• il y a 9 mois
À 9h20, l'humoriste Roman Frayssinet est l'invité de Léa Salamé. Son stand-up "Ô dedans" est diffusé ce mercredi soir sur Canal+. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-24-janvier-2024-4580999

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00:00 - Et Léa, ce matin vous recevez un humoriste !
00:03 - Bonjour Romane Précinet !
00:04 - Bonjour !
00:05 - Merci d'être avec nous ce matin !
00:06 - Merci de m'inviter !
00:07 - Si vous étiez un animal, un alcool et un défaut, vous seriez quoi ?
00:11 - Alors un animal, bon si je manque de lucidité, je dirais un léopard.
00:15 C'est vraiment mon animal préféré.
00:17 - Mais vous manquez un peu de lucidité ?
00:19 - Je manque de lucidité.
00:20 En vrai, je dois être autour du vautour.
00:22 - Oui, j'ai un long cou, le nez, voilà.
00:25 Mais bon, ça a des qualités symboliques.
00:27 - Ah oui, c'est vrai, là, maintenant que vous le dites, je vous regarde !
00:29 - Je manque un petit peu de vautour !
00:30 - Mais je préfère être dans le déni le plus total et me considérer comme un léopard.
00:34 - Un alcool ?
00:35 - Un alcool, alors je vais essayer de trouver un alcool qui ne se boit pas, je dirais celui
00:40 qu'il y a dans les parfums.
00:41 - Oui, ok, on va en parler, on va en parler.
00:44 C'est un alcool qu'on ne boit pas, que vous citez.
00:47 Et un défaut ?
00:48 - La naïveté.
00:49 - C'est joli.
00:50 Oscar Wilde disait "je peux résister à tout sauf à la tentation".
00:54 Vous, ce n'est plus votre cas.
00:55 Mais désormais, vous pouvez résister à tout et même à la tentation.
00:59 - Pas à tout, mais j'essaye en tout cas.
01:02 J'essaye de comprendre un peu comment je fonctionne et à quel point j'ai une facilité
01:07 à m'auto-saboter.
01:09 Et voilà, j'essaie de me piloter.
01:11 - Et c'est ce que vous racontez dans votre spectacle, qu'Oscar Wilde aurait dû voir
01:15 parce qu'il aurait compris comment on peut arrêter tous les excès, la drogue, l'alcool,
01:19 le sexe, la noiture, bref, comment vous êtes devenu un vieux sage à 30 ans.
01:23 Le spectacle s'appelle "Au-dedans", il sera diffusé ce soir sur Canal+ à 21h.
01:28 C'est impactant, drôle, serré aussi, ça c'est très bien, c'est-à-dire qu'il
01:33 fait 56 minutes et donc on ne s'ennuie pas.
01:36 Parfois les téléspectacles d'humour durent une heure et demie et il y a du déchet.
01:40 Vous l'avez joué partout en France l'an dernier, vous avez fait 7 Olympias qui ont
01:45 affiché complet.
01:46 Il faut dire que vous êtes devenu ces derniers temps, propulsé par vos vidéos sur les réseaux
01:50 sociaux où vous êtes suivi par près d'un million de fans et vos chroniques dans Clique,
01:54 l'humoriste le plus coté de sa génération, c'est-à-dire des moins de 30 ans.
01:57 Et ça c'est vrai.
01:58 Ah bah ça fait plaisir, ça fait très plaisir.
02:01 Et Oscar Wilde, j'adore, il a dit une phrase que j'aime beaucoup, il a dit "il n'y a
02:03 pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous".
02:04 Je crois que c'est le bon endroit pour souligner.
02:06 C'est le bon endroit, parce que les signes c'est très important pour vous.
02:11 Je pense que la vie communique avec nous via plein de signes ou alors on communique avec
02:15 soi-même via des signes mais je suis très attentif aux signes.
02:17 Et donc il n'y a pas de hasard, quand il se passe quelque chose c'est parce qu'il
02:19 y a une signification.
02:20 Exactement, je pense qu'il n'y a pas de hasard.
