et c'est pas tous les jours évident,
01:36 mais je vous propose qu'on regarde la bande-annonce.
01:38 - Vous m'avez dit, dans la rue,
01:39 il y a deux sortes de personnes qui font pas l'enfant.
01:41 L'ancien qui sous-estime la rapacité du jeune
01:44 et le jeune qui sous-estime l'expérience de l'ancien.
01:46 ♪ ♪ ♪ T'as compris?
01:48 ♪ ♪ ♪
01:51 - Votre boîte a de l'ancienneté dans les métiers du bâtiment
01:54 et nous avons pris connaissance de votre bilan,
01:56 ce qui est assez impressionnant.
01:57 Il nous faudra un terrain le mois prochain.
01:59 - On peut le faire.
02:00 ♪ ♪ ♪
02:01 - J'ai rien dit à Demba par rapport à ton exclusion.
02:03 C'est fini, lui.
02:04 Je te couvrirai plus.
02:06 - T'as un mémoire court ou quoi, toi?
02:07 - J'ai jamais rien demandé, non.
02:08 J'ai jamais demandé de prendre pour moi.
02:10 - Oui, je sais.
02:11 T'as pas besoin de demander.
02:13 ♪ ♪ ♪
02:14 - Si tu te fous de ma gueule sur ce coup, je te lâcherai pas.
02:17 C'est comme ça que t'as connu bien Ami?
02:18 Qu'est-ce que ça veut faire, là?
02:19 Ça veut te refaire une nouvelle vie?
02:20 C'est le nouveau Demba, c'est ça?
02:22 ♪ ♪ ♪
02:23 - Ça vous fait quoi de revoir cette bande d'annonces?
02:29 - Ah, c'est très émouvant.
02:31 Le film, dans...
02:33 même pas 48 heures, il ne nous appartiendra plus.
02:37 Et les gens nous donneront leur verdict, quoi.
02:42 En tout cas, nous, on a tout mis dedans, on a tout mis.
02:45 On a essayé d'humaniser des gens qui sont souvent pas
02:49 représentés ou mal représentés.
02:52 Dans le cinéma français.
02:54 Et c'est un film qui parle d'amour, de liens familiaux.
02:59 Il y a... tout y est, tout y est.
03:02 - C'est un très, très beau film et c'est un film qui a déjà
03:05 parlé, puisqu'il y a eu "Banlieusard 1", évidemment,
03:07 "Banlieusard".
03:08 Et le premier volet, ça a été le troisième plus gros succès
03:11 de l'année 2020 sur Netflix, avec plus de 2,6 millions de vues
03:13 à travers le monde en seulement 7 jours.
03:16 Et pourtant, Gerrit Jems, vous avez un peu galéré,
03:18 je me suis laissée entendre, là, sur ce film.
03:20 - Oui, je me suis laissée entendre dire.
03:22 Pour trouver des financements, pour la seconde version,
03:25 ça a été plus facile, j'imagine ?
03:26 - Oui, pour la deuxième version, ça a été plus facile,
03:29 mais c'est vrai que le premier scénario, voilà,
03:31 je l'ai traîné sous le bras pendant cinq ans.
03:34 Et vraiment, le cinéma français n'en voulait pas.
03:36 Jusqu'à ce que je rencontre mes producteurs qui sont
03:39 Strap Film et les films du Velvet.
03:41 Strap Film, c'est les producteurs aussi des "Misérables".
03:44 Et ils ont fait un film qui est un peu plus grand,
03:46 un peu plus grand que "Banlieusard".
03:48 Et c'est eux qui ont fait le premier scénario
03:51 pour "Les Misérables".
03:52 Et donc, ils m'ont laissé l'opportunité
03:54 de prendre la parole, quoi.
03:55 - C'est quoi, les premiers retours du public, là ?
03:58 Nous, on a eu quelques images...
03:59 - Oui, on a fait quelques avant-premières.
04:01 - Oui.
04:03 - Vraiment, en toute sincérité, sans fausse...
04:05 Certains diront sans fausse modestie.
04:07 - Oui.
04:08 - Les gens qui ont aimé le premier adorent le second volet
04:11 et pensent même qu'il est vraiment au-dessus
04:14 du premier volet, ce qui est très rare, quoi.
