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Mercredi 15 novembre 2023, SMART IMPACT reçoit Géraldine Mezzalira (Directrice RSE, Watèa (by Michelin)) , Chuck de Liedekerke (Fondateur, Soil Capital) , Sébastien Roumegous (Fondateur, Biosphères) et Hassan-Ali Chaudhary (PDG, Fullsoon)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous et bienvenue c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:12 Et voici le sommaire du jour.
00:14 Mon invité c'est Géraldine Mezzarilla, directrice RSE de Watea, la marque du groupe Michelin dédiée à l'électrification
00:22 des flottes de véhicules utilitaires des entreprises.
00:23 Elle nous présentera notamment les actions menées pour sensibiliser les salariés aux enjeux climatiques
00:29 et améliorer le bilan carbone de l'entreprise.
00:31 Notre débat, il portera sur l'agriculture régénératrice, sa définition, son financement, son poids actuel
00:38 et puis plus généralement les enjeux de la transition écologique dans ce secteur qui est mis à mal par l'inflation.
00:45 Et puis dans notre rubrique consacrée aux startups écoresponsables, on va découvrir ensemble Fulsoon
00:50 qui est un outil de prédiction pour améliorer la gestion des stocks des restaurants.
00:57 Voilà, mobilité, agriculture, restauration, trois secteurs, 30 minutes pour les explorer, c'est parti !
01:01 Bonjour Géraldine Mezzarilla, bienvenue, Mezzalira pardon, bienvenue à vous.
01:12 Bonjour.
01:12 Vous êtes donc la directrice RSE de Watea by Michelin.
01:16 Définition peut-être pour commencer, vous accompagnez les entreprises dans leur passage à la mobilité électrique,
01:20 on peut dire ça comme ça ?
01:21 C'est exactement ça en fait, Watea est opérateur de mobilité et donc apporte des solutions aux professionnels
01:28 pour pouvoir rendre la transition facile et accessible au plus grand nombre.
01:32 Donc concrètement en fait, ça se traduit par la mise en place de plusieurs services qui viennent englober
01:40 tout ce qui touche la mobilité avec des véhicules à batterie, le véhicule avec sa maintenance, son entretien et l'assurance,
01:47 l'accès aux bornes de recharge évidemment pour le véhicule à batterie et puis différents services digitaux
01:53 qui permettent d'optimiser et de gagner en efficience, en productivité.
01:58 Oui, donc ça passe notamment par une appli qui permet de simplifier la recherche des bornes,
02:03 parce que ça c'est un peu l'angoisse de tous les conducteurs de véhicules électriques ou de véhicules à batterie, c'est ça ?
02:08 C'est tout à fait ça, en fait le véhicule c'est qu'un morceau et le véhicule seul ne suffit pas à avoir une expérience de mobilité réussie.
02:16 C'est pour ça que nous, enfin, à travers ces trois briques, le véhicule on le qualifie, on le fait rouler en conditions réelles
02:21 pour connaître exactement l'autonomie restante et les kilomètres restants, l'accès à la recharge à travers une application aussi,
02:29 donc soit de la recharge sur site, soit de la recharge en itinérance et on a qualifié les bornes puisque quand on est un professionnel
02:36 et qu'on a un véhicule utilitaire qui fait 10 m3, on ne peut pas se stationner à côté de toutes les bornes en itinérance.
02:41 Donc c'est important d'arriver vers une borne vers laquelle on sait où on pourra se stationner et puis d'utiliser ces nouveaux véhicules
02:48 qui sont des véhicules connectés en fait, de profiter de cette connexion pour récupérer de la donnée, de la data et apporter des services
02:56 qui sont des services de navigation spécifique pour les véhicules utilitaires et puis des services aussi pour un petit peu orienter,
03:04 j'allais dire, vers la bonne recharge au niveau économique et puis combien de temps j'y reste aussi.
03:09 Évidemment, question importante. Bon, on l'a bien compris, l'ADN de l'entreprise c'est la transition environnementale.
03:14 Ça veut dire que ça irrigue aussi vos actions en matière de RSE interne, c'est-à-dire vous alignez le discours vis-à-vis des salariés et celui vis-à-vis des clients ?
03:25 Alors cette cohérence, j'allais dire, entre ce qu'on fait en interne et ce qu'on propose à nos clients, c'est vraiment un point très important pour Watea.
03:33 En fait, la RSE fait partie, j'allais dire, de la construction même de Watea. On est une société très récente.
