Jérôme Cahuzac, 10 ans après : "Ces moments me hantent"

  • l’année dernière
Entretien exceptionnel entre Jean-Jacques Bourdin et Jérôme Cahuzac. 10 ans après, les yeux dans les yeux.

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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-11-30##

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Transcription
00:00 - Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Tous les matins, l'interview politique sur Sud Radio, 8h30, 9h. Les français veulent savoir.
00:07 Parlons vrai ce matin avec notre invité, Jérôme Cahuzac,
00:11 ancien ministre du budget de François Hollande, condamné en appel en mai 2018 à quatre ans de prison, dont deux avec sursis,
00:18 300 000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité
00:23 pour fraude fiscale et blanchiment. Jérôme Cahuzac, bonjour.
00:28 - Bonjour, Jean-Jacques Bourdin. - Merci d'être avec nous. Je précise que vous êtes éligible depuis mai dernier.
00:33 Lors de votre procès en appel, entre février et mai 2018, vous étiez défendu par
00:41 Éric Dupond-Moretti.
00:43 Éric Dupond-Moretti, relaxé hier par la Cour de justice de la République, reste garde des Sceaux. Est-ce que vous vous en réjouissez ?
00:50 - J'en suis très heureux pour lui,
00:53 à titre personnel.
00:56 J'en suis également très heureux
00:58 pour notre pays,
01:01 car il me semble qu'en relaxant
01:04 Éric Dupond-Moretti,
01:07 la justice avec un grand J
01:10 a probablement débouté la justice avec un petit J.
01:15 Moi je suis un citoyen comme un autre, je n'ai aucune légitimité électorale,
01:24 mais comme tout citoyen, il me semble que j'ai le droit
01:27 d'avoir une appréciation sur ce qui se produit, se passe dans notre pays,
01:35 et
01:38 que ce que la magistrature comporte de plus haut fonctionnaire
01:42 est décidé, est voulu, est tout fait
01:46 pour que leur ministre de tutelle, le garde des Sceaux,
01:52 soit condamné, c'est-à-dire contraint à la démission,
01:54 m'a quand même, j'allais dire surpris, peut-être même choqué.
01:59 Non pas qu'il s'agisse de
02:02 défendre je ne sais quel membre de je ne sais quel milieu politico-médiatique, la justice doit être la même pour tous,
02:10 mais qu'un ancien procureur général de la Cour de cassation, que l'actuel procureur général de la Cour de cassation,
02:16 que l'ancien directeur des services juridiques, aujourd'hui président de la République de Bovigny,
02:20 se soit relayé comme ça pour l'accabler, à propos d'un délit dont Guy Carcassonne disait que c'était un délit stalinien,
02:27 moi qui le disais, Guy Carcassonne, cet immense juriste que malheureusement nous avons perdu maintenant il y a plus de dix ans,
02:34 que les choses se soient donc passées comme je viens de le décrire,
02:38 m'avait quand même surpris et un peu choqué. - Alors pourquoi seuls les ministres peuvent-ils disposer d'une juridiction d'exception ?
02:45 Je dis ça parce qu'Emmanuel Macron avait pensé supprimer et avait promis la suppression de la Cour de justice de la République.
02:51 - Parce que je pense, enfin cette institution, la Cour de justice de la République, répond,
02:58 me semble-t-il, à un besoin qui est
03:02 celui de faire la part des choses
03:06 entre la délinquance de droits communs
03:09 et la faute politique.
03:12 - Mais est-ce que les politiques sont jugés avec la même sévérité que les citoyens ?
03:18 - Si j'en juge par les condamnations qui tombent un peu comme à Gravelotte sur notamment d'anciens responsables politiques,
03:26 sans contester en rien la sanction qui m'a été infligée, j'en suis un exemple,
03:33 il ne me semble pas que la justice soit moins sévère, la justice ordinaire soit moins sévère.
03:39 Dès lors qu'un délit est constitué qui relève des cours de justice ordinaires,
03:44 il ne me semble pas que d'anciens ou d'actuels responsables politiques soient traités avec clémence. En revanche,
03:51 ce que la Cour de justice de la République doit apprécier
03:55 est de savoir si un ministre, dans le cadre de ses fonctions,
04:01 a commis un délit qui peut être sanctionnable
04:06 ou une faute politique qui ne relève pas, pour le coup et alors, de la justice.
04:10 - Il y a un peu plus de dix ans,
04:12 le 8 février 2013,
04:15 vous étiez mon invité sur RMC et BFM TV à 8h30.
04:19 Depuis trois mois,
04:22 trois mois avant ce 8 février 2013, vous étiez accusé depuis trois mois d'avoir détenu un compte bancaire
04:28 non déclaré en Suisse jusqu'en 2010.
04:32 Argent ensuite déplacé à Singapour. Mediapart poursuivait son enquête.
04:37 Vous niez devant les députés. Le 8 janvier 2013, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale.
04:45 Et donc un mois plus tard, le 8 février 2013, nous sommes face à face.
04:53 - Les yeux dans les yeux. Est-ce que vous avez eu un compte en Suisse ou pas ?
04:57 - Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte en Suisse Jean-Jacques Bourdin.
05:01 - A aucun moment ? - A aucun moment. Et la réponse apportée aux autorités françaises par la Suisse
05:08 permettra, je l'espère, et très vite, et le plus vite serait le mieux, d'en finir avec ces saletés.
05:14 - Ces accusateurs, pourquoi vous accusent-ils, Jérôme Cahuzac ?
05:19 - Faudrait le leur demander, car ce sont eux qui ont démarré cette campagne abominable il y a maintenant un peu plus de deux mois.
05:27 - Vous avez pensé à démissionner ? - A aucun moment.
05:29 - A aucun moment ? - A aucun moment.
05:30 - A quitter le gouvernement ? - Pourquoi démissionner quand on se sait innocent ?
05:33 - Jérôme Cahuzac, vous avez menti ce matin-là. Pourquoi avez-vous menti ?
05:39 - Ce qu'on vient d'entendre, ce que j'ai fait, les 45 secondes ou la minute à l'Assemblée Nationale,
05:59 tous ces moments-là me hantent.
06:01 Ça me hante.
06:04 J'ai été ce que je n'aurais jamais voulu être, j'ai fait ce que je n'aurais jamais voulu faire,
06:07 mais c'est quelque chose que je dois assumer.
06:11 J'essaye de le faire depuis dix ans.
06:13 J'essaye de le faire dignement, je reconnais ce qui s'est passé.
