L'Heure des Pros (Émission du 30/01/2024)

  • il y a 8 mois
Pascal Praud et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDPros

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00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue à l'heure des pros sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et
00:00:05 évidemment jusqu'à 10h30 sur CNews. Il s'appelle Christian, Nicolas ou Karine.
00:00:10 Depuis une dizaine de jours vous les entendez, vous les voyez, vous les
00:00:14 découvrez peut-être. Ils parlent de l'amour de leur métier.
00:00:18 Ils ne se plaignent jamais des heures passées à la ferme, des vacances qu'ils
00:00:22 n'ont pas, de la vie qu'ils mènent et qu'ils ont choisi. Ils parlent juste, ils
00:00:26 parlent bien, sans agressivité, sans menaces, sans éléments de langage, loin
00:00:32 des clichés qui collent parfois ce monde paysan. Ils jouent leur peau et ils
00:00:36 gardent une dignité de seigneur. Les journalistes de CNews qui sont sur le
00:00:41 terrain me rapportent tous la même chose. Ils sont formidables et leur parole fait
00:00:46 du bien. On vit ensemble, on dort ensemble, j'allais dire on meurt ensemble.
00:00:50 Que demande-t-il ? Le minimum, qu'on les respecte, qu'on les paye au juste prix,
00:00:55 qu'on pense à leur avenir. Ces hommes, ces femmes, ces visages, ces paroles, ces
00:01:02 caractères incarnent une France qui perdure. Ils disent tous qu'ils sont de
00:01:07 simples paysans. Ils ne se poussent pas du col, comme on disait autrefois.
00:01:11 Ils nous donnent une leçon de courage, de travail, de cœur.
00:01:16 L'authenticité de ce monde nous saute au visage et fracasse la morgue, la
00:01:21 froideur, le mépris de ceux que je nomme les petits hommes gris, ceux de Bruxelles
00:01:24 ou Paris qui moquent leurs conditions. Les paysans sont debout, leur révolte est
00:01:30 indispensable. Puissions-nous les écouter, les aider et les soutenir ?
00:01:36 Il est 9h01, Chana Lusso.
00:01:40 Bonjour Pascal, bonjour à tous. Les agriculteurs ne décollèrent pas.
00:01:53 8 points de blocage sont toujours actifs autour de la capitale.
00:01:56 Près de 10 000 agriculteurs sont mobilisés au total dans toute la France,
00:02:00 dont près d'un millier autour de Paris. Parmi eux, Frédéric Arnoux sur
00:02:05 l'autoroute A6. Il est agriculteur céréalier en Essonne et il demande des
00:02:09 mesures dans la durée. On attend des annonces bien plus concrètes que celles
00:02:13 de vendredi, puisqu'en fait aujourd'hui il n'y a pas loin de 70, 80 000
00:02:16 agriculteurs partout en France. Aujourd'hui l'agriculture a vraiment
00:02:19 besoin d'un cap, d'une visibilité. Il faut qu'on sache où est-ce qu'on veut. On veut
00:02:23 des mesures structurantes. On n'est pas là pour demander des mesures
00:02:25 conjoncturelles. On veut vraiment des mesures structurantes. On se bat pour les
00:02:28 années à venir en fait. Le convoi qui se dirigeait vers Rungis a été bloqué par
00:02:32 les CRS sur l'autoroute A20. Ces centaines de tracteurs avaient pris la
00:02:36 route ce matin depuis Limoges. Une grande majorité a réussi à contourner le
00:02:40 blocage des forces de l'ordre. Le convoi est donc attendu à Rungis
00:02:44 aujourd'hui ou demain. Le site a été placé sous haute protection mais les
00:02:48 agriculteurs sont déterminés. La coordination rurale n'attend pas grand
00:02:52 chose des annonces de Gabriel Attal. Selon Christian Convers, secrétaire
00:02:56 général du syndicat, ce qu'ils veulent c'est Emmanuel Macron. On attend la
00:03:00 deuxième partie des annonces mais je pense que la primeur reviendra au
00:03:05 président et nous c'est le président qu'on veut voir. L'histoire de la
00:03:10 pression, des blocages c'est surtout dans ce but là. Je pense que même cette nuit
00:03:13 on aurait pu aller une entrevue d'une heure un maximum. Voilà pour l'essentiel
00:03:20 de l'information c'est à vous Pascal. Merci Chana, Charlotte Dornelas, Vincent
00:03:24 Hervouet, Joseph Macescaron, Eric Revelle, Gautier Lebret. Et donc Christian
00:03:28 Convers est avec nous. Bonjour monsieur Convers. L'autre jour vous êtes venu dans
00:03:32 cette édition. Dans ce monde où tout est faux, tout est faux, on entend une
00:03:38 parole vraie et croyez moi ça change et ça fait du bien.
00:03:42 Quand je dis que tout est faux, j'ai rien contre Gabriel Attal, au contraire je
00:03:45 trouve qu'il est plutôt doué dans la com. Mais ce qu'il a fait vendredi c'est
00:03:49 de la pure com, point. Et ce télescope, un monde de com, la paille, les trucs, le
00:03:55 machin, et puis la réalité. Et vous, c'est pas de com dont vous avez
00:03:59 besoin, c'est juste de renverser la botte de
00:04:02 foin. C'est de tout changer le logiciel. Et ça je sais pas si vous allez pouvoir y
00:04:07 arriver, mais c'est une prise de conscience. Et effectivement Emmanuel
00:04:11 Macron hier a refusé les accords du Mercosur. C'est une avancée. C'est une
00:04:16 avancée, bien sûr. Dans la parole. Dans la parole, comme vous dites, après avoir
00:04:21 négocié et avoir mis des pours. C'est plus suspendu qu'arrêté.
00:04:28 Peut-être prend-il... On verra après demain. Parce qu'il est comme nous, il entend, il
00:04:33 écoute, il voit ces gens. Votre parole, je vous assure, dans ce monde d'aujourd'hui,
00:04:38 je la trouve mais saisissante. Et puis avec l'humilité,
00:04:43 parce que tous vous dites on est des simples paysans. D'abord vous n'êtes pas
00:04:47 des simples paysans justement. Si, vous me donnez la parole. Merci.
00:04:54 Oui, si, je suis simple agriculteur on va dire. Je passe, j'ai écouté ce que j'ai
00:04:59 pu écouter en venant, de la part de ce qu'on appelle le patron que vous
00:05:02 annoncez souvent, enfin qui est présenté comme ça partout sur les chaînes.
00:05:05 Monsieur Rousseau. Le patron de la FNSE. Alors je suis pas son valet.
00:05:09 L'agriculture, si vous me donnez une minute ou deux, je vais quand même vous
00:05:13 dire, c'est important de savoir toujours de où on vient. Moi j'étais au départ,
00:05:17 j'ai commencé agriculteur à la FNSE. Il y a 30 ans, je sais pas si vous vous rappelez,
00:05:23 vous qui parlez souvent des gens avec les cheveux que vous avez, peut-être que
00:05:27 vous vous en rappelez, il y a 30 ans, peu plus de 30 ans, 91, le dimanche des
00:05:31 Terres de France. Dimanche des Terres de France, ça s'est passé à Paris, là on
00:05:35 était monté nombreux, un quart de mon canton. On avait un agriculteur à la
00:05:39 tête du syndicalisme, Raymond Lacombe, qui venait de la Veyron.
00:05:45 Effectivement, des gens attachés au territoire, attachés aux produits,
00:05:48 attachés à ce qu'était l'agriculture. Donc là-dedans, on se
00:05:52 reconnaissait tous. Ce que j'ai entendu ce matin, non, c'est un petit peu ce qu'on
00:05:57 combat, la représentation de l'agriculteur par ce qu'on appelle le
00:06:01 patron, c'est sûr, ils ont tout mis en place ces gens-là, ils ont tout mis en
00:06:03 place, ils ont toutes les manettes, toutes les manettes, toutes les chambres
00:06:07 d'agriculture, les affaires, les coopératives, Avery, les compagnies, le
00:06:12 groupe qui, voilà, je sais pas si les agriculteurs peuvent encore se
00:06:16 reconnaître là-dedans, c'est une agriculture qui est plutôt défendue, qui
00:06:20 est représentée par des gens qui sont plus du côté de la mondialisation, des
00:06:24 échanges. - Et M. Rousseau aussi ? - Je vous parle de M. Rousseau,
00:06:29 c'est un petit peu ce que j'entends quand même. Alors c'est sûr que oui,
00:06:32 l'agriculteur que je suis, bon, je lui arrive pas la cheville, je reconnais ça,
00:06:36 mais je peux dire quand même que quand j'ai entendu hier plus de trois
00:06:39 heures et quelques d'échange avec le Premier ministre, je pense qu'en une
00:06:42 heure, on est capable de lui dire tout ce qu'on a à lui dire, on n'a pas 120 mesures,
00:06:45 on en a cinq. Alors je sais pas ce qu'ils ont pu négocier, des postes pour les...
00:06:49 - Rousseau, il vous a ciblé ce matin, d'ailleurs, si Marine Le Manson peut
00:06:53 trouver ce passage, et c'est Sonia Mabrouk qui me le rappelle à l'instant, il a
00:06:58 appelé à l'ordre, il dénonce votre surenchère en privé, il dit que vous êtes
00:07:03 les gilets jaunes de l'agriculture. - C'est la couleur qui fait dire ça ?
00:07:08 Peut-être qu'il se trompe avec les couleurs jaunes de Saint-Sauline,
00:07:12 j'en sais de rien. Bon, je crois que les agriculteurs que je représente,
00:07:16 monter sur Rungis, c'est aussi un symbole, je pense qu'on dit quand même la
00:07:21 même chose, ce qu'on veut c'est rencontrer les politiques. On aurait pu
00:07:25 cette nuit, hier on a vu le président, il est rentré d'Inde, il repart, bon, il a
00:07:29 ses obligations, il rencontre les handballeurs, c'est très bien, bon, il ne peut pas
00:07:34 nous accorder une heure, lui ou même Rousseau, deux heures avec la FNSEA,
00:07:38 puis une heure à nous, ça nous suffit pour lui dire, alors ce que j'ai quand même
00:07:42 entendu, bon, le ministre fait ce qu'il peut, le ministre n'y est pour rien de
00:07:47 cette situation qu'il trouve, la communication sur la botte de paille,
00:07:50 je suis désolé, c'est très bon, c'est très bon, en termes de
00:07:54 communication, bon, après, monsieur Rousseau, il aurait peut-être dû
00:07:57 aussi avoir un petit peu d'humilité, reconnaître un peu le départ, c'est qui
00:08:00 qui a mis le détonateur ? Il ne vous en a pas parlé, vous ne lui avez même pas
00:08:04 interrogé pourquoi le GNR, ça a commencé comme ça, c'est parce qu'il a accepté,
00:08:07 qu'il a signé, parce qu'il avait des intérêts ailleurs, enfin, c'est quand même lui
00:08:10 qui s'est pas... - Ecoutez ce qu'il a dit, vous allez pouvoir... - Ah, il a dit, je n'ai pas pu
00:08:13 l'entendre, j'étais dans les trajets, ça vaut bien à Paris aujourd'hui, c'est peut-être grâce à lui.
00:08:18 - C'est dommage, ça serait bien que vous soyez tous les deux sur le même plateau.
00:08:21 - Ben oui, mais bon, c'est pas bien non plus de s'invectiver entre syndicalistes, mais on peut se dire des choses, effectivement.
00:08:26 - Bon, écoutez-le.
00:08:28 - Évidemment, mes premiers mots ce matin, c'est pour l'ensemble de mes collègues agriculteurs,
00:08:33 nous sommes sur le terrain depuis des jours, je sais que les attentes sont fortes,
00:08:38 j'entends les demandes partout, je rappelle la nécessité du calme, de la non-violence,
00:08:45 de la grande détermination qu'ils me disent à chaque fois, et au moment où je suis,
00:08:49 je veux vous dire que j'ai reçu encore une fois le message de 5 sur 5,
00:08:52 toute la nuit, avec les conversations que j'ai eues avec les uns et les autres, la détermination est totale,
00:08:56 il faut le faire dans l'ordre, il faut le faire dans la rigueur,
00:09:00 et il faut le faire dans l'échange, c'est ce qu'on a fait hier matin.
00:09:03 - Monsieur Convert.
00:09:04 - Oui, je suis d'accord quand même sur bon nombre de points qui sont donnés là,
00:09:08 l'ordre, la rigueur et tout ça, je partage, bien sûr qu'on partage beaucoup de choses,
00:09:15 le mouvement il est parti, on l'avait annoncé la coordination rurale,
00:09:19 mais en fait on a même été doublé, on n'a pas été doublé par la FNCV, on a été doublé par le terrain,
00:09:23 ça a commencé là avec un certain Jérôme que je ne connais pas,
00:09:26 mais je peux dire chapeau puisque de toute façon les agriculteurs qui sont sur le terrain,
00:09:29 ils partagent exactement ce que je partage, ils n'attendent pas leur bonheur des syndicats,
00:09:33 je ne crois pas, même si je suis syndicaliste et que je l'ai toujours été, ils n'attendent pas.
00:09:38 - Non mais on retrouve la même chose que pendant la crise des Gilets jaunes,
00:09:43 des gens qui ne sont pas représentés ou qui sont mal représentés,
00:09:47 et on voit bien les corps intermédiaires ne répondent plus d'ailleurs,
00:09:50 parce que si vous allez parler avec M. Crousseau et que M. Rousseau ne représente pas ses paysans, c'est compliqué.
00:09:56 - Et même ceux qui font partie de la FNSOA, parce que Jérôme Bell est membre de la FNSOA,
00:09:59 mais on l'a vu au début, si si il était membre de la FNSOA,
00:10:02 le décalage entre la base de la FNSOA et la tête qu'est Arnaud Rousseau.
00:10:06 - Et il y a tellement de diversité semble-t-il parmi les paysans,
00:10:10 que forcément les intérêts des uns ne sont pas forcément les intérêts des autres.
00:10:14 - Il y a les diverses productions, il y a les territoires,
00:10:16 je pense qu'effectivement, alors qu'il y a aussi ceux qui montent du Lot-et-Garonne,
00:10:20 Lot-et-Garonne ce n'est pas le nord de Paris, ce n'est pas la même agriculture.
00:10:23 - Aujourd'hui, qu'est-ce qui va se passer ?
00:10:27 Qu'est-ce que vous demandez et comment vous imaginez ?
00:10:29 Parce que là j'ai l'impression qu'on est dans une situation de blocage.
00:10:31 - D'attente. On dit style au compte-gouttes, j'ai entendu hier la porte-parole du gouvernement,
00:10:38 pareil dans la communication ils sont très bons, donc il n'y a pas d'annonce.
00:10:43 De toute façon il y a eu une première partie d'annonce,
00:10:45 je ne sais pas ce qui a été négocié hier soir avec la FNSEA,
00:10:48 mais je pense qu'en trois heures ils ont dû négocier des choses.
00:10:51 Peut-être, est-ce que je peux y voir un signe du blocage de notre acteur là-bas ?
00:10:55 Parce que diviser le mouvement, impeccable,
00:10:57 donc c'est très bien pour en sortir ça quand on divise.
00:11:01 Bon, je pense que ceux qui viennent, d'ailleurs il y a la consigne partout sur le terrain,
00:11:06 que tous ceux qui ont les drapeaux jaunes qui sont chez nous,
00:11:09 interdit de se mettre dans le même cortège, il faut se mettre derrière.
00:11:11 - Mais par rapport à vendredi, moi on me dit que plus de la moitié des manifestants sont rentrés chez eux.
00:11:19 - Ah bon ?
00:11:20 - C'est ce que dit plutôt le ministère, c'est ce qu'ils m'ont dit moi.
00:11:27 Ils m'ont dit que la révolte est stoppée quasiment à 50% voire 60%,
00:11:33 quand je parle sous le contrôle de notre ami Gauthier.
00:11:37 Les éléments qui sont donnés...
00:11:39 - Il faut voir par rapport à quels chiffres ils se basent.
00:11:41 - Oui, mais c'est vrai.
00:11:43 - C'est-à-dire que si les chiffres de la mobilisation première,
00:11:47 avant l'intervention de Gabriel Attal, ont été gonflés pour avoir un effet d'optique,
00:11:52 en se disant "on a gonflé les chiffres, il y a la moitié qui est rentrée à la maison",
00:11:54 alors qu'en fait le chiffre de départ était mauvais, vous voyez ce que je veux dire ?