03:41 Et en fin de compte, la RSE, elle est au cœur de la mission de Watea. Elle est déclinée sur les trois axes environnement, social, gouvernance, les axes ESG.
03:50 Et en fait, on travaille à chaque fois ces trois axes sur les deux dimensions de la société, la dimension interne pour les employés, pour l'organisation de la société
03:59 et la dimension, j'allais dire, externe, c'est-à-dire l'offre que l'on propose à nos clients. Donc à chaque fois, tout est décliné en interne et vis-à-vis de notre offre.
04:08 D'une certaine façon, les salariés montrent l'exemple. Est-ce qu'on peut dire ça comme ça ?
04:11 C'est ça, exactement. Et l'exemple que les salariés ont nous permet aussi de faire une proposition différente à nos clients.
04:17 Alors on va prendre quelques exemples, par exemple sur des actions de sensibilisation. Ça veut dire, on parle souvent ici de la fresque du climat.
04:25 Est-ce que ça fait partie des choses que vous avez proposées à vos salariés ?
04:29 Alors si on regarde par rapport aux enjeux sur lesquels OITA s'est engagée, un des enjeux sur l'axe environnement, c'est réduire notre empreinte carbone de société.
04:40 L'empreinte carbone de la société, ça passe déjà par la connaître. Donc on la mesure. Donc on a fait un calculateur carbone avec l'aide du consultant CarbonCat.
04:50 On a vraiment créé ce calculateur carbone de la vie de bureau. Et à travers le résultat qu'on a pu avoir, on a déterminé les postes à émissions les plus émissifs.
05:00 Chaque salarié, c'est à peu près ce que son travail produit en quantité de CO2 ?
05:06 Exactement. L'empreinte carbone de la société est connue. Donc on peut ramener ça aux salariés. Et on a déterminé des enjeux pour pouvoir réduire, une fois qu'on le connaît.
05:16 Si on peut éviter, on ne le fait pas. Et pour pouvoir réduire, il faut effectivement connaître. Donc on fait des actions de sensibilisation.
05:24 On a fait la fresque de la mobilité parce que c'était très en lien avec la société. Et on a adapté la fresque de la mobilité à des profils professionnels.
05:33 C'est-à-dire ?
05:34 Quand vous faites la fresque de la mobilité, vous cherchez des solutions en tant qu'individu par rapport à moi en tant que personne individue.
05:42 Et on a fait rajouter quelques cartes pour pouvoir se dire « moi je suis aussi un professionnel qui travaille, je n'ai pas le choix de cette mobilité.
05:49 Donc qu'est-ce que j'ai comme solution pour pouvoir aussi réduire mon empreinte carbone ? » Donc on a travaillé sur ça.
05:55 On travaille aussi par exemple sur... On a fait une sensibilisation numérique responsable pour pouvoir se rendre compte c'est quoi mon empreinte liée au numérique.
06:06 On a des contrats pour notre matériel informatique sur 4 ans plutôt que sur 3 pour pouvoir durer un petit peu plus longtemps.
06:13 Ça c'est d'une maire générale. Ça me fait penser à un levier vraiment important de l'amélioration du billet en carbone des entreprises. C'est la politique d'achat.
06:23 Alors voilà la politique d'achat...
06:25 Parce que ça se rejoint ce que vous êtes en train de nous dire.
06:27 C'est ça. Après c'est vrai que ça touche tous les pôles de l'entreprise. Le pôle la partie finance, la partie corporate, la partie vente.
06:35 Et effectivement la partie achat où on est en train de mettre en place une politique d'achat responsable.
06:41 Ça veut dire quoi ?
06:42 Concrètement ça veut dire déterminer nous quels sont les critères qu'on vient mettre dans nos achats pour pouvoir choisir nos fournisseurs, travailler aussi avec nos partenaires.
06:52 Ça fait partie des parties prenantes qu'il faut embarquer ou s'inspirer aussi. Des fois ça fait les deux.
06:58 Donc on travaille pour pouvoir... Comme on est un opérateur on vient agréger des solutions externes aussi.
07:04 On a des solutions qui nous sont propres et des solutions qu'on externe.
07:06 Donc en fait c'est travailler pour que nos fournisseurs aussi soient sur la même, j'allais dire, ligne directrice.
07:14 Évidemment. Est-ce que vous allez jusqu'à choisir de la seconde main par exemple pour certains produits ?
07:20 Typiquement on est une société, on a dû aménager nos nouveaux bureaux.
