• il y a 10 mois
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00 Quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Philippe Devilliers.
00:05 Philippe Devilliers, bonsoir.
00:07 Bonsoir Eliott, bonsoir Geoffroy.
00:09 Geoffroy Lejeune est avec nous, évidemment, directeur de la rédaction du JDD.
00:13 Vous êtes venu comment, Philippe Devilliers, de Vendée ?
00:15 En tracteur.
00:17 Ça avait mis du temps ?
00:19 Oui.
00:21 Mais du coup on n'a pas vu.
00:23 Non, vous êtes passé inaperçu.
00:25 On va parler évidemment de la colère des agriculteurs avec ces blocages qui sont levés depuis jeudi soir.
00:31 Les agriculteurs qui quittent les autoroutes à l'appel des principaux syndicats.
00:36 Écoutons justement, pour commencer cette émission, ces agriculteurs.
00:40 Après les annonces du gouvernement, ces annonces pourraient satisfaire certains des agriculteurs.
00:47 Je sais que vous, vous préférez paysans à agriculteurs d'ailleurs.
00:50 Mais il faut désormais des actes.
00:52 Beaucoup d'annonces. Après d'ailleurs, je voudrais être sûr que 150 millions,
00:56 ce ne soient pas juste des mesures pansement pour nous faire rentrer chez nous ce soir.
01:00 Et pareil sur le Régalime, voir derrière, qu'est-ce que ça va représenter en termes de concret et de contrôle.
01:05 Il y a de bonnes choses.
01:07 Oui, on les entend, on continue de les écouter.
01:11 Maintenant, il faut voir sur le terrain comment ça se concrétise.
01:15 Il faut surveiller de très près.
01:17 Je pense que ça peut être prometteur, mais il faut que ça se conclue.
01:20 Beaucoup d'annonces, encore une fois, qui sont quasiment les mêmes que vendredi, à peine un peu approfondies.
01:27 Il va falloir que maintenant, ils se mettent en avant pour aller convaincre l'Europe.
01:31 Parce que beaucoup d'annonces aussi sur l'Europe.
01:34 Je ne suis pas sûr que toute l'Europe soit d'accord avec eux,
01:36 mais à eux de nous montrer qu'ils sont forts et qu'ils sont capables d'aller convaincre l'Europe sur ce qu'ils ont dit.
01:41 Philippe Devilliers, ça y est, c'est fini ? C'est la fin de cette mobilisation ?
01:47 Alors, les barrages sont levés, le gouvernement respire, mais le mal-être paysan demeure.
02:00 On saura plus tard s'il s'agit d'une médecine curative ou d'une médecine palliative.
02:11 On a soigné les effets, quelques effets, plutôt que les causes.
02:16 Quand j'étais petit et que j'étais malade, que j'avais une angine, moi ou mes frères et sœurs,
02:26 ma mère appelait le médecin, le docteur Santuxi, médecin corse qui habitait Saint-Nil-à-Chefasse.
02:32 Il ne venait jamais, il était toujours en retard, il était trop pris.
02:36 Alors ma mère nous appliquait sur la poitrine une compresse à la moutarde.
02:43 Elle savait que ça ne servait à rien, nous savions que ça ne servait à rien,
02:47 mais malgré tout, on était soulagés.
02:51 Pardon cet apologue, mais il dit bien ce qu'il faut penser de cette situation.
02:57 Ils sont repartis, les tracteurs, avec un cataplasme à la moutarde.
03:02 On a tout entendu au sujet de la qualification de cette crise ces derniers jours.
03:05 Est-ce que selon vous c'est une crise sectorielle, conjoncturelle,
03:08 ou bien une crise plus large, plus grave de civilisation ?
03:12 Quand on voit comment les paysans ont été entourés d'infections,
03:18 le concert des klaxons partout où ils sont passés,
03:22 on comprend qu'il ne s'agit pas d'une crise sectorielle,
03:25 mais il s'agit d'une crise de civilisation.
03:28 Vous savez, Peggy, quand il parle de la crise de l'école, dit ceci,
03:34 il y a des crises de l'enseignement, mais qui ne sont pas des crises de l'enseignement,
03:39 ce sont des crises de vie.
03:41 En réalité, les paysans ont été des lanceurs d'alerte.
03:46 La crise agricole est un miroir caléidoscopique prémonitoire.
03:52 Ils nous disent à tous, regardez ce qui nous arrive, ça vous arrivera.
03:58 Et pourquoi ? Parce que les questions qui sont posées par cette crise agricole,
04:06 elles nous concernent tous.
04:07 La première question, c'est la question de la souveraineté.
04:10 Nous courons après quatre souverainetés perdues.
04:16 La souveraineté industrielle, la souveraineté juridique,
04:19 le primat de la loi européenne sur la loi française,
04:23 la souveraineté énergétique, la souveraineté agricole.
04:27 Et la souveraineté, c'est la compétence de la compétence.
04:31 Une femme ne peut pas être à moitié enceinte,
04:33 un homme ne peut pas être à moitié souverain.
04:35 Et ça me rappelle d'ailleurs une conversation avec Charles Pasquoie,
04:43 qui disait avec son accent inimitable,
04:45 "Philippe, une nation qui ne pense pas à se défendre elle-même,
04:55 personne ne le fera jamais à sa place."
04:57 Vous êtes souverain ou vous n'êtes pas souverain ?
05:01 Ça c'est la première question.
05:02 La deuxième question, c'est la question de l'enracinement.
05:08 Il y a aujourd'hui deux Frances face à face,
05:11 comme Christophe Gulli l'a très bien dit chez Sonia Mahbouk avant-hier.
05:15 Une France métropolisée, mondialisée, déracinée.
05:20 La France du virtuel, qui veut sauver la planète.
05:24 Et puis en face, il y a une autre France, d'où je viens.
05:27 La France enracinée, aujourd'hui dépossédée.
05:31 La France du réel, qui elle veut sauver la France.
05:36 Et je pense toujours à Christophe Herlache, le grand sociologue américain,
05:40 qui disait "le déracinement déracine tout, sauf le besoin d'enracinement."
05:45 Donc on est tous concernés par cette question de l'enracinement.
05:49 Et puis la troisième question, c'est le devenir du peuple historique.
05:55 Or, le monde paysan, c'est la quintessence du peuple historique.
05:59 Et le peuple historique c'est quoi ?
06:01 Au Moyen-Âge, on disait "la France est un jardin de paradis."
06:04 C'est un jardin d'Éden.
06:06 Ou plutôt c'est le vis-à-vis du jardin d'Éden.
06:10 Le septième climat.
06:12 Et qui sont les jardiniers du jardin d'Éden ?
