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00:00Le lendemain du premier tour des élections législatives en France, le spectre de l'extrême droite plane sérieusement sur l'hexagone.
00:07Avec un tiers des voix capturées par le Rassemblement National, la France vira droite aux grandes dames des coalitions de gauche et du camp présidentiel d'Emmanuel Macron reléguées à une modeste troisième place.
00:17La première leçon de ce scrutin est claire. La France, jusque-là épargnée, est rattrapée, elle aussi, par les dynamiques populistes et nationalistes du vieux continent.
00:25Cela ne peut être que le résultat d'une fracture profonde au sein de la société française, déçue peut-être par les politiques actuelles et en quête de solutions radicales.
00:34La déroute pour le parti présidentiel résulte, elle, d'un vote sanction contre Emmanuel Macron, dont la politique est souvent perçue comme déconnectée des préoccupations quotidiennes des Français.
00:44Et cette situation met en lumière la force du désir de changement, un désir qui pourrait se traduire par un bouleversement majeur lors du second tour de ces élections.
00:52Pour le Maroc, l'issue du scrutin est d'une importance capitale. Pour toutes les raisons que nous connaissons, un changement de garde à Paris,
01:00surtout avec une potentielle mainmise du RN, pourrait reconfigurer les axes de la coopération maroco-française, ou pas d'ailleurs.
01:07Les politiques d'immigration, les accords commerciaux et les collaborations en matière de sécurité pourraient, peut-être ou pas, subir des transformations significatives avec un gouvernement dirigé par Jordan Bardella.
01:18À mesure que nous approchons du second tour du 7 juillet, une question demeure en suspens. Quelle France émergera des urnes ?
01:26Et plus crucial encore pour nous, Marocains, comment ce nouveau paramètre va-t-il influencer les liens séculaires entre le Maroc et la France ?
01:34C'est le sujet du débat du jour dans votre émission Les Décodeurs avec Seymouhamed Zeynebi, rédacteur en chef de Pouvoir d'Afrique.
01:42Bonjour Seymouhamed, et Maître Brahim Rajdi, avocat et membre du bureau politique de l'USFP, qui va nous rejoindre dans quelques instants.
01:50Je te donne la parole, Seymouhamed, pour commencer. Première lecture, première analyse à froid de ces résultats et de cette montée en puissance du RN ?
01:58Alors, la France, aujourd'hui, va vivre et vit déjà une tripolisation, si on peut dire, avec une montée en puissance du RN,
02:12qui était prévisible, attendue, au vu des sondages qui avaient déjà préparé le terrain. Pourquoi la France en arrive aujourd'hui là ?
02:22Parce qu'un président se croyait tout puissant, alors qu'il n'était absolument pas obligé de dissoudre, par exemple, l'Assemblée Nationale,
02:31et qui avait dit, à la veille des élections européennes, que, même si le résultat allait lui être défavorable, que ça devait rester un sujet européen.
02:46Vous voyez ce que je veux dire ?
02:49Ça a eu un impact sur la politique interne.
02:50Alors, laissons entendre auparavant que les résultats des européennes n'allaient pas avoir un impact, et il a changé d'avis.
02:59Donc, on peut s'attendre à tout avec le président Macron, qui a inventé l'égocratie, qui est très dangereuse pour la démocratie.
03:10C'est un concept qui mérite d'être développé. On marque une toute petite pause, la pub et les infos avec Mourad Baba, et on poursuit le débat tout de suite.
03:17Et nous sommes ensemble jusqu'à 9h30, dans les décodeurs d'Atlantique Matin, avec Seymour Ahmed Zeynebi, rédacteur en chef de Pouvoir d'Afrique,
03:24et Maître Brahim Rajdi, qu'on attend toujours, et qui sera parmi nous d'un instant à l'autre, membre du bureau politique de l'USFP.
03:30On débriefe, on analyse, on commente les résultats du premier tour de ces élections législatives.
03:35En France, c'est vrai que Seymour Ahmed vous avait dit tout à l'heure que les sondeurs ne se sont pas trompés.
03:41Les résultats de ce premier tour ne font que confirmer un constat, qui est que l'opinion publique française vire à droite, et ce depuis plusieurs mois maintenant.
