Loi Immigration : «Le Conseil Constitutionnel doit respecter le droit», estime Bruno Retailleau

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Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet du texte Immigration adopté dans la nuit, des vainqueurs de cette séquence politique, de l'état de la majorité et de la prise de parole d'Emmanuel Macron attendue ce mercredi.

Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Transcription
00:00 [Musique]
00:05 - On passe donc à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:08 Bonjour Bruno Rotailleau.
00:09 - Bonjour Sonia Mamrouk.
00:10 - Bienvenue, merci d'être ici ce matin.
00:12 Vous êtes le patron des sénateurs Les Républicains.
00:15 Vous êtes aussi, Bruno Rotailleau, présenté comme étant l'artisan,
00:18 le père du texte Immigration qui a donc été finalement adopté hier dans la nuit.
00:22 Avant d'évoquer avec vous, Bruno Rotailleau, les retombées pour les Français,
00:26 la situation de la Macronie, l'ERN qui a aussi un large sourire,
00:30 est-ce que c'est la victoire de la droite ?
00:32 Est-ce que vous le revendiquez et vous le dites au effort ?
00:35 - Je le revendique parce que j'ai vécu le tout début de ce texte il y a 18 mois.
00:40 J'ai vécu bien sûr 5 jours, 4 nuits non-stop au Sénat où on a totalement forgé le texte.
00:46 Je voudrais simplement rappeler que le texte de Gérald Darmanin comportait 27 articles
00:51 et qu'au sortir du Sénat c'était pratiquement une centaine d'articles.
00:54 Donc on l'a totalement remanié, on l'a remanié à notre main.
00:57 Ce qui fait qu'aujourd'hui c'est bien la loi sénatoriale, la loi du Sénat de la droite
01:02 qui a été adoptée hier soir à l'Assemblée.
01:04 - C'est la loi du Sénat ?
01:05 - Bien sûr, c'est d'abord la loi du Sénat.
01:06 - Qui est passée.
01:07 - Bien sûr, c'est le Sénat qui l'a examinée en profondeur.
01:10 Il n'y avait qu'un texte du reste.
01:11 Comment aurait-il pu en être autrement ?
01:14 Puisque c'est la seule Assemblée qui a vraiment délibéré,
01:17 qui a profondément amendé ce texte.
01:20 Et ce texte-là, c'est un texte vraiment de fermeté qui va protéger les Français.
01:23 J'en suis très très fier.
01:24 - On va y venir.
01:25 - Et ce n'est pas de la demi-mesure pour une fois.
01:27 Je pense que depuis 40 ans, aucun autre texte,
01:29 aucun autre texte sur ce plan-là n'a été aussi ferme.
01:32 - Alors vous nous expliquerez pour ceux qui nous regardent et nous écoutent
01:35 sur Europe 1 et sur CNews en quoi c'est un avant et un après.
01:38 Pour les LR quand même, Bruno Rotaillot, est-ce que c'est une unité retrouvée ?
01:42 Alors surtout à l'Assemblée, car au Sénat il faut le reconnaître,
01:44 le groupe vote de manière homogène.
01:45 Est-ce que cette séquence a permis de ressouder la droite à l'air ?
01:49 - Exactement.
01:50 Et pour nous, cette séquence qui est une conclusion avait débuté aussi au printemps
01:54 puisqu'avec Éric Ciotti, avec Olivier, nous avions déposé deux textes de loi,
01:58 une loi ordinaire, et nous on a beaucoup pioché d'ailleurs dans ce texte-là
02:01 pour nourrir nos réflexions au Sénat.
02:03 Nous avions aussi nos propres travaux que nous avions faits depuis de nombreuses années
02:06 et une loi constitutionnelle.
02:08 Donc ça avait été un temps d'unité, je me souviens très bien, au printemps.
02:12 On termine sur cette unité.
02:13 Je veux simplement dire qu'hier soir, il n'y a pas un seul député LR qui a manqué à l'appel.
02:18 - Combien sur combien ?
02:19 - 62 voix ont été présentes pour voter le texte.