06:15 Du jardin d'en face au jardin d'Éden ?
06:18 Le jardin d'Occident ?
06:20 Les paysans français.
06:22 – Geoffroy Lejeune, vous vouliez relancer ?
06:24 – Et Christophe Gulli, chez Sonia Mahbouk, disait aussi
06:26 que nous assisterions prochainement à d'autres révoltes,
06:29 d'autres secteurs, venus, disait-il, des mêmes territoires.
06:32 Ça, vous êtes d'accord avec lui ? Vous pensez que ça n'est que le début ?
06:36 – Moi je pense que les élites mondialisées
06:41 veulent en finir avec le monde paysan.
06:49 D'abord parce que nos élites veulent déléguer notre alimentation
06:58 au marché mondial, parce que c'est moins cher.
07:02 Elle a limite de se passer de paysan.
07:06 Et dans le système mondialiste que Maurice Allais définissait ainsi,
07:11 c'est un système dans lequel ce sont les pauvres des pays riches
07:15 qui enrichissent les riches des pays pauvres.
07:18 Donc en fait c'est le grand remplacement.
07:20 C'est le primat de la consommation sur la production.
07:23 Ensuite, nos élites mondialisées, elles veulent nous infliger,
07:29 surtout à la campagne, avec le délit d'écocide.
07:33 Personne n'en parle mais il est là.
07:35 On est des délinquants en puissance.
07:37 Nous infliger l'écologie carcérale, l'écologie punitive.
07:41 On en a assez parlé.
07:43 Même Emmanuel Macron s'en est aperçu.
07:46 Et puis enfin, et surtout,
07:50 le paysan c'est l'îlot de résistance finale.
07:56 Pourquoi ? Parce que c'est un modèle de société.
08:00 Pourquoi c'est un modèle de société ?
08:01 Parce que c'est le monde ancien, parce que c'est la famille,
08:03 l'exploitation familiale, parce que c'est la ruralité,
08:06 c'est la société d'entraide et de voisinage,
08:09 parce que c'est l'indépendance, l'indépendance d'esprit.
08:13 C'est terrible ce qu'on a fait.
08:15 C'est terrible, je crois.
08:18 Comme un enfant déchire une rose par inconscience,
08:24 nous avons déchiré les tissus vivants.
08:28 Nous n'avons pas compris qu'il y a une continuité vitale
08:32 entre le paysan et la nature,
08:34 qui vibre de frémissements intérieurs,
08:36 qu'il est le seul à percevoir.
08:39 Et cette unité-là, c'est l'unité profonde,
08:42 c'est l'unité du vivant.
08:44 Philippe de Villiers, on va revenir sur ce qui s'est passé à Bruxelles,
08:47 puisque Bruxelles est devenue ce jeudi le cœur,
08:51 la capitale de la colère agricole,
08:53 capitale assiégée en plein Conseil européen
08:55 par un millier de tracteurs venus d'un peu partout.
08:58 Le Parlement européen contraint de se barricader,
09:01 protégé par des forces de l'ordre.
09:03 Image saisissante d'une Europe qui,
09:06 au nom d'une idéologie fédérale,
09:08 a oublié les pays et ses paysans.
09:11 Est-ce la plus grande crise, Philippe de Villiers,
09:14 dans l'histoire de l'Union européenne ?
09:16 - Alors, c'est peut-être pas la plus spectaculaire,
09:20 mais c'est la plus conséquente,
09:24 c'est la plus pédagogique.
09:26 Pourquoi ?
09:31 Parce que le rideau du Temple s'est déchiré.
09:36 C'est la première fois.
09:38 C'est-à-dire que les Français,
09:41 pour beaucoup d'entre eux,
09:43 ceux qui ont suivi la crise agricole,
09:45 ont suivi la pédagogie des agriculteurs.
09:49 Et quelle est cette pédagogie ?
09:51 Aujourd'hui, l'Union européenne,
09:59 c'est une technocratie de marché,
10:03 selon le mot de Christophe Baudoin.
10:06 C'est-à-dire que c'est le renoncement à la politique.
10:10 Qu'est-ce que ça veut dire ?
10:13 La politique, c'est une vision.
10:16 Le renoncement à la politique,
10:20 ça veut dire qu'à une question technique,
10:23 on cherche une réponse technique.
10:26 Non.
10:27 La réponse qui convient à une question technique,
10:30 c'est une réponse politique.
10:32 À une question économique, une réponse politique.
10:36 Seule convient une réponse politique.
10:38 À une question sociale, seule convient une réponse politique.
10:41 Qu'est-ce que ça veut dire ?
10:43 Une réponse politique,
10:45 elle s'établit sur les intérêts vitaux d'une nation.
10:48 Par exemple,
10:50 est-ce qu'on veut demain, pour la France,
10:53 un agrobusiness,
10:55 avec des latifs ou indiens,
10:58 ou est-ce qu'on veut une exploitation familiale agricole ?
11:01 J'ai souvent parlé de cette question avec Jacques Chirac
11:04 quand j'étais stagiaire à l'ENA avec Jean-Pierre Bechter.
11:07 Et Chirac disait, il faut maintenir notre modèle.
11:10 Et je lui dis, un jour, c'est quoi notre modèle ?
11:12 Il dit, c'est l'exploitation familiale.
11:14 Et ça, c'est des contraintes politiques.
11:16 Après, on fait de la technique.
11:18 Qu'est-ce qu'on veut ?
11:19 On veut un pays sans industrie,
11:21 comme on a cru devoir le faire,
11:23 ou est-ce qu'on veut un pays… etc.
11:25 Il faut réhabiliter la politique.
11:27 Bruxelles, c'est le renoncement à la politique.
11:29 Et pourquoi ?
11:30 Parce que l'Union Européenne,
11:32 c'est un outil qui contourne les peuples,
11:35 avec une gouvernance de commissaires,
11:37 de prétoriens et de banquiers.
11:39 C'est une construction qui est en fait une déconstruction.
11:42 C'est une construction qui cherche
11:44 à se débarrasser de l'enveloppe charnelle qu'est la nation,
11:47 qui répond à une utopie globaliste,
11:50 et qui n'a pas pour vocation,
11:52 contrairement à ce qu'on croit,
11:54 de créer une nouvelle entité politique,
11:56 mais qui a pour vocation de se débarrasser de la politique.
11:59 Je donne ce que mon voisin paysan m'a dit il y a trois jours.
12:03 En fait, tout se joue ailleurs,
12:06 et du coup les hommes politiques
12:08 ne sont plus là pour transformer,
12:10 mais pour communiquer.