02:22 Alors justement, c'est un spectacle spirituel où vous mêlez des réflexions philosophiques
02:25 sur les hommes, les femmes, le culte du paraître, des sketches surréalistes et des bonnes
02:29 grosses vannes de cul, que vous appelez les vannes lubrifiantes, c'est bien ça ?
02:34 Exactement, j'appelle ça aussi les épices.
02:35 Je pense qu'un plat équilibré, il faut qu'il y ait des épices et il en faut un
02:40 peu pour tout le monde.
02:41 Et puis je pense en vrai qu'il n'y a que des idées qui peuvent être vulgaires, pas
02:45 des mots.
02:46 Et je pense que c'est même important de défendre des idées nobles avec des mots
02:50 vulgaires, ça passe mieux.
02:51 Je pense qu'on a une époque où il y a beaucoup de gens qui défendent des idées
02:55 vulgaires avec un langage soutenu.
02:56 C'est bien de l'équilibrer.
02:58 Et vous faites l'inverse.
02:59 C'est donc un spectacle où vous racontez que vous étiez addict à tout ?
03:03 Un petit peu, oui.
03:04 Dans l'excès de tout, je buvais, je fumais beaucoup de cannabis, j'étais enclin un
03:08 peu à tous les excès.
03:09 Pas seulement, le LSD à 9h du matin vous avez fait ?
03:12 Oui, disons que j'étais un peu curieux de tout.
03:15 La nourriture ?
03:16 La nourriture, oui.
03:17 Dans le sens où je ne mange pas énormément mais je ne suis pas capable de m'arrêter
03:21 sur des choses.
03:22 Si je commence quelque chose, je ne suis pas capable de m'arrêter.
03:25 Vous êtes nature addictive.
03:27 C'est quoi sa nature addictive ? C'est terrible.
03:30 C'est quand on tombe très facilement accro à tout.
03:34 Et je pense que c'est le cas de beaucoup de gens.
03:37 Le sexe aussi ?
03:38 Oui, je pense que le sexe c'est une addiction.
03:41 On le voit, d'ailleurs ce n'est pas pour rien que la majorité des objets qu'on nous
03:44 vend aujourd'hui, on essaie de nous les vendre au travers du sexe.
03:46 Et vous êtes tombé dedans aussi ?
03:49 Bien sûr, oui.
03:50 C'est-à-dire que vous vous êtes réveillé un matin et que vous en aviez marre de votre
03:54 tête ? Vous en aviez marre de vous ? Vous en aviez marre de vos addictions ? Comment
03:57 ça s'est passé ? Ou ça a été progressif ?
04:00 J'ai été sauvé.
04:01 Si je vous dis l'entière vérité, je me suis réveillé sur mon canapé.
04:04 Déjà c'est mauvais signe.
04:05 Quand on se réveille sur son canapé, c'est que la soirée était intense.
04:07 Je me suis réveillé sur mon canapé avec une image dans la tête, une image qui, selon
04:13 moi, ne vient pas de moi, où il y avait une autoroute avec une sortie, comme une sortie
04:18 d'autoroute.
04:19 Et c'était accompagné d'un message qui me disait "là, tu as une sortie.
04:22 La prochaine, elle est peut-être dans 20 ans.
04:24 C'est toi qui choisis."
04:25 Et vous avez pris la sortie ?
04:26 J'ai décidé de prendre la sortie.
04:27 Et vraiment, je l'ai vécu comme un...
04:29 Et ça a été facile d'arrêter ? Du jour au lendemain, vous avez arrêté de fumer,
04:32 vous avez arrêté la...
04:33 Ou ça a été progressif ?
04:35 Non, ça a été très brutal.
04:37 Extrêmement brutal.
04:38 C'est pour ça que je dis que j'ai été sauvé.
04:40 Parce que l'impulsion qui est venue avec cette image, j'ai le profond sentiment qu'elle
04:44 ne vient pas de moi, que j'ai été aidé par quelque chose qui me dépasse, et que
04:48 je ne suis pas capable de définir.
04:49 Et c'est comme si on m'avait donné un coup de pouce.
04:51 Comme si on m'avait dit "tu as une sortie, tu as une opportunité.
04:54 Elle est là.