02:23 - Je vous pose la question sur l'unité avant d'arriver évidemment au fondement du texte
02:26 et au paysage politique, parce que les LR, Bruno Rotaillot, ont souvent été raillés, critiqués.
02:33 Ici même à la Grande Interview, je me souviens de responsables politiques
02:35 qui sont venus dire "mais c'est la petite droite du monde",
02:38 voire ouspillés par Gérald Darmanin parfois.
02:40 Qu'est-ce que vous ressentez même personnellement après des mois de bataille ?
02:44 Et il faut le reconnaître, de grandes implications personnelles.
02:47 - On a parfois été critiqués, mais il faut reconnaître aussi que c'était aussi à juste titre.
02:51 On n'a parfois pas été à la hauteur, mais là on était à la hauteur.
02:54 Moi ce qui me réjouit le plus, ce n'est pas pour nous,
02:56 c'est les messages que j'ai reçus de beaucoup de Français, de droite ou du centre,
03:00 qui n'adhèrent pas du tout.
03:01 Et le point commun de ces messages, c'était de dire hier et ce matin, dans la nuit, ça nous fait du bien.
03:08 On retrouve une fierté, enfin la droite est de retour.
03:10 - La droite est de retour ?
03:11 - Avec des idées, oui sur le plan des idées.
03:13 - On croyait que le clivage était gauche-droite, dépassé, terminé.
03:16 Vous dites que le clivage aurait été possible.
03:17 - C'est l'échec du macronisme aussi pour cela.
03:19 C'est un échec du macronisme qui avait promis le dépassement du clivage.
03:23 Mais le clivage il est nécessaire, c'est ce qui fonde la politique, la droite et la gauche.
03:27 Pourquoi est-ce qu'au Sénat ça fonctionne bien ?
03:29 Tout simplement parce qu'on est sur le clivage droite-gauche,
03:31 qui est un clivage aussi qui permet à la démocratie de s'exprimer,
03:34 mais aussi de s'apaiser parce que le clivage ce sont des idées politiques.
03:39 Alors qu'à la dernière présidentielle, on n'a jamais autant voté en fonction de ce que l'on était.
03:44 Que vous soyez urbain ou ruraux, que vous soyez diplômé ou pas diplômé.
03:47 Tandis que le clivage politique transcende, si j'ose dire, toutes ces assolutions.
03:51 - C'est important ce que vous dites, parce que si vous êtes, d'ailleurs,
03:53 objectivement les vainqueurs, qui est le véritable bénéficiaire ?
03:57 Beaucoup affirment que c'est le Rassemblement National.
04:00 Est-ce que vous reconnaissez, Bruno Rotaillot, un sens politique à Marine Le Pen,
04:04 qui a un large sourire ce matin ?
04:06 - Bien sûr, je lui reconnais le sens de l'opportunisme.
04:09 - Opportunisme c'est-tu, pas du flair ?
04:11 - Mais écoutez, moi qui ai tout suivi, je sais qui a apporté dans ce texte,
04:16 ou qui n'a pas apporté.
04:17 Je sais par exemple que le Rassemblement National, à chacune des étapes,
04:20 s'est opposé au texte.
04:21 Je me souviens que les sénateurs du Rassemblement National
04:24 se sont opposés au texte au Sénat.
04:27 J'ai vécu aussi toutes ces heures de la commission mixte paritaire,
04:30 où les représentants du Rassemblement National déposaient des amendements
04:33 pour des fers où, comment dirais-je, s'opposaient à un certain nombre de dispositions.
04:38 Donc oui, elle a fait un coup.
04:39 C'est faire.
04:40 Ça fait très longtemps qu'elle fait de la politique.
04:42 - Un coup qui ressemble au baiser de la mort à la Macronie,
04:45 qui a tout précipité hier.
04:46 - Mais voyez, il y a une grosse différence.
04:48 Qui a apporté dans ce texte les mesures ?
04:51 C'est le fait d'être utile, concrètement.
04:54 Il y a un coup politique d'un côté, il y a un opportunisme.
04:58 Elle vole au secours de la victoire qui nous était promise de toute façon.
