Avec Virginie Joron, députée RN du groupe Identité Démocratie au Parlement européen ; Jocelyne Quesada, membre du Collectif Sauvegarde des cimetières d'Oranie ; Pascal Perri, journaliste et auteur de "Génération Farniente" publié aux éditions de l'Archipel.
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00:00:00 "Il semble que la misère, dit Charles Aznavour, serait moins pénible au soleil."
00:00:03 Ben, ça n'a pas l'air d'être le cas, parce que la misère est là, hélas, au soleil, elle est là aussi.
00:00:09 Au moins autant que dans les pays où règne l'hiver.
00:00:14 Et on le voit bien, on le voit bien avec ces milliers, ces milliers de migrants qui arrivent à Lampedusa.
00:00:19 8500 migrants 24h, 10 000, 15 000, la population du lit de Lampedusa de 6500.
00:00:27 Très bien, mais où va-t-on ? Où va-t-on ?
00:00:30 Bonjour Virginie Giron.
00:00:32 Oui, bonjour.
00:00:34 Bonjour, vous êtes députée européenne, vous êtes du groupe Identité et Démocratie au Parlement européen.
00:00:39 Vous venez de passer quelques jours à Lampedusa, vous y êtes rentrée.
00:00:43 Alors, qu'est-ce qui se passe vraiment ? C'est-à-dire qu'on entend tout et son contraire.
00:00:47 Alors les uns disent "non, non, mais ça va, ça se déroule très bien, on contrôle, on contrôle".
00:00:52 Et puis les autres, c'est pas du tout ça. Dites-nous.
00:00:55 Oui, effectivement, j'ai passé deux jours sur le lit de Lampedusa, effectivement, contrôle, je ne sais pas.
00:01:01 En tout cas, ce qui est édifiant, c'est que tout est organisé pour pousser à la migration.
00:01:07 Et je vous m'explique en quelques points.
00:01:09 Déjà, quand nous sommes arrivés, il n'y avait pas un seul migrant.
00:01:13 Donc c'était une de mes questions.
00:01:15 Parce que tous les jours, effectivement, on nous alerte des arrivées de migrants.
00:01:18 En fait, on a eu la chance de ne pas avoir de migrants, parce qu'en fait, pour deux raisons.
00:01:22 Un, parce qu'il y avait des orages, et en fait, les gardes-côtes nous disent que quand il y a du mauvais temps,
00:01:26 donc il n'y a pas de migrants à récupérer sur les embarquements.
00:01:29 Et le deuxième point, c'était ça l'objet de notre visite.
00:01:33 Nous sommes allés sur un "hot spot", c'est un endroit où ils recueillent les migrants.
00:01:37 Donc on a eu toute la procédure et c'était très intéressant de voir que, en fait, comme je l'ai dit,
00:01:41 tout est organisé pour faciliter les flux migratoires.
00:01:45 Un, les gardes-côtes vont chercher jusqu'à 450 km de l'île de Lampedusa, les migrants sur leur embarcation.
00:01:54 450 km, ils vont les chercher pendant une distance de 450 km.
00:01:59 Exactement. C'est déjà le premier point.
00:02:02 Les bateaux, une fois qu'ils les recueillent, qu'est-ce qu'ils en font ?
00:02:04 Ils les laissent, ils ne les coulent pas, ni les moteurs.
00:02:07 Donc ils les récupèrent, ils les amènent sur l'île de Lampedusa.
00:02:10 Et là, c'est effectivement, moi je trouve que l'accueil est beaucoup plus facilité,
00:02:16 beaucoup plus chaleureux que lorsqu'on va à l'aéroport de JFK à New York.
00:02:21 Et je m'explique.
00:02:22 Oui.
00:02:23 Et je m'explique. Donc on les accueille sur l'île de Lampedusa.
00:02:26 Donc première chose, on les met sur des bancs où, j'ai mis une photo,
00:02:30 où ils peuvent recharger leur téléphone.
00:02:32 Ils ont le code Wi-Fi tout de suite proposé.
00:02:35 Visite médicale et après départ.
00:02:38 Alors la question c'est, en combien de temps ils font tout ça ?
00:02:41 Ils ont des règles très strictes.
00:02:43 En moins d'entre 12h et 48h, tous ces gens, ils obtiennent leur papier.
00:02:48 Et ça faisait aussi la dernière question que j'ai posée, non ?
00:02:51 Ils vont où ? Comment ça se passe ?
00:02:52 Ils vont où ? Qu'est-ce que je vais vous poser ?
00:02:54 C'est ça. Parce qu'ils ont les papiers et en fait, ils choisissent leur destination.
00:02:58 Vous voulez dire qu'ils ont, pardon, entre 12h et 48h, ils ont les papiers, ils ont tout ?
00:03:03 Ils ont tout. Ils sont nourris. Ah oui, pardon.
00:03:05 Ils sont nourris. Visite médicale. Ils disent qu'ils servent jusqu'à 3 repas par jour.
00:03:10 Et après, il y a une carte de l'Italie qui est sur le mur.
00:03:14 Et puis en fait, on a l'impression que c'est eux qui choisissent où ils vont.
00:03:17 C'était une de mes questions. Est-ce qu'ils restent en Italie ou est-ce qu'ils vont ailleurs ?
00:03:20 Pas de réponse. Et ce qui était très intéressant, c'est, deuxième question,
00:03:25 c'est quoi les statistiques par rapport à la population carrée ?
00:03:28 Des jeunes, des hommes, des femmes, des familles ?
00:03:31 Puisqu'en plus, ils ont mis un panneau, regroupement familial, en français d'ailleurs,
00:03:36 et toutes les allères pour pouvoir effectivement regrouper ces gens.
00:03:40 Et donc là aussi, pas de réponse, sauf le maire que nous avons aussi vu juste avant,
00:03:45 le maire de Lampedusa, un jeune maire très dynamique et qui a vraiment envie de faire en sorte
00:03:50 que tout se passe bien, notamment pour, on l'avait dit en préambule,
00:03:53 c'est une petite île de 20 km² de superficie qui recueille entre 6500 et 6700 habitants.
00:04:00 Et puis quand on arrive à l'aéroport de Lampedusa, ça semble être une île dédiée au tourisme,
00:04:05 avec des panneaux pour visiter les îles, les mers avec les tortues, etc.
00:04:09 Et il disait que lui, il constatait plutôt entre 85 et 90% d'arrivées de jeunes hommes.
