• il y a 9 mois
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00 - 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour "Face à Philippe de Villiers".
00:04 Philippe de Villiers, bonsoir.
00:05 - Bonsoir, Eliott.
00:06 - Geoffroy Lejeune.
00:07 - Bonsoir, Geoffroy.
00:08 - Bonsoir à tous les deux.
00:10 On vient de vivre sur CNews un échange très intéressant, très très intéressant,
00:17 avec le porte-parole de l'ambassade de Russie en France, qui était invité de Punchline.
00:25 Et ça bouscule un peu notre ouverture d'émission, cher Philippe de Villiers,
00:29 parce que je voulais vous féliciter sur le puits du fou, mais on en parlera un peu plus tard.
00:33 Ce qui est vrai, c'est qu'à chaque semaine, son escalade et cette guerre des mots qui s'engage
00:37 entre la France et la Russie.
00:39 Piotr Tolstoy, vice-président de la Douma, qui est le Parlement russe,
00:43 a mis en garde la France cette semaine en disant "on s'en fout".
00:46 Il parlait d'Emmanuel Macron et de la possibilité d'envoyer des troupes françaises en Ukraine.
00:51 On s'en fout de ses limites.
00:52 On s'en fout de Macron, de ce qu'il dit.
00:54 Vous, les Français qui voulez venir avec les soldats à Odessa,
00:56 vous êtes en train de provoquer la troisième guerre mondiale.
01:00 Il s'avère que le porte-parole de l'ambassade de Russie en France a réagi.
01:05 C'était il y a quelques instants. Je vous propose de l'écouter.
01:09 La France, tout au long de son histoire, n'a jamais eu un allié ou un ami plus fidèle
01:14 et plus honnête que la Russie.
01:16 Toute l'histoire le montre.
01:17 Mais bon, puisqu'aujourd'hui, l'histoire, c'est quelque chose qu'on oublie très, très vite.
01:23 Là, maintenant, le paradigme change.
01:25 Tout ce qu'a dit M. Tolstoy, il l'a dit dans son registre assez particulier,
01:32 mais en principe, c'est une sorte d'avertissement.
01:34 Tout d'abord, le Kremlin ne menace jamais.
01:35 Le Kremlin, par la voix du président Poutine, ne fait qu'avertir.
01:40 Ne fait qu'avertir des dérapages possibles et impossibles
01:44 qui peuvent nous emmener à la troisième guerre mondiale.
01:46 C'est pour ça qu'on dit que la Russie va se défendre
01:49 par tous les moyens qu'elle a dans sa disposition.
01:51 Donc là, il ne faut pas tout simplement provoquer.
01:54 Nous, les Russes, nous sommes suffisamment intelligents
01:57 pour distinguer entre les élites politiques, la classe gouvernante et le peuple.
02:00 Pour nous, le peuple français n'a jamais été et j'espère ne sera jamais ennemi.
02:05 Et là, nous partons de ce principe aujourd'hui.
02:08 Pour le reste, c'est vraiment bien dommage que la classe gouvernante française
02:13 préfère voir la Russie en tant qu'ennemi.
02:16 En tant qu'adversaire.
02:17 En tant qu'adversaire, oui.
02:19 On espère que ça n'ira pas plus loin que ça.
02:26 - Geoffroy Lejeune, vous avez une question pour Philippe.
02:28 - Philippe, votre émission tous les vendredis soirs à 19h
02:30 a une cohérence de semaine en semaine.
02:32 La semaine dernière, vous avez plaidé pour qu'on trouve une voie diplomatique
02:35 et qu'on fasse jouer la diplomatie dans ce conflit.
02:37 Nous, la France, parce que c'était notre vocation, notre mission.
02:41 Est-ce que vous pensez, quand vous entendez les déclarations des deux côtés,
02:44 que c'est encore possible et si oui, comment faire ?
02:47 - De semaine en semaine, l'inquiétude grandit.
02:53 Et je voudrais expliquer pourquoi.
02:57 En fait, l'ours russe, c'est beau.
03:04 J'avais dit deux semaines de suite ce qu'avait dit Talleyrand.
03:13 "Je sais les mille manières de faire sortir l'ours de sa tanière.
03:18 Je ne connais aucune manière de lui faire rentrer."
03:23 Et j'avais cité aussi le général Swechin.
03:25 "Il ne faut pas piquer l'ours russe avec des coups d'épingle."
03:30 Or, c'est ce qu'a fait Emmanuel Macron.
03:33 Alors, je récapitule.
03:35 Nous sommes dans l'escalade.
03:36 Je réponds à votre question.
03:38 Il faut aller vers la désescalade.
03:41 Pourquoi nous sommes dans l'escalade ?
03:42 Qu'est-ce qui s'est passé ? Les faits.
03:45 Emmanuel Macron a cru devoir, dans une phrase malheureuse,
03:49 désavouée par tous les autres pays européens et même par l'OTAN
03:52 et même par Zelensky,
03:54 a cru devoir annoncer l'envoi éventuel de troupes au sol.
04:00 Il faut que les Français qui nous regardent sachent bien ce que ça veut dire.
04:05 Dans le droit de la guerre, envoyer des troupes au sol,
04:07 c'est passer à la co-belligérance.
04:10 C'est-à-dire qu'on devient partie prenante à la guerre
04:15 et que la Russie devient à ce moment-là non plus un adversaire, mais un ennemi.
04:21 Et à partir du moment où la Russie devient un ennemi,
04:24 la Russie répond à cet envoi de troupes
04:30 par des phrases qui sont puisées dans son tempérament.
04:34 C'est un patriotisme vétilleux et particulièrement attentif à ses confins impériaux.
04:47 Alors, quand il a dit ça, Emmanuel Macron, il n'a pas fait attention,
04:51 mais il a entraîné l'OTAN avec lui parce qu'il est dans l'OTAN.
04:55 Nous sommes dans l'OTAN.
04:57 Et du coup, vu de Moscou, on a maintenant,
05:00 c'est une phrase de, je pense, du vice-président de la Douma,
05:05 qui correspond, et là, c'est une réalité,
05:07 c'est qu'il y a l'Occident collectif, comme ils disent à Moscou,
05:10 et puis les BRICS, la Russie s'appuyant sur la Chine.