12:11 Et initialement, Philippe de Villiers,
12:13 le Conseil Européen avait pour principal objet
12:15 le soutien des 27 à l'Ukraine.
12:18 Une aide d'ailleurs de 50 milliards d'euros
12:20 a été votée par les chefs d'État.
12:22 La crise agricole est venue bousculer
12:24 le programme du sommet bruxellois.
12:26 Emmanuel Macron a réclamé une série de mesures
12:29 en faveur des agriculteurs.
12:31 Un combat qu'il veut mener à l'échelle européenne.
12:34 On va écouter Emmanuel Macron.
12:36 Vous allez me dire ce que vous en avez pensé.
12:38 Et au fond, nous devons prendre en compte
12:42 la situation géopolitique,
12:44 la situation de notre continent,
12:46 et remettre au cœur des objectifs européens
12:50 notre souveraineté alimentaire.
12:53 Pouvoir trouver des flexibilités sur les ratios prairies,
12:55 pour les adapter à la réalité du terrain,
12:58 et permettre d'avoir toutes les souplesses.
13:00 Et à chaque fois que des règles trop complexes
13:03 sont en cours de décision au niveau européen,
13:06 pouvoir les adapter à l'aune d'un objectif
13:09 de souveraineté alimentaire
13:11 qui doit être intégré au cœur de notre stratégie.
13:13 Geoffroy Lejeune.
13:15 Je vous imagine devant votre télévision,
13:17 quand vous avez écouté ce discours,
13:19 vous avez dû hurler, rire, je ne sais pas.
13:21 Mais c'est Macron contre Macron.
13:23 Vous l'avez adoré, qu'est-ce qui s'est passé ?
13:25 J'ai pensé aux Jeux olympiques.
13:28 Vous êtes peut-être au courant ?
13:30 Vous qui êtes des journalistes très aux fêtes
13:32 des dernières nouvelles.
13:34 Là, il jauge.
13:36 Non. Alors je ne sais pas.
13:38 Il est candidat aux agrès.
13:42 Oui, il est candidat aux agrès
13:45 parce qu'il veut être champion olympique
13:48 du salto avant et du salto arrière.
13:51 Et là, c'est le salto avant et le salto arrière.
13:54 C'est-à-dire que le 31 décembre,
13:56 dans ses voeux, il nous dit
13:58 "la souveraineté européenne ou rien".
14:02 Là, il nous dit non,
14:04 la souveraineté française ou rien.
14:06 Et lors de sa campagne, il disait
14:09 "le deuxième quinquennat sera écologique
14:11 ou il ne sera pas".
14:13 Et là, il nous dit "ralbol de l'écologie punitive".
14:17 Et en fait, ce qui est frappant,
14:21 ce qui n'a pas été assez dit,
14:23 parce que les gens ne font pas attention,
14:25 comme moi, je suis un blanchi souverain noir,
14:28 je vois tout.
14:30 Ce qui m'a frappé, c'est ces phrases.
14:32 "Je me bats pour ceci",
14:35 "je vais rencontrer madame van der Leyen".
14:38 Qu'est-ce que ça veut dire ?
14:40 Ça veut dire qu'il y a maintenant
14:43 un ordre mendiant des politiciens suppliants.
14:46 On va voir l'impératrice.
14:48 Donc, il n'est plus le patron.
14:50 Et il dit "pour l'Ukraine, je vais essayer d'eux, etc."
14:55 En fait, il est le gouverneur d'une province
14:59 et puis c'est à Bruxelles que tout se décide.
15:03 C'est un aveu, mais je ne vais plus loin.
15:05 C'est la phrase de Saint-Hillon que vous citez souvent
15:07 "le pouvoir, c'est quand on l'a".
15:09 Laissez Saint-Hillon tranquille, si vous voulez.
15:12 En revanche, c'est intéressant.
15:14 - Attendez, ce qui est intéressant, c'est sur le fond.
15:17 Les trois sujets.
15:19 Premièrement, l'Ukraine.
15:22 La seule décision, vous venez de le dire, Elliot,
15:25 la seule décision concrète, c'est 50 milliards pour l'Ukraine.
15:30 Mes amis paysans, ils hallucinent, comme disent les jeunes.
15:36 On ne nous dit pas du tout, il n'y aura pas de droit de douane.
15:40 On dit "on verra, on va discuter, etc."
15:42 Madame von der Leyen n'est pas du tout décidée à céder.
15:45 50 milliards pour l'Ukraine.
15:47 D'où vient cet argent ? De nos poches.
15:49 Notamment des contribuables paysans.
15:52 Deuxièmement, le Mercosur.
15:55 Ça, c'est encore plus intéressant.
15:57 J'ai fait ma petite enquête.
16:00 Et je suis tombé sur...
16:02 Je n'ai pas eu beaucoup de mérite.
16:04 Il suffit de lire les échos.
16:06 - Il faut remarquer qu'Emmanuel Macron,
16:08 le gouvernement français a dit "nous ne signons pas dans ces conditions".
16:11 - Voilà.
16:13 Avec le traité "en l'état".
16:16 Le fameux mot de Bruno Lemaire chez Sonia Mabouk.
16:20 "En l'état".
16:22 "En l'état", c'est merveilleux.
16:24 Et alors, qu'est-ce que ça veut dire ?
16:26 Nikael Hager, je vous donne les noms,
16:29 c'est le directeur de cabinet de monsieur Dombrovski.
16:33 Vous pouvez vérifier.
16:35 Le commissaire à la négociation a dit hier,
16:38 c'est dans les échos,
16:40 "il n'est pas question d'arrêter la négociation,
16:43 on continue la négociation,
16:44 mais on ne la conclura qu'après les élections européennes".
16:47 Suivez mon regard.
16:48 Et enfin, dernier point,
16:51 c'est la pause,
16:53 mais on ne remet pas en cause du tout
16:55 la décroissance, le plan de décroissance écologique.
16:58 On dit simplement que Maurice Torres en 1936,
17:00 il faut savoir arrêter une grève.
17:02 Une pause.
17:03 On fait la pause.
17:04 On fait la pause en fait,
17:05 parce qu'il y a évidemment le salon de l'agriculture
17:08 et les élections européennes.
17:09 Et la pause estivale, c'est fini.
17:12 On repartira.
17:13 Donc en réalité, sur les deux questions clés,
17:15 Emmanuel Macron,
17:17 il a défini son deuxième quinquennat de manière suivante,
17:20 on l'a oublié, mais je le rappelle.
17:21 Premièrement, la souveraineté européenne.
17:24 Deuxièmement, la transition écologique.
17:28 Alors là, maintenant, il fait un looping
17:31 pour pouvoir être présent aux Jeux olympiques.
