Notre langue française est-elle menacée ?

  • l’année dernière

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il se demande, avec les auditeurs d'Europe 1, si notre langue française est menacée face à tous les anglicismes. Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur des grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
Transcript
00:00 - Europe 1, Pascal Praud.
00:02 - Bienvenue à Europe 1, vous écoutez Pascal Praud et vous, à 11h01 avec Pascal Praud sur Europe 1.
00:08 - Ce n'est pas parce que vous êtes là que je vous aime, parce que je le fais.
00:14 - Si vous avez un traducteur...
00:15 - Pascal, vous êtes moi.
00:18 - Je vous aime.
00:21 - Il faut sauver notre langue française et vous êtes en train de parler anglais.
00:24 On le répète, mais bravo à nos amis sportifs du Québec qui défendent cette semaine la langue de Molière.
00:29 Nous allons écouter ce sportif du Québec qui dit « gardez-le votre anglais ».
00:34 Cette phrase a tourné toute la semaine au Québec. On peut écouter ?
00:38 - Ah moi je ne sais pas quoi dire. Merci à tout le monde, tout le sport.
00:44 Ils n'ont jamais cru en nous. Ils n'ont jamais cru en nous, man.
00:48 Tu regardes partout, c'est écrit en anglais.
00:50 Tu viens ici, tu viens parler en anglais, ils n'ont jamais cru en nous.
00:53 Mais tu fais quoi, man ? Gardez-le votre anglais !
00:56 Je vais parler un petit peu en français.
01:00 Vous pouvez garder votre anglais, vous autres.
01:05 En fait, c'est parce qu'aucun texte n'était traduit en français dans le stade de la finale du championnat.
01:13 Donc le ministre québécois de la langue française a réagi.
01:16 Il faut respecter les Québécois, il faut respecter la langue française.
01:19 D'autres sportifs ont suivi le mouvement « gardez-le votre anglais ».
01:22 Les anglicismes sont nombreux aujourd'hui.
01:23 « Week-end parking » t-shirt, bon, enfin « week-end » moi c'est dans le langage courant.
01:29 « Parking » également.
01:29 Ce qui est ennuyeux, c'est surtout dans l'entreprise.
01:32 Ce n'est pas le cas trop dans notre métier.
01:35 Mais je vois dans les services parfois de marketing, c'est du charabia.
01:41 Et tu as du mal parfois le brain-working ou le co-working ou le « brun » de ceci.
01:47 Moi, je suis assez étranger à cela.
01:49 Et je pense qu'on pourrait trouver des mots français.
01:52 Nous sommes avec qui sur ce sujet ?
01:54 Eleonore, bonjour.
01:56 Bonjour, Pascal.
01:57 Voilà un très joli prénom.
02:00 Merci.
02:01 Eleonore, quel est votre sentiment sur la langue française ?
02:04 Est-ce que vous pensez qu'elle est menacée ?
02:06 Eh bien, moi je suis professeure de français.
02:09 Et je pense que malheureusement, la langue est menacée.
02:11 Je le vois au collège constamment, à travers les paroles des élèves,
02:17 mais aussi les collègues.
02:18 Ils ne savent même plus quel est le mot français. C'est alarmant.
02:22 Vous voyez, par exemple, je pose une question à un élève,
02:26 au lieu de me répondre « oui », il me répond « ok ».
02:28 Et pratiquement, presque tous les élèves de la classe répondent « ok ».
02:32 C'est cool.
02:34 Enfin, vraiment, c'est passé dans la langue.
02:38 Alors c'est vrai que moi parfois, de temps en temps, je réponds aussi « ok » ou « c'est cool ».
02:42 On peut avoir à l'oral parfois des manques, en tout cas des facilités.
02:51 Mais ce qui m'importe, vous, vous êtes professeure de français dans quelle ville, Eleonore ?
02:57 Je suis à Chartres, en Eure-et-Loire.
02:59 Et je le vois même à l'écrit. Ce que vous dites, c'est vrai.
03:01 À l'oral, on peut effectivement s'exprimer ainsi.
03:04 Mais à l'écrit, les élèves m'écrivent « faire du shopping ».
03:07 « Nous avons fait du surf pendant les vacances ».
03:09 Moi, je ne suis pas du tout d'accord avec ça.
03:12 J'essaie de leur montrer qu'il existe un mot en français.
03:15 Mais vous avez parfaitement raison.
03:16 Vous êtes professeure de français depuis combien de temps, Eleonore ?
