Vidéo diffusée lors de la plénière de la 3e journée régionale zéro plastique en Île-de-France, le 6 décembre 2023.
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00:00 Je suis Elodie Thermo, j'ai une formation à la fois d'ingénieur et de designer.
00:08 J'ai travaillé pendant longtemps dans une bibliothèque de matériaux innovantes basée
00:12 à Paris qui s'appelle Materio, avec un O à la fin.
00:15 Je suis également co-auteur de plusieurs ouvrages.
00:17 Et puis depuis quelques années, j'ai co-fondé un collectif qui s'appelle Hilo, H-I-L-O-H,
00:23 avec des camarades de jeu qui sont australiennes et on accompagne des structures diverses et
00:28 variées sur leurs questions matière et environnement.
00:31 Le designer a un rôle clé en fait dans cette histoire.
00:38 Les matériaux certes ont beaucoup de choses à dire et sont importants à connaître et
00:47 à travailler, mais le designer c'est celui qui va aider à mettre sur la table une image,
00:52 qui va fixer en fait les décisions et voilà, c'est ce qu'on va faire.
00:57 Tout le monde est d'accord, cette image existe et puis tout se met en place à partir de
01:01 l'image, tout le monde se met en rang pour que cette image devienne réalité.
01:08 Le problème c'est que l'image, elle va déterminer quasiment tout dès son existence,
01:13 c'est-à-dire le choix des matériaux qui vont pouvoir servir l'image, mais derrière
01:17 aussi parce que les matériaux sont liés à des questions de procédés de transformation,
01:21 ça va déterminer comment on va fabriquer et puis tout le jeu, tout le cycle de vie
01:25 en fait de l'objet ou du service que l'on est en train de concevoir, il est déjà très
01:30 déterminé par cette image.
01:32 La marge de manœuvre que l'on va avoir pour essayer de réduire les impacts une fois que
01:37 l'image a été décidée, elle est minime en fait.
01:40 Et nous qui accompagnons beaucoup de structures sur ces questions-là, on vient nous voir
01:44 souvent trop tard parce que l'image elle a été déjà décidée, elle a déjà été
01:48 dessinée entre autres par le designer et on a très peu de possibilités de réduire
01:55 les impacts ou si on les réduit, c'est souvent à la marge.
01:58 Du coup, un designer, il est central dans ce moment décisionnel et ce qui est important,
02:06 c'est qu'il en ait la conscience, qu'il soit capable effectivement d'anticiper cette
02:12 question de cycle de vie, qu'il soit aussi suffisamment formé pour avoir cette connaissance-là
02:17 et qu'il colporte, qu'il prêche la bonne parole au niveau décisionnaire souvent qui
02:26 sont avant lui, qui n'ont pas forcément la conscience aussi de cette histoire, d'une
02:31 image qui déclenche tout et qui prennent souvent des engagements assez drastiques,
02:37 de réduction entre autres d'impact carbone à une échéance courte, qui vont être très
02:40 difficiles à respecter si on ne change pas ce que l'on fait.
02:44 Bien sûr que la conception des objets va influencer cette capacité à recycler de
02:57 plusieurs manières.
02:58 D'abord parce qu'il faut anticiper cette question du recyclage et pour bien recycler,
03:04 il faut pouvoir identifier les matières, déjà les collecter, donc il y a toute une
03:08 question de logistique, c'est récupérer les objets en fin de vie, comment on fait.
03:12 Il va falloir pouvoir les identifier ces matériaux, qu'on sache s'ils sont potentiellement
03:16 recyclables ou pas.
03:17 Il va falloir pouvoir les séparer et donc là ça pose des vraies questions qui reviennent
03:23 à la conception, c'est est-ce que je peux concevoir pour désassembler en fin de vie.
03:28 Donc plus on va être monomatériaux, plus ce sera facile, moins on aura d'assemblage
03:33 entre matériaux différents, plus ce sera facile, moins on aura de col entre les composants,
03:39 même s'ils sont de la même nature, on les a quand même collés avec quelque chose d'autre,
03:43 difficile à séparer, etc.