04:17 - On y retrouve évidemment tout ce qui a fait la beauté,
04:20 la poésie, le succès et l'intensité, surtout.
04:22 C'est ça qu'on aime chez vous aussi,
04:24 que Richem, c'est que vous vous investissez à fond.
04:26 J'écris en train de dire aussi que vous aviez...
04:29 C'était un peu la somme de tous vos arts cumulés,
04:31 à la fois du théâtre, à la fois de la chanson.
04:34 Il y avait un peu tout ça dans ce film-là.
04:36 - Ceux qui connaissent ma musique vont tout retrouver, quoi.
04:39 C'est "Lettres à la République", "Banlieusard",
04:42 "Constat amer".
04:44 Tous mes morceaux sont dans ce film.
04:47 Et là, vu qu'on a eu plus de temps
04:49 et que les personnages étaient déjà plus installés,
04:52 que les gens connaissent les personnages,
04:54 là, l'histoire est plus profonde, elle est plus touchante.
04:59 Voilà, beaucoup de gens pleurent.
05:00 - Et on est très remarqué, effectivement, par le destin
05:03 de ces trois garçons.
05:04 Suleyman, l'avocat, qui est au milieu de la famille,
05:07 le plus jeune aussi, qui sait plus trop
05:09 comment se situer, et Damba, qu'on retrouve magistrale,
05:12 pour tourner "Kiri James".
05:14 Vous avez été dans la cité de Bois-la-Baie.
05:16 - Oui.
05:17 - Et vous avez décidé de tourner avec les gens du quartier,
05:19 de faire... Voilà, ça vous est paru très naturel
05:22 de faire travailler justement les gens de ce quartier-là.
05:25 - Les portes de la cité du Bois-la-Baie,
05:28 elles nous ont été ouvertes par Mamadou Koulibaly,
05:30 qui est issu du Bois-la-Baie.
05:32 Moi, je suis d'Orly, à la base, qui est pas très loin.
05:35 Et Mamadou Koulibaly, il est dans le cinéma
05:38 depuis à peu près 15 ans.
05:40 Et il a fait venir au moins sept ou huit tournages
05:45 dans sa cité.
05:46 Et ça fait participer tous les habitants du quartier,
05:50 qui connaissent maintenant le monde du cinéma.
05:53 Ils nous accueillent de manière très chaleureuse.
05:56 Donc je leur passe vraiment un grand bonjour
05:59 à tous les habitants du Bois-la-Baie.
06:01 - Et nous aussi.
06:02 Kéry, on a demandé à Youssoupha, un de vos amis,
06:05 une chanson qui vous représente le mieux.
06:07 - Oui. - Je vous fais écouter
06:08 ce qu'il m'a envoyé ? - Sérieux.
06:10 - Allez.
06:11 - Si "Kiri" était une chanson, je dirais...
06:15 "Redemption Song" de Bob Marley.
06:19 Parce que "Kiri", de toute façon, c'est quelqu'un,
06:22 dans son parcours et dans sa vie, qui a dû se reconstruire,
06:25 qui a dû renaître souvent, se réinventer aussi.
06:29 Et "Redemption Song", c'est aussi une chanson de lutte
06:33 avec une certaine forme de sagesse,
06:36 et ça le ressemble bien.
06:38 - On écoute un peu ? - Yes.
06:40 ♪ Emancipate yourselves from mental slavery ♪
06:44 ♪ Non but to ourselves can free our minds ♪
06:48 ♪ Have no fear for atomic energy ♪
06:51 - Vous êtes d'accord avec cette chanson, avec son avis ?
06:54 Youssoupha ?
06:55 - C'est vrai que...
06:57 la vie est un combat.
07:02 Et que j'ai jamais le sentiment d'être parvenu.
07:07 Et j'essaie chaque jour d'être quelqu'un de meilleur,
07:13 et en vérité, c'est quasiment impossible de stagner.
07:17 Et donc, soit on recule, soit on avance,
07:22 mais ça reste la quête de toute ma vie.