03:51Maintenant, ce qui est choquant pour certains ou très remarqué, remarquant, c'est la montée en flèche du Rassemblement national de chiffres qui résument assez bien la situation.
04:07Lors des dernières législatives de 2022, le parti de Marine Le Pen avait récolté 4 millions de voix. Hier, 12 millions de voix.
04:15Ils ont multiplié par 3 leur vivier d'électeurs. C'est presque du jamais-eu.
04:20— Alors, particulièrement pour le Rassemblement national, le travail qui a été fait depuis le départ de Jean-Marie Le Pen,
04:30c'était de dédiaboliser le Rassemblement national, de quand même montrer qu'il était un parti fréquentable.
04:40Et ces élections montrent que la France est décomplexée par rapport au vote à droite, voire à l'extrême-droite. À l'extrême-droite, surtout.
04:51Donc ce résultat devait un jour arriver, puisque durant les précédentes élections, il a toujours fallu pour le Français de se liguer contre le Rassemblement national
05:12pour empêcher sa montée au pouvoir. Et cette situation ne pouvait absolument pas durer ad vitam aeternam.
05:21— Le président Emmanuel Macron comptait justement sur cette tactique qu'il lui a réussie en 2017, en 2022.
05:27Malheureusement pour lui, il comptait quand même montrer politiquement qu'il vivait toujours en prenant cette décision d'aventurier, pas de politique censée,
05:45celle de dessoudre l'Assemblée nationale, alors qu'il n'y était absolument pas obligé, rappelons-le.
05:53C'est pour ça que je parlais tout à l'heure de l'invention par Macron, de ce concept d'égo-cratie, parce que c'est un président qui gouverne un pays par son égo.
06:08C'est ce qui a provoqué et engendré énormément de problèmes pour la France. Des problèmes internes, de gestion de ses finances, de sa dette, etc.,
06:19parce qu'il croyait tout savoir. Et des problèmes à l'international avec même ses partenaires historiques, dont le Maroc.
06:30Et on a bien vu sa débâcle en Afrique, qui est aussi catastrophique pour la France. Donc cet aventurisme politique facilitait le terrain
06:43au Rassemblement national et aux extrêmes, qui trouvent un terrain fertile pour passer leurs solutions alternatives, qui est celle de sauver la France de la débâcle, de sauver la France de la catastrophe.
07:01Malheureusement, aujourd'hui, les résultats montrent, comme je l'avais dit en prélude, une tripolisation de la France.
07:10Qui pourrait faire perdurer une crise politique, faisant de la France un pays ingouvernable.
07:22Puisque son président sera isolé, le connaissant à travers toutes ses décisions, il pourrait décider de ne pas démissionner.
07:33Laissons la France. Il a même envoyé officiellement une lettre. Il prend des risques non calculés.
07:41— On donne la parole à Maître Brahim Rajdi. — Bonjour, et pardon pour le retard.
07:45— Ça ne vous arrive jamais, justement. C'est ce qui m'étonne. Vous avez ramené un mot d'excuse ?
07:52— Oui, je l'ai. J'ai veillé pour avoir les résultats définitifs.
07:56— Bon. Alors... Bonjour, Maître Brahim Rajdi. Votre analyse m'intéresse. Qu'est-ce que vous avez pensé de ces résultats ?
08:03— Tout d'abord, je tire un ensemble d'enseignements en ce qui concerne ce premier tour d'élection en France.
08:081. Le Front national est le premier vainqueur. — Le Rassemblement national.
08:13— Le Rassemblement RN. Premier tour sans avoir la majorité absolue. — Clairement.
08:20— Ce qui est difficile, c'est qu'aujourd'hui, les projections en matière de sièges, ça va être entre 240 et 270.
08:31— Mais ça reste très flou, parce qu'il y a un jeu de triangulaire dans... — Le total, c'est 577. Et la majorité absolue, c'est 289.
08:39Première remarque. Deuxième remarque, deuxième vainqueur, c'est le nouveau Front de gauche.
08:45— Nouveau Front populaire, oui. — Nouveau Front populaire, avec 28,1% des voix. Troisième remarque, il y a une cacophonie et une ambiguïté
08:53qui caractérisent ce deuxième tour. Tout d'abord, nous avons entendu le président de la République qui dit « pas une voix pour la droite ».