06:18 La question n'est pas de savoir pourquoi j'ai menti.
06:23 En général, on ment quand on est acculé, on ment parce qu'on ne sait pas s'en sortir, mais
06:29 même en disant ça, je suis gêné parce que
06:31 je ne me trouve pas d'excuses.
06:34 - Mais en quittant le studio...
06:36 - Pardonnez-moi, mais je ne vais pas vous donner des explications qui pourraient sembler être des excuses, je ne m'en accorde pas.
06:41 Et si vous me permettez, je ne l'abuserai pas, je vous le promets, mais une citation littéraire,
06:48 pendant toute cette période,
06:51 naturellement, j'ai eu l'occasion de réfléchir, d'essayer de comprendre.
06:57 J'ai lu un livre de Bernanos qui s'appelle "Journal d'un curé de campagne" et à la fin, il y a une phrase
07:02 à laquelle je pense souvent.
07:05 "Le plus dur, c'est de se pardonner à soi-même."
07:08 C'est ça le plus dur.
07:10 - Vous vous êtes pardonné à vous-même ?
07:12 - Je crois pas.
07:12 - Mais vous êtes coupable ou victime ?
07:16 - Ah non, j'étais coupable.
07:18 - Vous étiez coupable ?
07:19 - Oh, il n'y a aucun doute.
07:20 Aucun doute.
07:22 - Vous avez menti à François Hollande aussi ?
07:25 - Là, on aborde un sujet qui est compliqué parce que je ne reviens pas...
07:29 - Ah, il y a mes essentiels.
07:29 Jérôme Caluzac.
07:31 - Je ne suis pas sûr, mais je vais vous expliquer mon point de vue.
07:34 Je ne viens pas pour me venger
07:37 de Dupont-Durand.
07:41 Je ne suis absolument pas dans la revanche, absolument pas.
07:43 - Mais François Hollande affirme, je vous dis ça parce que François Hollande affirme que vous lui avez menti en privé.
07:49 C'est ce qu'il dit. Est-ce qu'il savait que vous aviez détenu un comte en Suisse ?
07:55 - Je ne sais pas.
07:56 Ecoutez, l'entretien que nous avons eu avec
07:58 François Hollande et moi,
08:01 nous sommes deux à savoir ce que nous nous sommes dit, lui et moi.
08:04 Il y a une règle que moi je respecte
08:09 et qui impose d'accepter ce que j'appelle l'asymétrie des positions.
08:16 Un président de la République a tous les droits.
08:19 C'est d'ailleurs précisément parce qu'il a tous les droits
08:23 qu'il peut être jugé parfois sévèrement à la fin de son mandat.
08:26 Un président a le droit de dire ce qu'il veut d'un entretien qu'il a eu avec n'importe qui.
08:34 Mais ce n'importe qui, on l'espèce moins,
08:37 n'a pas le droit
08:39 de dire ce que fut la nature d'un entretien avec un président de la République. Moi je respecte cette règle.
08:44 Et donc dans cette position totalement asymétrique
08:48 où l'un peut dire ce qu'il veut et d'ailleurs ne s'en prive pas,
08:51 où l'autre ne peut rien dire parce que de toute façon ce serait rentré dans un débat
08:56 qui ne peut pas bien se terminer ni pour l'un ni pour l'autre,
09:00 la question que vous me posez
09:03 elle n'est pas indiscrète, elle n'est pas inconvenant.
09:06 - Alors j'ai une autre question.
09:08 - Elle me met dans une situation impossible car je ne peux pas vous répondre.
09:11 - Alors j'ai une autre question.
09:15 - François Hollande dit ce qu'il veut, il en a le droit.
09:17 Et moi je ne dis rien
09:19 parce qu'on ne dit rien des entretiens en tête à tête qu'on a eu avec un président de la République.
09:23 - Est-ce que François Hollande dit vrai ?
09:25 - Je ne vous suivrai pas dans ce débat.
09:27 - Alors est-ce que vous avez, j'ai une autre question, est-ce que vous avez menti sur ordre ?
09:33 - Je ne vous suivrai pas dans ce débat là.
09:36 - C'est pas un débat.
09:38 - Pardon, là je vais vous répondre.
09:42 Je ne sais pas si j'avais d'autres possibilités que celles que j'ai malheureusement utilisées à l'Assemblée Nationale, mais la question n'est même pas là.
09:48 J'ai menti, j'ai eu tort, j'ai commis une faute morale,
09:53 j'en suis le seul responsable et je dois l'assumer.
09:58 La question n'est pas de savoir si j'ai reçu l'ordre ou pas.
10:02 Celui qui en définitive décide de mentir c'est moi, c'est donc à moi d'assumer
10:08 sans faire porter cette
10:11 responsabilité sur quiconque
10:13 d'autres que moi. Je suis le seul responsable.
10:16 Je pouvais partir, je pouvais dire autre chose,
10:20 fuir, n'importe quoi. J'ai décidé de rester et de mentir, j'en suis le seul responsable, c'est moi qui l'ai fait, je dois l'assumer.
10:28 - Vous avez pensé aux millions de français
10:30 qui vous ont écouté, qui vous ont regardé ?
10:34 Moi je me souviens de la fin de notre interview,
10:37 Jérôme Causac, après les réactions des auditeurs, je me souviens. Vous avez pensé à eux ?
10:43 - J'ai déçu, j'ai provoqué de la colère, j'ai provoqué de la peine.
10:54 En réponse j'ai été l'objet d'une haine
10:58 très difficile à vivre et les gens m'ont voulu d'autant plus qu'ils m'avaient cru, je les comprends.
11:06 - Vous ne niez pas votre culpabilité, vous ajoutez "ce n'est pas parce que j'ai commis un acte parfaitement immoral
11:12 que mon retour l'est".
11:15 Pourquoi ce retour n'est-il pas immoral ?
11:18 - Ce débat sur la morale est très compliqué, moi je pense qu'il faut essayer d'en rester à des choses simples.
11:25 Je sors au fond d'un bannissement social et civique de près de dix ans, alors certains voudraient qu'il continue, d'autres estiment qu'il a été trop long.
11:34 Je rentre même pas dans cette question-là. - Après 9 heures nous aurons des auditeurs qui vont réagir à votre intervention.
11:39 - Écoutez, je ne sais pas ce qu'ils vont dire mais quoi qu'ils me disent je l'assumerai.
11:44 Il faut en revenir à des choses simples, vous disais-je.