07:26 Pour rester cohérent avec notre démarche et réduire notre empreinte environnementale, on a équipé, aménagé les bureaux avec du mobilier reconditionné.
07:36 Alors pas que, on a 80% de mobilier reconditionné qui nous a réduit de 25 tonnes de CO2 par rapport à partir avec du mobilier neuf.
07:44 Ça prend du temps, il faut prendre le temps de le faire en fait. Et puis d'impliquer tous les salariés parce qu'effectivement c'est son fauteuil et son bureau au quotidien.
07:53 Donc d'impliquer les salariés dans la démarche c'est important aussi.
07:56 Le matériel informatique aussi ?
07:58 Alors aujourd'hui on a nos imprimantes, on a 75% de nos imprimantes qui sont issues du reconditionné pour pouvoir toujours être en cohérence avec ce qu'on fait.
08:09 Est-ce que c'est si facile ? Parce que vous disiez on a prolongé déjà la durée d'usage finalement des ordinateurs, c'est ça du matériel informatique.
08:16 L'étape suivante ça peut être d'aller acheter un ordinateur reconditionné. Est-ce que vous êtes dans cette réflexion-là ?
08:22 On est dans la réflexion. Après effectivement c'est comme tout, il faut trouver le bon équilibre entre la partie technologie, la sûreté du matériel qui doit pouvoir répondre.
08:32 Mais oui c'est des choses qu'on souhaite regarder. Donc on reste ouvert en fait à ce qui peut arriver dans le futur, au marché et à toutes les innovations qui peuvent arriver.
08:42 Il y a des choses où on se dit on n'y va pas tout de suite. Peut-être que nous on n'est pas prêts ou peut-être que le marché en face on se sent moins prêts.
08:48 Mais en fait on reste ouvert et on ouvrira effectivement la porte à chaque initiative qui nous permettra de trouver cet équilibre en étant cohérent avec nos convictions.
08:57 Je le disais en présentation, Watea c'est une marque du groupe Michelin, une jeune entreprise. C'est plus facile de remplir, de cocher toutes ces cases-là quand on se crée ?
09:08 Vous voyez ce que je veux dire ? Quand on compare ça à un groupe aussi ancien et important que le groupe Michelin.
09:15 Alors oui c'est plus facile parce qu'en fait les salariés qui nous rejoignent sont engagés. Ils nous rejoignent souvent de par la démarche, de par la mission qu'on s'est donné.
09:25 Donc c'est vrai que, en fin de compte, l'accompagnement du changement, nous on l'a pour les étapes futures, pour accompagner, pour ce qui nous reste à faire.
09:33 Mais on n'a pas de changement par rapport à ce qu'on faisait avant puisque en fait on existe depuis peu.
09:38 Donc c'est vraiment important. Mais quand on regarde, c'est vrai que nous les actions de sensibilisation, de formation, quand on les propose, on a entre 60% et 94% de participation des employés.
09:48 C'est vraiment une demande des employés de pouvoir s'engager.
09:52 Je lisais que vous aviez participé au challenge "Ma petite planète". C'est ça.
09:56 Alors c'est quoi ça ? Ça dure plusieurs semaines ? C'est ça ? C'est quoi les défis à remplir ?
10:00 Alors c'est un challenge en fait qui se passe sur trois semaines. Donc on a des défis, c'est sous forme de jeu.
10:07 Donc on a des défis à remplir sur trois semaines et en fait c'est des défis qui touchent l'alimentation, le transport, la connaissance, la sensibilisation aussi pour mieux connaître.
10:17 Et en fait on s'est beaucoup prêté au jeu et l'avantage de faire ce jeu sur trois semaines, c'est qu'au bout de trois semaines, quand vous avez commencé à faire une action,
10:26 au bout de trois semaines vous vous dites "je vais continuer à la faire, en fait c'est facile".
10:29 Donc c'est vraiment ce qu'on a trouvé intéressant. Et puis à la fin vous faites un petit peu le bilan de ces trois semaines-là.
10:35 Donc nous on avait 46 participants au sein de la société et on a pu avoir 1,7 tonnes de CO2 évitées, plus de 200 000 litres d'eau économisée et puis 51 kilos de déchets évités.
10:53 Avec seulement une cinquantaine de personnes ?
10:55 Avec seulement une cinquantaine de personnes et en seulement trois semaines en fait. Après effectivement il faut continuer les actions mais ça donne envie en fait de continuer.
11:03 Merci beaucoup Géraldine Mezzalira et à bientôt sur Bsmart. On passe à notre débat, on va parler de l'agriculture régénératrice.
