Ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 C'est la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:02 Bonjour à vous, Gérald Darmanin.
00:04 Bonjour.
00:04 Merci de nous accorder cet entretien avant votre déplacement
00:07 cet après-midi en Italie, à Rome.
00:09 L'empée d'Ouza, Monsieur le ministre, débordée par l'afflux de milliers de migrants.
00:13 La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,
00:17 en visite sur place, a appelé les pays européens à accueillir
00:19 une partie de ces migrants arrivés en Italie.
00:22 Est-ce que la France s'apprête à le faire et si oui, pour combien de migrants ?
00:27 Alors non, la France ne s'apprête pas à le faire.
00:29 La France, comme l'a dit le président de la République à la première ministre italienne,
00:33 va aider l'Italie à tenir sa frontière pour empêcher les gens d'arriver.
00:37 Et pour ceux qui sont arrivés en Italie, à l'empée d'Ouza et dans le reste de l'Italie,
00:41 nous devons appliquer les règles européennes que nous avons adoptées,
00:44 voilà, quelques mois, qui consistent à faire les demandes d'asile à la frontière.
00:48 Et donc, une fois qu'on fait les demandes d'asile à la frontière,
00:50 on constate une grande partie de ces demandeurs d'asile
00:52 ne sont pas éligibles à l'asile et doivent repartir immédiatement dans les pays d'origine.
00:57 S'il y a des demandeurs d'asile qui sont éligibles à l'asile,
01:00 qui sont persécutés pour des raisons évidemment politiques,
01:04 bien sûr, ce sont des réfugiés et dans ces cas-là,
01:06 la France, comme d'autres pays, comme elle l'a toujours fait, peut accueillir des personnes.
01:09 Mais ce serait une erreur d'appréciation que de considérer que les migrants,
01:12 parce qu'ils arrivent en Europe, doivent tout de suite être répartis
01:14 dans tous les pays d'Europe et dont la France, qui prend déjà largement sa part.
01:18 Et donc, ce que nous devons dire à nos amis italiens,
01:19 qui, je crois, sont parfaitement d'accord avec nous,
01:21 nous devons protéger les frontières extérieures de l'Union européenne,
01:23 les aider à cela et surtout, tout de suite regarder les demandes d'asile.
01:27 Et quand les gens ne sont pas éligibles à l'asile, tout de suite les renvoyer dans leur pays.
01:30 - Donc, pour être clair, ce matin, Gérald Darmanin,
01:32 vous dites que la politique de relocalisation immédiate,
01:36 non, la France n'en prendra pas sa part.
01:38 - S'il s'agit de personnes qui doivent déposer une demande d'asile
01:42 parce qu'ils sont persécutés dans leur pays, alors ce sont des réfugiés politiques.
01:46 Oui, nous avons toujours relocalisé, on a toujours mis dans nos pays,
01:48 si j'ose dire, une partie du fardeau qu'avaient les Italiens ou les Grecs.
01:51 S'il s'agit de prendre les migrants tels qu'ils sont,
01:54 60% d'entre eux viennent de pays comme la Côte d'Ivoire, comme la Guinée, comme la Gambie.
01:58 Il n'y a aucune raison qu'ils viennent...
01:59 - Ça a été le cas lors de l'Ocean Viking.
02:01 - Il n'y a aucune raison.
02:02 Pour d'autres raisons, c'est des raisons humanitaires.
02:04 Là, il n'y a pas de question humanitaire,
02:06 sauf qu'à Lampedusa, les choses deviennent très difficiles.
02:08 C'est pour ça qu'il faut que nous aidions nos amis italiens.
02:10 Mais il ne peut pas avoir comme message donné aux personnes qui viennent sur notre sol
02:15 qu'ils sont, quoi qu'il arrive, dans nos pays accueillis.
02:18 Ils sont accueillis que s'ils respectent les règles de l'asile, s'ils sont persécutés.
02:22 Mais si c'est une immigration qui est juste irrégulière, non.
02:25 La France ne peut pas les accueillir, comme d'autres pays.
02:27 La France est très ferme.
02:28 Vous savez, j'entends souvent que c'est le pays où il y a le plus de demandeurs d'asile.