09:02Dans son camp, il y a la cacophonie. — Pour l'extrême-droite. Exactement. — Et le Premier ministre qui était clair, il a dit « pas une voix pour la droite ».
09:08Mais il y a Édouard Philippe qui a dit... — Ni l'un ni l'autre. — Ni l'un ni l'autre. Autre chose, c'est que l'LFI a créé aussi le parti de M. Mélenchon.
09:22— Oui, LFI. — A créé aussi une autre cacophonie, quand il a pris la parole lui-même, alors qu'on lui avait dit de se retirer un petit peu de la scène,
09:30parce qu'on a tout centralisé sur la présence et la personne de M. Mélenchon pour son soutien à la cause palestinienne.
09:39— Oui, mais c'est un insoumis. C'est pas parce que ses collègues de gauche lui disent de se retirer qu'il va se soumettre.
09:44Bon, ça, à la limite, c'est pas grave. Mais c'est vrai que l'élément le plus intéressant, le plus important que vous avez évoqué, c'est effectivement l'incertitude de ce second tour.
09:52C'est la raison pour laquelle, moi, je me pose aujourd'hui une question, parce qu'on a l'impression que les jeux sont jetés, que le game est plié.
10:00Pas du tout, parce qu'effectivement, on a du mal à imaginer, c'est vrai, un second tour dans lequel le Rassemblement national n'arrive pas en tête.
10:09On a du mal à l'imaginer. — Il va arriver en tête. — Oui, justement. Maintenant, la question, c'est de savoir comment vont se comporter les autres.
10:15Est-ce qu'effectivement, ce fameux barrage républicain aux idées extrêmes va se mettre en place ? Et la difficulté aussi, c'est que de l'autre côté,
10:23ce nouveau front populaire, cette coalition de gauche, elle est décriée par certains comme étant elle aussi extrême d'une certaine façon.
10:32— Clairement. — Donc l'incertitude est la totale. — En tout cas, en matière de projection de sièges, je pense que les sondages ont toujours été précis en France.
10:41Je pense que le RN, le Rassemblement national, ne dépassera pas les 270 sièges. — Exactement.
10:49— Donc il va être obligé de composer avec LR. LR est divisé. LR a pris la décision de ne pas appeler à voter...
10:56— Là aussi, j'ai du mal à imaginer les amis de M. Ciotti collaborer avec lui après tout ce qui s'est passé ces derniers jours.
11:02— Ils sont pas nombreux. Il n'y a que deux qui sont en position favorable. — Quoi ? Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
11:06— On me dit que je dois avoir l'antenne parce que... Oui, la pub. La pub, c'est la pub. Il est 8h56. On a marqué une petite pause de réclame,
11:14comme disaient les anciens. Les infos à 9h. Et nous, on se retrouve juste après pour la suite du débat avec M. Brahim Rajdi et S. Zeynebi.
11:21La suite des Décodeurs d'Atlantique matin avec M. Brahim Rajdi et S. Zeynebi. On parle aujourd'hui des résultats de ce premier tour des élections législatives en France
11:32avec, non pas ce raz-de-marée, M. Brahim Rajdi, mais cette victoire, on peut le dire comme ça, du Rassemblement national,
11:41arrivé en tête avec un tiers des voix totales lors de ce scrutin. Et je rappelle surtout le chiffre le plus important, c'est 12 millions de voix capturées
11:51par le camp de Marine Le Pen. Et c'est en soi une débâcle aussi et surtout pour le président Emmanuel Macron, qui a pris le pari de dissoudre l'Assemblée nationale
12:04en espérant, disent certains, mais j'aimerais avoir votre avis là-dessus, de créer cette onde de choc au niveau de la société française pour faire barrage
12:12une fois de plus à l'extrême droite. C'est visiblement... Son appel n'a pas été suivi.
12:18— Moi, je pense que c'est un coup de poker qui a échoué totalement. Et M. Macron a fait vraiment le lit de l'extrême droite et leur a donné les portes du pouvoir.
12:28Pourquoi ? Parce que même dans sa campagne électorale, il a axé principalement sa campagne électorale sur la France insoumise, l'extrême gauche,
12:37et accessoirement sur le RN, le Rassemblement national. Autre chose, il a payé le prix, car jamais un parti au gouvernement n'a eu un score aussi bas,
12:4620%, 22%, à l'exception du Parti socialiste en 1993. Le RN a eu 18,7% en 2022, avec 89 députés. Aujourd'hui, il va se retrouver avec 270 et 31,4.