11:11 [Générique]
11:18 Le débat de Smart Impact avec Chuck de Lidekerck. Bonjour, bienvenue.
11:23 Bonjour Thomas.
11:24 Heureux de vous accueillir. Vous êtes le fondateur de Soil Capital et Sébastien Roumégouze, bonjour, le fondateur de Biosphère.
11:30 Bienvenue à tous les deux. Alors on va parler d'agriculture régénératrice. De quoi s'agit-il ? Définition pour commencer.
11:36 Alors l'agriculture régénératrice c'est une agriculture qui s'oppose à une agriculture extractive qui va restaurer la fertilité naturelle des sols,
11:44 qui va améliorer la biodiversité et qui va stocker du carbone. C'est un enjeu de taille aujourd'hui. 70% des terres aujourd'hui sont dégradées.
11:56 Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'Union européenne. Et il y a une très bonne nouvelle dans tout ça, c'est que l'agriculteur est capable d'assurer une résilience de notre système agroalimentaire.
12:06 Oui, on peut inverser, on va dire, la logique. Est-ce que ça veut dire, Sébastien Roumégouze, que l'agriculture traditionnelle, elle s'est petit à petit largement éloignée des objectifs dont on vient de parler ?
12:19 En fait, il faut revenir sur l'histoire. C'est important de comprendre d'où on vient pour savoir où on est. On a donné pour objectif à l'agriculture en après-guerre de produire en quantité.
12:28 Je pense que ça a été un grand succès. Le problème, c'est que dès les années 70, on s'est rendu compte qu'on a eu ce qu'on appelle des externalités négatives,
12:36 bref des pollutions fabriquées par ces systèmes agricoles, très gourmands, notamment en entrant, pesticides, engrais, etc.
12:42 Et donc, on est en train de réaligner finalement une production en quantité avec la restauration des écosystèmes.
12:49 L'agriculture régénératrice, ça a l'air d'un mot-valise, mais finalement, c'est peut-être le mot qui correspond le plus à ce qu'on vise.
12:56 On vise à régénérer les écosystèmes. On ne peut pas vraiment préserver la nature. On ne peut que préserver les processus qui permettent à la nature de s'épanouir.
13:04 – Oui, mais ça veut dire que quand on n'est pas dans cette logique d'agriculture régénératrice, on appauvre, enfin on l'a déjà dit ici,
13:10 les sols s'appauvrissent petit à petit, régulièrement ?
13:12 – On a globalement une… voilà, on amenuise globalement les sols, on va casser des niches écologiques,
13:19 donc on a moins de biodiversité sur site. En fait, on vient casser… on a trois grands cycles, le carbone, l'eau et les éléments chimiques.
13:29 Le carbone et l'eau, ça constitue les sucres, l'énergie que nous consommons tous, humains, insectes, animaux.
13:35 Et donc, en fait, on doit préserver ces cycles fondamentaux pour pouvoir avoir de la biodiversité.
13:39 Et c'est souvent ça qui a été mal compris. En fait, la clé d'une agriculture durable,
13:43 ce n'est pas tant d'arrêter en priorité les pesticides et les engrais, même si ça peut avoir une utilité importante,
13:48 puisque ça pollue, dans certains cas. Mais par contre, on va devoir restaurer le cycle du carbone et de l'eau au travers du végétal.
13:55 Et c'est le propos et le projet de l'agriculture régénératrice, restaurer ce que j'appelle la trame végétale au sein des écosystèmes cultivés.
14:04 – Et on va détailler les enjeux de cette agriculture, mais peut-être une présentation de vos entreprises respectives.
14:10 Soil Capital, quel rôle joue Soil Capital dans cette transition, cette transformation ?
14:16 – Alors, Soil Capital va accompagner les agriculteurs dans l'adoption de pratiques régénératives,
14:21 en mesurant, en certifiant et en allant leur chercher une rémunération pour l'amélioration de leurs pratiques,
14:28 qu'on va notamment mesurer grâce à l'amélioration de l'empreinte gaz à effet de serre.
14:34 Il ne faut pas oublier que non seulement des agriculteurs peuvent réduire leurs émissions,
14:39 mais en améliorant les cycles dont parle Sébastien, stocker davantage de carbone dans les sols.
14:45 Et ça, quand des entreprises nombreuses ont pris des engagements de décarbonation pour répondre à l'urgence climatique,
14:54 mais aussi pour s'assurer une résilience de leur système sur le long terme,
14:58 et bien il y a là un lien qui peut être fait.