02:31 C'est tout à fait faux.
02:32 Nous sommes le quatrième pays derrière l'Allemagne, derrière l'Espagne, derrière l'Autriche.
02:37 Et notre volonté, c'est d'accueillir bien sûr ceux qui doivent l'être, les persécutés politiques.
02:42 Mais nous devons absolument renvoyer chez eux ceux qui n'ont rien à faire en Europe.
02:47 On entend votre message ce matin qui est un peu différent de celui de la ministre des Affaires étrangères,
02:52 qui semblait parler d'un accueil inconditionnel.
02:55 Le président de la République a parlé d'un devoir de solidarité.
02:59 Vous vous dites, oui, devoir de solidarité, mais nous n'allons pas avoir une politique de répartition des migrants.
03:05 Ce n'est pas le rôle de la France.
03:07 Le rôle de la France, c'est d'abord aider l'Italie.
03:09 Comment, concrètement ?
03:10 Nous d'abord, nous devons continuer à protéger nos frontières.
03:12 Et ça, c'est à l'Europe de le faire.
03:13 Ça, c'est l'enjeu majeur, les frontières extérieures.
03:15 Exactement. Nous devons déployer davantage Frontex en Méditerranée.
03:18 Avec une efficacité, monsieur le ministre, très discutable.
03:20 Avec des messages qu'on doit passer à Frontex, effectivement, de meilleure action
03:25 pour empêcher les personnes de traverser pour aller à Lampedusa.
03:27 Il y a eu à Lampedusa, vous l'avez dit, des milliers de personnes, 5000 même,
03:30 en une seule journée, m'a dit le ministre italien, le 12 septembre.
03:33 Donc il y a manifestement 300, 400 arrivées de bateaux possibles.
03:37 Nous devons aussi travailler avec la Tunisie, avec peut-être beaucoup plus encore d'actions
03:41 que nous faisons jusqu'à présent.
03:42 La Commission européenne vient de négocier un plan.
03:44 Il faut le mettre en place désormais.
03:45 Il faut arrêter d'en parler.
03:46 Il faut le faire.
03:47 Vous savez, les bateaux qui sont produits à Sfax pour venir à Lampedusa,
03:50 ils sont produits en Tunisie.
03:51 Donc il faut absolument que nous cassons cet écosystème des passeurs, des trafiquants,
03:55 parce qu'on ne peut pas continuer comme ça.
03:57 Quand vous dites "nous", c'est-à-dire en partenariat avec la Tunisie,
03:59 comment vous expliquez, monsieur le ministre, qu'il y a eu un afflux aussi soudain ?
04:02 Est-ce que la Tunisie n'a pas pu ou n'a pas voulu contenir ces arrivées ?
04:06 Je ne sais pas. J'imagine que le gouvernement tunisien fait le maximum.
04:09 On sait que tous ces gens sont partis de Sfax,
04:11 donc d'un endroit extrêmement précis où il y a beaucoup de migrants,
04:13 notamment africains, subsahariens qui y sont.
04:16 Donc la Tunisie connaît elle-même une difficulté migratoire très forte.
04:19 On doit manifestement l'aider, mais on doit aussi très bien coopérer avec elle.
04:23 Je crois que c'est ce que fait en ce moment le gouvernement italien,
04:25 qui rappelle un certain nombre de choses aux Tunisiens,
04:27 qui leur rappellent aussi leurs difficultés.
04:29 Donc ce qui est sûr, c'est que nous avons désormais beaucoup de plans.
04:31 On a beaucoup de moyens.
04:32 On a fait beaucoup de déplacements.
04:33 Maintenant, il faut appliquer cela.
04:34 Vous savez, la France, à l'ordre du président de la République,
04:36 c'était d'ailleurs à Tourcoing à proposer un pacte migratoire,
04:39 qui consistait très simplement à ce que les demandes d'asile
04:41 ne se fassent plus dans nos pays, mais à la frontière.
04:44 Tout le monde l'a adopté, y compris le gouvernement de Mme Mélanie.
04:48 C'est extrêmement efficace, puisque l'idée, c'est qu'on dise que les gens,
04:52 quand ils rentrent sur le territoire européen,
04:54 ne sont pas juridiquement sur le territoire européen.