11:49 J'ai été condamné, je n'ai pas discuté la sanction, je n'en avais d'ailleurs pas les moyens,
11:56 j'ai purgé ma peine, je me suis tué.
12:03 Cette peine purgée, toutes les peines étant purgées,
12:05 il n'est pas contestable, il ne peut pas m'être contesté le fait que je suis redevenu un citoyen comme les autres.
12:15 Je n'ai pas évidemment plus de droits qu'un autre mais je n'en ai pas moins.
12:20 Ce point-là ne peut pas être contesté et d'ailleurs
12:23 je suis très surpris que
12:26 certains qui me reprochent à juste titre d'avoir enfreint la loi
12:31 d'avoir enfreint le droit
12:33 refusent de m'accorder le bénéfice du droit
12:36 qui est celui
12:39 dont je dispose en indiquant que j'ai les mêmes droits qu'un autre.
12:45 - Mais un responsable politique, j'insiste bien sur les mots,
12:48 un responsable politique condamné
12:52 doit-il avoir le droit de revenir en politique ?
12:58 - En politique, je dis. La justice a prévu ce cas.
13:03 La justice me l'a interdit pendant cinq ans puisque j'étais condamné à cinq ans d'inéligibilité.
13:09 La justice est rendue au nom du peuple français.
13:12 Au nom du peuple français, il a été estimé que pendant cinq ans je n'avais pas ce droit.
13:17 Dès lors que cette peine est purgée, ça veut dire que ce droit est rétabli.
13:22 Pardon.
13:24 Ou alors
13:25 ni le jugement, ni le droit, ni le code pénal, rien de tout ça n'a de sens.
13:30 Dès lors que j'ai retrouvé la plénitude de mes droits,
13:33 je trouve très curieux les raisonnements que je peux entendre
13:37 et qui consistent à exciper d'autres choses que le droit
13:42 pour me priver de droit.
13:45 - Alors je vous écoute...
13:46 - Dont je dispose légitimement.
13:48 - Je vous écoute Jérôme Cahuzac et vous dites toujours "j'ai le droit"
13:53 comme si c'était "j'ai le droit".
13:55 - Mais j'ai le droit au sens juridique.
13:57 - J'ai le droit au sens juridique.
13:59 - Et est-ce que vous avez le droit moral ? Pour clore ce débat sur la morale, est-ce que vous avez le droit moral ?
14:05 - Si on est d'accord que sur le plan juridique,
14:07 - Oui.
14:09 - Et quand je parle de ces droits, je parle de droit juridique, n'est-ce pas ?
14:12 Nous sommes un pays régi par le droit, nous sommes un état de droit,
14:18 personne ne peut s'en exonérer, je l'ai fait, j'ai été sanctionné pour cela, c'est normal.
14:23 Mais à partir du moment où cette peine est purgée,
14:26 vouloir me priver au fond des droits élémentaires, de penser, de m'exprimer, d'aller où je veux,
14:32 d'avoir l'activité que je choisis, de l'or naturellement qu'elle est légale, vouloir me priver de cela en toute ou partie,
14:39 ne me paraît pas légitime. Donc quand je dis "j'ai les droits", je parle des droits juridiques.
14:43 Ensuite vous évoquez le droit moral.
14:45 C'est une question qui est très compliquée.
14:50 Peut-être est-il moral que je souhaite vouloir réparer. Je pose la question, je ne l'affirme pas.
14:58 Peut-être
15:02 mes concitoyens que je rencontre dans le Lot-et-Garonne,
15:04 cette terre de France à laquelle je suis viscéralement attaché, peut-être que ces concitoyens que je rencontre et qui me demandent
15:11 de revenir, parce qu'ils me demandent de revenir m'occuper d'eux d'une certaine manière,
15:17 peut-être le font-ils
15:19 sans se poser cette question morale, mais tout simplement parce qu'ils veulent qu'on s'occupe d'eux. Et je vois bien que,
15:26 dans ce qu'on appelle le milieu
15:28 politico-médiatique,
15:31 pour la partie politique, surtout dans la partie gauche on va dire,
15:35 je vois bien que certains au nom de la morale me disent qu'il n'est pas acceptable
15:40 que je prétende avoir les mêmes droits qu'un autre.
15:46 Encore une fois ça me surprend,
15:48 ça me surprend parce que, surtout de la part de responsables de gauche, c'est quand même la gauche qui a aboli la peine de mort physique.
15:55 81, Mitterrand, Bas d'Inter, proposition
15:58 du parti choisie depuis toujours, c'est la gauche qui a aboli la peine de mort physique. Et c'est aujourd'hui à gauche
16:03 que je constate que certains voudraient instaurer, au fond,
16:08 une peine de mort sociale et civique.
16:11 Je trouve ça un peu paradoxal.
16:15 - Vous avez été maire de Villeneuve-sur-Lotte de 2001 à 2012, député de 2007 à 2012,
16:21 Jérôme Cahuzac. En 2022, vous disiez à propos d'un retour en politique, ce serait "manquer de lucidité".
16:27 - J'étais inéligible. Quand on est inéligible, parler de retour en politique,
16:33 c'est effectivement manquer singulièrement de lucidité. - Alors aujourd'hui vous êtes éligible.
16:37 Est-ce que vous pensez vous présenter une prochaine élection ?
16:41 - Rien n'est impossible, Jean-Jacques Bourdin. - Rien n'est impossible, ça veut dire quoi ? Vous n'engagez pas
16:46 ces
16:49 ces interviews.
16:51 Vous ne dites pas oui à des interviews, vous n'organisez pas des réunions en public sans penser à ce qui peut se passer demain.
16:58 Vous êtes trop avisé pour cela, Jérôme Cahuzac.
17:01 - Vous êtes gentil de me faire ce compliment. - Mais non, c'est pas un compliment, c'est une réalité.
17:05 - Quand on dit à quelqu'un qu'il est trop avisé, c'est plutôt un compliment.
17:07 - Oui, mais moi j'ai une question précise.
17:13 Je constate que certains, vous semblez en être, ont du mal à comprendre que
17:19 le seul plaisir d'arpenter
17:23 ces terres, d'aller dans des marchés où j'aimais aller, le seul plaisir de rencontrer des gens que j'ai pas vus depuis dix ans,
17:30 nous tombons dans les bras l'un de l'autre,
17:33 je pense à ces deux marchands, à Monsant-Prends-Libosque,
17:36 qui étaient des amis que je n'ai évidemment pas vus pendant dix ans, et on est tombés tous les trois dans les bras l'un de l'autre,
17:41 rien que ce plaisir là
17:44 vaut la peine que je suis en train de vivre, en répondant à des questions difficiles,
17:49 en entendant
17:51 ma voix d'il y a dix ans et en ayant honte de ce que j'ai pu dire, rien que ce plaisir là vaut cette peine là.