00:11:57 - D'accord.
00:11:57 - Il faut faire attention à ça.
00:11:58 - C'est pour ça que je vous pose la question.
00:12:00 - J'ai eu des échos comme quoi c'était possible aussi.
00:12:02 - Est-ce qu'on essaie d'avancer ?
00:12:04 - Pour montrer en fait une baisse, on trompe l'œil.
00:12:06 - A priori on avait les mêmes chiffres.
00:12:08 - Mais il a réussi à diviser le mouvement, c'est ce qu'il a fait formidablement vendredi.
00:12:10 - Moi j'étais sur le terrain, j'étais sur mon département vendredi,
00:12:14 parce que là je suis parti de là, quand on voit ce qu'on est capable de mobiliser,
00:12:17 ce que les jeunes sont capables de mobiliser en point de temps,
00:12:19 c'est arrivé des tracteurs beaucoup plus qu'on en attendait,
00:12:23 ils ont renouvelé l'opération, ils sont encore sur le terrain aujourd'hui.
00:12:25 - On va écouter quelques échos.
00:12:27 - Voilà.
00:12:28 - C'est vrai qu'on en écoute beaucoup.
00:12:29 - Je pense que depuis huit jours, on s'est fait une idée assez juste,
00:12:33 me semble-t-il, de la situation.
00:12:35 Bon, écoutons quand même, parce que c'est les paroles d'agriculteurs,
00:12:38 je trouve que c'est les plus intéressants.
00:12:40 D'ailleurs moi je suis frappé de la très grande clarté de ces agriculteurs,
00:12:44 de la manière dont ils s'expriment tous,
00:12:46 de leur demande extrêmement précise, de leur détermination.
00:12:50 - On est loin des caricatures.
00:12:52 - Et on est avec des gens extrêmement formés,
00:12:56 notamment parmi les plus jeunes,
00:12:58 ce sont des gens qui savent de quoi ils parlent.
00:13:01 - Écoutons.
00:13:01 - Ils parlent de ce qu'ils vivent.
00:13:03 - C'est indéterminé, tout va dépendre des annonces du gouvernement
00:13:08 dans les prochains jours, prochaines heures,
00:13:10 je ne sais pas quand est-ce qu'ils vont parler,
00:13:11 mais il va falloir des annonces fortes de ce gouvernement
00:13:15 envers ces agriculteurs, s'il veut que la colère s'atténue.
00:13:19 - Tant qu'on n'aura pas les réponses, on est bien organisé,
00:13:21 on est déterminé, on restaura jusqu'à ce qu'on ait les réponses.
00:13:24 - On en a vraiment ras-le-bol en même temps,
00:13:26 des injonctions contradictoires sur l'environnement,
00:13:29 on nous parle de souveraineté alimentaire
00:13:30 et en même temps on nous met des bâtons dans les roues en permanence.
00:13:32 Ce n'est que des contraintes, il n'y a que ça,
00:13:34 et c'est usant au quotidien.
00:13:35 On est très nombreux, tout le monde est très mobilisé,
00:13:38 donc on peut se relayer sur les blocus,
00:13:40 on a tout ce qu'il faut pour tenir,
00:13:43 donc durée indéterminée.
00:13:45 Pour l'instant, il n'y a pas de fin.
00:13:47 La balle est vraiment dans le camp du gouvernement.
00:13:51 - Moi je reste jusqu'à jeudi, minimum,
00:13:53 on attend les annonces, vendredi je pense qu'on sera encore là,
00:13:55 déjà pour ranger, pour ouvrir, tout ça à rentrer,
00:13:58 mais jusqu'à jeudi minimum.
00:14:00 - On va rester jusqu'à temps d'avoir vraiment des réponses claires,
00:14:04 parce que là c'est vraiment plus possible d'avoir que des paroles,
00:14:07 je suis désolé mais ce n'est pas possible.
00:14:09 On est entrepreneur, on est chef d'entreprise,
00:14:11 on n'est pas respecté, on n'est pas écouté.
00:14:13 - On va se relayer avec les collègues,
00:14:15 mais après on va avancer, s'il faut avancer on avancera.
00:14:19 - Et jusqu'où, vous êtes prêts à aller jusqu'à Paris ?
00:14:22 - Jusqu'à Paris, on ira déloger Macron dans son bureau.
00:14:25 - C'est très intéressant parce qu'on est très loin des caricatures,
00:14:27 si on ne savait pas la profession que faisaient ces gens-là
00:14:30 et qu'on les écoutait, on pourrait dire que c'est des cadres d'entreprise.
00:14:34 - Mais d'où viennent les caricatures ?
00:14:36 - Alors, les caricatures elles sont parfois dans l'imagerie populaire.
00:14:40 - Une série de rémissions de télévision ?
00:14:41 - Je ne voulais pas citer Karine Lemarchand,
00:14:44 parce qu'elle a pris la parole également,
00:14:46 mais c'est vous qui, je vous laisse la responsabilité de ce que vous avez dit.
00:14:50 - On est nombreux à partager le point de vue de Gauthier sur ce sujet.
00:14:54 - Bon, écoutons François-Xavier Huppin,
00:14:56 qui est secrétaire général adjoint des Jeunes agriculteurs.
00:14:59 Je ne sais pas si vous vous reconnaissez dans ce qu'il dit.
00:15:01 - Je vais voir. - Écoutez.
00:15:03 - Il y a un terme qui est beaucoup utilisé en ce moment,
00:15:05 c'est le changement de logiciel.
00:15:07 Oui, il faut que ça change.
00:15:08 Aujourd'hui, il faut tout mettre à plat,
00:15:10 il faut arrêter de se retransposer,
00:15:11 il faut arrêter qu'il y ait une loi qui recroise une autre loi.
00:15:14 On demande à des agriculteurs de s'installer,
00:15:17 on est en train de faire une LOA,
00:15:18 donc une loi d'orientation agricole pour installer des jeunes,
00:15:21 et on est en train de nous dire que dans cinq ans,
00:15:23 il faut passer à la transition écologique.
00:15:25 - Bon, un mot avec Nicolas,
00:15:27 parce que Nicolas, je l'ai eu hier sur Europe 1,
00:15:30 je l'ai eu hier soir sur CNews,
00:15:33 il est éleveur de chèvres, 150 chèvres.
00:15:37 Il est parti d'Agen et il est sur, non pas sur un tracteur,
00:15:42 mais il est dans un convoi qui monte à Paris et à Rungis.
00:15:46 Il gagne 350 euros par mois,
00:15:50 il est sur l'exploitation uniquement avec son épouse,
00:15:53 ils sont deux, il a pris six jours de vacances,
00:15:55 et il a une expression extraordinaire,
00:15:57 il a dit "on prend des vacances de divorcés".
00:15:59 C'est-à-dire qu'ils ont deux filles,
00:16:00 il est pris trois jours avec ses deux filles,
00:16:03 et sa femme a pris ensuite trois jours avec ses deux filles.
00:16:08 - Parce qu'ils ont pris un service de remplacement.
00:16:09 - Parce qu'il ne peut pas laisser les chèvres sans...
00:16:11 - Non, il a dû prendre un service de remplacement qu'il doit payer.
00:16:13 Il n'y a pas d'autre solution.
00:16:14 - Donc il ne l'a pas pris.
00:16:15 Il ne l'a pas pris, c'est pour ça que sa femme est restée.
00:16:17 Il dit "je prends des vacances de divorcés",
00:16:20 c'est-à-dire que je pars tout seul alors que je suis en couple,
00:16:22 avec mes filles.
00:16:23 Six jours dans l'année !
00:16:24 Six jours dans l'année de vacances pour ces deux personnes.
00:16:27 Et je l'ai eu hier, Nicolas,
00:16:29 et je lui ai dit "je vais vous rappeler ce matin",
00:16:31 parce qu'ils ont roulé, alors peut-être pas toute la nuit,
00:16:33 ils ont dû dormir.
00:16:34 Nicolas, bonjour !
00:16:36 - Oui, bonjour !
00:16:37 - Bonjour, on vous voit bien,
00:16:39 parce qu'hier soir on ne vous voyait pas dans le camion.
00:16:44 Vous êtes où ?
00:16:49 - On le voit, on l'entend.
00:16:50 - Alors aujourd'hui on vous voit,
00:16:51 mais hier soir on vous entendait,
00:16:53 mais là on vous voit,
00:16:54 mais le réseau doit être compliqué.
00:16:57 Vous êtes où et qu'est-ce qui vous est arrivé ?
00:16:59 Alors je vais le dire,
00:17:00 parce que je sais ce qui vous est arrivé,
00:17:01 vous avez été bloqué un moment.
00:17:03 Est-ce que vous m'entendez, Nicolas ?
00:17:06 Eh oui, il y a des réseaux dans les...
00:17:08 - Je vous entends très bien.
00:17:09 - Bon, vous m'entendez, mais moi je ne vous entends pas.
00:17:11 Bon, comme vous êtes en train de rouler,
00:17:13 ça va être difficile.
00:17:14 Donc je vais raconter ce qui vous est arrivé.
00:17:16 Vous êtes donc quitté H1,
00:17:18 et après Limoges, visiblement,
00:17:20 les forces de l'ordre sont arrivées,
00:17:21 vous ont fait sortir,
00:17:23 vous ont mis dans une souricière,
00:17:24 et puis malgré tout,
00:17:26 vous avez réussi à sortir de la souricière,
00:17:28 et vous êtes, parce que les engins agricoles
00:17:31 peuvent sortir de lieux improbables,
00:17:35 et là vous êtes en route pour Paris.
00:17:37 C'est bien cela ?
00:17:39 - Alors on est en route,
00:17:41 on va s'arrêter à Vierzon,
00:17:43 et on doit s'arrêter à Vierzon de toute façon,
00:17:46 et on est en route, et on est déterminés,
00:17:48 on ira jusqu'au bout.
00:17:49 - Bon, mais ils vous ont bloqué,
00:17:51 nous sommes d'accord,
00:17:52 et vous avez réussi à débloquer le blocage,
00:17:54 si j'ose dire.
00:17:55 - Alors ils nous ont bloqué, oui.
00:17:58 Ils nous ont bloqué,
00:17:59 mais ça a duré à peine 10 minutes,
00:18:01 on a réussi à passer à une barrière de sécurité,
00:18:05 et on a continué,
00:18:06 et de toute façon, je vais vous dire,
00:18:08 on a tout ce qu'il faut,
00:18:09 tout est très bien organisé,
00:18:11 nous avons du gasoil,
00:18:13 nous avons de quoi manger,
00:18:15 nous avons des tracteurs avec des lames
00:18:18 pour faire des passages,
00:18:19 si jamais, et nous allons passer, c'est sûr.
00:18:23 - Bon.
00:18:23 - Et je veux dire à M. Darmanin
00:18:26 que tout va bien se passer,
00:18:27 qu'il ne s'inquiète pas,
00:18:28 on est tous les gens responsables,
00:18:30 et tout va bien se passer.
00:18:32 - Bon, vous avez pu dormir un peu quand même Nicolas,
00:18:34 cette nuit ?
00:18:36 - Alors oui, parce que comme c'est très très bien,
00:18:38 le convoi est très bien organisé,
00:18:39 nous avons dormi à la chambre d'agriculture de Limoges,
00:18:44 on nous avait préparé très bien à manger,
00:18:47 on a dormi sur place,
00:18:49 et ce matin on s'est levé à 4h,
00:18:51 on est parti à 5h.
00:18:52 - Bon, et là vous êtes sur des petites routes,
00:18:54 vous n'allez pas prendre l'autoroute
00:18:56 pour arriver jusqu'à Paris ?
00:18:59 - Oui, mais nous on a l'habitude des petites routes,
00:19:01 on est agriculteurs,
00:19:02 la campagne ça nous connaît,
00:19:03 on se sent mieux même.
00:19:04 - Bon.
00:19:05 - Et on passe dans les villages,
00:19:06 les gens nous applaudissent partout.
00:19:07 - Bon, oui, c'est ça,
00:19:09 on a l'impression que c'est la caravane du Tour de France,
00:19:11 vous n'avez pas du tout un péteur.
00:19:12 - C'est ça, exactement.
00:19:14 - Nicolas, vous avez donc quitté la ferme
00:19:16 depuis 2-3 jours ?
00:19:18 - Oui, 2 jours, oui.
00:19:22 - 2 jours.
00:19:22 - Et rien le matin.
00:19:23 - Donc c'est peut-être la première fois
00:19:25 depuis très longtemps
00:19:26 que vous ne voyez pas vos chèvres ?
00:19:28 - Ah oui !
00:19:33 Mais moi aussi,
00:19:35 c'est, ouais,
00:19:36 on va pour en voir d'autres,
00:19:37 peut-être si on rencontre
00:19:38 quelques personnes du gouvernement,
00:19:39 on en verra d'autres, des chèvres.
00:19:41 - Ah ah ah !
00:19:43 - Nicolas, c'est vrai que…
00:19:47 - Non, non, écoutez, de toute façon,
00:19:49 je vais vous dire,
00:19:53 moi, comme vous l'avez dit,
00:19:55 vu mon salaire, vu ma condition,
00:19:57 là, vous savez,
00:19:59 il y a Bruno Le Maire, il vient d'annoncer
00:20:01 encore 10% de plus d'électricité.
00:20:03 Moi, personnellement,
00:20:04 je payais 500 euros par mois d'électricité,
00:20:06 maintenant j'en paye 800,
00:20:08 j'en payais 1000.
00:20:09 Comment voulez-vous que ça fonctionne ?
00:20:11 Je vais mettre la clé sur la porte.
00:20:13 Donc c'est où on trouve des solutions,
00:20:15 et alors que surtout,
00:20:17 on ne nous dise pas que c'est l'Europe.
00:20:19 À ce moment-là, si c'est l'Europe,
00:20:21 à quoi ça sert qu'on est un ministre de l'Agriculture ?
00:20:23 À quoi ça sert qu'on est un président ?
00:20:25 Il faut trouver une solution.
00:20:27 La solution, c'est à eux de la trouver,
00:20:29 nous, oui.
00:20:31 - Non, non, mais j'ai compris,
00:20:33 ça ne passe pas toujours très bien,
00:20:35 parce qu'évidemment, vous êtes en train de rouler.
00:20:37 Moi, ce que je vous propose, de toute façon,
00:20:39 et dès que vous êtes à Paris,
00:20:41 vous venez sur notre plateau,
00:20:43 parce que votre témoignage est saisissant,
00:20:45 il est intéressant, bien évidemment.
00:20:47 - Alors, en direct,
00:20:49 je suis aussi avec Benoît,
00:20:51 qui est président
00:20:53 de la circulation rurale
00:20:55 du département de Tarn-et-Garonne.
00:20:57 Donc on peut venir tous les deux.
00:20:59 - Et bien, alors,
00:21:01 franchement, Nicolas, vous venez tous les deux,
00:21:03 et vos témoignages,
00:21:05 comment dire,
00:21:07 nous intéressent.
00:21:09 Merci, soyez prudents sur la route, Nicolas,
00:21:11 et nos amitiés, bien sûr, à Benoît.
00:21:13 - Merci.
00:21:15 - Je vous en prie.
00:21:17 - Et surtout à monsieur Darmanin,
00:21:19 ça va bien se passer.
00:21:21 Il a l'habitude de dire ça,
00:21:23 ça va très bien se passer.
00:21:25 - D'abord, sachez qu'il nous écoute, monsieur Darmanin.
00:21:27 Il nous écoute tous, sachez-le.
00:21:29 Et effectivement,
00:21:31 d'ailleurs, je suis persuadé
00:21:33 qu'ils sont d'accord avec vous,
00:21:35 mais non, ils...
00:21:37 Ils héritent d'une situation
00:21:39 qu'ils n'ont...
00:21:41 dont ils ne sont pas les seuls responsables.
00:21:43 Merci beaucoup, Nicolas.
00:21:45 - Merci à vous.
00:21:47 - C'est l'occasion, je ne sais pas si votre épouse
00:21:49 vous écoute en ce moment,
00:21:51 mais c'est l'occasion de passer le message
00:21:53 à votre famille.
00:21:55 Et également à vos filles.