05:02 Donc elle en partage une petite partie,
05:04 alors qu'en réalité, elle n'a rien fait.
05:06 - Mais est-ce que vous ne partagez pas plus que cela ?
05:08 Parce que pour la préférence nationale Bruno Rotailleau,
05:10 qui est actée, qui est votée, qui est dans la loi,
05:13 eh bien elle, elle réclame une victoire idéologique
05:15 et vous, vous avez inscrit cela dans le marbre.
05:18 - Il y a une différence.
05:19 Je vais vous l'expliquer, cette différence.
05:21 D'abord, elle, par exemple, en 2022,
05:23 elle disait que les allocations familiales doivent être exclusivement réservées aux Français.
05:27 Nous, on dit non.
05:29 Les allocations familiales et d'autres aides
05:32 pourront être accessibles aux étrangers s'ils sont méritants.
05:35 Quand ils auront travaillé, par exemple...
05:37 - J'entends la nuance, mais à la fin, reconnaissez que vous êtes d'accord sur le fond.
05:42 - Mais on est d'accord sur le fait, nous on l'exprime,
05:44 moi je l'exprime depuis des années.
05:45 D'abord, une aide sociale, ce n'est pas un dû.
05:48 La solidarité nationale, ça se mérite.
05:50 Et le sens d'une communauté nationale,
05:53 c'est qu'il y a des citoyens et des étrangers
05:55 et qu'ils n'ont pas les mêmes droits.
05:57 Et que quand les étrangers pénètrent sur le sol national,
06:00 eh bien avant d'avoir des droits, il y a des devoirs.
06:03 Les devoirs de se comporter en France
06:05 comme on doit se comporter, respecter la loi,
06:08 les principes républicains, nos modes de vie.
06:10 J'ai fait inscrire, et c'est très rare,
06:12 dans ce texte sur les problèmes de régularisation,
06:14 le respect du mode de vie, des modes de vie françaises.
06:17 - Il est vrai que quand on pose la question aux Français,
06:19 on va voir ce sondage pour CNews, Bruno Rotailleau,
06:23 71% des Français sont favorables à cette préférence nationale.
06:27 Et même, ça dépasse les clivages.
06:30 Malgré tout, c'est un avant et un après.
06:32 La gauche, la France insoumise, regardez ce qu'elle dit.
06:35 Les écologistes, le Parti socialiste,
06:38 c'est une loi de la honte, de l'indignité.
06:40 Jean-Luc Mélenchon parle d'une France défigurée.
06:42 Ça vous fait sourire ?
06:43 - Ça me fait sourire parce que quand Jean-Luc Mélenchon
06:45 dit une chose, vous pouvez être sûr que la vérité,
06:47 c'est l'inverse, si vous voulez, c'est une boussole inversée.
06:50 Non, mais je souriais tout simplement pour voir
06:54 dans ces critiques très acerbes, le retour du vieux clivage
06:58 droite-gauche qui est un clivage encore actuel.
07:00 Un mot, la tripartition macronienne,
07:02 c'est-à-dire deux ailes radicales sur la droite et la gauche
07:05 et un grand centre mou, ça ne marche pas.
07:08 C'est un poison pour la démocratie.
07:10 - Ça ne marche pas. Et alors, qu'est-ce qui va se passer ?
07:11 Parce que ce matin, dans quel État ?
07:13 Et là, je vous demande aussi votre avis, votre regard.
07:16 Dans quel État se trouve la majorité ?
07:18 Démission dans la nuit, pas encore, semble-t-il,
07:20 acceptée par la première ministre du ministre de la Santé,
07:23 20 votes contre chez Renaissance, une crise de nerfs
07:26 hier de l'aile gauche.
07:27 À quoi ressemble la situation politique ce matin ?
07:30 - On arrive au bout du chemin du macronisme.
07:32 Et là, les Français peuvent voir ce qu'est vraiment le macronisme.
07:35 Cette majorité qui n'était pas une majorité absolue
07:37 ne tenait en réalité que lorsqu'il y avait des petites mesures.