04:56 Donc gardons leur asile en quelques jours et nous les renvoyons.
05:00 Il faut que l'Italie anticipe la mise en place de ce dispositif.
05:05 Et pourquoi il n'a pas encore été mis en place ?
05:07 Parce que des députés européens, ceux du Rassemblement national,
05:09 ont voté contre.
05:10 C'est-à-dire qu'on a une situation politique un peu étonnante,
05:13 où la France trouve une solution, la demande d'asile aux frontières,
05:16 beaucoup plus efficace.
05:17 Le gouvernement de Mme Mélanie, dans lequel participe M. Salvini,
05:20 est d'accord avec cette proposition.
05:22 Simplement, ceux qui bloquent ça au Parlement européen,
05:24 c'est le Rassemblement national, qui après va en Italie
05:26 pour dire que l'Onte ne fait rien.
05:27 Donc on voit bien qu'il y a du tourisme électoral de la part de Mme Le Pen.
05:31 Il faut désormais être ferme.
05:32 Ce que je vous dis, nous n'accueillerons pas les migrants.
05:34 Mais un migrant sur le sol européen aujourd'hui,
05:36 c'est qu'il va y rester.
05:37 La vocation est restée.
05:38 C'est tout à fait faux.
05:39 Nous faisons des retours.
05:40 Nous avons, par exemple, dans les demandes d'asile prévues, des Ivoiriens.
05:43 Nous avons des personnes qui viennent du Cameroun.
05:46 Nous avons des personnes qui viennent de Gambie.
05:48 Avec ces pays, nous avons d'excellentes relations politiques internationales.
05:52 Et nous renvoyons tous les jours dans ces pays,
05:53 des personnes qui n'ont rien à faire pendant de l'asile en France ou en Europe.
05:57 Donc c'est tout à fait faux.
05:58 Avec certains pays, nous avons plus de difficultés, bien sûr,
06:00 parce qu'ils sont en guerre, comme la Syrie, comme l'Afghanistan, bien sûr.
06:03 Mais avec beaucoup de pays, la Tunisie, la Gambie, la Côte d'Ivoire,
06:07 le Sénégal, le Cameroun,
06:08 nous sommes capables de renvoyer très rapidement ces personnes chez elles.
06:10 Lorsque le patron du Rassemblement national Jordan Bardalla
06:13 ou encore Éric Zemmour ou encore Marion Maréchal sur place dit
06:15 "Aucun migrant de l'Empédouzade ne doit arriver en France",
06:19 est-ce que vous êtes capable de tenir, si je puis dire, cette déclaration ?
06:22 Vous dites que c'est totalement illusoire.
06:24 Non mais M. Bardalla, il fait de la politique poéticienne.
06:27 Et malheureusement, sur le dos de ses amis italiens,
06:30 sur le dos de femmes et d'hommes,
06:31 parce qu'il ne faut jamais oublier que ces personnes,
06:33 évidemment, connaissent des difficultés extrêmement fortes.
06:35 Il y a un bébé qui est mort à l'Empédouzade, voilà, à quelques heures.
06:38 Et évidemment, sur le dos de l'intelligence politique que les Français ont,
06:42 le Front National vote systématiquement contre toutes les mesures
06:45 que nous proposons au niveau européen.
06:47 Chacun voit que c'est un sujet européen.
06:48 C'est pour ça, d'ailleurs, qu'ils se déplacent, j'imagine, en Italie.
06:51 - Ils ne sont pas d'accord avec votre politique, M. le ministre, ça ne te prend personne.
06:52 - Mais M. Selvini, Mme Méloni, avec le gouvernement français,
06:54 ont adopté un texte commun qui prévoit une révolution,
06:58 la demande d'asile aux frontières.
06:59 M. Bardella, lui, il parle beaucoup,
07:02 mais au Parlement européen, il vote contre.
07:03 Pourquoi ? Parce qu'il vit des problèmes.
07:04 La vérité, c'est que M. Bardella, comme Mme Maréchal-Le Pen,
07:07 on a compris qu'il y a une sorte de concurrence dans la démagogie à l'extrême droite,
07:12 eux, ce qu'ils veulent, c'est vivre des problèmes.