00:04:17 Voilà, heureusement qu'il nous a donné cette information.
00:04:20 Et moi en fait, ce voyage était très intéressant parce qu'il y a un décalage.
00:04:24 On nous dit qu'on contrôle, qu'on refoule, pas du tout.
00:04:28 On n'a pas vu d'agent de Frontex, d'ailleurs, dans cette expédition.
00:04:31 Frontex, donc l'agence qui est censée protéger nos frontières extérieures.
00:04:35 Donc il n'avait pas du tout d'agent pour nous expliquer son rôle.
00:04:39 Juste Virginie Giron, pardon, si je comprends bien, vous n'avez pas vu un seul migrant pendant ces 48 heures ?
00:04:44 Non, parce qu'il y a un rythme de flux tellement intense, c'est ce qu'ils ont dit,
00:04:49 qu'ils sont obligés de leur donner rapidement tous les papiers pour pouvoir les faire sortir.
00:04:53 Pour qu'ils partent ?
00:04:54 Pour qu'ils partent et qu'ils laissent la place aux autres, attention !
00:04:56 Pour qu'ils laissent la place aux autres.
00:04:58 Donc en fait, le constat, c'est que tout est organisé pour, moi j'ai envie de dire, pousser les gens à la migration.
00:05:04 À aucun moment, il n'y a eu la notion de dissuasion, de protection et de défense de nos frontières.
00:05:12 Et aussi, comme je l'ai dit tout à l'heure, ironiquement, quand on va à l'aéroport aux Etats-Unis,
00:05:18 notamment au GFK, vous devez montrer vos papiers, vous devez remplir un estat,
00:05:21 vous devez faire rentrer pas de blanche.
00:05:24 Là, en fait, à aucun moment, vous n'avez le sentiment de franchir une frontière, j'ai envie de dire.
00:05:30 Au contraire, vous franchissez la mer pour obtenir mieux, effectivement,
00:05:35 recharge de téléphone, accès à un médecin, des papiers qui sont, je vous le dis, transmis entre 12 et 48 heures.
00:05:44 Et après, c'est la clé pour aller où ils veulent.
00:05:47 C'est eux qui choisissent, en bateau, en avion.
00:05:50 Donc c'était vraiment pour moi très important de relater ce témoignage, parce qu'il y a un décalage.
00:05:57 On nous dit effectivement qu'il y a du contrôle, que tout est fait pour les dissuader, qu'on levert nos frontières.
00:06:03 Eh bien, pas du tout.
00:06:04 Et une autre des questions, c'était aux gardes de côte qui étaient présents, c'est que, voilà, eux, leur rôle, ils le disent,
00:06:11 c'est d'aller les chercher sur les embarcations.
00:06:13 – Et de les ramener à terre, c'est ça ?
00:06:15 – Et point barre, c'est tout.
00:06:17 Pas de contrôle, pas de patrouille pour aller voir s'il n'y a pas des embarcations et qu'il faudrait peut-être repousser.
00:06:25 Et pas du tout, c'est pas du tout l'énergie qu'on a ressentie lors de cette visite.
00:06:29 Donc, effectivement, très intéressant.
00:06:31 – Et vous n'avez pas vu, enfin, vous n'avez peut-être pas eu le temps,
00:06:33 mais vous n'avez pas vu d'ONG qui étaient là, quand même ?
00:06:35 Parce que, eux, Orange ou pas Orange, en tout cas, vous êtes…
00:06:38 – Si, si, il y avait deux ONG, donc vous avez la Croix-Rouge, et puis il y avait deux ONG,
00:06:42 je n'ai pas retenu le nom, excusez-moi, mais il y avait quatre personnes.
00:06:45 Mais c'est vrai que c'était plus eux qui prenaient en charge les migrants,
00:06:48 là ils n'étaient pas là, comme je vous dis.
00:06:50 Pour eux, il faut déstocker, j'ai envie de dire, déstocker l'arrivée des migrants
00:06:54 pour pouvoir laisser la place aux nouveaux.
00:06:57 Donc des ONG qui sont là pour leur fournir trois repas par jour, je rappelle.
00:07:01 – Oui, Virginie, je rends juste.
00:07:03 Est-ce qu'on vous a dit le nombre, parce que quelques reporters qui sont télés là-bas,
00:07:08 nous ont dit en tout cas que la 80%, 90% des migrants, mais ça, c'est un chiffre,
00:07:14 ils n'ont pas les statistiques complètes,
00:07:16 viennent pour des raisons économiques beaucoup plus que de pays en guerre.
00:07:20 – Ça me paraît évident.
00:07:22 – Est-ce que vous avez entendu ça ?
00:07:24 – Alors, par le maire, oui, mais il avait un droit de réserve, mais c'est évident,
00:07:30 on le voit même dans les notes des agences européennes,
00:07:35 bon, ils viennent de Libye, alors Libye, effectivement, il y a le chaos,
00:07:39 mais ça c'est un peu long à l'origine, le chaos.
00:07:41 – Ils viennent du Sénégal, par exemple, et puis d'autres.
00:07:44 – Ils viennent du Sénégal, de la Nouvelle-Guinée,
00:07:46 mais c'est vrai que là, ils ne voulaient pas nous transmettre les données
00:07:48 par rapport au pays d'origine, et notamment, le genre,
00:07:51 pour savoir si c'était des femmes, des mineurs, des enfants.
00:07:54 – Oui, ils ne voulaient pas vous transmettre ces informations,
00:07:56 parce qu'ils les ont, ces informations.
00:07:58 – Et ils les ont, puisqu'ils sont obligés un petit peu de les enregistrer à un moment donné,
00:08:02 après, ce qui était édifiant, c'est qu'on leur donne des papiers,
00:08:05 et ils vont dans la nature, et on le voit bien dans les chiffres.
00:08:08 Ce matin, je les ai récupérés, ils disent qu'à peu près l'Union Européenne,
00:08:12 au global, a plus de 600 000 demandes d'asile,
00:08:15 et que ça prend entre 12 et 20 mois.
00:08:18 Ce qui veut dire que ces gens sont dans la nature pendant tout ce temps-là,
00:08:21 et on le voit bien, nous, au quotidien, on voit bien Porte de la Chapelle,
00:08:24 on voit bien que toutes ces personnes ne restent pas en Italie,
00:08:28 et elles se le vont dans des pays où on leur facilite la vie.
