• il y a 10 mois
Avec Hervé Michenaud, ancien directeur exécutif du groupe EDF, auteur de "La France dans le noir - C'est maintenant !" publié aux éditions Les Belles Lettres ; Anne-Laure Bonnel, grand reporter pour Libre Média.

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##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-02-06##

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News
Transcription
00:00:00 [Musique]
00:00:02 Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:00:04 [Musique]
00:00:11 On pénalise les grosses voitures électriques, moi ça me choque pas du tout.
00:00:14 [Musique]
00:00:25 Nous sommes en guerre.
00:00:26 [Musique]
00:00:27 L'hymne du Salvador, oui oui nous sommes toujours en guerre, nous sommes toujours en guerre.
00:00:32 Et ça n'a pas changé depuis que notre président bien-aimé Emmanuel Macron l'a annoncé il y a trois ans.
00:00:37 Le 12 juillet 2021, je rappelle le 12 juillet 2021.
00:00:41 Nous sommes en guerre mais alors encore une fois toujours à tous les étages.
00:00:48 Alors on va en parler, on va en parler d'abord ce qui se passe aux Etats-Unis.
00:00:51 Alors aux Etats-Unis, très intéressant.
00:00:54 Les Etats-Unis, cette double face, ce Janus bifront des Etats-Unis, Dr. Jekyll and Mr. Hyde.
00:01:02 Avec le contre-pouvoir aux Etats-Unis, elle est très fort et on va en parler.
00:01:06 Et puis Biden, Biden qui a rencontré Mitterrand il y a deux ans, formidable.
00:01:10 Il a rencontré sa mère, Bort, il y a dix ans.
00:01:12 Il a rencontré Mitterrand il y a deux ans.
00:01:16 Ouais, divination oblige.
00:01:19 Nous allons aussi recevoir, qu'est-ce qui s'est passé avec l'électricité, avec l'histoire de la fée électricité.
00:01:25 Nous allons recevoir Hervé Machenaud, ancien directeur exécutif du groupe EDF,
00:01:29 qui a écrit "La France dans le noir", c'est maintenant mai.
00:01:32 Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:01:33 Comment est-on devenu de exportateur d'électricité à importateur ?
00:01:38 Les prix, les tarifs, Astrid, le nucléaire, on va prendre le temps d'en parler.
00:01:45 Et puis après, évidemment, tout ce qui se passe avec les voitures électriques, les SUV,
00:01:51 l'assaut définitif des écolos et des écolos punitifs contre le Alamo,
00:01:59 effectivement, que ce soit à la mairie de Paris ou que ce soit effectivement dans les médias,
00:02:05 les voitures électriques, c'est peu laissé galeuse d'où vient tout le mal.
00:02:09 Et puis le Salvador, oui, oui, le Salvador, vous allez écouter, c'est très instructif en tout cas.
00:02:14 Et enfin, nous allons recevoir en seconde partie un grand reporter,
00:02:19 plutôt une grande reporter, Anne Lorbonel.
00:02:22 Anne Lorbonel, ça fait des années et des années qu'elle sillonne l'Europe,
00:02:27 l'Europe de l'Est, le Donbass, le Moyen-Orient.
00:02:30 Elle est de ces journalistes qui vont sur le terrain et qui rendent compte du terrain.
00:02:35 Et comme vous savez, ici, dans l'émission, à Sud Radio, nous faisons parler effectivement tout le monde.
00:02:43 Et surtout, ceux qui ont la compétence et qui vont et qui payent de leur personne.
00:02:49 A tout de suite.
00:02:50 Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.
00:02:54 Depuis que j'écoute Sud Radio avec Elisabeth Léuni, Jean-Jacques Bourdin,
00:02:58 sans oublier Patrick Rocher et André Bercoff,
00:03:01 on est certains d'entendre parler vrai dans la matinale de Sud Radio.
00:03:05 Sud Radio, parlons vrai.
00:03:07 Ici Sud Radio, les Français parlent au français.
00:03:16 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:03:22 Sud Radio, Bercoff dans tous ses états.
00:03:25 L'Amérique, l'Amérique, les États-Unis d'Amérique.
00:03:30 Alors voilà, c'est ou pour la vie dépendée ou pour effectivement lui faire tous les éloges.
00:03:38 Mais on peut dire que l'Amérique, il y a deux choses qui sont incontestables.
00:03:42 D'abord, que quels que soient les griefs qu'on peut avoir à son égard,
00:03:46 il y a véritablement des contre-pouvoirs en Amérique.
00:03:49 Et on va en parler de ces contre-pouvoirs à propos de l'affaire Zuckerberg,
00:03:53 de l'affaire des réseaux sociaux, de l'affaire de Meta,
00:03:56 où on a vu ce qui s'est passé à la commission d'enquête du Sénat américain.
00:04:03 Et vraiment, quand on voit, quand on compare les commissions d'enquête du Sénat américain
00:04:08 ou de l'agence des représentants avec les nôtres ici,
00:04:11 il y a quand même quelques leçons à tirer.
00:04:15 Et puis on va parler de Joe Biden, bien sûr, l'autre Amérique aussi.
00:04:18 Joe Biden, qui a maintenant des visions, qui a des visions depuis quelque temps,
00:04:22 et qui va, vous le savez, se représenter.
00:04:26 Il se représente à la présidence des Etats-Unis pour 4 ans.
00:04:29 Ça se passe en novembre 2024, donc il va aller jusqu'à 2028.
00:04:33 Qu'est-ce qui se passe aux Etats-Unis ?
00:04:35 Vous allez avoir deux exemples chimiquement purs.
00:04:39 Sud Radio Berkhoff dans tous ses états.
00:04:42 Le fait du jour.
00:04:43 Chanson, merveilleuse chanson.
00:04:45 Mais il y a la face noire, la face glauque, la face immonde,
00:04:48 la face de la pédophilie et de la pédocriminalité.
00:04:52 On en a beaucoup parlé ici, vous savez, avec ce film admirable,
00:04:55 j'espère que vous l'avez vu, "The Sound of Freedom",
00:04:58 le son de la liberté, le bruit de la liberté,
00:05:01 qui a été vilipendé par certaines bonnes âmes,
00:05:04 alors qu'ils racontent, parce que ça se passe,
00:05:06 aussi important, peut-être plus important que le trafic d'armes,
00:05:09 et autre, le trafic d'enfants.
00:05:11 Et oui, ce n'est pas seulement en Amérique latine,
00:05:15 c'est aussi ici en Europe et ailleurs.
00:05:17 Et effectivement, il y a eu une réunion,
00:05:20 une réunion très très très importante, la semaine dernière.
00:05:23 Devant le scénario américain,
00:05:25 tous les patrons des réseaux sociaux étaient réunis.
00:05:28 Il y avait évidemment Meta, Meta c'est l'ancien Facebook,
00:05:31 Mark Zuckerberg, Instagram, Twitter, TikTok, Discord et Snap.
00:05:36 Mais évidemment, celui qui était sur le grill, c'est Mark Zuckerberg.
00:05:41 Mark Zuckerberg, effectivement, qui dirige depuis toujours,
00:05:44 qui a fondé Facebook, des milliards d'adhérents.
00:05:48 Et Instagram, et ce qu'on sait aujourd'hui,
00:05:51 et ce qui a été appris de façon sûre,
00:05:54 c'est que pour le moins, la surveillance des responsables d'Instagram
00:05:59 sur les réseaux pédophiles et les tentations de la pédocrine et de l'immunité
00:06:04 sont pour le moins vraiment légers.
00:06:07 Et pour dire que, effectivement, la raquette a beaucoup de trous,
00:06:11 et beaucoup de choses passent,
00:06:14 et que c'est évidemment totalement inadmissible.
00:06:17 Je suis totalement pour les réseaux sociaux,
00:06:19 mais à partir du moment où c'est la criminalité,
00:06:22 où c'est la pédophilie et autres qui passent,
00:06:25 ça s'appelle la loi, et la loi doit sévir.
00:06:28 Alors, il y a eu ceci, écoutez, c'est très rapide,
00:06:32 ça a duré des heures, mais on vous donne un exemple sonore
00:06:38 de ce qui s'est passé au Sénat américain la semaine dernière.
00:06:41 Voilà. Il lui disait, écoutez, vous n'avez pas surveillé,
00:06:57 et il y a ici des familles d'enfants victimes.
00:07:00 Est-ce que vous vous êtes excusé ?
00:07:02 Alors imaginez la scène, il y a des sénateurs qui sont là,
00:07:06 les responsables des réseaux sociaux,
00:07:08 et quels responsables ? Les GAFAM, les plus grands,
00:07:11 les milliardaires de chez milliardaires, les puissances.
00:07:14 Et puis ils répondent, et les sénateurs leur disent,
00:07:16 mais attendez, on a des preuves, on a des preuves,
00:07:19 par rapport à des incitations à la pédocriminalité,
00:07:22 les trafics, etc., que vous avez laissés passer.
00:07:26 Il dit, oui, mais on n'est pas responsable.
00:07:28 Vous n'êtes pas responsable, quand même, vous êtes responsable de vos...
00:07:31 Sur Instagram, il ne s'agit pas de Vili Pandé Instagram,
00:07:35 il ne s'agit pas de condamner Instagram.
00:07:36 Instagram, c'est un réseau que des millions utilisent à travers le monde,
00:07:40 et vous aussi, j'en suis sûr, en tout cas beaucoup d'entre vous.
00:07:43 Alors pour mettre des photos, pour mettre des rendez-vous, c'est magnifique.
00:07:46 Mais encore une fois, il y a le verre à moitié plein et le verre à moitié vide.
00:07:49 Il y a la lumière et il y a le côté sombre,
00:07:52 le côté à la face obscure, je dirais.
00:07:56 Et cette face obscure, elle n'a pas été vraiment, je dirais, arrêtée,
00:08:01 elle n'a pas été... Et vous avez eu, pendant la semaine dernière,
00:08:05 pendant des heures et des heures, vous aviez les Mark Zuckerberg,
00:08:09 les grands responsables, effectivement, de Snapchat, de tout cela, de méta, de TikTok,
00:08:16 et parce que TikTok aussi, il y a des choses qui passent,
00:08:20 eh bien ils étaient interrogés, et on prenait le temps de les interroger.
00:08:24 Et c'est là où je dis que les États-Unis, on peut leur reprocher beaucoup de choses,
00:08:28 mais cette espèce de devoir de rendre compte est tellement importante,
00:08:34 et on aimerait que chez nous aussi, ça se passe, ça se passe,
00:08:37 mais ça ne se passe pas du tout à la même niveau.
00:08:39 En général, c'est circuler, il n'y a rien à voir.
00:08:41 Et ce n'est pas quand même la formule à suivre.
00:08:44 Et je dirais que de ce point de vue-là, ce qui s'est passé, ce qui se passe aux États-Unis,
00:08:50 il y a eu, effectivement, ils ont montré,
00:08:53 alors il y avait Ted Cruz, le sénateur du Texas, et beaucoup d'autres,
00:08:57 qui ont montré vraiment des...
00:08:59 J'ai suivi ça, et on est à certains moments,
00:09:01 on a suivi ça sur les réseaux, justement,
00:09:03 et montré à quel point, si vous voulez, il y avait des gens.
00:09:08 Alors, il s'agissait de quoi ?
00:09:10 Ils pouvaient lancer des invitations,
00:09:12 qui pouvaient, je dirais, presque, entre guillemets,
00:09:15 c'est horrible, de faire leur marché,
00:09:17 et oui, ça passait.
00:09:19 Alors, effectivement, ils se sont excusés, ils ont dit "oui, c'est vrai,
00:09:22 nous n'avons pas fait assez attention,
00:09:24 nous allons mettre des filets de sécurité,
00:09:26 nous allons dépenser des milliards de dollars à mettre des filets de sécurité,
00:09:29 mais voilà."
00:09:30 Mais s'il n'y avait pas,
00:09:31 auditeurs de Sud Radio, résistants du train,
00:09:33 s'il n'y avait pas des gens qui leur mettaient le nez dans leur guano,
00:09:37 s'il n'y avait pas des gens qui leur disaient "attendez,
00:09:39 voilà ce qui se passe, on l'a vu,
00:09:41 voilà ce qui se passe sur vos réseaux,
00:09:43 sur vos réseaux Facebook,
00:09:45 ou sur vos réseaux Instagram,
00:09:47 ou sur vos réseaux TikTok, Wix, autres,
00:09:49 s'il n'y avait pas des gens qui leur rappelaient,
00:09:51 et bien écoutez, c'était aller business as usual,
00:09:54 on y allait, bon ben voilà,
00:09:56 évidemment il y a des dommages collatéraux,
00:09:58 mais ce ne sont pas des dommages collatéraux,
00:10:00 ce n'est pas vrai,
00:10:02 ce sont des dommages extrêmement graves.
00:10:05 Donc voilà,
00:10:07 je vous conseille d'aller voir,
00:10:10 je vous invite à aller voir ce qui se passe là-dessus,
00:10:13 bon c'est en anglais,
00:10:15 mais c'est vraiment passionnant,
00:10:17 parce qu'on ne peut pas laisser passer
00:10:19 des choses aussi lamentables et glauques
00:10:21 que le trafic d'enfants,
00:10:23 que la pédocriminalité,
00:10:25 et que la pédophilie, quand même,
00:10:27 qu'on ne nous dise pas que c'est une espèce de,
00:10:31 oui, d'inclination sexuelle comme une autre,
00:10:33 non, non, non, c'est pas une inclination sexuelle,
00:10:36 c'est le ressort de la criminalité,
00:10:39 c'est pire qu'un crime,
00:10:41 c'est une faute, et une faute majeure.
00:10:43 Et voilà, il y a ça en Amérique,
00:10:45 et puis il y a, et puis il y a,
00:10:47 la personne qui va se présenter là,
00:10:49 l'actuel président,
00:10:51 Joe Rominette Biden,
00:10:53 dont on a, comme vous le savez, beaucoup parlé déjà,
00:10:55 et il se représente, hein, en novembre 2024,
00:10:57 il se représente pour un second mandat,
00:10:59 c'est-à-dire jusqu'en novembre 2028.
00:11:02 Et voici la révélation qu'a fait Joe Biden,
00:11:05 hier, il discutait,
00:11:08 et écoutez, il a un souvenir tout à fait fascinant,
00:11:11 écoutez.
00:11:12 [Vidéo]
00:11:35 Alors là, c'est magnifique, c'est un morceau d'anthologie
00:11:37 qui restera évidemment dans les annales.
00:11:39 Vous savez que Joe Biden avait,
00:11:41 il y a longtemps, il avait demandé à une conférence de presse,
00:11:44 il cherchait sa mère, il pensait que sa mère
00:11:46 était dans la salle, elle était morte depuis dix ans,
00:11:48 mais là c'est beaucoup mieux, là c'est beaucoup mieux.
00:11:50 Il dit, voilà, quand j'étais réélu,
00:11:52 donc en 2020, hein, 2021, voilà,
00:11:54 donc il y a trois ans,
00:11:56 il dit, j'étais à un sommet du G7,
00:11:58 et j'ai parlé à Mitterrand,
00:12:00 Mitterrand, vous savez, le président de l'Allemagne,
00:12:02 non, non, pardon, le président de la France,
00:12:04 et je lui ai dit,
00:12:06 l'Amérique est de retour,
00:12:08 Amérique is back,
00:12:10 et voilà, et je lui ai parlé de ça,
00:12:12 il m'a répondu, ah bon, ah bon, Amérique is back.
00:12:14 Alors là,
00:12:16 je suis très heureux
00:12:18 que le président des Etats-Unis
00:12:20 dialogue avec les morts,
00:12:22 c'est vrai, il dialogue avec l'au-delà,
00:12:24 oui, il paraît que ça existe,
00:12:26 puisque je vous rappelle que Mitterrand est mort en janvier 1996,
00:12:30 et donc en 2021, il a parlé
00:12:32 au G7 avec le président Mitterrand,
00:12:34 en lui disant, l'Amérique est de retour.