13:05Macron a été élu avec 9,2 millions. Donc c'est un symbole qui fait qu'aujourd'hui, nous allons avoir une nouvelle France.
13:14— 2027, c'est demain, hein. — Une nouvelle France, avec une nouvelle politique. Et je pense que la France va être dans une situation ingouvernable.
13:24Pourquoi ? Parce que le RN, s'il n'arrive pas à avoir la majorité absolue, je pense qu'ils ont dit... Si jamais ils tiennent parole, là, ils ont dit qu'ils...
13:35— Oui, mais vous savez, les hommes politiques, vous devez vous bien placer pour le savoir. — Mais dans un intérêt bien compris, parce que sinon pas la majorité absolue,
13:44ils pourraient avoir tout de suite affaire à une assemblée liguée contre eux, etc. — Je comprends parfaitement. C'est moi qui vous rappelle.
13:52— Je vous redonne la parole. Mais juste sur ce point de Jordan Bardella, qui a déclaré effectivement que s'il n'avait pas la majorité absolue,
14:00il ne sera pas le Premier ministre d'Emmanuel Macron, parce qu'il n'aura pas la possibilité d'appliquer... — Il ne peut pas être un collaborateur du Premier ministre.
14:06— Oui, mais c'est un discours préélectoral pour inciter les gens à voter massivement pour le RN, pour avoir cette majorité absolue.
14:14J'ai du mal à imaginer un rassemblement national qui dira « Non, non, non, même si on arrive premier, on prend pas le pouvoir ».
14:21— Oui, mais parce qu'il y a le risque de motion de censure. — Oui, mais bon. — Si Bardella arrive avec la volonté de devenir Premier ministre,
14:29si c'était son objectif et son seul objectif, ça serait une vie très étriquée de la politique, parce qu'il ne pourrait alors devenir Premier ministre.
14:39Ça sera inscrit dans son CV, qui est extrêmement vide, mais qui sera de très courte durée.
14:47— Mais ce qui est grave, c'est que le RN, le Rassemblement national, vient avec un projet funeste, un projet qui va réduire les valeurs universelles françaises à néant.
14:59Pourquoi ? Parce que je vous donne l'exemple des binationaux. Les binationaux... — Ça, ça nous intéresse, en plus, oui.
15:04— Les binationaux, parce qu'en France, il y a... En matière de nationalité, il y a le jus soli et le jus sanguini.
15:10Le jus sanguini, la nationalité s'obtient par le sang. — Le droit du sol. — Exact. — Non, le sang.
15:14— Le sang. — Le jus soli, le droit du sol. Le droit du sol existe en France depuis le XVIe siècle.
15:20Un Français sur 4, aujourd'hui, a un père ou un grand-père étranger. — Le RN veut mettre un terme à cela.
15:28— Non, ils ont rétropédalé, parce qu'ils ont dit qu'on va interdire aux binationaux simplement les postes censés.
15:33Ils ont donné l'exemple de quand l'espionnage à un Russe. Or, avant de nommer quelqu'un, il y a une enquête.
15:40Et puis aujourd'hui, dans l'actuel gouvernement, Thévenot, Prisca Thévenot, Moretti... — Non mais ça, c'est la nomination des binationaux.
15:47Ils veulent revenir sur le droit du sol. Ça a été... — Ça, c'est une bêtise monumentale, parce que vraiment, ça va remettre en cause
15:53tous les principes de la Révolution française, les droits de l'homme, le droit universel. Et c'est vraiment une bêtise qui va vraiment provoquer...
16:04— C'est adulte, vous le disiez. — ...provoquer vraiment un hiérarchie au sein de la société française. N'oubliez pas que la plupart...
16:12Beaucoup de Français qui ont la double nationalité israélienne et française. Ça, il faut le dire.
16:19Il y a les binationaux. En proportion, les Israéliens ayant la nationalité française sont les plus importants... — Pourquoi vous faites référence aux binationaux
16:26aux franco-israéliens, en particulier ? — Parce que moi, je suis contre le fait de toucher la binationalité. — Non mais pourquoi vous faites le focus sur cette...