17:57 Et peut-être aujourd'hui, cela suffit.
18:02 Je ne sais pas ce que sera la vie à Roux non plus d'ailleurs, la prochaine élection est dans trois ans, la suivante dans quatre ans,
18:08 j'ai l'habitude de répondre mais ça va sûrement pas vous plaire.
18:11 - Mais vous envisagez de vous présenter ou pas ?
18:13 - Tout est une question de circonstance, je ne sais même pas si ça sera possible,
18:16 pourquoi ?
18:18 Je vois bien cette haine, ce déchaînement de violence à mon égard qui
18:23 recommence chez certains commentateurs, chez certains éditorialistes.
18:29 Si je suis revenu dans le Lot-et-Garonne, c'est bien sûr par plaisir, c'est peut-être aussi avec l'espoir d'être utile un jour, peut-être à nouveau.
18:36 Mais encore faut-il que
18:38 cela me soit possible.
18:41 - Vous êtes revenu dans le Lot-et-Garonne au contact
18:43 du public pour chasser les démons, pour
18:47 chasser le passé ?
18:49 - Les démons sont plutôt à Paris me concernant, ils ne sont pas vraiment dans le Lot-et-Garonne.
18:52 Enfin je ne crois pas.
18:55 Vous savez, tous les jours j'ai rencontré
18:58 lors des moments que j'y ai passé,
19:00 alors peut-être y a-t-il un biais, peut-être ne sont venus me voir que des gens
19:05 qui ont pour moi de l'estime ou de l'affection, il y en a quand même, il y a sûrement un biais d'ailleurs. Mais enfin aucun, aucun
19:12 n'a tenu le raisonnement ou ne m'a fait les remarques que j'entends aujourd'hui
19:18 chez certains commentateurs ou certains éditorialistes
19:21 qui au fond, et d'ailleurs je ne comprends pas bien d'ailleurs avec quelle légitimité, mais ils le font et c'est leur droit.
19:29 Tiennent des propos
19:31 dont le but est de m'interdire au fond
19:36 d'envisager toutes les hypothèses. Je suis très surpris de cette violence.
19:42 - Est-ce que vous avez participé au désamour des Français pour les responsables politiques ou pour la politique ?
19:47 - Oui certainement, pour ma part oui, oui bien sûr, pour ma part oui bien sûr.
19:51 - Pour rester un homme de gauche ?
19:53 - Pardon, au désamour des Français pour la politique oui,
19:56 mais comment dirais-je, ma vie fort heureusement
19:59 ne se résume ni à ces quatre mois, ni aux propos que je vous ai tenus et encore moins aux 45 secondes
20:05 de l'Assemblée Nationale. Moment dont je vous dis qu'il me hante, qu'il me hante.
20:09 Peut-être tous les jours et probablement la plupart des nuits, ça me hante.
20:13 Mais je ne l'effacerai pas.
20:16 - Vous avez une dette,
20:18 vous avez une dette envers les Français, vous avez une dette envers les députés, vous m'avez dit
20:25 "si je viens vous voir, c'est que j'ai une dette aussi envers vous".
20:29 - Oui, parce que vous êtes le seul à m'avoir dit "les yeux dans les yeux", le seul,
20:34 le seul.
20:36 Et je vous ai menti "les yeux dans les yeux", mais vous êtes le seul qui m'a demandé "les yeux dans les yeux".
20:40 Alors la formule est tellement belle et le moment
20:43 tellement fort et le scandale tellement énorme ensuite que tout le monde a repris à son compte
20:48 "les yeux dans les yeux" parce que la formule est belle mais cette formule n'est que de vous et personne d'autre
20:53 ne m'a demandé de lui répondre "les yeux dans les yeux" Jean-Jacques Bornin, personne d'autre, ça c'est clair.
20:56 Mais
21:00 Dans le Lot-et-Garonne
21:02 on ne parle pas de ça. Moi je vois des gens qui me disent
21:05 "cet hôpital c'est génial" et d'ailleurs heureusement qu'il y a l'hôpital parce que
21:09 il y a un énorme problème de démographie médicale. - Vous n'êtes pas de saint, je le rappelle pour ceux qui ne sauraient pas.
21:14 - Il y a un énorme problème de démographie médicale.
21:16 Il y en a qui me disent
21:19 "maintenant
21:20 grâce au début de désenclavement que vous avez pu faire, d'abord c'est plus rapide naturellement mais surtout c'est beaucoup moins dangereux, il y avait un, deux, trois accidents mortels
21:27 sur la route qui a fort heureusement été remplacé par cette deux fois deux voies.
21:32 Quand j'étais à Mont-Saint-Prends-les-Bosses, j'ai rencontré deux anciens salariés
21:36 de l'usine sidérurgique,
21:39 accessoirement il y avait des milliers de salariés, il n'y en a plus aucun aujourd'hui.
21:41 Vous avez 20 hectares de friches industrielles, c'est un pays qui a été sinistré par la désindustrialisation.
21:47 J'ai rencontré deux anciens salariés qui m'ont dit "vous savez on a bénéficié du plan Amiens, c'est grâce à vous".
21:51 Parfois j'ai l'impression, enfin je ne suis pas le seul à avoir cette impression là,
21:56 mais en revenant dix ans après je me dis "il y a de France quand même".
22:01 Il y a ce bout de France, ce territoire rural
22:04 où les gens d'une part
22:06 me disent
22:08 leur bonheur de bénéficier de ce que j'ai pu faire, le regret peut-être que davantage n'ait pu être accompli.
22:13 Et puis
22:15 j'arrive dans cette capitale, pourquoi ? Parce qu'une partie de ma vie y est aussi. Et là je découvre un monde
22:21 où au fond je suis condamné au bannissement perpétuel, à monde qui me condamne,
22:29 ou qui voudrait me condamner au bannissement perpétuel,
22:32 au nom de critères et avec une légitimité
22:37 dont je vois mal, mais peut-être à tort, ceux qu'ils sont ni d'où elles proviennent.
