Invités : Taib Aisse, Economiste expert-comptable et Khalil Benabdallah, Chef d’entreprise
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00:00 L'année 2024 s'annonce compliquée, c'est le moins que l'on puisse dire.
00:07 Toutes les projections court-termistes présagent d'une résilience limitée de notre économie.
00:13 Il y a d'abord la sécheresse qui impactera la croissance.
00:17 C'est une certitude et une donnée devenue structurelle dans notre pays.
00:20 Aussi l'inflation qui pèse toujours très lourd sur le pouvoir d'achat des ménages.
00:24 La classe moyenne s'appauvrit et les classes défavorisées s'enfoncent davantage dans la pauvreté.
00:29 Puis le monde des affaires subit également les conséquences de ce contexte macroéconomique morose,
00:35 les TPMU notamment, qui entament cette nouvelle année dans l'incertitude la plus totale.
00:41 Alors 2024, année de tous les dangers, c'est la grande question que nous allons évoquer ce matin avec mes deux décodeurs du jour,
00:48 Taïb Eissaie et Khalil Ben Abdallah.
00:51 En ce mardi 9 janvier 2024, vous écoutez Atlantic Radio.
00:55 Voici vos décodeurs. Ravi d'accueillir ce matin sur ce plateau Khalil Ben Abdallah, chef d'entreprise.
01:03 Bonjour Khalil, comment ça va ? Bonjour, c'est Adil, chers amis auditeurs.
01:07 Et Taïb Eissaie à ma gauche, économiste et expert comptable. Bonjour, c'est Taïb. Bonjour, c'est Adil. Bonjour, c'est Khalil. Bonjour tout le monde.
01:14 Tout va bien ? Alhamdoulilah, très bien. Alors cette année 2024 que nous avons entamée depuis quelques jours maintenant,
01:20 il y a un seul sujet qui revient depuis la reprise, c'est cette question de la sécheresse.
01:25 Il me semble que c'est sans doute le défi majeur de ce début d'année.
01:32 Et c'est aussi le défi majeur, malheureusement, il faut le constater, des années à venir, parce qu'aujourd'hui,
01:38 la sécheresse n'est plus une conséquence d'une conjoncture climatique qui est escalée,
01:43 mais c'est devenu une donnée structurelle dans notre économie.
01:47 Et j'ai l'impression, et j'aimerais avoir votre avis là-dessus, que la donnée n'est pas prise en compte comme étant une donnée structurelle.
01:54 Aujourd'hui, preuve en est la surconsommation, pas tant que ça,
01:59 mais le fait que nous n'ayons pas changé de paradigme, de façon de faire de l'agriculture et de façon de consommer la ressource hydrique.
02:06 Malgré le fait que depuis 2019, on constate que nous vivons année après année des périodes de sécheresse très, très, très intense.
02:15 Qu'est-ce que vous en pensez, Taïbès ?
02:16 Effectivement, c'est une donnée structurelle qu'il va falloir prendre en considération.
02:21 Et là, en fait, on passe de la sécheresse normale à un stress hydrique qui menace même l'eau potable, ce qui est gravissime,
02:31 puisqu'en fait, il est question maintenant qu'il y ait des coupures au niveau d'un certain nombre de villes ou d'un certain nombre de quartiers,
02:39 ce qui est dramatique, évidemment, pour les citoyens et pour la vie normale urbaine, sachant que plus de 75% de la consommation d'eau est...
02:51 85% même ? Destinée à l'agriculture.
02:53 Est due à l'agriculture. Donc là, effectivement, il y a une question de modèle qu'il va falloir revoir et faire des choix politiques et stratégiques
03:01 au niveau de notre consommation.
03:03 Mais vous êtes d'accord pour dire que c'est, en tout cas, en ce début d'année, le défi le plus...
03:08 Ah oui, c'est majeur. C'est majeur parce qu'effectivement, donc, déjà, nous avons les barrages qui sont au minimum.
03:17 Un taux de remplissage moyen de 23% ?
03:20 23% pour certains. Ils sont arrivés même à 3, 5%, ce qui est dramatique, évidemment.
03:26 Et puis aussi la nappe phréatique qui est également asséchée. Nous avons effectivement un problème vraiment structurel sur lequel il va falloir travailler sérieusement.
03:36 Effectivement, notre pays vit un moment de stress hydrique, un moment très difficile.
03:43 Mais il n'y a pas que ça. Aujourd'hui, un contexte économique qui est également très difficile et inquiétant en même temps.
03:50 Notre pays, à l'instar des autres pays, n'échappe pas à un contexte international inédit.
03:56 Et c'est le moins qu'on puisse dire.
03:58 La crise sanitaire a mis à rude épreuve tous les secteurs, nous assistant à une hausse fulgurante des prix,
04:05 à des difficultés d'approvisionnement, à un effondrement du pouvoir d'achat, à une augmentation du chômage.