03:19 Depuis 10 ans.
03:21 Avant, j'étais professeure des écoles.
03:23 Et donc aujourd'hui, vous avez dit collège ?
03:26 Oui.
03:26 Mais j'ai vu le changement.
03:28 J'ai vu le changement à travers le temps.
03:31 Quand j'ai commencé, les élèves n'avaient pas ce type de langage.
03:36 Maintenant, ça devient de plus en plus courant.
03:38 Ils ne se rendent même pas compte.
03:40 Oui, parce que c'est le langage, parfois, SMS, qui est rapide
03:46 et qui, en plus, ne favorise pas forcément.
03:49 Ce n'est pas la langue la plus classique.
03:53 Parfois, je voulais ajouter, c'est que le pire,
03:59 ce ne sont pas seulement les élèves, mais même les collègues.
04:01 Quand nous faisons des matines pédagogiques entre nous,
04:04 il est question de brainstorming, de check, de debrief.
04:09 Moi, ça me rend malade.
04:10 On a un atelier de "scrapbooking".
04:12 C'est quoi le scrapbooking ?
04:14 En fait, c'est du bricolage.
04:16 Mais pourquoi ils n'appellent pas ça bricolage ?
04:19 C'est ça, justement.
04:20 Je ne sais pas pourquoi, parce que ça fait mode.
04:22 Je pense que c'est ça.
04:23 Donc, il y a un atelier dans l'école.
04:25 C'est marqué, comment vous avez dit, le terme que vous avez employé ?
04:28 "Scrapbooking".
04:29 "Scrapbooking".
04:30 Bon.
04:30 "Scrapbooking", "scrap", avec un "s", "scrap".
04:34 "Scrapbooking", la personne est très tendance,
04:36 donc elle pense à tirer.
04:38 Je pense qu'il y a aussi ce phénomène de mode.
04:40 Oui, il y a de mode.
04:42 Mais donc, moi, ce qui m'importe dans notre discussion aussi,
04:46 c'est de connaître ce niveau des jeunes aujourd'hui.
04:48 Ils sont troisième, quatrième, ceux que vous avez, ou cinquième, sixième ?
04:51 Cinquième, sixième.
04:52 Cinquième, sixième.
04:53 Donc, ils sortent du primaire.
04:58 Combien d'heures de français ils ont par semaine ?
05:00 Malheureusement, pas assez.
05:02 Seulement quatre heures et demie par semaine.
05:04 Et je pense que c'est ça aussi qui est responsable du mauvais niveau.
05:08 On n'a pas assez d'heures.
05:09 Qu'est-ce que vous faites avec eux, par exemple ?
05:11 Est-ce que vous faites des dictées avec eux en sixième et cinquième ?
05:14 Ah oui, absolument, j'ai fait.
05:15 Alors, même si le programme de littérature est débordant
05:18 et avec quatre heures et demie, on n'a pas vraiment le temps,
05:20 mais je m'oblige.
05:22 Tant pis, on travaille moins la littérature,
05:24 mais à faire des dictées de la grammaire, du vocabulaire.
05:27 Mais vous avez parfaitement raison.
05:28 Mais moi, je suis frappé, par exemple, sur la grammaire.
05:31 Vous demandez à un gosse de 13 ans le mode, par exemple,
05:35 le mode subjonctif ou le mode indicatif ou le mode conditionnel.
05:39 À quoi ça correspond ?
05:40 Mais aucun n'est capable de vous répondre de manière extrêmement simple.
05:46 À quoi correspond chaque mode ?
05:48 Ce qui est quand même le béabat, me semble-t-il, de la grammaire française.
05:53 - Les arrivés de l'école première, ils ne connaissent pas.
05:55 Là, j'ai commencé effectivement à un parfait assez simple.
05:58 Ça fait partie de quel mode ?
05:59 Ils me regardent avec des yeux ronds comme des soucoupes.
06:01 Ils ne savent pas. Ils n'ont jamais entendu parler.
06:04 Moi, je pense qu'il y a un gros problème en primaire.
06:06 - Écoutez, c'est effrayant.
06:07 Et sur le programme de la littérature, qu'est-ce qu'on apprend en sixième, cinquième ?
06:11 Moi, je vais vous dire, parce que j'ai une assez bonne mémoire là-dessus.
06:14 On avait étudié en sixième, cinquième.
06:17 Alors, on étudiait des pièces de Molière très faciles,
06:20 comme "Le médecin malgré lui", par exemple, les premières pièces.