05:15 Et donc, c'est comme ça qu'arrivent les guerres.
05:18 En fait, on ne les voit pas venir.
05:19 C'est l'engrenage, l'engrenage des égaux.
05:23 Et en l'occurrence, donc, Emmanuel Macron a fait une faute.
05:26 Alors pourquoi ?
05:28 Parce qu'il faudrait maintenant passer à la désescalade.
05:33 La désescalade, ça veut dire quoi ?
05:35 Ça veut dire, je reprends la phrase de Viktor Orban,
05:38 qui est une phrase de bon sens,
05:40 "Cette guerre n'est pas la nôtre,
05:42 c'est une guerre entre deux peuples slaves.
05:44 Elle est malheureuse, elle est cruelle, elle est odieuse,
05:47 c'est terrible, mais ce n'est pas notre guerre à nous."
05:51 Et deuxièmement, il y a une logique nationale du bien commun
05:57 que de Gaulle rappelait, il a été question de de Gaulle tout à l'heure,
06:00 à propos de la grandeur.
06:01 Mais la grandeur, ça consiste à définir les intérêts nationaux et ainsi tenir.
06:07 Et les intérêts nationaux, ce n'est pas d'envoyer des petits Français à Odessa
06:12 ou dans le Donbass.
06:13 Non, notre Donbass à nous, c'est la Vendée, c'est la Bretagne, c'est le Languedoc.
06:19 Si jamais les Russes arrivent et envahissent la Corse,
06:23 oui, à ce moment-là, il y a légitime défense.
06:27 En fait, moi, je suis fils de soldat.
06:31 On a raconté la guerre de mes pères et de mes grands-pères.
06:37 La guerre, c'est épouvantable.
06:40 Et il ne faut accepter la guerre qu'en cas de légitime défense.
06:43 Or, aujourd'hui, nous ne sommes pas en situation de légitime défense.
06:48 Donc, la seule voie possible pour la France,
06:50 c'est la voie historique d'une puissance d'équilibre,
06:53 c'est la voie d'une France médiatrice.
06:57 Et je vais vous dire pourquoi je suis inquiet.
06:59 En pesant mes mots, mais quand même, je vais aller dire les mots.
07:05 C'est la fable macronienne de l'étourdi et de l'ours.
07:09 L'ours qui s'ébroue et qui gronde,
07:11 et l'étourdi qui ne se rend pas compte avec ses piqûres d'épingles.
07:15 On n'est pas là, au virtuel, à la guerre virtuelle en vidéo.
07:19 Il faut que les gens qui nous dirigent mettent un peu de maturité.
07:26 Ils sont immatures et réfléchis.
07:29 Et c'est pour ça que j'ai peur.
07:30 J'ai l'impression que quand ils boxent, là,
07:32 ils sont en train de se dire "tu vas voir, tu vas voir, tu vas voir".
07:35 Non mais où est-on là ? C'est sérieux.
07:39 Quand on est président de la République,
07:41 il faut avoir de la maturité, il faut avoir de la sagesse,
07:44 il faut avoir de la prudence.
07:46 Parce que quand vous provoquez celui qui va devenir votre adversaire,
07:49 puis demain votre ennemi,
07:50 il ne faut pas s'étonner ensuite si on se prend des palots sur la gueule.
07:54 Voilà.
07:54 Et donc, moi je ne crois plus au personnel politique,
07:58 ils ont tous voté l'accord, etc.
07:59 On donne de l'argent à l'Ukraine,
08:01 pendant ce temps-là nos agriculteurs crèvent,
08:03 et pendant ce temps-là on a un déficit qui nous ridiculise aux yeux du monde.
08:07 Il faut que le peuple français se lève maintenant,
08:09 et dise "ça suffit la guerre, on n'en veut pas de la guerre,
08:11 on ne veut pas de votre guerre,
08:12 on ne veut pas que nos enfants, nos petits-enfants,
08:14 ils se fassent tuer au Dessa, on n'en veut pas".
08:19 - Ça fait quasiment huit mois que nous travaillons sur cette émission,
08:23 c'est la première fois que je vous vois aussi en colère,
08:27 et c'est la première fois que vous employez ce terme de peur,
08:30 en disant "j'ai peur".
08:32 Et vous avez peur de quoi exactement, Philippe Devilliers ?
08:35 - J'ai peur de voir l'engrenage franchir un cran supplémentaire.
08:42 Là on est à l'ultime cran.
08:44 Après, c'est trop tard.
08:47 Et comme je connais l'histoire,
08:50 on a affaire à des hommes politiques incultes.
08:54 On sait comment ça s'est passé en 1970, en 1914, en 1940.
08:59 À un moment donné, on franchit le cran de trop,
09:02 et on se retourne en disant "ah ben, qu'est-ce qui s'est passé ?"
09:05 "Ben oui, ce qui s'est passé, vous avez franchi le cran de trop".
09:09 Et vous savez, on a cité De Gaulle tout à l'heure,
09:14 je pensais à lui justement.
09:17 Et De Gaulle, quand il est allé en Chine,
09:18 et quand il est allé en URSS,
09:20 il y avait l'extrême centre, les macroniens de l'époque,
09:25 qui étaient choqués, et qui disaient "lala,
09:30 vous vous rendez compte, il va chez les communistes, etc."
09:33 Et De Gaulle répondait ceci, qui devrait nous servir de leçon.
09:38 La France fait la différence entre les États et les régimes.
09:44 Elle ne connaît pas les régimes,
09:45 elle ne connaît que les États.
09:48 Et donc, quand vous mettez des sentiments,
09:50 quand vous mettez trop de sentiments,
09:53 dans votre posture guerrière,
09:55 dans votre posture combative, agressive,
09:59 vous perdez tout.
10:01 Parce que vous perdez la prudence, vous perdez la sagesse,
10:03 vous perdez le recul et la hauteur.
10:05 Et c'est ça un chef d'État,
10:07 c'est qu'il garde toujours l'altitude,
10:09 toujours la hauteur, et qu'il ne cède pas à la nervosité.