16:34— Le focus, parce qu'aujourd'hui, Mélenchon paye pour s'en soutenir la Palestine, et parce qu'aucun Français, actuellement,
16:43ne prend position contre la politique de Netanyahou. Par contre, on est en train de faire le procès de Mélenchon, parce qu'il a soutenu le...
16:53— Peut-être dans l'espace politico-médiatique, vous avez raison. Les voix qui s'élèvent contre la politique génocidaire de Benjamin Netanyahou
17:01sont très rares, voire inexistantes. Il me semble qu'en suivant un petit peu ce qui se passait dans la rue en France ou dans les universités,
17:10auprès de la population, le rapport de force, il n'est pas le même. Il me semble. Mais peut-être que je me trompe.
17:17— La question palestinienne est une question parmi d'autres. Mais les principales questions qui divisent les Français sont franco-françaises.
17:26D'abord, les Français aujourd'hui... Et on a bien sondé les Français qui sont... Je veux dire, autour de nous, journalistes ou autres.
17:38Tous sont quasi unanimes. Ils votent contre Macron. N'importe qui, mais pas Macron. Pas n'importe qui, mais contre Macron.
17:47C'est un vote de sanction contre la personne de Macron qui a personnalisé et aujourd'hui personnalisé en fait la politique autour de sa personne,
17:59jusqu'au jour où ça ne lui avait pas réussi. Et il a essayé...
18:03— Vous diriez aujourd'hui qu'il y a plus un rejet de sa personnalité plus que de sa politique ou les deux ?
18:08— Sa politique et sa personne sont confondues, puisqu'il prenait toutes les décisions la plupart du temps seul.
18:15Et même son entourage, son plénier, ceux qu'il avait côtoyés à un certain moment, etc., avaient déclaré son omnipotence,
18:26ce sont pleins de son omnipotence, son omniprésence, etc. Ce n'est pas pour rien qu'on le dit, Jupiter, etc. C'est pas que caricatural.
18:36— C'est vrai. On va juste marquer une toute petite pause. Et dans la dernière partie, on va parler de ce qui nous intéresse,
18:40l'impact de tout cela sur nous, Marocains, et sur les relations entre le Maroc et la France. — C'est important.
18:44— Une petite pause, info, et on se retrouve juste après pour la suite du débat. À tout de suite.
18:56*** Générique de fin ***
19:11*** Générique de fin ***
19:26*** Générique de fin ***
19:51— L'essentiel de l'info, c'est tous les quarts d'heure. — Entre 7h et 10h. — Et à 9h15, eh bien c'est Karim Dronet qui nous donne les dernières informations.
20:01Bonjour, Karim. — Bonjour, Adil. Bonjour à toutes et bonjour à tous. Vous en parlez à l'instant avec les décodeurs atlantiques.
20:07À la une de l'actualité, donc, les résultats du premier tour des législatives en France. Le parti d'extrême-droite, le Rassemblement national,
20:13est devenu hier soir le premier parti politique de France en obtenant plus de 33% des suffrages exprimés.
20:19De son côté, l'alliance de gauche, rassemblée sous la bannière du Nouveau Front populaire, est la deuxième force politique de l'Hexagone,
20:25totalisant 28,5% des voix. En revanche, pour le camp présidentiel, c'est la déroute avec seulement 21% des suffrages.
20:32Concernant maintenant le vote des Français de l'étranger dans la 9e circonscription, qui comprend notamment le Maroc,
20:38le candidat du Nouveau Front populaire, Karim Benchir, totaliserait plus de 51,5% des voix.
20:44Il devance ainsi largement la candidate Ensemble, Samira Adjoudali, qui obtient 15,7% des suffrages.
20:50Et la candidate du Rassemblement national, Élodie Charron, qui arrive, elle, en 3e position, avec un peu plus de 10,6% des suffrages.
20:59Merci beaucoup Karim, et à tout à l'heure, 9h30, pour le Retrouv' de l'Info.
21:15Les Décodeurs vous sont présentés par Atlas Voyages.
21:25Vous écoutez les Décodeurs d'Atlantique Matin.
21:32La suite des Décodeurs d'Atlantique Matin. Et c'est vrai, on va rebondir à ce que disait Karim dans son point info
21:40sur le vote des Français de l'étranger, de cette 9e circonscription qui nous concerne, nous marocains.
