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Lundi 8 janvier 2024, SMART MORNING SOUMIER reçoit Michel Piermay (Fondateur, Fixage)

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00:00 Salut à tous, on va parler actuariat, calcul de risque.
00:11 Finalement, mais justement, ça va être ma première question.
00:15 C'est Michel Piermet qui nous accompagne.
00:16 Bonjour Michel, fondateur de Fixage.
00:21 Il y a combien de temps que tu as?
00:22 Plus de 30 ans. Plus de 30 ans.
00:24 Société indépendante d'actuariat,
00:28 alors que beaucoup des actuaires, en fait, travaillent
00:33 dans les compagnies d'assurance qui sont les premiers employeurs
00:38 aujourd'hui des effectifs d'actuaires.
00:40 Qui d'autre? Les notaires peut-être aussi?
00:42 Non, pas les notaires, mais les auditeurs.
00:45 Il y a beaucoup de gens qui peuvent avoir besoin des services des actuaires.
00:49 Et donc, à côté de toi, Marc Rémond.
00:52 Bonjour Marc, directeur associé de Fixage.
00:55 Et qui va être nommé directeur général en janvier.
01:00 Et qui va être nommé directeur général en janvier.
01:01 On est ravis. Merci.
01:03 Est-ce que tu apprends cette promotion sur le plateau?
01:04 Non, non, j'étais au courant.
01:06 Et donc, l'idée, c'est 30 ans de boîte.
01:09 C'est bien, c'est un beau succès, mais tu penses qu'il y a un levier?
01:13 Marc est là pour développer et pour préparer la suite.
01:17 Il faut nous expliquer quand même, parce que ça reste un métier obscur.
01:20 On va le dire comme ça, actuaire.
01:22 J'ai dit calcul de risque.
01:23 Oui, c'est tout à fait ça.
01:25 C'est des mathématiques appliquées au calcul de risque dans de nombreux domaines.
01:29 Quand Fixage a été créé il y a plus de 30 ans,
01:33 les missions les plus intéressantes étaient sur le sujet de la gestion active-passive.
01:38 L'équilibre du bilan des grandes institutions financières et d'assurance.
01:42 Et puis, on s'est attendu à tous les types d'actuariats.
01:47 Tu veux compléter sur l'activité?
01:51 Moi, ça fait 30 ans que je suis actuaire.
01:53 C'est un métier qui a énormément évolué dans le temps.
01:55 Attends, juste comme ça, vous êtes combien en France actuaire?
01:58 5 000.
01:59 C'est ça, ça reste une niche quand même.
02:01 Ça reste une niche.
02:02 Ça reste une niche, tout à fait.
02:04 Alors, tu étais en train de dire qu'il y a beaucoup évolué dans le temps.
02:06 Il y a beaucoup évolué dans le temps avec des choses de plus en plus complexes.
02:10 Beaucoup de réglementations nouvelles et donc beaucoup de modèles à mettre en place
02:15 pour le futur encore et donc on pourra en parler après.
02:17 Mais il y a vraiment beaucoup d'évolution sur ce.
02:19 C'est à dire que la pureté du calcul mathématique
02:22 doit intégrer, doit s'autobiéser d'une certaine manière par l'ensemble du réglementaire.
02:29 Disons que ce que nous faisons, c'est transformer un contrat,
02:35 un texte de loi en équation, puis ensuite en ligne de code.
02:41 Tout simplement.
02:43 Donc, c'est un métier de traducteur.
02:46 Et la réglementation a vraiment beaucoup évolué dernièrement avec Solvabilité 2,
02:50 qui s'applique à toutes les sociétés d'assurance depuis 2016.
02:53 Il y a fait RIS 17 depuis cette année pour les grands groupes
02:56 et avec des choses très, très complexes à mettre en place.
02:58 Quand les réglementations sont simples dans les textes, derrière, c'est des modèles très complexes.
03:02 Pour nous, ce sont essentiellement des règles.
03:04 Alors Solvabilité 2, notamment, règle de fonds propres, règle de solidité de bilan.
03:10 On va le dire comme ça.
03:11 Pas tout à fait.
03:12 Pas tout à fait. Vas-y, vas-y.
03:13 Parce que bilan, ça fait allusion à la comptabilité.
03:16 Solvabilité 2, c'est une approche prudentielle
03:19 qui n'est pas tout à fait comptable.