04:56 Soit tu y vas et tu seras facilité, soit tu continues d'être dans l'illusion et la
05:00 prochaine sortie, elle est peut-être dans 20 ans."
05:01 Mais ça a été facile d'arrêter du jour au lendemain, comme ça ? Toutes ces addictions
05:04 ?
05:05 Non, ça n'a pas été facile, mais ça s'est imposé.
05:09 En vrai, j'ai été facilité.
05:14 Vous êtes vraiment un vieux sage à 29 ans.
05:17 J'ai plein d'immaturité, mais je vous avoue que la sagesse, oui, c'est mon ambition
05:22 principale.
05:23 Il y a un livre aussi que vous avez lu pendant cette période-là.
05:25 Le Livre du dedans, c'est un recueil de poésie écrit au XIIIe siècle par un auteur
05:29 perse, Rumi.
05:30 Oui, que j'aime beaucoup.
05:31 Et qu'est-ce que vous avez trouvé dans ce livre ?
05:32 Une quête intérieure.
05:36 Aussi, c'est bien de réaliser qu'au XIIIe siècle, les enjeux humains sont les mêmes.
05:41 Il y a des choses dans ce livre avec lesquelles je n'ai pas été d'accord, mais la très
05:51 grande majorité du livre m'a beaucoup parlé, m'a beaucoup appelé.
05:54 Il est arrivé, c'est une amie qui me l'a donné à ce moment-là.
05:57 Après l'image où vous vous réveillez sur votre canapé.
05:59 Et vous dites aussi "j'ai beaucoup prié".
06:02 Oui, beaucoup.
06:03 La religion, c'est important pour vous ?
06:05 La foi, c'est important.
06:07 Quelle foi ? Je pense qu'il n'y en a qu'une.
06:10 Je pense que c'est toutes les mêmes.
06:12 Je pense que d'ailleurs, toutes les religions nous rappellent que c'est toutes la même.
06:18 Je pense que diviser la foi, c'est ce qu'il y a de plus étrange.
06:23 Donc vous priez ? Je prie, oui.
06:25 De manière quotidienne ? De manière quotidienne, oui.
06:27 Alors, là, on a l'impression que c'est très grave, mais en fait, vous êtes très
06:30 drôle aussi.
06:32 Oui, ça va, j'ai des moments rigolos.
06:33 On vous écoute notamment votre chronique sur Clique, où vous racontez que vous avez
06:36 donc arrêté la weed.
06:37 Non, les amis, je suis en forme.
06:39 Là, ça fait des mois que j'ai arrêté la weed, les amis.
06:42 Ça a changé.
06:43 Non ! Mais ça a changé ma vie.
06:46 Mais c'est vrai.
06:48 Ça a changé ma vie.
06:50 Regardez comment je suis beau.
06:52 C'est abusé.
06:53 Je marche dans la rue, je crée des émeutes.
06:56 Les meufs, elles se jettent sur moi, on dirait que je suis Balavoine.
06:59 Je suis obligé de les repousser avec mes yéps.
07:02 Je crée des manifestations.
07:03 J'ai l'impression que c'est moi l'inflation.
07:06 Je suis dans un glow up phénoménal.
07:08 Avant, j'avais une tête.
07:11 J'étais Grinardo.
07:13 Je ressemblais à une Peugeot.
07:15 J'avais 25 ans, j'en faisais 206.
07:18 C'est vous l'inflation ?
07:21 C'est moi l'inflation.
07:23 Mais est-ce que vous avez perdu l'inspiration en arrêtant la drogue et l'alcool ?
07:27 Vous avez laissé les pages de Baudelaire sur les paradis artificiels,
07:29 comment l'alcool ou la drogue poussent.
07:32 Il en parle Baudelaire justement du cannabis.
07:34 Il dit que ce n'est pas un très bel outil créatif.
07:36 Ah si, il dit que ça booste l'imagination de manière incroyable.
07:39 Sur plusieurs drogues, mais sur le hashish, non.
07:41 Il dit qu'au bout d'un moment, ça enferme la créativité.
07:45 Je suis très d'accord avec ça.
07:47 Je pense que dans de très rares occasions, dans un cadre sain,
07:51 au moment où on a des blocages, c'est possible que ça permette de prendre un pas de recul.