15:01 Soil Capital est un lien très direct entre ces entreprises-là et les agriculteurs.
15:05 – Alors vous êtes présent dans plusieurs pays, pas seulement en France,
15:08 mais c'est quoi, c'est de la rémunération supplémentaire pour les agriculteurs ?
15:11 C'est de ça dont on parle ?
15:12 – Alors ça commence par une rémunération parce que les agriculteurs produisent un service à la société,
15:20 à l'environnement qui a une valeur, mais au-delà de cette rémunération,
15:23 il y a une vraie conversation agronomique qui est essentielle,
15:27 parce que l'agriculteur au premier titre, son rôle ce n'est pas de stocker du carbone
15:32 ou de restaurer la biodiversité, ça c'est des moyens pour avoir un écosystème fertile,
15:37 naturel sur le long terme, et pour ça il a besoin de comprendre,
15:41 comme le disait Sébastien, quels sont les cycles,
15:43 comment est-ce qu'un sol peut être fertile et fonctionner de manière à produire en pérennité
15:48 l'alimentation dont notre système a besoin.
15:51 – Sébastien Roméhou, c'est ce que vous proposez avec Biosphère,
15:55 vous aidez les entreprises, les exploitants à choisir les bonnes pratiques, à faire cette transition ?
16:02 – Alors c'est ça, on est spécialisé pour simplifier et sécuriser cette transition,
16:06 d'une agriculture dite conventionnelle, qui peut varier d'un pays à l'autre,
16:10 vers une agriculture régénératrice, qui permet d'être en lien avec ces grands cycles naturels,
16:15 notamment le stockage du carbone, etc.
16:17 L'histoire de Biosphère s'ancre il y a 10 ans,
16:20 et en fait quand on s'aperçoit que l'agriculture c'est 50% de l'occupation des surfaces,
16:25 des écosystèmes terrestres, si on veut régénérer et entretenir les écosystèmes terrestres,
16:30 on ne peut pas se passer de l'agriculture.
16:32 Donc cet alignement entre les besoins finalement d'un écosystème et nos besoins à nous,
16:37 c'est-à-dire produire de l'alimentation, est indispensable.
16:39 Donc ça demande une ingénierie, à la fois technique,
16:41 quelles sont les nouvelles méthodes qui permettent de s'aligner avec le cycle du carbone, de l'eau, etc.
16:46 et comment ça peut être acceptable pour l'agriculteur d'un point de vue économique et condition de travail.
16:51 Et donc c'est notre expertise, et on travaille majoritairement pour des grands groupes
16:55 qui nous mandatent auprès de leurs fournisseurs, dans une vingtaine de pays,
16:58 on doit couvrir une centaine de milliers d'hectares aujourd'hui, pour déployer ces pratiques.
17:03 Et donc il y a la question du financement de cette transition,
17:07 et c'est là que Soil Capital intervient, notamment, j'ai bien compris qu'il n'y avait pas que ça.
17:12 Alors c'est quoi ? Les talons, c'est le carbone, et c'est un système de crédit carbone.
17:17 Je veux bien comprendre comment ça marche en fait, ce que vous proposez.
17:20 Alors attention avec le terme crédit carbone,
17:22 je pense qu'aujourd'hui on est bien au courant des dérives du système,
17:27 et je pense que ça fait beaucoup de mal à cette transition.
17:31 Ici il s'agit d'une certification, d'une transition vers un système régénératif,
17:38 qu'on peut mesurer par le carbone, mais il ne s'agit pas de créer un instrument financier
17:42 sur lequel on va spéculer. Ce n'est pas des droits à pocher.
17:45 D'accord, on est tous en train de regarder la série de Canal,
17:47 et donc effectivement ça nous fait, on s'arrache les cheveux.
17:52 Donc ça marche comment en fait, ce que vous proposez ?
17:54 Alors d'abord nous on va aller chercher chez l'agriculteur
18:00 toutes les données liées à leur sol et à leur pratique agricole.
18:03 Ces données peuvent être auditées, et le sont d'ailleurs,
18:06 et on va intégrer ces données avec des analyses de sol et avec de la télédétection
18:12 dans un modèle qui va permettre de suivre l'évolution des taux de carbone,
18:18 de matière organique dans les sols, et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
18:22 Et donc quand cette mesure a été faite,
18:25 ensuite comment on passe à la phase de rémunération de l'agriculteur ?
18:29 Eh bien on va constater à partir d'une référence de l'agriculteur
18:32 que l'agriculteur peut s'améliorer.