03:21 C'est plutôt une évaluation probabiliste de ce qui peut se passer
03:25 et puis se projeter dans tous les scénarios envisageables pour voir si ça passe.
03:32 Et c'est effectivement une règle de fonds propres quand même, de calcul de fonds propres.
03:36 Mais la réglementation, elle fait 350 pages.
03:38 Donc avec des calculs dans tous les sens,
03:40 on doit évaluer tous les risques qu'on a pris avec des calculs, des modèles compliqués.
03:45 C'est passionnant.
03:45 Je ne pensais pas aller là-dessus, mais j'y vais parce que pour le coup,
03:47 c'est à vous qu'il faut poser cette question.
03:49 Moi, j'ai entendu quand Solvabilité, quand Solvency 2 a été mis en place.
03:55 J'ai entendu des assureurs me dire "mais c'est une catastrophe".
03:58 C'est à dire que, en gros, on nous impose une telle dose de sécurité,
04:05 on va dire comme ça, qu'on est en train de tuer le risque,
04:07 qu'on est en train de tuer l'investissement, qu'on empêche, par exemple,
04:11 les grands assureurs de détenir suffisamment d'actions pour pouvoir
04:17 soutenir l'économie comme ils aimeraient soutenir l'économie,
04:20 pour pouvoir soutenir le risque et la création de richesse,
04:22 comme ils aimeraient soutenir le risque et la création de richesse.
04:24 Finalement, c'est de votre faute.
04:27 Finalement, ce sont vos scénarios.
04:30 Non, c'est ceux de l'EIOPA, donc du régulateur européen.
04:33 En réalité, quand vous avez une évolution réglementaire,
04:36 on va entendre d'abord les gens qui vont être critiques
04:40 parce que ça va obliger à certains changements.
04:42 En pratique, aujourd'hui,
04:44 les assureurs se sont très bien adaptés à Solvabilité 2,
04:47 qui a d'ailleurs montré qu'elle était beaucoup moins sévère avec les actions
04:51 qu'on ne l'a dit au début.
04:53 Par exemple, lorsque la bourse a perdu 30 %
04:55 avec l'arrivée du Covid en mars 2020,
04:59 eh bien, avec Solvabilité 2, le coût en fonds propres diminuait.
05:04 Pourquoi ?
05:05 Parce que la réglementation pour les actions est contracyclique.
05:09 Donc, quand il y a un choc désagréable,
05:11 on ne vous demande pas de faire un deuxième choc très fort.
05:14 On vous demande de faire un choc atténué.
05:15 Et donc, il y a des compensations qui jouent.
05:17 Et dans Solvabilité 2, il y a beaucoup de compensations entre les risques de mutualisation.
05:22 Donc, si bien que les assureurs ont appris,
05:24 et ça fait quand même maintenant 15 ans que Solvabilité 2 est partie,
05:30 donc les assureurs ont appris et se sont adaptés, bien entendu.
05:32 - Oui, mais moi, non, mais attends, ça m'intéresse.
05:35 Et puis, il ne faut pas qu'on parle de fixage,
05:37 mais je veux juste aller au bout de cette question.
05:39 En gros, la lecture qu'on me faisait de Solvabilité 2, c'était
05:42 "les États se sont trouvés à un moyen sûr que les assureurs continuent à se gaver de leurs dettes publiques".
05:47 - Ce n'est pas faux.
05:48 Il y a bien eu des biais dans la réglementation Solvabilité 2
05:50 pour sous-estimer le risque des obligations publiques.
05:54 C'est évident,
05:56 mais c'est plutôt ça qui était l'anomalie, plutôt que les actions n'étaient pas plus...
06:00 pas traitées plus mal qu'elles ne l'étaient sur les réglementations précédentes
06:03 avec ce qu'on appelait l'État tétroit.
06:06 Donc, la réalité, c'est qu'on a toujours ce biais des réglementations
06:10 qui veulent tenir compte, du point de vue des gens qui fabriquent les réglementations.
06:14 Mais pour le reste, les assureurs se sont montrés capables de s'adapter.
06:19 - Marc, tu parlais de l'évolution du métier, des pistes de développement.
06:24 Quelles peuvent être les pistes de développement pour les actuaires ?
06:26 Et puis après, il va falloir qu'on parle d'intelligence artificielle, quand même.