07:24 - Donc cette notion de renaissance,
07:25 mais il y a aussi une autre que je me permets d'ajouter,
07:27 j'espère que Youssoupha ne m'en voudra pas,
07:29 mais dans "Redemption Song", c'est aussi cette notion
07:31 du repentir, et qui accompagne toute votre oeuvre,
07:34 parce que je connaissais et que j'ai pu découvrir par la suite,
07:36 et dans "Banlieusards", c'est aussi le cas, de Demba.
07:39 Quelle place s'il a, ce repentir ?
07:41 Qu'est-ce que ça veut dire pour vous ?
07:43 - Le repentir, c'est de regretter ce qu'on a fait
07:48 et qui n'était pas correct.
07:52 Et malheureusement, j'ai beaucoup de choses
07:56 pour lesquelles je devrais me repentir,
07:59 et je pense que j'en aurai encore.
08:03 Mais au moins, j'ai au moins cette conscience
08:10 qu'il faut me repentir.
08:12 Le problème, c'est quand les gens pensent être parvenus
08:14 et pensent être des gens bien,
08:16 à qui on n'a rien à reprocher, et là, c'est dangereux.
08:20 - Il y a des choses pour lesquelles on vous remercie aussi.
08:21 Vous avez commencé à l'âge de 13 ans,
08:24 vous avez fondé avec trois de vos amis le groupe "Idéal Junior",
08:27 puis plus tard, la mafia qu'infrit, évidemment.
08:29 Vous êtes devenu une légende du rap, 33 ans de carrière,
08:32 50 ans que le hip-hop existe.
08:34 On a eu envie de faire une petite mise en perspective,
08:37 prendre un peu de recul, et on s'est demandé, Kyrie Jen,
08:40 qu'est-ce que c'était que bien vieillir dans le rap ?
08:42 - Août 1973, un jeune New-Yorkais nommé DJ Kool Herc
08:46 mixe lors d'une fête dans le Bronx.
08:48 Ce moment-là, c'est la fondation d'un mouvement devenu mythique,
08:51 le hip-hop.
08:52 Des débuts underground, où l'on s'échange des cassettes
08:55 à travers la ville, mais il faudra attendre 1979
08:58 pour entendre pour la première fois du hip-hop à la radio.
09:01 ♪ ♪ ♪
09:08 Un premier hit qui ouvre la voie à une véritable
09:11 révolution culturelle qui fête aujourd'hui ses 50 ans.
09:14 On s'est donc demandé quel était le secret
09:16 pour durer dans l'industrie.
09:17 ♪ ♪ ♪
09:24 Il y a ceux qui n'ont jamais l'air de vieillir
09:26 et ceux qui donnent des conseils santé.
09:27 ♪ ♪ ♪
09:33 Mais pour traverser les époques, il faut surtout
09:35 de la constance et de la discipline.
09:36 - La survie, c'est savoir traverser les pics et les vallées
09:40 sans forcément changer de cap.
09:42 - Il faut aussi savoir se mettre une bonne dose de pression.
09:44 - Il va falloir qu'on accélère parce que...
09:46 on est plutôt jeunes.
09:48 C'est ça, le vieil vieux.
09:49 - Et surtout, ne pas laisser la nostalgie s'installer,
09:51 genre le rap, c'était mieux avant.
09:53 - En rap carri, par exemple, en rap français aussi,
09:55 mais en rap carri, il y a de la bombe à neutrons
09:57 de partout, quoi.
09:58 Encore plus qu'à notre époque.
10:00 Donc ça continue, quoi, tu vois.
10:01 Bienvenue dans le turfu.
10:02 - Bienvenue dans le turfu, on vous dit.
10:04 Alors, si on met de côté les phases d'égo-trip
10:06 et les démonstrations de force, le point commun
10:07 de toutes ces légendes, c'est de rester focus.
10:09 - You know, you kill the ego and you make it about the music,
10:14 make it about the art.
10:15 - La nouvelle génération arrive,
10:16 mais ceux qui ont fait le nom du hip-hop
10:18 ne sont pas prêts à prendre leur retraite.
10:19 - But I never want to say I'm retired.
10:21 Just, you know, it's a gift.
10:23 And who am I to shut it off?