00:12:36 Voilà,
00:12:38 et c'était formidable, c'est X-Files,
00:12:40 on est dans l'autre réel,
00:12:42 on est content,
00:12:44 Biden parle à Mitterrand,
00:12:46 il a dû parler à mon avis aussi,
00:12:48 à Lincoln, il a dû parler
00:12:50 à Kennedy et tout ça, c'est pour ça
00:12:52 qu'il veut se représenter, il est auréolé
00:12:54 de la voix de tous les présidents morts,
00:12:56 qui lui amènent et qui lui transmettent sa sagesse,
00:12:58 et ça c'est très intéressant,
00:13:00 vous voyez, nous sommes
00:13:02 dans un univers, voilà, les deux univers
00:13:04 de la plus grande puissance
00:13:06 du monde jusqu'ici,
00:13:08 l'Amérique des contre-pouvoirs,
00:13:10 l'Amérique qui innove, l'Amérique qui invente,
00:13:12 l'Amérique qui crée, et Dieu sait
00:13:14 si cette Amérique là est importante,
00:13:16 l'Amérique qui vraiment
00:13:18 apporte des choses, et
00:13:20 comment le nier, et puis cette Amérique
00:13:22 qui est là, qui a l'air
00:13:24 de voguer sur une espèce de
00:13:26 nuage comme ça, et un président
00:13:28 des États-Unis qui ne sait plus
00:13:30 où il est, c'est quand même,
00:13:32 alors, qui dirige ?
00:13:34 Qui aujourd'hui dirige,
00:13:36 alors qu'on connaît les pouvoirs du président
00:13:38 des États-Unis, presque aussi grands que les pouvoirs
00:13:40 de notre président à nous, français ?
00:13:42 Qui dirige ?
00:13:44 Et là franchement, on ne peut pas dire
00:13:46 que, on ne peut pas se poser des questions,
00:13:48 surtout, encore une fois, je le répète,
00:13:50 quand on sait que
00:13:52 Joe Biden se représente
00:13:54 en novembre
00:13:56 2024.
00:13:58 Voilà, donc, écoutez,
00:14:00 en tout cas, on vous tiendra au courant des entretiens
00:14:02 avec l'au-delà de Joe Biden
00:14:04 à chaque fois que ça se reproduise,
00:14:06 et à mon avis, ça va se reproduire
00:14:08 assez souvent.
00:14:10 Sud Radio Bercov, dans tous ses
00:14:12 États, appelez maintenant pour réagir
00:14:14 0 826 300 300.
00:14:16 Ici Sud Radio,
00:14:20 les français parlent au français,
00:14:24 les carottes sont cuites,
00:14:28 les carottes sont cuites.
00:14:30 Sud Radio Bercov, dans tous
00:14:32 ses États.
00:14:34 La France dans le noir,
00:14:36 c'est maintenant,
00:14:38 c'est un titre d'un livre,
00:14:40 d'un auteur que nous sommes
00:14:42 contents de recevoir,
00:14:44 Hervé Machenaud, ancien directeur
00:14:46 exécutif du groupe EDF, il y a passé
00:14:48 40 ans. Alors,
00:14:50 en tout cas, nous, on est dans le noir,
00:14:52 par rapport au tableau EDF, où nous entendons
00:14:54 depuis des mois, voire des années,
00:14:56 des informations contradictoires,
00:14:58 des chiffres contradictoires,
00:15:00 et chacun, selon qu'il est
00:15:02 au gouvernement ou pas, qu'il soit de
00:15:04 droite ou de gauche, ça ne change absolument
00:15:06 rien, dit ce qu'il a à dire.
00:15:08 Donc peut-être qu'il ne serait pas
00:15:10 mauvais que l'on demande à quelqu'un,
00:15:12 qui justement est un homme de l'art,
00:15:14 je veux dire, il a été sur le métier, il a 100
00:15:16 fois remis son ouvrage sur le métier,
00:15:18 de nous dire vraiment ce qui s'est passé,
00:15:20 ce qui se passe.
00:15:22 Sud Radio André Bercov,
00:15:24 "Ca balance pas mal"
00:15:26 Bercov, dans tous ses états, ça balance pas mal
00:15:28 sur Sud Radio. - "Tous les soirs,
00:15:30 du mali, il me fait moins l'électricité,
00:15:32 oui, quand c'est en amour,
00:15:34 ou quand c'est dans la passion, c'est très
00:15:36 bien, mais quand c'est
00:15:38 dans l'intermittence,
00:15:40 dans la concurrence,
00:15:42 et autre, c'est peut-être plus
00:15:44 problématique. Hervé Machenaud, bonjour.
00:15:46 - Bonjour. - Donc,
00:15:48 je le rappelle, vous avez été,
00:15:50 vous me le disiez hors antenne, avant qu'on commence l'émission,
00:15:52 vous avez été une vingtaine d'années en Chine,
00:15:54 vous occupez l'EDF, alors,
00:15:56 on se réveille, aujourd'hui, par rapport
00:15:58 à
00:16:00 vos années passées à EDF,
00:16:02 etc., on voudrait
00:16:04 comprendre EDF, pour nous,
00:16:06 l'image d'Epinal,
00:16:08 nous avions, avec le nucléaire, avec le reste,
00:16:10 nous avions une EDF très puissante, nous étions
00:16:12 exportateurs, etc.,
00:16:14 et aujourd'hui, nous sommes devenus importateurs.
00:16:16 Et puis on parle des prix,
00:16:18 les prix étaient les plus bas, et puis ils sont devenus
00:16:20 de...
00:16:22 Bruno Le Maire,
00:16:24 moins de 10% d'intricité, ça veut dire
00:16:26 9,5%, etc.
00:16:28 Qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qui se passe exactement ?
00:16:30 Je voudrais qu'on nous fassie un peu un tableau.
00:16:32 - C'est une très
00:16:34 longue et très belle histoire, en tout cas
00:16:36 la partie ancienne. - Oui.
00:16:38 - EDF a construit
00:16:40 un parc hydraulique, et récupérait
00:16:42 le parc hydraulique qui existait déjà,
00:16:44 a complété ce parc hydraulique, et a
00:16:46 construit un parc nucléaire,
00:16:48 ce qui fait que, je dirais,
00:16:50 entre 1900,
00:16:52 à partir de 1990,
00:16:54 EDF
00:16:56 a la possibilité,
00:16:58 la capacité de produire
00:17:00 à peu près 100% des besoins
00:17:02 en électricité de la France,
00:17:04 à un prix qui, du fait de l'amortissement
00:17:06 progressif des barrages
00:17:08 et du nucléaire, n'a fait
00:17:10 que baisser en francs constants.
00:17:12 - Ah oui, il y avait le barrage et le nucléaire,
00:17:14 les deux mamelles... - Alors, effectivement,
00:17:16 pour compléter ce qui est indispensable,
00:17:18 il y avait
00:17:20 des moyens dits "thermiques",
00:17:22 à flammes, charbon
00:17:24 et gaz, qui,
00:17:26 pour passer la pointe, très peu utilisés,
00:17:28 entre 5 et 10%,
00:17:30 et seulement pendant les
00:17:32 pointes. Ce qui s'est passé,
00:17:34 c'est deux choses. D'abord, l'ensemble
00:17:36 de l'Europe a fermé
00:17:38 une grande partie des moyens, et la France
00:17:40 presque tous ses moyens thermiques à charbon.
00:17:42 Ce qui fait que
00:17:44 on n'avait plus les moyens
00:17:46 de couvrir la pointe. - Mais c'était la pointe, ça.
00:17:48 - Ça, c'était pour la pointe. Mais le problème,
00:17:50 c'est que l'électricité ne se stockant pas,
00:17:52 il faut avoir
00:17:54 le jour de la pointe,
00:17:56 des moyens pilotables,
00:17:58 c'est-à-dire non-intermittents et non-aléatoires,
00:18:00 pour couvrir la pointe.
00:18:02 C'est ce qui fait le dimensionnement
00:18:04 des parcs de production. Donc, nucléaire,
00:18:06 85%, à l'époque,
00:18:08 hydraulique,
00:18:10 80%, hydraulique, 15%,
00:18:12 et 5% de thermique pour la pointe.
00:18:14 - C'est ça.
00:18:16 - Ce qui s'est passé, c'est que
00:18:18 pour se raccorder
00:18:20 à une certaine vision
00:18:22 de l'environnement
00:18:24 européen,
00:18:26 EDF a décidé de rentrer
00:18:28 ce qui n'était pas du tout prévu
00:18:30 par les...
00:18:32 - Les responsables ?
00:18:34 - Non, non, mais ce qui n'était pas du tout
00:18:36 prévu par les accords
00:18:38 européens,
00:18:40 de rentrer
00:18:42 dans un marché de l'électricité.
00:18:44 Qui fixait un certain nombre d'obligations
00:18:46 et en particulier le choix
00:18:48 pour tous les clients
00:18:50 de choisir son fournisseur.
00:18:52 - Je vous arrête là, M. Bachnou.
00:18:54 Qui a décidé de rentrer dans le marché
00:18:56 de la concurrence ? Enfin, qui ? Je ne prône pas un nom,
00:18:58 mais c'était quoi ?
00:19:00 - Je ne peux pas dire exactement la date,
00:19:02 mais c'était entre Mitterrand et Chirac.
00:19:04 C'est l'époque, c'est les années...
00:19:06 - C'est les années 86-88.
00:19:08 - 90.
00:19:10 - 90, oui, c'est ça. Mitterrand-Chirac.
00:19:12 Mais, c'est-à-dire que,
00:19:14 on s'est dit, mais... Non, mais je voudrais comprendre,
00:19:16 enfin, le technicien que vous êtes,
00:19:18 qu'est-ce qui fait, pourquoi on avait
00:19:20 besoin de concurrence ? - On n'avait pas besoin
00:19:22 de concurrence. L'Europe
00:19:24 nous imposait une certaine vision de la concurrence
00:19:26 et on n'a pas voulu déplaire à l'Europe.
00:19:28 On s'est dit, l'Allemagne, c'est le modèle,
00:19:30 c'est notre...
00:19:32 c'est notre...
00:19:34 le membre de notre couple,
00:19:36 le fameux couple franco-allemand.
00:19:38 Et donc, c'est eux qui sont
00:19:40 le modèle, ils construisent beaucoup de renouvelables.
00:19:42 - On va faire plaisir à mon conjoint.
00:19:44 - Exactement, à mon futur conjoint,
00:19:46 qui en fait, ne sera jamais mon conjoint.
00:19:48 Mais bon. Et donc,
00:19:50 on a décidé
00:19:52 de rentrer dans ce marché, et du coup,
00:19:54 on s'est aperçu que
00:19:56 les clients, ils étaient clients
00:19:58 d'EDF, puisqu'EDF a la capacité
00:20:00 de fournir l'ensemble des besoins
00:20:02 de la France. - Donc, elle avait le monopole
00:20:04 et on a divisé ce monopole. - Exactement.
00:20:06 Et donc, on n'a pas divisé le monopole.
00:20:08 On l'a effectivement découpé
00:20:10 entre transport, machin, etc.
00:20:12 Ce qui était effectivement une perte
00:20:14 de valeur considérable.
00:20:16 Mais le plus grave, c'est que
00:20:18 la France a décidé
00:20:20 de maintenir
00:20:22 ce qu'on appelle des tarifs régulés, au motif
00:20:24 soi-disant, de protéger
00:20:26 les consommateurs français qui devaient
00:20:28 bénéficier de l'électricité pas chère
00:20:30 produite par le nucléaire et l'hydraulique français.
00:20:32 Or, les tarifs
00:20:34 régulés, c'est contraire aux règles
00:20:36 de la concurrence de l'Europe.
00:20:38 Et donc, pour maintenir, pour avoir
00:20:40 l'autorisation de maintenir ces tarifs
00:20:42 régulés, la France a inventé
00:20:44 un truc qui s'appelle la loi Nome et la
00:20:46 Reine, pour créer
00:20:48 une soi-disant concurrence
00:20:50 à EDF. Concurrence
00:20:52 totalement artificielle et
00:20:54 ruineuse. Pourquoi ?
00:20:56 Parce qu'EDF est obligé de vendre
00:20:58 à un prix bradé, en dessous
00:21:00 de son coût de
00:21:02 production économique,
00:21:04 le quart et maintenant le tiers
00:21:06 de sa production, à des gens
00:21:08 qui étaient censés devenir
00:21:10 des concurrents,
00:21:12 mais qui en fait
00:21:14 n'ont jamais produit un mégawatt
00:21:16 et sont devenus
00:21:18 des concurrents sur la vente.
00:21:20 Alors qu'est-ce qu'ils font ? Ce sont des traders,
00:21:22 ils sont derrière un ordinateur, ils achètent
00:21:24 à un prix bradé l'électricité d'EDF
00:21:26 et le reste sur un marché
00:21:28 d'électricité
00:21:30 européen, qui a été
00:21:32 très bas jusqu'à
00:21:34 l'été 2021.
00:21:36 Et donc,
00:21:38 dans ces conditions-là, ils faisaient
00:21:40 des offres inférieures
00:21:42 auprès de revient d'EDF
00:21:44 et donc aux offres d'EDF. - Donc, c'est déjà
00:21:46 une perte sèche pour EDF.
00:21:48 - EDF a perdu un million de clients
00:21:50 par an pendant plusieurs années, grâce
00:21:52 au déploiement
00:21:54 de ces, ce que moi j'appelle
00:21:56 des parasites,
00:21:58 de ces fournisseurs alternatifs
00:22:00 qui ont pompé
00:22:02 le sang d'EDF pendant
00:22:04 toutes ces années. - Donc, M. Bachelot, si je comprends bien,
00:22:06 vous aviez des gens derrière l'ordinateur, des bons traders,
00:22:08 comme si c'était de la finance,
00:22:10 comme si on vous jouait sur les subprimes
00:22:12 et autres, et qui, eux,
00:22:14 se contentaient de dire "voilà, on achète ça
00:22:16 à temps et puis on le revend". - Exactement.
00:22:18 - Et eux faisaient du fric là-dessus. - Exactement, énormément.
00:22:20 - Énormément, oui. - Et donc, ce qui s'est passé,
00:22:22 c'est qu'en octobre
00:22:24 2021, les prix du gaz
00:22:26 montent. Et donc,
00:22:28 ces gens-là... - Avant la
00:22:30 guerre de l'Ukraine. - Avant la guerre de l'Ukraine.
00:22:32 Ces gens-là, septembre même,
00:22:34 septembre 2021, ces gens,
00:22:36 comme il n'y a plus beaucoup de moyens
00:22:38 de production,
00:22:40 de pointe thermique,
00:22:42 le prix du gaz flambe,
00:22:44 et donc les traders
00:22:46 en question, les fournisseurs alternatifs,
00:22:48 n'ont plus d'offres compétitives
00:22:50 vis-à-vis d'EDF. Et donc,
00:22:52 ils se disent "Ah mais,
00:22:54 au secours, il nous faut beaucoup plus
00:22:56 d'arène". Et donc, ils demandent
00:22:58 davantage d'arène.
00:23:00 - Donc, de concurrence,
00:23:02 c'est ça.
00:23:04 - Ils demandent davantage d'électricité
00:23:06 fournie par EDF à un prix bradé.
00:23:08 Mais il se trouve qu'il y a encore une perversion
00:23:10 supplémentaire, c'est que
00:23:12 la réglementation de la
00:23:14 CREC, Commission de Régulation de l'Électricité,
00:23:16 a
00:23:18 une règle suivant laquelle
00:23:20 le prix défini
00:23:22 pour les tarifs régulés,
00:23:24 sont le résultat d'un calcul
00:23:26 qui est 75%
00:23:28 du prix de l'arène
00:23:30 et 25%
00:23:32 du prix spot de marché.
00:23:34 Mais,
00:23:36 si la demande d'arène est inférieure
00:23:38 à 100 TWh,
00:23:40 mais si la demande d'arène dépasse
00:23:42 100 TWh, la part d'arène
00:23:44 dans le prix,
00:23:46 le calcul des TRV, diminue.
00:23:48 Et donc, en décembre
00:23:50 2021,
00:23:52 la demande d'arène
00:23:54 est de 160 TWh, parce que
00:23:56 effectivement, ils ont besoin
00:23:58 d'électricité à bon marché, pour pouvoir
00:24:00 continuer à faire concurrence à EDF.
00:24:02 Donc, on va pomper EDF.