10:12 – Geoffroy Lejeune.
10:13 Tout à l'heure, quand on regardait cette émission en coulisses,
10:16 je vous ai vu, à un moment donné, ne pas être d'accord
10:18 avec des propos qui étaient tenus en plateau,
10:19 notamment sur le fait que la Russie aurait forcément
10:21 une volonté d'expansion impériale, etc.
10:24 Vous n'étiez pas convaincu par l'argument.
10:27 Je rappelle à nos téléspectateurs que vous avez rencontré,
10:29 vous, bien longtemps avant le conflit,
10:31 mais vous avez rencontré Vladimir Poutine en Russie, je crois,
10:34 vous l'avez raconté dans un de vos livres.
10:36 Est-ce que vous réussissez, est-ce que vous comprenez
10:38 quel est le but de la Russie aujourd'hui ?
10:40 Qu'est-ce qu'elle veut ?
10:41 Si ce n'est pas une volonté d'expansion impériale,
10:43 qu'est-ce que cherche Vladimir Poutine dans ce conflit ?
10:45 Et en fait, je pense qu'il n'y a pas de but de guerre officielle russe.
10:47 On a du mal à le comprendre aujourd'hui.
10:49 Et je pense que l'Occident est passé à côté de cette question.
10:51 On n'a jamais réussi à y répondre.
10:53 Alors, c'est une question essentielle
10:55 que j'avais posée en son temps à Vladimir Poutine.
10:59 Après la guerre, il y avait l'OTAN et le Pacte de Varsovie,
11:03 face à face, deux puissances nucléaires.
11:07 Quand le mur de Berlin est tombé,
11:09 les Russes, à l'époque les Soviétiques,
11:14 encore pour quelques années,
11:16 ont dit aux Américains,
11:18 bon, nous on dissout le Pacte de Varsovie,
11:21 vous gardez l'OTAN,
11:22 mais il faut qu'on ait un pacte de sécurité entre nous.
11:26 Et on vous demande de ne pas étendre l'OTAN jusqu'à nos frontières.
11:33 Parce qu'il n'est pas prudent d'avoir deux puissances nucléaires côte à côte.
11:39 Le moindre incident de frontière devient la base d'une escalade.
11:46 Et en fait, les Américains ont commis une erreur.
11:50 Ils ont étendu l'OTAN à quatre ou cinq reprises.
11:56 Et maintenant, l'Ukraine se trouve en première ligne.
12:01 Bon, là, il y a une manière d'arrêter le conflit.
12:05 Puisque là, en fait, sur le terrain, il y a les accords de Minsk.
12:10 C'est quoi les accords de Minsk ?
12:12 Dont la France était garante avec l'Allemagne.
12:14 C'était la possibilité d'avoir une autonomie pour le Donbass et la Crimée,
12:20 qui sont russophones.
12:23 Et puis ensuite, on crée une zone tampon,
12:26 une Ukraine neutre, avec un pacte de sécurité.
12:29 Mais pas dans l'OTAN.
12:31 Donc, les voies de la paix sont possibles, elles sont jouables.
12:34 La preuve, c'était les accords de Minsk, signés par Merkel et Hollande,
12:40 et dont la France était garante.
12:42 Donc, aujourd'hui, on peut aller vers la désescalade.
12:48 Mais il suffit de mettre son ego dans sa poche.
12:51 Et je ne crois pas que la Russie soit prête à aller au-delà des combats qu'elle mène en Ukraine.
12:58 Elle n'en a pas les moyens, ni démographique, ni militaire, ni diplomatique.
13:03 Et la Chine lui dit "attention, nous on vous lâche".
13:06 Donc, aujourd'hui, si on connaît un petit peu la situation, comme c'est mon cas,
13:10 on sait qu'on peut arrêter le conflit.
13:14 Quel est le pays qui va arrêter le conflit ?
13:16 Vous savez, il y a des pays au portillon, qui se préparent, comme la Turquie, etc.
13:21 Ce serait l'honneur de la France.
13:23 On parlait de la grandeur tout à l'heure.
13:25 La grandeur de la France, si de Gaulle était là, ou Pompidou par exemple,
13:28 ou même Giscard, ou Sarkozy.
13:30 Si Sarkozy était là aujourd'hui, Sarkozy il est allé pour la Géorgie voir Poutine.
13:35 Il lui a dit "il faut arrêter ça tout de suite".
13:37 Et Poutine a arrêté.
13:38 Donc, en fait, il avait commencé d'ailleurs Macron.
13:41 Il avait bien commencé.
13:43 Il avait dit "non, non, il ne faut pas blesser la Russie".
13:48 "Il ne faut pas en faire un adversaire ou un ennemi".
13:51 Et puis, il a changé de...
13:54 Et tout à coup, le boxeur s'est dit "je suis chef de guerre".
13:58 Mais c'est immature.
14:01 Et donc, s'il m'entend, je lui dis "Emmanuel, il faut arrêter ça tout de suite".
14:06 Sinon, on va avoir un drame, une guerre mondiale.
14:12 - Voilà ce qu'on pouvait dire sur cette escalade des mots,
14:16 pour l'instant, et cette escalade verbale entre la Russie et la France.
14:21 Et ça bouscule un peu notre émission.
14:24 - Vous savez, je voulais simplement dire que les Français qui nous regardent,
14:31 ils sont de plus en plus nombreux à dire "attendez, on donne de l'argent à l'Ukraine".
14:34 Alors que nous, on nous explique qu'on est en faillite.
14:38 On va peut-être en parler d'ailleurs.
14:40 La dette française, elle est abyssale.
14:43 Ils sont de plus en plus nombreux à dire "on n'a pas envie d'envoyer nos enfants
14:46 et nos petits-enfants se battre en Ukraine".
14:49 Parce que nous, on veut bien les envoyer en Alsace-Lorraine
14:53 ou dans les Ardennes, comme aux dernières guerres,
14:56 parce que ça, c'était chez nous, c'est pour défendre le territoire national.
15:00 Mais en Ukraine, non, franchement non.
15:04 Même si on est pro-ukrainien, envoyer nos enfants en Ukraine
15:07 pour qu'ils reviennent dans les cercueils tricolores aux Invalides,
15:10 parce qu'il aime bien ça, Macron, les cercueils tricolores aux Invalides.