22:43 - Jérôme Causac, nous allons observer une petite page de publicité, quelques infos rapides et ensuite
22:48 vous avez accepté de rester avec nous pour répondre aux questions des auditeurs, mais j'ai encore quelques questions
22:54 sur l'actualité, sur l'actualité du moment et notamment sur la gauche.
22:59 Où en est la gauche ? Est-ce que vous êtes toujours un homme de gauche ? - Oui, je suis toujours un homme de gauche Jérôme Causac.
23:05 L'égalité des chances, la justice sociale,
23:08 l'émancipation de l'homme par le travail et la culture,
23:13 sont toujours, me semble-t-il, des objectifs parfaitement nobles et qui sont plutôt identifiés comme étant des objectifs de gauche.
23:20 Alors, si être de gauche c'est garder ça au cœur,
23:24 c'est espérer que tout cela advienne. Alors bon, oui, je suis de gauche, mais comme vous le savez et vous vous en étiez déjà rendu compte il y a 10 ans,
23:31 aucun de ces objectifs ne peut être atteint si on nie
23:34 les réalités économiques, dont il faut évidemment tenir compte précisément pour atteindre ces objectifs. Mais je vous réponds à ça
23:42 en me demandant même si j'ai le droit de vous répondre comme ça.
23:45 Moi j'entends les critiques des uns et des autres qui me font un procès en illégitimité morale
23:50 et qui au fond m'interdisent d'aborder des sujets d'actualité de cette nature-là. - Mais ça revient sans cesse, ce procès à l'illégitimité ?
23:55 - Je ne sais même pas si, en répondant à cette question, je ne vais pas de nouveau choquer, indigner...
24:01 Je suis dans une grande incertitude en la matière, je ne vous le cache pas. - Bien, vous allez donc répondre aux questions des auditeurs et j'ai
24:10 quelques questions d'actualité sur l'état de la France.
24:13 Est-ce que la République se délite ? Par exemple, c'est l'une des questions que je vais vous poser juste après
24:17 les infos de 9h. Il est 8h58, vous êtes sur Sud Radio. Il est 9h04, Jérôme Cahuzac,
24:23 "La guerre au Proche-Orient" qui divise les Français,
24:26 "Le drame de Crépole" qui divise les Français. Est-ce que la République est en train de se déliter ?
24:35 - La République, je ne crois pas. C'est un régime politique auquel les Français sont très attachés, fort légitimement d'ailleurs.
24:41 Et donc je ne crois pas que la République soit en question. En revanche,
24:45 c'est vrai que la nation est peut-être en train de se déliter
24:49 et que le lien
24:52 entre les Français, ce lien qui fait la nation,
24:58 ce lien-là est en train de se distendre. Je crois que c'est Renan qui disait "la nation c'est un plébiscite de tous les jours".
25:05 Ce qui fait que nous sommes, que nous restons malgré tout et que nous, le cas géant, redeviendrons une nation forte,
25:12 c'est ce sentiment d'appartenance à un cher et vieux pays qui un jour a osé proclamer à la face du monde les droits de l'homme et du citoyen.
25:20 Moi je crois en la nation, mais je constate que les liens se distendent,
25:27 que les hostilités entre les uns et les autres prennent des proportions considérables, dont témoignent d'ailleurs
25:34 certaines scènes à l'Assemblée nationale, enfin,
25:39 les insultes, les claquants de pupitres, un député qui traite un ministre d'assassin,
25:43 un autre qui met le pied sur un ballon de football sur lequel la tête du dit ministre est dessinée.
25:48 C'est...
25:53 Ce lien se distend incontestablement. La République, elle, n'est pas en cause.
25:58 - Là, vous faites allusion à des députés et les filles,
26:00 le PS s'est vendu à LFI ?
26:03 - Là encore, je ne récuse en rien les propos que j'ai pu tenir et je n'ai évidemment pas changé d'avis, mais
26:11 je comprends que certains puissent être agacés, c'est le moins qu'on puisse dire, de ce que
26:18 j'ai dit.
26:21 Mais pour autant,
26:23 quand même, le Parti socialiste est un parti qui a donné
26:27 deux présidents de la République à la France, dont l'un fut réélu,
26:32 une fois, qui a donné un Premier ministre, Lionel Jospin, en 1997.
26:38 C'est un parti qui savait présenter des candidats aux élections législatives dans 577 circonscriptions
26:45 et qui, lors des dernières élections législatives,
26:48 a été absent dans plus de 500.
26:51 Est-ce que cette stratégie qui a été voulue par les actuels dirigeants du Parti socialiste fait l'unanimité ?
27:01 Ce qui me sera juste permis de dire que lors du dernier congrès du Parti socialiste, il y a au moins la moitié des adhérents qui n'étaient pas d'accord.
27:07 Et donc, il ne semble pas que cette stratégie
27:12 soit perçue comme étant la bonne par les actuels adhérents du Parti socialiste et au moins pour moitié.
27:18 Et peut-être que d'anciens membres du Parti socialiste,
27:21 François Hollande, Bernard Cazeneuve,
27:24 pourquoi pas moi,
27:27 peut-être que ceux-là pensent
27:29 qu'effectivement abandonner toute une culture de gouvernement, tout un sens des responsabilités
27:33 et au fond tout espoir même de retour au pouvoir
27:37 pour
27:40 obtenir des garanties sur des circonscriptions bien choisies et bien ciblées, peut-être que tout cela
27:46 n'est pas pertinent. - Oui, vous le pensez.
27:50 Franchement que ce n'est pas pertinent, Jérôme Cahuzac. Bon, ce qu'on va faire, on va
27:56 écouter nos auditeurs. Ils sont nombreux, très très nombreux, 0826, 300, 300 à vouloir dialoguer avec vous.
28:03 Par exemple Eric, qui habite
28:05 1900 sur l'autre. Bonjour Eric.
28:07 - Bonjour. - Jérôme Cahuzac est avec vous, Eric. - Oui, absolument.
28:11 Bonjour M. Cahuzac. - Bonjour, bonjour monsieur.
28:15 - Alors tout d'abord, je tenais à vous féliciter du courage que vous avez aujourd'hui à revenir en
28:22 comment dire, en politique malgré
28:25 tout ce qui a pu être dit, tout ce qui a pu être, je dirais,
28:28 écrit à votre sujet. Moi ce que je retiens de votre passage à 19 sur l'autre,
28:32 ça reste
28:34 des bons moments, ça reste aussi, je dirais, un travail acharné pour la ville et
28:40 des projets qui ont été menés
28:43 au bout, à bien, par vos soins. Voilà, aujourd'hui 19 sur l'autre est passé de notre côté de la barrière.