18:35 Et pour toute tonne de CO2 qui va être améliorée par rapport à cette référence,
18:41 eh bien c'est une tonne évitée dans la filière agroalimentaire.
18:47 D'accord.
18:48 Et quand, on peut prendre l'exemple d'un de nos clients, Cargill ou Royal Canin,
18:54 pour un exemple plus proche de chez nous,
18:57 eh bien on a les émissions de Royal Canin,
19:02 vont comprendre les émissions de toute la chaîne d'approvisionnement,
19:06 et en général 70 à 85% des émissions du secteur agroalimentaire se passent au champ,
19:13 c'est l'agriculture.
19:15 Donc c'est très important pour ces entreprises-là,
19:18 si elles veulent tenir leurs engagements de décarbonation,
19:20 et s'assurer une résilience du système sur le long terme,
19:24 de rémunérer les agriculteurs dans notre programme.
19:26 D'accord. Alors puisqu'on parle de rémunération et de prix,
19:29 on voit Sébastien Roméghousse que le secteur du bio souffre,
19:33 alors là c'est la réculture régénératrice,
19:35 ce n'est pas exactement la même chose, mais quand même ça se rejoint.
19:37 Ça fait des mois que ce secteur souffre.
19:41 Est-ce que ça incite l'industrie agroalimentaire,
19:45 on a bien compris que c'est ce dont on parle ici, à décélérer ?
19:50 Alors je ne sais pas si c'est une question de décélération,
19:53 je pense qu'on a des enjeux environnementaux,
19:55 en tout cas la plupart des pays de l'OCDE aujourd'hui
19:58 ont structurellement changé leurs réglementations
20:00 et commencent à aller vers des réglementations dites environnementales.
20:03 Ça a touché le climat et le carbone,
20:05 c'est en train de toucher la biodiversité, l'eau,
20:07 et donc les grandes entreprises multinationales,
20:09 notamment du CAC 40 qui nous mandate aujourd'hui,
20:12 c'est parmi ceux qui nous mandatent le plus,
20:14 doivent avoir des engagements et les tenir.
20:16 Et donc la rémunération pour les agriculteurs se fait via des systèmes
20:21 comme Sol Capital et Porteur, et ils sont très intéressants,
20:25 et également des prix premium à l'hectare ou à la tonne,
20:28 parce qu'ils suivent ces principes de l'agriculture régénératrice.
20:31 On est décorrélé finalement du marché,
20:33 on n'est pas dans une décélération,
20:35 on est dans un changement de modèle à l'échelle des filières.
20:38 J'entends bien, et heureusement d'ailleurs,
20:40 mais on ne peut pas se décorréler totalement du marché.
20:43 Moi j'espère que la baisse de consommation du bio est temporaire,
20:48 mais imaginons qu'elle dure.
20:50 Pour moi ce n'est pas le même marché,
20:52 c'est pour ça que je vous parlais de la décorrélation du marché du bio,
20:54 on n'est pas dans le marché du bio, on est dans une voie médiane
20:56 où nous dans tous nos programmes,
20:58 on vise à réduire ou supprimer les pesticides et les engrais chimiques
21:01 parce que c'est un objectif pour désintensifier les systèmes,
21:04 mais tout en gardant un rendement assez élevé.
21:08 Par contre on change les règles du jeu des techniques de production pour l'agriculteur.
21:12 L'agriculteur doit faire un effort dans ce changement de système,
21:15 et temporairement ou durablement, on ne sait pas encore,
21:18 les entreprises agroalimentaires donnent ce qu'on appelle un prix premium,
21:21 un incentive en anglais,
21:23 pour que les agriculteurs se sentent motivés à changer de pratique
21:26 malgré les frottements qu'il y a dans toute transition.
21:29 C'est peut-être demain des conditions d'accès marché à l'agriculture régénératrice.
21:33 C'est pour ça que je dis que c'est un peu décorrélé.
21:35 On a une mutation.
21:37 Par contre, est-ce que la bio est corrélée à tout ça ?
21:40 Je ne sais pas. La bio est en décroissance parce que l'inflation fait que
21:44 c'est devenu bien trop cher pour beaucoup de ménages qui ont consommé auparavant.
21:48 Donc on est dans une conjoncture un peu différente.
21:51 L'agriculture régénératrice, c'est un outil pour les grandes entreprises agroalimentaires
21:55 pour répondre à leurs enjeux environnementaux et leurs engagements.