07:40 Quand c'est de l'eau tiède, on arrive à contenter
07:42 et la partie droite et la partie gauche.
07:44 Mais quand on veut être utile, quand on doit décider
07:46 des mesures efficaces, et c'est ça la politique.
07:48 C'est pour ça que les Français n'y croient pas,
07:50 parce qu'ils pensent que la politique, c'est plus efficace.
07:52 Mais c'est vrai que le macronisme, sa majorité ne tient
07:55 qu'avec des demi-mesures.
07:56 Et là, on voit bien que désormais, quand il faut des mesures fortes,
08:00 tout ça se déglingue et c'est en train de se déglinguer.
08:02 Le macronisme débouche sur l'impuissance et sur l'immobilisme.
08:06 Et quand on veut en sortir par ces mesures fortes,
08:08 eh bien, tout s'effondre.
08:09 - J'ai l'impression que c'est l'après Macron
08:11 que vous êtes en train d'acter.
08:12 - Bien sûr. Il a commencé, d'ailleurs, pas forcément de sa faute.
08:15 Il a commencé, il a encouragé.
08:17 - C'est son échec, hier ?
08:19 - C'est un échec du macronisme, bien sûr.
08:21 Le macronisme a tenu, alors il est talentueux,
08:24 il manie le verbe, mais les mots sont vides de sens en même temps,
08:29 parce qu'ils peuvent prendre un sens le matin
08:31 et un autre sens le soir.
08:33 Et en cela, ce n'est pas seulement une forme,
08:36 comment dirais-je, d'immobilisme,
08:37 c'est aussi une forme de désespérance,
08:38 au sens où cela désespère les Français,
08:41 parce que ça fait penser qu'il n'y a pas de conviction,
08:43 qu'on est capable d'en changer d'une journée à l'autre,
08:46 et ça, ce n'est pas la politique.
08:47 Pour moi, la politique, ce sont les convictions.
08:48 - Bruno Rotailleau, vous voulez dire que là, ce matin,
08:50 après que la loi immigration,
08:52 l'une, quand même, l'un des textes les plus importants,
08:54 ait été votée, vous ne savez pas ce que pense Emmanuel Macron
08:56 sur l'immigration ?
08:57 - Non, je ne pense pas.
08:58 Non, je vais l'écouter ce soir, sans doute comme vous,
09:01 mais je pense que c'est révélateur.
09:03 Ce texte-là dit beaucoup sur ce qu'est Emmanuel Macron,
09:07 sur ce qu'est le macronisme.
09:08 Les Français vont ouvrir les yeux.
09:09 Ceux qui les avaient encore fermés, si j'ose dire,
09:11 ou simplement à demi-ouverts,
09:13 mais pour moi, c'est une évidence.
09:14 Il y a eu, pendant toutes ces semaines, pendant 18 mois,
09:17 une forme de radiographie, voyez, de ce qu'est le macronisme.
09:21 Et on le voit que, soit la majorité se défait
09:24 parce que les mesures, le texte du Sénat était fort,
09:27 et donc insupportable pour une partie de la majorité,
09:29 on le voit, y compris du gouvernement,
09:31 mais c'est sûr que pour l'instant,
09:32 ça n'a été que des toutes petites mesures.
09:34 - Alors, qu'est-ce que vous attendez de sa prise de parole
09:37 ce soir, dans un contexte dont vous décrivez la fin du macronisme ?
09:42 Que peut-il dire ?
09:43 - Je n'en attends rien.
09:44 J'attends quand même qu'il respecte la démocratie parlementaire,
09:47 parce qu'il méprise le Parlement.
09:49 Il méprise beaucoup le Parlement, bien sûr.
09:51 - Non mais il y a un doute sur le parcours du texte.
09:54 Vous êtes tranquille sur le texte, sur la promulgation du texte ?
09:57 - Je ne suis pas tranquille,
09:58 parce que je pense qu'il peut lui aussi faire des coups.
10:00 Mais ce serait, je pense, pour ce texte-là, antirépublicain.
10:05 - Est-ce que vous pouvez le formaliser clairement ?