00:24:04 Et donc,
00:24:06 la demande d'arène monte à
00:24:08 160 €. Donc, le calcul résultant
00:24:10 de la CREC, c'est que
00:24:12 les tarifs
00:24:14 régulés, c'est 40%
00:24:16 d'arène et 60%
00:24:18 du prix de marché
00:24:20 qui est monté à des niveaux astronomiques.
00:24:22 D'où, une augmentation théorique
00:24:24 résultante de ce calcul,
00:24:26 de 50% au 2 février
00:24:28 2022,
00:24:30 c'est-à-dire avant la guerre d'Ukraine.
00:24:32 - D'accord. Alors,
00:24:34 oui, non, juste, est-ce qu'on peut,
00:24:36 enfin, en prenant un prix comme ça,
00:24:38 est-ce qu'on peut, juste pour illustrer ce que vous venez de dire,
00:24:40 parce que c'est passionnant,
00:24:42 c'est une arnaque quand même hallucinante.
00:24:44 - Une arnaque complète, oui. - Total.
00:24:46 Mais par exemple,
00:24:48 pour bien comprendre,
00:24:50 Hervé Machinot,
00:24:52 par exemple, moi,
00:24:54 j'achète, enfin, moi, consommateur,
00:24:56 etc., l'électricité, par exemple,
00:24:58 mettons sur 100 €, comment ça se passe ?
00:25:00 Si je veux découper ce que vous
00:25:02 venez de me dire. C'est-à-dire,
00:25:04 au fond, l'arène,
00:25:06 aujourd'hui, l'EDF est tenue de
00:25:08 donner combien à ses concurrents ?
00:25:10 - C'était 100 TWh
00:25:12 jusqu'en décembre
00:25:14 2000...
00:25:16 - 2021. - Jusqu'en 2021,
00:25:18 sachant que l'EDF produisait à cette époque-là
00:25:20 à peu près 400 TWh,
00:25:22 et donc c'était le quart de sa production,
00:25:24 à un prix de 42 €, alors que
00:25:26 la Cour des comptes avait dit, à ce moment-là,
00:25:28 que le coût économique pour
00:25:30 l'EDF était entre 60 et 65 €
00:25:32 le MWh. - Donc, il...
00:25:34 oui, c'est-à-dire qu'il vendait
00:25:36 20 € de moins que son coût.
00:25:38 - Pas que le coût de production
00:25:40 pure. - Non, que le coût économique.
00:25:42 - Mais que le coût économique d'une
00:25:44 entreprise qui fonctionne. - Et alors, les autres
00:25:46 revendaient à combien ? - Les autres
00:25:48 vendaient, suivant le
00:25:50 prix de... Ils vendaient... - Oui, à peu près.
00:25:52 - Autour de 40 €
00:25:54 ou... ça dépendait
00:25:56 des périodes, puisque c'était des contrats.
00:25:58 Mais, comme le
00:26:00 prix de marché
00:26:02 du spot était inférieur,
00:26:04 était très bas, grâce
00:26:06 aux énergies renouvelables intermittentes,
00:26:08 et donc, ils se faisaient...
00:26:10 ils s'alimentaient à des prix
00:26:12 qui étaient en dessous
00:26:14 des prix de vente d'EDF.
00:26:16 - D'EDF. Mais alors, d'où venaient
00:26:18 les... On a parlé un moment donné des 300
00:26:20 ou 304 €, le MWh.
00:26:22 Enfin, il y a eu... Je veux dire, on parlait
00:26:24 de quelque chose qui se vendait à 42 €
00:26:26 et qui se vendait... et qui se...
00:26:28 s'achetait beaucoup plus cher.
00:26:30 - Oui, mais... parce que...
00:26:32 42 €, c'est le prix de l'arène.
00:26:34 - J'ai compris. - Mais, ils ne pouvaient pas
00:26:36 fournir tous leurs clients
00:26:38 avec, simplement, ce qu'ils avaient
00:26:40 sur l'arène. Et donc, le reste, ils l'achetaient
00:26:42 sur le marché. - D'accord. - Et quand le marché
00:26:44 était à 30 ou
00:26:46 35, ou...
00:26:48 ils faisaient des offres inférieures
00:26:50 à EDF. - D'accord.
00:26:52 - Quand le marché est monté à 300 ou 350,
00:26:54 ils se sont dit... tout d'un coup,
00:26:56 ils se sont trouvés en faillite, ils ont demandé plus d'arène.
00:26:58 Mais, qu'est-ce qui s'est passé ? Très intéressant.
00:27:00 C'est que la loi, la fameuse loi NOM
00:27:02 de 2010, prévoit
00:27:04 que ces fournisseurs alternatifs, il faut quand même
00:27:06 les protéger. Et que, par conséquent,
00:27:08 si ils ne sont plus
00:27:10 capables de fournir leurs clients,
00:27:12 les clients ont le droit de retourner chez EDF.
00:27:14 - Ah oui, d'accord. - Alors,
00:27:16 ce qui s'est passé, mais c'est ça, je pense
00:27:18 qu'il faut... ce qui s'est passé...
00:27:20 - Il faut expliquer bien, oui. - Ce qui s'est passé,
00:27:22 c'est que, à ce
00:27:24 moment-là, donc 2022-2023,
00:27:26 il y a un million
00:27:28 de clients qui sont revenus
00:27:30 chez EDF. - D'accord.
00:27:32 - Mais EDF continuait de vendre
00:27:34 de 120
00:27:36 TWh au prix
00:27:38 de l'arène. Et donc, il n'avait pas
00:27:40 l'électricité. Et il y avait des
00:27:42 contrats par ailleurs. Donc, il n'avait pas
00:27:44 l'électricité. - Il n'avait pas de quoi fournir
00:27:46 les un million de clients. - Les un million de clients.
00:27:48 Ce qui fait que EDF est obligé d'aller
00:27:50 acheter sur le marché
00:27:52 pour alimenter
00:27:54 les nouveaux clients qui lui reviennent.
00:27:56 - Et le marché était à combien à ce
00:27:58 moment-là ? - Ben, c'était très variable. Il est monté
00:28:00 effectivement. Il est monté jusqu'à 1000
00:28:02 en décembre.
00:28:04 Et puis, il est redescendu. Et puis, maintenant,
00:28:06 il est à 75. Et donc,
00:28:08 c'est très
00:28:10 variable. - Oui, c'est très variable.
00:28:12 Mais il y a eu un moment donné où ils vendaient 42
00:28:14 et puis ils achetaient 1000. - Ou en tout cas
00:28:16 300. - Oui.
00:28:18 - Alors que
00:28:20 EDF, encore une fois, produit
00:28:22 la quasi-totalité du besoin
00:28:24 français à un prix qui est fixe depuis
00:28:26 60 ans. - Attendez.
00:28:28 Si ça s'était passé, pardon,
00:28:30 dans une entreprise privée ou qu'elle appelle,
00:28:32 mais on les aurait fusillés sur place. - Bien sûr.
00:28:34 - Comment ?
00:28:36 Donc, il y a eu pendant
00:28:38 je ne sais pas combien d'années, des fournitures
00:28:40 alternatives qui ne servaient à rien
00:28:42 et qui simplement faisaient monter
00:28:44 les prix. - Ça continue, mais c'était
00:28:46 la concession faite à l'Europe.
00:28:48 Or, il suffirait que
00:28:50 la France dit... Alors, remarquez
00:28:52 que les tarifs réguliers ne protègent plus personne
00:28:54 puisqu'on est aujourd'hui à 4 fois...
00:28:56 On a doublé le prix par rapport à 2008.
00:28:58 Donc, on ne les a pas beaucoup protégés
00:29:00 les consommateurs français.
00:29:02 Et donc, il suffirait
00:29:04 de supprimer
00:29:06 les tarifs réguliers.
00:29:08 Si on supprime les tarifs réguliers,
00:29:10 la reine tombe
00:29:12 d'office. Et si la loi...
00:29:14 Si la reine tombe d'office, EDF
00:29:16 peut fournir à ses clients français
00:29:18 au prix de sa...
00:29:20 à son prix de production. - Alors,
00:29:22 très intéressant, Evraime Achenault. Est-ce qu'aujourd'hui
00:29:24 la France, où elle est obligée de passer
00:29:26 par l'Europe, peut supprimer les tarifs réguliers ?
00:29:28 - Il suffit qu'elle le décide. Or,
00:29:30 - L'État français peut le décider ? - L'État français
00:29:32 peut le décider. - Ouais. Et pourquoi il ne le fait pas ?
00:29:34 - Ah ben, il faut lui demander
00:29:36 à lui. - Ah ben, c'est...
00:29:38 C'est hallucinant, cette histoire. C'est-à-dire que
00:29:40 d'un côté, vous parlez de tarifs réguliers, où
00:29:42 donc, l'État français, la France
00:29:44 a les moyens, effectivement.
00:29:46 D'ailleurs, si nous avons des...
00:29:48 Si nous avons des auditeurs, là, je le dis,
00:29:50 0,826, 300, 300,
00:29:52 on serait ravis qu'ils interviennent, parce que je suis sûr
00:29:54 que ça les concerne.
00:29:56 Deux choses, quand même, dans ce que vous dites,
00:29:58 et c'est passionnant, enfin, passionnant et
00:30:00 attristant, aussi,
00:30:02 c'est que d'un côté, donc, on a créé
00:30:04 des alternatifs,
00:30:06 mais qui ne servent qu'à traîner, quoi,
00:30:08 qui n'ont produit rien du tout, puisque
00:30:10 EDF avait produit tout.
00:30:12 - J'ajoute même qu'au moment où cette
00:30:14 proposition de loi
00:30:16 a été présentée,
00:30:18 la direction de la concurrence en France
00:30:20 et la direction de la concurrence en Europe,
00:30:22 on dit "mais, attendez,
00:30:24 ça n'a de sens que si c'est pour créer
00:30:26 une concurrence à la production". - Oui.
00:30:28 - Et on a dit "ben, oui, ils vont
00:30:30 devenir producteurs". Mais c'était
00:30:32 il y a 20 ans, c'était il y a 10 ans, ils ne sont toujours
00:30:34 pas producteurs. Et ils n'ont toujours pas... Et ils n'ont
00:30:36 vraiment pas l'intention de le devenir. Mais d'ailleurs, comment
00:30:38 deviendraient-ils producteurs pour faire concurrence
00:30:40 à EDF, dont les coûts de production
00:30:42 sont parmi les plus faibles d'Europe ?
00:30:44 - Oui, en plus, entre
00:30:46 l'hydraulique et le nucléaire, c'est ce que vous dites.
00:30:48 Donc, aujourd'hui, on a une situation...
00:30:50 Je ne sais pas, moi,
00:30:52 c'est presque, j'allais dire, à la Madoff,
00:30:54 quoi. C'est complètement... Enfin,
00:30:56 je vous écoute et je vous dis
00:30:58 "mais le bon sens, c'est quoi ?"
00:31:00 C'est complètement
00:31:02 ahurissant de... C'est même
00:31:04 pas une arnaque, je ne sais pas, c'est une construction,
00:31:06 c'est un kit, c'est un mécano.
00:31:08 - C'est une construction qui conduit
00:31:10 à l'enrichissement sans cause
00:31:12 de plein de gens,
00:31:14 fort enrichissement de plein de gens, et qui,
00:31:16 de mon point de vue, est lié à une
00:31:18 incompréhension de ce que
00:31:20 devrait être la construction de l'Europe.
00:31:22 On s'est dit, au motif
00:31:24 de participer à une
00:31:26 certaine idée de la construction de l'Europe
00:31:28 qu'on se fait, on a sacrifié, et on
00:31:30 continue de sacrifier
00:31:32 la souveraineté
00:31:34 dans le domaine énergétique
00:31:36 de la France. - Bien sûr, oui, qu'on la...
00:31:38 Enfin, on la brade ! - On la brade.
00:31:40 - Soyons clairs.
00:31:42 Et de ce point de vue, vous diriez que
00:31:44 il faudrait commencer par justement
00:31:46 enlever les tarifs réguliers.
00:31:48 - Il suffirait, parce que du point de vue
00:31:50 juridique, on s'est
00:31:52 engagé vis-à-vis
00:31:54 de l'Europe à
00:31:56 mettre en place l'AREN
00:31:58 pour compenser la demande
00:32:00 dérogatoire d'avoir des tarifs réguliers.
00:32:02 Donc si on supprime les tarifs
00:32:04 réguliers, la demande dérogatoire tombe
00:32:06 et l'AREN tombe. - Oui, l'AREN tombe.
00:32:08 Écoutez, transmettons
00:32:10 aux presses qui nous gouvernent, parce qu'il y en a
00:32:12 certains qui nous écoutent, c'est
00:32:14 quand même assez hallucinant, cela.
00:32:16 On ne comprend pas,
00:32:18 d'ailleurs, on va continuer à en parler
00:32:20 avec vous, là, quelques
00:32:22 minutes après cette petite pause.
00:32:24 Hervé Machenaud, c'est très
00:32:26 intéressant quand on quitte le
00:32:28 domaine du réel pour passer dans le fantasme.
00:32:30 Et quel fantasme ! - Et puis vous aurez
00:32:32 la parole 0826 300 300
00:32:34 pour réagir, pour poser toutes vos questions.
00:32:36 On vous attend au standard, ne bougez pas.
00:32:38 On revient dans un instant.
00:32:40 Sud Radio
00:32:42 Bercov, dans tous ses états, midi 14h.
00:32:44 André Bercov.
00:32:46 Ici Sud Radio.
00:32:48 Les Français
00:32:50 parlent au français.
00:32:52 Je n'aime pas
00:32:54 la blanquette de veau.
00:32:56 Je n'aime pas
00:32:58 la blanquette de veau.
00:33:00 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:33:02 Et nous sommes toujours et plus que jamais avec
00:33:04 Hervé Machenaud, ancien directeur exécutif
00:33:06 du groupe EDF, pendant 40 ans, en tout cas.
00:33:08 Il était dans la boîte
00:33:10 et on parle de cette, je ne sais pas
00:33:12 si il faut dire, grande arnaque, grande braderie,
00:33:14 tout va disparaître, de ce qui s'est passé
00:33:16 et qui quand même sera un jour
00:33:18 dans les manuels d'histoire, au même titre
00:33:20 que Bernard Madoff. Mais je crois que nous avons des
00:33:22 élites. - Ça fait réagir André, puisque Pierre nous appelle
00:33:24 au 0826 300 300.
00:33:26 Pierre qui nous appelle depuis Paris. Bonjour Pierre.
00:33:28 - Oui, bonjour Pierre. - Alors
00:33:30 je l'ai ménagé de Paris, maintenant je suis
00:33:32 à Tence, en Haute-Loire. - Mais très bien.
00:33:34 - C'est pas grave. Donc j'ai été banquier pendant longtemps
00:33:36 d'EDF, donc je connais un peu les
00:33:38 comptes. Et moi j'aimerais qu'on parle
00:33:40 pas d'arnaque, mais d'escroquerie.
00:33:42 C'est une escroquerie, dont
00:33:44 EDF et les Français sont victimes,
00:33:46 comme pourrait le dire votre intervenant.
00:33:48 Mais il y a des... s'il y a des
00:33:50 perdants, il y a des gagnants dans l'histoire.
00:33:52 Et les gagnants, c'est
00:33:54 DirectEnergie, c'est les fournisseurs alternatifs
00:33:56 qui sont allés en bourse,
00:33:58 dont les actionnaires se sont très bien
00:34:00 gavés, et les banques d'affaires.
00:34:02 Mais le tout, le tout, le tout,
00:34:04 sous l'arrangement,
00:34:06 le back-office
00:34:08 et la tenue d'écriture
00:34:10 des
00:34:12 énarques et des administrations.
00:34:14 Parce que tout s'est fait au grand jour,
00:34:16 comme le dit votre intervenant.
00:34:18 C'est-à-dire que c'était pas caché du tout.
00:34:20 Bien que je sois libéral, bien que je sois un libéral,
00:34:22 je suis un libéral, mais je veux dire,
00:34:24 il y a des perdants et il y a des gagnants. Donc il faudrait parler
00:34:26 aussi des gagnants dans votre...
00:34:28 - Oui, il faut gagner des...
00:34:30 des... des... des gagnants,
00:34:32 mais les gagnants, c'est pas les peuples,
00:34:34 c'est pas le consommateur.