17:34 Mais bon, on n'est pas dupe.
17:37 Philippe Devilliers, vous parlez de Bruxelles.
17:39 C'est un monde que vous connaissez parfaitement.
17:41 Vous avez été député européen.
17:42 Rapidement, racontez-nous comment se prend une décision
17:46 pour les téléspectateurs, les auditeurs
17:48 qui vous regardent, qui nous écoutent.
17:50 Qu'est-ce que c'est Bruxelles ?
17:52 Comment se prend une décision à Bruxelles
17:54 quand on est député européen ?
17:56 Alors la première chose, Elliot,
17:59 c'est que l'Union européenne est un être des abysses.
18:06 Ce qu'elle craint, c'est la lumière.
18:12 C'est un processus, on appelait ça, la décision.
18:15 Un processus mouvant, polycentrique,
18:18 aséphale, pas de tête,
18:21 et qui échappe à toute forme de vie civique.
18:26 C'est la commission qui commande.
18:29 Et je vais dire quelque chose
18:30 que beaucoup de gens ne connaissent pas.
18:32 La commission de Bruxelles,
18:34 composée de gens non élus, nommés,
18:37 la commission de Bruxelles,
18:39 elle détient deux pouvoirs,
18:41 le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
18:43 N'importe quelle démocrature,
18:46 comme on dit aujourd'hui, rêverait de ça.
18:50 Elle a les deux pouvoirs.
18:51 Le Parlement européen, en fait,
18:53 il barbote des concepts,
18:55 mais il n'a pas de pouvoir.
18:57 Le Conseil non plus,
18:58 puisque de toute façon,
18:59 les décisions sont dans la majorité qualifiées.
19:01 Pour la plupart d'entre elles.
19:03 Et donc, c'est la commission
19:04 qui a le monopole d'initiative.
19:07 Mais ce que je veux vous dire,
19:09 c'est cette chose extraordinaire
19:13 que j'ai vécue
19:15 quand j'ai été député européen.
19:17 C'est que la pression des intérêts privés,
19:20 normalement, dans n'importe quelle permanence,
19:23 on s'en préserve.
19:24 Là, elle est dans les traités.
19:26 Le lobbying, il est dans les traités.
19:28 Il y a 50 000 lobbyistes.
19:32 On parlait de montant d'une somme
19:35 de 3 milliards d'euros.
19:36 C'est beaucoup plus maintenant.
19:39 - Donc, c'est un monde dans le monde.
19:42 - Et alors, je vais vous dire,
19:43 quand moi, j'avais mon bureau,
19:46 et puis, ça frappe,
19:48 je vois un gars qui arrive
19:51 ou une jeune femme charmante
19:53 qui vient pour EDS,
19:55 qui vient pour Michelin,
19:56 qui vient pour une entreprise allemande
19:58 de tracteurs, etc.
20:00 Et donc, à un moment donné,
20:02 donc, il vient, en fait...
20:04 Alors, vous avez vu le cas Target,
20:06 c'est un monde de corruption, en fait.
20:08 Parce qu'entre le lobbying et la corruption,
20:11 ils viennent jusque dans l'hémicycle,
20:14 aux portes de l'hémicycle.
20:15 Et donc, moi, j'ai mis une pancarte.
20:17 J'étais très mal vu par les lobbyistes.
20:19 J'ai une pancarte interdite aux chiens
20:21 et aux lobbyistes.
20:22 - Ça devait leur faire plaisir.
20:23 Vous avez raison.
20:24 Geoffroy Lejeune.
20:25 La question que j'allais poser à Philippe,
20:26 c'est ça, parce que vous l'avez racontée
20:27 dans un de vos livres, justement.
20:28 Et donc, concrètement,
20:30 est-ce qu'on vous a déjà proposé
20:31 de vous corrompre ?
20:33 - Est-ce qu'on m'a proposé quoi ?
20:35 - La corruption.
20:36 - Non, jamais.
20:37 Jamais.
20:38 Jamais parce que j'avais une mauvaise réputation.
20:40 C'est d'avoir lancé l'affaire Urba
20:42 contre les socialistes Urba et Torbi, à l'époque.
20:45 Et donc, c'était donner le mot.
20:47 Ah oui, vous savez que...
20:49 Je réponds à votre question.
20:50 J'ai un souvenir qui me revient.
20:52 Les lobbyistes, ils ont un tableau
20:55 avec des couleurs.
20:57 Et les verts, vous pouvez y aller.
21:01 Vous pouvez aller les voir.
21:02 Et moi, j'étais rouge.
21:04 On était trois ou quatre rouges.
21:06 Rouge, ça veut dire...
21:07 Non, stop.
21:08 - C'est à cause de cette pancarte
21:10 que vous aviez sur la porte de votre bureau.
21:12 - Oui, ma pancarte.
21:13 - C'est pour ça que vous étiez
21:14 le député européen rouge.
21:15 Attention, ne pas aller voir Philippe Devilliers.
21:18 Philippe Devilliers, j'ai une première archive,
21:19 je le dis...
21:20 - Non, mais vous imaginez bien que du coup,
21:22 les représentants du Chili, de la Nouvelle-Zélande,
21:25 les représentants du Mercosur
21:28 parlent sur le lithium,
21:29 puisque vous savez qu'en fait,
21:30 c'est les Allemands qui veulent acheter du lithium.
21:32 Donc, c'est pour ça qu'ils ont besoin du Mercosur.
21:34 Voilà.
21:35 Ils n'en font pas le point, quoi.
21:37 - Philippe Devilliers,
21:38 revenons justement sur cet enjeu,
21:40 parce que vous avez alerté depuis plus de 30 ans
21:43 sur ce qu'il se passait à Bruxelles.
21:45 Nous sommes en avril 95, 28 ans donc.
21:48 Vous êtes candidat à la présidentielle.
21:50 Vous faites de la souveraineté française votre cap
21:53 et vous vous dressez contre les européistes,
21:55 sans être un anti-européen d'ailleurs, il faut le dire.
21:58 A l'époque, vous décelez le grand danger
21:59 de voir les pouvoirs nationaux délégués
22:02 à une entité supranationale.
22:04 Ce qui est intéressant,
22:05 c'est lorsque vous êtes interrogé,
22:07 eh bien, vous avez un journaliste
22:09 qui poliment vous demande
22:11 si vous n'êtes pas hors sujet.
22:13 - Mon accent, votre campagne,
22:16 c'est essentiellement sur la lutte
22:18 contre l'Europe de Maastricht.
22:19 Est-ce que vous n'êtes pas un petit peu trompé de thème ?
22:22 - Si vous voulez, la question est essentielle.
