Discours de politique générale de Gabriel Attal : «Le virage libéral ne peut pas être nié», estime Anne-Charlène Bezzina

  • il y a 8 mois
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Anne-Charlène Bezzina, politologue et constitutionnaliste, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur le discours de politique générale prononcé par Gabriel Attal ce mardi à l'Assemblée nationale. Désmicardisation de la France, valorisation du travail, souveraineté de la France et logements sociaux, le nouveau Premier ministre a abordé de nombreux sujets.
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Transcript
00:00 - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la politologue et
00:04 constitutionnaliste Anne-Charlène Bézina. - Bonjour Anne-Charlène Bézina.
00:08 - Bonjour Dimitri. - Bienvenue sur Europe 1, Anne-Charlène. Est-ce qu'on peut grandir à l'ombre d'Emmanuel Macron ?
00:13 Est-ce qu'on peut exister quand on est son Premier ministre ? Peut-être que Gabriel Attal s'est posé ces questions
00:19 avant de monter à la tribune de l'Assemblée hier pour prononcer son discours de politique générale.
00:24 Alors Anne-Charlène Bézina, il y a eu le choc de sa nomination il y a trois semaines à Gabriel Attal, un plus jeune ministre,
00:31 Premier ministre de la Ve République. Est-ce que vous avez l'impression qu'hier, après 80 minutes de temps de parole, il a transformé l'essai ?
00:39 - Le moins qu'on puisse dire c'est que c'était un discours de politique générale remarqué parce qu'il a fait référence à sa propre vie privée,
00:49 il a essayé d'incarner son style d'autorité. Mais c'est vrai que sur ce discours de politique générale, affirmer son identité ou transformer l'essai,
00:59 je ne sais pas encore parce que je crois que vraiment la frontière des résultats est encore très présente.
01:05 Parce qu'on a eu un peu de termes pas forcément très clairs comme la désmicardisation, l'appel à la souveraineté de la France
01:14 au respect de cette identité qui ne doit pas se diluer, et à la fois tout un catalogue de mesures très précises.
01:19 Mais est-ce qu'entre les deux on va vraiment arriver à trouver un cap ? Ça je crois que c'est l'avenir qui nous le dira.
01:25 - Alors il y a eu un déferlement d'annonces souvent très concrètes, j'en cite quelques-unes.
01:29 Le paiement des rendez-vous médicaux non honorés, ce qu'on appelle la taxe lapin.
01:33 On se demande d'ailleurs comment ça va être mis en œuvre, en pratique.
01:36 La semaine de quatre jours dans la fonction publique, dans les administrations, les psys mieux remboursés pour les adolescents,
01:44 un service civique écologique, un logement social davantage à la main des maires, etc.
01:49 Est-ce qu'il y a un fil conducteur entre toutes ces annonces selon vous ?
01:53 - Alors à mon sens il y en a deux qui font partie un peu de ce que je pense être les motivations de la nomination de Gabriel Attal à Matignon.
02:02 C'est que le président entendait rétablir l'autorité, on l'a bien remarqué avec notamment Gabriel Attal, ministre de l'éducation.
02:09 C'est quelque chose qui fait partie d'ailleurs des priorités des Français en termes de sondage d'opinion.
02:15 Depuis les émeutes, on remarque ce fameux choc d'autorité dont Gabriel Attal se réclamait à l'éducation.
02:22 Je crois qu'on le retrouve dans ce qu'il a souhaité hier et je crois que ça fait partie de son style.
02:28 Et puis la deuxième chose c'est la fameuse confiance, le rétablissement de la confiance.
02:33 Donc au fond ça se fait à travers des mesures concrètes et j'ai le sentiment que c'est ça que Gabriel Attal a essayé d'avoir hier, de l'autorité et de la confiance.
02:42 - C'est aussi une machine à slogans on peut le dire ce Premier ministre.
02:46 J'en donne quelques formules qu'il a délivré hier sur l'autorité à l'école.
02:50 Tu casses, tu répares, tu salies, tu nettoies.
02:53 Sur la simplification il nous dit trop de délais, c'est moins de projets.
02:56 Sur les impôts, quand on taxe tout, il n'y a plus rien du tout.
02:59 Sur l'immigration il nous dit "accueillir moins pour accueillir mieux", etc.
03:04 Mais qu'est-ce qu'il y a de concret derrière tout ça ?
03:07 - C'est la question qu'on va se poser dans les mois à venir parce que c'est un politique Gabriel Attal.
03:13 Ça qu'on se le dise, il est peut-être très jeune mais il a été formé à bonne école parce qu'il est politique par vocation et par amour de justement cet art du verbe,
03:24 de cette recherche de l'arrangement politicien également.
03:29 La France est à droite, en tout cas se droitise, les alliances vont se faire à droite.