00:34:36 - Il y a des gagnants, il n'y a pas que des perdants. Là, on évoque
00:34:38 les pertes de l'EDF, on évoque les pertes des Français,
00:34:40 les consommateurs, mais on n'évoque pas les gagnants.
00:34:42 Et donc, c'est une escroquerie. Enfin, moi, je considère
00:34:44 que c'est une escroquerie. - D'accord.
00:34:46 - Voilà. C'est mon intervention. - Ok, Pierre, vous... D'accord.
00:34:48 Rien à ajouter, je pense, Hervé Machelot.
00:34:50 Je crois que vous êtes d'accord. - D'accord sur la terminologie.
00:34:52 - Oui, absolument. - Merci,
00:34:54 Pierre. On accueille Dust, qui nous appelle depuis Héran.
00:34:56 Bonjour, Dust. - Bonjour, Dust.
00:34:58 - Bonjour. Bonjour, André.
00:35:00 Bonjour à toute l'équipe et à votre invité.
00:35:02 Tout ce qu'il dit,
00:35:04 ce qui est bien, c'est que ça me rapprécie bien
00:35:06 la mémoire, parce qu'en fait,
00:35:08 quelque part, on est au courant de tout ça.
00:35:10 Mais ça prend bien forme.
00:35:12 Et alors, moi, je voudrais parler un peu du côté consommation,
00:35:14 parce que si cette escroquerie
00:35:16 a été possible,
00:35:18 c'est que nous, consommateurs, on est ultra
00:35:20 addicts aux prix bas.
00:35:22 Et en fait, qu'est-ce qui a changé aussi
00:35:24 entre les années 70
00:35:26 et nos jours ? C'est qu'on a
00:35:28 perdu notre capacité à défendre
00:35:30 nos salaires. On se retrouve...
00:35:32 Notre seul
00:35:34 moyen de levier, maintenant, c'est d'aller
00:35:36 au moins cher. Et ça,
00:35:38 ça permet, effectivement,
00:35:40 au libéralisme de faire
00:35:42 sondeur. - Oui, on l'a vu
00:35:44 sur les agriculteurs, mais là, il ne s'agit pas d'aller au moins
00:35:46 cher. Là, c'est vraiment quelque chose
00:35:48 de très, très, très organisé,
00:35:50 Hervé Machnaud. - Oui,
00:35:52 en fait, l'électricité,
00:35:54 c'est un peu le sang de l'économie
00:35:56 et de la vie quotidienne. Et donc,
00:35:58 on avait réussi...
00:36:00 - L'économie, c'est l'énergie transformée, il faut le rappeler.
00:36:02 - Bien sûr. Et donc, on avait
00:36:04 réussi à construire
00:36:06 un parc de production qui permettait d'avoir
00:36:08 un coût pratiquement décroissant
00:36:10 dans le temps, et tout d'un coup,
00:36:12 il est multiplié, ce coût est
00:36:14 multiplié, le prix est multiplié par deux.
00:36:16 Et donc, c'est pas...
00:36:18 Les consommateurs, ils n'en demandent pas tant.
00:36:20 - Oui. C'est vraiment...
00:36:22 C'est vraiment une...
00:36:24 Encore une fois, arnaque ou escroquerie,
00:36:26 pour moi, c'est la même chose.
00:36:28 - Direction la Méditerranée, André, puisque
00:36:30 c'est Laurent qui nous appelle depuis Montpellier. Bonjour Laurent.
00:36:32 - Bonjour Laurent. - Oui. Bonjour André,
00:36:34 bonjour à tous les auditeurs, bonjour à tous.
00:36:36 Voilà, donc je voulais
00:36:38 intervenir pour savoir si
00:36:40 la loi NOM, donc la nouvelle
00:36:42 organisation du marché de l'électricité,
00:36:44 sera reconduite après 2025
00:36:46 puisqu'elle doit s'arrêter normalement en 2025.
00:36:48 Et donc, l'AREN,
00:36:50 l'accès régulier à l'électricité nucléaire historique,
00:36:52 est-ce qu'on va en manger encore
00:36:54 de cette escroquerie en bande organisée
00:36:56 qui, ma foi, vient
00:36:58 surtout des Allemands, qui avaient une électricité
00:37:00 assez chère, deux fois
00:37:02 le prix de la nôtre, et
00:37:04 à cause de leur renouvelable,
00:37:06 pour l'anecdote, ont deux systèmes électriques
00:37:08 en parallèle, dont un leur suffirait,
00:37:10 et donc, est-ce qu'on va
00:37:12 devoir s'aligner sur ce
00:37:14 marché à nouveau, et encore et encore ?
00:37:16 Voilà, j'aurais aimé
00:37:18 savoir ce que votre...
00:37:20 - Très bien, Hervé Machnaud, est-ce que la loi NOM...
00:37:22 - Donc, en principe,
00:37:24 l'AREN se termine en décembre
00:37:26 2025. Moi,
00:37:28 je pose la question, pourquoi est-ce qu'on
00:37:30 l'arrête pas aujourd'hui ? Et d'ailleurs, je la pose depuis
00:37:32 maintenant 8 ans, lorsque j'ai écrit
00:37:34 mon premier... la première
00:37:36 version de mon livre "La France est une loi".
00:37:38 Bon, et donc,
00:37:40 je comprends pas, mais en tout cas, en principe...
00:37:42 - Oui, parce qu'on pourrait, encore une fois, je répète,
00:37:44 parce que c'est important, attention tout le monde,
00:37:46 on pourrait l'arrêter aujourd'hui. La France, dont
00:37:48 on dit qu'elle peut plus rien faire, sans demander
00:37:50 l'avis de Madame Oursoul à Vonderleyen,
00:37:52 peut, aujourd'hui, arrêter cela.
00:37:54 - Absolument. - Alors, on parle.
00:37:56 - Oui. - Et... - Et ceci, il y a deux
00:37:58 analyses juridiques qui ont été
00:38:00 faites par des avocats, près de la
00:38:02 commission de Bruxelles, qui ont confirmé
00:38:04 qu'il suffit d'arrêter
00:38:06 l'ETRV, et ça, c'est une décision
00:38:08 qui est propre à la France, pour que l'AREN tombe
00:38:10 de fait. Et donc,
00:38:12 pourquoi on le fait pas ? C'est une question.
00:38:14 En tout cas, pourquoi on le fait ?
00:38:16 À qui profite le fait qu'on le fait pas ? C'est sûr
00:38:18 que ça profite aux fournisseurs alternatifs. - Oui, les
00:38:20 gagnants, les gagnants. - Voilà. - C'est ce qu'on parlait.
00:38:22 - En principe,
00:38:24 j'ajoute d'ailleurs que dans les gagnants,
00:38:26 parce qu'il faut les citer tous,
00:38:28 il y a, évidemment,
00:38:30 les gens qui produisent du gaz.
00:38:32 Parce que, derrière
00:38:34 les énergies renouvelables, comme dirait
00:38:36 M. Pouyanné lui-même,
00:38:38 derrière chaque éolienne, il y a du gaz.
00:38:40 - Oui, c'est vrai. - Mais donc...
00:38:42 - Surtout que les énergies renouvelables, chacun sait, ce sont les intermittents
00:38:44 du spectacle. - Oui,
00:38:46 surtout quand on en a besoin. Mais donc,
00:38:48 effectivement, ça va s'arrêter
00:38:50 en 2025. Et il y a un début d'accord
00:38:52 qui va permettre à EDF de vendre
00:38:54 son électricité, c'est un des contrats à long terme,
00:38:56 à des prix fixés par lui.
00:38:58 Mais, on garde
00:39:00 l'idée que
00:39:02 EDF va devoir vendre,
00:39:04 et c'est ce qui est en discussion
00:39:06 aujourd'hui, les choses sont pas encore assez précises,
00:39:08 à ces fameux fournisseurs
00:39:10 alternatifs, parce qu'il faut,
00:39:12 pour que la concurrence continue d'exister,
00:39:14 qu'eux puissent continuer d'exister.
00:39:16 - Oui, c'est ça, la concurrence doit exister.
00:39:18 "The show must go on", comme disent les américains.
00:39:20 Je crois que nous avons un auditeur.
00:39:22 - Oui, on a un auditeur, on parle d'électricité,
00:39:24 et il y a Claude qui nous appelle depuis Carmont, région
00:39:26 où il y a eu beaucoup de charbon, à Carmont-d'Antarne.
00:39:28 Bonjour Claude. - Bonjour Claude.
00:39:30 - Bonjour, oui, bonjour.
00:39:32 Voilà, juste, je veux, pour, disons,
00:39:34 aller à le sas d'Antoine Tervenin.
00:39:36 Il faut se rappeler du traité de Maastricht
00:39:38 dans lequel tout était écrit.
00:39:40 Et notamment dans la création de grands
00:39:42 réseaux transeuropéens, au niveau
00:39:44 de l'énergie, des télécommunications
00:39:46 et de la banque. Voilà.
00:39:48 Quand les gens ont voté oui
00:39:50 à Maastricht, ils ont voté pour tout ce qui nous arrive
00:39:52 aujourd'hui. Voilà.
00:39:54 - Vous êtes d'accord, Hervé Majnaud ?
00:39:56 - Assez d'accord, sauf que
00:39:58 les traités laissent, les traités
00:40:00 européens laissent
00:40:02 au pays leur
00:40:04 souveraineté en matière
00:40:06 de mix énergétique.
00:40:08 - Mix énergétique, oui. - Donc on peut
00:40:10 choisir de construire ce qu'on veut
00:40:12 pour produire l'électricité
00:40:14 qu'on veut. - Et en fait,
00:40:16 et la France a choisi peut-être
00:40:18 quand même de ce point de vue là,
00:40:20 on a choisi quoi ? On s'est tiré
00:40:22 une balle dans les pieds ?
00:40:24 - On a, je dirais, laissé
00:40:26 péricliter
00:40:28 le nucléaire
00:40:30 progressivement, en fermant
00:40:32 - Fessenheim ? - En fermant
00:40:34 Crémalville d'abord,
00:40:36 et puis
00:40:38 Fessenheim récemment
00:40:40 et en disant... - Et Astrid,
00:40:42 on ne fait pas Astrid. - Et on ne fait pas Astrid,
00:40:44 et l'idéal c'est évidemment de faire
00:40:46 comme les Allemands, et donc on va fermer
00:40:48 14 réacteurs
00:40:50 nucléaires en France. Donc je veux dire,
00:40:52 on est parti dans un délire
00:40:54 qui aujourd'hui,
00:40:56 heureusement, semble devoir être
00:40:58 corrigé. - On essaie de se rattraper aujourd'hui,
00:41:00 mais peut-être qu'on a pris un peu de retard.
00:41:02 - Je pense qu'on a compris quand même. Je pense qu'il y a
00:41:04 un vrai changement
00:41:06 de vision et de mentalité
00:41:08 en tout cas dans la population
00:41:10 et donc
00:41:12 dans les politiques.
00:41:14 Il y a 5 ans, je ne rencontrais que des gens
00:41:16 qui étaient contre le nucléaire et pour les éoliennes,
00:41:18 et maintenant, je ne rencontre
00:41:20 que des gens qui sont pour le nucléaire, et encore
00:41:22 quelques-uns... - Vous voyez que la grâce existe.
00:41:24 La conversion existe. - Oui, mais enfin,
00:41:26 elle existe quand le prix de l'électricité est multiplié par 2.
00:41:28 - C'est ça, oui. On aurait pu s'en douter
00:41:30 plus tôt. Merci Hervé Vachenau.
00:41:32 - Merci à vous. - Merci d'avoir été
00:41:34 avec nous. On marque une courte pause sur Sud Radio.
00:41:36 On se retrouve après les infos de 13h
00:41:38 pour les pairs Léhu et Les Bravos d'André Bercoff
00:41:40 et bien sûr, le face-à-face. A tout de suite
00:41:42 sur Sud Radio.
00:41:44 ...
00:41:58 ...
00:42:00 Ici Sud Radio.
00:42:02 ...
00:42:04 Les Français parlent au français.
00:42:06 ...
00:42:08 Les carottes sont cuites.
00:42:10 ...
00:42:12 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:42:14 ...
00:42:16 - État parce que je vois avec
00:42:18 plaisir que tous travaillent
00:42:20 à notre...
00:42:22 à la pureté de la planète.
00:42:24 Travaillent à notre bien-être.
00:42:26 Travaillent à ce qu'on soit débarrassé
00:42:28 de tout l'immense. D'abord, les agriculteurs
00:42:30 il faut qu'on se débarasse,
00:42:32 les agriculteurs... Non, non, on aura bientôt les insectes,
00:42:34 la viande en 3 dimensions,
00:42:36 imprimé, etc. au nom
00:42:38 de la pureté, au nom de la sauvegarde de la planète.
00:42:40 Et regardez ce qui s'est passé.
00:42:42 C'était magnifique. Les suves,
00:42:44 les suves, il n'en faut plus.
00:42:46 Intéressant, il y a eu un grand référendum
00:42:48 dans Paris, fait
00:42:50 par Anne Hidalgo, vous savez, cette
00:42:52 mairesse que le monde
00:42:54 entier nous envie.
00:42:56 Et c'était très intéressant parce que
00:42:58 5% des Parisiens
00:43:00 sont allés voter. Et évidemment c'est
00:43:02 très démocratique, donc les Parisiens
00:43:04 dans leur totalité
00:43:06 ont dit "on ne veut plus des suves,
00:43:08 c'est pelé, c'est égaleux, d'où nous vient
00:43:10 tout le mal, et puis le reste, vous vous débrouillez."
00:43:12 Voilà, donc
00:43:14 c'est très intéressant en fait, qu'est-ce que vous voulez
00:43:16 quand on a 10 milliards de dettes ?
00:43:18 Il faut que les suves payent, je veux dire,
00:43:20 on ne va pas s'en tirer comme ça.
00:43:22 Et c'est intéressant parce que
00:43:24 voilà, et elle n'est
00:43:26 pas le seul, Anne Hidalgo.
00:43:28 Nous avons eu Jean-Marc Jancovici,
00:43:30 vous savez Jean-Marc Jancovici,
00:43:32 le théoricien,
00:43:34 le Trotski, le Karl Marx
00:43:36 de la décroissance, qui dit
00:43:38 "ça suffit comme ça, on n'en peut plus."
00:43:40 Il était sur RTL hier,
00:43:42 et écoutez ce qu'il disait,
00:43:44 c'est très intéressant, parce que
00:43:46 ça dit bien, effectivement,
00:43:48 la place que chacun accorde à chacun
00:43:50 dans son schéma
00:43:52 idéologique. Écoutez.
00:43:54 "Sud Radio Bercov dans tous ses états"
00:43:56 "Allô Visco, pas de plan à Visco,
00:43:58 vous savez quand il a eu des problèmes avec le fisc,
00:44:00 au nom du PES, du FISC et du SAD,
00:44:02 non c'est Florent Pagny, je me suis...
00:44:04 ils font toujours Pagny au Visco, je ne sais pas pourquoi.
00:44:06 Et au Bispo,
00:44:08 et c'est très intéressant
00:44:10 parce que, vous savez,
00:44:12 on disait "vous n'aurez plus que la peau sur les os"
00:44:14 et effectivement, quelle manière on peut pratiquer
00:44:16 l'écologie punitive, la pollution, etc.
00:44:18 La lutte contre la pollution,
00:44:20 on taxe, ça c'est
00:44:22 la mantra,
00:44:24 la doxa, le credo, on taxe.
00:44:26 Et on taxe qui ? Evidemment, vous et moi,
00:44:28 qui voulait qu'on taxe d'autres.
00:44:30 Alors, voilà,
00:44:32 et il s'est passé, donc, je vous disais,
00:44:34 les SUV, vous avez suivi ça,
00:44:36 référendum de masse, tous les parisiens
00:44:38 se sont ligués,
00:44:40 5%, c'est-à-dire qu'en fait,
00:44:42 il y a 3,5% qui ont
00:44:44 voté pour
00:44:46 la fin des SUV, pourquoi pas.
00:44:48 Voilà,
00:44:50 et Jean-Marc Jancovici, on parlait de ça
00:44:52 sur RTL, alors voilà ce qu'il a dit,
00:44:54 Jean-Marc Jancovici, encore une fois, le théoricien
00:44:56 de la décroissance, l'un des théoriciens de la décroissance.