00:21:57 - Les filles sont à l'école
00:21:59 et ma femme est en train de travailler,
00:22:01 donc elle ne peut pas regarder la télé.
00:22:03 - C'est sûr que les gens qui nous regardent,
00:22:05 ce ne sont pas...
00:22:07 Ce sont des gens qui ne travaillent pas forcément à ce temps-là.
00:22:09 Merci en tout cas, Nicolas.
00:22:11 Et merci pour cette bonne humeur
00:22:13 et cette vitalité qui est la vôtre.
00:22:15 - Il y a quelque chose qui me frappe.
00:22:17 Nicolas a dit "je paie maintenant 800 euros d'électricité".
00:22:19 Et au même moment,
00:22:21 on apprend que les sénateurs ont augmenté
00:22:23 leur indemnité parlementaire de 700 euros.
00:22:25 Quand les députés l'ont augmenté de 300.
00:22:27 La politique,
00:22:29 c'est affaire de symbole.
00:22:31 - Et ça fait beaucoup réagir.
00:22:33 - Oui, ça fait beaucoup réagir.
00:22:35 Il faut préciser que c'est l'indemnité parlementaire,
00:22:37 l'enveloppe, pour payer les collaborateurs, les trajets, etc.
00:22:39 - Et ça avait été décidé pour les sénateurs
00:22:41 au bout de novembre, avant la crise,
00:22:43 bien sûr, ils auraient pu sursoir,
00:22:45 pourquoi pas, mais vous avez parfaitement raison.
00:22:47 C'est-à-dire que 700 euros,
00:22:49 c'est deux fois l'augmentation,
00:22:51 plus de deux fois ce que gagne
00:22:53 chaque mois Nicolas qu'on vient de voir.
00:22:55 - Il y a une autre chose qu'a dit Nicolas,
00:22:57 on en parlait avec Monsieur...
00:22:59 - On en parlait avec Monsieur hier,
00:23:01 c'est la disparition de Monsieur Marc Fesneau.
00:23:03 Alors là, c'est vraiment...
00:23:05 On ne sait pas.
00:23:07 Ça fait un an et huit mois que M. Marc Fesneau est là.
00:23:09 On aurait pu croire que,
00:23:11 vu ses liens, il est modem,
00:23:13 vu ses liens par exemple avec François Bayrou,
00:23:15 qui lui-même a été exploitant,
00:23:17 il connaissait, il avait ressenti ça,
00:23:19 mais il est aux abonnés absents.
00:23:21 On parle du Premier ministre,
00:23:23 on parle des gens qui n'ont pas vu sa lecture.
00:23:25 - Oui, mais parce que ces sujets-là,
00:23:27 M. Convert, il veut parler à Emmanuel Macron,
00:23:29 c'est bien tout le problème de la Ve République.
00:23:31 Il ne veut pas parler à Marc Fesneau.
00:23:33 Il veut parler à...
00:23:35 M. Convert,
00:23:37 il veut parler au Président de la République.
00:23:39 - Mais il n'est pas le champion du Monde.
00:23:41 - Pardonnez-moi, ça fait combien de temps ?
00:23:43 J'étais pour "Beau jour, on en joue"
00:23:45 chez moi, les panneaux se sont retournés,
00:23:47 ça fait six mois que les panneaux se sont retournés.
00:23:49 - Mais ils n'ont rien vu venir.
00:23:51 - Vous n'avez pas gagné les championnats d'Europe de Hombach ?
00:23:53 - Non, mais il y a plus longtemps que ça, Marc Fesneau.
00:23:55 Je n'ai pas de bons souvenirs des rencontres qu'on a eues,
00:23:57 puisqu'effectivement, on avait l'impression
00:23:59 plutôt de mépris, de pas vraiment...
00:24:01 - C'est nouveau, M. Convert.
00:24:03 - Ce qu'on explique là, ça fait des années.
00:24:05 Donc Marc Fesneau le sait très bien.
00:24:07 De toute façon, Marc Fesneau, maintenant,
00:24:09 on va dire qu'il a la doublure du ministère
00:24:11 de l'Écologie.
00:24:13 Bon, il y a autant de choses qui se passent
00:24:15 à l'écologie, mais il y a beaucoup plus de choses
00:24:17 qui se passent à Bruxelles. En fait, ils ne font que
00:24:19 décliner les politiques, ils ne sont pas
00:24:21 tous responsables. La responsabilité,
00:24:23 elle est là-haut, et après, elle se décline.
00:24:25 - C'est pour ça que ça va être intéressant,
00:24:27 ce qu'il va dire Emmanuel Macron.
00:24:29 Emmanuel Macron, c'est un partisan, mais 100%
00:24:31 européen. - Alors, alors...
00:24:33 - 100%. Et l'agriculture,
00:24:35 c'est l'illustration de ça.
00:24:37 Donc, où il se déjuge complètement ?
00:24:39 - C'est ce qu'il est en train de faire sur le Mercosur.
00:24:41 Il a signé le maître avec le Canada.
00:24:43 - Donc, est-ce que c'est une honte
00:24:45 de changer de trajectoire ?
00:24:47 Moi, je ne pense pas.
00:24:49 C'est sûr que l'exemple est tellement
00:24:51 illustré par l'énergie.
00:24:53 On a vu les décisions qu'ils ont prises,
00:24:55 on a vu ce qu'ils ont fait. Ils ont vu le résultat.
00:24:57 Changement complet.
00:24:59 On repart complètement dans l'autre sens.
00:25:01 L'agriculture, aujourd'hui, s'il se sentait
00:25:03 un peu seul en Europe, ce n'est plus le cas.
00:25:05 Je pense qu'il y a beaucoup de pays aujourd'hui qui sont
00:25:07 dans le même état que nous. S'ils ne changent pas
00:25:09 le logiciel, c'est raide.
00:25:11 - Changement de logiciel. Je ne sais pas qui avait mis
00:25:13 dans l'espace public cette expression
00:25:15 qui depuis a fait florer.
00:25:17 - Je ne sais pas aussi qui a entendu ça.
00:25:19 - À 9h25, je vais saluer
00:25:21 le toujours excellent
00:25:23 Thomas Hill d'Europe 1
00:25:25 à qui je donne la parole.
00:25:27 Bonjour Thomas Hill.
00:25:29 C'était intéressant, bien sûr.
00:25:31 Ça sera intéressant de vous écouter.
00:25:33 Bonjour. Bonjour. Il m'a dit bonjour.
00:25:35 On va marquer
00:25:37 évidemment une pause.
00:25:39 On sera avec Alain Finkielkraut tout à l'heure.
00:25:41 Eh oui.
00:25:43 Ça va être formidable. Pêcheur
00:25:45 de perles.
00:25:47 C'est des mondes. C'est ça l'avantage
00:25:49 de nos émissions.
00:25:51 - La pêche. - La pêche.
00:25:53 - Ce sont des mondes qui se télescopent.
00:25:55 - Il faudra bien lui signifier quand vous êtes à l'antenne
00:25:57 tous les deux.
00:25:59 - Un petit scarabée.
00:26:01 Il ne faut pas dire ça. - Cette séquence est exceptionnelle.
00:26:03 - J'ai vu qu'on parlait
00:26:05 de vous. Hier, vous dormiez ?
00:26:07 Vous n'étiez pas à la récupération ?
00:26:09 - Je vous écoutais depuis chez moi. C'est aussi agréable.
00:26:11 - J'ai vu que ça y est.
00:26:13 Vous êtes dans le Parisien maintenant.
00:26:15 Ils mettent votre photo en plus petit
00:26:17 que Benjamin Duhamel.
00:26:19 J'ai trouvé franchement...
00:26:21 - Vous êtes magnifique.
00:26:23 - Vous l'avez coupé, Benjamin Duhamel.
00:26:25 - Justement, place aux jeunes.
00:26:27 Place aux jeunes.
00:26:29 - C'est vrai que c'est
00:26:31 sympa aussi de se prendre vu là dans votre chaise.
00:26:33 - Du coup, paraît-il
00:26:35 que la maison Attal
00:26:37 a réagi et veut vous inviter
00:26:39 à déjeuner.
00:26:41 Invitez les jeunes journalistes autour de la table.
00:26:43 - No comment.
00:26:45 Vous êtes vraiment...
00:26:47 - Je ne sais pas, c'est ce que vous m'avez dit hier.
00:26:49 - Je ne vous dirai plus rien.
00:26:51 Je ne vous dirai plus rien.
00:26:53 - Jean-Marc Morandini
00:26:55 est avec nous. Il est sur un blocage.
00:26:57 Jean-Marc, bonjour. Vous êtes où ?
00:26:59 - Oui,
00:27:01 bonjour, Pascal. On est sur la 15.
00:27:03 On est entre Gennevilliers et Argenteuil.
00:27:05 C'est le blocage le plus près de Paris
00:27:07 puisqu'on va faire une partie de Morandini Live tout à l'heure
00:27:09 à partir de 10h35 ici.
00:27:11 Vous le voyez derrière moi, il y a cette file.
00:27:13 Il est interrompu
00:27:15 de tracteurs qui est installé.
00:27:17 C'est l'un des blocages
00:27:19 qui est le plus près de Paris.
00:27:21 Ce qui est notable
00:27:23 depuis que je suis arrivé ce matin, d'abord,
00:27:25 c'est la détermination des agriculteurs.
00:27:27 Ils ne bougeront pas. Ils vont rester là.
00:27:29 Ils sont convaincus que les annonces que pourrait faire
00:27:31 Gabriel Attal aujourd'hui
00:27:33 ne seront pas efficaces, ne vont pas débloquer
00:27:35 la situation. Ils n'ont aucun espoir
00:27:37 dans ce qui peut se passer.
00:27:39 Ce que je voulais juste vous dire également,
00:27:41 c'est le soutien non-stop
00:27:43 de la population
00:27:45 et des voitures qui passent.
00:27:47 De l'autre côté de l'autoroute, c'est bloqué.
00:27:49 Mais de l'autre côté, il y a des voitures en permanence.
00:27:51 Il y a le soutien
00:27:53 permanent des automobilistes.
00:27:55 Tout est installé.
00:27:57 Ici, je vous montre rapidement,
00:27:59 parce que je sais que vous devez faire la pause après.
00:28:01 Je vous montre rapidement.
00:28:03 Tout est installé pour rester
00:28:05 pendant plusieurs jours. Il y a des camions
00:28:07 frigorifiques également qui seront installés.
00:28:09 Il y a le bois qui va servir
00:28:11 à chauffer pendant les
00:28:13 nuits puisqu'ils dorment
00:28:15 dans les camions, ils dorment par terre,
00:28:17 ils dorment dans les tracteurs.
00:28:19 C'est une ambiance très particulière, très sympathique
00:28:21 il faut le dire aussi, et avec un vrai soutien
00:28:23 de la population. – Merci beaucoup Jean-Marc Morndy.
00:28:25 Je ne pensais pas vous mettre
00:28:27 en difficulté. Ils jouent l'avenir, la maison
00:28:29 Attal. Ils ont raison de
00:28:31 mettre autour de la table les îles pictorialistes
00:28:33 de demain. – Je vous rappelle qu'un célèbre
00:28:35 dîner à l'Elysée, auquel je n'étais pas,
00:28:37 avait fait polémique.
00:28:39 Il faut être toujours très précautionné avec ces choses-là.
00:28:41 Dire qu'effectivement, il arrive
00:28:43 que les journalistes disent… – Mais les journalistes
00:28:45 rencontrent les politiques, enfin les journalistes rencontrent les hommes politiques,
00:28:47 c'est idiot. Évidemment qu'ils les rencontrent, ils échangent
00:28:49 avec eux, bien sûr, et puis c'est à eux de prendre
00:28:51 de la distance. Eux, ils essayent de vous refourguer
00:28:53 leur marchandise, si j'ose dire, et de vous
00:28:55 influencer, et vous, c'est à eux de prendre
00:28:57 de la distance. – Mais après, moi,
00:28:59 Pascal, contrairement à vous, j'ai jamais
00:29:01 encore été invité à prendre le thé à l'Elysée.
00:29:03 – Ça viendra. – Avec une longue cuillère.
00:29:05 – Franchement, là,
00:29:07 non mais vraiment, vous avez… Bon,
00:29:09 M. Convert, vous avez vu l'univers dans lequel on est ?
00:29:11 Tout n'est que mensonges, faussetés,
00:29:13 duplicités, alors que…
00:29:15 – Non, mais nous, c'est pas ça.
00:29:17 Vous avez vu les étiquettes qu'on veut nous coller
00:29:19 et tout, bon, c'est bon, je peux… – Allez,
00:29:21 on est très en retard, restez avec nous, c'est vers 28,
00:29:23 à tout de suite.
00:29:25 Sommeil à l'abidi, bonjour ! Le rappel des titres.
00:29:29 [Musique]
00:29:31 – Bonjour Pascal,
00:29:33 bonjour à tous. Ils souhaitent aller
00:29:35 plus loin dans les réponses, c'est ce qu'aurait confié
00:29:37 Gabriel Attal à Arnaud Rousseau
00:29:39 lors de leur réunion hier.
00:29:41 Interrogé au micro de Sonia Mabrouk,
00:29:43 ce matin, le président de la FNSEA
00:29:45 déclare que la détermination des agriculteurs
00:29:47 est totale. Il précise
00:29:49 que les discussions avec le gouvernement
00:29:51 se poursuivent avant le très attendu
00:29:53 discours de politique générale
00:29:55 du Premier ministre.
00:29:57 En attendant, les agriculteurs, eux, ne décolèrent pas,
00:29:59 ils sont plus que jamais mobilisés
00:30:01 et multiplient les actions coup de poing
00:30:03 et les opérations de blocage un peu partout en France.
00:30:05 Comme vous pouvez le constater
00:30:07 sur cette carte, objectifs bloqués,
00:30:09 les grandes villes et notamment Paris.
00:30:11 Et puis, nul sur les
00:30:13 trois premiers trimestres, finalement,
00:30:15 la croissance annuelle s'établit à 0,9%
00:30:17 en 2023.
00:30:19 Un chiffre qui se rapproche donc
00:30:21 de la prévision de 1% du gouvernement
00:30:23 mais qui reste bien en deçà
00:30:25 des 2,5% de l'année précédente.
00:30:27 - Bon, merci beaucoup.
00:30:29 Monsieur Christian Convert est avec nous.
00:30:31 Le maire Caussour, nous sommes d'accord
00:30:33 que c'est un point de blocage.
00:30:35 Le maire Caussour sait quoi ?
00:30:37 C'est une alliance économique qui repose
00:30:39 sur la libre circulation des biens et des services,
00:30:41 sur l'établissement d'un tarif extérieur commun
00:30:43 et l'adoption d'une politique commerciale commune
00:30:45 vis-à-vis des Etats tiers
00:30:47 ou de groupes tiers.
00:30:49 Vous avez dit c'est mort ?
00:30:51 - Oui, oui, le sujet est déjà enterré en réalité.
00:30:53 C'était un sujet
00:30:55 qui devait être évoqué
00:30:57 la semaine dernière.
00:30:59 On disait qu'il devait être évoqué
00:31:01 au prochain Conseil européen,
00:31:03 après-demain, à Bruxelles.
00:31:05 Comme il y a des paysans en plus qui sont
00:31:07 eux aussi en colère. - Et qu'est-ce que vous dites ?
00:31:09 - En Belgique, on va les entendre, en Roumanie, en Pologne.
00:31:11 Il n'y a pas que les Français donc.
00:31:13 Donc à Bruxelles, on devait en parler après-demain
00:31:15 mais il semblerait que ce soit
00:31:17 définitivement enterré. La seule chose dont on parlera
00:31:19 après-demain, c'est le sujet...
00:31:21 - Ça veut dire quoi ? - C'est suspendu.
00:31:23 - On a dit à Advitam et Ternim,
00:31:25 on a dit à Mme Van Der Leyen, mais c'est tombé.
00:31:27 Ce n'est pas le moment. Ce dont on parlera, c'est 4% de Jachère.
00:31:29 - Mais non. - Franchement.
00:31:31 - Pourquoi vous dites... Christian Convert.
00:31:33 - On n'a pas la même perception
00:31:35 des annonces.
00:31:37 - Rendez-vous après-demain. - Les accords continuent.