28:51 Malheureusement,
28:53 ce n'est pas mon choix, et je n'ai pas choisi cette, je dirais,
28:57 cette chose là, mais bon, il faut faire avec. Donc ma question est la suivante.
29:01 Quelle serait, je dirais, votre plus grande motivation pour reconquérir 19 sur l'autre dans trois ou quatre ans ?
29:09 Qu'est-ce qui vous anime et qu'est-ce que vous souhaitez réellement, réellement, réellement faire et apporter à 19 sur l'autre, en revenant en politique ?
29:16 - D'abord monsieur, merci pour vos appréciations, merci infiniment du fond du coeur.
29:21 Deuxièmement, le retour en politique, ce n'est pas moi qui le déciderai, ce sont les électeurs.
29:25 Ce sont les électeurs qui ont le dernier mot. - Il faut se présenter devant les électeurs, pour qu'ils décident.
29:29 - Oui mais... - Ah oui, Jérôme Cahuzac. - Pour faire de la politique, il faut être élu, je ne le suis pas et donc...
29:34 - Mais vous pourriez l'être. - De mon point de vue,
29:36 le retour en politique, seuls les électeurs peuvent le décider, ce sont eux qui ont le dernier mot. - Donc vous vous présenterez.
29:42 - Personne ne peut le faire à leur place. - Donc vous vous présenterez.
29:46 - Ensuite, et pour répondre plus directement à la question d'Éric, avant de répondre à la vôtre, Jean-Jacques Bourdin...
29:51 - Oui.
29:53 - Je dirais que,
29:55 si
29:56 je le décidais,
29:58 ce serait pour finir un travail qui me semble-t-il n'est pas achevé. Il reste des choses à faire,
30:03 que j'avais l'intention de finir quand les choses ont dû s'arrêter pour moi.
30:07 Comme m'a dit un jour un ami,
30:11 qui se reconnaîtra sûrement, il m'a dit "écoute, le boulot n'est pas fini, tu dois revenir".
30:15 Je ne sais pas ce que je ferai, mais il est vrai que le boulot n'a pas été fini.
30:19 - Bien.
30:20 - Éric, vous voulez ajouter quelque chose ? Parce que je vais prendre Frédéric aussi, parce qu'il y a beaucoup d'appels.
30:25 - La seule chose que j'ajouterais, c'est que, écoutez,
30:29 si M. Kavizak
30:32 se représentait, bien évidemment...
30:35 - Voteriez pour lui ? - Complètement, sans problème, à 200%.
30:39 Et ce que je voulais dire aussi pour finir, c'est que M. Kavizak a payé sa dette, nous n'oublions pas.
30:44 - Bien, Frédéric Etablaniak. Bonjour Frédéric.
30:49 - Oui, bonjour, bonjour messieurs.
30:51 J'aurais un peu une sorte de double question à M. Kavizak.
30:54 M. Kavizak, je fais partie, vous savez, des professions qui sont contrôlées et réglementées,
30:59 comme certains nombres de mes confrères.
31:01 Dans nos professions, en cas malheureusement, je dirais, de faute ou de faute pénale ou autre,
31:06 nous avons des sanctions qui nous entraînent non seulement à l'irradiation de nos chambres professionnelles,
31:10 voire à une interdiction définitive d'exercer.
31:14 Pensez-vous, dans ma première question, que ce soit quelque chose de compatible,
31:18 que ce soit quelque chose de tolérable, il n'y a pas de deux poids, deux mesures ?
31:22 Et deuxièmement, demain, si vous voyez un mandat à la mairie,
31:26 pour redevenir maire, vous allez donc redevenir le premier magistrat de votre commune.
31:30 Pensez-vous que ça puisse être compatible avec votre sanction qui a été précédemment exercée,
31:35 dans laquelle je ne laisse la justice, je ne mets aucun jugement en la matière,
31:40 vous avez payé votre dette, etc.
31:41 Mais il n'en reste pas moins qu'il y a eu une condamnation,
31:43 vous allez devenir le premier magistrat de cette commune,
31:45 est-ce que, quelque part, il n'y a pas un manque, je dirais, pour pouvoir exercer ?
31:50 - Alors en fait, vous avez... Bonjour monsieur, pardon.
31:53 Vous posez une double question, mais qui n'appelle en fait qu'une seule réponse.
31:57 Au fond, ce dont vous vous plaignez,
32:01 c'est qu'il n'y ait pas une deuxième chance.
32:04 Quand vous évoquez la radiation définitive,
32:07 vous regrettez qu'il n'y ait pas une deuxième chance.
32:09 C'est-à-dire que vous regrettez qu'un individu,
32:13 ayant commis une faute,
32:15 ayant payé pour cette faute,
32:17 vous regrettez que cet individu ait à payer cette faute toute sa vie.
32:21 C'est la question fondamentale de la deuxième chance.
32:23 Et il est vrai que pour accorder une deuxième chance à un individu,
32:27 un de vos confrères ou de vos collègues auxquels, j'imagine, vous deviez penser,
32:31 ou un responsable ou un ancien, je devrais dire, responsable politique,
32:35 a été condamné, pour accorder cette deuxième chance,
32:37 c'est vrai qu'il faut une société finalement suffisamment sûre d'elle-même et de ses règles
32:42 pour qu'elle ait l'audace, le courage, qu'elle prenne le risque
32:48 d'accorder cette deuxième chance.
32:50 Votre question, c'est la question de la deuxième chance.
32:53 Chacun y répond dans le secret de sa conscience.
32:56 J'avais promis de ne pas faire trop de citations littéraires,
33:01 on va finir par m'en vouloir, comme d'habitude d'ailleurs, dans ces cas-là.
33:04 - Pourquoi êtes-vous toujours... Pourquoi pensez-vous qu'on vous en veut ?
33:08 - Oui, vous avez raison, je devrais cesser d'intérioriser ça.
33:10 Je devrais revenir vous voir plus souvent, Jean-Jacques Bourdin.
33:12 - Non, mais j'ai l'impression en vous écoutant...
33:14 - Vous avez raison, vous avez raison.
33:16 - J'ai l'impression en vous écoutant que tout le monde vous en veut.
33:18 - Vous avez raison, il faut que je cesse d'intérioriser ça, vous avez parfaitement raison.
33:20 Et donc, merci de gommer ce que je viens de dire,
33:24 et permettez-moi de citer Victor Hugo, vous voyez, Renan, Victor Hugo...