04:13 Donc autant de facteurs qui influent négativement sur les agrégats économiques.
04:17 Et à cet effet, nous avons une année 2023 avec un taux de croissance de 2,7%.
04:24 Ça, c'est selon les projections de Banque Lombardie.
04:27 Donc une croissance en berne, loin de tous les objectifs politiques ou ceux du nouveau modèle de développement qu'on a eu.
04:36 Nous avons eu une inflation qui est élevée, 6,1%.
04:40 Un taux de chômage de 13,5%.
04:43 Et on a eu également un déficit de la balance commerciale de 240 milliards de dirhams.
04:49 Donc une situation économique très difficile.
04:53 Ajoutez à cela un indicateur et non des moindres, l'endettement du trésor qui a atteint à lui tout seul 70% du PIB.
05:03 Bien sûr, sans tenir compte de l'endettement des entreprises publiques et des établissements publics,
05:10 on devrait être globalement autour de 86% du PIB.
05:14 Donc la situation est vraiment difficile.
05:17 C'est un contexte où évolue notre économie qui est difficile.
05:21 Aujourd'hui, on doit choisir nos priorités.
05:25 Et à mon avis, la priorité devrait être la croissance et la création de l'emploi.
05:30 Ça doit être la priorité de ce gouvernement.
05:33 Ce qui n'a pas toujours été le cas en 2023, parce qu'il y avait la pression inflationniste.
05:38 Il y a fait entre autres que Banque Lombardie ait agi sur le levier monétaire aux dépens de la croissance pour essayer de stabiliser les prix.
05:46 La croissance n'est toujours pas une priorité.
05:48 Comme ça a été annoncé tout à l'heure, je pense que l'inflation aujourd'hui est structurelle.
05:53 Elle est là. Donc agir sur le plan monétaire n'a plus aucun intérêt aujourd'hui.
06:01 Pourtant, la dernière fois, corrigez-moi si je me trompe, mais vous me parliez d'une volonté au niveau de Banque Méride,
06:07 peut-être d'aller un peu plus vers une libéralisation accrue du DRAM.
06:14 Oui, en fait, c'est le programme de Banque Méride.
06:18 C'est d'aller davantage dans le programme de libéralisation, d'avoir un DRAM totalement libre au niveau des marchés.
06:28 Est-ce que le contexte est propice à tout cela ?
06:31 Le contexte ne l'est pas, mais c'est un projet qui date de plusieurs années.
06:35 Ce n'est pas nouveau, mais à chaque fois, on le reporte.
06:38 Justement, on l'avait reporté parce qu'il y avait le Covid.
06:40 On l'a reporté parce qu'il y a eu la crise ukrainienne.
06:42 On l'a reporté parce qu'il y avait l'inflation, etc.
06:45 Donc, on continue à le reporter, mais c'est un projet qui est toujours en vigueur.
06:50 Je pense que les décideurs de Banque Méride attendent juste le moment opportun pour le lancer.
06:58 En fait, ça va dépendre de la force de l'économie nationale.
07:02 Parce qu'en fait, une fois que le DRAM est totalement libéré, c'est l'économie nationale,
07:09 c'est la force de l'économie nationale qui va défendre le prix, en fait, la valeur du DRAM.
07:14 Donc, ce n'est pas le moment.
07:16 Je pense que ce n'est pas le moment, effectivement.
07:19 De toute façon, c'est un débat économique qui est très important.
07:23 Parce qu'en fait, lorsque la Banque centrale intervient pour fixer le taux de change,
07:29 évidemment, le contre-coût arrive par la suite.
07:32 L'économie nationale, par la suite, va subir le contre-coût.
07:36 Mais bon, c'est une décision stratégique qu'il va falloir bien gérer parce qu'elle est très importante.
07:44 On a vu le cas de l'Egypte où la livre s'est effondrée totalement suite à ce flottement de la livre.
07:52 Donc, il faut vraiment faire très attention.
07:55 Avant de prendre ce genre de décision, il va falloir bien étudier.
07:59 Je reviens à la question de la croissance évoquée par Rahim Adela.
08:03 J'imagine que vous vous inscrivez à ce qui vient d'être dit.
08:06 Ça doit être la priorité, en tout cas sur le volet purement économique.
08:10 Maintenant, la question, c'est de savoir si le niveau de croissance enregistré jusqu'à aujourd'hui
08:16 et les niveaux de prévision des différentes institutions en tournent globalement entre 2,5 et 3,5.
08:22 C'est une grosse fourchette.
08:24 On tourne dans ces eaux-là.
08:26 Est-ce que ce niveau de croissance, selon vous, correspond aux ambitions affichées par le Maroc en termes de création d'emplois,
08:35 de création de richesses ou est-ce que c'est un niveau qui ne nous permet pas d'avancer année après année ?