03:36 Il est donc assez logique qu'il y ait une forme de droitisation de son discours qui est pragmatique à mon sens.
03:42 C'est ça qui est recherché, c'est du pragmatisme.
03:44 Est-ce que pour autant on aura des résultats ?
03:46 C'est la même chose avec la crise des agriculteurs, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de promesses
03:50 mais les résultats c'est ce qui a manqué un petit peu à Emmanuel Macron jusqu'à présent.
03:53 Donc je pense que c'est vraiment tout son intérêt.
03:55 Vous dites la France roule à droite et la presse de gauche ne retient que ça,
04:00 l'impression d'une droitisation de la ligne gouvernementale avec Gabriel Attal.
04:03 Mais on a surtout vu les courbes de l'en même temps macronien.
04:07 Je vous donne un exemple, sur l'immigration il dit "accueillir moins pour accueillir mieux"
04:11 et trois minutes plus tard il annonce une régularisation massive de tous les médecins étrangers qui travaillent en France
04:17 et même une campagne de séduction pour aller les chercher.
04:20 On va envoyer des recruteurs à l'étranger pour ramener des médecins étrangers.
04:24 Il y a quand même une perpétuation de cet en même temps macronien depuis 2017.
04:30 Alors moi je le crois profondément en effet.
04:33 Même si pour moi le virage libéral ne peut pas être nié notamment sur les mesures économiques
04:38 et sur le champ lexical avec la souveraineté, l'identité, l'autorité.
04:43 Je crois qu'on cherche à marcher clairement sur des plates-bandes plutôt républicaines,
04:48 des républicains, du groupe Les Républicains.
04:51 Mais je crois en effet qu'il y a quand même cette perpétuation que vous appelez du macronisme
04:56 parce que au fond le macronisme est un pragmatisme.
04:59 C'est-à-dire que depuis 2017, ce qu'Emmanuel Macron essaye d'incarner c'est cette idée que
05:04 la France n'est ni à droite ni à gauche mais est dans l'efficacité de politiques qui peuvent être sociales ou libérales.
05:09 Et au fond c'est vrai que c'est Gabriel Attal qui s'inscrit aussi là-dedans puisque
05:14 outre la régularisation des médecins étrangers qui est un peu sa seule mesure sociale,
05:19 on retrouve en effet cet appel à la solidarité plusieurs fois dans son discours.
05:25 Et je crois en effet que même si les mesures sont plus libérales,
05:29 on garde cette idée qu'on ne veut être étiqueté ni à droite ni à gauche et qu'on garde cette en même temps.
05:35 Gabriel Attal est à mon avis le champ du signe du macronisme.
05:38 Soit ça fonctionne maintenant, soit ça ne fonctionnera plus.
05:40 Un mot sur les agriculteurs Anne-Charlene Bézina pour terminer. Ça arrive quand même dans son discours au bout d'une heure,
05:45 une heure seulement, la liste des annonces concrètes après d'ailleurs une ode à la planification écologique
05:51 qui braque les agriculteurs et juste avant une apologie de l'Union européenne qui est dans leur viseur également.
05:56 Est-ce qu'il a loupé le coche avec eux ?
05:59 Je n'en suis pas sûre parce que les agriculteurs ont d'abord fait l'appel d'un petit mot au départ
06:04 avant que les mesures concrètes n'arrivent à la fin en effet.
06:07 Mais sur l'Union européenne et la planification écologique qui sont c'est vrai les deux bornes de cette réforme agricole,
06:15 je crois justement qu'il a été plutôt dans le sens des agriculteurs
06:18 parce que l'Union européenne ne s'oppose pas nécessairement à la politique agricole.
06:22 En tout cas c'est ce qu'il a essayé de démontrer puisqu'il n'a égrené que les mesures qui peuvent être un peu en faveur aussi de cette politique agricole.
06:29 Il a parlé quand même d'exceptions françaises en la matière.
06:33 Donc il s'est inscrit clairement plus ou moins à l'encontre de certains projets européens qui cherchent à la dénier.
06:38 Et je crois aussi que sur la planification écologique, il a parlé d'une écologie plutôt populaire.
06:43 Donc sous-entendant nécessairement que toutes les mesures qui seraient contre les automobilistes ou les agriculteurs
06:51 allaient être plus ou moins rognées voire abandonnées.
06:54 Donc je crois au contraire qu'il essaye d'aller dans ce sens-là.
06:57 Encore une fois la seule frontière ça va être l'efficience, l'efficacité, le résultat.
07:01 Et c'est là-dessus qu'il va être attendu.
07:03 Merci Anne-Charlène Bézina d'avoir été avec nous sur Europe 1.
07:06 Je rappelle que vous êtes politologue, constitutionnaliste.
07:08 Bonne journée à vous.

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