07:56 Mais moi qui étais dans un excès fou, je crois que c'était plutôt un enfermement de la créativité.
08:01 Mais aujourd'hui, vous avez tout arrêté ou c'est avec modération ?
08:04 Non, incapable de la modération.
08:06 Tout ou rien. J'ai arrêté tout.
08:08 Donc il n'y a plus un verre d'alcool, rien, pas un pétard ?
08:12 Rien.
08:13 Le sexe aussi vous a pas arrêté ?
08:14 Non, le sexe c'est difficile.
08:15 Parce que le sexe c'est différent.
08:17 Parce que le sexe je pense qu'il peut être consommé de manière saine.
08:19 Alors que l'alcool, je pense que malheureusement, c'est très personnel.
08:23 Mais je pense que l'alcool guide vers l'illusion.
08:28 Je crois qu'il n'y a pas de saine illusion.
08:29 Alors que je pense qu'il y a une sexualité qui peut être saine.
08:32 Vous y arrivez ?
08:33 J'y travaille fort, oui.
08:34 Mais il y a une sexualité où le lendemain, la douche elle ne nous lave pas.
08:38 On est là, on se dit "Il est où le savon qui nettoie l'âme ? Je ne trouve pas ce savon-là."
08:42 C'est de cette sexualité-là que j'essaie de mélanger profondément.
08:45 Là, vous avez trouvé le savon ?
08:46 Là, oui. C'est surtout essayer de ne pas faire ce sexe-là.
08:50 En tout cas, moi j'ai regardé votre spectacle hier soir.
08:53 Et ce qui est clair, c'est que vous n'avez pas perdu votre inspiration par exemple,
08:56 quand vous expliquez qu'il y a un âge pour aller en boîte et il y a un âge où il faut arrêter.
09:00 Il n'y a pas d'âge pour aller en boîte.
09:02 Mais si !
09:05 Il y a des messieurs, t'as envie d'aller les voir, leur dire "Ecoute Francis,
09:09 t'as l'âge de faire des coloscopies, tu reggaetonnes.
09:13 On entend ta hanche, Francis.
09:17 Hi hi hi hi !
09:20 C'est Usher ? Non, non, c'est Francis !
09:24 Voilà, c'est à voir ce soir sur Canal à 21h.
09:30 Le culte des apparences prend cher dans le spectacle.
09:32 Votre définition des chirurgiens esthétiques ?
09:35 Je dis que c'est des gens qui ont la capacité pour sauver des vies,
09:42 mais qui préfèrent sauver des comptes Instagram.
09:46 La calvitie, pour vous, c'est un cadeau du ciel ?
09:48 Oui, oui.
09:49 Pourquoi c'est un cadeau du ciel ?
09:50 Parce que ça éloigne toutes les mauvaises femmes.
09:53 Une femme, si tu perds tes cheveux et qu'elle n'est plus là,
09:56 alors imagine si tu perds ton travail.
09:58 Donc il vaut mieux éviter.
10:00 Dans le culte de la beauté, je trouvais ça intéressant de prendre un exemple masculin surtout.
10:04 La calvitie.
10:06 Vous racontez ce que c'est d'être une femme et un homme aujourd'hui.
10:10 C'est la pression d'être un homme, c'est la pression d'être une femme.
10:13 Tu choisis la pression que tu préfères.
10:14 Les hommes, la pression est sur les émotions.
10:16 Les femmes, la pression est sur tout le reste.
10:18 Exactement.
10:19 Je vous le confirme.
10:20 Je vous fais confiance.
10:22 Pendant des années, vous avez beaucoup joué sur les codes de la féminité.
10:25 Vous étiez teint en blond, vous mettiez des bijoux, des boucles d'oreilles, du maquillage,
10:29 des vêtements un peu dorés.
10:34 Oui, j'aimais jouer sur cette ambiguïté.
10:36 Plus du tout.
10:37 Là, vous êtes ultra sobre dans le look. Pourquoi ?
10:39 Parce qu'en fait, à cette époque-là, je cherchais...
10:42 Déjà, je voulais qu'on me voit parce que je cherchais à être connu.
10:47 J'avais un autre âge aussi.