22:24 Bien sûr que non, au contraire,
22:26 ce sont les autres qui se trompent de campagne.
22:27 - Vous vous trompez de campagne,
22:28 c'est-à-dire que vous avez fait une deuxième campagne européenne
22:30 alors qu'on est dans une campagne présidentielle.
22:31 - Arrêtez de tabou.
22:32 Je crois que les Français ont remarqué une chose,
22:33 il n'y a même pas de face à face,
22:35 il n'y a pas de côté à côte,
22:36 c'est une campagne de marketing,
22:38 une campagne d'image.
22:40 Donc moi, je m'adresse à chaque fois que j'en ai l'occasion
22:42 et maintenant, depuis dimanche,
22:44 grâce à la campagne officielle,
22:45 grâce à l'égalité démocratique à tous les Français,
22:47 j'essaie d'aborder les vrais sujets de fond.
22:49 La question de l'Europe, elle est essentielle
22:52 ou bien on considère, comme certains candidats,
22:55 que la France est un pays maintenant trop petit,
22:58 définitivement fini,
23:00 une queue de comètes de l'histoire
23:01 et la France a vocation à devenir l'associé minoritaire
23:04 d'un petit État fédéral
23:06 dans lequel nous n'avons plus la liberté.
23:08 Moi, je pose la question au nom des agriculteurs,
23:11 des artisans commerçants,
23:12 des salariés dans les entreprises
23:14 qui ne sont absolument pas protégés.
23:16 Avec n'importe quel salarié,
23:17 chez Michelin, vous avez 80 Philippines.
23:19 C'est ça l'Europe.
23:21 Elle est la clé de tous nos problèmes,
23:23 Jean-Michel Carpentier.
23:24 Et moi, je propose une autre conception des choses
23:28 avec la liberté du peuple français
23:32 qui soit garantie par une Europe qui nous protège.
23:36 - On dit souvent que les journalistes restent
23:38 et les politiques passent,
23:39 mais ce malheureux journaliste,
23:41 on n'a pas de nouvelles de lui depuis un petit moment.
23:43 Qu'est-ce que vous lui diriez aujourd'hui,
23:44 28 ans après ?
23:45 - Je leur dirais la société.
23:46 Vous avez cru avec Driel à Rochelle
23:48 que les patries étaient finies.
23:49 C'était son mot pendant la guerre.
23:52 Il croyait à l'Europe allemande.
23:54 Vous avez cru avec Fukuyama
23:56 que l'histoire était finie,
23:58 qu'il n'y aurait plus de religion,
23:59 après la chute du mur de Berlin.
24:01 Et vous avez cru que la France était finie.
24:03 Voilà.
24:04 Et aujourd'hui,
24:06 quand on voit que le président de la République,
24:08 le premier ministre et tous les ministres,
24:10 comment dirais-je,
24:13 se pètent la goule, comme on dit chez moi,
24:15 avec le mot France et le mot souveraineté,
24:18 voilà, mesdames, messieurs les journalistes,
24:21 c'est moi qui avais raison.
24:23 Je n'en tire aucune fierté.
24:25 J'en suis désolé.
24:27 Parce que malheureusement,
24:29 le pays depuis est allé plutôt vers l'abîme.
24:35 On va en parler juste après la publicité.
24:37 On a d'autres thématiques que nous traiterons ensemble.
24:40 Mais j'ai une nouvelle archive,
24:42 je le dis aux téléspectateurs,
24:43 juste après la publicité.
24:45 Une archive extraordinaire qui date cette fois-ci de 2007.
24:48 A tout de suite.
24:49 19h30 sur CNews,
24:55 la suite de Face à Philippe de Villiers
24:56 avec Geoffroy Lejeune
24:57 et bien sûr Philippe de Villiers.
25:00 On parlait dans la première partie
25:02 de la colère des agriculteurs.
25:04 Je voudrais qu'on revienne sur cette séquence symbolique
25:07 avec des agriculteurs,
25:09 des tracteurs face à des blindés.
25:12 D'un côté les blindés de la gendarmerie,
25:14 de l'autre les tracteurs.
25:16 Que vous inspire cette séquence,
25:18 cette image des blindés face aux tracteurs,
25:20 Philippe de Villiers ?
25:22 Vous vous souvenez de l'ironie mordante de Staline ?
25:26 Le Vatican, combien de divisions ?
25:30 Et la question qu'on peut se poser quand on voit cette image,
25:33 c'est aujourd'hui,
25:35 les paysans en colère, combien de Charles Clerc ?
25:39 En fait, ce face à face,
25:41 voilà ce qui m'inspire.
25:43 C'est une image à la fois insolite,
25:48 pathétique, asymétrique et tragique.
25:53 Tragique parce que c'est le face à face
25:56 de ceux qui défendent le pays
25:58 avec ceux qui le nourrissent
26:00 et qui portent le pays dans leur étymologie.
26:03 Pays, paysans, paysage.
26:06 Et c'est d'autant plus tragique que,
26:09 il faut savoir que leurs arrières-grands-pères
26:12 ont mêlé leur sang,
26:14 ils étaient de la même tranchée,
26:16 ils sont morts parmi les épimures et les blés moissonnés
26:19 sur cette plaine calcinée
26:21 où jamais plus ne repassera la charrue.
26:24 C'est terrible de voir ceux qui défendent l'ordre naturel,
26:28 ceux qui défendent l'ordre,
26:30 face à face.
26:32 Les uns représentent Créon,
26:35 les autres ont les mains pures de l'innocence d'Antigone.
26:40 Et pour calmer cette colère et éviter de nouvelles images,
26:44 le gouvernement a pris des mesures d'urgence.
26:47 Gabriel Attal a d'ailleurs pris la parole ce jeudi,
26:50 il reconnaît des erreurs
26:52 et va parler d'une exception agricole française.
26:56 On écoute.
26:57 Avons-nous répondu au malaise ?
27:00 A l'évidence non.
27:01 Avons-nous fait des erreurs ?
27:03 A l'évidence oui.
27:05 Il faut avoir la lucidité de le reconnaître.
27:08 C'est ce que j'ai fait vendredi dernier en Haute-Garonne,
27:11 en annonçant l'abandon de la réforme du GNR
27:14 qui ne marchait pas, ne pouvait pas marcher,
27:16 notamment parce qu'elle était complexe.
27:19 L'exception agricole française s'est hissée au plus haut
27:22 cet objectif de souveraineté
27:24 et s'est assumée d'aider notre agriculture
27:26 comme peu d'autres secteurs en France
27:28 parce que notre exception agricole française,
27:30 ce n'est pas une question de budget,
27:32 mais de fierté et d'identité pour notre pays.