33:28 Victor Hugo a dit une chose que je trouve assez juste dans "Les Misérables",
33:31 il a écrit, à propos naturellement de Jean Valjean,
33:35 il a dit "Aucune loi, aucune sentence ne peut empêcher un homme de devenir meilleur".
33:39 Je ne sais pas si je suis devenu meilleur.
33:41 Ce que je sais, c'est qu'une épreuve telle que celle que j'ai vécue,
33:45 que mes proches ont vécue, ça ne peut pas vous laisser indemne.
33:48 - Bien, il est 9h14, j'ai encore deux questions, et puis je vous laisse aller.
33:53 Jérôme Causac, Pierre et Jean-Paul seront là dans un instant.
33:57 Un peu de pub et on se retrouve.
34:00 Jérôme Causac, encore deux auditeurs qui ont envie de dialoguer avec vous.
34:04 Pierre, qui est à Toulouse. Bonjour Pierre.
34:07 - Bonjour. Écoutez, oui, je voulais dire ceci, je pense qu'il faut distinguer le citoyen...
34:13 - Jérôme Causac vous écoute et est prêt à vous répondre. Vous pouvez dialoguer avec lui.
34:17 - Parfait. Alors donc, je disais qu'en fait, il faut distinguer le citoyen de l'homme politique.
34:23 Autant en tant que citoyen, en effet, M. Causac a payé sa dette,
34:27 en tant qu'homme politique, il n'y aura jamais prescription.
34:30 Et pourquoi ? Vous avez parlé de la deuxième chance à l'instant.
34:33 Mais la deuxième chance, elle n'est pas là pour condamner la personne qui a été quelque part condamnée.
34:39 Elle est là pour protéger la société.
34:41 C'est-à-dire que si on refuse de donner la deuxième chance, c'est parce qu'on veut protéger la société.
34:45 Et je pense qu'en tant qu'homme politique, vous aurez tout à y perdre,
34:50 à la fois parce que psychologiquement, je pense que ce sera très très dur,
34:53 parce que les gens ne vous pardonneront pas,
34:55 tout simplement parce que les gens ont de la mémoire,
34:58 et surtout les gens aujourd'hui, en quelque part, sont en colère contre les hommes politiques en général.
35:05 La preuve, vous voyez le procès qui vient d'avoir lieu à l'instant,
35:08 où le garde des Sceaux vient d'être plus ou moins, donc, n'a rien eu.
35:14 - Relaxé, relaxé.
35:15 - Relaxé, pardon, oui. Et cela, ça contrarie les gens.
35:19 Donc je pense que très franchement, vous avez tout à y perdre.
35:22 Et quand bien même on se sent tiré indispensable, je crois que nous ne sommes pas indispensables dans la société.
35:27 - Oui, mais Pierre, avant de laisser Jérôme Cahuzac répondre,
35:31 vous dites, chaque fois qu'un politique est relaxé, les gens se mettent en colère.
35:37 Mais pourquoi ? Pardon ? Les politiques ont le droit aussi à une justice équitable, non ?
35:44 Ou est-ce que vous pensez que parce qu'on est un responsable politique,
35:48 parce qu'on l'a été ou parce qu'on l'est, on doit systématiquement être condamné pour faire plaisir au peuple ?
35:55 - Moi, je vais vous dire ceci, autant je suis d'accord, la personne est relaxée,
36:01 c'est une chose, n'est pas condamnable, n'est pas condamnée,
36:04 mais elle devrait, ne serait-ce que pour respecter les gens,
36:08 elle devrait démissionner de sa fonction.
36:11 Et c'est là le vrai problème, c'est que, autant la réponse de la justice est claire,
36:16 autant par contre le comportement après cette décision du politique qui se maintient en position, fatigue les gens.
36:23 - C'est peut-être parce que vous n'avez pas démissionné suffisamment vite, Jérôme Cahuzac, aussi, que...
36:28 Non ? Je ne sais pas ?
36:30 - J'aurais dû démissionner dès le premier jour où cette affaire a éclaté,
36:34 c'est une erreur énorme que j'ai commise ce jour-là, énorme.
36:37 Bien sûr que j'aurais dû démissionner, ce qui accessoirement, enfin non, ce n'est pas accessoire,
36:41 ce qui m'aurait évité ce mensonge à l'Assemblée, dont je vous ai dit qu'il me hante depuis dix ans,
36:49 il n'y a pas de jour où je n'y pense, enfin je ne veux pas revenir dessus.
36:53 Oui, bonjour monsieur, je ne suis pas sûr de bien comprendre votre question,
37:02 mais en revanche, je crains être en désaccord avec vos derniers propos,
37:08 car si l'on faisait comme vous semblez le souhaiter,
37:13 il suffirait que n'importe qui accuse n'importe qui, en l'espèce un politique, mais pourquoi pas un autre,
37:19 pour que cet accusé voit sa vie basculer du jour au lendemain,
37:24 lors même que la justice l'aurait reconnue innocent.
37:28 La vie est compliquée, mais il y a au moins une chose qui est binaire, c'est coupable ou pas coupable.
37:33 Quand on n'est pas coupable, être traité comme si on l'était ne me paraît pas envisageable.
37:40 Et pour ce qui est de la deuxième chance, il n'y a pas de loi pour ça,
37:46 c'est à chacun de se décider, encore une fois dans le secret de sa conscience,
37:51 est-ce qu'on peut ou pas accorder une seconde chance à quelqu'un,
37:54 étant entendu que dans la vie de tous les jours, ce mécanisme de la seconde chance est permanent,
37:59 dans une famille, dans un couple, au travail, passer un certain moment dans sa vie,
38:06 prétendre avoir toujours été irréprochable en tout me paraît très très audacieux,
38:10 et bien que n'ayant pas été irréprochable la vie continue, y compris avec ceux à l'égard desquels on n'a pas été irréprochable,
38:17 parce que cela précisément vous donne une deuxième chance.
38:21 Je peux aussi prendre un exemple plus trivial, c'est le permis à point.
38:25 Le permis à point c'est juste l'instauration de la deuxième chance,
38:27 vous perdez des points mais vous pouvez en regagner, on vous donne une deuxième chance.
38:30 Je crois qu'il ne peut pas y avoir, je le pense vraiment,
38:35 et ça n'est pas du tout un plaidoyer pro domo et pour ma cause, c'est une considération générale,
38:40 je ne crois pas qu'il puisse y avoir de vie en société harmonieuse, de vie familiale, de vie professionnelle harmonieuse,
38:47 si à un moment ou un autre, celui qui a commis une erreur n'est pas pardonné,
38:52 et dès lors qu'il est pardonné, si on ne lui donne pas une deuxième chance...