15:15 23 cérémonies de commémoration.
15:18 C'est un lieu où il excelle, pour reconnaître.
15:23 – Philippe Devilliers, on sent la colère lorsque vous vous exprimez.
15:26 – Non, ce n'est pas la colère, c'est le devoir que j'ai, moi.
15:30 Je ne suis pas venu ici pour vendre des cerises ou des yaourts.
15:35 Je ne suis pas comme les politiciens qui sont des yaourts de grande surface,
15:39 se font près du couvercle, des crémeux à cœur.
15:41 Moi, je suis venu dire des choses qu'on ne dit pas ailleurs.
15:44 – Philippe Devilliers, vous étiez en train de parler de la situation économique.
15:50 On devait en parler un peu plus tard.
15:51 Je vous propose d'y revenir maintenant parce que la situation,
15:53 l'enjeu est extrêmement important.
15:56 La France, vous l'avez dit, croule sous les dettes.
15:58 Le rapport de la Cour des comptes est formel.
16:00 La charge de la dette entraîne une fragilisation des finances publiques.
16:04 L'INSEE doit d'ailleurs annoncer un déficit public plus élevé que prévu.
16:09 Ce sera la semaine prochaine avec un chiffre supérieur à 5%.
16:12 La dette publique a augmenté de 140 milliards en 2023, de 120 en 2024,
16:18 et devrait, pour dépasser 3 200 milliards à la fin de l'année.
16:25 On écoute François Fillon parce que dès 2007,
16:28 la situation semblait déjà critique.
16:30 2007, quasiment 20 ans.
16:34 – Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite sur le plan financier.
16:38 Je suis à la tête d'un État qui est depuis 15 ans en déficit chronique.
16:44 Je suis à la tête d'un État qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans.
16:49 Ça ne peut pas durer.
16:51 – Pourquoi cette panique, Philippe Deveillé ?
16:53 Pourquoi il y a panique à bord aujourd'hui ?
16:58 – Parce que la Cour des comptes vient de rendre son rapport public,
17:07 qui est accablant,
17:09 et qu'il y a des échéances qui se présentent et dont je vais vous parler,
17:16 dont on n'a pas assez parlé.
17:19 Alors la Cour des comptes, en fait, a accusé le gouvernement d'insincérité.
17:25 Insincérité des comptes, insincérité de la projection des dépenses, des recettes, de la croissance.
17:33 La Cour des comptes demande 50 milliards d'économies entre 2025 et 2027.
17:39 50 milliards.
17:42 Et nous commémorons cette année, je m'en souviens très bien, 1974, il y a 50 ans,
17:49 le cinquantenaire du dernier budget en équilibre.
17:53 C'était l'année de mon entrée à l'ENA.
17:55 Je me souviens que mes profs, les profs, les hauts fonctionnaires à l'ENA,
17:59 disaient "c'est la fin du monde".
18:01 C'était le choc pétrolier.
18:03 Et en fait, on avait un ministre de la Finance qui était un Beethoven de la finance, Giscard.
18:09 Et puis on a eu le Titanic avec le choc pétrolier.
18:13 Il n'y était pour rien.
18:15 Mais depuis 50 ans, les hommes politiques se sont habitués,
18:18 toutes tendances confondues, à avoir un budget en déficit.
18:22 C'est en fait à faire payer à nos petits-enfants,
18:25 ceux qui ne sont pas capables de payer eux-mêmes.
18:30 Les prélèvements sont passés de 39% à 47%, c'est in wish, la richesse nationale.
18:38 Et puis est arrivé donc Emmanuel Macron.
18:40 Quand il est arrivé, je me souviens très bien, en 2017,
18:44 les milieux économiques, les retraités et la France du bas de l'Aisne
18:54 l'ont plébiscité en disant "il est jeune, inexpérimenté,
19:00 mais c'est un banquier d'affaires, il connaît la finance,
19:05 il va nous remettre les comptes publics en ordre".
19:09 Et c'est à ce moment-là qu'est né ce compliment de tendresse s'étouchant,
19:16 le Mozart de la finance.
19:18 On a eu le Mozart de la finance,
19:20 qui est devenu aujourd'hui le chef de l'orchestre du Titanic.
19:24 Et on a la sirène de bord qui dit "panique à bord, il y a un iceberg en face".
19:27 L'iceberg, c'est la dette.
19:29 C'est-à-dire qu'il a ajouté 1 000 milliards
19:34 aux 2 000 milliards dont parlait François Fillon,
19:36 1 000 milliards à lui tout seul,
19:39 aidé par l'écrivain de l'académie de Bercy, Bruno Le Maire.
19:45 Et une dette qui est aujourd'hui, selon M. Baverez, insoutenable.
19:55 Alors pourquoi en fait on en parle maintenant
19:57 et pourquoi c'est la panique à bord, pour répondre à votre question ?
20:01 Parce que mardi prochain, on a l'INSEE qui va proclamer ses résultats.
20:07 Ça va faire mal.
20:08 Le chiffre annoncé n'est pas le chiffre réel.
20:12 Donc ils ont un petit peu triché sur les bords.
20:17 - Là vous parlez de la croissance.
20:19 - Oui, de la croissance.
20:21 Et donc on va avoir une drôle d'impression.
20:23 Bon, je ne dis pas le chiffre qui va être annoncé,
20:25 mais on a une petite idée.
20:27 Ce n'est pas le chiffre qui était prévu.
20:31 Ensuite et surtout, comme le disait très bien Alexis Brezé
20:37 dans un éditorial sur Europe 1 la semaine dernière,
20:41 c'est qu'en fait ce que craint le pouvoir, c'est les agences.
20:45 Donc le 26 avril, il y a deux agences, Fitch et Moody's,
20:53 qui vont faire tomber le coup prêt.
20:56 Et ensuite, le 31 mai, je crois,
21:00 31 mai ça vous dit quelque chose,
21:01 31 mai par rapport aux élections européennes, c'est le 9 juin.