00:08:31 Moi, ce qui était important de souligner, c'est que l'Empedusa,
00:08:35 effectivement, est devenu le couloir, et ce n'est pas une passoire,
00:08:39 c'est devenu le couloir des entrées, des flux migratoires,
00:08:43 et rien n'est fait, même dans le pacte de migration,
00:08:46 qui est en cours de négociation, puisque ça fait depuis 2020 qu'il est sur la table,
00:08:49 qu'ils veulent le conclure en juin 2024, juste avant les élections,
00:08:52 on voit bien que ça va encore plus favoriser,
00:08:56 et donner encore plus de moyens à ces ONG, à ces agences,
00:09:01 pour continuer à faciliter.
00:09:03 Moi, j'ai envie de dire, plus que ça, qu'est-ce qu'on peut donner de plus,
00:09:06 de moyens, alors qu'il y a déjà ce couloir,
00:09:08 à part donner des colliers de fleurs et des cocktails d'arrivée,
00:09:11 ou des téléphones, comme on a vu à Douai il y a quelques jours,
00:09:14 je ne vois pas ce qu'ils peuvent donner de plus de moyens,
00:09:16 puisque l'énergie aujourd'hui de ce pacte européen, c'est de faciliter les flux.
00:09:21 Parce que nous, on dénonce, vous savez tous très bien notre position,
00:09:25 on ne peut pas accueillir toute la misère du monde,
00:09:28 M. Macron a répété cette phrase, mais nous, c'était déjà rocard à l'époque,
00:09:31 et puis nous, c'était très bien depuis longtemps qu'on est sur cette même tendance,
00:09:36 on n'a rien changé, maintenant on voit bien que dans les faits,
00:09:40 et c'est ça qui est important d'aller sur le terrain,
00:09:42 c'est que tout est fait pour faciliter leur arrivée,
00:09:47 et surtout, j'ai envie de dire, pour les pousser à venir.
00:09:50 Parce que c'est vrai que la misère, moi je suis allée souvent en pays,
00:09:53 l'Afrique, je suis allée en Sierra Leone, c'est vrai que c'est la misère,
00:09:57 c'est vrai qu'il faut du soutien, du développement économique,
00:10:00 et c'est vrai que, évidemment, comme tout le monde...
00:10:03 Là, c'est toute l'autre version du problème, l'autre versant du problème, disons-le.
00:10:06 Exactement, mais c'est humain, vous voyez un billet de 500 euros par terre,
00:10:10 qu'est-ce que vous faites ? Vous le ramassez, et vous prenez le risque pour le ramasser.
00:10:13 Donc c'est évident que l'origine du problème, on le connaît tous,
00:10:16 et nous, au lieu de contenir, au lieu d'essayer de dissuader cette arrivée,
00:10:24 eh bien on favorise, et on voit bien que ça va être de pire en pire,
00:10:28 puisque, comme je vous l'ai dit, les moyens que le pacte européen est en train de mettre en place,
00:10:33 même s'il est bloqué par certains pays de l'Est, est en cours de négociation.
00:10:37 Merci Virginie Giron, merci de votre témoignage.
00:10:39 Merci à vous.
00:10:40 Et nous avons, je crois, Jocelyne qui nous appelle.
00:10:44 Ah pardon, c'est Jocelyne, effectivement, c'est notre invité, la prochaine invitée.
00:10:50 Virginie Giron, on va continuer à parler de tout cela,
00:10:53 là on va parler avec Jocelyne Kesséada de l'Algérie,
00:10:56 il y a des Français qui ne veulent pas du tout émigrer,
00:10:59 ou traverser la Méditerranée pour aller rendre hommage à leurs défunts,
00:11:04 aux gens qui ont été enterrés en Algérie, à leurs parents et grands-parents,
00:11:08 et il semble qu'il y a quelques problèmes, on en parle tout de suite.
00:11:11 Bien sûr, bien sûr, 1962, 1962, 60 ans, un peu plus de 60 ans,
00:11:18 voilà, j'ai quitté mon pays, il s'est passé ce qu'il passait,
00:11:21 on ne va pas revenir sur l'histoire.
00:11:24 Mais quelque chose se passe aujourd'hui, justement,
00:11:27 on a parlé avec Virginie Giron, avec la semaine dernière, de l'Empédouza, des migrants, etc.
00:11:33 Et puis, il y a un certain nombre de gens, ils ne sont peut-être pas nombreux, mais ils existent,
00:11:37 qui ne veulent pas du tout émigrer en Algérie,
00:11:39 mais qui veulent aller se recueillir ou soigner le tombe de leurs parents,
00:11:45 grands-parents, arrière-grands-parents, qui sont morts là-bas.
00:11:49 Et apparemment, ça pose des problèmes.
00:11:52 - Bonjour, Jocelyne Kesséada.
00:11:54 - Bonjour, monsieur Berkoff, et merci de me permettre de m'exprimer.
00:11:59 - Bah écoutez, ça fait partie de la liberté d'expression, et c'est la nôtre.
00:12:04 Vous êtes membre du conseil sauvegarde des cimetières d'Orani.
00:12:07 Alors, si j'ai bien compris, on vous a refusé votre visa, à vous, d'entrer en Algérie,
00:12:14 pour aller, vous deviez partir dans un voyage il y a une semaine, deux semaines,
00:12:19 et vous n'avez pas pu y aller.
00:12:21 - Oui, alors nous devions partir du 22 au 27 septembre.
00:12:27 - Oui.
00:12:28 - Et nous étions 90 en tout, en deux fois.
00:12:32 Certains partant le 22, d'autres le 23.
00:12:35 Il faut dire que ce n'était pas le premier voyage.
00:12:40 Nous y sommes retournés dès 1982.
00:12:46 - D'accord.
00:12:47 Pour la première fois, 20 ans après l'indépendance.
00:12:51 - Voilà, 20 ans après l'indépendance, en 1982,
00:12:55 et le voyage avait pris la forme d'un voyage en bateau,
00:12:59 sur lequel nous étions 600.
00:13:02 Je ne me rappelle plus si à ce moment-là il fallait un visa, je ne suis pas sûre.
00:13:07 - D'accord.
00:13:08 - En tout cas, depuis, nous avons fait différents voyages, dont certains...
00:13:14 - Dont le but était quoi ? De rendre hommage aux tombes de vos parents, grands-parents, de vos familles ?
00:13:20 - Oui, alors il y avait d'abord, il y a eu des voyages à seulement quelques-uns.