00:31:39 - Oui, les accords, je pense,
00:31:41 qui sont peut-être portés, ça serait assez sage
00:31:43 dans ce truc-là. Bon,
00:31:45 on ne va pas arrêter non plus de commercer, mais ce qu'on demande,
00:31:47 c'est les distorsions de concurrence avec les autres pays.
00:31:49 - D'accord. - Mais c'est lié tout ça.
00:31:51 Donc, bon, on nous dit quoi ?
00:31:53 C'est reporté, il n'y a pas d'accord de signer demain avec le Chili,
00:31:55 mais ça serait quand ? - Ce que je vous dis, c'est que l'impôt sur les mères-poussures
00:31:57 est reporté, signé, dédié.
00:31:59 On n'en parle plus pour l'instant, mais ça ne règle rien
00:32:01 des problèmes de l'agriculture européenne,
00:32:03 en Europe, et de l'agriculture française
00:32:05 aussi. Et de sa perte
00:32:07 de compétitivité
00:32:09 en Europe. Ça ne règle rien.
00:32:11 - Où on retrouve la question de la transition
00:32:13 écologique ? Avec la transition écologique
00:32:15 au niveau européen, par exemple, pour les
00:32:17 voitures, il faut, évidemment,
00:32:19 bien sûr, des batteries.
00:32:21 Il faut des semi-conducteurs.
00:32:23 C'est-à-dire que ce que l'on ne dit pas, c'est que le mère-poussure,
00:32:25 le Chili comme l'Argentine,
00:32:27 ils importent des minerais.
00:32:29 Et ces minerais sont essentiels pour la transition
00:32:31 écologique. Donc, pour dire
00:32:33 qu'il faudrait remettre en question le mère-poussure,
00:32:35 cela signifie
00:32:37 tout simplement remettre en question
00:32:39 la transition écologique au niveau
00:32:41 européen, pas simplement pour l'agriculture,
00:32:43 mais aussi pour l'industrie.
00:32:45 - Oui, mais enfin, il y a un moment dans la situation
00:32:47 où on est, on peut très bien dire que l'agriculture
00:32:49 sort de ces accords-là.
00:32:51 Quand on demande ça en exception
00:32:53 agricole, comme ça s'est passé
00:32:55 pour la culture à un moment, on a sorti
00:32:57 la culture de ces accords.
00:32:59 Ce qu'on demande pour l'agriculture, c'est la même chose.
00:33:01 Si on est capable de compter,
00:33:03 je ne sais pas comment dire, d'être compétitif avec les autres
00:33:05 pays, avec les mêmes règles et tout, je pense
00:33:07 qu'on est capable, on n'est pas plus bête que les autres.
00:33:09 Si on n'a pas du tout les mêmes règles, on ne peut pas, c'est tout.
00:33:11 Donc...
00:33:13 - Oui, mais là, vous voyez pas.
00:33:15 - Bon, écoutez,
00:33:17 très court.
00:33:19 - D'un mot quand même, Emmanuel Macron était en Inde,
00:33:21 il est en Suède,
00:33:23 il est n'importe où, il va faire une conférence
00:33:25 de presse pendant que son Premier ministre fera son discours
00:33:27 de politique générale, chercher l'erreur, on n'a jamais
00:33:29 vu ça dans l'histoire de la Ve. Mais,
00:33:31 quand même, il s'occupe un petit peu de ce qui se passe
00:33:33 dans le pays, et notamment,
00:33:35 il a réussi à obtenir, devant
00:33:37 Derleyen, qu'elle enterre pour un temps
00:33:39 cet accord du Mirkošov.
00:33:41 Donc on en reparlera un jour, et pas, c'est plus d'actualité.
00:33:43 - En revanche, il était quand même
00:33:45 à Paris pour recevoir Laurent de Baleur. - Point barre.
00:33:47 - Oui, alors, il y a des images avec Laurent de Baleur, on peut les voir si vous voulez.
00:33:49 Il va parler,
00:33:51 dites-vous, cet après-midi, le président
00:33:53 Macron, une conférence de presse, en même temps
00:33:55 que... - Oui, en même temps, chercher l'erreur.
00:33:57 - Effectivement, c'est quand même... - Ah mais c'est très important,
00:33:59 il est en Suède, il ne va pas marquer
00:34:01 l'événement. - Non mais vous avez raison.
00:34:03 - Le discours de politique générale. - Vous avez raison.
00:34:05 - Vous êtes sûr que c'est vraiment à la même heure ?
00:34:07 - Oui, c'est la conférence de presse,
00:34:09 sur les questions de défense,
00:34:11 en revanche, c'est très très très très important.
00:34:13 - Non, c'est tout à fait essentiel,
00:34:15 cette conférence de presse. - Soyez fiers d'être des
00:34:17 amateurs, disait le président de la République.
00:34:19 Soyez fiers d'être des amateurs !
00:34:21 Non mais c'est vrai que ça se télescope.
00:34:23 Bon, écoutez, on a
00:34:25 à peu près tout dit ce qu'on pouvait dire, de toute façon,
00:34:27 on va attendre jusqu'à jeudi,
00:34:29 il ne se passera rien, il y a le Conseil européen,
00:34:31 jusqu'à jeudi. - Ah bah non, il y a des annonces, normalement, aujourd'hui,
00:34:33 dans le discours de politique générale de Gabriel Attal. - Bah quand même.
00:34:35 - Mais...
00:34:37 - En même temps, quelles annonces quand Emmanuel Macron lui-même
00:34:39 dit que jeudi, il ira voir Madame Van der Leyen
00:34:41 parce que les agriculteurs ont besoin de... - Oui, mais on peut faire quand même des choses à l'échelle française.
00:34:43 - Excusez-moi, cette déclaration, elle est lunaire.
00:34:45 Emmanuel Macron qui prend la parole en disant "Jeudi, je vais aller
00:34:47 voir Madame Van der Leyen parce que les agriculteurs
00:34:49 ont besoin de réponses",
00:34:51 c'est exactement la question qu'on a. - Monsieur Convert !
00:34:53 - Il espère qu'on sera épuisés, c'est tout,
00:34:55 de toute façon, il joue l'épuisement,
00:34:57 c'est pas une mauvaise carte, on a tous
00:34:59 du boulot au port de la tête,
00:35:01 les éleveurs, bon, on se relaie,
00:35:03 même moi, bon, je vais retourner
00:35:05 sur une action syndicale, mais bon,
00:35:07 on est fatigués.
00:35:09 - Mais c'est pas tellement l'épuisement, mon avis, qui...
00:35:11 - Non, mais ça peut marcher. - Non, mais il met en évidence
00:35:13 le lien de vassalité que la France entretient avec Bruxelles.
00:35:15 C'est-à-dire, je vais demander à Madame Van der Leyen
00:35:17 ce qu'elle pense de la situation de nos agriculteurs.
00:35:19 - C'est ça son rôle ? - C'est ça son rôle de président ?
00:35:21 - Ah bah non, c'est pas son rôle, mais il ne parle que de souveraineté européenne,
00:35:23 donc il est logique avec lui-même. - Mais c'est son...
00:35:25 Pour le coup, c'est son logiciel.
00:35:27 Donc c'est pour ça que je me demande
00:35:29 depuis le départ, comment ça peut évoluer.
00:35:31 - Bon, dans l'actualité, merci M. Convert.
00:35:33 Vraiment, merci grandement.
00:35:35 Dans l'actualité
00:35:37 du jour, la Joconde,
00:35:39 vous savez que les deux militantes écologistes qui ont
00:35:41 aspergé la soupe de soupe,
00:35:43 la vitre protégeant la Joconde au Louvre,
00:35:45 ne passeront pas devant le tribunal correctionnel.
00:35:47 J'ai appris ça hier. Elles n'ont pas commis
00:35:49 de délit, figurez-vous, qui est passible
00:35:51 de 7 ans de prison et de 100 000 euros d'amende,
00:35:53 et elles recevront une contravention de 5ème classe.
00:35:55 - Combien ?
00:35:57 - Pourquoi ? Et vous savez pourquoi,
00:35:59 les petits hommes gris, les lois et tout ça ?
00:36:01 - Parce que c'est pas considéré comme un délit.
00:36:03 - La vitre blindée ne constitue pas en elle-même
00:36:05 un bien culturel.
00:36:07 Par ailleurs, le liquide projeté
00:36:09 rapidement nettoyé n'a entraîné aucune
00:36:11 décrédation. C'est-à-dire que comme
00:36:13 elles ont de lancées de la soupe,
00:36:15 non pas sur un bien culturel, mais sur une vitre
00:36:17 blindée, j'adore ça, ça c'est
00:36:19 magnifique, ça c'est magnifique.
00:36:21 C'est l'esprit des lois
00:36:23 et la loi. - C'est beau comme une décision
00:36:25 du Conseil constitutionnel. - Ça c'est formidable.
00:36:27 Donc elles ne passeront pas, c'est pas un délit
00:36:29 en fait. Donc là, elles continueront.
00:36:31 Puisque c'est pas un délit.
00:36:33 Donc voilà.
00:36:35 - Ce qui serait intéressant de savoir,
00:36:37 parce qu'on a parlé tout à l'heure du
00:36:39 député Jérôme Baudefroy, c'est lui qui a soulevé
00:36:41 cette question. Ce qui serait intéressant,
00:36:43 c'est de savoir comment
00:36:45 ça a été enregistré.
00:36:47 C'est-à-dire comment, parce qu'il y a deux caméras.
00:36:49 - Ah, il y a l'AFP, l'AFP a été prévue.
00:36:51 - Donc l'AFP. - Et un journaliste indépendant.
00:36:53 - Donc ça veut dire que l'AFP...
00:36:55 - On en a parlé hier. L'AFP est complice.
00:36:57 D'une certaine manière. L'AFP,
00:36:59 depuis, sur ces sujets-là,
00:37:01 mais, c'est pour ça que l'objectivité,
00:37:03 ça me fait toujours sourire,
00:37:05 l'objectivité n'existe pas.
00:37:07 Ni pour moi, ni pour eux d'ailleurs. - Mais c'est pas nouveau, hein, depuis les actions
00:37:09 des activistes écolo, c'est toujours pareil, quand ils se collent la main sur l'autoroute.
00:37:11 - C'est un bon coup. J'ai eu aussi à l'étranger.
00:37:13 - L'objectivité n'existe pas.
00:37:15 Tu choisis un sujet.
00:37:17 Eux, ils choisissent de mettre en lumière
00:37:19 les activités radicales
00:37:21 des écologistes. Et France Inter
00:37:23 fait la même chose.
00:37:25 - Mais c'est aussi parce que ça leur rapporte.
00:37:27 Parce que, évidemment, au point de vue mondial,
00:37:29 ils peuvent vendre ces images.
00:37:31 - Mais pardon, du fait
00:37:33 que ces deux activistes aient pas été condamnés,
00:37:35 du coup, l'AFP
00:37:37 est exonérée du procès qu'on aurait pu lui faire,
00:37:39 c'est-à-dire d'encourager un événement condamnable.
00:37:41 - Bien sûr. - Donc, en fait,
00:37:43 c'est de l'idéologie. Non ? Ça vous va ?
00:37:45 - Bravo. - C'était synthétique.
00:37:47 - Je pense que le service de com du Jouvre était au courant aussi.
00:37:49 C'est une excellente pub
00:37:51 pour la Joconde. Vous rendez pas compte ?
00:37:53 - Vous pouvez pas mettre en cause
00:37:55 le Louvre comme ça alors qu'elle se passe avec des touristes.
00:37:57 - C'est des iconoclastes, la petite semaine.
00:37:59 C'est complètement nul
00:38:01 comme manifestation,
00:38:03 comme protestation. C'est dérisoire.
00:38:05 Mais bon, finalement, ça fait parler.
00:38:07 Et c'est sans conséquence.
00:38:09 - Rachid Haddati, ministre...
00:38:11 Rachid Haddati, déjà, a un premier point positif.
00:38:13 Elle a arrêté le conflit
00:38:15 qui durait au Georges Pompidou depuis 100 jours.
00:38:17 - Oui. - Ah oui ?
00:38:19 - Personne s'en était aperçu. Mais c'est pas grave.
00:38:21 - Mais il était pas en travaux, le centre Verge-Pompidou ?
00:38:23 - Oui, en travaux. - C'est pour ça qu'il est...
00:38:25 - On sait jamais s'il est en travaux.
00:38:27 - J'ai l'impression qu'il est en travaux depuis 73.
00:38:29 - Elle a ramené les normes.
00:38:31 - Il est en travaux, donc y a pas de problème.
00:38:33 - Quand je pense qu'on a enlevé...
00:38:35 Vous vous rendez compte ?
00:38:37 C'était magnifique, Léal.
00:38:39 Quand on voit ce quartier aujourd'hui, ce qu'il est devenu,
00:38:41 et la canopée,
00:38:43 ça s'appelle...
00:38:45 Mon Dieu. Mon Dieu.
00:38:47 - Vous n'aimez pas la canopée ?
00:38:49 - On peut dire que c'est laid ou pas ?
00:38:51 - Y a eu des travaux de modernisation sur la canopée.
00:38:53 - Oui, mais elle est toute neuve.
00:38:55 - Oui, elle est toute neuve, oui.
00:38:57 - On a le droit de dire que c'est laid,
00:38:59 et que Baltard était plus joli ?
00:39:01 - Vous avez tous les droits.
00:39:03 - On a le droit de dire que c'était...
00:39:05 Écoutez Rachida Dati, sa nomination.
00:39:07 - Alors c'est vrai,
00:39:09 ma nomination a surpris.
00:39:11 Et pour rester neutre,
00:39:13 de nombreux commentaires ont été faits.
00:39:15 Quand on a un parcours comme le mien,
00:39:17 je peux vous assurer
00:39:19 que la culture entre dans votre vie
00:39:21 d'une manière qui ne vous quitte jamais.
00:39:23 Que ce soit grâce
00:39:25 au service public de l'audiovisuel,
00:39:27 comme avec Mosaïque,
00:39:29 comme avec Au Théâtre Ce Soir,
00:39:31 comme avec le cinéma de minuit
00:39:33 ou les dossiers de l'écran,
00:39:35 comme avec des documentaires
00:39:37 qui nous ont profondément marqués,
00:39:39 mais moi, je ne suis pas une personne
00:39:41 qui parle de la culture,
00:39:43 mais qui a profondément marqué
00:39:45 Mémoire d'immigrés.
00:39:47 Chère Yamina Bengui,
00:39:49 la place de ce documentaire
00:39:51 a toute sa place ici.
00:39:53 Que ce soit grâce à un professeur
00:39:55 qui croit en vous,
00:39:57 ou encore grâce à un bibliobus
00:39:59 qui vient de votre cité
00:40:01 vous apporter ce que vous n'avez pas
00:40:03 à la maison.
00:40:05 A chaque fois, oui,
00:40:07 la culture ne vous quitte plus.
00:40:09 - C'est intéressant,
00:40:11 parce que je suis resté ici
00:40:13 moins d'un an,
00:40:15 et je me souviens d'un papier
00:40:17 qui a ouvert à nouveau.
00:40:19 - C'est un papier de nouveau.
00:40:21 - D'un très bon papier
00:40:23 dans le Figaro de Génie Bastier,
00:40:25 qui avait visité le musée de l'immigration
00:40:27 en disant qu'il y avait un prisme
00:40:29 bien particulier et que l'immigration
00:40:31 était présentée d'une certaine manière.
00:40:33 - Elle est quand même assez forte,
00:40:35 Rachel Hadid, je trouve.
00:40:37 Vous avez vu ce discours,
00:40:39 que je ne lis pas tous les jours,
00:40:41 Libération nous apprend que la décision
00:40:43 de faire la culture en direction des classes populaires,
00:40:45 c'est son grand truc,
00:40:47 elle a annoncé, en fait,
00:40:49 c'est dans les cartons depuis un bout de temps,
00:40:51 visiblement. On verra si c'est vrai ou faux.
00:40:53 Elle a cette espèce de résilience
00:40:55 que je compare un peu à celle de Ségolène Royal,
00:40:57 vous ne trouvez pas ?
00:40:59 C'est-à-dire qu'elles sont insubmersibles.
00:41:01 - Vous ne pouvez pas comparer Rachel Hadid
00:41:03 pour des raisons...
00:41:05 - Elles sont deux femmes
00:41:07 et qu'ils sont toujours là.