08:40 Ces niveaux de croissance, ça fait quoi ? 10 ans au moins que nous avons ces niveaux de croissance ?
08:46 Ce niveau de croissance qui tourne autour de 2,5 à 3,5 est très insuffisant, pas pour les ambitions, mais pour les besoins du Maroc.
08:58 Aujourd'hui, nous avons réellement besoin d'un taux de croissance qui va au-delà de 6-7 % pour absorber le chômage.
09:11 Il ne faut pas oublier que nous avons un taux de chômage qui dépasse 13 % officiellement.
09:16 Et pour certaines couches, surtout les jeunes, il dépasse 43 à 45 %, ce qui est dramatique pour ces personnes.
09:24 Nous avons vraiment besoin de faire tourner l'économie, d'augmenter le taux de croissance,
09:34 d'arriver à un taux de 6-7 % pour booster l'économie nationale, créer de l'emploi et de la richesse.
09:40 C'est ça, en fait, notre véritable besoin. Nous avons besoin de la production. Au niveau agricole, nous avons besoin de la production.
09:46 Au niveau industriel, surtout, nous avons besoin d'un tissu industriel important.
09:53 Vous savez que c'est l'industrie qui crée des emplois perrins et durables.
09:58 L'agriculture crée des emplois saisonniers, le bâtiment crée des emplois saisonniers,
10:05 mais les secteurs qui créent véritablement des emplois perrins, c'est l'industrie.
10:10 Donc, il va falloir encourager l'industrie marocaine.
10:13 Vous savez que le Maroc s'est désindustrialisé. Il faut le comprendre.
10:18 Le Maroc s'est désindustrialisé dans les années 80 et 90.
10:22 Le Maroc produisait de la télévision, des motos, des robinets, des réfrigérateurs.
10:30 Un certain nombre d'équipements étaient produits au Maroc.
10:34 L'ordinateur, on se rappelle de l'ordinateur Atlas, etc.
10:37 On produisait des équipements 100 % marocains et on produisait beaucoup de choses.
10:43 Il y avait l'Audi.
10:45 Mais les temps changent. Il y a des industries qui ont peut-être disparu, mais il y en a d'autres qui sont apparues.
10:48 Dans les années 80, on ne produisait pas de voitures, que je sache.
10:52 C'est vrai. Effectivement, vous avez raison.
10:55 Il y avait le Somaca, il ne faut pas l'oublier.
10:57 Oui, il y avait le Somaca, effectivement.
11:00 On va dire que ce n'est pas la même ampleur.
11:02 Le Somaca existe depuis les années 1959, 1952 et 1960.
11:08 Le Maroc était industrialisé, mais il s'est désindustrialisé durant les années 90 et 2000.
11:14 Je retiens ça, on doit atteindre un niveau de croissance de 6 à 7 %.
11:20 Je vous poserai la question après le flash info, Rayel Nadla, pour savoir d'abord si vous êtes d'accord avec ce chiffre.
11:25 Précisément, 6 à 7 %, c'est intéressant.
11:27 D'ailleurs, si c'est 10 %, pourquoi pas ?
11:29 Non, non, non, parce que le 6 à 7 %, ça correspond à ce que j'avais vu une étude sur la Chine.
11:32 Ça correspond à un taux de croissance de 6 % en Chine.
11:35 Pour un autre pays, c'est l'équivalence d'une année nulle, une croissance à 0 %.
11:41 Autrement dit, pour que la Chine puisse progresser justement année après année, le taux de croissance demandé existe dans le pays, doit dépasser la barre des 7 %.
11:49 Je pensais qu'il y avait une référence à ce chiffre là, mais pas du tout.
11:52 Ça peut être 10 %, comme ça peut être 15, comme...
11:55 Bah ouais, pourquoi pas ?
11:56 C'est un minimum, en fait, 6 %, 7 %, c'est un minimum.
11:59 Très bien, alors justement, comment atteindre ces niveaux de croissance ? Quels sont les leviers à activer ?
12:03 C'est la question que nous allons aborder dans quelques instants après le flash info de Karim Drone.
12:06 A tout de suite.
12:07 Vous écoutez Atlantique Radio, il est 9h36 et je suis en compagnie de Taïb Eissaikh et Khalil Benabdallah pour cette émission au cours de laquelle nous allons aborder,
12:16 nous avons commencé à aborder la question de la croissance économique en cette année 2024, année de tous les dangers.
12:23 On a évoqué la question de la sécheresse, effectivement, les incertitudes, les incertitudes qui caractérisent l'économie en ce début d'année 2024.
12:32 Et juste avant le flash info, Taïb Eissaikh a évoqué effectivement la nécessité pour le pays d'atteindre des niveaux de croissance beaucoup plus importants que ce que nous faisons aujourd'hui,
12:43 à savoir une croissance qui est aussi entre 2,5 et 3,5 % chaque année pour atteindre pourquoi pas les 6, les 7 %.