10:07 Quel coup peut-il faire
10:08 qui serait un coup porté au Parlement et à la démocratie ?
10:11 - Je pense qu'il pourrait retirer, en tout cas ne pas le retirer,
10:14 mais ne pas le promulguer, ne pas signer le texte.
10:17 Première chose.
10:18 Ensuite, on voit bien qu'il veut se servir du Conseil constitutionnel
10:21 dans un face-à-face avec le Parlement.
10:23 Je mets en garde aussi sur cette pratique.
10:25 - Vous mettez en garde qui ?
10:26 - Le Conseil, je vais vous l'indiquer.
10:28 Le Conseil constitutionnel n'est pas une instance d'appel du Parlement.
10:34 Il y a la souveraineté populaire, il y a un État de droit.
10:37 Les deux ne doivent pas s'opposer.
10:38 Le Conseil constitutionnel ne doit pas faire de la politique,
10:41 il doit respecter le droit.
10:43 J'attends de voir ses décisions.
10:44 Je pense que dans ces décisions-là, il y aura sans doute quelques censures.
10:49 - Donc il y a des mesures qui sont clairement anticonstitutionnelles ?
10:52 - Clairement non.
10:54 - Vous semblez aller vers une censure de certaines mesures.
10:57 D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur l'a reconnu lui-même hier.
10:59 - Je connais suffisamment le droit pour dire que le droit,
11:02 vous pouvez lui faire dire beaucoup de choses.
11:04 Je le sais suffisamment.
11:06 Simplement, s'il y a des censures, ce sera la preuve
11:09 que ce que nous avançons avec mes amis les Républicains,
11:11 c'est-à-dire que pour avoir des mesures fortes,
11:13 il faut une révision constitutionnelle,
11:14 alors nous aurons ces preuves qu'il faudra une révision constitutionnelle.
11:18 - Alors ça, nous allons en parler,
11:19 puisque ce que vous aussi vous promettiez, en tous les cas,
11:22 c'est l'un des éléments de votre argumentaire Bruno Rotailleau.
11:25 À l'instant, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
11:27 dit que le texte a été voté sans les voix du RN.
11:31 Alors mathématiquement, le texte est-il passé grâce aux voix du RN,
11:36 s'il s'était abstenu ?
11:37 Le texte serait passé ric-rac, mais s'ils n'avaient voté pas de texte ?
11:42 C'est Elisabeth Borne qui le dit à l'instant.
11:44 - Non mais c'est une question que vous me posez.
11:46 - Oui. Elisabeth Borne affirme que le texte est passé sans les voix du RN.
11:50 - Je pense que c'est ridicule. Je pense que c'est une tartufferie.
11:53 Je pense que les élus du Rassemblement national,
11:56 ce sont des élus qui font partie du Parlement.
11:59 D'ailleurs, Emmanuel Macron a mis en valeur,
12:01 lors de la première rencontre de Saint-Denis,
12:03 il a invité le président du RN, Jordan Bardella,
12:06 et il lui a tressé des louanges au moment de chaque élection.
12:11 Il s'est ingénié d'ailleurs à créer ce face-à-face entre lui ou le chaos,
12:16 c'est-à-dire le RN, il en a profité.
12:18 - À l'instant, Elisabeth Borne dit avoir quand même le sentiment du devoir accompli.
12:25 Vous qui avez négocié avec elle, Bruno Rotailleau,
12:28 vous qui avez vu tous les changements.
12:30 - Il y a eu quelques bras de fer, oui.
12:32 - Elle le dit, vous pensez, le sentiment du devoir accompli, c'est ce qu'elle ressent ?
12:36 - En tout cas, moi je ne vais pas la critiquer, c'est une femme de gauche.
12:39 Objectivement, nous n'avons pas... - Qui a voté un texte de droite.
12:42 - Elle ne l'a pas voté, elle l'a proposé. - Qui a laissé voter.