06:23 "L'Avare", on étudiait "L'Avare" en cinquième.
06:25 On étudiait également Pagnol, "La gloire de mon père",
06:30 des choses comme ça, sixième, cinquième.
06:31 Vous voyez, c'était des...
06:33 Je crois qu'on étudiait également Hervé Bazin, de temps en temps.
06:37 "Vipère au point", c'était des choses comme ça.
06:40 Et quel est le programme ?
06:42 Alors, on n'étudiait pas encore ni Racine ni Corneille,
06:43 je pense, en sixième et cinquième.
06:45 Ça arrivait un petit peu plus tard.
06:47 Qu'est-ce qu'on étudie aujourd'hui en littérature ?
06:50 - Alors, en littérature, nous voyons les contes,
06:52 on étudie les contes de Perrault, pour ma part,
06:54 parce qu'on a le droit de choisir.
06:55 Ensuite, "L'enfant et la rivière" de Henri de Bosco.
06:58 Mais là, pour eux, c'est vraiment surhumain.
07:01 C'est un effort surhumain, donc je lis avec eux.
07:03 Je fais acheter le livre et je lis avec eux
07:06 pour leur donner le goût de la lecture,
07:08 parce qu'ils n'aiment pas lire.
07:09 Et puis, si vous commencez à leur faire...
07:11 Je me suis fait étudier le médecin malgré lui.
07:14 Alors là, mais c'est quoi ?
07:15 Ça veut dire quoi, le mode subjonctif ?
07:16 Alors, ils ne comprennent pas.
07:18 C'est vraiment une baisse de niveau phénoménale.
07:21 - Restez avec nous, parce que je suis passionné.
07:22 Alors, je suis passionné par notre conversation.
07:24 Il est 11h49, on marque une pause, on revient.
07:27 Et vous nous dites, c'est d'un témoin du terrain.
07:29 C'est pour ça que cette émission est formidable,
07:31 puisque Héléonard, c'est un témoin du terrain
07:34 qui rapporte une réalité.
07:36 Il y en a sûrement des milliers d'autres en France.
07:38 Elle est professeure de sixième, cinquième
07:41 dans un collège de Chartres.
07:44 Et elle nous dit que les élèves qui sont en face d'elle,
07:47 ils sont perdus sur le plan
07:50 de la grammaire, du vocabulaire, du français, etc.
07:52 Heureusement, ce n'est pas le cas ici.
07:54 - Ah non !
07:55 - On s'entraîne, ça vous écoutez,
07:56 parce que vous frayez sur le refrain
07:58 et vous réagissez en composant ce numéro.
07:59 - Appelez Pascal Praud au 01 80 20 39 21.
08:03 Europe 1.
08:04 - Pascal Praud et vous.
08:05 - Avec vous de 11h à 13h sur Europe 1.
08:07 - Et donc, nous sommes avec Héléonard,
08:10 qui est professeur de collège
08:12 et qui traduit ce qui se passe dans son collège.
08:15 Mais simplement, Héléonard,
08:16 je voulais vous faire peut-être échanger avec,
08:18 je crois que c'est Mimi.
08:19 - Oui, bonjour !
08:24 - Oh là là !
08:26 - Bonjour Mimi !
08:27 - Bonjour !
08:28 - Oui, pourquoi vous...
08:31 Tout va bien Mimi ?
08:32 - Oui, tout va bien, je vais très très bien.
08:34 - Ah bon, Mimi, évidemment, c'est votre surnom ?
08:38 - Ah oui, oui, tout à fait.
08:39 Moi, je m'appelle Mylène.
08:40 - Mylène !
08:41 - Ah oui, ou Mylène, comme vous voulez.
08:45 - Ou Mylène !
08:46 Écoutez, pourquoi pas, Mylène.
08:49 J'ai connu une jeune femme qui s'appelait Micoton,
08:51 qui s'appelait Mylène.
08:52 - Ah oui, ça, j'en avais déjà fait.
08:54 - Vous l'avez connue, Mylène Micoton, la célèbre.
08:57 - Je l'ai connue, oui, je l'ai bien connue.
08:59 - Évidemment !
09:00 Bon, vous vous parlez, alors vous truffez votre langage d'anglicisme,
09:04 c'est bien cela, Mylène ?
09:05 - Oui, c'est exactement ça.
09:07 Enfin, après, j'essaie de faire du mieux que je peux
09:09 parce que je ne parle pas un mot d'anglais,
09:11 mais j'essaie de les placer de temps en temps, on va dire.