21:58 - Mais Chuck de Lidoquerque, il peut y avoir un lien.
22:02 C'est à vous, parmi vos clients, il doit y avoir des entreprises qui pour...
22:05 Est-ce qu'il y a des entreprises, je ne sais pas, qui rémunèrent mieux des producteurs,
22:08 qui ont fait ce chemin d'agriculture régénératrice,
22:10 mais qui donc ensuite répercutent ça sur le produit qu'elles vendent aux consommateurs
22:15 avec une petite hausse par exemple ?
22:17 - Alors aujourd'hui, ce n'est pas ce qu'on observe.
22:20 Mais je pense que tôt ou tard, si le marché doit intégrer le prix d'une transition dans la filière,
22:27 d'une manière ou d'une autre, quelqu'un va le payer.
22:29 Et d'une manière ou d'une autre, ça va être soit le contribuable, soit le consommateur.
22:32 Ça veut dire vous, nous, tout le monde.
22:34 Maintenant, ce qui est clair, le contrat avec le bio par exemple,
22:39 c'est qu'ici, il s'agit de la survie même de notre modèle agroalimentaire.
22:45 C'est très important ça.
22:47 Parce qu'on a quelques années maintenant, dans des conditions de stress climatique
22:51 de plus en plus importants, où on a vu la sécheresse être responsable
22:55 de la décroissance de rendement qui, pour des gros industriels
22:58 qui sont les clients de Biosphere et les nôtres aussi, les inquiète sérieusement.
23:04 Il y a une génération d'agriculteurs aujourd'hui qui font accompagner,
23:07 qui faut soutenir. Et ça, c'est nos initiatives.
23:09 - Merci beaucoup à tous les deux d'être venus nous présenter effectivement
23:13 cette agriculture régénératrice.
23:16 On passe à notre rubrique Start-up tout de suite. C'est parti.
23:20 [Musique]
23:25 Smart Ideas avec Hassan Ali Chaudhary. Bonjour, bienvenue.
23:29 - Bonjour.
23:30 - Vous êtes le président fondateur de Fullsoon.
23:32 On peut dire que c'est une histoire familiale.
23:34 - C'est ça exactement. C'est une boîte qu'on a lancée avec Medesia,
23:38 Misbah et Taïeba. On a des profils qui étaient hyper complémentaires.
23:43 Misbah était notaire, Taïeba était ingénieur avec un profil plutôt commercial.
23:47 On a toujours rêvé de lancer une boîte ensemble.
23:49 On a un peu saisi l'opportunité de le faire.
23:51 - Et alors, pourquoi vous l'avez créée ? C'est quoi l'idée ?
23:55 - En fait, c'est venu de mon expérience précédente.
23:57 En fait, moi, je suis data scientist de base.
23:59 Et j'avais été recruté par le groupe Accor pour m'occuper de la prédiction
24:03 du taux d'occupation des hôtels. J'avais l'occasion de voyager énormément,
24:07 d'aller dans pas mal des hôtels du groupe.
24:09 Et en fait, je me suis rendu compte, j'ai vu la quantité astronomique
24:14 de nourriture qui était jetée dans les différents restaurants.
24:18 Et en fait, je me suis dit, si on arrive à prédire le nombre de clients
24:21 qui viennent à l'hôtel, pourquoi est-ce qu'on n'arriverait pas à prédire
24:24 le nombre de clients qui viennent au restaurant, les plats qui vont être commandés
24:27 et la quantité exacte d'ingrédients dont on a besoin pour préparer les repas.
24:31 En fait, c'est comme ça qu'on a eu l'idée de créer FullSoon,
24:34 un outil de gestion prédictive pour les restaurants,
24:36 qui va justement prédire le nombre de clients, les plats et les ingrédients dont on a besoin.
24:41 - Comment vous faites ça ? Ça suppose d'abord de récupérer des données
24:45 de la part de vos clients, que ce soit un groupe hôtelier ou des restaurants ?
24:49 - C'est ça, exactement. Alors en fait, nous, ce qu'on va faire,
24:51 c'est qu'on va venir se plugger au logiciel de caisse,
24:54 et on va venir récupérer tous les tickets de caisse qui ont été émis
24:57 pour savoir l'heure à laquelle le client est venu, le plat qu'il a commandé,
25:00 le prix qu'il a payé. Et ensuite, en se basant sur la typologie d'un restaurant,
25:04 donc ça peut très bien être la restauration hôtelière,
25:06 mais on a aussi des fast-foods, des boulangeries, des dark kitchens.