12:51 Maintenant, la question, c'est de savoir que faire, comment y arriver, que faire pour doubler quasiment notre création de richesse en l'espace de quelques années.
13:02 Je vous pose la question, selon vous, les priorités.
13:05 Effectivement, le véritable défi aujourd'hui, c'est de diriger la politique du gouvernement et du pays vers la croissance, vers la création de l'emploi,
13:14 vers la reconstitution d'une classe moyenne qui s'est effondrée avec cette conjoncture de Covid, vers la relance de la demande interne, donc redynamiser le moteur économique.
13:28 Donc l'idée, c'est quoi ? L'idée, c'est d'orienter les investissements, qu'ils soient étatiques, qu'ils soient privés vers des investissements qui génèrent de l'emploi, qui génèrent de la croissance,
13:38 et aussi vers les secteurs qui sont productifs, qui existent aujourd'hui et qui ont besoin d'un support financier ou qui ont besoin d'un support administratif ou un allègement, etc.
13:51 Donc il faut soutenir l'existant, orienter les investissements à venir. Et pour cela, nous disposons aujourd'hui d'une véritable vision de développement.
14:02 Moi, je tiens à rappeler, on dispose du nouveau modèle de développement. C'est un nouveau modèle qui, c'est un modèle qui a le mérite d'exister.
14:10 Moi, je pense que...
14:11 Qui mérite peut-être d'être actualisé, il me semble.
14:14 Bien sûr.
14:15 Entre le temps où il a été élaboré et aujourd'hui, pas mal de choses ont changé.
14:19 Il faut l'actualiser et il faut l'adopter officiellement par la suite et mobiliser toutes les forces de la nation, toutes les forces vives de la nation à réaliser les objectifs de ce plan.
14:29 On va être honnête aujourd'hui. On a aujourd'hui des chantiers colossaux qui sont entrepris par le gouvernement.
14:36 Les aides sociales qui vont être distribuées à un million de personnes, la généralisation de la protection sociale, les efforts colossaux en matière de gestion hydrique,
14:46 la nouvelle charte d'investissement. On a des réformes qui sont en cours aujourd'hui, telles que la réforme de la santé, celle de l'enseignement, celle de l'impôt sur les revenus.
14:57 C'est très bien. Mais ce qui nous manque aujourd'hui, c'est la vision d'ensemble.
15:03 Il faut faire converger les politiques publiques avec des objectifs précis à atteindre et mobilisation du gouvernement pour atteindre ces objectifs.
15:15 Faire de la croissance, créer de la croissance, de l'emploi. Et je pense que c'est ça, un modèle de développement économique.
15:23 Et on en a déjà un qui est déjà prêt à l'emploi.
15:26 C'est intéressant ce que vous dites parce que je remarque que dans cette émission, on aborde pas mal de questions et pas mal de secteurs aussi de sujets qui sont différents les uns des autres.
15:37 Et ce qui revient à chaque fois, et vous venez de le dire, c'est ce manque de ce concept, de cette notion de convergence des politiques publiques qui vont dans un sens.
15:46 C'est valable pour l'économie d'une manière générale. C'est aussi valable pour le développement du numérique au pays, qui est l'un des piliers du nouveau modèle de développement.
15:53 Force est de constater qu'entre le temps où ce modèle a été présenté aujourd'hui, la marge de progression dans ce domaine est très limitée, alors que nous avons tout pour réussir.
16:04 Et ce qui revient à chaque fois, effectivement, c'est qu'il y a des initiatives qui sont lancées ici ou là par tel département, par telle institution, par tel responsable.
16:14 Mais que c'est la vision globale qui va dans le sens d'on fixe un point. On sait où on veut aller. On met les moyens pour y arriver. Ça, ça manque souvent.
16:26 Est-ce que quand on résumait le problème, vous avez tout à fait raison. Vous avez résumé comme la solennelle. En fait, nous avons un problème d'intégration de l'économie.
16:38 Nous avons plusieurs politiques isolées et il n'y a pas de coordination. Il n'y a pas suffisamment un minimum. Il n'y a pas suffisamment de coordination.
16:48 Il n'y a pas suffisamment d'intégration de ces différentes politiques. En fait, ce qu'il faut, c'est des politiques transversales.
16:54 En fait, nous avons un grand problème au niveau de l'administration marocaine. C'est que chaque département est cloisonné. Chaque département travaille, est cloisonné.
17:02 Il n'y a pas d'interaction avec le reste. Et c'est le rôle, justement, de la primature, de gérer ces différents départements et de créer la synergie entre les différents départements.
17:16 Et aujourd'hui, il est impossible de réussir n'importe quelle politique publique s'il n'y a pas cette convergence entre les différents départements, s'il n'y a pas cette coopération entre les différents départements.