10:24 - Alors, à votre avis, Kerry James,
10:26 vous qui avez commencé à l'âge de 13 ans,
10:28 comment fait-on pour bien vieillir dans le rap?
10:30 (rire)
10:31 - Je vous ai vu bien réagir, en tout cas, Kerry James.
10:33 C'est quelque chose d'intéressant.
10:36 Après, moi, la question, c'est plutôt comment fait-on
10:38 pour bien vieillir, bien vieillir tout court, quoi?
10:42 - Dans la vie.
10:43 - Oui, dans la vie, c'est plutôt ça qui m'intéresse.
10:45 Il faut savoir tirer des leçons de nos erreurs passées.
10:51 - Vous faites ça, vous?
10:52 Comment vous vous y prenez?
10:54 - J'essaye, mais je me retrouve beaucoup dans cette phrase,
10:58 "la folie, c'est de toujours faire la même chose."
11:01 La folie, c'est de toujours faire la même chose.
11:03 - En espérant des résultats différents.
11:05 - En espérant des résultats différents, oui.
11:07 - Cette phrase, elle vient du film, elle est dans le film.
11:09 - Elle est mentionnée dans le film.
11:11 Et si je l'ai mentionnée même deux reprises dans le film,
11:13 c'est parce que je me retrouve beaucoup.
11:15 - Qu'est-ce que vous faites pour, justement,
11:18 ne pas faire les choses de la même manière,
11:20 essayer de les aborder différemment?
11:22 - Il faut, je pense, changer les habitudes.
11:24 C'est la première chose à faire.
11:27 Parce que souvent, les mauvaises choses qu'on...
11:31 qu'on est poussé à faire viennent de nos mauvaises habitudes.
11:35 Des fois, il suffit juste de déplacer le curseur,
11:37 changer, se lever à une heure différente,
11:40 aller à un endroit différent, et ça change votre journée.
11:44 Et après, peut-être, pour ce qui est de la santé,
11:48 j'aurais peut-être un petit conseil.
11:51 Un petit... - Comme Kididi.
11:52 - Une petite... ouais. - Ouais.
11:54 - Une petite cuillère d'huile d'olive à jeun tous les matins.
11:56 - Allez, moi, c'est le vinaigre de cidre.
11:58 - Ah! - Chacun son truc.
12:01 - Aujourd'hui, le rap d'aujourd'hui,
12:03 qu'est-ce que vous en pensez?
12:05 Est-ce qu'en devenant, en fait, la première variété française,
12:07 le genre le plus écouté, il a pas perdu quelque chose?
12:10 - Ouais, évidemment.
12:12 Le rap, il a perdu beaucoup de...
12:15 de son sens, de sa profondeur.
12:18 Mais c'est le coup.
12:20 C'est-à-dire, pour devenir mainstream,
12:24 il faut... il fallait passer par là.
12:27 - Qu'est-ce que vous lui reprochez au rap d'aujourd'hui?
12:30 - Ce que vraiment, si je dois reprocher quelque chose,
12:34 c'est de nuire aux gens qu'il prétend
12:37 représenter et défendre.
12:41 Il y a des discours aujourd'hui dans le rap
12:43 que j'estime, personnellement, être dangereux
12:45 pour notre jeunesse.
12:48 Bien que le rap n'est pas responsable
12:52 de tous les maux de la société,
12:54 il y a un contexte économique, il y a un contexte social,
12:58 mais le rap reste quand même la bande originale
13:02 de la vie de beaucoup de jeunes.
13:04 - Le youtuber Squeezie, star de YouTube,
13:08 en couverture de Télérama... - Oui.
13:10 - Je sais pas si vous l'avez vu, il parle, lui,
13:12 de l'incompréhension des médias face au monde
13:14 des créateurs de contenu.
13:16 Et vous, Kéry James, évidemment, on n'a pas pu s'empêcher
13:18 de faire le lien, parce qu'avec le rap,
13:19 évidemment, vous êtes un précurseur,
13:20 vous avez essuyé les plâtres.
13:22 Comment ça s'est passé, justement?
13:23 Est-ce que vous avez un souvenir suffisamment...