21:45Alors, il dit effectivement que le candidat de la gauche a remporté cette élection au premier tour, avec 51% des voix.
21:52Maintenant, ce qui serait intéressant de voir, c'est est-ce qu'il y a une évolution par rapport au vote des Français du Maroc.
21:58Lors des dernières législatives de 2022, les Français installés au Maroc ont voté massivement pour l'extrême droite.
22:04On n'a pas encore les chiffres.
22:06Ça a changé cette fois-ci.
22:07Vous n'en savez rien, vous avez les chiffres ?
22:09Oui, oui.
22:10Ah bon ?
22:11Il est passé, il est passé à 51%.
22:14Non mais ça, c'est le vote de la 9e circonscription qui comprend tous les pays concernés.
22:19Le mot que je vous dis, j'aimerais savoir comment...
22:26Vous avez des chiffres ou c'est votre instinct qui vous dit ?
22:29Ils seront tout à l'heure publiés officiellement.
22:32En tout cas, traditionnellement, il y a la région du Sousse, Marrakech...
22:35Agadir, Marrakech qui votent plus...
22:37Bon, il nous reste 10 minutes.
22:39Ce qui nous intéresse, c'est l'impact de tout cela sur les relations entre Rabat et Paris.
22:45Il y a plusieurs sujets qui pourraient être impactés d'une manière ou d'une autre.
22:49Je ne dirais pas négativement forcément, mais d'une manière ou d'une autre, si l'extrême droite arrive au pouvoir.
22:55Il y a d'abord la question des Marocains installés en France ou bien des Franco-Marocains, les binationaux.
23:01Ce n'est pas la même chose.
23:03On sait quelle est la politique migratoire souhaitée par le Rassemblement national.
23:09Comment ils comptent gérer le renvoi vers leur pays d'origine de certains délinquants
23:16qui sont aujourd'hui installés en France et qui ne peuvent pas être renvoyés
23:22parce que les fameux laissés-passer consulaires ne sont pas donnés par les pays concernés.
23:27Et puis, il y a la question du Sahara marocain.
23:29Sur cette question, il y a un personnage qui, me semble-t-il, avait clairement donné un avis très favorable à la thèse et à la cause nationale,
23:39à savoir Éric Ciotti.
23:41C'est le seul que j'ai entendu. Les autres, pas pour l'instant.
23:44Qu'est-ce qui pourrait changer, selon vous, sur tous ces aspects-là, avec un gouvernement français dirigé par l'extrême droite après le 7 juillet ?
23:56D'abord, un gouvernement français dirigé par l'extrême droite.
24:00On devra attendre le résultat du deuxième tour.
24:05Dans l'hypothèse où ils arrivent.
24:07Le scénario le plus plausible, jusqu'à présent, c'est une France divisée, qui restera divisée avec ce triangulaire,
24:18qui rendra l'Assemblée nationale ingouvernable.
24:22La congophonie va durer pour un temps, si Macron ne démissionnait pas.
24:27Et il pourrait ne pas démissionner.
24:29Maintenant, sur cette question migratoire, comme sur d'autres questions clivantes.
24:35Vous savez que mener campagne est une chose, arriver au pouvoir, on est confronté à des réalités.
24:42Et les réalités les plus oppressantes et pressantes, c'est la dette en France, qui a explosé à l'ère de Macron, pendant les deux mandats de Macron.
24:55C'est le chômage, c'est le problème des cités, etc.
25:00Les relations franco-marocaines, il y a le signal très fort, donné déjà par Cioti,
25:08allant vers le retour à la normale.
25:12Non seulement le retour à la normale avec le Maroc, mais l'amélioration des relations avec le Maroc.
25:18Parce qu'il dit, encore hier, il a été interrogé par une chaîne de télévision turque,
25:25sur l'avenir des relations franco-marocaines, et il a redit la même chose.
25:30C'est que ce sont des relations historiques, stratégiques, qui doivent être améliorées.
25:35Donc nous n'avons pas d'inquiétude.
25:37Mais ça n'engage que lui. Eric Cioti n'est pas le patron du RN.
25:40Je sais, mais dans une coalition, on s'entend les uns les autres,
25:44et je pense que le RN lui-même n'est pas défavorable à la question du Sahara,
25:50au vu du contexte, au vu des déclarations qu'ils ont données contre la politique de Macron,
25:59allant contre du Maroc.