17:28 Vous savez, la plupart, la plupart des politiques publiques sont transversales. On ne peut pas aujourd'hui parler de la politique touristique sans engager une dizaine de départements.
17:41 On ne peut pas parler de la politique de la santé, de l'éducation sans avoir ces différents départements. Et si vous avez un seul département qui bloque, toute la politique bloque.
17:51 C'est ça, notre véritable problème. Il y avait, nous avions au Maroc un outil qui était très, très intéressant. C'est le comité national de l'environnement des affaires.
18:05 Oui, absolument. Moi, j'avais travaillé, j'avais l'occasion de travailler avec ce comité en 2009, 2010. Et effectivement, il avait fait un travail extraordinaire parce qu'en fait, il avait permis.
18:18 Il était au niveau de la primature et il a permis justement de regrouper. On a travaillé sur un certain nombre de dossiers. Il permet de regrouper plusieurs départements et de gérer des questions et de trancher rapidement.
18:30 C'est ça, c'est notre grand problème. L'administration marocaine, malheureusement, aujourd'hui et toujours depuis l'indépendance, on l'a hérité malheureusement de l'administration française.
18:40 C'est une administration cloisonnée et d'ailleurs, la preuve, même le citoyen, il souffre. Vous allez dans une administration, il vous demande un document d'une autre administration, ce qui est aberrant.
18:49 Il y a la loi 55 19 qui a pour objectif de simplifier justement ces procédures et de rendre obligatoire pour une administration de ne pas demander aux citoyens d'amener des documents d'une autre administration.
19:04 Mais il n'est pas appliqué. Voyez, c'est très, très difficile au niveau de la mentalité de cette administration de leur faire accepter que l'administration, c'est une et une seule administration.
19:15 Et le citoyen, lorsqu'il va dans n'importe quelle administration, il doit le servir et il n'a pas justement à demander d'autres documents.
19:23 Et là aussi, ça vient cette question d'intégration de politique publique est très, très importante. Et on ne peut vraiment rien réussir s'il n'y a pas cette intégration.
19:33 Malheureusement, c'est toujours le rôle de la prémature. On parle des TPME. Il nous reste un quart d'heure. Je pense que le sujet va vous intéresser.
19:40 Justement, c'est ce qu'on doit y consacrer le temps nécessaire, parce que j'ai l'impression à chaque fois qu'on passe en revue rapidement la question des TPME, des petites structures.
19:49 Et on passe à autre chose. Justement, pour faire la transition, vous avez posé la question. Qu'est-ce qu'on doit faire?
19:55 La première chose qu'on doit faire, justement, pour booster l'économie nationale, pour augmenter justement la croissance, c'est de s'intéresser aux très petites entreprises et au PME au lieu de s'intéresser aux grandes entreprises.
20:06 En fait, vous savez, les grandes entreprises aujourd'hui, en fait, en 2023, le chef du gouvernement a présidé le comité des investissements.
20:16 Je pense qu'ils ont approuvé 58 projets pour un montant de 107 milliards. Ça créait 17 500 emplois. 17 500 emplois.
20:27 Ça veut dire pour chaque emploi, il faut investir pratiquement 6 millions de dirhams. Alors que pour une petite entreprise, une très petite entreprise, avec quelques centaines,
20:39 dizaines de dirhams, de milliers de dirhams, on peut créer 5, 6 emplois. Donc, il faut s'intéresser justement à la très petite entreprise.
20:47 Il faut s'intéresser à la PME marocaine, industrielle, surtout mise au service, etc. Et c'est justement la TPE, la très petite entreprise et la petite et moyenne entreprise
20:58 qui créent véritablement de la richesse et qui créent véritablement des emplois. Et d'ailleurs, plus de 95 % d'emplois sont créés par les petites entreprises et les très petites entreprises.
21:09 Et c'est très simple justement à encourager. Malheureusement, pour justement parler des problèmes de la TPE, puisque c'est le sujet de la TPM, la petite entreprise et la très petite entreprise.
21:25 Alors en fait, un des problèmes, malheureusement, c'est que durant ces années, on n'a pas cessé, surtout au niveau fiscal, de renforcer la pression fiscale sur cette très petite entreprise.
21:40 C'est ce qui est reproché notamment sur la loi de finances 2024.
21:44 2023 déjà.
21:45 2024, parce qu'on en a parlé récemment, qu'il n'y a pas assez de mesures qui vont dans le sens de la TPME.
21:51 Non seulement il n'y a pas de mesures, mais en fait, il y a une régression par rapport à ce qu'il y a.
21:55 On accentue la pression fiscale.
21:56 Exactement. Par exemple, les très petites entreprises étaient soumises à un taux de liesse de 10 %, ils vont passer à 15 %.