13:26 Quelque chose qui vous a marqué de cette époque-là?
13:29 - Je sais que Squeezie, il a eu des aventures
13:33 avec Thierry Hardisson, je crois, avec qui j'ai eu aussi
13:36 une expérience qui a été une expérience carrément...
13:39 - Faut nous raconter. - Traumatisante.
13:41 Je sors mon album "Si c'était à refaire" en 2001.
13:47 J'avais arrêté le rap en 99, je reviens donc deux ans après
13:52 avec cet album "Si c'était à refaire".
13:54 Et Thierry Hardisson insiste pour me recevoir
13:57 sur son plateau de télévision.
14:00 Et quand je lui dis qu'il insiste, c'est qu'il m'appelle
14:03 lui-même deux fois en me disant "tu peux venir, c'est sûr,
14:07 il y aura pas de piège, je suis pas comme ça,
14:12 je suis pas comme ça", il a osé me dire.
14:14 Et donc, j'ai fini par accepter, il me dit qu'on va parler
14:17 de mon album et quand j'arrive sur le plateau de son émission,
14:22 je vois arriver une dame qui est entourée d'une dizaine
14:27 de gardes du corps en costume avec des oreillettes et tout,
14:32 et il s'agit de Taslima Nasrin, une femme sur laquelle pèse,
14:37 selon leurs termes, une fatwa qui vient du Pakistan.
14:42 Et donc, il la met face à moi et elle se met à débiter des choses
14:45 que je ne peux pas accepter en tant qu'un musulman sur l'islam.
14:49 Et donc, moi, je suis obligé d'aller à contre-sens,
14:55 mais comme elle est présentée comme une victime,
14:57 le simple fait que je sois face à elle me fait passer
15:01 pour un bourreau et c'était le piège que Thierry Ardisson
15:04 m'a tendu, un sale type.
15:06 - Aujourd'hui, ça va mieux avec les médias ?
15:09 - Aujourd'hui, je choisis les médias dans lesquels je vais.
15:15 Je n'aime pas les médias où il y a de la polémique
15:18 pour faire de la polémique et je trouve que "Click"
15:22 est une émission intelligente et c'est pour ça que je suis là
15:25 ce soir.
15:26 - Merci, en tout cas.
15:27 Chaque soir, Kerry James, on demande à notre invité
15:29 l'image qui a marqué son enfance, c'est la Madeleine de "Click".
15:33 - D'accord.
15:34 ♪ ♪ ♪
15:38 - Et vous, Kerry, vous avez choisi le film "Boys and the Hood".
15:41 C'est le film de John Singleton qui est sorti en 1991
15:45 et il y a une scène qui vous a marquée, on l'a retrouvée,
15:47 j'aimerais bien qu'on en parle après.
15:49 - Allez-y.
15:50 - Putain, ils nous emmènent en taule !
15:53 ♪ ♪ ♪
15:57 - Non, mais qu'est-ce qui se passe, là ?
15:59 - Ils ont volé des trucs.
16:01 ♪ ♪ ♪
16:06 ♪ ♪ ♪
16:11 ♪ ♪ ♪
16:17 ♪ ♪ ♪
16:22 ♪ ♪ ♪
16:27 ♪ ♪ ♪
16:31 - Pourquoi elle vous émette tant, cette scène, Kerry James ?
16:34 - Juste avant, le petit jeu, qu'on voit regarder l'autre
16:38 partir dans la voiture de police, il est...
16:43 Il passe une journée avec son père,
16:46 ils vont à la pêche et son père lui enseigne
16:48 beaucoup de choses sur la vie.
16:50 Et l'autre jeune, là, qui est embarqué par la police,
16:56 il vit sans père.
16:58 Et on le voit, ils reviennent de la pêche
17:02 et l'autre, il se fait embarquer, ça en dit long,
17:06 sur les familles monoparentales,
17:10 les conséquences que ça peut avoir, quoi.
17:12 - Et ça aussi, c'est très présent dans votre oeuvre.
17:15 Et il y a un moment très fort, justement, à ce propos,
17:18 "Tomba en lusardeux", j'aimerais bien qu'on le regarde.
17:21 - C'est pour ça que vous vous battez ?