21:05 Donc juste avant, ça ne fait pas bon effet,
21:08 il y aura le standard and poor's, pardon de la prononciation,
21:13 mais je suis francophone.
21:17 Voilà.
21:17 Et donc en fait, moi je me dis la chose suivante,
21:23 avec mon expérience de l'État et des collectivités locales.
21:28 Je me dis, si on voulait rétablir les finances publiques,
21:34 ce n'est pas avec des économies.
21:35 Non, il faudrait premièrement que l'on considère
21:41 que c'est la sphère privée qui crée la richesse,
21:43 et pas la sphère publique.
21:44 Il y a 6 millions de fonctionnaires,
21:47 60 000 supplémentaires par an.
21:50 C'est la sphère privée qui crée la valeur ajoutée.
21:54 Deuxièmement, il faudrait que l'on comprenne,
21:59 que les Français comprennent que vous ne pouvez pas avoir
22:01 un État-providence et des frontières ouvertes,
22:03 parce que vous ne pouvez pas avoir un État-providence
22:06 et financer la misère du monde.
22:08 Troisièmement, il faut une politique nataliste,
22:10 sinon on ne peut plus payer les retraites dans 20 ans.
22:14 Et enfin, avoir le courage de supprimer un échelon fiscal
22:20 de la région.
22:22 Il faut la commune, le département, l'État,
22:25 et puis l'Europe maintenant, mais la région ne sert à rien.
22:28 En tout cas, il faudra arriver à cela.
22:31 La publicité, messieurs, on revient dans un instant.
22:34 Notre émission a été, je le disais, un peu bousculée
22:36 par cet entretien passionnant,
22:37 et j'invite les téléspectateurs à le revoir.
22:39 C'était dans Punchline, avec l'invitation
22:42 et la présence du porte-parole de l'ambassade de Russie en France.
22:47 Donc, on en a longuement parlé dans cette première partie.
22:49 On revient dans un instant pour la suite de Face à Philippe de Villiers.
22:52 A tout de suite.
22:53 19h30 sur CNews, la suite de Face à Philippe de Villiers,
22:59 avec Philippe de Villiers, bien sûr, et Geoffroy Lejeune.
23:02 Cher Philippe de Villiers, une information qui est tombée
23:04 ce vendredi aux alentours de 19h15.
23:08 La princesse Kate, l'épouse de William,
23:12 l'héritier du trône britannique, a annoncé ce vendredi,
23:16 dans une vidéo, être atteinte d'un cancer
23:19 et avoir entamé une chimiothérapie.
23:23 On écoute ce texte, alors que la Maison-Blanche
23:27 a adressé ses pensées à Kate Middleton.
23:32 On écoute ce message.
23:33 En janvier, j'ai subi une intervention chirurgicale majeure à Londres
23:41 et à l'époque, on m'a dit que mon état n'était pas grave.
23:44 L'opération s'est déroulée avec succès.
23:46 Cependant, après l'opération, un cancer a été détecté.
23:50 Mon médecin m'a conseillé de suivre une chimiothérapie préventive
23:54 et j'en suis maintenant au premier stade de ce traitement.
23:57 Cela a bien sûr été un choc énorme et William et moi
24:00 avons fait tout ce que nous pouvions pour traiter et gérer cette situation
24:03 en toute sérénité pour le bien de notre jeune famille.
24:10 Et dans ce message également, Philippe Devilliers,
24:12 elle demande à ce qu'on respecte sa vie privée.
24:16 Si je vous propose de réagir là-dessus, c'est que, Philippe,
24:20 vous avez combattu le cancer.
24:23 Et quel message vous souhaiteriez lui adresser ?
24:26 Alors d'abord, c'est un choc.
24:33 Parce qu'elle respirait la santé.
24:38 Elle était efflorescente.
24:43 C'est la rose de Ronsard, son sourire.
24:49 Et la grâce, la tendresse, et voilà.
24:53 Et le mal frappe.
24:58 Alors, vous avez évoqué ce que j'ai connu, ce que j'ai vécu.
25:06 Et donc vous m'autorisez à en parler.
25:09 Je ne veux pas parler de moi, mais puisque
25:14 je connais cette maladie, je peux en parler.
25:21 Et je vais m'adresser à tous ceux qui ont eu un cancer,
25:24 à tous ceux qui ont un cancer ou à tous ceux qui pourraient en avoir un cancer.
25:28 C'est plus du tout, du tout, la maladie d'il y a 30 ans.
25:34 La médecine a fait d'énormes progrès.
25:38 J'ai été soigné à l'Institut Curie, j'ai eu un mélanome de la choroïde.
25:44 C'est à l'œil.
25:47 J'ai été soigné par une thérapie nucléaire parfaite.
26:00 Et donc on n'est jamais guéri du cancer.
26:03 Mais en principe, on est dans une longue rémission
26:10 parce que la médecine fait face.
26:14 Aujourd'hui, il y a des cancers qu'on ne guérissait pas et qu'on guérit maintenant.
26:18 Celui que j'ai eu, on peut le guérir.
26:20 Il faut être vigilant, mais on peut le guérir.
26:22 C'est un cancer qui est lié au foie.
26:25 Donc il faut surveiller.
26:27 Ce que je ne fais guère d'ailleurs.
26:30 Je suis dans le déni.
26:33 Et moi, je devrais lui dire, le mot fait peur, mais la chose s'éloigne.
26:41 Elle va être soignée et puis ce sera un mauvais souvenir.
26:46 Mais il y a toutes les chances qu'elle s'en sorte.
26:51 Donc il ne faut pas qu'elle panique.
26:54 Et il faut qu'on arrive maintenant à dire, cancer c'est une maladie.
27:01 Ce n'est pas une maladie mortelle.
27:04 Et il ne faut pas que dans le langage politique, d'ailleurs, on parle du cancer.
27:10 On dit, cancer pour ceci, cancer pour cela.
27:12 Non, il faut traiter le cancer en le regardant en face.
27:18 Le soleil et la mort ne se peuvent regarder fixement, disait la Rochefoucauld.
27:22 Et donc, voilà, elle va s'en sortir.
27:26 Il faut que sa famille soit autour d'elle.
27:28 Les médecins anglais sont très bons.