00:41:09 - C'est un signal envoyé de faire ce discours
00:41:11 dans cet endroit-là. - Bien sûr.
00:41:13 Dans le 12e anvisement de Paris.
00:41:15 - Est-ce que vous êtes au courant
00:41:17 de cette affaire du Christ
00:41:19 et de l'affiche Santa Samana ?
00:41:21 - Oui.
00:41:23 - Je ne suis pas au courant de ça.
00:41:25 C'est extrêmement intéressant.
00:41:27 Puisqu'il y a
00:41:29 la semaine sainte
00:41:31 à Séville.
00:41:33 Vous êtes allé à Séville ?
00:41:35 - C'est une ville extraordinaire.
00:41:37 - Le restant des palais...
00:41:39 L'exposition universelle ?
00:41:41 - Oui, l'exposition universelle.
00:41:43 - Il y a encore les pavillons.
00:41:45 - Délabrés, abandonnés.
00:41:47 - Grâce au football, on allait dans des villes.
00:41:49 - Vous avez voyagé seulement grâce au football.
00:41:51 - Chacun ses sens d'intérêt.
00:41:53 - Séville, pour tous les amateurs de football,
00:41:55 c'est le Stade Sanchez-Pissoine.
00:41:57 - Pour les amateurs de corrida...
00:41:59 - Mais, il y a surtout,
00:42:01 c'est une ville extrêmement catholique.
00:42:03 - Et pénitente.
00:42:05 - Il y a une affiche qui symbolise
00:42:07 cette semaine sainte.
00:42:09 Semana Santa.
00:42:11 Et regardez ce Christ.
00:42:13 Les organisateurs ont dit
00:42:15 qu'elle représente la partie lumineuse
00:42:17 de la semaine sainte dans le style propre
00:42:19 à ce peintre prestigieux.
00:42:21 L'artiste a répondu
00:42:23 parce que ce Christ
00:42:25 est jugé sexualisé
00:42:27 et parfois efféminé.
00:42:29 Et l'artiste
00:42:31 a dit "pour voir de la sexualité
00:42:33 dans mon Christ, il faut être malade".
00:42:35 Les personnes qui ont
00:42:37 dit du mal de mon travail ont besoin
00:42:39 d'un peu de culture artistique.
00:42:41 Cette affiche est une véritable honte et une aberration
00:42:43 à communiquer
00:42:45 l'église
00:42:47 d'Espagne.
00:42:49 - Ah bon ?
00:42:51 - Non, non, c'est une polémique politique maintenant.
00:42:53 Le Parti Socialiste
00:42:55 dénonce
00:42:57 l'homophobie des milieux
00:42:59 et il y a tout qui aurait trouvé
00:43:01 que c'était un peu trop maniéré.
00:43:03 - Regardez, convenez
00:43:05 que cette image
00:43:07 du Christ
00:43:09 n'est pas
00:43:11 celle qui...
00:43:13 - Qui est dans ton cœur ?
00:43:15 - Il n'est pas représenté comme ça.
00:43:17 - La croix, c'est un Christ qui va à la piscine.
00:43:19 C'est ça qui est le plus choquant, pardonnez-moi.
00:43:21 Le Christ, c'est un Christ
00:43:23 qu'on décroche de la croix avec les stigmates.
00:43:25 Et là, on a l'impression qu'il est en balade
00:43:27 et qu'il va...
00:43:29 - C'est un Christ qui donne l'impression d'aller à la Gay Pride.
00:43:31 C'est quand même un peu vrai.
00:43:33 Mais depuis 2 millions, il est décisivement représenté.
00:43:35 - Non, non, attendez.
00:43:37 - Vous êtes sérieux ?
00:43:39 - Attendez, on enlève ça. Le modérateur que je suis...
00:43:41 - Non, c'est pas possible.
00:43:43 - Ce mot à juste titre
00:43:47 pourrait être stigmatisé comme un mot
00:43:49 homophobe, cher ami.
00:43:51 Le Christ qui va à la Gay Pride.
00:43:53 - Non, non, mais attendez.
00:43:55 - Je vais vous dire, Joseph.
00:43:57 - Avant que Joseph me dise ce qu'il en pense,
00:43:59 laissez-moi préciser.
00:44:01 - Vous aimez provoquer.
00:44:03 - Oui, j'aime bien un peu provoquer.
00:44:05 Mais voilà, vous êtes comme le taureau dans l'arène.
00:44:07 Vous agitez quand la coule est ta.
00:44:09 - Non, pas du tout. Je pense à ceux qui nous écoutent.
00:44:11 - Ce que je veux dire, c'est que cette histoire
00:44:13 n'est pas en Espagne. Cette histoire
00:44:15 aiguise les passions depuis 3 jours.
00:44:17 Même plus depuis une semaine.
00:44:19 - Exactement, c'est pour ça que j'en parle ce matin.
00:44:21 - L'artiste, c'est l'affiche officielle,
00:44:23 donc, de la mobilisation pour la semaine sainte
00:44:27 à Séville.
00:44:29 C'est un peintre officiel qui a fait
00:44:31 une affiche officielle.
00:44:33 C'est une peinture maniérée
00:44:35 du seigneur
00:44:37 dans un pays où la question chrétienne,
00:44:39 la question catholique, reste tout le temps
00:44:41 éternellement posée avec
00:44:43 toutes sortes de provocations contre l'Eglise
00:44:45 et le soupçon permanent
00:44:47 que l'Eglise veut imposer
00:44:49 son ordre moral. On est en Espagne.
00:44:51 Donc, il y a
00:44:53 depuis plusieurs jours, d'un côté
00:44:55 la gauche qui dit "la droite est homophobe"
00:44:57 et d'autre côté des milieux à droite
00:44:59 qui disent "ce Christ est une provocation".
00:45:01 C'est un Christ
00:45:03 qui est sexuellement très marqué,
00:45:05 qui est d'un genre particulier,
00:45:07 un maniérisme très particulier.
00:45:09 - Je ne sais pas si on ferait ça pour eux.
00:45:11 - L'Eglise s'en fout.
00:45:13 L'Eglise s'en moque.
00:45:15 L'Eglise, depuis 2000 ans,
00:45:17 elle a l'habitude de voir son sauveur
00:45:19 représenté de manière plus ou moins...
00:45:21 qui lui plaît plus ou moins
00:45:23 et elle s'en moque éperdument.
00:45:25 - Je ne sais pas si on ferait ça pour une autre religion.
00:45:27 Je me permets simplement ce commentaire.
00:45:29 - Oui, mais c'est le propre.
00:45:31 - Moi, j'aime bien aussi
00:45:33 parce que les catholiques, effectivement,
00:45:35 il y a de la dérision. Ils acceptent de la dérision.
00:45:37 Là, ce n'est pas de la dérision, si vous me permettez.
00:45:39 - Oui, tout est permis
00:45:41 contre les catholiques en Europe,
00:45:43 mais pas qu'en Europe. Il y a 48 heures,
00:45:45 des chrétiens ont été assassinés dans une église d'Istanbul.
00:45:47 C'est permanent.
00:45:49 On peut en plaisanter, on peut trouver,
00:45:51 faire des débats esthétiques,
00:45:53 mais la réalité du martyr des chrétiens aujourd'hui,
00:45:55 elle est quotidienne.
00:45:57 - On se devra imposer un minimum de retenue.
00:45:59 - Il y a peut-être un peu d'exagération
00:46:01 dans ce que dit... - Non.
00:46:03 - En tout cas, pas d'exagération,
00:46:05 mais je ne partage pas à 100% ce qu'il vient de dire
00:46:07 notre ami Vincent, mais en revanche,
00:46:09 personne ne peut contester
00:46:11 que cette image soit
00:46:13 faite pour provoquer.
00:46:15 - Pardonnez-moi, monsieur Lebret.
00:46:17 - Mais pourquoi ?
00:46:19 - Si je le connais...
00:46:21 - Je ne sais pas quoi dire,
00:46:23 tellement cette polémique me...
00:46:25 - D'ailleurs, elle a provoqué.
00:46:27 - Si je la trouve,
00:46:29 dingue, cette polémique.
00:46:31 Vraiment, je la trouve folle.
00:46:33 C'est-à-dire que, étant...
00:46:35 - Il montre son cœur.
00:46:37 - Je connais un tout petit peu l'iconographie sur le Sauveur.
00:46:39 - Mais elle est très belle, cette image.
00:46:41 - Notamment toutes les icônes qui ont été faites
00:46:43 sur le Sauveur, les icônes qui leur représentent
00:46:45 de diverses manières, de mille manières,
00:46:47 qui leur représentent même Glab, qui leur représentent sans barbe...
00:46:49 - Mais elle est très belle, cette image. Elle est sublime.
00:46:51 - Mais pardonnez-moi,
00:46:53 l'Espagne, c'est quand même la patrie
00:46:55 d'une immense peintre qui s'appelle Gréco.
00:46:57 Est-ce que...
00:46:59 - Charlotte, votre avis.
00:47:01 - Cet élément...
00:47:03 - J'ai compris.
00:47:05 - Charlotte, votre avis sur cette...
00:47:07 - Est-ce que vous en avez un ?
00:47:09 - C'est bien.
00:47:11 - C'est parfait.
00:47:13 - Je comprends qu'on puisse ne pas aimer cette image,
00:47:15 qu'elle puisse déstabiliser, etc.
00:47:17 Après, que ça devienne une polémique politique,
00:47:19 c'est très espagnol. Je pense que là, on a un regard qui est...
00:47:21 - Mais comme elle est différente,
00:47:23 entendons-mieux, quand je disais "provoquer",
00:47:25 c'est pour ça que je ne suis pas d'accord avec ce que dit Vincent,
00:47:27 mais il y a une forme de provocation, parce qu'on ne représente pas
00:47:29 le Christ comme ça d'habitude, c'est tout.
00:47:31 - Le Gréco, c'est un cadavre. - C'est tout.
00:47:33 Il n'est pas représenté comme cela.
00:47:35 - D'habitude, d'accord.
00:47:37 - Il est représenté en croix. - Bien sûr.
00:47:39 - Il y a une règle de représentation, mais attendez.
00:47:41 - Oui, il y a une règle de représentation du Christ.
00:47:43 - Je vous le confirme.
00:47:45 - Franchement, je vous invite à faire quelques cours d'histoire de l'art,
00:47:51 et vous verrez de quelle manière le Christ est représenté.
00:47:55 - Joseph, vivant avant la croix, il n'est pas avec cette ceinture-là.
00:47:57 On a l'impression qu'il descend de la croix,
00:47:59 mais en même temps, il est très vivant sans les stigmates.
00:48:01 C'est vrai que c'est original.
00:48:03 - En même temps, on ne le reconnaît pas quand on le croise dans la rue
00:48:05 tous les jours, on ne le reconnaît pas en général.
00:48:07 - C'est vrai.
00:48:09 - Je vais vous remercier.
00:48:11 Charlotte va rester avec nous.
00:48:13 On va recevoir Alain Finkielkraut dans quelques instants.
00:48:15 - Très bien.
00:48:17 - C'est vrai que "Pêcheur de perles" est extrêmement intéressant
00:48:23 parce qu'il parle de lui.
00:48:25 C'est toujours intéressant quand les gens parlent d'eux.
00:48:27 Ils parlent de ses amours, de la femme qu'il a failli perdre
00:48:31 et comment il l'a récupérée.
00:48:33 C'est intéressant quand un grand intellectuel, un grand penseur,
00:48:37 finalement, j'allais dire "est comme nous".
00:48:39 Ah oui, est comme nous, quand notre fiancée,
00:48:43 notre amoureuse ou notre épouse veut partir
00:48:47 et qu'on souhaite la retenir, on est démuni.
00:48:49 - Oui.
00:48:51 - Ça vous est peut-être arrivé ou pas.
00:48:53 - Je n'aurai jamais le bureau d'Alain Finkielkraut.
00:48:55 - D'accord.
00:48:57 - Vous avez vu le bureau d'Alain Finkielkraut ?
00:48:59 Là, vous voyez que ce n'est pas un homme ordinaire
00:49:01 et que vous ne lui ressemblerez jamais.
00:49:05 C'est plutôt rangé chez vous, non ?
00:49:07 - Non, pas spécialement.
00:49:09 Pourquoi vous dites ça ?
00:49:11 - Parce que...
00:49:13 - Il y a des livres partout.
00:49:15 - On va lui demander comment est son bureau.
00:49:17 Il y a des livres partout sur des bureaux.
00:49:19 - C'est impropre de l'intellectuel d'avoir des livres non rangés et empilés.
00:49:21 - D'ailleurs, il ne le fera peut-être pas cette fois-ci,
00:49:23 mais quand Alain Finkielkraut se déplace généralement à une émission,
00:49:27 dans sa sacoche, il y a 3, 4, 5 livres.
00:49:29 - Oui.
00:49:31 - Charlotte reste bien sûr avec nous.
00:49:33 Petit Scarabée, merci.
00:49:35 Et nous, on revient dans une seconde.
00:49:37 - Une demi-heure.
00:49:41 - Alain Finkielkraut est avec nous.
00:49:45 Il est 10h02.
00:49:47 Nous sommes à l'antenne.
00:49:49 - Ça a commencé.
00:49:51 - Attention, mesdames et messieurs.
00:49:53 - On y va.
00:49:55 - D'abord, je présente votre livre "Pêcheur de perles"
00:49:57 Vous connaissez Charlotte d'Ornelas.
00:49:59 - Bien sûr.
00:50:01 - Une des jeunes femmes les plus intelligentes de Paris
00:50:03 et les plus remarquables.
00:50:05 Et Soumaya Labidi, qui est avec nous,
00:50:07 va nous donner les titres de l'information.
00:50:09 Et après, nous sommes ensemble.
00:50:11 - Deuxième journée de blocage autour de la capitale.
00:50:19 Et comme vous allez le voir sur cette carte,
00:50:21 la plupart des grands axes franciliens
00:50:23 sont toujours bloqués par les agriculteurs.
00:50:25 Les accès aux aéroports de Roissy et Orly
00:50:27 sont également protégés.
00:50:29 A Mante-la-Jolie, la 13 était coupée dans les deux sens.
00:50:31 Après avoir été bloquée à plusieurs reprises
00:50:33 au petit matin,
00:50:35 le convoi de Haute-Garonne a finalement pu repartir.
00:50:37 Annonce de la coordination rurale sur ces news,
00:50:39 qui précise que désormais,
00:50:41 ils font route vers Vierzon.
00:50:43 Leur objectif final reste le blocage du ventre de Paris,
00:50:45 le très symbolique marché de Rungis.
00:50:47 Et puis, ils souhaitent aller plus loin dans les réponses.
00:50:49 C'est ce qu'aurait confié Gabriel Gouin
00:50:51 à la réunion de la capitale.
00:50:53 Le président de la FNSEA déclare que
00:50:55 la détermination des agriculteurs est totale.
00:50:57 Il précise que les discussions avec le gouvernement
00:50:59 se poursuivent avant le très attendu
00:51:01 discours de politique générale du Premier ministre.
00:51:03 - M. Finkelkraut, c'est formidable de vous lire
00:51:05 parce que vous parlez de vous.
00:51:07 Et quand vous parlez de vous,
00:51:09 vous parlez un peu aussi de nous.
00:51:11 Forcément, vous parlez de l'amour,
00:51:13 vous parlez de la liberté,
00:51:15 vous parlez de la liberté de l'économie,
00:51:17 vous parlez de la liberté de l'économie,
00:51:19 vous parlez de la liberté de l'économie,
00:51:21 forcément, vous parlez de l'amour,
00:51:23 vous parlez de la vieillesse,
00:51:25 de la dépendance, de choses comme ça.
00:51:27 Et ce bouquin, vraiment,
00:51:29 j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire
00:51:31 parce qu'il y a toujours une citation
00:51:33 qui ouvre un chapitre
00:51:35 et puis après, c'est l'occasion
00:51:37 de développer
00:51:39 cette citation.
00:51:41 Et le premier chapitre, c'est "Le cœur
00:51:43 consiste à dépendre"
00:51:45 de Paul Valéry.
00:51:47 Et vous dites, "L'amour", Jean-Célébitte Charaison,
00:51:49 "L'amour relève de l'emprise
00:51:51 et cette emprise est une bénédiction."