17:24 Ces bâtiments dans lesquels on a grandi,
17:27 dans la misère, il y a pas d'ascenseur, les cafards.
17:30 C'est pour ça que vous êtes prêts à mourir.
17:33 Et toute la journée, vous êtes là à dire
17:35 "Personne nous aime dans ce pays, personne nous respecte.
17:38 "Nique l'État, il y a pas de taf, nique la police."
17:42 - Plus con encore. Bien sûr, nique la police.
17:45 - T'as quelque chose à dire, Lamine ?
17:47 T'as blessure à l'oeil.
17:49 C'est à cause des flics ou à cause de votre descente à la con ?
17:52 Comment voulez-vous qu'on nous respecte ?
17:55 Regardez, entre nous, on se respecte même pas.
17:58 Comment voulez-vous qu'on nous aime ?
18:00 Entre nous, on se déteste.
18:02 Et toujours, vous êtes là à dire
18:04 "Moi, ma mère, je l'aime, je vais lui ramener le million à la maison."
18:08 Vous savez ce que vous allez offrir à la daronne ?
18:10 Elles sont là, les mamans. Demandez-leur.
18:14 C'est un cercueil.
18:16 - Wow. - Elles sont là, les mamans.
18:18 Elles sont là tout au long du film, partout.
18:20 Et pas que les mamans, les femmes en général.
18:22 J'ai remarqué un truc, j'ai pas pu m'empêcher de l'analyser comme ça.
18:25 Vous allez me dire si j'ai tort, Kerry James.
18:27 Mais les femmes, ce sont elles qui font passer l'éducation.
18:30 C'est Khadija Traoré, la maman de la fratrie,
18:32 qui va ouvrir une école au Sénégal.
18:34 C'est aussi une jeune femme qui encourage le plus jeune de la fratrie à lire,
18:38 Martin Eden, de Jack London.
18:40 - Super. - Et je me suis dit,
18:42 tiens, Kerry James a vraiment cette...
18:45 C'est quoi, alors, cette impression ? D'où vient cette...
18:48 Cette idée que ce sont les femmes qui sont les passeurs, justement,
18:51 de la connaissance, de l'éducation, des valeurs ?
18:53 - J'ai vécu... J'ai grandi avec ma mère.
18:56 - Hum. - Et donc, moi, j'ai cette vision...
19:00 de la mère...
19:03 forte, qui est capable de tout surmonter,
19:08 de tout affronter.
19:10 Ma mère, elle nous a élevés, on était cinq, quoi.
19:13 Elle a fait des fois plusieurs jobs
19:16 dans une... dans une même journée.
19:19 Donc c'est ma vision de la femme.
19:21 Et puis même, quiconque observe les associations,
19:25 dans les quartiers populaires, tout ça,
19:27 elles sont souvent portées par des femmes, quoi.
19:30 - Les mères célibataires aussi,
19:32 quelle place elles occupent dans les quartiers en particulier ?
19:35 - Bah, c'est... Elles doivent assumer deux rôles,
19:39 celui de père et de mère.
19:41 Et quand l'enfant est confronté à ce à quoi on peut être confronté
19:46 dans un quartier populaire, c'est très, très difficile.
19:50 C'est très, très difficile.
19:52 Donc chapeau à toutes celles qui y arrivent.
19:54 - Et il y avait déjà eu le documentaire aussi
19:56 "Les cinq visages de Kerry James",
19:58 où il y avait de très belles images de votre maman,
20:00 de très beaux textes, et une chanson qu'on adore, évidemment,
20:03 ici, chez Clic, mais tous les gens qui vous écoutent,
20:05 c'est "28 décembre 77", qui est aussi votre date de naissance.
20:08 J'aimerais qu'on écoute ce passage.
20:10 - Dans un pavillon, ma mère louait une seule pièce
20:13 Car rideau séparé, 30 m² au plus
20:16 Dans ce truc-là, on était cinq, vivant dans la promiscuité
20:19 Ouvrir un frigidaire vide, ne demande pas si je sais ce que c'est
20:23 Mais maman nous a jamais laissés crever de faim
20:26 Maman a toujours subvenu à nos besoins
20:29 Pour notre bonheur, elle a sacrifié le sien
20:32 Étonnant ce que l'on peut faire par amour pour des gosses
20:35 - C'est quoi le truc le plus fou que votre mère ait fait
20:38 par amour pour ses gosses, Kerry James ?