27:31 Et donc, voilà.
27:33 Et vous savez, je vais vous dire un truc.
27:35 En fait, je mets du temps à vous répondre parce que, par pudeur.
27:40 Mais je vais vous dire quelque chose.
27:43 Quand j'ai annoncé à mon épouse, voilà, j'ai un cancer.
27:49 Je me souviens très bien, dans la minute qui a suivi,
27:53 je me suis dit, à nous deux, bonhomme, à nous deux.
27:59 Pourquoi ? Parce que le médecin qui a détecté mon cancer m'a dit,
28:04 pour 90%, c'est un combat mental.
28:13 Il faut avoir le mental pour l'expulser,
28:21 pour l'exfiltrer, pour le déloger.
28:27 Et comment ? En n'y pensant jamais.
28:31 À l'époque, j'écrivais des scénarios pour le Puy du Chou, etc.
28:35 J'étais au conseil général, j'avais des lunettes de soleil,
28:38 alors les gens disaient, "ah, arrête Charles !"
28:41 Et je n'y pensais jamais.
28:43 Et un jour, on m'a dit, "ah ben c'est bon."
28:46 "Quoi ? Qu'est-ce qui est bon ?"
28:47 "Votre cancer, c'est bon."
28:50 "C'est bon, il est résorbé."
28:55 Et donc, le conseil que je donne à ceux qui ont un cancer,
28:59 vous faites autre chose, et vous l'expulsez.
29:02 Vous expulsez les cellules qui sont entrées comme des ennemis dans votre corps.
29:08 Votre corps grandira et trouvera le courage nécessaire,
29:14 comme Jacques Maupillier dans la scène du Puy du Chou,
29:16 le courage s'accomplissait en lui comme la marche ou la respiration.
29:20 - Je crois le jeune.
29:21 - Vous venez de répondre partiellement au moins à la question que je voulais vous poser.
29:25 Je ne vous connaissais pas à l'époque où vous avez été malade,
29:27 on s'est connu après, donc on n'en a jamais parlé.
29:30 Je n'ai jamais voulu vous en parler parce que je ne savais pas
29:32 si c'était forcément très agréable de le faire.
29:34 Il y a une phrase qui m'avait frappé dans un de vos livres
29:36 où vous aviez évoqué en quelques lignes l'affaire de la maladie.
29:39 Vous avez dit, "j'ai traversé le cancer au galop."
29:42 Et cette formule m'avait frappé parce que je m'étais dit,
29:45 est-ce qu'on peut vraiment dire, et vous venez de donner un témoignage en tout cas,
29:48 que c'est une maladie qui se combat par la fureur de vivre
29:51 et manifestement vous en êtes un témoignage, un exemple.
29:54 - Je voudrais rendre hommage à la médecine française,
30:00 et j'espère la médecine anglaise, mais la médecine française,
30:03 l'Institut Curie, il faut leur faire des dons.
30:05 C'est extraordinaire l'Institut Curie.
30:08 Quand je passe devant l'Institut Curie, j'ai la harme à l'œil
30:10 parce que je me dis, ce ne sont pas des médecins,
30:13 ce sont des guérisseurs.
30:16 - Vous m'avez devancé, cher Philippe Devilliers,
30:18 parce que je voulais terminer cette thématique
30:21 en saluant évidemment tous les soignants qui travaillent pour guérir,
30:26 pour aider des Français qui nous regardent peut-être
30:29 et qui luttent contre la maladie.
30:30 - Les soignants qui ont pour vocation de sauver la vie
30:36 et non pas de donner la mort.
30:41 - Je tenais aussi à vous remercier
30:42 parce que ce n'était absolument pas prévu cette thématique.
30:44 Et c'est des sujets, comme vous avez dit,
30:46 vous êtes quelqu'un de très pudique.
30:47 C'est des sujets aussi qui peuvent parler de votre histoire.
30:51 Et voilà, merci d'être également à cœur ouvert sur ce plateau-là.
30:57 On avance parce que cette actualité est un peu lourde
31:00 et on apporte évidemment tout le soutien à la famille royale.
31:03 Mais parlons d'une chose positive,
31:06 un sourire que vous avez depuis du fou.
31:10 Alors je dis qu'il a été "oscarisé", je mets des guillemets,
31:14 le week-end dernier à Los Angeles,
31:16 recevant le prix du meilleur spectacle du monde pour le mime et l'étoile,
31:20 à l'occasion de la plus prestigieuse cérémonie
31:22 de l'industrie des parcs de loisirs.
31:24 Ce prix vient couronner une année 2023 de tous les records,
31:28 avec 2,5 millions de visiteurs.
31:31 Et je vous propose d'écouter votre fils,
31:32 que l'on voit à l'image et qui tient le trophée,
31:35 qui avait réagi samedi dernier.
31:38 C'est une fierté qui touche tout le Puy du Fou
31:40 parce que ce sont les Américains qui récompensent
31:43 le plus beau spectacle du monde.
31:45 Pour nous c'est une vraie surprise que d'être récompensé ici à Hollywood,
31:49 dans le lieu même que vous voyez derrière moi,
31:51 qui habituellement accueille la cérémonie des Oscars.
31:54 Donc vous avez les Oscars du cinéma, les Oscars du spectacle,
31:56 et nous sommes ici, encore une fois, avec une France
31:59 qui est capable de démontrer qu'elle peut offrir de belles choses au monde.
32:04 Geoffroy Lejeune,
32:05 est-ce que le fondateur et le père du Puy du Fou est un père heureux aujourd'hui ?
32:09 Et est-ce que le père tout court d'ailleurs,
32:10 parce que c'est Nicolas évidemment qui endosse aujourd'hui la responsabilité,
32:14 est-ce que vous êtes heureux Philippe ?
32:16 C'est une fierté paternelle,
32:19 vous avez reconnu Nicolas,
32:21 qui mène maintenant les destinées du Puy du Fou.
32:28 C'est une fierté fondéenne, française,
32:32 fierté artistique.
32:34 En fait, le Puy du Fou est né d'un acte de gratitude.
32:39 J'ai voulu dire merci à mon papa et à ma maman,
32:42 pour une enfance heureuse.