07:13 Quand on leur propose de résoudre des problèmes,
07:14 l'Europe, avec le président de la République, a essayé de leur proposer de les résoudre.
07:18 Nous avons un accord avec Mme Méloni.
07:20 Nous faisons la demande d'asile aux frontières.
07:22 Nous considérons qu'il n'y a plus d'asile en Europe,
07:24 sans qu'on n'ait pas étudié aux frontières cet asile.
07:26 Quand le Rassemblement national vote contre, qu'est-ce qui se passe ?
07:29 Ils ne veulent pas résoudre les problèmes.
07:30 Ils veulent pouvoir avoir une sorte de carburant électoral
07:33 pour pouvoir dire n'importe quoi, comme ils l'ont fait ce week-end encore.
07:34 Ce matin, sur les 5 000, 6 000 qui sont arrivés à Lampedusa,
07:38 combien seront raccompagnés ?
07:40 Combien n'ont pas vocation et ne resteront pas sur le sol européen ?
07:43 C'est difficile à savoir, parce que moi, je ne suis pas les autorités italiennes.
07:47 C'est pour ça qu'à la demande du président, je vais à Rome cet après-midi.
07:50 Mais de notre point de vue, de ce que nous en savons,
07:52 des autorités italiennes, beaucoup doivent être accompagnés,
07:55 puisqu'encore une fois, je comprends que sur à peu près 8 000 ou 9 000 personnes
07:59 qui sont arrivées, il y a beaucoup de gens qui viennent de pays
08:02 qui ne connaissent pas de persécution politique.
08:04 Ni au Cameroun, ni en Côte d'Ivoire, ni bien sûr en Gambie,
08:08 et donc ni en Tunisie.
08:10 Et donc ces personnes, bien sûr, doivent repartir dans leur pays.
08:13 La France doit les aider à repartir.
08:14 On note, Gérald Darmanin, que vous avez un discours,
08:16 en tout cas une tonalité très différente à l'égard de Mme Mélanie.
08:19 On se souvient tous qu'il y a eu quasiment une crise diplomatique
08:22 il y a quelques temps, lorsque vous aviez dit qu'elle n'était pas capable
08:25 de gérer ces questions migratoires sur lesquelles elle est arrivée au pouvoir.
08:30 Un discours très ferme.
08:31 Aujourd'hui, vous dites "non, je la soutiens, Mme Mélanie".
08:34 C'est dernière nous, toutes ces déclarations ?
08:36 Vous les avez tenues ?
08:37 - Je ne suis pas là pour soutenir Mme Mélanie.
08:38 Non, je dis simplement que lorsqu'on vote pour des gouvernements
08:40 qui vous promettent tout, c'est le cas aussi de ce qui s'est passé
08:43 avec le Brexit en Grande-Bretagne.
08:45 Les Français doivent comprendre ça.
08:46 Lorsqu'on dit "pas un migrant ne viendra, on fera un blocus naval",
08:49 vous allez voir avec nous, on reste gratis.
08:50 On voit bien que la réalité dépasse largement ces engagements.
08:54 Le fait est qu'aujourd'hui, nous devons gérer une situation
08:57 où l'Italie est en grande difficulté et on doit aider l'Italie.
08:59 Parce qu'aider l'Italie, d'abord, c'est nos frères et nos sœurs, les Italiens.
09:02 Mais en plus, c'est la continuité, évidemment, de ce qui va se passer en France.
09:06 Donc moi, je suis là pour protéger les Français.
09:08 Je suis là pour protéger les Français parce que le président de la République
09:11 souhaite que nous le fassions dans un cadre européen.
09:13 Et c'est la seule solution qui vaille.
09:14 Parce que l'Europe doit parler d'une seule voie.
09:15 - C'est la seule solution qui vaille ?
09:16 - Oui, c'est la seule solution qui vaille.
09:17 - Vous savez que l'Allemagne a changé d'avis.
09:19 Elle n'en voulait pas, finalement, là, sur les migrants, elle change d'avis.
09:22 La Hongrie, la Pologne, je n'en parle même pas.
09:24 La situation devient quand même intonable.
09:25 - La France a un rôle moteur dans cette situation de ce week-end.