27:35 Geoffroy Lejeune.
27:36 Il vous a convaincu le Premier ministre, Philippe ?
27:39 En fait, l'exception agricole,
27:42 c'est l'exception agriculturelle,
27:45 c'est un mot qui a été inventé,
27:47 je vais le lui rendre hommage,
27:49 par Jacques Laigneau, fondateur de la coordination rurale,
27:53 en 1994.
27:55 C'était mon ami.
27:57 Quand j'entends le Premier ministre,
28:04 maintenant il remâche le mot souveraineté.
28:09 Il me fait penser à Desmostènes,
28:11 qui descendait sur la plage,
28:13 qui bourrait sa bouche de galets
28:16 pour se faire la voie.
28:18 Donc il se fait la voie.
28:20 Il est dans une puberté sémantique
28:24 qui est intéressante à observer.
28:26 Je vais vous dire pourquoi.
28:28 Saint-Ignion, le voilà,
28:30 elle dit ceci.
28:32 Les victoires sémantiques
28:34 préparent toujours les victoires idéologiques,
28:37 qui préparent les victoires politiques.
28:40 Donc je remercie le Premier ministre
28:44 de parler d'exception agricole,
28:46 de parler de souveraineté,
28:47 de parler d'indépendance,
28:48 de parler de la France,
28:50 parce qu'en réalité,
28:51 il s'adapte à un vocabulaire
28:53 qui n'était pas le sien,
28:54 qui n'était pas celui de la macrodie,
28:56 et qui sert ceux qui sont dans le vrai.
28:59 Vous savez, les triomphes
29:01 commencent toujours par les mots.
29:03 Il faut serrer les mots comme une tunique de Nessus.
29:06 Ils prennent du volume
29:08 quand ils perdent leur sens, parfois.
29:11 Mais il arrive que les mots
29:14 précèdent les choix, les grands choix.
29:17 Les mots sont des choix.
29:19 Et donc, souveraineté.
29:21 Moi j'ai lancé le mot "souverainisme" en 2004
29:24 à l'Académie des sciences morales et politiques.
29:27 C'était un mot qui avait été importé
29:29 par Paul-Marie Couteau depuis le Québec.
29:31 Et à l'époque, Séguin et Pasqua
29:33 disaient "non, souverainisme, c'est trop québécois", etc.
29:36 Donc en tant que souverainiste,
29:38 j'ai décidé de créer une aura
29:41 avec une étiquette "souverainiste, souverainiste".
29:45 Ce soir, je déclare,
29:47 il va briller à la table,
29:49 "souverainiste katekumen".
29:51 - En attendant, il ne parle pas que de souveraineté,
29:54 mais il parle d'exceptions agricoles françaises.
29:57 - Le problème, c'est que vous savez ce qu'on disait de Kant ?
30:00 - Non, allez-y.
30:01 - Il a les mains pures, mais il n'a pas de main.
30:04 - En attendant, Philippe Devilliers.
30:06 - Revenons, parce que moi je pense,
30:08 peut-être que les conseillers du Premier ministre
30:11 ou les conseillers du président de la République
30:14 font un travail de recherche,
30:16 voire dans les archives de notre histoire,
30:18 les débats, nouvelles archives.
30:20 Cette fois-ci, on est en 2007,
30:22 campagne présidentielle,
30:24 un certain Philippe Devilliers est sur le terrain
30:27 et veut parler d'exceptions agriculturelles.
30:30 - Près de Soissons, Philippe Devilliers
30:32 est allé à la rencontre des acteurs économiques locaux.
30:35 Après une PME dans la matinée,
30:37 il a écouté un exploitant agricole
30:39 lui dire toutes les difficultés de son métier.
30:42 - On manque d'hommes avec des projets.
30:44 Ce qu'on veut, c'est des projets.
30:46 Les gens qui ont envie de prendre des risques.
30:49 De la même manière qu'il y a une exception culturelle,
30:52 je pense qu'il y a une exception agriculturelle
30:55 et qu'il faut faire valoir cette exception agriculturelle,
30:58 c'est-à-dire sortir les produits agricoles de l'OMC.
31:02 - Je suis allé fouiller dans votre programme
31:05 parce que je me suis dit que ce sont des paroles,
31:08 des mots, rien que des mots, sans mesure,
31:10 présentés par Philippe Devilliers en 2007.
31:13 La 86e, soutenir l'agriculture,
31:16 c'est faire respecter l'exception agriculturelle,
31:20 sortir les produits agricoles et viticoles de l'OMC
31:23 puisqu'ils sont attachés à nos territoires,
31:25 à nos terroirs, à notre culture.
31:27 L'exception agriculturelle, Philippe Devilliers.
31:30 - Oui, mais c'était il y a quasiment 20 ans.
31:33 - Ça s'appelle comment ?
31:35 Ça s'appelle le geste Auguste Dussemeur.
31:38 - Autre...
31:41 Quoique c'est peut-être intimement lié,
31:43 puisqu'on parle de l'écologie des paysans,
31:46 il y a des écolos radicaux, des militants,
31:49 dits écologistes, d'un mouvement de riposte,
31:52 mouvement de riposte alimentaire,
31:55 qui sent son prix dimanche dernier à la Joconde.
31:58 - Un chef-d'oeuvre, Léonard de Vinci.
32:00 Fort heureusement, l'oeuvre exposée au Louvre
32:03 n'a subi aucun dommage.
32:05 Mais pendant que nos agriculteurs
32:07 se mobilisaient, Philippe Devilliers,
32:09 on a des militants dits écolos qui dégradent la Joconde.
32:13 Quel regard vous portez sur cette séquence ?
32:17 - Ce sont les Khmer.
32:19 Il y a les Khmer rouges, les Khmer verts.
32:22 Les Khmer rouges, ils ont tout saccagé
32:25 là-bas, chez eux, au Cambodge.
32:28 Et on a les Khmer verts ici, qui saccagent la Joconde.
32:31 Et il y avait les talibans aussi,
32:33 qui s'en prenaient aux œuvres.
32:35 Et pendant la Révolution française,
32:37 le geste des terroristes,
32:39 de la terreur, encouragée par Robespierre
32:42 et tous ces barbares,
32:44 c'était de décapiter toutes les statues.
32:47 Ils s'en sont même pris à l'Ange de Reims,
32:49 à son sourire.
32:51 Et donc, en réalité, c'est la barbarie,
32:54 c'est l'éco-vandalisme,
32:57 qui est le prolongement
33:00 de l'écologie carcérale.
33:04 Ils veulent nous punir.
33:06 Et punir, punir qui ?