00:44:58 Écoutez.
00:45:00 Les grosses voitures électriques, moi, ça ne me choque pas du tout.
00:45:02 Il faut voir que, par exemple,
00:45:04 on parlait de notre ami Tesla juste avant,
00:45:06 la Tesla Model S, c'est une voiture
00:45:08 qui possède une batterie de 100 kWh,
00:45:10 avec une batterie de 100 kWh, vous faites 3
00:45:12 petites voitures pour gilets jaunes.
00:45:14 Donc, il faut, si on propose,
00:45:16 enfin, comment dire, si on favorise les grosses voitures électriques,
00:45:18 qui sont celles, en général, que les constructeurs
00:45:20 aiment pousser, parce que c'est là-dessus qu'ils font leur marge,
00:45:22 ce n'est pas juste une raison économique.
00:45:24 Eh bien, du coup,
00:45:26 avec la même quantité de batteries qu'on produit,
00:45:28 on peut faire moins de voitures.
00:45:30 Mais, sauf que ces SUV, c'est l'ancien monospace,
00:45:32 en fait, ce sont des voitures familiales pour beaucoup.
00:45:34 Je pense à des Franciliens qui habitent
00:45:36 hors de Paris, qui ont des enfants.
00:45:38 A chaque fois que j'explique de pénaliser les grosses
00:45:40 voitures, on me jette à la figure les familles
00:45:42 avec 25 enfants et une mère qui t'a paie.
00:45:44 Mais même, vous en avez deux, Jean-Marc.
00:45:46 Deux enfants en bas âge dans le métro, aujourd'hui,
00:45:48 à Paris, ce n'est pas facile. Vous l'avez déjà fait ?
00:45:50 Écoutez, le changement sans changement, ça va être compliqué.
00:45:52 Donc, il faut assumer, en fait.
00:45:54 Oui, il y a un métro, vous mettez les enfants dans le métro,
00:45:56 dans le ramassage scolaire, ou vous les emmenez à pied,
00:45:58 enfin, je n'en sais rien. Mais de toute façon,
00:46:00 si on n'arrive pas à déplacer des enfants dans une ville
00:46:02 dans laquelle il y a des bus, des vélos et des métros,
00:46:04 je ne vois pas comment on va faire ailleurs.
00:46:06 Et de toute façon, il va falloir faire ailleurs.
00:46:08 Alors, c'est très intéressant.
00:46:10 Oui, c'est très intéressant. D'abord, je vais te dire,
00:46:12 c'est passionnant de voir
00:46:14 comment on parle des gens.
00:46:16 D'abord, oui, mais les grandes voitures électriques,
00:46:18 c'est trois voitures pour gilets jaunes.
00:46:20 Les gilets jaunes, là, c'est plus qu'ils n'ont
00:46:22 qu'à prendre des petites voitures, ça va, quoi.
00:46:24 Ils n'ont pas besoin de... Et puis,
00:46:26 la journaliste lui dit, oui, mais vous savez, il n'y a pas que ça.
00:46:28 Il y a les familles,
00:46:30 il y a les enfants, ils ont besoin de voitures un peu plus grosses.
00:46:32 Ah, vous n'allez pas commencer à nous emmerder
00:46:34 avec les enfants. Ben, les enfants, on les met sur les bicyclettes.
00:46:36 Et puis, quoi, on va prendre des poubelles.
00:46:38 On va faire le tri sélectif
00:46:40 et on va mettre les enfants de 5 ans dans telle poubelle,
00:46:42 les enfants de 3 ans dans telle poubelle
00:46:44 et les enfants... Oui, le tri sélectif.
00:46:46 Écoutez, et puis, pas de changement sans changement,
00:46:48 quoi. Ça suffit, je veux dire.
00:46:50 Soyons clairs, alors. Alors, on ne peut plus rien faire.
00:46:52 Si avec les bus et les métros,
00:46:54 vous n'en fournez pas vos enfants, oui, mais,
00:46:56 attendez, quand je veux faire mes achats et faire
00:46:58 un truc au sub... Mais, c'est pas des
00:47:00 problèmes, ça, mais non. Les batteries,
00:47:02 c'est ça le problème, c'est les batteries. Mais oui,
00:47:04 mais bien sûr, c'est magnifique.
00:47:06 C'est-à-dire, au fond,
00:47:08 ces gens ont l'idéologie
00:47:10 où, effectivement,
00:47:12 les êtres humains,
00:47:14 bon, ça passe à côté. Oui, non, non, mais c'est...
00:47:16 C'est pas... On va se débrouiller,
00:47:18 il n'y a pas de problème. Voilà.
00:47:20 Ça s'appelle, je ne sais pas, le recyclage,
00:47:22 l'écocritique,
00:47:24 le grétasombergisme
00:47:26 à visage humain, ou inhumain.
00:47:28 Intéressant, en tout cas,
00:47:30 hein ? En tout cas, c'est très bien.
00:47:32 Au fond,
00:47:34 si, vous savez, alors, nous, on habite
00:47:36 Paris, certains, ça va très bien,
00:47:38 mais pour les bouseux, les ploucs,
00:47:40 les provinciaux qui n'habitent pas Paris,
00:47:42 eh ben, vous vous débrouillez,
00:47:44 vous ne venez plus à Paris. Vous viendrez
00:47:46 une fois par an, et le même
00:47:48 Jean-Marc Jancovici, rappelez-vous, il disait
00:47:50 "Vous aurez droit à 4 vols
00:47:52 toute votre vie. Fini les voyages."
00:47:54 4 vols pour toute votre vie. Eh oui !
00:47:56 C'est bon pour vous, ça,
00:47:58 les gars. Voilà, c'est bon pour vous.
00:48:00 Ça s'appelle, effectivement, l'humanisme.
00:48:02 N'est-ce pas ?
00:48:04 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:48:06 le face-à-face. Et en tout cas, ça va être difficile
00:48:10 de faire 4 vols dans notre vie pour faire du
00:48:12 grand reportage, puisqu'aujourd'hui,
00:48:14 nous avons la grand reporter pour LibreMédia,
00:48:16 Anne-Laure Bonnel, qui est avec nous dans ce face-à-face
00:48:18 à 13h10 sur Sud Radio. Bonjour, Anne-Laure Bonnel.
00:48:20 - Bonjour à tous.
00:48:22 - Alors, Anne-Laure Bonnel,
00:48:24 on s'est rencontrées déjà, vous êtes déjà
00:48:26 venues, et toujours avec plaisir,
00:48:28 dans l'émission et à Sud Radio.
00:48:30 C'était à propos d'un reportage
00:48:32 dans le Donbass, d'un film que vous aviez
00:48:34 fait sur le Donbass, à l'époque.
00:48:36 Et je voudrais savoir, parce que
00:48:38 vous avez quand même
00:48:40 sillonné,
00:48:42 je ne dis pas tous les continents, mais
00:48:44 pas mal de continents, vous êtes jeune,
00:48:46 et qu'est-ce qui vous a amené, effectivement,
00:48:48 à aller sur le terrain,
00:48:50 alors que vous auriez pu faire, je ne sais pas,
00:48:52 à moi, des mondanités, mais c'était pas votre truc,
00:48:54 ça, les mondanités.
00:48:56 - Ah oui, les mondanités, non, c'est pas trop mon truc.
00:48:58 Mais qu'est-ce qui m'a amenée là ?
00:49:00 Écoutez, je pense que pour
00:49:02 beaucoup d'entre nous, si peu
00:49:04 osent le dire... - Près du micro.
00:49:06 - Une grande part de hasard. J'ai
00:49:08 15 ans d'enseignement,
00:49:10 derrière moi, j'ai commencé
00:49:12 en 2007 comme chargée de cours
00:49:14 à l'université de la Sorbonne,
00:49:16 à enseigner l'écriture de films,
00:49:18 l'écriture de films documentaires,
00:49:20 l'écriture de films de fiction.
00:49:22 J'ai continué
00:49:24 à l'INA,
00:49:26 l'Institut National de L'audiovisuel,
00:49:28 et à l'ESJ Paris,
00:49:30 où là, je suis rentrée dans des masters pour y
00:49:32 enseigner l'écriture documentaire, journalistique,
00:49:34 etc. Dans ce microcosme
00:49:36 de l'enseignement
00:49:38 dans lequel je me suis retrouvée par hasard,
00:49:40 là, c'est pas pour
00:49:42 me vanter, mais étant
00:49:44 sortie majeure de ma promo, on m'a
00:49:46 proposé une place, ce qui m'a
00:49:48 ouvert les portes de l'enseignement.
00:49:50 Eh bien, j'ai rencontré
00:49:52 de plus en plus de monde, investis
00:49:54 dans des boîtes de production, qui m'ont proposé
00:49:56 des projets, je me suis intéressée à la guerre,
00:49:58 et
00:50:00 je me suis retrouvée ensuite sur
00:50:02 les zones dont vous parlez, qui sont
00:50:04 plutôt... - Sur les zones de guerre, vous vous êtes
00:50:06 retrouvée sur les zones d'affrontement. - Sur les zones
00:50:08 d'affrontement, oui.
00:50:10 Les zones d'affrontement diverses et
00:50:12 variées.
00:50:14 J'ai d'abord donc
00:50:16 travaillé sur... - Comment ça a été pour vous voir ?
00:50:18 - Alors le... - Pour y commencer, oui.
00:50:20 - Le premier, et le plus
00:50:22 délicat, c'est le Donbass
00:50:24 en 2014, sur lequel
00:50:26 je travaille, suite à
00:50:28 une émission que j'avais
00:50:30 remportée haut la main
00:50:32 auprès de France 4.
00:50:34 Une émission qui
00:50:36 reposait sur
00:50:38 l'élection par
00:50:40 le public du programme
00:50:42 télévisuel qu'il voulait voir à la télé.
00:50:44 C'est mon programme, qui s'appelait
00:50:46 "Lazarus lève le voile",
00:50:48 produit par Black Moon Productions, qui avait
00:50:50 remporté le concours.
00:50:52 Et à ce moment-là,
00:50:54 pour des raisons un peu
00:50:56 obscures, ce programme
00:50:58 n'a pas pu voir le jour, bien que
00:51:00 le public a voté pour lui.
00:51:02 Et entre-temps,
00:51:04 j'avais été remarquée par
00:51:06 certains ukrainiens qui m'ont proposé,
00:51:08 étant donné que je m'intéressais
00:51:10 déjà au décryptage
00:51:12 de l'actualité et des
00:51:14 guerres, parce que c'était un des chapitres
00:51:16 que je traitais dans ce projet.
00:51:18 - Donc ça a été le Donbass, vous disiez ? - Ils m'ont emmenée dans le Donbass.
00:51:20 - C'était au moment,
00:51:22 effectivement, de Maïdan,
00:51:24 du coup d'État, de Maïdan, etc.
00:51:26 C'était au même moment. - Alors on est à peu près
00:51:28 dans le même moment, c'est quelques temps
00:51:30 après Maïdan, c'est vraiment le début
00:51:32 de la guerre que je qualifie,
00:51:34 et ça n'engage que moi, mais on est quand même assez
00:51:36 nombreux à s'y reconnaître,
00:51:38 je pense notamment
00:51:40 à Védrine,
00:51:42 ou voilà, de guerre civile.
00:51:44 Et là,
00:51:48 ce sont les débuts à Slaviansk,
00:51:50 j'arrive dans une zone dont je sais très peu
00:51:52 de choses, et ça bombarde
00:51:54 un maximum. Mais ce que vous devez savoir, André,
00:51:56 c'est que je n'étais pas du tout
00:51:58 prévue pour réaliser
00:52:00 ce film. - Ah d'accord.
00:52:02 - Ce qui devait se faire, et ça se fait
00:52:04 généralement comme ça à la télé,
00:52:06 un réalisateur plutôt connu
00:52:08 devait prendre la réalisation,
00:52:10 et avant... - Et vous, vous êtes journaliste,
00:52:12 vous vous mettiez la journée. - Non, on m'a dit
00:52:14 "Anne-Laure, tu pars sur la zone,
00:52:16 tu vas voir ce qui se passe, et puis tu reviens...
00:52:18 - Ah, tu repères, tu fais du repérage.
00:52:20 - Voilà, et tu écris un dossier pour qu'on obtienne
00:52:22 du financement. Et quand je suis rentrée avec
00:52:24 les images, ça bombardait
00:52:26 tellement que le réalisateur
00:52:28 qui avait été crédité pour ce film
00:52:30 a dit "écoute, Anne-Laure, je suis un peu âgée,
00:52:32 ça pète beaucoup,
00:52:34 on ne s'y attend pas,
00:52:36 on va arrêter le projet." Et j'ai dit
00:52:38 "écoutez, moi je me sens d'y aller." La production
00:52:40 avait apprécié à l'époque mes images,
00:52:42 et je me suis retrouvée
00:52:44 donc là, par hasard.
00:52:46 - Et vous êtes restée
00:52:48 quelques... ça a pris du temps, le faire ?
00:52:50 - Et ça prend du temps, parce que je ne suis pas
00:52:52 dans l'actualité, et je n'instaure pas
00:52:54 de hiérarchie entre l'actualité et le cinéma
00:52:56 documentaire, mais ce n'est pas le même travail.
00:52:58 Donc j'y suis allée trois fois
00:53:00 entre 2015 et...
00:53:02 toute l'année, entre 2014
00:53:04 et 2015,
00:53:06 je suis restée entre une vingtaine
00:53:08 de jours en moyenne, et
00:53:10 j'ai pu constater l'évolution
00:53:12 dans les deux oblastes qui sont devenus
00:53:14 connus maintenant,
00:53:16 la Donetsk et Lugansk,
00:53:18 de... - Donetsk et Lugansk,
00:53:20 oui, qui sont devenus aujourd'hui...
00:53:22 - Voilà, tristement célèbres.
00:53:24 - Oui. - Mais...
00:53:26 et donc j'ai filmé cette guerre
00:53:28 dont on ne parlait absolument pas.
00:53:30 Dans les médias,
00:53:32 parce que la presse écrite avait quand même fait
00:53:34 à minima son job. - Oui, elle avait fait des choses.
00:53:36 On continue à parler de reportages,
00:53:38 de guerres, nous sommes en
00:53:40 guerre, c'est le cas de le dire.
00:53:42 Après cette toute petite pause,
00:53:44 à tout de suite. - Et on vous donnera la parole 0826
00:53:46 300 300 pour témoigner,
00:53:48 pour interroger et pour questionner.
00:53:50 A tout de suite sur Sud Radio.
00:53:52 - Sud Radio, votre attention est notre
00:53:54 plus belle récompense. - Merci à toutes
00:53:56 vos équipes pour la radio du rugby,
00:53:58 parce que grâce à vous, on peut suivre les matchs, et c'est juste génial.
00:54:00 - Sud Radio, parlons
00:54:02 vrai.
00:54:04 - Ici Sud Radio.
00:54:06 Les Français
00:54:10 parlent au français.
00:54:12 Je n'aime pas la
00:54:14 blanquette de veau. Je n'aime pas
00:54:16 la blanquette de veau.
00:54:18 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:54:20 -
00:54:22 Anne Lorbonnel,
00:54:24 ses films, ses
00:54:26 grands reportages, et
00:54:28 justement on était en train de nous raconter
00:54:30 comment elle était arrivée
00:54:32 au Donbass.
00:54:34 Voilà, faire ce film, elle n'était pas
00:54:36 prévue pour cela, elle était prévue pour les repérages,
00:54:38 et puis elle l'a fait, elle le fait.
00:54:40 Cette expérience
00:54:42 de la guerre, cette expérience du terrain,
00:54:44 Anne Lorbonnel, comment on le vit ? Parce que
00:54:46 on le découvre à un moment donné, alors effectivement,
00:54:48 je ne dis pas que vous étiez dans un coco ou vous étiez
00:54:50 avant, mais ce que je veux dire,
00:54:52 qu'est-ce que vous avez vu au Donbass ?
00:54:54 Qu'est-ce qui vous a frappé ?
00:54:56 Des choses que justement
00:54:58 vous disiez hors antenne, il y a des choses qu'on filme,
00:55:00 des choses qu'on ne filme pas. - D'accord.