09:28 Vous avez vu les contacts diplomatiques que nous avons eus.
09:31 On est heureux d'avoir réussi à faire bouger nos amis allemands sur cette situation.
09:34 Les Allemands connaissent aussi une difficulté forte.
09:36 Ils ont un million de personnes réfugiées ukrainiennes.
09:40 Ils ont une situation compliquée par rapport à la nôtre aussi.
09:43 Mais je constate que l'Allemagne et la France parlent une nouvelle fois d'une seule voie.
09:45 - Et l'Europe est en ordre dispersé.
09:47 Ça, on peut le dire, c'est un constat lucide.
09:48 - L'Europe est dispersée parce que l'Europe a des, malheureusement, a des intérêts divergents.
09:53 Mais l'Europe a réussi à se mettre d'accord sur la proposition française.
09:55 Encore une fois, une révolution migratoire qui consiste à faire des demandes d'asile à la frontière.
10:00 Nous sommes mis d'accord entre tous les pays européens, y compris Mme Mélanie.
10:04 Ce qui bloque, c'est le Rassemblement national et leurs amis au Parlement européen.
10:08 Donc, plutôt que de faire du tourisme migratoire à Lampedusa,
10:10 comme Mme Marion Maréchal-Le Pen, ou raconter n'importe quoi comme M. Bardella,
10:14 il ferait mieux de faire leur travail de député européen, de soutenir la France,
10:16 d'être un peu patriote pour une fois, de ne pas faire la politique du pire.
10:19 - Vous leur reprochez un défaut de patriotisme ?
10:21 - Quand on ne soutient pas la politique de son gouvernement, lorsque l'on fait l'inverse.
10:24 - On s'appelle être dans l'opposition parfois, M. le ministre.
10:26 - Oui, mais on ne peut pas le faire sur le dos de femmes et d'hommes qui meurent.
10:29 Et moi, je veux vous dire, le Rassemblement national, aujourd'hui, n'est pas dans la responsabilité politique.
10:33 Qu'ils votent ce pacte migratoire très vite, que nous puissions enfin concrètement aider nos amis italiens.
10:38 C'est sûr qu'il y aura moins d'images dramatiques.
10:40 Du coup, il y aura moins de carburant pour le Rassemblement national, mais ils auront fait quelque chose pour leur pays.
10:44 - Vous les accusez, je vais employer ce mot, puisque la ministre Agnès Pagny-Runacher l'a employée même, de charognard.
10:50 Puisque nous parlons de femmes et d'hommes, de difficultés aussi. C'est ce que vous êtes en train de dire ?
10:54 - Moi, je ne comprends pas pourquoi on passe son temps à faire des conférences de presse en Italie,
10:59 à Lampedusa, en direct sur les plateaux de télévision, lorsqu'on n'est pas capable, en tant que parlementaire européen,
11:03 de voter un texte qui permet concrètement de lutter contre les difficultés migratoires.
11:09 Encore une fois, la révolution que la France a proposée et qui a été adoptée avec le soutien des Italiens,
11:13 c'est ça qui est paradoxal dans cette situation, peut être résolue si nous mettons en place...
11:17 - Résolue ? - Bien sûr, si nous mettons en place les demandes d'asile aux frontières.
11:21 On n'empêchera jamais les gens de traverser la Méditerranée.
11:24 Par contre, on peut très rapidement leur dire qu'ils ne peuvent pas rester sur notre sol, qu'ils ne sont pas dépersécutés.
11:28 - Monsieur le ministre, est-ce que vous dites que c'est un afflux soudain et massif ?
11:31 Est-ce que vous dites que c'est une submersion migratoire ?
11:34 Le diagnostic participe quand même de la résolution des défis et des problèmes.
11:39 - Sur l'Empedouza, qui est une île évidemment tout au sud de la Méditerranée, qui est même au sud de Malte,
11:44 il y a 6000 habitants.
11:46 Lorsqu'il y a entre 6 et 8000 personnes qui viennent en quelques jours,
11:49 évidemment, c'est une difficulté immense et chacun le comprend pour les habitants de l'Empedouza.
11:54 - Comment vous qualifiez cela ?