33:08 L'homme occidental,
33:10 blanc, hétérosexuel.
33:13 En l'occurrence, c'est Leonard Vinci.
33:15 Ces gens-là devraient savoir que Leonard Vinci
33:17 a une histoire qui est tout à fait extraordinaire.
33:20 Il a quitté sa Toscane.
33:23 C'est beau la Toscane.
33:24 Parce qu'il a pensé que la Touraine serait plus belle encore.
33:27 Il a traversé les Alpes à dos de mulet.
33:29 Et dans les fontes du mulet,
33:32 il y avait la Joconde qui n'était pas finie.
33:34 Il a fini sa Joconde au clos Lucet d'Amboise,
33:36 qui est une merveille,
33:38 auprès du roi François 1er,
33:40 attiré par le roi François 1er.
33:42 Il fut un temps où la France attirait des grands artistes.
33:46 Personne ne voulait quitter la France.
33:48 Tout le monde voulait venir en France.
33:50 Tous les grands artistes voulaient venir en France.
33:52 Leonard Vinci, il a fini sa vie en France,
33:57 au clos Lucet d'Amboise.
33:59 Et il a fini avec la Joconde.
34:01 Donc c'est un beau symbole.
34:03 C'est un beau symbole, en fait,
34:06 de l'Europe que nous aimons, l'Europe des nations.
34:09 Philippe de Villiers, les médias
34:11 se sont cette semaine exclusivement intéressés
34:13 à la colère agricole.
34:15 Mais un procès ô combien important se tient en ce moment ?
34:19 On va passer sur un autre sujet,
34:22 celui des attentats de Trèbes et Carcassonne,
34:25 qui, je le rappelle, avaient fait 4 morts en mars 2018,
34:29 dont le gendarme Arnaud Beltrame,
34:31 qui a pris la place d'un otage
34:33 lors de l'attaque du Super-U.
34:35 Cette semaine, c'est la mère du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame
34:38 qui a pris la parole.
34:40 Et voilà ce qu'a dit la mère.
34:42 "Mon fils ne s'est pas sacrifié.
34:44 Il a combattu jusqu'à la mort.
34:46 Enfin quelqu'un qui a du courage.
34:48 Quelqu'un qui n'est pas lâche.
34:50 Il y en a marre de la lâcheté, de ce laxisme.
34:52 Il est temps de se réveiller.
34:54 Il faut sauver la France."
34:56 Pour vous, Philippe de Villiers,
34:58 est-ce qu'Arnaud Beltrame est un héros ?
35:00 Oui, c'est un héros.
35:04 Je dirais même, c'est un héros oblatif.
35:08 C'est une espèce particulière de héros français.
35:12 C'est un héros sacrificial.
35:16 C'est un héros christique.
35:19 Mourir, donner sa vie pour sauver la vie d'autrui.
35:25 Et ce qui est extraordinaire et fascinant dans ce qui s'est passé,
35:30 c'est l'échange des otages.
35:32 La jeune femme qui vient d'écrire un livre,
35:35 "Ma vie pour la sienne",
35:37 la jeune femme, en fait,
35:40 elle a vu arriver l'officier de gendarmerie
35:42 qui a pris sa place
35:44 et qui est mort en ayant pris sa place.
35:48 Et dans cet échange d'otages,
35:51 il y a un échange des deux vertus fondatrices de la civilisation.
35:57 D'un côté, la gratitude,
35:59 la jeune femme qui dit,
36:00 "Je ne sais pas comment payer ma dette morale."
36:02 Et de l'autre côté, l'honneur.
36:05 Comme disait Vigny,
36:07 l'honneur, c'est la poésie du devoir.
36:09 L'honneur d'un soldat.
36:11 Il est mort pour la France.
36:14 Un jour, j'ai parlé avec mon frère,
36:16 le chef d'état-major des armées,
36:18 Pierre de Villiers,
36:19 qui est un grand soldat.
36:22 Et je lui ai dit,
36:24 "Il est mort pour la France."
36:26 Mourir pour la France aujourd'hui.
36:29 La France tant décriée,
36:30 la France tu méfiée.
36:34 Et je lui ai dit,
36:37 "Un jour, il y aura une Europe de la défense."
36:39 Il ne me dit jamais.
36:41 "Il n'y aura pas d'armée européenne."
36:42 Il me dit, "Non, c'est impossible."
36:43 Je dis, "Pourquoi ?"
36:45 Il me dit, "Parce que, Philippe,
36:49 on peut mourir pour une personne."
36:52 "La France est une personne,"
36:54 disait Michelet.
36:55 "On peut mourir pour une personne,
36:56 mais on ne peut pas mourir pour une abstraction."
36:59 Et en fait, moi, je serais prêt à mourir
37:02 pour cette personne si belle qu'est la France.
37:07 Mais je ne serais jamais prêt à mourir
37:09 pour les commissaires de Bruxelles.
37:12 - Philippe Devilliers, dans l'actualité également,
37:16 il y a une actualité politique.
37:18 C'est un nouveau pas dans la constitutionnalisation de l'IVG.
37:22 Les députés ont largement voté pour la réforme constitutionnelle.
37:27 Ça s'est passé ce mardi avec 546 votants,
37:31 493 pour et une trentaine contre.
37:35 Le texte doit être voté à la virgule près au Sénat.
37:39 Il sera examiné le 28 février prochain.
37:43 Quel est le sens, selon vous,
37:45 d'une constitutionnalisation de l'IVG ?
37:50 - J'ai été surpris agréablement
37:54 par la déclaration courageuse et lucide
37:57 du président du Sénat, Gérard Larcher,
38:00 lorsqu'il a dit "la constitution n'est pas faite
38:06 pour la distribution des droits sociaux et sociétaux".
38:12 Mathilde Panot, qui était à l'origine,
38:16 l'insoumise extrême gauche,
38:20 qui était à l'origine de cette loi,
38:22 sait très bien ce qu'elle fait.
38:25 L'inscription de l'avortement dans la constitution
38:30 aura des conséquences redoutables
38:34 que le grand public ne voit pas,
38:36 et d'ailleurs les hommes politiques non plus.
38:39 Première conséquence,
38:42 c'est la fin de la clause de conscience
38:44 pour les personnels de santé et les médecins.
38:48 Donc, ils vont devoir violer leur conviction intime.
38:52 Ils n'auront pas le choix, sinon ils dégagent.
38:56 Deuxièmement, c'est la fin de la liberté d'expression.
38:59 Quelqu'un qui veut aider la vie,
39:01 quelqu'un qui veut aider l'enfant à naître,
39:03 il sera sanctionnable pénalement.
39:06 Ah oui, puisque ça sera une valeur suprême, l'avortement.