20:41 - Je pense qu'une femme ne fait jamais rien de fou.
20:46 Pour elle, c'est normal. Tout ce qu'elle fait est normal.
20:50 Il me vient une anecdote.
20:53 Quand j'étais en quatrième, il y avait une paire de Nike
20:57 qui étaient sorties, qu'on appelait les "multi-trainers".
21:02 Je prenais la tête à ma mère pour qu'elle me les achète.
21:06 Et elle l'a fait, alors qu'elle n'avait pas du tout
21:10 les moyens de le faire.
21:13 Un gros bisou à toi, maman.
21:16 Je sais pas si je peux regarder une caméra.
21:19 Un gros bisou à toi, maman, si tu me regardes,
21:22 si j'en suis là aujourd'hui. Tu y es pour beaucoup.
21:26 - Comment vous parlez de votre mère à vos enfants ?
21:29 Comment vous faites le lien entre les 2 générations ?
21:32 - Alors, j'en parle pas. Ils la connaissent.
21:35 Ils se parlent entre eux. - Entre eux directement.
21:38 - Et c'est marrant parce que le fait d'avoir des enfants,
21:42 ça vous rapproche de votre mère.
21:46 Et puis il y a une relation triangulaire comme ça
21:49 qui est magnifique, quoi.
21:52 - Kerry James, maintenant, c'est un moment névralgique.
21:55 C'est le moment du compte à rebours. Vous êtes prêts ?
21:58 (musique rythmée)
22:01 Kerry James, vous avez une minute
22:07 pour répondre au maximum de questions.
22:10 Si ça vous va, c'est parti.
22:12 Quelles sont les 1res paroles de chanson qui vous viennent en tête ?
22:15 - "28 décembre 77, aux abîmes je suis né", la mienne, quoi.
22:18 - Est-ce que vous êtes déjà battu dans votre vie ?
22:21 - Battu, oui, plusieurs fois, ouais.
22:23 - La chose la plus folle que vous ayez faite avec de l'argent ?
22:27 - Euh... Je passe. Je peux passer ?
22:30 - Vous avez une question de Joker, normalement.
22:32 Ah non, c'est pas sur celle-là.
22:34 Quel est votre plus gros pétage de câble ?
22:36 - Mon plus gros pétage de câble...
22:38 Franchement, je sais pas, j'ai plus de souvenirs.
22:41 - Quel est le prénom... - Ça arrive, hein.
22:43 - Quel est le prénom de votre ex avec qui vous serez toujours ami ?
22:46 - Euh... Je passe. - Vous avez un numéro fétiche ?
22:49 - Euh... Le 3. - L'erreur que vous ne referez jamais ?
22:52 - Prétendre que je ne ferai jamais d'erreurs.
22:55 - Un cauchemar dont vous vous souvenez ?
22:58 - Euh... Parfois...
23:01 Un cauchemar qui revient souvent,
23:04 j'ai vu des avions s'abattre sur la France.
23:07 - Est-ce qu'il y a un rêve dont vous vous souvenez ?
23:10 - Un rêve dont je me souviens...
23:13 Ça y est, c'est passé. - Fini.
23:15 Vous avez gratté les dernières secondes, je vous ai vus, Kiri James.
23:18 Merci beaucoup, en tout cas, d'avoir été avec moi sur cette émission.
23:22 "Cours et voir", "Bon lieu, ZAR 2", en tout cas, regardez-le sur Netflix.
23:26 C'est mercredi soir, le second volet du film sera disponible.
23:29 Votre nouvelle pièce de théâtre, c'est "Huit clos".
23:32 Ah, "Huit clos" ! Du 11 au 14 octobre au Théâtre Chaillot
23:36 et aussi du 15 novembre au 3 décembre 2023
23:39 au Théâtre du Rond-Point et puis surtout dans toute la France.
23:42 et de la France.
23:43 Merci à tous !

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