32:44 Le Puy du Fou en fait, a connu une course vertigineuse en 47 ans.
32:49 On était dans un trou, on est sur le toit du monde.
32:53 Et le Puy du Fou est devenu aujourd'hui,
32:56 un des hauts lieux de la mémoire vivante du dépôt millénaire.
33:01 Et vous savez quel est le secret du Puy du Fou ?
33:03 Celui que nous partageons, le père et le fils,
33:06 avec les 4600 bénévoles du Puy du Fou.
33:11 Le Puy du Fou ne propose pas ce que les gens aiment,
33:14 mais ce qu'ils pourraient aimer.
33:16 Je me suis toujours demandé juste une chose,
33:18 est-ce que le premier jour,
33:19 quand vous avez fait ce premier spectacle sous la pluie,
33:22 avec les phares de la voiture pour allumer la scène,
33:24 est-ce que vous vous êtes dit un jour, ça finira aux Etats-Unis ?
33:30 Je me disais, nul n'est prophète dans son pays,
33:34 peut-être qu'on sera reconnu par les pages locales de Ouest-France.
33:42 Ce n'était pas encore le cas.
33:46 J'ai lutté contre le scepticisme pendant 47 ans.
33:50 - Philippe Devilliers, dans cette émission,
33:53 on parle beaucoup de la souveraineté,
33:55 souveraineté nationale, souveraineté européenne,
33:59 de l'Europe, bien sûr,
34:01 il a été souvent question de l'Europe dans cette émission.
34:03 Il s'avère que le Sénat s'est opposé jeudi,
34:09 puisqu'on parle également aussi du libre-échange,
34:11 à la ratification par la France du traité CETA,
34:13 des accords commerciaux de libre-échange
34:16 entre l'Union européenne et le Canada.
34:18 Et ça nous a fait penser à une séquence
34:22 qui date d'il y a quelques années, 1999,
34:25 d'un débat datant de 1999, je le disais,
34:27 avec un certain Arnaud Montebourg.
34:30 Et il était question à l'époque d'une grande conférence ministérielle
34:33 de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle.
34:36 Et vous étiez contre.
34:36 Vous avez dit la France doit appliquer,
34:39 comme le général De Gaulle faisait, la politique de la chaise vide.
34:42 En une minute, pourquoi ?
34:45 Avant qu'on voit la séquence.
34:46 - Parce que c'était l'Organisation mondiale du commerce,
34:49 que j'appelais l'organisation commerciale du monde,
34:51 qui voulait abaisser tous les droits de douane
34:54 et faire rentrer chez nous des produits qu'on produit déjà.
34:59 Et moi je disais non, il faut faire du localisme.
35:01 Moi, il faut faire comme quand j'étais petit,
35:04 j'allais chercher mon lait chez le voisin.
35:06 Donc en fait, déjà, moi, j'avais une vision écologique
35:10 et aussi une vision économique,
35:12 c'est-à-dire favoriser ceux qui travaillent chez nous
35:16 plutôt que de favoriser ceux qui travaillent au loin.
35:19 Et il me semble bien qu'Arnaud Montebourg, à l'époque,
35:24 n'était pas encore l'homme du "Made in France".
35:27 - 1999, regardez cette séquence.
35:31 - Finalement, à force de faire cocorico,
35:33 qui va entendre le petit coq gaulois dans le marché du monde ?
35:37 Qui, je le rappelle, aujourd'hui, sur les marchés financiers,
35:41 il s'échange 1 500 milliards de nos francs,
35:45 c'est-à-dire l'équivalent de ce que nous produisons en une année.
35:48 Ça s'échange en une journée.
35:49 Est-ce qu'avec nos 200 milliards, la Banque de France,
35:52 on a les moyens de lutter contre ça ?
35:53 Et finalement, est-ce que l'Union ne fait pas la force ?
35:55 Est-ce que pour imposer des normes sociales,
35:57 qui est un des crédeaux de la gauche,
35:59 est-ce que pour imposer des normes environnementales,
36:01 qui est aussi un des crédeaux de la gauche,
36:03 et pour imposer une souveraineté, qui est aussi finalement
36:06 un point sur lequel nous pouvons nous retrouver
36:09 avec ceux qui réclament l'application,
36:11 la supériorité de la politique sur l'économie,
36:14 est-ce que finalement, ce n'est pas un discours un peu démagogique ?
36:17 – Monsieur Bondbourg, vous ne pouvez pas penser un instant,
36:22 je ne mets pas en cause vos bonnes intentions,
36:24 mais vous ne pouvez pas penser un instant
36:26 que l'Europe telle qu'elle est organisée, avec une commission
36:31 dont M. Proudy a dit qu'il allait déjà rencontrer M. Clinton
36:34 pour lui céder quelque chose,
36:36 vous ne pouvez pas penser un instant que cette Europe-là,
36:38 dans l'état où elle est,
36:39 elle va faire face à la puissance américaine.
36:41 Vous voyez, la nouvelle génération à laquelle vous appartenez,
36:43 à laquelle j'appartiens aussi, post-68,
36:46 on a un grand défaut, c'est qu'on ne croit plus à la politique.
36:49 Mais moi j'y crois encore, qu'est-ce que ça veut dire croire à la politique ?
36:52 Ça veut dire qu'il y a une disproportion, c'est comme l'atome,
36:56 le pouvoir égalisateur de l'atome,
36:58 une disproportion fantastique entre la réalité et la volonté.
37:04 Un grand pays, ce n'est pas un pays qui a beaucoup de population,
37:08 beaucoup de moyens, etc.
37:09 Un grand pays, il le devient parce qu'il l'est dans sa tête et dans son cœur.
37:13 Et quand vous me parlez, vous me rappelez la phrase de De Gaulle,
37:15 "La politique de la France ne se fera pas à la corbeille,
37:17 vous alignez les milliards, etc."
37:19 La France est un grand pays, parce que dans le cœur des hommes,
37:22 qu'ils soient français ou étrangers,
37:23 que vous alliez au Pakistan ou à Botafogo, on vous parle de la France.