22:03 Alors que les grandes entreprises étaient soumises à 31 %, ils vont passer à 20 %.
22:07 Donc là déjà, il y a un problème. Pour les auto-entrepreneurs, on les a sanctionnés à 30 %. Ils passent de 1 % à 30 % dès qu'ils dépassent 80 000 d'IRA.
22:18 Avec un seul et même client sur l'année.
22:19 Exactement. Et donc là, on voit qu'effectivement, il y a un problème à ce niveau-là.
22:24 J'imagine que le chef d'entreprise que vous êtes est très sensible à ce sujet. Vous avez des choses à dire là-dessus.
22:31 Même économiquement, la TPME représente beaucoup au Maroc. C'est un gisement d'emploi, un gisement en matière de création d'emploi.
22:40 D'ailleurs, selon l'observatoire de la TPME, la TPME représenterait à peu près 95 % du tissu économique.
22:48 Donc c'est important. On l'a vu à travers les différentes actions qu'a entrepris le gouvernement ces deux dernières années.
22:57 À travers le programme Aurach, tout de suite, c'est 100 000 bénéficiaires, dont 30 % de femmes.
23:05 Après, il y a eu le programme Forçant, donc 10 000 porteurs de projets, 10 000 emplois.
23:11 Après, c'était le programme d'Untelacan. Ils avaient prévu 13 000 bénéficiaires, mais ces chiffres ont été dépassés pour arriver à à peu près 27 000 ou 30 000 emplois.
23:24 Ce qui est sûr, c'est qu'il y a eu une forte demande.
23:26 Donc la TPME, c'est un véritable moteur de création d'emplois. Il y a aussi un autre chiffre important, c'est celui de la CNSS.
23:34 En 2022, les déclarations en CNSS ont totalisé 3,8 millions d'adhérents, dont 76 % émanent des TPME.
23:46 Donc c'est un geste important pour relancer l'économie, résorber plutôt le chômage, relancer la classe moyenne, relancer la demande.
23:57 Et tout soutien financier, quel qu'il soit, tout soutien ou tout allègement fiscal ne peut que contribuer à redynamiser l'économie et à relancer la croissance dont on a beaucoup besoin aujourd'hui.
24:09 C'est le contraire qui a été fait, notamment dans la loi de finances. On passe à un taux d'imposition à 15 % et plus.
24:15 On passe un taux d'imposition à 20 % au bout de quatre ans pour la TPME. De 10, on va passer à 20 au bout de quatre ans.
24:22 C'est-à-dire aujourd'hui, cette année, on sera à 15, mais au bout de quatre ans, à partir de 2022, on sera à 20 % pour la TPME.
24:30 Et aussi la question du financement. Après, il y a la question effectivement de l'imposition. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on est au moins à 15 %,
24:39 ce qui peut être jugé assez élevé pour une TPE.
24:46 Alors, ce qu'on a eu aujourd'hui dans cette loi de finances, puisqu'on en parle, c'est plutôt la responsabilisation des administrateurs.
24:59 Donc, en matière de déclaration et la solidarité plutôt des administrateurs.
25:03 En matière de paiement de la TVA.
25:05 Et aujourd'hui, comment on sait que les TPME sont sous-encadrés et ne disposent pas tous d'outils informatiques, etc.
25:12 Donc, les pauvres, ce seraient les premiers à en pâtir.
25:15 Et surtout, avec les difficultés que connaissent les TPME, les défaillances qu'on va avoir en entreprise.
25:21 Donc, c'est les dirigeants de TPME qui vont être les premiers à payer la facture.
25:25 Alors, vous avez évoqué les programmes Intelaqa, Força, Aurach, effectivement, qui ont été mis en place dans cette logique de promouvoir l'entrepreneuriat.
25:35 Il y a toutes petites et moyennes entreprises.
25:38 Mais force est de constater, et l'avis est partagé par pas mal de commentateurs et d'experts de la question, que ces programmes, même s'ils sont louables,
25:48 leur raison d'être est louable, mais les objectifs escomptés n'ont malheureusement pas été atteints.
25:54 Il y a un fort engouement, une forte demande de la part des jeunes porteurs de projets et des entrepreneurs d'une manière générale.
26:01 Mais on a l'impression, et ces chiffres appuient, que ça reste limité.
26:05 Ce n'est pas le grand plan Marshall de l'entrepreneuriat au Maroc ou la grande stratégie qui va redynamiser la toute petite et moyenne entreprise.
26:20 Et c'est peut-être à mettre en lien avec cette question du financement, parce qu'aujourd'hui, on part du principe que le financement est accessible et facile pour la TPME.
26:29 Or, ce n'est pas le cas.
26:31 Non, pas du tout. En fait, au niveau du financement, il y a un grand problème au niveau de la très petite entreprise et de la moyenne entreprise.