26:01Le Pen avait déjà dit que Macron avait miné les relations de la France, de son pays,
26:10non seulement avec le Maroc, mais avec l'Afrique.
26:13Et sur cette question-là, elle prône, en étant ancienne présidente du RN, très influente aujourd'hui,
26:21le président ne va pas changer de cap,
26:23elle prône la concertation, le dialogue, etc. avec les pays concernés.
26:28Alors, il y a un signal qu'on ne doit absolument pas ignorer, non, qui n'a rien à voir avec...
26:34Je vous laisse terminer, je voulais juste rebondir sur ce que vous avez dit,
26:37mais je vais vous laisser terminer.
26:38En somme, vous lui donnez le bénéfice du doute à Marine Le Pen et au Rassemblement Social.
26:41Mais il y a un signal fort qu'on ne doit absolument pas négliger,
26:45c'est cette visite d'Abdelaziz Ramouchia en France, à la veille de ces élections qui viennent se dérouler.
26:53Il a été décoré, il me semble.
26:55Oui, il a été hautement décoré.
26:57Ça dénote le traitement qui lui a été réservé il y a quelques années de cela.
27:00Et ça ouvre un nouveau chapitre entre les services de sécurité marocain et français.
27:08Tout ce n'est pas rien dans une relation bélatérale. Au contraire, c'est pratique.
27:12Je précise que tout cela se passe sous la présidence d'Emmanuel Macron.
27:15Il y a aussi eu un changement de politique et de cap sur cette question pour l'instant.
27:18Moi, tout d'abord, je peux vous dire que je ne connais pas très bien la politique étrangère
27:23que va adopter le Rassemblement National.
27:27Vous avez un problème avec le Front National ?
27:29Je pense que c'est la même chose, c'est bonnet blanc pour bonnet.
27:32La famille Le Pen, parce que même le Vardela et sa compagne, c'est la fille de la soeur de Marine Le Pen.
27:40C'est la même famille.
27:42Moi, je pense qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir battue.
27:45Il faut attendre mardi soir.
27:47Mardi soir, on va être fixé sur les désistements, les retraites.
27:52On peut avoir une projection d'un nombre de sièges à l'Assemblée Nationale.
27:57Pour empêcher l'ARN d'avoir une majorité absolue, il faut mobiliser 15 millions d'habitants.
28:04Mais en ce qui concerne la relation marocaine entre le Maroc et la France,
28:10moi, je ne suis pas inquiet.
28:13Parce que tout d'abord, notre politique sécuritaire est une politique qui s'impose
28:18et qui collabore avec tous les pays de l'Union Européenne.
28:22Le Maroc a une position claire depuis des années en matière de l'autodétermination de notre Sahara.
28:30Bien sûr, les relations économiques ne vont pas partir de la relation avec la France,
28:37d'autant plus que si jamais il y a un gouvernement de l'extrême droite,
28:42le premier problème qu'il va poser, c'est que la Nouvelle-Gauche populaire
28:48va régulariser les 500.000 travailleurs immigrés qui sont travailleurs immigrés.
28:53Que va faire Mme Le Pen avec les 500.000 qui travaillent déjà ?
28:56Ça veut dire que la France a besoin de ces 500.000,
28:59surtout qui travaillent dans la restauration, dans les métiers difficiles.
29:02Et le Maroc n'a pas à s'inquiéter, d'autant plus que le Maroc a eu affaire,
29:06face à plusieurs détracteurs de notre cause nationale.
29:10L'unité nationale, sous la houlette de sa Majesté le Roi, va vraiment nous prémunir contre toute déviation.
29:17Mais je suis convaincu que même au sein de cette nouvelle majorité, qu'Adieu le plaise,
29:22il y a des gens qui sont pro-marocains et qui vont défendre la position du Maroc.
29:26Alors il y a différents aspects lorsqu'on parle de l'impact sur l'avenir des relations franco-marocaines.
29:31En fait, il y a plusieurs sujets et différents aspects de cet impact.
29:37Il y a la question économique. Là, pour le coup, il n'y a pas beaucoup de points d'interrogation,
29:43même en pleine crise politique avec le camp présidentiel d'Emmanuel Macron,
29:47le business continuait à se dérouler tout normalement.