00:13:25 On était là-bas pour recenser les tombes, les cimetières, les dégâts sur les cimetières,
00:13:33 et pour essayer d'y remédier.
00:13:36 - D'accord.
00:13:37 - Donc, en 2004, lors d'un voyage en Algérie,
00:13:47 nous avons retrouvé les tombes dans un état lamentable.
00:13:52 Il s'était écoulé 12 ans depuis notre précédent voyage,
00:13:57 et pendant ces années-là, c'était la décennie noire, comme ils appellent en Algérie.
00:14:02 Et à ce moment-là, nous avons retrouvé nos tombes, nos cimetières saccagées, vandalisées.
00:14:09 Oui, il y avait bien sûr l'usure du temps, comme on dit certains journalistes,
00:14:14 mais il y avait surtout eu la main de l'homme.
00:14:17 Donc, on a vu des cimetières, des tombes, des taveaux ouverts,
00:14:24 avec des ossements qui traînaient dans les allées.
00:14:27 C'est à ce moment-là que nous avons décidé de faire l'association de sauvegarde des cimetières d'Oralie.
00:14:34 - D'accord.
00:14:35 - Donc, qui a fonctionné jusqu'à maintenant,
00:14:37 en faisant des voyages seulement pour aller repérer et faire réparer,
00:14:43 et d'autres avec des gens.
00:14:47 - D'accord.
00:14:48 - C'est-à-dire que ce voyage qu'on devait faire cette année était loin d'être le premier,
00:14:52 et loin d'être aussi le plus nombreux.
00:14:55 - D'accord, oui, vous étiez 86.
00:14:57 - Le dernier voyage remontait à 2017 et nous étions 140.
00:15:01 - D'accord.
00:15:02 - Et nous n'avons jamais eu de problème pour obtenir des visas,
00:15:05 ils nous ont toujours été accordés.
00:15:07 Donc, cette année, c'est tout à fait confiant que nous avons donc lancé ce voyage,
00:15:14 et que nous sommes allés demander nos visas dans les différents consulats de France,
00:15:20 il y en avait un peu partout.
00:15:21 - Bien sûr.
00:15:22 - Mais beaucoup plus dans le Midi, c'est-à-dire qu'à Marseille,
00:15:26 nous avons déposé le 22 août 19 passeports,
00:15:31 et à Nice, ils ont déposé...
00:15:34 - Dans les consulats d'Algérie, quoi, un peu partout, c'est ça ?
00:15:37 - Dans les consulats d'Algérie, de France, voilà.
00:15:39 Donc, on nous avait dit...
00:15:42 - Alors, qu'est-ce qui s'est passé, là ?
00:15:43 - On nous avait dit "on vous appellera pour que vous reveniez chercher vos passeports avec les visas".
00:15:49 - Vos passeports avec les visas, exact.
00:15:50 - Voyant que ça n'arrivait pas, nous nous sommes quand même agités,
00:15:55 et nous avons écrit des mails, téléphoné, tout cela est resté sans réponse.
00:16:01 - Oui, oui.
00:16:02 - Donc, on avait depuis 3 ou 4 jours avant le départ,
00:16:07 connaissance que des visas avaient été refusés dans plusieurs consulats.
00:16:12 - 3 ou 4 jours avant le départ, oui.
00:16:14 - Et pire que cela,
00:16:16 certains avaient été acceptés,
00:16:19 et on a rappelé les gens pour leur dire "revenez, vos visas sont annulés".
00:16:25 - Ah bon ?
00:16:26 - Donc, ils sont allés dans ces consulats,
00:16:28 en particulier à Lyon, à Montpellier, et à Metz,
00:16:33 et on leur a mis sur le visa déjà accordé, un tampon annulé.
00:16:39 - Ah d'accord, ils avaient accordé le visa, et ils ont mis un tampon annulé sur le passeport.
00:16:43 - Absolument.
00:16:44 - D'accord.
00:16:45 - Donc, nous, la veille du départ,
00:16:48 finalement, R-Algérie, et non pas le consulat,
00:16:53 nous a appelés pour nous dire que nos visas étaient refusés,
00:16:56 que nous ne pouvions pas partir, la veille du départ.
00:16:59 - Ouais.
00:17:00 - C'est-à-dire que nos participants au voyage avaient tous leurs valises prêtes.
00:17:06 - Oui, bien sûr, c'est la veille.
00:17:08 Et, Josie Kiesada, est-ce qu'on vous a donné une raison ?
00:17:12 Est-ce que parmi les gens que vous connaissez, qu'est-ce qu'on vous a dit ?
00:17:15 - Alors, évidemment, nous sommes retournés au consulat de Marseille le 26 septembre
00:17:20 pour récupérer nos passeports.
00:17:22 - Oui.
00:17:23 - À ce moment-là, nous avons été reçus par le chef du service Visa,
00:17:27 et il nous a dit, d'une part, qu'il n'avait aucune explication à nous donner,
00:17:33 ajoutant "notre peuple est souverain et a le droit d'accepter chez eux ce qu'il veut".
00:17:43 Bon.
00:17:44 Et ensuite, il nous a dit que, parce qu'on avait payé 110 euros pour nos visas,
00:17:53 et que ça ne nous serait pas remboursé.
00:17:55 - Ah bon ? En plus ?
00:17:57 - Non.
00:17:58 - Ah, il ne vous a même pas dit "ce sera remboursé".
00:17:59 Ah oui, d'accord, c'est intéressant.
00:18:01 - Oui.
00:18:02 - Alors.
00:18:03 - Donc, pour nous, oui, ce n'est pas bien, mais ce n'est pas le pire.
00:18:07 - Non, non, bien sûr, mais c'est le geste.
00:18:09 - Oui, et participant au voyage.
00:18:12 Et c'est des octogénaires, des septuagénaires,
00:18:15 - Bien sûr.
00:18:16 - Voulant retourner, beaucoup retourner pour la première fois,
00:18:20 disant "je veux revoir mon pays natal avant de mourir".
00:18:26 - Oui.
00:18:27 - D'autres plus jeunes voulaient connaître le pays natal de leurs parents.
00:18:33 Et donc, imaginer leur tristesse, leur désarroi,
00:18:38 - Leur désarroi, leur peine, oui, bien sûr.
00:18:40 - Leur peine, hein, quand ils se sont retrouvés devant leur valise pleine,
00:18:47 et sans pouvoir y aller.