00:55:02 Alors je précise juste avant de répondre à votre
00:55:04 question, je suis partie peut-être avec
00:55:06 une petite avance
00:55:08 qui permet d'être moins surprise par le gros
00:55:10 décalage d'une zone de guerre,
00:55:12 et de nos sociétés un peu ouatées,
00:55:14 consuméristes, Netflix
00:55:16 et compagnie. J'ai vécu en Afrique
00:55:18 vers 10 ans,
00:55:20 jusqu'à à peu près 13-14 ans,
00:55:22 au Cameroun, à Douala,
00:55:24 et non pas que
00:55:26 ce soit des zones violentes,
00:55:28 mais c'est quand même déjà
00:55:30 un dépaysement par rapport à notre mode de vie
00:55:32 occidentale où vous allez voir
00:55:34 tout un tas de choses auxquelles n'est pas habitué
00:55:36 le parisien ou le français,
00:55:38 c'est-à-dire des pendaisons
00:55:40 dans la rue,
00:55:42 des dérèglements de comptes pour la charia
00:55:44 ou autre en Tétigny.
00:55:46 - Vous avez vu ça ? - Ah mais oui, mais c'est commun,
00:55:48 tous ceux qui ont vécu en Afrique l'ont vu,
00:55:50 je ne suis pas un cas isolé,
00:55:52 des gens brûlés vifs dans des pneus, etc.
00:55:54 C'est banal. Non pas qu'on s'y habite.
00:55:56 - Non parce qu'on ne se rend pas compte, moi je m'en bats les...
00:55:58 - Mais oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui.
00:56:00 - Je pensais que c'était des scènes de guerre spécifiques,
00:56:02 mais c'était pas la vie quotidienne.
00:56:04 C'est la vie quotidienne. - Ah mais c'est la vie quotidienne,
00:56:06 je ne vous dis pas que ça arrive tous les jours.
00:56:08 Ça arrive tous les 2-3 mois,
00:56:10 vous savez en Afrique, à l'époque,
00:56:12 quand on vole un bœuf, c'est grave,
00:56:14 parce que c'est une famille entière, une ethnie entière
00:56:16 que vous allez mettre en danger.
00:56:18 Donc on ne rigole pas. Et quand vous avez des institutions
00:56:20 qui sont plutôt affaiblies,
00:56:22 ce qui est le cas pour certains pays d'Afrique,
00:56:24 et c'était le cas à l'époque,
00:56:26 pardon M.Biham, enfin, pour le Cameroun,
00:56:28 quand il n'y a pas les prisons nécessaires,
00:56:30 la justice qui va avec, etc.,
00:56:32 eh bien on règle ses comptes soi-même.
00:56:34 Il y a l'honneur, il y a la charia, etc.
00:56:36 Et les punitions peuvent être
00:56:38 collectives, dans la rue,
00:56:40 et ça, ça se voit. Et tous ceux qui ont vécu en Afrique,
00:56:42 vous le raconteront. - Et donc vous l'avez vu,
00:56:44 vous, et voilà. Donc vous n'étiez pas
00:56:46 totalement, effectivement, dépaysé.
00:56:48 - Ah, je n'étais pas dépaysé, non, non, non, voilà.
00:56:50 Je n'étais pas très étonné.
00:56:52 Enfin, j'étais étonné, si.
00:56:54 Alors le premier étonnement, évidemment, avant d'en arriver
00:56:56 à ce que j'ai pu voir,
00:56:58 c'est
00:57:00 le décalage
00:57:02 entre nos
00:57:04 modes de vie, ce que l'on voit
00:57:06 et ce que l'on entend, ou ce que l'on lit
00:57:08 de l'actualité, et ce qui s'y passe.
00:57:10 Et ça, maintenant,
00:57:12 tous ceux qui reviennent du terrain vous le disent.
00:57:14 C'est assez banal.
00:57:16 - Alors le décalage, non, mais c'est intéressant, parce que c'est important.
00:57:18 Parce que
00:57:20 des millions de gens
00:57:22 voient la guerre,
00:57:24 heureusement pour eux, etc., à travers, effectivement,
00:57:26 le prisme des médias, ou des images,
00:57:28 ou des voix d'un continu, ou des réseaux sociaux,
00:57:30 ou des... - Oui, c'est une vraie
00:57:32 question de dire "heureusement", parce que je me demande
00:57:34 si c'est nécessaire de voir la violence, mais on y reviendra.
00:57:36 - Absolument. Donc, le décalage,
00:57:38 vous l'avez senti fortement,
00:57:40 là, notamment au Donbass, par exemple.
00:57:42 - Oui, alors,
00:57:44 le Donbass, oui, il y a un décalage
00:57:46 entre ce que l'on voit et ce que
00:57:48 l'on nous montre, mais ça c'est le propre
00:57:50 de toutes les guerres. Les guerres
00:57:52 sont... Alors bon, déjà, elles sont barbares,
00:57:54 elles sont tragiques, elles sont meurtrières, elles sont
00:57:56 sanguinaires, bon, c'est banal.
00:57:58 Elles sont toutes
00:58:00 le produit d'une guerre de l'information.
00:58:02 Dans chaque camp, c'est banal.
00:58:04 Donc, évidemment que le terrain est nécessaire.
00:58:06 Malheureusement, il est de moins en moins
00:58:08 pratiqué, de moins en moins possible,
00:58:10 mais il est vital, si on vous laisse sortir vos
00:58:12 images, ce qui est également de plus en plus difficile.
00:58:14 Donc,
00:58:16 oui,
00:58:18 qu'est-ce qu'on voit ? Eh bien, au-delà de tout
00:58:20 ce que je vous ai dit de très banal,
00:58:22 cette violence qui est inhérente
00:58:24 à toutes les guerres, et à
00:58:26 toutes les époques, eh bien,
00:58:28 donc, viol,
00:58:30 destruction, crime de guerre,
00:58:32 exaction, assassinat,
00:58:34 service de renseignement,
00:58:36 mensonges, brouillard de la guerre,
00:58:38 qu'on n'a peut-être pas suffisamment
00:58:40 raconté au grand public, parce qu'il a l'air très étonné
00:58:42 de se rendre compte que ce qui se passe en Ukraine,
00:58:44 eh bien, c'est compliqué
00:58:46 à comprendre, c'est terriblement
00:58:48 banal. Je pense que tous les
00:58:50 militaires vous le raconteraient.
00:58:52 Ce qui est plus
00:58:54 amusant, enfin, si je peux me permettre
00:58:56 à raconter... - Avec des guillemets, oui.
00:58:58 - Oui, c'est, moi, ce que je peux vous dire
00:59:00 qui est peut-être un peu plus original,
00:59:02 c'est ce que j'ai vécu, moi,
00:59:04 et non pas ce type de
00:59:06 considérations
00:59:08 qui sont malheureusement
00:59:10 universelles et intemporelles.
00:59:12 Bon, eh bien,
00:59:14 c'est comment on peut arriver à survivre,
00:59:16 par exemple, dans une zone de guerre,
00:59:18 quand on part sans
00:59:20 rédaction, ou avec
00:59:22 des rédactions très réduites.
00:59:24 C'est
00:59:26 le
00:59:28 cas que beaucoup
00:59:30 de journalistes qui ne sont pas
00:59:32 unbeid, avec une armée ou un
00:59:34 camp... - Unbedaid, oui. - Unbedaid. - Ils ne sont pas
00:59:36 dans... Oui, c'est ça. Ils ne sont pas
00:59:38 accompagnés, escortés, au sein
00:59:40 de tel ou tel régiment,
00:59:42 ou de telle ou telle armée. - Voilà. - On est bien d'accord. - Vous en vivre,
00:59:44 c'est la rencontre avec
00:59:46 les fameux services de renseignement.
00:59:48 Donc, vous avez des gens qui se disent "mais qu'est-ce que cette
00:59:50 personne fait là ?" Et ça, c'est dans toutes les guerres,
00:59:52 sur tous les continents, quand vous voyez quelqu'un
00:59:54 qui n'est pas de votre nationalité,
00:59:56 qui parle ou ne parle pas votre langue,
00:59:58 parce que, évidemment,
01:00:00 la langue n'est pas un critère
01:00:02 pour être inquiété
01:00:04 ou pas par des services de renseignement,
01:00:06 eh bien, vous êtes approché. Vous pouvez
01:00:08 être arrêté. Et moi, j'ai été arrêté à plusieurs
01:00:10 reprises, surtout en
01:00:12 2015. Donc là,
01:00:14 ce qui est assez étonnant à vivre
01:00:16 comme expérience hors du commun,
01:00:18 c'est la gestion du stress. Je me
01:00:20 souviens, avec ma traductrice, on est arrêté,
01:00:22 on rentre dans un sous-sol
01:00:24 d'une caverne,
01:00:26 une caserne
01:00:28 de militaires,
01:00:30 à 300 mètres de la ligne de front
01:00:32 à Pervomaisk,
01:00:34 et là, immédiatement, vous allez
01:00:36 avoir plusieurs tempéraments qui vont
01:00:38 se mettre en place.
01:00:40 Vous avez ceux qui pètent en plomb.
01:00:42 Alors là, j'ai ma traductrice qui se met à pleurer,
01:00:44 persuadée qu'on va mourir.
01:00:46 D'ailleurs, elle avait peut-être pas tort, on aurait pu mourir,
01:00:48 puisque tout le monde avait des kalachnikovs. Pourquoi on
01:00:50 aurait pu mourir ? C'est que, malheureusement,
01:00:52 le moment où on est rentré dans cette...
01:00:54 Je vous la fais courte, parce que c'est une histoire longue.
01:00:56 Quand on est rentré, on a été arrêté.
01:00:58 Plusieurs personnes ont été
01:01:00 abattues dans la zone où on était.
01:01:02 Et évidemment, on m'a
01:01:04 suspecté d'être à l'origine, puisque
01:01:06 j'étais la seule française. Et donc,
01:01:08 j'aurais pu donner la localisation
01:01:10 à la ligne
01:01:12 aux Ukrainiens en face.
01:01:14 Et donc,
01:01:16 j'ai été immédiatement suspecté,
01:01:18 arrêté, etc.
01:01:20 Bon, moi, dans ces moments-là,
01:01:22 et je m'en vante pas, parce que vous le savez,
01:01:24 vous n'avez aucun mérite, c'est votre cerveau
01:01:26 qui se met en mode actif et
01:01:28 chacun réagit à sa manière. - Dans ce cas-là, vous restez
01:01:30 très calme. - Et moi, je reste calme.
01:01:32 Voilà. Je me dis...
01:01:34 Alors si je pense à ma fille, ça tout le temps,
01:01:36 je me dis "Bon, écoute, là, t'es peut-être allée un peu
01:01:38 trop loin, c'est peut-être la dernière fois,
01:01:40 mais donc je reste calme." Et là, vous allez assister
01:01:42 à une dévendante incroyable.
01:01:44 Celui qui pleure, le parano qui est
01:01:46 persuadé que vous faites partie des services de renseignement.
01:01:48 Les militaires entre eux qui se contredisent.
01:01:50 Alors, moi, je ne parle pas russe,
01:01:52 mais je comprends... - Un peu.
01:01:54 - Les grandes lignes. Et puis, vous savez, le corps
01:01:56 parle, les yeux parlent, etc. Donc, vous sentez
01:01:58 que ça se dispute. On l'enferme,
01:02:00 on l'enferme pas, on la libère, on la libère pas, etc.
01:02:02 Heureusement, à cette
01:02:04 époque-là, mon grand frère travaillait
01:02:06 et collaborait
01:02:08 pour Amnesty International.
01:02:10 - Ah, d'accord. - Et Amnesty International
01:02:12 a quelques défauts et
01:02:14 beaucoup de qualités, mais comme tout le monde,
01:02:16 ils ont des
01:02:18 services des deux côtés.
01:02:20 Et donc là, je calme tout le monde,
01:02:22 parce qu'il y a quand même pas mal de morts, et je leur dis "Mais écoutez,
01:02:24 calmez-vous." Un peu naïf
01:02:26 à l'époque.
01:02:28 "Les personnes que vous recherchez,
01:02:30 on va les retrouver, ça va être un échange de prisonniers
01:02:32 classique." On les a
01:02:34 jamais retrouvées, ils ont été tués
01:02:36 de 10 coups de kalachnikovs dans le dos.
01:02:38 Ça a d'ailleurs fait la une des journaux, et ça a été
01:02:40 considéré par Amnesty. Et ça, je le
01:02:42 savais pas à l'époque où je demande de passer l'appel, et je leur dis
01:02:44 "On appelle tout de suite
01:02:46 Amnesty International", j'étais encore un peu naïf,
01:02:48 "et on va leur demander s'ils n'ont pas
01:02:50 arrêté les personnes que vous recherchez pour faire
01:02:52 un échange de prisonniers."
01:02:54 - Et donc ils ont appelé. - Et ça a marché.
01:02:56 - Mais c'est comme ça que ça se passe, parce qu'il y a toujours des contacts
01:02:58 avec le camp d'en face. - Bien sûr.
01:03:00 - Il faut arrêter de croire que les gens ne font que se
01:03:02 tirer dessus. Ils se parlent par
01:03:04 services interposés, par ONG, etc.
01:03:06 Et c'est ce qui m'a sauvé la vie.
01:03:08 Donc Amnesty a appelé les services de
01:03:10 tâchement ukrainien, le SBU,
01:03:12 j'imagine, après voilà
01:03:14 ce qu'il a dû se passer. Ils ont recherché les personnes,
01:03:16 ils ne les ont pas retrouvées, mais
01:03:18 parce que j'avais gardé mon calme et que je regardais
01:03:20 tout le monde dans les yeux,
01:03:22 et fataliste, de toute façon si on meurt, on meurt,
01:03:24 qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? De toute façon j'allais pas sortir
01:03:26 de ce truc-là, on était à je sais pas combien
01:03:28 de mètres sous terre, donc il fallait bien
01:03:30 attendre.
01:03:32 Eh bien, ça les a peut-être non pas rassurés
01:03:34 mais convaincus que j'avais rien à voir dans
01:03:36 cette histoire, et je suis sortie.
01:03:38 Et quand je suis sortie, là vous voyez
01:03:40 dans la vie, la chance
01:03:42 parfois peut...
01:03:44 - Jouer. - Peut être
01:03:46 assez incroyable.
01:03:48 Au moment où je sors, je traverse
01:03:50 en voiture le dernier
01:03:52 pont, et croyez-moi, traverser une zone de guerre
01:03:54 en voiture c'est très compliqué, tout le monde vous le dira
01:03:56 parce qu'il y a des éclats partout, et vous
01:03:58 crevez, et c'est la galère si vous n'êtes pas
01:04:00 dans une voiture adaptée. On ne crève
01:04:02 pas, on passe le pont, et
01:04:04 paf, le pont se fait exploser.
01:04:06 - Juste après votre passage. - Juste après mon passage.
01:04:08 - Quelqu'un vous protège,
01:04:10 Anne Lorbonnel. - Mais j'ai de la chance.
01:04:12 - On en reparle, mais heureusement
01:04:14 comme ça vous êtes là, je préfère que vous
01:04:16 soyez là. On en reparle tout de suite
01:04:18 après cette petite pause. - On continue de parler
01:04:20 de grands reportages, de reportages de guerre avec
01:04:22 Anne Lorbonnel et avec vous au 0826
01:04:24 300 300, à tout de suite, ne bougez pas.
01:04:26 Sud Radio
01:04:28 Bercov dans tous ses états,
01:04:30 appelez maintenant pour réagir, 0826
01:04:32 300 300.
01:04:34 Ici,
01:04:36 Sud Radio.
01:04:38 Les
01:04:40 Français parlent au français.
01:04:42 Les carottes sont
01:04:44 cuites. Les carottes
01:04:46 sont cuites.
01:04:48 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
01:04:50 Non, non, les carottes ne sont jamais cuites
01:04:52 avec Anne Lorbonnel, Anne Lorbonnel
01:04:54 qui nous raconte effectivement ce qu'on vit
01:04:56 quand on vit sur le terrain.
01:04:58 Le terrain en l'occurrence c'est le Donbass,
01:05:00 mais il y en a eu beaucoup d'autres.