39:13 Et enfin et surtout,
39:15 c'est l'ouverture du chemin pour l'eugénisme.
39:20 C'est-à-dire, on se débarrasse du plus faible,
39:24 celui qui est très vieux, avec l'euthanasie bientôt,
39:27 allons-y, on fait un prix de gros,
39:30 et l'enfant à naître dans le ventre de sa mère.
39:32 Et je vais vous dire quelque chose,
39:34 ce chassez-croisez mortifère,
39:36 stérilisation d'un peuple, migration au remplacement,
39:41 me fait penser, en termes de civilisation,
39:45 en prenant de l'altitude,
39:46 à tout ce qui s'est passé pour toutes les civilisations.
39:50 Un peuple qui décide de sous-traiter
39:55 la fabrication de ses enfants à des populations immigrées,
39:59 et qui ne pense plus à se reproduire,
40:02 et à reprogrammer la vie,
40:05 est un peuple qui n'a plus vocation à survivre,
40:11 il disparaîtra et sortira de l'histoire.
40:15 Il nous reste quelques minutes, Philippe Devilliers,
40:19 vous savez que la semaine prochaine,
40:21 un hommage national sera rendu aux 42 franco-israéliens
40:25 tués le 7 octobre dernier.
40:27 Un hommage aux invalides,
40:29 quatre mois donc après l'attaque terroriste du Hamas.
40:33 Des familles de victimes, des membres de collectifs,
40:35 ont écrit un courrier,
40:37 et l'ont adressé au président de la République.
40:39 Il demande à ce que la France insoumise
40:42 ne soit pas présente à cet hommage aux victimes.
40:46 Est-ce que les familles, Philippe Devilliers,
40:48 ont raison de refuser la présence de la France insoumise ?
40:52 Oui, on peut les comprendre.
40:56 Donc moi je dirais deux choses simples.
40:58 Premièrement, il faut respecter la volonté des familles,
41:02 c'est à elles de choisir qui doit venir aux invalides.
41:08 Et puis ensuite, et surtout,
41:11 ces gens-là de LFI,
41:15 ils n'ont rien dit sur les programmes,
41:19 ou plutôt ils ont dit "acte de résistance" au Ferrari de ma part,
41:22 si j'ai bonne mémoire.
41:24 Ils ont soutenu le FPLP et le Hamas.
41:29 Et donc, dans cette affaire,
41:32 leur présence signifierait que l'indécence le dispute au cynisme.
41:37 C'est intolérable.
41:39 Ils ont refusé de qualifier le Hamas comme groupe terroriste,
41:45 mais c'est exactement ce que vous vouliez dire, Philippe Devilliers.
41:48 Il y a eu une députée, Daniela Bono, qui a dit "oui, c'est un mouvement de résistance".
41:51 Exactement.
41:53 Ce que je vous propose, puisqu'il nous reste deux minutes,
41:56 et c'est aussi ça le plaisir de cette émission,
42:00 c'est de nous plonger parfois dans l'histoire,
42:04 d'avoir un moment, une respiration, un plaisir.
42:08 Et vous savez que le 2 février n'est pas une journée anodine,
42:12 c'est la chandeleur.
42:14 Ce n'est pas qu'une question de crêpe d'ailleurs, la chandeleur, cher Philippe Devilliers.
42:17 Qu'est-ce que c'est la chandeleur ?
42:19 Alors oui, c'est vrai, le 2 février,
42:22 c'est pour toutes les terres de chrétienté du monde,
42:27 une date particulière, donc la chandeleur.
42:31 Il se trouve que dans l'histoire de France,
42:35 il y a une chandeleur particulière,
42:38 marquée d'un signe particulier, c'est la chandeleur du 2 février 1653.
42:44 Ce matin-là, à Notre-Dame de Paris,
42:49 conformément à la tradition liturgique,
42:52 se déroule une messe d'action de grâce.
42:56 C'est la joie dans Paris.
42:59 Pourquoi ? Parce que la fronte des princes est finie de la veille
43:04 et que le cardinal Mazarin est rentré d'exil.
43:11 On compare le vieux cardinal, le ministre,
43:17 au vieillard Siméon,
43:20 qui d'après les écritures, prend l'enfant Jésus dans ses bras
43:24 et dit "Ah, voilà le Messie, maintenant je peux mourir".
43:28 Et le cardinal se tourne vers le dauphin, vers le jeune roi,
43:31 tout juste majeur, et lui dit "Maintenant que vous êtes majeur,
43:35 sire, je peux partir".
43:38 Ça ne fait pas rire le dauphin.
43:41 Il est sombre, alors que la chandeleur, c'est le retour de la lumière et du printemps.
43:46 Il est sombre parce qu'il ressasse un souvenir terrible.
43:53 Ces nuits allongées sur l'affût d'un canon.
43:58 Il est en exil, un varenne avant la lettre,
44:02 il est en exil à Saint-Germain, dans une écurie, veillé par sa mère.
44:08 Et là on l'entend, en cette chandeleur, qui s'écarte un peu,
44:12 on l'entend qui dit, tout seul dans un soliloque, solitaire,
44:18 "Mon Dieu, ce que c'est que d'être roi de France.
44:27 Les épreuves qui secouent mon royaume m'ont dessillé les yeux.
44:32 J'ai vu le sang couler, j'ai vu ma mère s'engloter des froids,
44:41 et j'ai vu de près tout l'armorial du parjure
44:45 qui pratique l'ingratitude comme une chevalerie du déshonneur.
44:49 J'ai grandi au feu, au feu de l'intrigue,
44:52 qui donne plus de prix aux fidélités de notre peuple
44:56 qui nous aime et que nous aimons."
44:58 Et à ce moment-là, Louis XIV fait quoi ?
45:01 Il décide d'abaisser les grands pour restaurer la souveraineté.
45:06 Il décide d'abaisser les juges pour restaurer la souveraineté.
45:10 Il décide à ce moment-là de rétablir l'ordre.
45:14 Il dit "je suis né pour l'ordre".
45:16 Et donc il prononce le mot "souveraineté" comme on dit au cinéma.
45:20 Toute coïncidence avec une situation actuelle
45:23 où le mot "souveraineté" reviendrait est purement fortuite.
45:26 On commence par la souveraineté agricole
45:28 et on parle de la souveraineté à l'époque du roi.
45:32 Merci beaucoup Philippe de Villiers, merci Geoffroy Lejeune.
45:34 Dans un instant c'est l'heure des pros.
45:36 À la semaine prochaine Philippe de Villiers et Geoffroy.
45:38 Merci à tous les deux.
45:39 [Musique]

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