11:56 - Mais là, manifestement, il y a à Sfax une difficulté extrêmement forte
11:59 où on a laissé passer des centaines de bateaux fabriqués d'ailleurs.
12:03 Malheureusement.
12:04 - Donc vous avez un gros problème avec les pays du Maghreb, en l'occurrence la Tunisie.
12:07 - Je pense qu'il y a un énorme problème migratoire interne à l'Afrique.
12:11 Encore une fois, la Tunisie, parfois même l'Algérie, parfois le Maroc, parfois la Libye,
12:15 subissent eux-mêmes une pression migratoire d'Afrique.
12:17 On voit bien que la plupart du temps, ce sont des nationalités du sud du Sahel.
12:21 Donc les difficultés géopolitiques que nous connaissons ne sont pas pour rien dans cette situation.
12:24 Et nous devons absolument aider l'Afrique, absolument aider les Etats du Maghreb.
12:28 On peut à la fois les aider et en même temps être très ferme.
12:30 On peut à la fois aider ces Etats.
12:32 Ces Etats à lutter contre l'immigration interne à l'Afrique.
12:35 Et en même temps expliquer que toute personne qui est en Europe ne sera pas accueillie chez nous.
12:39 - Encore une question sur ce sujet.
12:41 Dans les différents reportages effectués à l'ANP12A,
12:43 on a entendu certains migrants mettre en avant le système social français, les aides possibles.
12:49 Est-ce que la France, Gérald Darmanin, est trop attractive ?
12:52 Est-ce que notre modèle social est trop généreux ?
12:54 Et c'est pour cela qu'il y a ces arrivées aussi.
12:57 - Alors je ne suis pas sûr qu'on traverse le monde en se disant
12:59 "chouette, il y a ici une aide sociale particulièrement aidante".
13:01 - Mais quand on doit choisir entre différents pays.
13:03 - Mais il se peut qu'une fois arrivé en Europe, effectivement,
13:05 un certain nombre de personnes aidées par des passeurs,
13:08 aidées parfois par des gens qui ont de bonnes intentions,
13:10 des associations se disent "allez dans ce pays-là parce qu'il y a plus de chances d'eux".
13:14 C'est pourquoi nous luttons.
13:15 Quand je suis arrivé au ministère de l'Intérieur,
13:16 nous étions le deuxième pays d'Europe qui accueillait le plus de demandeurs d'asile.
13:19 Aujourd'hui, on est le quatrième.
13:20 On doit pouvoir continuer à faire ce travail.
13:22 Nous faisons l'inverse de certains pays autour de nous.
13:25 Par exemple, l'Allemagne, qui ouvre plutôt plus de critères.
13:27 Nous, on a tendance à les réduire.
13:29 Et le président de la République, dans la loi immigration, a proposé beaucoup de discussions
13:33 pour fermer un certain nombre d'actions d'accueil.
13:36 Vous avez la droite LR qui propose la transformation de l'AME en aide médicale d'urgence.
13:42 Nous sommes favorables à étudier cette proposition des LR.
13:44 J'ai moi-même proposé un certain nombre de dispositions extrêmement concrètes
13:50 pour limiter effectivement ce que nous avons en France
13:54 et qui parfois est différent des pays qui nous entourent et qui peuvent conduire à cela.
13:57 Et puis enfin, je terminerai par dire, c'est très important, il faut lutter contre les passeurs.
14:01 La loi immigration que je propose passe de délit à crime.
14:04 Avec le garde des Sceaux, on a proposé qu'on passe de quelques années de prison
14:07 à 20 ans de prison pour ceux qui trafiquent des êtres humains.
14:10 Aujourd'hui, quand on arrête des passeurs, on en arrête tous les jours grâce à la police française.
14:13 Ils ne sont condamnés qu'à quelques mois de prison,
14:15 alors que demain, nous l'espérons, ils seront condamnés bien plus.
14:17 Bien. Gérald Darmanin, sur CNews et Europa, notre grande interview s'intéresse aussi
14:21 à un nouveau refus d'obtempérer qui a dégénéré à Astyn.
14:25 Je vais raconter en quelques mots ce qui s'est passé pour nos auditeurs et téléspectateurs.
14:28 Des policiers ont pris en chasse un deux roues rapidement.