00:18:49 Certains, il y en a une qui nous a dit,
00:18:51 "mais moi j'avais même pris des fleurs artificielles pour les mettre sur la tombe,
00:18:56 j'avais pris de la peinture pour repeindre les lettres, voilà".
00:19:00 - Oui, oui.
00:19:01 - Voilà.
00:19:02 Donc, évidemment, c'est une situation qui nous met en colère,
00:19:05 parce que nous n'avons pas d'explication.
00:19:07 Il nous a quand même dit, avant qu'on s'en aille,
00:19:11 "ben la prochaine fois, essayez de revenir moins nombreux".
00:19:15 - Ah bon ? Parce qu'il estimait que 90 c'était une invasion ?
00:19:20 - Peut-être, il pensait qu'on allait refaire la conquête de l'Algérie.
00:19:24 - Attendez, il vous a dit ça, Josyne Kessada ?
00:19:26 Il vous a dit, "la prochaine fois, essayez de revenir moins nombreux".
00:19:29 - Exact.
00:19:30 - Intéressant, oui, d'accord.
00:19:32 - Oui, voilà.
00:19:33 - Et est-ce que vous allez, alors du coup,
00:19:36 est-ce que vous allez réagir ou...
00:19:39 Enfin, je ne dis pas porter plainte, parce qu'il n'y a peut-être pas...
00:19:42 - Non.
00:19:43 - Juridiquement, il n'y a pas la possibilité.
00:19:45 Mais est-ce que vous allez, dans six mois, dans un an, réessayer ? Ou pas ?
00:19:51 - Alors, pour ma part, non, c'est terminé pour moi.
00:19:55 Non, non, non, non, écoutez,
00:19:58 on nous a déjà donné un coup de pied à un soixante-deux,
00:20:00 un autre maintenant, ça suffit comme ça.
00:20:02 Les autres, je ne sais pas, ils ont tellement envie d'aller, peut-être,
00:20:06 mais on aura du mal, nous, nous, hein,
00:20:09 nous, Association, à organiser un nouveau voyage.
00:20:12 - Oui.
00:20:13 - On aura du mal, je ne sais pas, malheureusement.
00:20:15 - C'est très étonnant, on va essayer d'avoir, nous, une réponse.
00:20:20 Mais on est très étonnés, mais je voulais savoir ce qui s'était passé.
00:20:24 Mais c'est quand même tout à fait étonnant.
00:20:26 Alors, est-ce que c'est lié au fait du refroidissement des relations franco-algériennes ?
00:20:32 On le sait, pour des tas de raisons, on ne va pas rentrer là-dedans.
00:20:34 Mais je ne sais pas si vous savez, Jocelyne Kieseda,
00:20:37 j'aimerais savoir si, comment vous réagissez.
00:20:42 Vous savez que depuis cette rentrée scolaire en Algérie,
00:20:45 depuis septembre, les programmes scolaires français
00:20:48 ne doivent plus être enseignés dans les écoles privées.
00:20:50 - Oui.
00:20:51 - C'est-à-dire que l'enseignement du français est interdit dans les écoles privées,
00:20:55 pas encore dans les écoles publiques, mais est-ce que ça viendra ?
00:20:58 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:21:00 - Mais qu'est-ce que ça m'inspire ?
00:21:02 De toute façon, on y est allé tout droit.
00:21:04 Ça ne me surprend pas, en tout cas.
00:21:06 Je peux vous dire, pour être aidée plusieurs fois en Algérie,
00:21:10 le français est parlé par tout le monde, c'est vrai.
00:21:15 - Oui, oui, oui, c'est vrai.
00:21:16 - Mais il y a toute une génération qui s'éteint,
00:21:19 comme la nôtre d'ailleurs,
00:21:21 cette génération-là parlait français
00:21:25 et même parlait, pour ce qui concerne au grand, espagnol.
00:21:29 - Oui, oui.
00:21:30 - Et c'était même très drôle, parce qu'il commençait une phrase en arabe,
00:21:33 il a continué en espagnol et il a poursuivi en français.
00:21:36 - Oui, bien sûr.
00:21:37 - Voilà. Donc cette génération s'éteint.
00:21:41 Vu les rapports conflictuels, c'est le moins qu'on puisse dire,
00:21:46 entre la France et l'Algérie,
00:21:48 ce n'est pas étonnant qu'ils arrêtent le français.
00:21:53 - Et c'est l'anglais qui va remplacer tout ça.
00:21:55 - Et c'est l'anglais qui va remplacer le français.
00:21:57 Il y avait pourtant une association
00:22:02 qui avait été créée par l'association des palmes académiques
00:22:09 qui s'est occupée pendant des années de promouvoir cette langue française
00:22:14 en se déplaçant dans les écoles,
00:22:16 en faisant même des concours de textes en français.
00:22:20 Et il y avait des textes en français excellents qui étaient produits.
00:22:24 - Oui, mais vous savez, à partir du moment où il y a une politique,
00:22:27 une politique globale, une politique générale, c'est ça.
00:22:30 Joseline Kessada, merci, merci de votre témoignage.
00:22:33 Je comprends que les gens qui devaient partir, et vous-même,
00:22:36 vous ne vous sentez pas très bien.
00:22:39 - C'est le moins que l'on puisse dire.
00:22:42 - Merci encore. - Merci beaucoup.
00:22:44 - Merci Joseline Kessada. Je rappelle que vous êtes membre du collectif
00:22:46 sauvegarde des cimetières d'Oranie. On va se retrouver.
00:22:49 - Jacques Pils, vous auriez dû écouter Bruno Le Maire
00:22:51 mardi dernier à l'Assemblée nationale.
00:22:53 On parlait évidemment des taxes sur les carburants,
00:22:55 on parle beaucoup de ça, vous savez.
00:22:57 Aujourd'hui, on est à pratiquement 2 euros.
00:22:59 Et pourquoi ? Pourquoi les taxes ?
00:23:01 L'État, qui touche quoi ? Qui veut le qui ?
00:23:03 Et un député à l'air du Vincent Descoeurs
00:23:06 a interpellé le ministre de l'économie.
00:23:10 Et voici ce qu'a répondu Bruno Le Maire
00:23:13 avec l'aplomb cartésien qui le caractérise.
00:23:17 - Pourquoi les taxes sont élevées ?
00:23:19 Parce que la politique qui a été menée en France depuis le début,
00:23:22 c'est de taxer lourdement une énergie que nous ne produisons pas,
00:23:27 pour financer une énergie que nous produisons,
00:23:29 qui est l'énergie nucléaire.