26:40 C'est que malheureusement, cette catégorie a toujours besoin de garanties. Or, il n'a pas de garanties par définition.
26:47 Un jeune qui se lance dans le business n'a pas forcément de garanties. Une très petite entreprise n'a pas de garanties.
26:53 Donc, c'est là où ce genre de programme est intéressant, surtout intermarquable.
26:57 Ils sont limités dans le temps et dans les volumes accordés aussi.
27:00 Exactement. En fait, Interlaka, c'est un très, très bon projet. Mais en fait, nous avons un grand problème au Maroc.
27:05 C'est qu'on lance des projets, on lance des programmes, mais on ne fait pas l'évaluation.
27:10 C'est ça. En fait, nous avons besoin d'évaluer ces différents programmes.
27:13 Il y a plusieurs programmes qui ont été lancés ces 20 dernières années.
27:17 Mais est-ce qu'on a fait un bilan pour voir ce qui marche, ce qui ne marche pas, c'est quoi le problème, etc.?
27:22 Nous avons plusieurs programmes. Vous savez, par exemple, Aourach, c'est très facile de distribuer de l'argent.
27:28 Quand vous demandez aux gens de distribuer de l'argent, c'est très facile.
27:31 Força, vous donnez 100 000 dirhams à quelqu'un, tout le monde prend. Mais qu'est-ce qu'on va en faire?
27:37 Est-ce qu'il y a une évaluation de cet argent? Est-ce qu'il y a une évaluation de ces différents projets?
27:43 Est-ce qu'il y a un audit qui a été fait?
27:45 Ceux qui dirigent ces programmes vous disent oui.
27:47 Non, non, ça n'existe pas.
27:49 Eux, ils vous disent oui en tout cas. Je prends l'exemple du programme Força.
27:53 Puisque la question a été posée, il y a eu de ces inquiétudes sur le fait que des sommes d'argent sont distribuées comme ça à la va vite à des gens qui ont, certes, des projets,
28:02 mais qui, pour certains, peuvent ne pas avoir des projets qui ont toutes leurs chances de réussir.
28:09 Viable.
28:10 La réponse était effectivement qu'il y avait des commissions qui étaient chargées d'étudier le business plan, la viabilité du projet, etc.
28:20 Eux, ils vous disent que oui.
28:22 Non, non, mais justement, ils vous disent oui parce qu'ils vous disent qu'on a réussi à distribuer de l'argent.
28:28 On a vu un business plan. Je sais ce que c'est.
28:31 C'est quoi? C'est quoi?
28:33 C'est un tableau Excel.
28:34 Même pas, même pas. C'est un tableau Word.
28:37 Même pas.
28:39 Donc, je sais ce que c'est.
28:42 Donc, l'évaluation, c'est quoi?
28:46 C'est après le projet. Est-ce que vous avez créé des emplois? Combien d'emplois?
28:51 Est-ce que vous avez survécu déjà?
28:52 Est-ce que vous avez survécu à deux ans, trois ans, etc.?
28:55 Est-ce que la société ou l'entreprise est pérenne? Est-ce qu'il y a des emplois pérens qui ont été créés?
29:01 Est-ce que vous avez inscrit des gens à la CNSS d'une façon permanente?
29:05 C'est ça, en fait, dans la durée. En cinq ans, combien de ces sociétés, enfin, de ces entreprises, Aurach et Força, ont survécu?
29:15 En deux ans, la première année, la deuxième année, la troisième année, est-ce qu'il y a un suivi?
29:18 C'est ça, en fait, la véritable évaluation.
29:22 Mais dire que nous avons distribué de l'argent, écoutez, c'est très facile.
29:26 Tout le monde peut le faire. Moi aussi, je peux distribuer de l'argent.
29:29 Si je vous dis, vous allez recevoir 100 000 dirhams, tout le monde est prenant.
29:33 Mais qu'est-ce que vous allez en faire? C'est ça, en fait, le grand problème.
29:37 Alors, la problématique de l'entreprise marocaine, la petite entreprise, c'est le financement, c'est le foncier.
29:42 C'est le foncier, pas de foncier au Maroc. C'est très, très cher, le foncier.
29:45 Ça, tu le sais. C'est 2000 dirhams dans les zones industrielles.
29:49 Le mètre carré, c'est très bien.
29:51 2000 dirhams, c'est le minimum du minimum.
29:53 Il achète. Je sais ce que ça vaut.
29:56 Déjà, à 2000 dirhams, c'est le minimum du minimum.
29:59 Et c'est très cher à 2000 dirhams.
30:00 Moi, j'ai reçu des investisseurs étrangers quand je leur dis 2000 dirhams le mètre carré.
30:04 Ils sautent au plafond et ils me disent.
30:06 J'ai reçu des gens qui viennent pour investir au Maroc.
30:11 Je les ai présentés à des responsables.