29:50Par contre, sur le volet, vous savez, l'entente politique, elle est essentielle à une bonne entente tout court.
29:57Et vous pouvez avoir pour quelques crispations diplomatiques ou politiques,
30:05un impact immédiat sur la coopération sécuritaire, sur la coopération juridique,
30:11sur la coopération culturelle, éducative, etc.
30:15Et c'est vrai que la chance ou peut-être la malchance du Rassemblement national,
30:22dans ce domaine en particulier, c'est qu'il n'a jamais été testé.
30:25Et sur la question purement géopolitique, ce qu'on reproche à Emmanuel Macron,
30:30souvent ici au Maroc, c'est cette volonté constante de maintenir une certaine forme d'équilibre
30:37entre Rabat et Alger sans prendre courageusement position.
30:42D'autant plus que les Français savent de quoi ils parlent lorsqu'on parle de la question du Sahara.
30:46Est-ce que vous pensez sincèrement qu'on se projette,
30:50imaginons que le RN a une majorité absolue au lendemain du 7 juillet,
30:54un gouvernement, un ministre de l'Intérieur, un ministre des Affaires étrangères, un premier ministre.
31:00Est-ce que vous pensez sincèrement qu'il y aura une cassure, une coupure,
31:04cette méthode ancienne qui a duré plusieurs années maintenant,
31:08qui consiste à ne pas se fâcher avec ni les Marocains ni les Algériens
31:13et maintenir une certaine forme de statu quo qui bénéficie en priorité à la France ?
31:17Je pense que ça va évoluer parce que le RN a toujours décrié les traités liés en Algérie et la France.
31:27Les traités d'immigration ?
31:29En plus de cela, l'intérêt de la France est de renforcer les relations économiques stratégiques avec le Maroc.
31:42Bien sûr, parce que le Maroc est un pays certain, stable, sécurisé,
31:48et un pays qui respecte la parole donnée. Ce n'est pas le cas chez nos amis gouvernants algériens.
31:55C'est le pays où toutes les entreprises du CAC 40 sont présentes et font des bénéfices,
32:02et c'est bien pour la France.
32:04On l'a bien montré, les chiffres de la bourse le montrent aujourd'hui.
32:08C'est vrai que c'est ça pour le coup, c'est très intéressant, très surprenant.
32:14La bourse a rebondi juste après l'annonce des résultats.
32:19Voilà le pragmatisme du business.
32:23Et c'est ce même pragmatisme qui va guider le prochain gouvernement.
32:27Après, vous savez, il y a effectivement le pragmatisme, mais il y a aussi les principes parfois.
32:33Je vous donne la parole pour terminer, mais surtout pour un pays comme la France,
32:39pays des droits de l'homme, pays où on prend en considération certaines choses,
32:45effectivement les questions liées à l'humanisme, aux droits de l'homme sont très importantes,
32:50et qui a pour l'instant toujours été épargné par l'extrême droite.
32:53C'est l'un des rares pays, des grands pays de l'Europe,
32:55qui n'a pas été gouverné par ni les fascistes, ni les extrémistes.
33:00Ce à quoi on s'apprête à assister lundi prochain, et à tout point de vue historique.
33:07Alors c'est le choix, après tout, des Français.
33:11Ils sont libres de mener le pays là où ils veulent.
33:14Dernier point, rapidement, parce que le temps passerait.
33:17Je ne peux pas m'empêcher de ne pas citer une phrase qui a été ditière par Alain Duhamel.
33:23Il a dit qu'entre 1970 et 2024, il y a une mutation des leaders politiques.
33:29On est arrivé à des nains politiques par rapport aux géants.
33:35Et il donne l'exemple du général de Gaulle, de Mitterrand.
33:38Et c'est ce qu'on peut regretter en tant qu'observateur attentif à ce qui se passe en France.
33:43C'est la baisse du niveau, c'est des secours clivants, c'est cette fragmentation de la France.
33:50Ou ça même, des familles françaises, il n'y a plus d'unanimité.
33:56C'est fini. On aurait pu continuer à en parler pendant de longues minutes, mais c'est fini.
34:00Il est 9h30, on est même en retard.
34:02Merci beaucoup, c'est Mohamed Zeynabi.