00:23:31 Et nous garderons cette politique.
00:23:34 Baisser les taxes sur les carburants, M. Descoeurs,
00:23:37 c'est une triple aberration.
00:23:39 C'est une aberration écologique, car c'est financé le fossile.
00:23:42 C'est une aberration budgétaire, parce que ça creuse le trou de la dette de l'État.
00:23:46 Et c'est une aberration géopolitique,
00:23:48 parce que l'argent va tout droit dans la poche de M. Poutine.
00:23:52 - Alors là, c'est très intéressant.
00:23:54 Très intéressant, les 3 arguments.
00:23:58 Le 1er, il ment d'abord.
00:24:00 Il dit "Oui, oui, vous comprenez, on ne possède pas, nous, le pétrole,
00:24:03 et nous, on possède le nucléaire, donc on taxe pour financer le nucléaire."
00:24:08 Je rappelle qu'il y a quelques années encore,
00:24:11 on voulait réduire les centrales nucléaires de 50%.
00:24:14 En France, c'est bien, on a changé.
00:24:16 Nous, on a compris, on s'est reconverti sur les terrifiants pépins de la réalité.
00:24:19 Ensuite, l'écologie.
00:24:21 Ah, voilà ! Voilà la vraie raison.
00:24:24 On ne va pas taxer, on ne va quand même pas détaxer les énergies fossiles, ça ne va pas.
00:24:28 Nous, on veut des éoliennes et on veut des panneaux solaires.
00:24:32 Mais ce sont des intermittents du spectacle.
00:24:34 Non, non, non, non, non.
00:24:36 Alors, on ne va pas détaxer. C'est bien.
00:24:38 On ne va pas détaxer, c'est notre idéologie.
00:24:40 Et enfin, le plus beau, évidemment.
00:24:42 Vous imaginez que si on fait ça, ça va aller dans les poches de qui ?
00:24:45 De Poutine.
00:24:47 Et nous, moi Bruno Le Maire, j'ai réussi à le mettre en faillite.
00:24:50 On ne va pas resubventionner Poutine.
00:24:52 Voilà, l'explication est claire, ce qu'il fallait démontrer.
00:24:55 Voilà pourquoi votre fille est muette.
00:24:57 Et voilà pourquoi Bruno Le Maire est un prophète.
00:25:00 Tronc, parole de Jacques Lanzmann.
00:25:02 Il est 5h, je n'ai pas sommet, mais il y a beaucoup de gens aujourd'hui qui n'ont pas sommet.
00:25:05 À cause de quoi ?
00:25:06 À cause des punaises de lit.
00:25:08 Et oui, et pas seulement à Paris, un peu partout.
00:25:10 Il parait dans certains cinémas, dans certains wagons de train.
00:25:13 Oui, les punaises de lit, c'est terrifiant et c'est vrai.
00:25:16 Un mal qui répand la terreur et à juste raison.
00:25:19 Après on se gratte, on a mal, on n'est pas bien, etc.
00:25:23 Alors tout le monde y va de son explication et surtout de sa prévention.
00:25:27 Mais évidemment, nous avons la réponse, et il a raison de faire sa réponse,
00:25:33 avec Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la maire Anne Hidalgo.
00:25:38 Il est en charge de l'urbanisme.
00:25:40 Alors voilà, il faut que la mairie de Paris, évidemment, dans sa grande sagesse,
00:25:45 a demandé un plan de lutte contre les punaises de lit,
00:25:48 comme, je pense, tous les maires des villes qui sont concernées.
00:25:52 Alors que dit Emmanuel Grégoire ?
00:25:55 Il faut intervenir le plus rapidement possible.
00:25:58 Évidemment, on doit apprendre à vivre avec les punaises de lit,
00:26:01 on ne va pas les éradiquer de la terre, mais il faut vraiment agir le plus tôt possible.
00:26:05 Alors là, les bras m'entombent.
00:26:08 Mais vous savez, les bras m'entombent, heureusement on est assis.
00:26:10 Vous savez, à Sud Radio, on est bien, on a un studio confortable.
00:26:13 Et j'entends "il faut apprendre à vivre avec les punaises de lit".
00:26:18 Ça m'a rappelé cette conseillère municipale de Strasbourg,
00:26:21 il faut apprendre à vivre avec les rares, il faut apprendre...
00:26:23 Mais oui, voyez, vivons ensemble, c'est le vivre ensemble.
00:26:26 Et le vivre ensemble avec les punaises de lit, et bien c'est la diversité.
00:26:30 Mais oui, il faut être tolérant, il faut être bienveillant avec les punaises de lit.
00:26:34 On va les combattre, bien sûr, mais quand même,
00:26:36 on ne pourra pas les éradiquer de la surface de la terre.
00:26:38 D'ailleurs, ce serait dégueulasse, ce serait un crime contre l'animalité.
00:26:42 Non, non, non, non, non, soignons-les, faisons vraiment tout ce qu'il faut pour ça.
00:26:47 Et il s'appelle Emmanuel Grégoire, il est premier adjoint de la mairie de Paris,
00:26:51 alors ils vont se battre, effectivement, c'est réapparu ces punaises de lit,
00:26:56 et touche un foyer sur dix en France ces dernières années.
00:27:00 Mais, mais, mais, attention, apprenez à vivre aussi avec les punaises de lit.
00:27:06 C'est-à-dire, ok, débarrassez-vous-en, mais pas comme ça,
00:27:10 n'envoie pas dans leur terreau d'origine, s'il vous plaît, les punaises de lit.
00:27:15 Voilà, on va en prendre à vivre ensemble, et c'est très bien.
00:27:19 Aurait dit Michel, vieille canaille, vieille canaille,
00:27:22 et puis là, c'est l'heure des règlements de comptes.
00:27:25 Agnès Buzyn, qui fut ministre de la Santé au début du Covid, entre janvier et juin 2020,
00:27:32 eh bien, règle ses comptes, elle, dans un livre qu'elle vient de publier,
00:27:36 le journal Janvier-Juin 2020, où elle explique les choses.
00:27:39 Alors, il y a des moments formidables avec Agnès Buzyn,
00:27:42 parce qu'aujourd'hui, elle dit "je savais, je savais, je savais, j'ai prévenu,
00:27:47 j'étais le seul à prévenir le Premier ministre et à prévenir le Président que ça allait aller très mal".