10:50 Je n'étais pas connu, donc j'avais une liberté totale.
10:53 Je trouvais ça créatif, c'était intéressant, ça me stimulait.
10:57 C'était confortable pour moi aussi parce que j'avais l'impression d'embrasser ma liberté pleinement.
11:02 En gagnant en notoriété, ma liberté s'est devenue le confort.
11:06 Parce qu'en vrai, je mettais des vêtements qui n'étaient pas confortables.
11:08 Je mettais des santiagues, des trucs...
11:11 Moi, j'ai adoré.
11:12 Et puis surtout, j'ai réalisé que ça envoyait un mauvais message.
11:16 Parce que ça devenait du marketing.
11:18 Et ça envoyait le message de "il n'est pas comme nous" dans le sens où il est différent.
11:24 Alors que je voulais dire "non, non, je suis exactement comme tout le monde,
11:27 c'est juste que j'ai choisi d'embrasser ma liberté".
11:29 Et là, maintenant, vous mettez des souhaits noirs et vraiment la sobriété totale.
11:33 Le confort et je me cache un peu.
11:35 Je me fonde dans la masse.
11:36 Et ça, vous le racontez aussi dans le spectacle, comment la célébrité...
11:39 Vous n'êtes pas totalement à l'aise avec ça, vous l'avez beaucoup voulu.
11:42 Et vous n'êtes pas totalement maintenant à l'aise avec ça.
11:44 En fait, je ne suis pas à l'aise avec tout ce qui va avec.
11:47 Et j'essaie de me préserver.
11:48 Je pense que ça peut être dangereux.
11:49 Et je pense qu'on voit beaucoup de gens célèbres qui perdent de pied.
11:55 Romain de Freyciné, cette diction qu'on entend depuis le début de cette interview,
11:59 cette diction si particulière, vous l'avez travaillée.
12:02 Non, je ne l'entends pas, moi.
12:03 Ce n'est pas vrai que vous êtes inspiré par exemple de Lukiny ?
12:06 Pas du tout. Vous voyez, moi, c'est un truc que je n'entends pas.
12:09 C'est quelque chose qu'on me dit et que je n'entends pas.
12:12 Oui, mais je ne l'entends pas.
12:14 Peut-être que c'est parce que j'ai été dans plein d'endroits.
12:17 Au Canada, notamment, vous avez passé...
12:19 J'ai fait cinq ans à Montréal.
12:20 Cinq ans à Montréal, vous avez appris l'humour.
12:22 L'humour est culte là-bas.
12:24 Très fort, là-bas. J'ai fait cinq ans là-bas.
12:26 Là-bas, je ne traînais qu'avec des Arabes qui, pareil, ont une musicalité, une diction différente.
12:31 J'ai mon propre bagage et parcours génétique, on va dire.
12:35 Je pense qu'il y a un mélange de tout ça.
12:37 C'est quoi votre parcours génétique d'ailleurs ? Vos parents sont...
12:40 C'est assez mystérieux, je vous avoue. Il y a un peu de tout.
12:44 Comme souvent chez vous, il y a beaucoup de mystères.
12:46 Beaucoup de mystères.
12:47 L'enfance, vous avez grandi dans le Val-de-Marne, à Chevalier-la-Rue.
12:50 Vous étiez un garçon très sensible.
12:51 Vous dites "j'étais un genre de gamin qui pleurait dès qu'il voyait de la tristesse chez les autres".
12:56 Dès que vous voyez un autre gamin qui pleurait dans les cours de récréation, vous pleuriez vous-même ?
12:59 Moi, c'est vrai, je pleurais énormément.
13:01 Mais pour la tristesse des autres, mais pour tout.
13:03 Je me souviens, la maîtresse, elle élevait un peu le ton sur moi et je pleurais.
13:08 Pour rien.
13:09 J'étais vraiment une...
13:10 Je pleurais tout le temps.
13:12 Pour rien.
13:13 Enfin, pas pour rien.
13:14 Pour rien pour les autres.
13:15 Mais pour moi, c'était beaucoup.
13:16 Jusqu'au moment où vous avez compris que faire des vannes...
13:18 C'était mon pouvoir.