09:13 - Alors, par exemple ?
09:14 - Des fois, je me dis...
09:16 Des fois, je me dis "it's so funny" ou "it's so criney",
09:20 ça ne veut absolument rien dire, en fait.
09:22 - D'accord.
09:23 Vous avez bien fait de nous appeler comme ça.
09:25 Si vous avez des choses, je le dis aux auditeurs,
09:27 si vous avez des choses qui ne veulent rien dire,
09:29 n'hésitez pas, appelez-nous,
09:31 et puis vous trouverez à l'antenne un espace pour entendre,
09:35 évidemment, ces témoignages qui sont essentiels.
09:38 Mais est-ce que vous aimez le français, Mimi, par exemple ?
09:40 Quel âge vous avez d'abord ?
09:42 - Alors, moi, j'ai 25 ans.
09:43 - 25 ans.
09:44 Est-ce que vous êtes en train de lire en ce moment un roman, un essai, un livre ?
09:47 - Euh, bah...
09:49 Non.
09:50 - Mais vous dites non, mais c'est...
09:52 Par exemple, il y a des gens qui, depuis toujours, ont un livre en cours.
09:56 Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
09:59 - Ah, moi, c'était le livre de Gérald Starr.
10:01 - De ?
10:03 - De Gérald Starr, mais c'était il y a longtemps.
10:05 Enfin, moi, je ne l'ai pas trop lu.
10:07 - D'accord. Vous ne lisez pas beaucoup...
10:09 Pas trop ou pas du tout ?
10:10 - Non, pas du tout.
10:11 - Est-ce que vous avez...
10:13 Vous avez le bac, j'imagine, Mimi.
10:15 - Ah, j'ai le bac, j'ai le bac.
10:16 - Bon, tout le monde a le bac.
10:17 Qu'est-ce que vous avez fait après le bac ?
10:19 - Moi, j'ai fait un service à la personne.
10:23 Un bac à la personne.
10:24 - Bon, donc, a priori, vous avez un niveau de culture G pour avoir le bac, qui est...
10:28 Bon, donc vous avez été en français, forcément.
10:30 Vous avez suivi les cours de français.
10:32 Est-ce qu'il y a un livre ?
10:34 Est-ce que vous avez un souvenir de français ?
10:36 Est-ce que vous avez un cours que vous avez aimé ?
10:38 Est-ce que vous avez un romancier que vous avez aimé ?
10:41 Que sais-je.
10:42 Est-ce que vous avez du plaisir, tout simplement, à lire ?
10:44 - Euh, oui, j'ai du plaisir à lire.
10:47 Mais...
10:48 - Vous ne réalisez pas, quand même ?
10:49 - Non, j'aime pas trop lire.
10:50 Mais j'ai du mal à me concentrer.
10:52 Moi, je préfère les...
10:53 - En tout cas, vous êtes capable de dire dans la même phrase son contraire.
10:55 Mais, mais...
10:56 - Ah, oui, pardon.
10:57 - Vous dites "j'aime pas trop lire" et puis "j'aime lire".
10:59 Mais ça veut dire quoi, se concentrer ?
11:01 Pourquoi vous avez du mal à vous concentrer ?
11:03 - Ah non, mais j'ai des passages qui...
11:06 Enfin, des trucs qui viennent dans ma tête, qui me déconcentrent.
11:09 - Ah, ça, c'est intéressant.
11:10 Mais c'est-à-dire ?
11:11 Vous avez consulté, peut-être ?
11:12 Vous avez cherché ?
11:13 Vous m'inquiétez.
11:15 Remarquez, vous êtes sympathique, c'est déjà ça.
11:17 Mais c'est quoi, des trucs qui vous déconcentrent dans votre tête ?
11:19 Parce qu'on a tous...
11:20 Si je vous disais ce qu'il y a dans ma tête, c'est parfois un peu...
11:22 Pardonnez-moi, c'est un peu trivial, mais c'est un bornel, comme tout à chacun.
11:25 On a tous des têtes où...
11:27 Heureusement que les gens ne savent pas tout ce qui nous passe par la tête.
11:30 - Ah oui, ben, il ne faut mieux pas non plus pour moi.
11:32 Mais je saurais pas dire, peut-être que des fois, j'ai un petit peu des absences, on va dire.
11:37 - Mais...
11:38 Et dans vos amis, est-ce que certains ont un rapport avec la lecture, de plaisir de lire, ou pas ?