00:27:53 Oui, mais, oui, mais, on a quelques sonores, on ne va pas tous vous les donner,
00:27:58 parce que ça prendrait une heure.
00:27:59 Qu'est-ce qu'elle disait, Agnès Buzyn, en 2020 ?
00:28:03 Rappelez-vous, écoutez.
00:28:06 Les analyses de risque d'importation sont modélisées régulièrement par les équipes de recherche.
00:28:12 Le risque d'importation de cas depuis Wuhan est modéré.
00:28:15 Il est maintenant pratiquement nul, puisque la ville, vous le savez, est isolée.
00:28:21 Les risques de cas secondaires autour d'un cas importé sont très faibles,
00:28:26 et les risques de propagation du virus dans la population sont très faibles.
00:28:30 Cela peut évoluer, évidemment, dans les prochains jours.
00:28:33 Ici, il apparaissait que plus de villes sont concernées en Chine,
00:28:36 ou plus de pays, notamment de pays de l'Union Européenne.
00:28:39 Voilà, donc Wuhan, le risque est nul, le risque tout ça,
00:28:44 voilà ce que je disais tranquillement et ouvertement, et de façon sonore, Agnès Buzyn.
00:28:49 Et puis, et puis, et puis, et puis, et ben après, deux ans après, deux ans et demi après,
00:28:55 ce n'est plus le même son de cloche écouté.
00:28:59 J'avais passé une journée épouvantable.
00:29:01 J'étais très fatiguée.
00:29:04 Donc, ce que j'ai dit au monde ce jour-là, c'était arrêter de dire que je n'ai rien vu, j'ai tout vu.
00:29:09 J'ai tout vu, j'ai préparé.
00:29:11 Parce que j'ai pressenti, j'ai senti un danger, bien avant les autres.
00:29:16 Le Premier ministre l'a tout de suite perçu avec moi, et il a été avec moi en permanence.
00:29:22 Il m'a fait une confiance totale pendant cette période.
00:29:24 Voilà, totale confiance totale, on se rappelle ce qu'on disait sur les masques.
00:29:29 On se rappelle, effectivement, vous vous rappelez que dans les aéroports, on mettait des signaux,
00:29:35 des petites feuilles en disant "écoutez, attention, faites attention dans les aéroports, etc."
00:29:40 Voilà, donc c'était ça ce que disait Agnès Buzyn.
00:29:44 Et dans son livre, alors dans son livre, c'est quand même formidable,
00:29:48 elle donne les tweets qu'elle a échangés avec le Premier ministre,
00:29:54 avec Édouard Philippe à l'époque, effectivement.
00:29:57 Et elle dit des choses incroyables du point de vue du tweet.
00:30:01 Voilà ce que... Attendez, j'essaie de retrouver ce qu'elle disait du point de vue des tweets.
00:30:09 Voilà.
00:30:11 Elle disait ça, elle envoie à Édouard Philippe un message bien senti.
00:30:17 Elle dit "Voilà, Édouard, vous êtes en dehors de la plaque, complètement, si tu as encore confiance en moi, etc."
00:30:25 Et elle traite de dingue le professeur Raoult,
00:30:31 il se dingue vraiment qu'il est là avec ses seringues, c'était des écouvillons.
00:30:35 C'était pas possible.
00:30:39 Et voilà.
00:30:40 C'est très intéressant toujours de voir la différence entre ce qui se disait à l'époque,
00:30:46 du point de vue public, bon, on savait moins de choses qu'aujourd'hui,
00:30:49 mais aujourd'hui, et alors arrivent les justifications, les règlements de comptes, les auto-justifications,
00:30:55 j'appelle ça un nuage, un sacré nuage de fumée,
00:30:59 mais pourquoi pas, on a le droit effectivement de se tromper.
00:31:03 On a moins le droit de dire qu'on savait tout et qu'on avait tout dit.
00:31:07 Parce qu'à ce moment-là, Agnès Buzyn, il fallait le dire publi-que-ment
00:31:12 et ne pas partir aux élections de la mairie de Paris.
00:31:15 À des moments, il faut quand même prendre ses responsabilités et dire les choses
00:31:20 et ne pas avoir peur de dire les choses, de peur d'avoir des tournants de carrière qui sont protégés.
00:31:25 Et oui, c'est comme ça, la vie.
00:31:27 - Aujourd'hui, on a le plaisir d'accueillir Pascal Péry, journaliste, éditorialiste et surtout auteur de ce nouveau livre,
00:31:33 "Génération Farnente", c'est publié aux éditions de l'Archipel. Bonjour Pascal Péry.
00:31:36 - Bonjour.
00:31:37 Pascal Péry, essayiste, éditorialiste à LCI,
00:31:42 et il a écrit vraiment beaucoup de choses sur beaucoup de domaines.
00:31:46 Les retraites déjà, à quelques temps, l'écologie, les impôts,
00:31:51 la bataille du pouvoir d'achat, toujours moins cher, etc. et beaucoup d'autres.
00:31:56 Et là, alors là, "Génération Farnente".
00:32:00 Et d'ailleurs, c'est intéressant, votre couverture, où il y a quelqu'un qui est en costume cravate,
00:32:04 enfin, il n'a pas sa veste, mais il a la cravate, il est pieds nus,
00:32:07 et puis il est sur une plage, et puis il essaie de se reposer.
00:32:10 - Il est sans transat.
00:32:11 - Il est sans transat, voilà.
00:32:12 Alors Pascal Péry, effectivement, vous parlez, au fond, vous parlez du Farnente, vous parlez du travail.
00:32:19 Ce qui est intéressant, c'est ça, c'est que vous vous exposez au fond,
00:32:23 qu'il y a quelque chose entre les Français, le travail,
00:32:26 c'était l'amour il y a peut-être 50 ans, au moment de la reconstruction,
00:32:30 et maintenant on a l'impression qu'il y a des problèmes de l'eau dans le gaz.
00:32:33 - Oui, c'est vrai que, on le constate aujourd'hui dans les études qui sont faites,
00:32:37 mais on le constate aussi dans notre vie quotidienne, parce qu'on rencontre du monde, évidemment.
00:32:41 Autant le travail a structuré la vie de nos parents et grands-parents au XXe siècle,
00:32:46 autant on a l'impression qu'on a affaire aujourd'hui à des générations plus jeunes,
00:32:49 mais pas seulement d'ailleurs.