00:51:53 Donc déjà,
00:51:55 il y a toujours un peu
00:51:57 de provocation, forcément,
00:51:59 chez vous, pour ceux qui vous lisent,
00:52:01 parce que le mot "emprise", il est très connoté
00:52:03 ces derniers temps. Aimer, c'est
00:52:05 être dépendant, dominé, subjugué,
00:52:07 assujetti.
00:52:09 Aimer, c'est passer après.
00:52:11 Aimer, c'est faire l'expérience inouïe
00:52:13 d'une alienation meilleure que la liberté.
00:52:15 Alors que rien ne le
00:52:17 laissait prévoir, le "pour soi" se renverse
00:52:19 miraculeusement en "pour autrui".
00:52:21 Sortir de l'emprise
00:52:23 pour établir une relation contractuelle,
00:52:25 démocratique, rigoureusement égalitaire,
00:52:27 comme l'exige la nouvelle doxa,
00:52:29 c'est sortir de l'amour.
00:52:31 Et en même temps, Jean-Célébitte Chator,
00:52:33 "Tous les amours ne se valent pas. Aimer l'aimable,
00:52:35 cela n'arrive pas tous les jours. Il y a ô
00:52:37 combien d'amour fou, bête.
00:52:39 Il y a des choix inspirés non par leur objet,
00:52:41 mais par la vanité, le désir
00:52:43 d'impressionner l'entourage,
00:52:45 de lui en mettre plein la vue."
00:52:47 - Écoutez, qu'est-ce qu'il
00:52:49 fallait que je dise, là ? Il faut que je commente !
00:52:51 Il faut que je commente ma propre citation !
00:52:53 - Mais non, mais je trouve que c'est...
00:52:55 Non, ce qui m'intéresse, c'est, vous,
00:52:57 votre amour, c'était pour
00:52:59 épater la galerie ?
00:53:01 Comment vous saviez que vous aimiez ?
00:53:03 - Oh, bah écoutez,
00:53:05 ça je savais parce que
00:53:07 c'est très simple, on a le cœur battant,
00:53:09 on est hanté, on est obsédé,
00:53:11 on n'arrive pas à
00:53:13 penser à autre chose, et ça, effectivement,
00:53:15 c'est ce que dit
00:53:17 magnifiquement Jean-Kélid
00:53:19 Witts,
00:53:21 "L'homme le plus sec,
00:53:23 tandis qu'il était
00:53:25 amoureux, a connu la grâce
00:53:27 de vivre pour un autre."
00:53:29 Ça, effectivement.
00:53:31 C'est pour ça que je
00:53:33 reprends
00:53:35 à "La Doxa Féministe"
00:53:37 le mot d'emprise.
00:53:39 Il y a
00:53:41 effectivement des emprises toxiques,
00:53:43 mais
00:53:45 l'amour relève,
00:53:47 l'amour est obsessionnel.
00:53:49 On est en effet
00:53:51 sous l'emprise de quelqu'un.
00:53:53 D'ailleurs, il y a
00:53:55 de longues années déjà,
00:53:57 j'ai écrit un livre sur
00:53:59 Emmanuel Levinas, le philosophe Levinas,
00:54:01 qui est un philosophe
00:54:03 difficile, étrange,
00:54:05 mais il part de l'intrigue
00:54:07 éthique, de la rencontre
00:54:09 du visage d'autrui, et en même
00:54:11 temps, ce qu'il dit pour l'éthique
00:54:13 vaut pour l'amour.
00:54:15 Et dans un livre au titre
00:54:17 invraisemblable,
00:54:19 autrement qu'Au-delà de l'essence,
00:54:21 il a cette phrase,
00:54:23 "Malgré moi, pour un autre."
00:54:25 C'est très exactement la définition
00:54:27 de la passion. Malgré moi,
00:54:29 pour un autre. Alors ça, j'ai voulu
00:54:31 le dire, de dire parce que
00:54:33 je l'avais éprouvé, mais
00:54:35 en effet, ce n'est pas
00:54:37 la seule dimension
00:54:39 de l'amour qui m'intéresse. Voilà pourquoi
00:54:41 je dis, il y a des amours
00:54:43 fou-bête. Une des composantes
00:54:45 oubliées, négligées même
00:54:47 par le romantisme
00:54:49 et par la littérature romanesque
00:54:51 également, de l'amour, c'est
00:54:53 l'admiration.
00:54:55 Ce qui veut dire qu'il y a
00:54:59 une forme de lucidité
00:55:01 qui ne se confond
00:55:03 pas avec le désenchantement. On dit
00:55:05 la lucidité, oui, c'est une désillusion.
00:55:07 Non. Il y a
00:55:09 une forme de lucidité qui
00:55:11 traduit
00:55:13 un émerveillement
00:55:15 et un émerveillement objectif.
00:55:17 Voilà.
00:55:19 L'amour rend aveugle, dit-on.
00:55:21 Non. L'amour peut ouvrir les yeux
00:55:23 et c'est cela que j'ai voulu
00:55:25 décrire en parlant de moi
00:55:27 et ce faisant, je
00:55:29 prenais le risque du ridicule,
00:55:31 mais à partir de moi, j'ai
00:55:33 essayé, ou de ce qui m'était arrivé,
00:55:35 j'ai essayé d'analyser
00:55:37 une composante
00:55:39 spécifique de l'amour
00:55:41 négligée par
00:55:43 notre tradition littéraire.
00:55:45 Mais quand, Charlotte ?
00:55:47 Justement, c'est ça qui est
00:55:49 à la fois très étonnant et très beau,
00:55:51 c'est que derrière votre exploration de l'amour,
00:55:53 c'est en réalité une exploration de la liberté
00:55:55 que vous faites. Vous nous retournez
00:55:57 un peu sur la définition de la liberté telle qu'elle est comprise
00:55:59 aujourd'hui et vous dites
00:56:01 que l'expiration, finalement, permet
00:56:03 de subir ou même de choisir, en effet,
00:56:05 cette emprise qui est beaucoup plus large
00:56:07 et à la fois, il y a cette question de la dépendance.
00:56:09 La dépendance, elle aussi, elle est choisie
00:56:11 parce qu'elle est nécessaire et on a l'impression
00:56:13 que l'homme moderne refuse l'emprise,
00:56:15 ça on a bien compris, mais surtout
00:56:17 est la dépendance, qu'elle soit à Dieu, à la femme
00:56:19 qu'on aime, à l'homme qu'on aime
00:56:21 ou même aux enfants
00:56:23 que l'on met au monde. L'homme moderne,
00:56:25 précisément, refuse la dépendance et vous en faites
00:56:27 le cœur de l'amour.
00:56:29 Oui, oui, c'est-à-dire qu'en effet,
00:56:31 nous avons fait de l'autonomie
00:56:33 la valeur suprême
00:56:35 et
00:56:37 être amoureux,
00:56:39 c'est voir dans la dépendance
00:56:41 la vérité de sa condition.
00:56:43 C'est vrai, ça je pense
00:56:45 que c'est
00:56:47 ce que nous apporte
00:56:49 l'amour
00:56:51 et d'où d'ailleurs
00:56:53 la méfiance un peu qu'il suscite.
00:56:55 Cette méfiance ne tient pas
00:56:57 uniquement
00:56:59 à la valeur que l'on donne, suprême
00:57:01 à la liberté,
00:57:03 elle tient
00:57:05 au refus
00:57:07 de se faire avoir.
00:57:09 On commence
00:57:11 aujourd'hui, on entre dans la carrière
00:57:13 de l'amour, même très jeune,
00:57:15 sceptique, méfiant.
00:57:17 On commence avec l'idée
00:57:19 de Bec Bédé, l'amour
00:57:21 dure trois ans. Il a d'ailleurs lui-même été
00:57:23 détrompé.
00:57:25 Non, non, arrêtez.
00:57:27 Vous n'avez pas, parce qu'il a eu une histoire,
00:57:29 il a... - J'ai rien dit.
00:57:31 Moi j'adore Bec Bédé.
00:57:33 - Il est avec la même femme depuis 14 ans
00:57:35 à sa propre surprise.
00:57:37 L'amour dure trois ans, c'est comme ça qu'on commence.
00:57:39 On se dit
00:57:41 l'intensité
00:57:43 et la durée sont
00:57:45 incompatibles. La durée
00:57:47 détruit,
00:57:49 défait, dissout l'intensité.
00:57:51 Donc on se dit, on se lance,
00:57:53 on dit "je t'aime"
00:57:55 mais on se dit,
00:57:57 non, ce n'est pas pour toujours.
00:57:59 D'où une expérience comme la mienne
00:58:01 qui est celle, non pas
00:58:03 d'une illusion perdue,
00:58:05 c'est quand même...
00:58:07 Le roman d'éducation c'est ça,
00:58:09 les illusions perdues, mais d'une désillusion
00:58:11 perdue. J'ai commencé
00:58:13 par la méfiance, par le scepticisme,
00:58:15 par la désillusion, et
00:58:17 cette désillusion,
00:58:19 ce scepticisme, ont été détrompés.
00:58:21 - Vous, vous êtes marié,
00:58:23 par exemple, depuis combien de temps avec votre épouse ?
00:58:25 - Je ne veux pas...
00:58:27 Ce n'est pas un tour de force,
00:58:29 je ne veux pas être ridicule quand même.
00:58:31 Je suis marié depuis 1985.
00:58:33 - Écoutez, demain, on sera
00:58:35 le 31 janvier, mes parents sont
00:58:37 mariés depuis le 31 janvier
00:58:39 1959.
00:58:41 Donc vous voyez, ça fera 65 ans...
00:58:43 - Oui, je suis de la même génération
00:58:45 que les parents de Pro.
00:58:49 - Vous connaissez la plus belle citation,
00:58:51 ça je veux la donner, parce qu'elle est
00:58:53 sans commentaire.
00:58:55 Je ne peux pas mettre un commentaire, c'est de Groucho
00:58:57 Marx. Et c'est quoi ?
00:58:59 "Dans chaque vieux,
00:59:01 il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé."
00:59:03 C'est génial, hein ? C'est moi.
00:59:07 Il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé.
00:59:09 - Il y a quelque chose que
00:59:11 vous expliquez pas très bien, je trouve.
00:59:13 - Ah bon ? - Oui, pas très bien, parce que...
00:59:15 Bon, elle veut vous quitter,
00:59:17 elle vous quitte.
00:59:19 Et vous êtes malheureux comme les pierres,
00:59:21 et puis vous êtes pas très doué là-dessus,
00:59:23 parce qu'il faut faire le mort, vous le faites pas,
00:59:25 alors qu'il faut rien faire, on sait bien que
00:59:27 chaque parole dans ces cas-là, il faut attendre et ça...
00:59:29 Mais on sait pas pourquoi elle part,
00:59:31 et on sait pas vraiment pourquoi elle revient.
00:59:33 - Non, si, j'explique quand même.
00:59:35 - Pourquoi elle était partie ?
00:59:37 - Elle est partie... - C'était au début de la relation.
00:59:39 - Il y a une petite... C'est trois ans
00:59:41 après, là. Deux ans, deux ans.
00:59:43 - Alors vous vous dites c'est parce que vous étiez engueulé un soir...
00:59:45 - C'est un prétexte !
00:59:47 - Non, c'est la goutte d'eau.
00:59:49 C'est la goutte d'eau, effectivement,
00:59:51 on a une querelle autour d'un film, etc.
00:59:53 Et le lendemain matin, au petit déjeuner,
00:59:55 c'est un dimanche,
00:59:57 elle m'annonce qu'elle me quitte
00:59:59 et que sa décision est irrévocable.
01:00:01 J'essaye de plaider ma cause en vain.
01:00:03 Mais évidemment,
01:00:05 ça veut dire que pendant toute cette période,
01:00:07 j'étais envahissant.
01:00:09 Je pompais l'air.
01:00:11 Et elle avait déjà
01:00:13 sa carrière professionnelle.
01:00:15 - Elle était avocate.
01:00:17 - Et donc,
01:00:19 elle tenait à son camp à soi.
01:00:21 Et moi,
01:00:23 j'avais besoin de preuves.
01:00:25 Je voulais qu'elle me montre
01:00:27 qu'elle m'aime, donc j'insistais.
01:00:29 J'étais lourd.
01:00:31 Donc je pompe l'air, je suis lourd,
01:00:33 et à un moment, elle n'en peut plus,
01:00:35 elle dit "ça suffit".
01:00:37 - Mais pourquoi elle revient, alors ?
01:00:39 - J'accepte ça très très bien.
01:00:41 - Parce que vous ne pompez plus l'air ?
01:00:43 Parce que vous avez changé ?
01:00:45 Parce que c'est des choses, celui qui est collant,
01:00:47 c'est ce que vous dites,
01:00:49 ou qui est illusif,
01:00:51 où il y a un autre mot que disent parfois,
01:00:53 je ne l'employerai pas là,
01:00:55 qui est un peu plus trivial encore.
01:00:57 Mais ça, c'était dans votre nature ?
01:00:59 Vous étiez inquiet ? Vous aviez peur qu'elle parte ?
01:01:01 Vous étiez jaloux ?
01:01:03 - Non, j'étais un peu inquiet, oui, bien sûr.
01:01:05 Plus j'étais envahissant, plus elle se rétractait.
01:01:07 Et plus elle se rétractait,
01:01:09 plus je me disais "c'est pas possible,
01:01:11 elle ne m'aime pas, etc."
01:01:13 En effet, je cite une phrase magnifique
01:01:15 du poète Oden,
01:01:17 "If equal affection cannot be,
01:01:19 let the more loving one be me."
01:01:21 Que celui qui aime le plus, ce soit moi.
01:01:23 Très très beau.
01:01:25 Sauf que c'est incroyablement difficile à vivre.
01:01:27 - Si une affection...
01:01:29 - "Let the more loving one"
01:01:31 on n'en peut plus.
01:01:33 Peut-être que ce n'était pas vrai,
01:01:35 mais j'avais ce sentiment.
01:01:37 Et est-ce que j'ai changé ?
01:01:39 Non, non, pas vraiment.
01:01:41 Mais disons que
01:01:43 elle s'est moins rédite.
01:01:45 Voilà, on a trouvé
01:01:47 un modus vivendi
01:01:49 qui nous va très bien.
01:01:51 - La phrase,
01:01:53 elle est formidable.
01:01:55 - Ça me fait ridicule.
01:01:57 - Non, mais c'est pas ridicule.
01:01:59 Au contraire.
01:02:01 C'est formidable.
01:02:03 Parce qu'effectivement,
01:02:05 on pourrait imaginer
01:02:07 que vous êtes sûr de vous
01:02:09 quand vous avez 25 ans,
01:02:11 vous êtes beau,
01:02:13 vous êtes très intelligent,
01:02:15 vous avez fait Norma.
01:02:17 On verra tout à l'heure,
01:02:19 j'ai un extrait,
01:02:21 quand vous êtes sur le plateau
01:02:23 d'Akostrof en 79,
01:02:25 avec Bruckner.
01:02:27 - Je ne veux pas me voir.
01:02:29 - Pourquoi vous ne voulez pas vous voir ?
01:02:31 - A cause de Groucho Marx.
01:02:33 C'est dingue.
01:02:35 - En tout cas, vous êtes beau.
01:02:37 - Je me regarde et je ne soutiens plus
01:02:39 la comparaison avec moi-même.
01:02:41 Et c'est très difficile.
01:02:43 - Vous êtes jaloux de vous-même.
01:02:45 - C'est plus...
01:02:47 Bon.
01:02:49 La phrase exacte, c'est
01:02:51 "Si une affection égale ne peut pas être obtenue,
01:02:53 que le plus aimant
01:02:55 soit moi."
01:02:57 Mais en fait, c'est...
01:02:59 Balavoine en a fait une chanson,
01:03:01 "Aimer est plus fort qu'être aimé".
01:03:03 - Je ne l'ai fait pas.
01:03:05 - Vous connaissez cette chanson,
01:03:07 "Aimer est plus fort qu'être aimé".
01:03:09 Mais c'est vrai qu'être aimé, c'est formidable,
01:03:11 mais aimer, c'est plus puissant.
01:03:13 - Oui, bien sûr.
01:03:15 - C'est formidable.
01:03:17 Alors, vous parlez évidemment de cet amour,
01:03:19 comme vous en avez parlé là,
01:03:21 de vous, et c'est formidable
01:03:23 lorsqu'on parle de soi.