11:44 - Mes amis, non. Ils sont... Non.
11:46 - Non, bon, ils sont pareils que vous.
11:48 - Certains, certains, certains.
11:50 Il y en a qui lisent beaucoup Harry Potter.
11:52 - Ah, ça c'est intéressant, parce qu'en Harry Potter, c'est vachement bien, Harry Potter.
11:56 - Oui, parce qu'en plus, ils le lisent en anglais.
11:58 - Ah, ils le lisent... Vous voyez, ça c'est intéressant.
12:00 - Très bien.
12:01 - Ça c'est vraiment super, Harry Potter.
12:02 - Ça vient de vous revenir à la Génération.
12:03 - Et il y a beaucoup de jeunes générations qui ont eu le goût de la lecture grâce à Harry Potter.
12:10 Est-ce que pour vous, c'est important de parler bien français, puisque c'est notre sujet ?
12:13 Est-ce que c'est primordial ?
12:15 - Ah oui, oui, c'est primordial.
12:17 Enfin, moi j'essaie de m'améliorer de jour en jour, mais bon, on va dire que c'est un peu compliqué avec les réseaux sociaux et tout.
12:22 Il y a différents mots qui arrivent, qui peuvent choquer les anciennes générations, mais généralement, c'est important.
12:28 - D'accord. Moi, par exemple, je suis d'une ancienne génération pour vous, c'est ce que vous voulez ?
12:31 - Ah oui, pardon.
12:32 - Excusez-moi. Donc je suis un bouleur, quoi. C'est OK bouleur.
12:35 - Je t'avais dit ça, je t'ai dit ça.
12:37 - Mais c'est pas grave. Bon, écoutez, vous avez parfaitement raison, de toute façon.
12:42 - Non, non, je veux pas.
12:44 - Vous vous souvenez de la chanson "Marquis, je suis mon visage a quelque chose d'un peu vieux".
12:49 Vous connaissez cette petite chanson que me dit G-Fab ?
12:52 - Absolument.
12:53 - Non, vous la connaissez pas, je pense, parce que ça fait référence à une chanson célèbre de Corneille,
12:58 qui moquait une jeune femme.
13:03 Vous connaissez pas Corneille ?
13:05 - Je connais Corneille et Bernie.
13:07 - Ah oui, Corneille, le chanteur. Non, je parlais du Corneille, celui qui a écrit "Le Cid".
13:11 - C'est la référence au dessin animé, ça.
13:15 - Ah non, c'est ce que j'étais en train de dire.
13:17 - Attends, mais je connais pas le dessin animé. C'est quoi le dessin animé ?
13:20 - C'est Corneille et Bernie.
13:22 - Oui, c'est un dessin animé.
13:24 - Et bien, vous voyez, chacun a ses manques, chacun a sa culture.
13:27 Moi, je connais pas Corneille et Bernie, et je connais le Cid.
13:30 - Je connais pas le Cid.
13:32 - Bon, il est 11h15 ici, là, on est très en retard.
13:35 Mimi, vous restez avec nous, parce que vous êtes formidables,
13:38 et parce que, effectivement, vous incarnez une génération nouvelle.
13:41 Et Léonor, vous restez avec nous, parce qu'on n'a pas fini,
13:44 parce que je trouve que ce sujet est passionnant.
13:46 Et DJ Fab, vous ne partez pas, c'est pas encore le week-end.
13:50 - Et il se réveille !
13:51 - Il reste une heure, là, on y va, on y va, c'est le dernier !
13:54 C'est la dernière ligne droite.
13:56 - Ah, enfin !
13:57 - Vous savez où je vais ce week-end, moi ?
13:59 - Ah, dites-moi !
14:00 - Je vais à Beauval.
14:01 - Qu'est-ce que vous allez faire à Beauval ?
14:03 - Oh non !
14:04 - Je vais voir le panda.
14:06 - Dans sa cage !
14:07 - Je vais voir le panda, parce que...
14:09 - Pandi, panda, petit bambou, c'est le panda.
14:14 - Je vais à Beauval.
14:15 - Et qu'est-ce que vous allez lui raconter à ce panda ?
14:17 - Eh bien, je vais lui apporter des bambous, monsieur.
14:19 - Vous avez des bambous, vous ?
14:21 - Et comment ?
14:22 - Dans votre frigo, c'est possible, hein ?
14:24 - Dans mon frigo.
14:25 - Il y a tellement rien dans votre frigo !