25:09 On va regarder en fonction de la localisation et du type de restaurant
25:12 tous les événements externes qui peuvent impacter la vie du restaurant.
25:15 Donc ça va être par exemple s'il y a un match de foot,
25:17 on a les JO qui arrivent, si ça va être la météo, les vacances scolaires.
25:21 Donc on va récupérer les données du restaurant et les données externes.
25:26 On va les réunir pour ensuite utiliser l'intelligence artificielle
25:29 pour faire retourner nos prédictions.
25:31 - Et donc c'est vraiment un outil de gestion des stocks.
25:35 Je voudrais qu'on fasse le bilan. Ça suppose évidemment moins de gâchis.
25:39 À quel point vous l'avez modélisé, ça ?
25:41 - C'est ça. En fait, nous on arrive à réduire d'un tiers en moyenne
25:44 le gaspillage alimentaire dans les restaurants.
25:48 Mais ça va même au-delà. En fait, en maîtrisant mieux
25:52 ce qui va se passer dans le futur, en maîtrisant mieux ses achats,
25:56 on peut réduire son food cost, tout l'argent qu'on dépense
25:59 pour acheter des matières premières.
26:01 Donc ça, on arrive à le réduire de 6 %, ce qui est énorme.
26:04 Et surtout, on arrive à faire gagner du temps aux restaurateurs
26:08 dans la gestion de ses stocks, le passage de ses commandes,
26:11 la gestion de son staff. Et ça, on l'estime à 20 heures en moyenne par mois,
26:15 le temps qu'ils gagnent en automatisant tous les process.
26:18 - Donc il y a vraiment un effet, on va dire, rapide.
26:21 Mais combien de temps mettez-vous avant de proposer la solution ?
26:26 C'est-à-dire qu'il faut se plugger et récupérer les datas pendant quoi ?
26:30 Une semaine, un mois pour que ce soit efficace ?
26:32 - Alors en fait, nous, c'est instantané parce que quand on se plug
26:36 avec le logiciel de caisse, on va récupérer tout l'historique qui est disponible.
26:40 - D'accord. OK.
26:41 - Donc en fait, si le restaurant est ouvert depuis un an,
26:43 on va récupérer un an, deux ans, trois ans.
26:45 - Tout ça est en mémoire de toute façon ?
26:47 - Exactement. Tout est en mémoire.
26:49 Pendant la plupart des logiciels de caisse, tout est en mémoire.
26:52 Donc ça se fait très rapidement.
26:54 - Et donc les solutions, elles sont faciles à mettre en œuvre pour le restaurateur ?
26:59 - Pour le restaurateur, c'est un de l'or.
27:02 Nous, en fait, on va tout traiter de notre côté.
27:05 Notre objectif, c'est de simplifier la vie au restaurateur.
27:08 Donc c'est nous qui allons faire tout le paramétrage en amont
27:11 et fournir un outil clé en main pour le restaurateur pour lui simplifier la vie.
27:15 - Quels sont les perspectives de croissance pour Fullsouth ?
27:19 Vous en êtes où de votre développement aujourd'hui ?
27:22 - C'est des perspectives.
27:24 Déjà, en fait, nous, il y avait, de par notre histoire,
27:28 comme on a le groupe Accor qui est actionnaire aussi de l'entreprise,
27:31 on a un gros développement dans la restauration hôtelière.
27:34 Là, on a une demande hyper importante sur tout ce qui est restauration chaînée, franchisée.
27:40 Il y a des grosses demandes en vue des JO pour pouvoir se préparer
27:45 de tout le flux de clients, de clients potentiels.
27:51 Et on a aussi d'importantes demandes à l'international.
27:54 On avait été invité à la Maison Blanche justement pour présenter le travail qu'on peut faire
27:59 et les économies qu'on peut générer.
28:02 En fait, ça, c'est un travail de longue haleine.
28:04 Et même, c'est un travail aussi de sensibilisation de la communauté internationale.
28:11 Le gaspillage alimentaire, ça a été une des priorités de l'ONU d'ici à 2030.
28:20 Du coup, il y a des choses qui se mettent en place,
28:22 mais il faut créer un dynamisme et essayer d'être moteur dans ces combats-là.
28:29 Merci beaucoup et bon vent à Full Soon.
28:32 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:34 Je voudrais remercier rapidement Marie Billat, à la production et à la programmation,
28:37 Alice Pitavie, la réalisatrice et Saïd Mamou au son.
28:40 Salut !
28:41 [Musique]