01:03:25 Et puis, il y a des choses, évidemment,
01:03:27 qui sont plus sombres, notamment...
01:03:29 - Oui, il y a quelque chose que j'ai adoré,
01:03:31 c'est cette histoire de bonjour.
01:03:33 Et vous savez que...
01:03:35 Alors, depuis, je ne dis plus "bonjour"
01:03:37 sur les mails.
01:03:39 Je le disais un peu, mais maintenant,
01:03:41 je dis "mon cher, cher ami".
01:03:43 Parce que vous ne supportez pas.
01:03:45 Vous trouvez que c'est l'époque.
01:03:47 "Bonjour, comment vas-tu ?"
01:03:49 Il est vrai qu'un nouveau bonjour a fait son apparition
01:03:51 dans l'espace communicationnel.
01:03:53 Le bonjour égalitaire indifférencier,
01:03:55 pétulant des courriels, le bonjour électronique
01:03:57 qui supprime d'un seul coup toutes les nuances
01:03:59 et tous les échappements, les échelonnements.
01:04:01 "Madame, monsieur, cher madame, cher monsieur."
01:04:03 Alors, ça, c'est... Alors, voyez l'intelligence.
01:04:05 Personne n'avait dit ça.
01:04:07 - Ah bah si, dans l'éducation, quand même,
01:04:09 les parents disaient "bonjour, mon chien".
01:04:11 Moi, mes parents répondaient... Quand je disais "bonjour",
01:04:13 ils disaient "bonjour, mon chien", et il fallait que je qualifie
01:04:15 mon bonjour. - Ah, ah, ah !
01:04:17 - Ah, systématiquement ! - Oui, mais sûr !
01:04:19 - On ne souhaite pas une bonne journée, ou fait irruption.
01:04:21 C'est moi que voilà. C'est une impolité.
01:04:23 - Il était scrat. - Honnêtement, je ne l'avais pas...
01:04:25 Je ne l'avais pas vécu comme ça. Mais maintenant que vous l'avez...
01:04:27 Maintenant, je lui réponds mes paroles,
01:04:29 et je ne le vois plus que comme ça.
01:04:31 - Alors, en plus, ce qu'on a oublié, c'est que,
01:04:33 dans les lettres,
01:04:35 on utilisait très souvent le patronyme.
01:04:38 Nous vivons dans la civilisation des prénoms,
01:04:40 et je suis en train de préparer
01:04:43 une émission pour "Réplique"
01:04:45 sur Bonnard,
01:04:47 et la correspondance Bonnard-Vuillard,
01:04:49 ces deux peintres s'adoraient,
01:04:51 ils s'adoraient,
01:04:53 vous voyez, mais ils s'adoraient.
01:04:55 "Mon cher Vuillard" disait l'un,
01:04:57 "Mon vieux Bonnard" disait l'autre.
01:04:59 C'est comme ça qu'ils s'écrivaient.
01:05:01 C'est fini, ça.
01:05:03 - Vous m'avez appelé "Pro" tout à l'heure.
01:05:05 - Le patronyme a disparu. - Vous m'avez appelé "Pro".
01:05:07 - Le prénom a disparu. Maintenant, il n'y a plus rien.
01:05:09 Il y a "Bonjour".
01:05:11 Non, ce n'est pas supportable.
01:05:13 La civilité, comment, justement...
01:05:15 En plus, c'est les échelonnements.
01:05:17 C'est les gradations qui sont très belles.
01:05:19 Les gradations disparaissent.
01:05:21 Parce qu'on commence par "Cher monsieur", "Cher madame", etc.
01:05:23 Et ça va jusqu'à...
01:05:25 Après, évidemment, ce sont aussi des prénoms,
01:05:27 mais tout ça disparaît.
01:05:29 C'est vraiment dommage.
01:05:31 C'est exactement comme dans le vocabulaire,
01:05:33 si vous voulez, je le dis à la fin.
01:05:35 Le mot "sympa", qui est un attilard,
01:05:37 qui détruit, effectivement,
01:05:39 toutes les nuances adorables,
01:05:41 captivants, merveilleux, sublimes.
01:05:43 Un jour, j'ai prêté un livre d'Henri James,
01:05:45 "Retour à Florence",
01:05:47 et la personne me l'a rendu en disant
01:05:49 "C'est très sympa."
01:05:51 Imaginez Henri James sympa.
01:05:53 C'est une chose qui ne peut pas arriver.
01:05:55 Ce n'est pas possible.
01:05:57 Henri James n'a jamais, de sa vie, été sympa.
01:05:59 Et en plus, par rapport à la littérature,
01:06:01 avec cette espèce de kaléidoscope
01:06:03 de sensations,
01:06:05 et le style d'Henri James,
01:06:07 c'est vraiment dommage.
01:06:09 - Oui, mais bon,
01:06:11 la personne avec qui vous l'avez fait,
01:06:13 c'est la personne qui a fait
01:06:15 un certain niveau culturel,
01:06:17 qui était capable de recevoir ce livre,
01:06:19 autrement vous ne lui auriez pas prêté.
01:06:21 - Peut-être que si.
01:06:23 Ça s'est fait dans des conditions...
01:06:25 - Et alors ?
01:06:27 - Mais effectivement, vous avez raison.
01:06:29 Des gens qui ont des BAC+6, +7, +8,
01:06:31 ils vous bombardent de super et de sympa.
01:06:33 "Oh, c'est super."
01:06:35 Le jour où vous me prêtez un livre,
01:06:37 je sais qu'il faudra que je fasse un tour.
01:06:39 - Oui, c'est ça.
01:06:41 - Je vous laisse.
01:06:43 Le jour où vous me prêtez un livre,
01:06:45 je sais qu'il faudra que je fasse attention.
01:06:47 Quand je vous le rends...
01:06:49 Il y a quelque chose
01:06:51 qui intéresse, évidemment, aujourd'hui la société,
01:06:53 c'est la fin de vie.
01:06:55 - Ah.
01:06:57 - Et cette fin de vie,
01:06:59 c'est obsessionnel, d'une certaine manière,
01:07:01 pour vous, parce que
01:07:03 vous n'avez pas envie
01:07:05 de vous perdre vous-même.
01:07:07 Vous n'avez pas envie de vous retrouver
01:07:09 dans une situation où vous ne penseriez plus,
01:07:11 au fond.
01:07:13 Vous ne seriez plus vous-même.
01:07:15 Et là, le débat va arriver
01:07:17 de cette fin de vie.
01:07:19 - Je traite d'abord de la question de la mort.
01:07:21 À partir d'une citation
01:07:23 d'Elias Canetti, que je trouve extraordinaire,
01:07:25 "La mort est de Dieu
01:07:27 et elle a dévoré son père."
01:07:29 Et c'est très beau, parce que
01:07:31 c'est la définition la plus juste de l'athéisme.
01:07:33 On a pu penser
01:07:35 l'athéisme comme triomphant,
01:07:37 le règne de l'homme se substituant
01:07:39 au règne de Dieu. L'homme s'installe
01:07:41 sur le trône. C'est le sens du projet
01:07:43 moderne. L'homme
01:07:45 rapatrie vers lui
01:07:47 les attributs de l'omnipotence
01:07:49 et de l'omniscience.
01:07:51 Mais l'athéisme,
01:07:53 ce n'est pas cela.
01:07:55 En fait, on est orphelin
01:07:57 de Dieu. Il n'est
01:07:59 plus là. Il n'est plus là pour nous
01:08:01 consoler. L'espérance
01:08:03 nous est interdite.
01:08:05 Il n'y a pas,
01:08:07 au-delà du monde, est-ce ainsi que
01:08:09 nous ressentons les choses,
01:08:11 pas de vie éternelle. J'ajoute,
01:08:13 la grandeur du christianisme,
01:08:15 c'est de l'avoir
01:08:17 pensé avant nous.
01:08:19 Je trouve ça magnifique.
01:08:21 Je pense qu'il y a un génie
01:08:23 du christianisme. Dans
01:08:25 quelle autre religion on voit
01:08:27 Dieu ou le Fils de Dieu, peu importe,
01:08:29 dire sur la croix, "Mon père,
01:08:31 mon père, pourquoi m'as-tu abandonné ?"
01:08:33 C'est inouï.
01:08:35 C'est inouï. Et cette iconographie,
01:08:37 Jésus sur la croix,
01:08:39 les descentes de croix,
01:08:41 les mises au tombeau,
01:08:43 c'est extraordinaire.
01:08:45 La religion chrétienne nous présente
01:08:47 le Christ sur la croix,
01:08:49 jamais le Christ aurait suscité.
01:08:51 Jamais. Donc la mort
01:08:53 est intimement liée,
01:08:55 même au christianisme, sauf que là,
01:08:57 la mort
01:08:59 a dévoré
01:09:01 son père et nous sommes
01:09:03 sans soutien
01:09:05 face à la perspective
01:09:07 de l'inéluctable. Mais,
01:09:09 mais,
01:09:11 une autre angoisse a pris le relais
01:09:13 de celle-là, de ce
01:09:15 tourment, puisque
01:09:17 plus
01:09:19 la perspective
01:09:21 approche, plus on a peur.
01:09:23 Une autre angoisse, donc,
01:09:25 celle de la fin de vie.
01:09:27 Oui, parce que la médecine répare énormément
01:09:29 de choses, et on doit
01:09:31 lui en savoir gré,
01:09:33 mais elle répare pas le cerveau.
01:09:35 Donc, elle fabrique,
01:09:37 ce que dit une
01:09:39 neurologue, Anne Lorbock,
01:09:41 elle fabrique des nonagénaires démons.
01:09:43 Et donc, et je me pose la question,
01:09:45 je l'ai vue autour de moi,
01:09:47 qu'arrivera-t-il
01:09:49 si
01:09:51 j'ai une démence sénile, la maladie
01:09:53 d'Alzheimer ?
01:09:55 Resvani,
01:09:57 l'écrivain Resvani, sa femme,
01:09:59 a connu cette épreuve,
01:10:01 et il parle de l'immense
01:10:03 chagrin de ce
01:10:05 savoir en état de destruction mentale.
01:10:07 Le chagrin
01:10:09 qu'éprouve la personne, parce que bien sûr,
01:10:11 elle le sait.
01:10:13 Au début, elle le sait très bien, parce qu'elle
01:10:15 quand même, au moment où elle est posé de l'éthique,
01:10:17 elle est assez lucide pour le comprendre,
01:10:19 et puis, c'est une
01:10:21 habitude progressive, peut prendre 5 ou 10 ans.
01:10:23 L'immense chagrin.
01:10:25 Que fera-t-on
01:10:27 si on éprouve ce chagrin ?
01:10:29 Si on impose...
01:10:31 - Et vous avez répondu à cette question ?
01:10:33 - ...à ses proches de faire leur
01:10:35 deuil avant même
01:10:37 que l'on soit mort ?
01:10:39 Moi, je me pose la question, et je me dis
01:10:41 non, il faudra qu'on m'aide.
01:10:43 Mais d'un autre côté, ça ne veut pas dire
01:10:45 que je prends partie
01:10:47 dans le débat actuel.
01:10:49 - Mais ça, vous en avez parlé,
01:10:51 parce qu'il faut en parler avant. C'est-à-dire que vous avez dit à votre
01:10:53 épouse, écoutez, moi,
01:10:55 si je suis dans cet état-là, je ne veux pas...
01:10:57 - Je le dis à tout le monde. - Je ne veux pas survivre.
01:10:59 - Je le dis à mon épouse. - Vous l'avez dit.
01:11:01 - À mes amis médecins. - Mais personne...
01:11:03 - Je le claironne. - Mais personne ne le fait.
01:11:05 Parce que quand on est Alzheimer, on n'est pas
01:11:07 mourant, on n'est pas en fin de vie. - Mais non.
01:11:09 - Pardonnez-moi. - On est en fin de vie.
01:11:11 Ça peut durer 10 ans. - 10 ans.
01:11:13 - Mais on est en perte progressive
01:11:15 de conscience.
01:11:17 - C'est entendu. - Un véritable rien
01:11:19 s'installe en soi. - C'est entendu.
01:11:21 - Mais, je le répète, le projet
01:11:23 de loi ne prend pas
01:11:25 en compte
01:11:27 cela. Ça n'intéresse pas.
01:11:29 - Et donc votre avis ? - Il prend en compte la souffrance physique.
01:11:31 Ce que je trouve un peu...
01:11:33 Comment dire ? Problematique.
01:11:35 Parce que les soins palliatifs
01:11:37 peuvent remédier à la souffrance
01:11:39 physique, mais cette souffrance-là,
01:11:41 il n'y a pas de remède.
01:11:43 - Donc, qu'est-ce que vous proposez ? - Moi, je pense
01:11:45 que le médecin qui se drape
01:11:47 dans le serment d'Hippocrate, ou
01:11:49 dans le 6e
01:11:51 commandement, le "tu ne tueras point"
01:11:53 pour refuser d'entendre
01:11:55 cette prière,
01:11:57 eh bien,
01:11:59 il ne fait pas preuve
01:12:01 de miséricorde, mais de cruauté.
01:12:03 Quand la médecine ne peut pas
01:12:05 aider à vivre,
01:12:07 elle doit savoir
01:12:09 aider à mourir.
01:12:11 Ça, je le pense. - Je ne suis pas sûr que Charlotte
01:12:13 soit sur votre position. - Je ne suis pas sûr non plus.
01:12:15 - On n'est pas d'accord. - Je pense que Charlotte n'est pas du tout
01:12:17 sur votre position. - Je suis pas sûr de savoir, Charlotte.
01:12:19 - Ma question est un peu
01:12:21 double. Cette question par rapport
01:12:23 à la fin de vie, et vous l'expliquez d'ailleurs assez bien,
01:12:25 on la pose toujours par rapport
01:12:27 à la mort ou à la peur de mourir. En réalité,
01:12:29 le débat se pose sur la peur de souffrir
01:12:31 ou de se dégrader par rapport à l'image
01:12:33 qu'on a de soi. - Se dégrader, oui.
01:12:35 - Par rapport à l'image qu'on a de soi.
01:12:37 En fait, la question, ce n'est pas le rapport à la mort,
01:12:39 c'est qui
01:12:41 va donner la mort ?
01:12:43 Et si la question du suicide
01:12:45 assisté, c'est bien la personne qui assiste
01:12:47 au suicide qui est le cœur de cette loi.
01:12:49 Et alors, vous dites "le médecin fait preuve
01:12:51 de cruauté", mais est-ce qu'à l'inverse,
01:12:53 le futur malade qui a peur de l'image
01:12:55 de lui-même exige d'un tiers
01:12:57 qui lui donne la mort, quelle que
01:12:59 soit l'idée qu'il a là-dessus,
01:13:01 est-ce que ce n'est pas aussi une manière...
01:13:03 Je n'utiliserai pas le mot "cruauté", mais
01:13:05 est-ce que ce n'est pas une demande qui est trop grande
01:13:07 aussi pour le tiers à qui on demande
01:13:09 de donner la mort ? - Non, mais justement,
01:13:11 c'est pour cela que je choisis
01:13:13 moi-même la Suisse
01:13:15 plutôt que la Belgique,
01:13:17 et le suicide assisté plutôt que
01:13:19 l'euthanasie. J'aime bien l'idée
01:13:21 qu'on soit
01:13:23 l'auteur de cet acte.
01:13:25 Voilà, il est assisté,
01:13:27 mais on en est
01:13:29 soi-même l'auteur.
01:13:31 - Il n'y a pas besoin de loi
01:13:33 pour ça, vous êtes d'accord ? - Comment ?
01:13:35 - Il n'y a pas besoin de loi pour ça, le suicide n'est pas pénalisé
01:13:37 aujourd'hui. - Non, mais... - Quelle est la différence ?
01:13:39 - On ne sait pas le faire. Moi, je veux dire, je suis quoi ?
01:13:41 J'ai des somnifères,
01:13:43 j'en absorbe 30, 40,
01:13:45 qu'est-ce que c'est ? Ça va me faire dégueuler, etc.
01:13:47 Je vais être hospitalisé,
01:13:49 je vais rentrer chez moi. Ce n'est pas facile.
01:13:51 Ce n'est pas facile, et vous dites...
01:13:53 Moi, je dis que ce n'est pas une question d'image.
01:13:55 Ce n'est pas une question d'image, c'est pas vrai.