14:27 - Mais que vous en savez ?
14:28 - Moi, je vous connais !
14:29 - Il y a des yaourts dans mon frigo.
14:31 - Non !
14:32 - Si, il y a des yaourts.
14:33 - Vous allez voir ça.
14:34 - Un pain.
14:35 - 12h, 13h, Pascal Praud et vous.
14:39 - You are the one for me, for me, for me, formidable.
14:45 You are my love, very, very, very, very tender.
14:52 Et je voudrais pouvoir un jour, enfin, te le dire.
14:58 - Bon, et Léonore qui est prof de français.
15:00 - Léonore, je m'amusais avec Mimi, mais elle est tellement représentative des jeunes gens que je connais,
15:06 parce que, évidemment, mes enfants ont parfois des amis qui ont son âge,
15:11 et puis mes propres enfants, tous, ne s'intéressent pas, ne lisent pas,
15:15 n'ont pas ce centre d'intérêt que nous avions dans les générations anciennes.
15:20 À la question tout ça, d'ailleurs, pourquoi tu lis ?
15:24 Moi, je répondais toujours par plaisir.
15:26 C'est aussi bête que ça.
15:27 Je ne lisais pas pour me cultiver, je ne lisais pas pour apprendre,
15:30 sauf quand j'avais un travail, évidemment, professionnel à faire ou quand on était étudiant.
15:35 Mais je lisais parce que ça me fait plaisir, fondamentalement.
15:38 Et c'est ça, peut-être, Léonore, qui est le plus difficile,
15:41 c'est que ça ennuie tout le monde de lire.
15:44 - C'est ça.
15:45 Les élèves le font parce que c'est demandé par le professeur, mais pas d'eux-mêmes.
15:50 - Alors qu'est-ce qu'on fait ?
15:52 Alors, moi, je pense qu'on devrait accorder plus d'importance à la langue dès le primaire, me semble-t-il.
16:01 - Je suis d'accord avec vous, mais vous n'êtes pas là pour éduquer les enfants, vous êtes là pour les instruire.
16:06 Donc si chez eux...
16:08 Moi, je suis frappé, on voit tous les mêmes choses,
16:12 on est parfois l'été dans des clubs de vacances,
16:14 et c'est là qu'on voit finalement comment les autres vivent,
16:16 où on est sur la plage, etc.
16:18 - Ils ont deux ans, ils sont avec des écrans devant les yeux, des journées entières, à deux ans...
16:22 - C'est le problème.
16:24 - Oh non.
16:25 - Géraldine !
16:26 - Pas Virginie, quand même.
16:27 - Géraldine ! Mais je n'ai pas dit Virginie !
16:29 - Vous avez failli.
16:30 - Moi, ça ne va pas.
16:31 - Non, je disais que le goût de la lecture, ça prend vraiment...
16:35 Mais très jeune, à deux ans, trois ans, il faut lire une histoire à son enfant,
16:39 et après, il prendra le goût de la lecture.
16:41 L'emmener à la médiathèque, par exemple.
16:43 - C'est ça, nous, on est un peu inquiets parce qu'on est attachés.
16:47 - Très jeunes.
16:48 - On est attachés, forcément, Eléonore, à ce goût de la langue,
16:53 à la subtilité de la langue française.
16:55 On a une langue en plus qui ne ressemble à aucune autre.
16:58 - Je leur dis aux élèves, un mot n'est pas interchangeable, il est porteur de sens.
17:03 Et j'essaie de faire de l'étymologie, de leur expliquer d'où viennent les mots.
17:07 - Oui, mais l'étymologie, même le mot, ils ne savent même pas ce que c'est.
17:10 Plus personne ne fait de latin non plus.
17:12 - C'est ça, le problème, c'est ça.
17:14 L'étymologie permet de comprendre d'orthographe aussi, les sens multiples.
17:18 Là, on voit le conte "merveilleux", quel était le sens de "merveilleux" en latin,
17:22 "mirabilia", ce sont des choses étonnantes.
17:24 Alors, ils répondent, j'ai posé des questions, c'est très révélateur,
17:27 quel est le "merveilleux" dans le conte ?
17:29 Et ils me rapportent tout ce qui est richesse, somptuosité,
17:33 je leur dis, mais non, pensez à l'origine du mot, "merveilleux", "mirabilia".
17:37 Le "merveilleux", c'est la baguette magique, c'est la métamorphose.
17:40 Mais bon, tout ça, ça leur passe à côté.

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