06:29 - J'allais en parler. Ça fait partie des pistes dans lesquelles,
06:32 aujourd'hui, les actuaires interviennent,
06:34 notamment des formations d'attachance pour les actuaires.
06:36 On a pas mal de consultants de chez nous qui suivent cette formation.
06:39 Donc, l'intelligence artificielle est un des domaines,
06:41 avec tout ce qui s'appelle aussi le machine learning,
06:43 donc l'utilisation de nouveaux modèles qui n'existaient pas avant.
06:48 Il y a bien évidemment la réglementation
06:50 tout ce qui est autour de la durabilité et du climatique.
06:52 On intervient beaucoup maintenant pour essayer de...
06:55 ce qu'on appelle le risque physique et le risque de transition.
06:57 Donc, le risque physique, c'est le fait qu'il y aura plus de sécheresses,
07:00 plus d'inondations, plus de tempêtes.
07:03 Et c'est le rôle des actuaires d'essayer d'anticiper tout ça,
07:05 de faire les calculs pour savoir comment ça va impacter le secteur de l'assurance.
07:09 Le risque de transition, c'est l'impact de la transition
07:11 sur les actions, notamment, sur les actifs des assureurs.
07:15 Donc, ça, c'est deux grandes évolutions
07:17 avec des nouvelles réglementations comme CSRD,
07:19 alors qui s'applique à toutes les entreprises,
07:20 un peu uniquement aux entreprises d'assurance, pour le coup.
07:22 - Non, mais aux grandes entreprises.
07:24 - CSRD, non, maintenant, ça va s'appliquer aux toutes petites.
07:26 Donc, c'est ce qui va remplacer dans 2-3 ans.
07:28 - Petit à petit, quand même. Là, c'est 50 000 entreprises européennes, en gros,
07:33 qui vont devoir passer sous la comptabilité.
07:36 - La réalité, c'est qu'une grande entreprise,
07:38 pour être elle-même correctement évaluée,
07:41 oblige ses fournisseurs, même petits, à appliquer les mêmes règles.
07:44 - Oui, mais ils ne vont pas obliger leurs fournisseurs,
07:47 même petits, à rentrer justement.
07:49 Et c'est ça qui est intéressant, c'est que CSRD te fait rentrer.
07:54 Ce n'est pas ici qu'on va discuter ensemble double matérialité,
07:56 mais te fait rentrer dans un luxe et dans un niveau de précision
08:02 - Tu ne penses pas que des grandes entreprises demanderont alors ?
08:05 - Malheureusement, il y a une forte pression sur les petits fournisseurs
08:09 de la part des grandes entreprises,
08:11 pour avoir le même degré de précision dans leur reporting,
08:15 s'ils veulent être référencés sur les appels d'offres.
08:18 - Y compris sur la biodiversité, sur des éléments comme ça.
08:20 Sur le bilan carbone, OK, tout le monde est à peu près d'accord,
08:23 mais au-delà de ça, c'est complexe, quand même.
08:25 - On aime bien rajouter.
08:28 Et donc, c'est quelque chose qui pèse sur toutes les entreprises
08:32 en réalité, dès lors qu'elles travaillent avec des entreprises plus grosses.
08:35 - Et ça va s'appliquer aux plus petites à horizon de trois ans.
08:38 En fait, c'est prévu déjà par les textes.
08:40 - Mais est-ce que l'intelligence artificielle ne va pas vous faire
08:43 purement et simplement disparaître ?
08:46 Est-ce que l'ensemble de ces calculs de risques
08:48 ne peuvent pas être totalement automatisés ?
08:50 - Ils le sont déjà largement.
08:53 La première fois que j'ai vu arriver une équipe d'ingénieurs
08:56 en intelligence artificielle, c'était il y a 40 ans.
09:00 Et ils avaient comme mission d'automatiser le travail, ce que je faisais.
09:03 Ils l'ont fait, ce qui a permis de faire autre chose.
09:06 Ils l'ont fait.
09:07 Donc l'intelligence artificielle, c'est quand même une notion qui date de 1957,
09:11 avec des périodes où ça devient actif, des périodes où ça s'endort un peu.
09:16 Donc il y a eu de gros développements à la fois sur les techniques,
09:20 les algorithmes, et surtout la puissance de calcul.