01:05:02 Mais vous avez parlé effectivement
01:05:04 de ces moments,
01:05:06 on est arrêté, on se demande ce qui va nous
01:05:08 arriver. Vous avez parlé
01:05:10 comment, j'ai dit, d'avoir du sang
01:05:12 froid, vous avez parlé d'amnistie,
01:05:14 mais la guerre, Anne Lor, c'est-à-dire la
01:05:16 guerre, vous avez été,
01:05:18 comme tous les reporters
01:05:20 qui vont là-bas sur des scènes, véritablement,
01:05:22 des guerres. Est-ce qu'on est relâchés ?
01:05:24 Est-ce qu'on est protégés ? Est-ce qu'on a des casques ?
01:05:26 Comment on s'équipe ?
01:05:28 Déjà, tout aussi
01:05:30 basiquement,
01:05:32 on fait quoi ? Il y a des guerres,
01:05:34 il y a des mortiers,
01:05:36 les canons, les avions
01:05:38 peut-être, les bombardements.
01:05:40 - Ça c'est compliqué, le plus difficile
01:05:42 enfin moi ce que...
01:05:44 Bon déjà, ça dépend.
01:05:46 On ne s'équipe pas toujours, ça c'est
01:05:48 un mythe. Par exemple, moi quand j'ai été
01:05:50 dans le Haut-Karabakh, les gens n'avaient pas
01:05:52 une thune. - Le Haut-Karabakh, ouais.
01:05:54 - Donc on m'a pas mis de gilet de pare-balles
01:05:56 alors qu'il y avait sur le corridor de
01:05:58 la Chine et à Chouchy,
01:06:00 ou Choucha, ça dépend dans quel temps
01:06:02 on se trouve, mais bon voilà.
01:06:04 Il y avait donc des snipers.
01:06:06 Et bien là,
01:06:08 quand vous partez comme je l'ai fait, c'est-à-dire
01:06:10 avec une toute toute petite maison de production,
01:06:12 et bien...
01:06:14 - Vous n'étiez pas équipés du tout ?
01:06:16 - Mais non, je vis comme la population.
01:06:18 - Gilet pare-balles ? - Non mais vous savez pourquoi
01:06:20 j'arrive à avoir des témoignages, pardonnez-moi, mais qui sont plus forts
01:06:22 que les autres ? C'est parce que
01:06:24 je vis comme les gens sur place.
01:06:26 Alors...
01:06:28 Parfois je suis obligée d'en porter parce que vous n'avez pas
01:06:30 le choix. Vous avez d'autres journalistes,
01:06:32 c'est une obligation.
01:06:34 Et je l'ai vécu en 2022,
01:06:36 mais la plupart du temps, moi je pars avec
01:06:38 un chauffeur, je vais
01:06:40 voir les gens, et si j'arrive avec un gilet pare-balles
01:06:42 et un casque, et bien je me sens très mal à l'aise
01:06:44 parce que ces gens-là peuvent se prendre une balle
01:06:46 dans la tête, et moi non. Et ça me dérange.
01:06:48 Et pourtant,
01:06:50 croyez-moi, je risque ma vie.
01:06:52 - Et vous partez avec un chauffeur, en général, et basta.
01:06:54 - Ah oui, je fais tout moi-même.
01:06:56 Voilà.
01:06:58 Jamais mieux servi que par soi-même.
01:07:00 Alors là, en 2022,
01:07:02 j'ai filmé et j'avais pris
01:07:04 un stagiaire aussi, qui voulait absolument...
01:07:06 Un de mes étudiants que j'avais depuis
01:07:08 2-3 ans, qui voulait absolument
01:07:10 partir avec moi en zone de guerre,
01:07:12 on n'avait pas prévu que ça pète autant,
01:07:14 j'ai l'accord de ses parents, malheureusement on arrive
01:07:16 5 jours avant le 24 février,
01:07:18 si j'avais su que ça aurait été
01:07:20 aussi intense, je n'aurais pas
01:07:22 pris de stagiaire, mais ça, malheureusement,
01:07:24 ça ne se prévoit pas. - Non, bien sûr.
01:07:26 - Mais par exemple, au Haut-Carabarhe,
01:07:28 il y a eu énormément d'exactions
01:07:30 qui ont été rapportées, notamment
01:07:32 par M. Buisson du Figaro
01:07:34 Magazine, ou Tesson, qui est en ce
01:07:36 moment très critiqué,
01:07:38 petite pensée pour lui, bon, et bien lui
01:07:40 non plus ne part pas... - Critiqué par n'importe quoi.
01:07:42 - Par n'importe quoi, on est bien d'accord.
01:07:44 Mais, quand on parle là-bas,
01:07:46 il pourrait vous le dire, et bien on n'a pas
01:07:48 toutes ces gilets
01:07:50 presse qu'on voit partout.
01:07:52 - Alors la guerre. - La guerre, oui. Alors c'est quoi
01:07:54 la guerre ? - C'est quoi la guerre ? - Bon, la guerre, c'est des morts,
01:07:56 mais c'est aussi des petites histoires non pas marrantes,
01:07:58 mais des histoires de vie que partagent les soldats,
01:08:00 et c'est important peut-être que le public
01:08:02 les entende, parce que la guerre,
01:08:04 c'est des civils qui meurent, mais c'est aussi des hommes,
01:08:06 des jeunes qui se battent, et ça, c'est pas assez représenté.
01:08:08 Et d'ailleurs, je vais me permettre de faire une petite aparté,
01:08:10 avant de parler de moi.
01:08:12 Vous savez, la guerre est très,
01:08:14 très, très mal
01:08:16 présentée dans les journaux télévisés.
01:08:18 Elle est aseptisée,
01:08:20 elle est limite joyeuse,
01:08:22 c'est comme si les gens ne mourraient pas, ne perdaient pas
01:08:24 de jambes, ne perdaient pas de bras, ne perdraient pas
01:08:26 de yeux, c'était sympa, on est content de se battre.
01:08:28 Oui, les hommes sont
01:08:30 motivés pour se battre,
01:08:32 mais n'oublions pas qu'il y a énormément de
01:08:34 souffrances, et c'est important de le rappeler.
01:08:36 Parce que c'est très facile, et ce n'est pas de la critique
01:08:38 de plateau, mais c'est simplement un constat
01:08:40 de parler de guerre sur un plateau, mais quand
01:08:42 on voit tous ces jeunes, et moins
01:08:44 jeunes maintenant, qui meurent
01:08:46 ou qui sont blessés dans des souffrances que vous ne pouvez
01:08:48 même pas considérer ni imaginer,
01:08:50 on en parle peut-être avec un peu
01:08:52 moins de légèreté. Passons. Mais c'est
01:08:54 important tout de même de rappeler que
01:08:56 les images de guerre qui nous sont présentées
01:08:58 n'ont aucune prise sur le réel, et elles ne
01:09:00 représentent en rien la guerre. Et si vous voulez savoir
01:09:02 ce que c'est la guerre, vous achetez
01:09:04 Autodix la guerre, il avait
01:09:06 représenté... - Autodix, l'écrivain
01:09:08 journaliste. - Ouais.
01:09:10 14-18, il a
01:09:12 dessiné, depuis
01:09:14 les tranchées, parce que celui qui n'a pas fait la guerre
01:09:16 ne peut pas parler de la guerre, mais ça c'est autre chose, c'est mon
01:09:18 point de vue. Il a
01:09:20 représenté les tranchées. Eh bien,
01:09:22 ce que j'ai vu dans
01:09:24 l'Au Carabar, c'est très fidèle
01:09:26 à ce qu'a représenté dans
01:09:28 la guerre, Autodix, ce ne sont que
01:09:30 des dessins, il n'y a rien à lire, je sais que nous on est
01:09:32 dans une époque très feignante, donc pas d'inquiétude,
01:09:34 vous n'aurez qu'à tourner les pages
01:09:36 et vous en saurez un peu plus.
01:09:38 - Alors, vous dites effectivement
01:09:40 les détails, etc.
01:09:42 Vous vous êtes retrouvés, vous parlez de la souffrance
01:09:44 et vous avez raison, et c'est vrai que
01:09:46 quelques fois, et on parlera après des généraux
01:09:48 de plateau et des gens qui sont de terrain, ça c'est
01:09:50 encore autre chose, mais tout
01:09:52 est lié de toute façon. Mais au fond,
01:09:54 vous avez quand même,
01:09:56 comme tous les journalistes qui sont...
01:09:58 On part, là, quand on est
01:10:00 là-bas, on se dit quand même, il y a une chance
01:10:02 de mourir, il y a un
01:10:04 mal perdu, bon perdu, etc.
01:10:06 Vous posez la question ou pas du tout ?
01:10:08 - Oui, alors moi je me la pose avant de partir.
01:10:10 - Avant de partir ? Et plus quand vous êtes là-bas ?
01:10:12 - Est-ce que je pars ou pas ? A partir du moment où je prends
01:10:14 une décision, je l'assume.
01:10:16 C'est un choix, un choix réfléchi,
01:10:18 un choix, j'ai pesé le pour, le contre,
01:10:20 donc j'assume
01:10:22 mes responsabilités. - D'accord.
01:10:24 - Et si vous voulez tout savoir, petite conférence...
01:10:26 - Oui, oui, je veux tout savoir. - J'ai toujours demandé aux gens
01:10:28 qui sont autour de moi, si je perds mes jambes
01:10:30 sur une mine, vous me mettez
01:10:32 une balle dans la tête. Je ne veux pas
01:10:34 revenir sur une chaise roulante.
01:10:36 Non mais c'est ça
01:10:38 à quoi pensent les gens, vous voulez de la confidence
01:10:40 de guerre ?
01:10:42 Qui a envie de revenir comme ça, là ? Non,
01:10:44 moi j'ai pas envie de revenir...
01:10:46 - Ah oui, parce qu'il y a des gens...
01:10:48 - Ah ben non, non, non... - Vous savez, les vétérans...
01:10:50 - Non, mais moi je ne suis pas vétéran, ça
01:10:52 m'intéresse pas, voilà, je veux continuer
01:10:54 avec mes talons, hein...
01:10:56 Hors de question. - Vos talons aiguilles.
01:10:58 Alors Bonnel, effectivement
01:11:00 vous revenez
01:11:02 de Dakar, où il y a eu
01:11:04 quoi ? C'était les assises du journalisme
01:11:06 reportage, c'était quoi ?
01:11:08 - Oui, alors Dakar c'était
01:11:10 il y a peut-être
01:11:12 trois semaines, grand maximum,
01:11:14 c'était les cinquantièmes,
01:11:16 un anniversaire,
01:11:18 assises de la presse
01:11:20 francophone,
01:11:22 l'union de la presse francophone,
01:11:24 qui regroupe donc, comme son nom l'indique,
01:11:26 toute la presse francophone.
01:11:28 - Et pourquoi vous y êtes allé, vous ?
01:11:30 - J'ai été invitée pour y intervenir,
01:11:32 le sujet était le suivant,
01:11:34 "P. Médias et sécurité", donc un sujet
01:11:36 qui m'anime
01:11:38 et qui m'intéresse vivement,
01:11:40 et j'ai pu y évoquer
01:11:42 ce que je considère
01:11:44 comme utile
01:11:46 pour notre travail, qui est de plus
01:11:48 en plus compliqué, à quoi peuvent
01:11:50 encore servir les médias,
01:11:52 quelles sont leurs responsabilités
01:11:54 dans un monde qui est de plus en plus troublé,
01:11:56 où malheureusement,
01:11:58 eh bien,
01:12:00 le ciel se gâte,
01:12:04 et tout est encore possible,
01:12:06 le meilleur met le pire aussi.
01:12:08 Donc la question
01:12:10 s'est posée à l'ensemble de ces journalistes,
01:12:12 et nous avons fait pendant cinq jours
01:12:14 un colloque où chacun a pu s'exprimer
01:12:16 sur ses préoccupations.
01:12:18 - Alors justement, de ce point de vue là,
01:12:20 une question que je vous pose, je ne sais pas si vous l'avez évoquée,
01:12:22 dans ce colloque à Dakar,
01:12:24 pourquoi y a-t-il,
01:12:26 et c'est une question posée ici,
01:12:28 posée par mon collaborateur
01:12:30 Esteban, pourquoi y a-t-il
01:12:32 de moins en moins de journalistes
01:12:34 sur le terrain ? Je ne dis pas qu'il n'y en a pas,
01:12:36 ce serait imbécile, et heureusement faux,
01:12:38 mais pourquoi y en a-t-il
01:12:40 de moins en moins ? Pourquoi les médias,
01:12:42 tous médias confondus, papiers,
01:12:44 écrans,
01:12:46 RTA ou pas,
01:12:48 envoient de moins en moins
01:12:50 de journalistes sur le terrain ?
01:12:52 Parce que je ne dis pas que le terrain dit tout,
01:12:54 mais le terrain dit quand même une bonne partie
01:12:56 de la réalité, c'est le moins que l'on puisse dire.
01:12:58 - Joker.
01:13:00 - Ah bon ?
01:13:02 - Y a plusieurs hypothèses,
01:13:04 moi j'ai les miennes, mon avis,
01:13:06 très personnel. - Oui, oui, oui, ben oui,
01:13:08 si je vous interroge, c'est votre avis.
01:13:10 - On traverse une période, ben oui,
01:13:12 bon, allez, écoutez,
01:13:14 je vais vous dire ce que je pense.
01:13:16 On traverse un moment extrêmement critique,
01:13:18 mondial, aujourd'hui,
01:13:20 celui qui part sur une zone de guerre
01:13:22 et qui part vraiment, c'est-à-dire qui ne reste pas
01:13:24 à 30, 40, 50, 60 kilomètres
01:13:26 de la ligne de front, ou qui ne récupère pas
01:13:28 que les images tournées par les services de renseignement
01:13:30 des pays, ce qui se fait, vous voyez,
01:13:32 vous lisez la petite légende remise par
01:13:34 le tic-tac-tac, - C'est le service,
01:13:36 - ne revient pas indemne,
01:13:38 et peut-être un peu moins
01:13:40 vindicatif dans ses témoignages.
01:13:42 D'une part, donc pour
01:13:44 ce qui concerne
01:13:46 la guerre, c'est aussi
01:13:48 une guerre de l'information, une guerre
01:13:50 cognitive, pratiquée par
01:13:52 tous les pays, je dis bien
01:13:54 tous les pays, les reporters
01:13:56 peuvent déranger. De deux,
01:13:58 on y met un peu moins
01:14:00 d'argent, on est dans ce que j'appelle
01:14:02 le putaclic, ce que tout le monde pratique
01:14:04 aujourd'hui avec des titres
01:14:06 putassiers et un vide sidéral.
01:14:08 Voilà,
01:14:10 donc ce qui compte, c'est l'argent
01:14:12 et comprendre le réel, ils s'en moquent
01:14:14 - On n'a pas besoin de dépenser de l'argent pour envoyer
01:14:16 des gens sur le terrain, quelque part. - On envoie des gens
01:14:18 sur le terrain, mais on ne les envoie pas sur le bon terrain.
01:14:20 Pardonnez-moi, là je vais encore me faire gronder.
01:14:22 Si, il y en a plein, regardez, on les voit,
01:14:24 on les voit de loin, ne serait-ce
01:14:26 qu'à Gaza, mais ils sont sur des routes, est-ce qu'ils sont
01:14:28 rentrés ? Le terrain, c'est
01:14:30 pas à 20 km.
01:14:32 - Non mais j'appelle du terrain, ce que vous venez de dire Anne Lorbonnel,
01:14:34 le front. Est-ce qu'on envoie encore des gens au front ?
01:14:36 - Personne ne veut y aller. Alors non, tout le monde aime faire des
01:14:38 selfies avec le brassard presse et le
01:14:40 petit casque bleu, ça ils adorent, mais aller sur le front,
01:14:42 il y en a très peu qui ont, pardonnez-moi, l'envie
01:14:44 et le courage d'y aller. Ou alors ils demandent des sommes
01:14:46 que les rédactions ne peuvent pas
01:14:48 suivre
01:14:50 et ça coûte très cher. Moi, je fais tout, toute seule
01:14:52 André. J'ai ma caméra,
01:14:54 j'ai mon micro, j'ai tout ce qu'il faut,
01:14:56 donc je suis,
01:14:58 je ne coûte pas d'argent.