38:57 Avant de refuser une deuxième chance à quelqu'un, que chacun réfléchisse à ce que serait sa position si on l'a lui refusé le cas échéant.
39:06 - Pierre, on va prendre Jean-Paul de Villeneuve-sur-Laute, de nouveau, encore un appel de Villeneuve-sur-Laute.
39:12 Bonjour Jean-Paul.
39:14 - Bonjour Monsieur Bourdet et bonjour Jérôme.
39:19 - Vous connaissez, si j'ai bien compris.
39:22 - Bien sûr, le Fort-Ban.
39:24 - Qui est le Fort-Ban ? Expliquez-moi, c'est qui ?
39:28 - Jérôme m'avait baptisé, je suis président d'association Titaniste,
39:33 et il y a souvent certaines réunions qu'il faisait, j'étais toujours bien placé,
39:38 je posais toujours des questions, déjà un peu à conflit, indirectement,
39:42 alors j'apprécie beaucoup Jérôme.
39:45 - Je me souviens très bien de vous.
39:47 - J'ai fait une petite chanson qui dit ceci,
39:49 "Dis quand reviendras-tu ? Dis nous, moi le sais-tu ?
39:54 Y'a le temps qui passe, j'ai mal l'émotion de lui chanter.
39:58 Voilà, alors ma question, est-ce que tu m'entends Jérôme ?
40:01 - Oui, très bien.
40:03 - Voilà, je m'excuse, je te tutoie, mes 83 ans me donnent un petit peu de poids,
40:07 je sais que t'es pas toujours d'accord,
40:09 moi j'ai une question simple, quand c'est que tu reviendras ?
40:15 - Oui, mais je reviendrai très régulièrement, au début de l'année prochaine,
40:18 j'espère qu'on se verra, j'enverrai d'autres.
40:20 - Oui, mais venir, c'est-à-dire reprendre ta ville,
40:22 reprendre en même ta ville, qui est en train de se casser la gueule.
40:25 - Alors, Jean-Paul, pour avoir été élu maire deux fois,
40:30 j'en ai tiré une règle, qui je crois est équitable.
40:35 C'est difficile de porter un jugement sur le bilan d'une action municipale à mi-mandat.
40:40 Je n'aimais pas qu'on le fasse quand j'étais maire,
40:44 et je ne crois pas possible, pour moi en tout cas,
40:47 de le faire maintenant que je ne le suis plus,
40:50 et que d'ailleurs je ne suis même pas un citoyen à Villeneuve,
40:53 même si évidemment je me sens chez moi dans cette ville.
40:56 Laissons les élus travailler, un bilan se fait toujours,
41:02 ne serait-ce qu'au renouvellement des échéances électorales,
41:06 le bilan se fait à ce moment-là, il ne faut pas le faire prématurément,
41:10 il faut laisser leur chance aux élus.
41:14 Moi je suis favorable à ce que le climat s'apaise un peu à Villeneuve comme ailleurs,
41:18 et pour cela, il faut d'abord faire preuve d'un peu de tolérance,
41:23 d'un peu de compréhension, et voilà, donner leur chance aux gens.
41:28 - Bien, merci Jean-Paul, merci Pierre. - Merci, à très vite.
41:32 - Merci Jérôme Calusac d'être venu nous voir ce matin.
41:36 - Merci de m'avoir invité. - Comment avez-vous trouvé d'ailleurs cet entretien ?
41:40 Et ces réactions, dites-moi tout.
41:43 - Comment j'ai trouvé cet entretien ? - Tout, depuis une heure vous êtes là.
41:47 - C'est difficile Jean-Jacques. - Et pourquoi ?
41:54 - Parce que le souvenir de choses qui me sont épouvantablement pénibles
42:00 est un souvenir douloureux, pour ne pas vous dire le contraire.
42:03 Et je sais qu'il est douloureux pour d'autres, je le sais.
42:06 Et cette douleur-là, je dois la porter, je dois l'assumer.
42:09 - Mais pourquoi remuer le couteau dans la plaie, puisque vous...
42:12 C'est difficile, et accepter des interviews ?
42:16 Puisque je crois savoir que vous allez être à la télévision ce soir,
42:21 à la télévision dimanche.
42:24 - C'est une très bonne question.
42:27 Je ne l'avais pas prévu.
42:30 J'ignorais que la presse nationale se représente
42:34 la semaine dernière, quand j'étais à Mont-Somprent-en-Libos,
42:37 j'ignorais.
42:39 J'ignorais que les articles qui en sortiraient
42:42 feraient état, avec une certaine stupéfaction de la part des auteurs de cet article,
42:47 feraient état de l'accueil extraordinairement chaleureux et amical que j'ai pu recevoir.
42:51 Et j'ignorais que, constatant ce décalage
42:55 entre ce que certains peuvent penser de moi
42:58 et ce que manifestement des citoyens de ce territoire rural,
43:02 eux, en pensent, j'ignorais que ce décalage fascinerait au point
43:06 que je serais invité.
43:08 Et qu'à cette occasion, peut-être une forme d'animosité, d'hostilité réapparaîtrait.
43:16 Au fond, si j'ai accepté votre invitation, si j'en ai accepté d'autres,
43:23 c'est dans l'espoir que les choses s'apaisent, enfin.
43:27 Notre pays n'a pas besoin de polémiques inutiles,
43:33 n'a pas besoin que l'on continue à brûler, à tuer, symboliquement bien sûr, des individus.
43:41 Vous savez, la politique quand même en France, c'est un sport de combat.
43:44 Mais dans les sports de combat, il y a des règles.
43:47 On tape pas sous la ceinture, on frappe pas un homme à terre.
43:50 Je veux bien que la politique soit un sport de combat dans notre pays,
43:54 mais peut-être faudrait-il que tous respectent des règles absolument élémentaires.
43:59 Écoutons la parole de l'autre, essayons de juger la sincérité des uns et des autres,
44:04 entendons le repentir quand il est sincère, et évidemment le mien l'est,
44:09 et peut-être quand quelqu'un a un genou à terre, ou voir les deux, on pourrait peut-être arrêter de taper.
44:15 Merci Jérôme Cahuzac d'être venu nous voir ce matin sur Sud Radio, merci beaucoup.

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