09:22 Donc l'intelligence artificielle, en réalité, elle est partout.
09:26 Aujourd'hui, dans l'assurance, l'intelligence artificielle,
09:28 elle est surtout utilisée en assurance d'hommage,
09:31 pour tarifier certains risques, pour détecter la fraude.
09:34 Mais le potentiel est très important.
09:35 Mais de toute façon, il y a beaucoup d'activités que nous pouvons faire
09:40 et qui ont vocation soit à être automatisées, soit à être délocalisées.
09:45 Il faut se renouveler en permanence.
09:48 - Je confirme, après, à ce stade, pour les assureurs,
09:52 ça reste souvent au niveau de POC, donc de proof of concept,
09:55 pour vérifier l'importance ou l'apport de l'intelligence artificielle
09:59 sur tel ou tel domaine. La fraude en est un.
10:00 Le calcul de prévision en est un autre.
10:03 Après, le champ des possibles, il va être plutôt sur les process,
10:05 les assureurs qui peuvent être automatisés,
10:08 donc sur les tâches à moindre valeur ajoutée que celles sur lesquelles on travaille.
10:11 - Non, mais je comprends, Michel, à t'entendre,
10:13 que ce volcan-là, tu le connais, quoi.
10:16 Voilà. Donc là, il y a eu une phase d'éruption.
10:18 - Ça change. - Qui ne t'inquiète pas plus.
10:20 - Ça évolue, il faut s'adapter.
10:22 De toute façon, il faut s'adapter en permanence.
10:24 - Tu es un habitant de Naples face à l'Etna.
10:26 Voilà, tu es assez serein. - Même au Vésuve.
10:29 - Au Vésuve, pardon. Oui, bien sûr.
10:31 Un habitant de Naples face au Vésuve.
10:32 - Oui, sauf que l'habitant de Naples, il sait qu'un jour, il sera englouti.
10:37 Il ne sait pas quand, mais il sait qu'un jour, il sera englouti.
10:40 Donc, on n'est pas nécessairement là.
10:42 Pour nous, actuellement, l'intelligence artificielle
10:45 fait partie des outils
10:47 qui nous permettent d'évoluer dans notre métier.
10:52 Donc, on recrute des spécialistes de l'intelligence artificielle
10:54 chez Fixage pour répondre aux besoins de nos clients.
10:57 - On a d'ailleurs un de nos actuaires...
11:00 - Pardon, vas-y.
11:00 - On a un de nos actuaires qui a eu le prix
11:03 de la SCORE et de l'Institut des Actuaires du meilleur mémoire.
11:05 Et c'était un sujet d'intelligence artificielle il y a quelques années.
11:08 - Mais ils sont très sollicités, ces experts de l'intelligence artificielle.
11:12 Qu'est-ce qui peut les intéresser dans un métier
11:17 étroit, je vais le dire comme ça,
11:19 dans un métier de niche comme le métier d'actuaire ?
11:22 - Alors, tous nos consultants sont très sollicités.
11:24 On est dans un métier de niche, effectivement,
11:26 avec beaucoup d'expertise et beaucoup de demandes
11:29 et très peu d'actuaires, comme on l'a dit tout à l'heure.
11:31 Donc, c'est vrai qu'il y a l'intelligence artificielle
11:33 qui est un petit peu en marche de notre activité,
11:34 mais où on se développe aussi.
11:36 Mais aussi tout le cœur de l'actuariat, où on a des consultants très sollicités.
11:40 Un de nos enjeux,
11:44 c'est vraiment de savoir recruter les talents et de savoir les garder.
11:46 Donc, on est en perpétuel recrutement.
11:47 - Et les faire évoluer.
11:48 - Et savoir les garder, c'est leur apporter de beaux projets,
11:51 donc avec des clients qui nous font confiance pour avoir de beaux projets
11:53 et beaucoup de formations.
11:56 On les fait des aides à se développer, on les accompagne
11:59 et souvent on recrute des consultants plutôt juniors
12:02 qu'on fait grandir au sein du cabinet.
12:04 Donc, c'est vraiment notre rôle de savoir les recruter et les garder.
12:07 Les deux sont très importants.
12:08 - Merci, messieurs. Michel Piermet,
12:09 donc Michel Piermet, le fondateur de Fixage
12:13 et Marc Raimond, directeur associé.
12:15 [Musique]

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