01:13:57 Ce néant progressif,
01:13:59 c'est tout autre chose.
01:14:01 Et on a beaucoup de mal à l'aborder.
01:14:03 Regardez Houellebecq. Houellebecq a écrit
01:14:05 un article retentissant dans le Figaro
01:14:07 pour dire son hostilité
01:14:09 totale à l'euthanasie
01:14:11 ou à la suicidalité. Il a dit
01:14:13 qu'une civilisation qui fait ça
01:14:15 ne mérite même plus d'être défendue.
01:14:17 Voilà. Bon.
01:14:19 Et il a écrit un livre, "Anéantir",
01:14:21 qui explore cette question.
01:14:23 Un des personnages
01:14:25 a un AVC
01:14:27 qui le laisse
01:14:29 paralysé,
01:14:31 mutique.
01:14:33 Et donc, un groupe militant
01:14:35 le retire de l'hôpital ou de l'EPAD
01:14:37 pour précisément lui sauver la vie.
01:14:39 Sauf que
01:14:41 ce personnage-là
01:14:43 a toute sa tête.
01:14:45 Il ne parle plus,
01:14:47 mais il échange, il écoute de la musique,
01:14:49 il lit.
01:14:51 Donc Houellebecq n'affronte pas
01:14:53 la question décisive.
01:14:55 Parce que
01:14:57 le soleil ni la mort ne se peuvent regarder
01:14:59 fixement, disait Laroche Foucault.
01:15:01 L'Alzheimer non plus.
01:15:03 Ça ne peut pas
01:15:05 se regarder fixement. Donc Houellebecq,
01:15:07 si vous voulez, il se donne la tâche
01:15:09 un peu facile.
01:15:11 Là,
01:15:13 il ne saurait plus quoi dire.
01:15:15 - Il nous reste très peu de temps.
01:15:17 Cette demi-heure est passée à une vitesse folle.
01:15:19 - Elle n'est pas passée, non.
01:15:21 Ça a commencé, vous avez toujours ça commencé.
01:15:23 - Il est 10h28. Je salue Dominique Grimaud
01:15:25 qui nous écoute et qui me dit "La mort est toujours soudaine,
01:15:27 même si vous l'avez longtemps
01:15:29 attendue." C'est Hubert Selby
01:15:31 Junior qui disait ça. Mais vous avez
01:15:33 dit quelque chose qui m'a étonné.
01:15:35 Plus l'échéance approche,
01:15:37 plus on a peur.
01:15:39 Vous avez plus peur
01:15:41 aujourd'hui de la mort, par exemple ?
01:15:43 - J'ai peur. Non mais j'y pense.
01:15:45 - Oui, mais vous avez dit peur.
01:15:47 On pourrait imaginer
01:15:49 quand même que la vie est bien faite
01:15:51 et que l'énergie
01:15:53 décline un peu et que...
01:15:55 Pourquoi pas ? - Oui. Mais j'essaye
01:15:57 effectivement de prendre les choses avec
01:15:59 une certaine sérénité.
01:16:01 Le mot peur n'est pas tout à fait juste.
01:16:03 Mais en tout cas, ça fait
01:16:05 partie de
01:16:07 mes préoccupations.
01:16:09 Je pense à l'échéance.
01:16:11 Mais il y en a deux. Il y a l'échéance
01:16:13 finale et l'échéance d'avant
01:16:15 que j'ai essayé de décrire. - On ne peut pas parler
01:16:17 de tout malheureusement. L'humour médiatique,
01:16:19 antiraciste, antisexiste, révolté
01:16:21 par l'injustice, vent debout contre toutes
01:16:23 les discriminations, xénophiles
01:16:25 et faux-beaufobles, les joyeuderies
01:16:27 qui peuplent les antennes, affichent une
01:16:29 moralité exemplaire. Rien d'étranger
01:16:31 ne leur est
01:16:33 étranger. Jamais on ne les prendrait en flagrant délit
01:16:35 de haine ou de mépris de l'autre.
01:16:37 Ils mènent la vie dure aux vieux clichés.
01:16:39 Ils souffrent avec les exclus. Ils s'inquiètent pour la planète.
01:16:41 Ils sont les contempteurs, implacables
01:16:43 et inlassables de la domination.
01:16:45 Ils pourfendent les riches. Ils abordent les gros
01:16:47 ports. Ils se montrent hospitaliers, ouverts,
01:16:49 généreux, fraternels. Ils célèbrent les
01:16:51 différences. - De qui
01:16:53 puis-je bien parler ?
01:16:55 - Pourquoi vous êtes ironique ?
01:16:57 C'est peut-être bien tout ça. Vous y croyez pas ?
01:16:59 - Non, parce que
01:17:01 ces humoristes professionnels
01:17:03 sont en fait
01:17:05 le bras armé de la bien-pensance.
01:17:07 Alors, ils sont
01:17:09 gentils sur tous les terrains, mais ils
01:17:11 cognent. - Ils sont pas gentils. - Justement !
01:17:13 Ils cognent très violemment
01:17:15 sur tous ceux qui
01:17:17 sortent de la route
01:17:19 qu'ils ont ainsi balisé.
01:17:21 Voilà. Donc,
01:17:23 je pense que c'est une trahison
01:17:25 de l'humour, parce que l'humour
01:17:27 est fondé sur
01:17:29 l'incertitude.
01:17:31 Il y a une incertitude,
01:17:33 c'est le sentiment
01:17:35 de la relativité des choses.
01:17:37 Et les humoristes
01:17:41 aujourd'hui
01:17:43 sont extrêmement
01:17:45 dogmatiques. - Il y a un mot, moi,
01:17:47 que j'aime. - L'humour
01:17:49 se loge ailleurs
01:17:51 que chez les humoristes professionnels.
01:17:53 - L'humour, vous en avez beaucoup fait preuve ce matin,
01:17:55 j'ai plus fri avec vous, j'ai failli à un moment vous dire
01:17:57 que vous êtes beaucoup plus drôles que
01:17:59 certaines personnes qui font du stand-up.
01:18:01 - Ils sont payés pour ça. - Bon. Mais il y a un mot
01:18:03 qui résume ça, parfois, c'est "ricaner".
01:18:05 - Voilà. - "Ricaner". Les gens ricanent.
01:18:07 - C'est des narquois. - Alors, il est 10h30.
01:18:09 - C'est des narquois. - Des narquois. - Et c'est terrible.
01:18:11 - Oui. Il est 10h30, vous vous rendez
01:18:13 compte. Le temps passe avec vous. - Bah oui.
01:18:15 Donc, on fait la demi-heure d'après.
01:18:17 - Non, parce que c'est Jean-Marc Morandini,
01:18:19 mais on va passer peut-être l'archive
01:18:21 dont je vous ai promis, avec Bernard Pivot,
01:18:23 parce que d'abord, je trouve que... - Elle va me déprimer
01:18:25 un max. - Mais non, parce que Pivot était un génie,
01:18:27 d'abord, et il savait interroger les gens
01:18:29 comme personne, et
01:18:31 on est en 79.
01:18:33 Vous êtes avec votre ami Bruckner.
01:18:35 - Oui, oui. - Sur le plateau. Vous l'avez
01:18:37 jamais revu, cette image ? - Si, je crois, une fois.
01:18:39 - Bon.
01:18:41 - Bah, ne soyez pas désespérés comme ça.
01:18:43 Je veux dire, ça va bien se passer,
01:18:45 monsieur Finkielkraut. - Ça va être affreux.
01:18:47 - Mais non, mais arrêtez, mais écoutez,
01:18:49 la vie est belle. Vous êtes jeune.
01:18:51 - Ah, merci. Enfin !
01:18:53 Enfin une parole de vérité. - Vous êtes jeune,
01:18:55 vous avez toute votre tête.
01:18:57 Vous trouvez que vous travaillez plus difficilement,
01:18:59 que c'est plus difficile qu'avant ?
01:19:01 - Mais à chaque fois que je fais
01:19:03 mon code, ma carte bleue,
01:19:05 j'ai le code bon, je me dis
01:19:07 "ça va". Le jour où j'aurai le code
01:19:09 mauvais, je pense que j'irai voir un
01:19:11 neurologue. - Vous voyez, ça, c'est beaucoup plus
01:19:13 drôle que n'importe quel humoriste
01:19:15 que je chante.
01:19:17 En revanche, votre code, si vous pouvez me...
01:19:19 Enfin, on en parle après l'émission. Somaïa.
01:19:21 - Rungis, ce barricade
01:19:27 encadré par des blindés et des barrages
01:19:29 filtrants, le ventre de Paris est dans la
01:19:31 ligne de mire des agriculteurs.
01:19:33 Le convoi parti d'Agen continue
01:19:35 de faire route vers ce marché stratégique
01:19:37 de la capitale, même s'il a été
01:19:39 stoppé un peu plus tôt ce matin
01:19:41 par des CRS à plusieurs reprises.
01:19:43 Il voulait en faire un symbole.
01:19:45 Désormais, c'est chose faite.
01:19:47 L'aéroport de Toulouse-Blagnac est bloqué
01:19:49 par un convoi d'agriculteurs parti tôt
01:19:51 ce matin, comme vous pouvez le voir sur ces
01:19:53 images. Objectif de cette action,
01:19:55 mettre la pression sur le gouvernement
01:19:57 sans toutefois pénaliser les
01:19:59 passagers. Et puis, il passe
01:20:01 son grand oral cet après-midi devant
01:20:03 les députés. Gabriel Attal va prononcer
01:20:05 son discours de politique générale
01:20:07 à l'Assemblée. Si le Premier ministre
01:20:09 ne sollicitera pas
01:20:11 de vote de confiance, il devrait toutefois
01:20:13 détailler les grandes réformes à venir
01:20:15 pour cette nouvelle phase du quinquennat.
01:20:17 Un événement, évidemment, à vivre
01:20:19 en direct sur notre antenne
01:20:21 dès 15h.
01:20:23 - Apostrophe, 1979,
01:20:25 on est en juillet, vous êtes bronzé,
01:20:27 vous êtes beau comme tout, vous êtes avec Bruckner,
01:20:29 vous êtes sur le plateau, vous présentez un livre,
01:20:31 "L'Aventure est au bout de la rue".
01:20:33 - Au coin de la rue, l'aventure. - Au coin de la rue, l'aventure.
01:20:35 Bon. Et
01:20:37 voyez, c'est intéressant
01:20:39 parce que
01:20:41 vous allez dire pourquoi vous avez écrit
01:20:43 ce bouquin et on voit d'une certaine manière
01:20:45 la continuité
01:20:47 avec ce qu'on vient de dire là. Je vous assure,
01:20:49 moi, je ne savais pas qu'il y aurait peut-être autant de continuité.
01:20:51 Mais écoutez.
01:20:53 - Ce livre, c'est un essai.
01:20:55 Donc, c'est un livre sérieux.
01:20:57 Finalement, c'est quoi ? C'est une enquête sur la vie quotidienne
01:20:59 du point de vue de l'aventure.
01:21:01 L'hypothèse de départ, c'est que
01:21:03 les gens ont sur leur vie
01:21:05 une perspective beaucoup plus romanesque qu'on ne le croit.
01:21:07 Ils veulent la réussir du point de vue du romanesque
01:21:09 et de l'intensité. Mais bon.
01:21:11 C'est un essai donc. Mais d'autre part, nous avons
01:21:13 voulu un petit peu
01:21:15 parsemer cet essai
01:21:17 de petits gags, de petites blagues, de petits effets d'humour
01:21:19 parce que nous n'avons
01:21:21 pas voulu nous prendre
01:21:23 trop au sérieux. Peut-être parce que l'époque
01:21:25 dans laquelle nous vivons
01:21:27 essaie de se dissimuler à elle, sa propre
01:21:29 médiocrité historique.
01:21:31 Il y a énormément de prophètes
01:21:33 qui parlent comme ça de dissidence, de résistance
01:21:35 et de tas de choses, de tas de choses absolument
01:21:37 majuscules
01:21:39 et majestueuses.
01:21:41 Notre humour,
01:21:43 c'était une manière de remettre un petit peu l'époque
01:21:45 à sa place.
01:21:47 - C'est drôle quand même.
01:21:49 Notre humour, c'était une manière
01:21:51 de remettre l'époque à sa place.
01:21:53 Et qu'est-ce qu'on fait là ?
01:21:55 Qu'est-ce que vous avez fait ce matin ?
01:21:57 - C'est vrai. Qu'est-ce que j'avais les cheveux longs ?
01:21:59 Non ?
01:22:01 C'est l'époque.
01:22:03 - Vous n'avez pas vraiment les cheveux longs ?
01:22:05 C'était Julia Clare qui vous va bien ?
01:22:07 - Oui, peut-être.
01:22:09 Oui,
01:22:11 c'est vrai. Dans nos
01:22:13 premiers livres, nous étions
01:22:15 Bruckner et moi
01:22:17 un peu en décalage
01:22:19 avec notre époque.
01:22:21 Et le décalage s'est évidemment
01:22:23 accentué. Mais même le nouveau désordre amoureux,
01:22:25 c'est l'époque
01:22:27 de la libération sexuelle,
01:22:29 célébration
01:22:31 de l'orgasme.
01:22:33 On lisait Willem Reich.
01:22:35 Une idée fusionnelle
01:22:37 de l'amour physique
01:22:39 et de l'amour sentimental.
01:22:41 Et déjà, nous avons voulu
01:22:43 introduire une certaine dissymétrie.
01:22:45 L'idée que la jouissance
01:22:49 féminine et la jouissance masculine
01:22:51 c'était extraordinairement différent
01:22:53 et que l'amour était peut-être
01:22:55 l'exploration de cette dualité,
01:22:57 de cette différence. Et j'avais écrit,
01:22:59 moi, le chapitre sur la formule
01:23:01 "Je t'aime". Donc effectivement, il y a
01:23:03 quelque chose, il y a peut-être une certaine
01:23:05 continuité. - Eh bien, écoutez,
01:23:07 il est 10h35 et on vient de passer 35 minutes
01:23:09 ensemble et c'était un plaisir.
01:23:11 Pêcheur de perles, c'est chez Gallimard. Lisez
01:23:13 ce livre parce que c'est tout ce qu'on aime.
01:23:15 C'est à la fois profond, mais c'est drôle
01:23:17 au sens vraiment où l'humour...
01:23:19 En fait, c'est vous. - Oui, c'est vrai. - Voilà, c'est vous.
01:23:21 Moi, je vous trouve toujours extrêmement drôle.
01:23:23 - Ah bon ? - Ah oui !
01:23:25 - Ah si, vous êtes drôle, oui.
01:23:27 - Cette dimension-là
01:23:29 n'est peut-être pas perçue par tous,
01:23:31 mais j'ai souvent remarqué que
01:23:33 vous êtes très... - Merci beaucoup.
01:23:35 - Très drôle. Et c'est un
01:23:37 plaisir, vraiment, c'est un plaisir
01:23:39 de vous avoir reçu ce matin.
01:23:41 J'espère que vous reviendrez régulièrement, parce que quand
01:23:43 je vous appelle, vous hésitez à venir.
01:23:45 - Oui. - Vous me dites "Je veux pas venir, je veux pas
01:23:47 parler". Par exemple, vous m'avez dit tout à l'heure "Je veux pas parler des agriculteurs".
01:23:49 - Ah oui. - On en a pas parlé.
01:23:51 - Je veux pas parler de tout
01:23:53 sous prétexte "Je suis
01:23:55 un écrivain, un intellectuel".
01:23:57 Il y a des choses sur lesquelles je n'ai aucune
01:23:59 compétence. - Vous pourriez parler des vaches.
01:24:01 - Je ne vais pas en dire un mot.
01:24:03 - Merci en tout cas à Alain Finkielkraut,
01:24:05 Antoine Garchette était à la réalisation,
01:24:07 David Marrin était à la vision, Grégory était
01:24:09 au son. Merci à Marine Lanson, à Benoît
01:24:11 Bouteille. Toutes ces émissions sont à retrouver
01:24:13 sur cnews.fr et Jean-Marc Morandini
01:24:15 va être dans une seconde sur le terrain
01:24:17 avec les agriculteurs. Merci Charlotte !
01:24:19 - Merci à vous. - Merci beaucoup Charlotte.
01:24:21 - Vraiment, merci beaucoup.
01:24:23 Et rendez-vous ce soir.
01:24:25 merci à bientôt !