37:28 La France, elle a une image, la France, elle a un rayonnement,
37:30 la France, elle est un exemple d'amour pour l'humanité et d'amour de l'humanité.
37:37 Donc de grâce, croyez à la politique.
37:41 – C'est plus concret, c'est du terrain.
37:43 – Mais non, ce n'est pas…
37:44 – La position française sur les négociations de ce terrain,
37:47 c'est que la mystique se gêne, mais c'est pour les églises.
37:50 – Je ne suis pas prêt à soumettre notre agriculture, notre culture,
37:56 notre audiovisuel, nos services.
37:57 – Mais qui vous dit ça ?
37:59 – Mais attendez, ça vaut quand même le coup.
38:02 – Dernier échange.
38:04 – Je cite Arnaud Montebourg, un arctique qui dit,
38:10 "l'enjeu est beaucoup plus grave qu'une simple négociation commerciale,
38:13 la libéralisation illimitée des services à la différence de celle de l'industrie
38:17 pour signifier la fin des nations, de la démocratie et de la politique".
38:20 Qui a dit ça ?
38:21 Le penseur de François Mitterrand, Jacques Attali, pour en finir avec l'OMC.
38:24 Relisez cet article.
38:25 – En 99, vous citiez Le Monde.
38:30 Jacques Attali et Le Monde, le doublé.
38:34 Vous vous souveniez de cet échange ou pas ?
38:36 – Oui, pas maintenant, je m'en souviens, j'avais oublié.
38:39 En réalité, il est d'une actualité brûlante.
38:41 – Bah oui, c'est pour ça.
38:42 – Avec le traité qui a été signé avec le Canada,
38:46 c'est exactement le même problème.
38:48 Et les agriculteurs qui nous regardent, ils doivent se dire,
38:51 il y avait des gens qui avaient vu le truc.
38:53 – Ils ne venaient pas de mettre une marinière en fait pour défendre…
38:55 – Vous savez ce qui s'est passé ?
38:57 – En 20 secondes s'il vous plaît.
38:58 – En 20 secondes, 1994, un an après Maastricht,
39:02 deux ans après Maastricht pardon,
39:04 on crée l'Organisation mondiale du commerce qui remplace le GATT.
39:08 Et M. Balladur qui était Premier ministre,
39:11 était à fond pour avec toute la droite française,
39:13 qui était à l'époque libre-échangiste, mondialiste.
39:17 Tout le monde croyait à la mondialisation heureuse.
39:19 Et on est les derniers, nous en France,
39:22 alors que le monde rétablit partout le protectionnisme,
39:24 que ce soit la Chine, les États-Unis, etc. et même l'Allemagne,
39:27 on est les derniers à être encore libre-échangiste.
39:30 Macron, la mondialisation heureuse,
39:34 ça sera le dernier disciple de la mondialisation heureuse.
39:38 – Philippe Devilliers, pour terminer cette émission,
39:39 vous souhaitiez revenir sur une date qui a changé votre vie.
39:43 C'était-il il y a 64 ans, très précisément, le 22 mars 1960.
39:49 Philippe Devilliers, que s'est-il passé le 22 mars 1960 ?
39:54 – Oui, c'est une date qui a changé ma vie.
39:58 J'avais 11 ans, j'étais sur mon vélo,
40:01 j'ai jeté mon vélo dans le bois de la Chabotterie.
40:06 C'est là qu'a pris fin la traque du général Charette,
40:10 poursuivi comme un sanglier.
40:13 Il était adossé à une cosse de freine calcinée,
40:20 il perdait son sang, c'était là la lie.
40:27 Du coup, il entend une voix qui se rapproche.
40:33 "C'est vous, Charette ?" "Oui."
40:36 "Et vous, vous êtes le général Traveau ?" "Oui."
40:41 "Je ne voulais être pris que par vous."
40:43 Les deux hommes se respectent, deux officiers français qui s'estiment.
40:48 "Vous êtes blessé ?" "Poursuis, Traveau." "Oui."
40:54 Temps d'héroïsme perdu, Charette se redresse et lui dit,
40:59 "Monsieur, rien ne se perd jamais."
41:05 Cette réplique est entrée en moi,
41:11 comme une maxime de vie,
41:14 elle ne me quittera plus.
41:18 J'accompagne par la pensée le prisonnier,
41:22 il est traîné devant le tribunal révolutionnaire.
41:26 "Et pourquoi cette plume blanche que vous exhibez
41:30 et qui vous désignait si imprudemment à vos adversaires ?"
41:35 "Une vieille tradition de la royale,
41:38 un officier de marine n'abdique jamais l'honneur d'être une cible."
41:42 Alors c'est le poteau d'exécution.
41:45 Charette veut que la dernière image de sa mort
41:50 soit empreinte d'élégance jusqu'à la manière de s'affaisser.
41:56 Quand bien même il n'y aurait qu'un seul regard,
42:00 en cet instant, pour surprendre le geste,
42:04 cela suffirait.
42:06 Rien ne se perd jamais.
42:12 Après le crépitement du feu,
42:14 Charette retient son corps qui hésite.
42:19 Puis c'est le silence.
42:23 Tout est fini. La cause est perdue.
42:28 Et il monte en moi une protestation,
42:32 une petite mélopée qui dit non.
42:35 Dans l'histoire improbable,
42:40 des sursauts inattendus,
42:44 il n'y a jamais de parole perdue, il n'y a jamais de cause perdue.
42:47 Il suffit d'un regard, d'un panache,
42:50 d'un seul regard, d'un seul panache pour
42:54 embraser une petite mémoire enfantine.
42:57 Il suffit d'un sourire à la dérober
43:00 pour redessiner un monde.
43:03 Il suffit d'une larme sur une seule joue au pied du Golgotha
43:09 pour fonder une civilisation bimillénaire.
43:13 Messieurs, rien ne se perd jamais.
43:18 Rien ne se perd jamais. Merci Philippe Devilliers, merci à vous Geoffroy Lejeune.
43:22 Et puisque rien ne se perd, on se retrouve la semaine prochaine à la même heure.
43:25 Dans un instant, c'est l'heure des pros. Merci vraiment à tous les deux.
43:28 Merci à tous !
43:30 [SILENCE]

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