03:45 Il y a aussi des connaissances en termes de quel est l'état aujourd'hui du parc capable
03:52 de recycler.
03:53 Est-ce qu'on est capable d'identifier d'une part, mais est-ce qu'on est capable ensuite
03:57 de tout recycler facilement.
03:59 Toute la question autour de la matière, c'est est-ce que j'ai choisi la bonne matière
04:06 dans le bon contexte et il y a des matériaux qui vont être plus ou moins impactants selon
04:10 le contexte.
04:11 Mais il faut arrêter de montrer du doigt le plastique et pour preuve, on a par exemple
04:17 nous chez Ailo fait une étude d'impact pour l'utilisation de grands aplats de matière
04:24 pour une structure de type stand ou pop-up store, une structure temporaire qui avait
04:29 besoin de grands panneaux comme ça.
04:31 Et on s'est demandé qu'est-ce qu'on utilise, qu'est-ce qui va être le moins impactant.
04:34 La première envie, le premier réflexe dans ce type d'installation, c'est d'utiliser
04:40 du MDF qui est un panneau dérivé du bois.
04:43 On utilise de la pupe de bois, il y a un petit peu de colle, tout ça c'est compressé.
04:46 C'est quand même dans la catégorie du bois et on se dit ça va être vache.
04:50 L'autre option, c'était d'utiliser du dibond qui est un matériau sandwich avec de
04:54 l'aluminium et du plastique au milieu.
04:56 Et la dernière option, c'était de tendre une bâche en plastique, par exemple en PET
05:01 qui est la fameuse matière utilisée aussi dans les bouteilles.
05:05 Et on avait donc la même structure et trois options de matière.
05:09 Eh bien, aux surprises, c'est le plastique qui gagne en termes d'impact carbone.
05:15 Donc sur ce critère, si on se concentre sur ce critère uniquement, qui est quand même
05:20 ce qui obsède en ce moment la planète, ce fameux impact carbone, le plastique est plus
05:26 performant dans cette utilisation, il est moins impactant que le bois.
05:30 Pourquoi on est moins impactant ? Parce qu'en fait, ce qu'on est en train de regarder,
05:34 c'est le service que rend le matériau.
05:37 Le service, en l'occurrence, c'est couvrir de la surface.
05:40 Si on compare un kilo de plastique PET avec un kilo de bois MDF, le plastique a plus d'impact
05:48 carbone que le MDF.
05:49 Mais on n'est pas en train de comparer un kilo là, on est en train de comparer un mètre
05:53 carré.
05:54 Et pour couvrir un mètre carré, on a besoin de 25 fois moins de quantité de matière si
05:59 on utilise du plastique que si on utilise du bois.
06:03 À ce moment-là, le plastique devient la solution la moins impactante.
06:07 Et ça, c'est extrêmement important de garder en tête qu'en fait, cette question d'impact,
06:13 elle n'est pas liée qu'au matériau.
06:16 Il faut replacer ça dans le contexte.
06:18 Qu'est-ce qu'on cherche à faire avec la matière ? Qu'est-ce qu'elle a à nous dire
06:22 dans sa longévité, dans ses propriétés ? Quelle quantité il faudra utiliser de cette
06:27 matière par rapport à un autre matériau ? Et là, on peut décider sur ce qui est le
06:31 moins impactant.
06:32 Et puis, il faut mesurer.
06:34 C'est-à-dire qu'il faut arrêter de faire les choses au doigt moulé, à se dire « je
06:37 pense que le bois, ça va être mieux, de toute façon, c'est un matériau naturel ».
06:41 Eh bien non, pas toujours.
06:43 Calculons, voyons dans quelles conditions on est, quels sont les limites de l'étude
06:49 en question et décidons avec des données vraiment chiffrées.
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