30:13 On leur a dit 2000 dirhams.
30:15 Vous jouez souvent ce rôle de facilitateur.
30:17 Bien sûr, chez moi.
30:18 Notre rôle, justement, c'est de faire venir des investisseurs étrangers, de les installer au Maroc.
30:25 Mais quand vous leur dites que c'est 2000 dirhams le mètre carré, ils sautent au plafond.
30:30 Ils vous disent. En Europe, ils nous le donnent à un euro symbolique.
30:33 Un euro symbolique. Vous savez, même en Espagne, en France, en Turquie, en Romalie.
30:38 Il y avait des mesures similaires, il me semble, dans les zones d'accélération industrielle.
30:42 Non, non, non, non, non.
30:43 En fait, il y avait un projet. L'ancien ministre, l'ancien gouvernement avait un projet de créer des zones de location.
30:54 C'est-à-dire tu loupes au lieu d'acheter, ce qui est une bonne chose.
30:57 Ça n'a pas été mené à bout.
31:00 Ça a été lancé. Mais il y a malheureusement des étrangers qui l'ont fait pour ne pas citer la chambre.
31:07 Voilà donc, ils ont fait ça. Très, très bien réussi.
31:10 Oui, absolument. Voilà donc.
31:13 Donc, pourquoi vous voulez pas les citer?
31:15 Voilà, le commerce d'industrie qui a fait quelque chose.
31:19 C'est une initiative louable.
31:21 Pourquoi pas? Effectivement, c'est un réussi.
31:24 C'est une réussite. Voilà. Et puis, il y a aussi juste.
31:30 Donc, j'ai parlé du financement, les problèmes de la TPE, les financements, le foncier, l'accès au marché.
31:36 Il y avait une loi en 1913 pour l'accès justement à 20 % pour les TPE.
31:41 Ça n'a jamais été appliqué. L'accompagnement. Il n'y a pas d'accompagnement.
31:45 La fiscalité, la fiscalité, on l'a vu. Non seulement, il n'a pas été allégé, mais effectivement, il a été allourdi.
31:51 Allourdi. Le mot de la fin. J'imagine que vous vous inscrivez à ce que je viens de dire.
31:56 Je partage bien l'avis de Sittayib. La TPE connaît beaucoup de difficultés dans le marché et notamment les coûts.
32:06 Aujourd'hui, le coût du foncier, le coût de l'énergie. Il ne faut pas l'oublier.
32:10 L'énergie est très chère au Maroc. Dès qu'on passe à l'électricité ou on parle de transports gasoils, etc.
32:16 Ça coûte très cher. Comparé à l'Egypte, comparé à la Tunisie. Si on se compare à ces pays, on a également le coût de la main d'oeuvre.
32:25 Le coût de la main d'oeuvre chez nous est devenu très élevé. D'ailleurs, je viens de voir un rapport hier sur le textile.
32:31 Et apparemment, nous serons. Nous sommes troisième en termes de coûts élevés de main d'oeuvre parmi les fournisseurs de l'Europe.
32:39 Donc, beaucoup de facteurs qui sont qui font perdre de la compétitivité à notre petite et moyenne entreprise.
32:47 Et je pense que l'État sait bien de s'occuper des grandes entreprises, des grands projets, etc.
32:53 C'est une excellente chose, mais on a un gisement tellement important en termes d'emploi, en termes de création de richesse, de valeurs ajoutées.
33:01 Quelle est la petite et la moyenne entreprise ? Il faut s'en occuper encore plus. Il faut encadrer encore plus, faciliter, alléger et encourager.
33:10 Quand on parle de interlacaroforça, tout ça, pour moi, c'est des stimuli pour les entrepreneurs, pour les petits entrepreneurs qui vont commencer.
33:17 Bien sûr, on aura des situations où l'entrepreneur ne va pas réussir. C'est normal.
33:24 Mais on aura quand même certaines petites entreprises qui vont prendre leur petit bout de chemin et qui vont monter dans le train de l'entrepreneuriat.
33:33 Et c'est ça ce qu'on cherche. Donc, ce n'est pas de l'argent perdu. Et comme l'a dit C. Taïb, ce n'est pas de l'argent perdu du tout.
33:40 Il faut faire un travail d'évaluation et voir si l'action était correcte ou pas.
33:48 Merci beaucoup, messieurs. Merci, Khaïm Nabdallah. Merci, Taïb Haïss.
33:54 Toujours un plaisir de vous accueillir et d'échanger avec vous et au plaisir de vous retrouver prochainement pour d'autres émissions et d'autres débats.
33:59 Vous avez appris vos leçons. Je suis fier de vous.
34:05 Bientôt 10h sur Atlantic Radio. Le retour de l'information en langue arabe. C'est avec Mourad Baba. Dans quelques instants. A tout de suite.
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