12:44 - Simplement, ce que je veux dire, parce que moi je respecte toujours mes adversaires,
12:48 c'est une femme de gauche, très bien,
12:50 mais dans les contacts et les échanges que nous avons eus,
12:53 qui ont été parfois rudes, souvent c'était la femme d'État
12:56 et elle a exercé un beau métier, préfet.
12:59 Et c'est ce qui marche en matière d'immigration, et c'est ce qui ne marche pas.
13:02 Et je voyais bien que dans nos mesures qui étaient critiquées par ailleurs,
13:06 finalement pas grand-chose ne la choquait,
13:08 parce qu'elle a conscience qu'on est au bout du bout,
13:10 et qu'on est dans un chaos migratoire.
13:12 Les Français, regardez, c'est incroyable, les sondages.
13:15 Vous vous en faites aujourd'hui un état,
13:17 j'écoutais un politologue tout à l'heure, en face de Dimitri Pavlenko.
13:21 Franchement, c'est un des seuls sujets où les Français,
13:24 qui sont un peuple si gaulois, si fracturé, se retrouvent 75 à 80 %,
13:29 mais aussi une majorité d'électeurs de M. Mélenchon disent qu'il y a trop d'immigration,
13:33 et qu'on sente à nos mesures. C'est nouveau ça.
13:36 Alors si c'est une victoire politique, et de vos idées aussi, Bruno Retailleau,
13:40 si la porte est ouverte à une entrée au gouvernement, vous y allez ?
13:44 Non, mais pas de débauchage.
13:46 Le problème du macronisme, je vous l'ai expliqué, c'est qu'on est au bout du bout,
13:50 et que Rémi El Macron, je ne pense pas qu'il puisse se réformer.
13:54 Il aurait pu former un gouvernement de coalition, après la présidentielle,
13:58 où lorsqu'il a constaté qu'au législatif, il n'avait pas de majorité absolue.
14:03 Il ne l'a pas fait, et je pense qu'il n'a pas du tout envie de partager le pouvoir.
14:07 Ça reste Jupiter, quoi qu'on en dise par ailleurs.
14:10 On est d'accord que le texte a été voté grâce à vous, et grâce aux voix du RN.
14:15 Est-ce que vous le dites aussi clairement ce matin ?
14:17 Il a été voté, c'est nous qui l'avons fait, grâce aux voix LR,
14:22 grâce aux voix de la majorité aussi, quand même.
14:25 Il y a les trois quarts de la majorité présidentielle qui l'ont voté,
14:27 et grâce aux voix du RN, bien sûr.
14:29 Mais le RN, un député RN, une voix RN à l'Assemblée,
14:33 égale une voix aussi de n'importe quel autre député.
14:36 Je veux simplement dire que je ne compte pas les textes,
14:39 notamment les lois de programmation militaire, de l'intérieur, défense, etc.,
14:43 qui ont été votés aussi par les députés du RN, avec d'autres députés LR,
14:49 ou de la majorité présidentielle.
14:51 Et pour conclure, Bruno Rotaillot, croyez-vous vraiment, vraiment,
14:53 que ce texte va changer les choses ?
14:55 Il y a quelques semaines, ici encore, vous affirmiez l'importance
14:58 d'une révision constitutionnelle que le droit français prime
15:01 sur les normes et les traités européens.
15:03 Emmanuel Macron ne veut pas du tout aller vers cette réforme.
15:05 Alors, que dire aux Français ?
15:07 Il ne les changera, je vais vous dire, le point le plus fondamental.
15:09 C'est que vous pouvez voter les textes les plus durs du monde,
15:13 s'il n'y a pas la volonté politique de les appliquer, les textes ne sont rien.
15:18 La politique, vous voyez, ce ne sont pas des textes, d'abord.
15:21 C'est du droit, sans doute, mais c'est d'abord le courage de la volonté,
15:23 le courage de faire.
15:25 Emmanuel Macron, même si nous avons eu le courage de forger ce texte
15:29 et de le voter, aura-t-il désormais le courage de l'appliquer ?
15:32 J'en doute.
15:33 Merci Bruno Rotaillot.
15:34 C'était votre grande interview ce matin sur Europe 1 et CNews.

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