13:19 C'était votre pouvoir parce que vous bousculez un de vos copains qui tombe par terre, qui pleure.
13:23 Et là, vous vous sentez mal, évidemment, au lieu de pleurer, vous commencez à lui faire des vannes.
13:27 Et il se marre.
13:28 C'est ça.
13:29 C'est le premier souvenir conscient que j'ai de faire rire quelqu'un consciemment.
13:34 Les impromptus à présent, Romain de Fressiné, très rapidement, vous ne réfléchissez pas et vous répondez.
13:39 Votre chiffre préféré ?
13:40 Le 7.
13:41 Pourquoi ?
13:42 Parce qu'il est sublime, indivisible.
13:44 C'est le nombre de jours qu'il y a dans la semaine, c'est le nombre de cieux, c'est le nombre de chakras, c'est le nombre du mystère, la spiritualité, il est magnifique.
13:51 Vous serez où dans 10 ans ?
13:53 Je serai là où le destin a décidé.
13:55 C'est vrai que vous écrivez des chansons ?
13:57 J'écris des poèmes, oui.
13:59 Vous m'avez bien piégé là.
14:01 Parce que c'était le secret que je voulais garder.
14:03 Le cinéma ?
14:04 Ça ne m'intéresse pas tant que ça.
14:06 Qu'est-ce qui ne vous fait pas rire mais pas du tout ?
14:09 Ce qui n'est pas marrant.
14:11 Qu'est-ce qui vous indigne ?
14:12 L'injustice et la paresse intellectuelle, le manque de nuance.
14:17 L'argent fait-il le bonheur ?
14:18 Non, il fait le confort.
14:20 L'ennemi pour les humoristes, c'est le confort, c'est l'embourgeoisement ?
14:24 Je pense que le confort est l'ennemi global de la créativité.
14:27 La dernière fois que vous avez pleuré ?
14:29 Une rupture amicale.
14:31 L'humour politique, ce n'est pas pour vous ?
14:34 Si, je pourrais, mais je préfère l'humour social.
14:40 La meilleure humoriste femme à vos yeux ?
14:43 J'aime beaucoup Marina Rollman.
14:45 Florence Foresti est un modèle.
14:50 Instagram ou Twitter ?
14:53 Instagram, de très loin.
14:55 Click ou quotidien ?
14:56 Click.
14:57 Vous regardez quoi à la télé quand vous faites une insomnie ?
14:59 Je regarde des documentaires animaliers et du foot.
15:01 Ça ne m'étonne pas.
15:02 OM ou PSG ?
15:04 PSG, mais en vrai, Real Madrid et Arsenal, c'est mes clubs de cœur.
15:07 Mbappé ou Zidane ?
15:08 Zidane.
15:09 Ninho ou Relson ?
15:11 Ah, c'est dur ça, Ninho.
15:15 Gad Elmaleh ou Redouane Bouguéraba ?
15:17 Waouh, mais là ce sera possible, c'est très dur.
15:20 C'est vos deux potes.
15:22 Je connais Redouane depuis plus longtemps, mais Gad m'a donné envie de faire ce métier.
15:26 Je vois les deux en ce moment.
15:27 C'est dur.
15:28 Coluche ou Raymond Devos ?
15:30 Raymond Devos.
15:31 Le Sénégal ou l'Andalousie ?
15:33 Oh, l'Andalousie parce qu'il y a un mélange de toutes les cultures.
15:37 Et l'amour dans tout ça, pour finir ?
15:40 L'amour, c'est lui qui décide.
15:42 Et il est là ?
15:43 Love is king, Shade.
15:44 Il est là, il est là partout.
15:47 C'est flou ça.
15:48 C'est flou, oui.
15:49 Quand il y a un flou, il y a du loup.
15:52 Romane Fréciné, le spectacle "Au-dedans".
15:55 50 minutes intelligentes et très drôles.
15:58 C'est ce soir sur Canal à 21h.
16:00 Merci à vous d'avoir été là, parce que vous faites très peu d'interviews.
16:02 Merci d'avoir été là.
16:03 Merci d'offrir un endroit où on se sent à l'aise de venir.
16:05 Belle journée.

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