01:15:00 Ce qui ne simplifie pas la tâche,
01:15:02 parce que c'est pas pour autant que je suis davantage
01:15:04 embauchée, au contraire. Mais ça coûte très cher.
01:15:06 Alors, entre
01:15:08 cette
01:15:10 guerre de l'information,
01:15:12 la sécurité, les assurances,
01:15:14 les assurances qui coûtent
01:15:16 de plus en plus cher, et puis soyons francs.
01:15:18 Moi, j'en connais très peu,
01:15:20 j'en connais des journalistes, mais il y en a très peu qui vont sur le terrain.
01:15:22 Il y en a très très peu, à part
01:15:24 le Saumier, qui est d'ailleurs, pour le coup,
01:15:26 critiqué. Aujourd'hui, j'en vois pas sur le terrain.
01:15:28 La plupart, je les vois... - Les reboudous,
01:15:30 l'amant de TF1, quand même, non ?
01:15:32 - Oui, elles s'approchent pas mal.
01:15:34 Elles s'approchent pas mal. Voilà. Pardonnez-moi,
01:15:36 c'est pas une critique, d'ailleurs.
01:15:38 - En tout cas, il n'y en a pas beaucoup. - Oui, soyons clairs.
01:15:40 - Par contre, il y a beaucoup de photographes.
01:15:42 Viguerie,
01:15:44 James Natchewy, eux font un boulot merveilleux,
01:15:46 mais personne n'en parle. Regardez
01:15:48 les photos de James Natchewy ou de
01:15:50 Viguerie. C'est extraordinaire, ce qu'ils
01:15:52 font. Extraordinaire.
01:15:54 - Très... On va
01:15:56 continuer d'en parler. On a beaucoup de
01:15:58 personnes qui nous appellent et qui ont des questions
01:16:00 à vous poser, ou en tout cas, à intervenir
01:16:02 Anne Lore Bonnel, après cette petite pause.
01:16:04 On prendra vos appels après cette
01:16:06 courte page de réclame, comme on le
01:16:08 disait à l'époque. A tout de suite sur Sud Radio.
01:16:10 - Sud Radio Bercov, dans tous ses
01:16:14 états, midi 14h.
01:16:16 André Bercov.
01:16:18 - Ici Sud Radio.
01:16:20 Les Français parlent au français.
01:16:24 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:16:28 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:16:30 - Sud Radio
01:16:32 Bercov, dans tous ses états.
01:16:34 - 13h47 sur Sud Radio. Nous sommes
01:16:36 toujours avec Anne Lore Bonnel, la grande
01:16:38 reporter. Et nous sommes avec Julien,
01:16:40 qui nous appelle depuis Marseille. Bonjour Julien. - Bonjour Julien.
01:16:42 - Bonjour André.
01:16:44 Bonjour Anne Lore.
01:16:46 Alors, déjà,
01:16:48 je voulais vous féliciter, parce que le travail que vous avez
01:16:50 fait sur vos reportages sur Donbass,
01:16:52 c'est... Vous avez même...
01:16:54 On sent que vous êtes touchés par ce qui se passait là-bas.
01:16:56 Et je vous... La question,
01:16:58 c'est, est-ce que vous comprenez pourquoi
01:17:00 vous avez été ostracisés ? De même que
01:17:02 Régis Le Soumé, comme vous avez dit, et même un temps,
01:17:04 ils ont boudoule, parce qu'ils ont montré une face
01:17:06 de la guerre, qui n'est pas dans le discours
01:17:08 - Dominant.
01:17:10 - Dominant, du sens qu'on doit
01:17:12 comprendre de cette guerre. C'est-à-dire qu'on ne peut pas
01:17:14 penser par nous-mêmes. Et
01:17:16 on nous donne un récit qu'on doit penser
01:17:18 si on regarde Alfi, tout ça. Est-ce que vous comprenez
01:17:20 ce besoin de...
01:17:22 Justement, on vous dit qu'il n'y a plus de journalistes sur le terrain, parce qu'ils vont
01:17:24 voir des choses, et du coup, ils vont revenir avec un autre avis.
01:17:26 Et voilà. Est-ce que vous comprenez ça ?
01:17:28 - Anne-Laure Bonnel.
01:17:30 - Bonjour Julien, merci de votre question.
01:17:32 - Ah.
01:17:34 - Bonjour Julien, merci de votre message
01:17:36 et question. Alors,
01:17:38 je ne comprends pas tout, en revanche,
01:17:40 je vais vous dire deux-trois choses.
01:17:42 Je pense que les personnes que vous avez
01:17:44 citées, et bon, je vais
01:17:46 m'y inclure, on va revenir.
01:17:48 Et vous savez pourquoi on va revenir ? Parce qu'en France,
01:17:50 on a quand même une force.
01:17:52 On a eu des gens extraordinaires,
01:17:54 dans tout ce brouhaha, qui ont
01:17:56 continué, coûte que coûte,
01:17:58 et c'est les seuls dans l'Union Européenne,
01:18:00 à essayer de faire entendre leur voix.
01:18:02 Je pense à monsieur Lelouch,
01:18:04 qui a été très critiqué, monsieur Villepin,
01:18:06 monsieur Gomart, Chevancy,
01:18:08 Gérard Arouet, etc. Donc,
01:18:10 il y a eu du discours critique, Todd...
01:18:12 Euh... Bon, voilà.
01:18:14 - Mais ça c'est autre chose, c'est les essayistes.
01:18:16 - Oui, c'est les essayistes. Et donc, petit à petit,
01:18:18 pourquoi les journalistes ont été ostracisés ?
01:18:20 D'une part,
01:18:22 parce que je pense que
01:18:24 beaucoup, beaucoup de
01:18:26 de la presse
01:18:28 euh...
01:18:30 dite, non pas qualitative,
01:18:32 mais enfin, je ne dis pas... - Mais il se plaît, vous voulez parler ?
01:18:34 - Oui. Elle n'a rien compris à ce qui se passait,
01:18:36 parce qu'elle n'a pas le recul
01:18:38 historique nécessaire, a été
01:18:40 empoisonnée,
01:18:42 intoxiquée par les émotions,
01:18:44 or, il faut faire abstraction des émotions,
01:18:46 a oublié que les guerres ont
01:18:48 toujours essemé l'histoire
01:18:50 de l'humanité, et ont
01:18:52 choisi un camp, or ce n'est pas ce qu'on
01:18:54 leur demande. Mais étant
01:18:56 habitués à vivre dans un certain confort,
01:18:58 ils ont oublié les bases de leur métier.
01:19:00 Mais ça va changer. Il faut rester optimiste.
01:19:02 - Merci beaucoup, Julien,
01:19:04 pour votre appel. - Bonne journée.
01:19:06 - Merci, Julien. - On accueille Jean-François, qui nous appelle
01:19:08 depuis Valence. Bonjour, Jean-François. - Bonjour, Jean-François.
01:19:10 - Oui, bonjour, merci.
01:19:12 Merci de prendre mon appel,
01:19:14 et merci à Norbonnel pour
01:19:16 le travail d'éclairage qu'elle nous apporte,
01:19:18 et de prendre tous ses risques.
01:19:20 C'est un petit peu la même question
01:19:22 que le précédent auditeur,
01:19:24 je voulais savoir
01:19:26 à partir de quel moment
01:19:28 vous avez senti que votre récit
01:19:30 dans les médias mainstream,
01:19:32 on va dire, ne passait plus.
01:19:34 Quel est l'élément qui, selon vous,
01:19:36 a expliqué que votre récit
01:19:38 de la réalité de la guerre civile, et puis
01:19:40 de la guerre en Ukraine après,
01:19:42 n'a pas passé,
01:19:44 et vous sentiez
01:19:46 que vous ne pouvez plus vous exprimer
01:19:48 sur les médias principaux ?
01:19:50 - Alors, c'est
01:19:52 très difficile de répondre simplement.
01:19:54 Déjà, bonjour, merci de votre question.
01:19:56 De répondre simplement
01:19:58 à cette question, on se rend
01:20:00 compte que c'est tous les domaines
01:20:02 qui sont touchés par
01:20:04 le malheur
01:20:06 du clivage et du
01:20:08 binaire. Anne Kibilan
01:20:10 en a très justement parlé
01:20:12 cette semaine.
01:20:14 Aujourd'hui, avoir une pensée complexe,
01:20:16 ça devient quasi
01:20:18 impossible. Et tout le monde est touché.
01:20:20 Alors, moi,
01:20:22 j'ai été durement frappée, c'est vrai, mais je ne suis
01:20:24 pas la seule. Alors, il y a des questions à se poser
01:20:26 auxquelles je ne peux pas répondre.
01:20:28 Pourquoi la société en est arrivée
01:20:30 à être aussi peu complexe
01:20:32 et à oublier
01:20:34 la nuance, la distanciation
01:20:36 et l'intelligence, et l'esprit critique ?
01:20:38 Ça, c'est une vraie question.
01:20:40 - OK, merci.
01:20:42 Est-ce que je pourrais
01:20:44 juste poser une petite question complémentaire ?
01:20:46 Pourquoi vous sentez que dans chaque
01:20:48 conflit, il y a besoin d'avoir
01:20:50 le camp du bien et le camp du mal ?
01:20:52 C'est une question un peu fondamentale.
01:20:54 - Non, mais c'est la pensée binaire, ça, Jean-François.
01:20:56 C'est la continuation par d'autres moyens.
01:20:58 - Ça, c'est la pression de...
01:21:00 Bah, ça, écoutez, là...
01:21:02 Avant, on ne l'avait pas. Si vous prenez Albert Londe,
01:21:04 qui a... C'est la
01:21:06 noblesse du journalisme.
01:21:08 Aujourd'hui, il est adulé. Sachez qu'il a été
01:21:10 détesté à son époque.
01:21:12 - Il a été détesté parce qu'il n'était pas dans la pensée binaire.
01:21:14 - Rappelons comment Zola, qui était journaliste
01:21:16 pendant l'affaire Dreyfus, quand il a enquêté
01:21:18 sur Dreyfus, s'est fait haïr en disant "Mais comment vous rappelez
01:21:20 pas de ces conneries, quoi ?" - Et maintenant, on applaudit.
01:21:22 Vous voyez, donc, demain, ça tournera.
01:21:24 Les gens ont besoin
01:21:26 d'un oui ou d'un non, ça les rassure.
01:21:28 Il faut que ce soit bien ou mal. Il faut que ce soit noir ou blanc.
01:21:30 Il faut que chacun se pose sa question
01:21:32 parce que tout le monde a sa part de responsabilité,
01:21:34 y compris le public, en adhérant à ses
01:21:36 thèses simplistes. - C'est ce qu'on appelle
01:21:38 une jambisme mentale. - Sans consistance.
01:21:40 - Alors, Bonnel,
01:21:42 avant, parce que nous arrivons, hélas,
01:21:44 à la fin de cette émission, mais on vous fera revenir parce que
01:21:46 beaucoup de choses à raconter.
01:21:48 Vous avez parlé de beaucoup de choses
01:21:50 dans ce qui se passe dans la guerre, mais vous avez
01:21:52 omis quelque chose dont vous avez parlé hors
01:21:54 antenne, les morpions. - Ah !
01:21:56 - Ah oui, quand même.
01:21:58 C'est grave, ça. - Oui, c'est grave.
01:22:00 Les morpions, c'est grave. Oui, parce que
01:22:02 ça rend également hommage aux soldats.
01:22:04 On ne parle pas assez des soldats, on parle
01:22:06 des généraux, etc. Mais les soldats,
01:22:08 moi, je leur vois un
01:22:10 profond respect, et dans chaque an.
01:22:12 Donc un soir, je n'avais pas dormi pendant 72 heures,
01:22:14 parce que quand, vous travaillez là-dedans,
01:22:16 - C'était au Donbass. - Oui, c'était au Donbass.
01:22:18 Et là, 72 heures, bon,
01:22:20 je commence à être fatigué,
01:22:22 après une moulte café,
01:22:24 et je m'endors
01:22:26 dans une...
01:22:28 comment on appelle ça, là ?
01:22:30 Une couche... un duvet de
01:22:32 soldats, dans une
01:22:34 caserne, parce que je suis bloqué dans une zone,
01:22:36 et toute la nuit, paraît-il,
01:22:38 il y a des alarmes, et des gens qui
01:22:40 courent. Quand je me réveille, je suis
01:22:42 face à des gens hallucinés, qui me demandent
01:22:44 si je n'ai rien entendu. Il y avait eu
01:22:46 pendant toute la nuit
01:22:48 des sirènes qui ont retenti dans toute la
01:22:50 caserne, que je n'ai absolument pas entendu,
01:22:52 et j'ai dormi, donc, dans un
01:22:54 duvet rempli de scorpions...
01:22:56 de morpions, pardon.
01:22:58 Donc, vous voyez,
01:23:00 à un moment donné, certains vous disent "mais comment vous faites,
01:23:02 la peur ou pas peur ?"
01:23:04 Ah mais écoutez, quand je vous dis que
01:23:06 c'était une ambiance folle,
01:23:08 c'est que tout le monde est sorti avec des
01:23:10 armes, il y a eu je ne sais pas combien
01:23:12 de morts, 20 mètres au-dessus de ma tête,
01:23:14 et le matin, je me suis réveillée,
01:23:16 j'avais envie d'un café, que je n'ai
01:23:18 pas demandé, évidemment, par politesse,
01:23:20 et là, un jeune soldat
01:23:22 qui avait survécu m'a
01:23:24 servi un café dans
01:23:26 une chaussette, c'est comme ça
01:23:28 qu'on fait le café quand on n'a plus de filtre,
01:23:30 et là, on m'a raconté ce qui s'était
01:23:32 passé dans la nuit, que grâce à mes 72
01:23:34 heures d'absence de sommeil, je n'avais
01:23:36 pas entendu, et j'étais la seule à dormir
01:23:38 ce soir de grave combat
01:23:40 à 300 mètres de la ligne de front.
01:23:42 - Et même les morpions ne vous ont pas...
01:23:44 - Eh bien les morpions, je me suis lavé en rentrant,
01:23:46 mon cher André.
01:23:48 - Quelle belle fin, quelle belle fin.
01:23:50 Alors,
01:23:52 où est-ce qu'on peut voir, là je dis pour
01:23:54 les auditeurs,
01:23:56 et pour nos amis de Sud Radio,
01:23:58 où est-ce qu'on peut voir
01:24:00 vos films ? - Alors, tous mes films sont
01:24:02 gratuits depuis toujours en accès libre
01:24:04 sur ma page Youtube, qui est
01:24:06 à mon nom, Anne-Laure Bonnel. - Sur votre page
01:24:08 Youtube, Anne-Laure Bonnel, c'est à vous. - Voilà, je travaille
01:24:10 avec LibreMédia, donc là vous avez des interviews
01:24:12 que je donne pour essayer
01:24:14 à mon niveau
01:24:16 d'imposer
01:24:18 du débat, et
01:24:20 voilà, donc après vous avez
01:24:22 des sites payants, mais vu que je les ai détournés
01:24:24 parce que j'adore l'accès libre, eh bien
01:24:26 tout est gratos sur ma chaîne, si vous fouillez,
01:24:28 vous trouverez tout. - Ben voilà. - Anne-Laure Bonnel.
01:24:30 - Anne-Laure Bonnel, Youtube, et puis
01:24:32 écoutez, à la prochaine
01:24:34 fois, et à votre prochain terrain,
01:24:36 à vos prochaines guerres.
01:24:38 - Merci de m'avoir invitée,
01:24:40 merci André. - Merci beaucoup Anne-Laure Bonnel d'avoir
01:24:42 été avec nous, et puis je rappelle que vous aussi,
01:24:44 vous pouvez nous voir sur Youtube, sur la page Youtube
01:24:46 de Sud Radio, vous êtes presque 900 000
01:24:48 à nous suivre, et on vous remercie.
01:24:50 Chaque jour de plus en plus, André Bercoff,
01:24:52 vous revenez demain, entre midi et 14h,
01:24:54 et puis tout de suite, c'est Bricelay sur Sud Radio
01:24:56 comme tous les jours à demain.
01:24:58 ...
01:25:00 ...
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