14:31 Un véhicule s'est interposé pour venir en aide aux fuyards.
14:33 Un policier a été violemment pris à partie.
14:35 C'est son collègue qui est venu pour l'aider, qui a dû tirer en l'air
14:39 pour stopper une scène de grande violence vis-à-vis de ce policier.
14:44 Comment vous réagissez par rapport à cela ?
14:46 D'abord, trois choses. Les policiers font leur travail partout sur le territoire national.
14:49 Il n'y a pas de territoire perdu de la République.
14:50 Il y a des territoires plus difficiles.
14:52 Mais à l'instant, on sait tous que c'est une ville à la fois populaire
14:55 et difficile pour la police nationale.
14:56 Voilà, la police y est. La police, samedi soir, fait des contrôles.
15:00 Lorsqu'il y a des refus d'obtempérer, je constate que les policiers sont courageux.
15:03 Et effectivement, ils ont été violentés.
15:05 Et son collègue a été très courageux de venir le secourir.
15:09 Et puis troisièmement, force est restée à la loi.
15:10 Il y a eu cinq interpellations. Ils sont présentés aujourd'hui.
15:12 À quel prix ?
15:13 Ils sont... Oui, mais c'est...
15:14 À quel prix pour le policier ?
15:15 Malheureusement, c'est le travail d'une société très violente.
15:18 D'une société très violente.
15:19 Les policiers et les gendarmes savent la mission qu'ils ont,
15:21 qui est une mission extrêmement difficile.
15:23 Je suis le premier à les défendre partout sur les plateaux de télévision.
15:26 Je veux dire qu'ils ont réussi à la fin à faire entendre raison à la loi.
15:30 Les Français doivent savoir ce matin que cinq personnes ont été interpellées,
15:33 présentées devant le juge.
15:34 Pour quel résultat, monsieur le ministre ?
15:36 Moi, je fais confiance à la justice.
15:37 Parfois, on va les trouver à l'extérieur.
15:38 Non, non, je fais confiance à la justice.
15:39 Oui, ça, c'est le principe.
15:40 Non, mais quand on moleste un policier,
15:44 j'espère que les peines seront les plus dures possibles.
15:46 On va terminer avec une semaine intense.
15:48 C'est à Ries qu'il s'annonce la suite de la Coupe du monde du rugby,
15:50 la visite du roi Charles III, le pape à Marseille.
15:53 Vous avez appelé les préfets à une très haute vigilance.
15:56 C'est un dispositif exceptionnel pour relever ces défis qui sera mis en œuvre.
16:00 Oui, donc cette semaine, la France est au cœur du monde par ces événements.
16:05 La Coupe du monde du rugby qui continue et qui se passe bien.
16:08 Parfois, ça nous fait sourire.
16:09 La sécurité ne fait pas de bruit.
16:10 La sécurité en fait, mais depuis le début de cette Coupe du monde,
16:13 les policiers, les gendarmes, les pompiers ont réussi à accueillir le monde
16:15 dans de très, très bonnes conditions.
16:17 Tant mieux, il faut que ça continue, bien sûr.
16:18 Le pape qui vient deux jours à Marseille, comme vous l'avez dit,
16:21 et le roi Charles pendant trois jours.
16:22 Il y aura jusqu'à 30 000 policiers samedi.
16:24 Et après, il y a quelques événements comme PSG OM dimanche prochain.
16:28 C'est une semaine horribilis pour le ministre de l'Intérieur
16:31 et pour les policiers et les gendarmes.
16:32 Et nous le travaillons avec beaucoup de concentration.
16:34 Le REL, le GIGN est tout à fait aujourd'hui prévu pour tous ces événements.
16:39 Et nous sommes capables d'accueillir ces grands événements mondiaux en une semaine.
16:42 C'est l'honneur de la police nationale et de la gendarmerie nationale.
16:44 Merci Gérald Darmanin.
16:46 On vous sera donc cet après-midi à Rome avec votre homologue, évidemment de l'Intérieur.
16:50 Merci encore d'avoir accordé cet entretien.
16:53 Et bonne journée sur CNews et Europe.
16:55 [Musique]
16:59 [SILENCE]