00:32:51 Le genre pour qui le travail est relativement accessoire,
00:32:53 enfin, c'est pas une urgence, si vous voulez.
00:32:55 Alors, c'est dû à quoi ?
00:32:56 - C'est pas une priorité, quoi.
00:32:57 - C'est loin d'être une urgence, c'est loin d'être une priorité dans la vie, effectivement.
00:33:00 C'est un peu la prophétie de Jean Viard, vous savez, le sociologue,
00:33:03 qui dit "Au XXe siècle, on organisait sa vie autour de son travail,
00:33:07 au XXIe siècle, on organise sa vie autour de sa vie privée."
00:33:11 Et les patrons qui évoquent leur rencontre avec des candidats au travail,
00:33:16 le ressentent, beaucoup racontent, témoignent,
00:33:19 pour dire en substance qu'aujourd'hui, leur rapport de force s'est inversé.
00:33:23 D'abord pour des raisons un peu démographiques,
00:33:25 parce qu'il n'y a pas suffisamment de candidats au travail,
00:33:28 et aussi parce que le contenu, les exigences sont nouvelles.
00:33:32 Au fond, le candidat arrive et c'est le patron qui passe le grand oral.
00:33:37 On lui demande si...
00:33:39 - C'est un peu exagéré, ça, Pascal, quand même.
00:33:41 - Ah, je suis pas certain que ce soit tout à fait exagéré dans tous les cas.
00:33:46 Alors, évidemment, il y a...
00:33:48 - Oui.
00:33:49 - Ah, non, non, non, non, écoutez, je vous invite...
00:33:51 - Vous avez interrogé des grands patrons.
00:33:53 - J'ai interrogé des grands et des petits patrons.
00:33:55 Alors, il y a quelques patrons par atavisme au Vernia,
00:33:58 j'ai interrogé beaucoup de patrons au Vernia,
00:34:01 des dirigeants d'entreprises, des ETI, entreprises de taille intermédiaire,
00:34:06 des PME, des entreprises qui sont extrêmement profitables.
00:34:09 Il y en a un notamment qui dirige une grande entreprise
00:34:12 qui a été un groupe, alors dans le secteur du bâtiment, de l'aéronautique,
00:34:17 une activité industrielle qui dit, voilà,
00:34:19 j'ai des jeunes gens aujourd'hui, ils veulent travailler avec les réseaux sociaux.
00:34:22 Ils veulent travailler et en même temps, l'écran est allumé,
00:34:25 puis il y a les réseaux sociaux.
00:34:27 Mes cadres, évidemment, se plaignent d'une baisse de productivité.
00:34:31 J'ai dû désavouer mes cadres, parce que, en réalité,
00:34:35 si je n'avais pas donné satisfaction à ces jeunes gens,
00:34:38 ils seraient partis. Ils seraient partis parce qu'il y a aujourd'hui,
00:34:41 ils ont une certaine compétence, hein, alors il faut le faire,
00:34:44 il faut être en situation de rapport de force favorable.
00:34:46 C'est-à-dire que c'est des gens qui savent faire des choses,
00:34:49 qui ont de la compétence, et donc, comme il y a des emplois,
00:34:52 pour voir, un peu partout, les patrons sont obligés de s'adapter.
00:34:56 - Pardon André, mais le grand oral, c'est un peu ça.
00:35:00 Vous êtes candidat pour venir travailler,
00:35:03 et bien c'est vous qui allez poser les questions.
00:35:05 Est-ce qu'il y a un comité d'entreprise ?
00:35:07 Est-ce que j'aurai 48 heures ? Est-ce qu'il y a des chèques restaurant ?
00:35:10 Souvent, d'ailleurs, les questions sur le contenu de la mission
00:35:13 arrivent longtemps après. On a l'impression, parfois,
00:35:16 alors ce n'est pas le cas de tous les jeunes, hein,
00:35:18 vous avez raison, on ne va pas généraliser,
00:35:21 mais quand même, et c'est ce qui intéresse toujours un économiste,
00:35:24 c'est une tendance. C'est une tendance qui se renforce.
00:35:28 - Mais alors, ce que vous dites, alors plusieurs patrons vous ont dit ça,
00:35:32 donc effectivement, mais alors, est-ce que c'est le travail,
00:35:35 ou est-ce que c'est le confort ? C'est-à-dire pour ces jeunes qui candidatent,
00:35:39 ou en tout cas qui... Est-ce que c'est quelque chose de se dire,
00:35:43 "Ecoutez, la vie, ce n'est pas le travail."
00:35:45 - Oui. - Bon, la vie, c'est un peu ça.
00:35:47 - Oui, c'est un peu ça. - Et donc, je veux savoir si ma vie sera quand même
00:35:49 agréable en étant là, sinon, ce n'est pas le cas.
00:35:52 Et je veux savoir si la part de contraintes que vous m'imposez
00:35:55 est acceptable pour moi.
00:35:57 Vous m'imposez des contraintes, je vais venir travailler chez vous.
00:36:00 - Oui. - Alors, j'explique d'ailleurs un moment dans le livre
00:36:03 qui a, à mon avis, depuis très longtemps, un malentendu en France.
00:36:06 C'est-à-dire que le salarié n'est pas la propriété du patron.
00:36:10 En revanche, les heures de travail du salarié sont la propriété du patron,
00:36:16 parce qu'il les rémunère. En fait, le contrat de travail,
00:36:18 c'est un contrat de subordination. Et donc, on est subordonné à un patron,
00:36:22 à une hiérarchie, à des contraintes de production.
00:36:25 Il ne faut pas l'oublier. Ce n'est pas une colonie de vacances.
00:36:28 - Et puis, vous êtes payé pour ça. - Vous êtes payé pour ça, absolument.
00:36:32 Il faut venir. Donc, en effet, il y a des patrons qui ont des petites techniques.
00:36:37 Alors, j'en ai rencontré un autre dans une très jolie vallée au Verniat,
00:36:40 qui dirige une entreprise qui est installée partout dans le monde,
00:36:44 qui fabrique des câbles, les câbles de l'extrême.
00:36:47 Qui équipe les TGV, les centrales nucléaires, les stations spatiales.
00:36:50 Donc, c'est vraiment de la techno.
00:36:52 Et donc, il a une technique pour les recruter.
00:36:55 Souvent, c'est de jeunes ingénieurs ou des techniciens,
00:36:58 des gens relativement bien formés. Il les fait venir à l'endroit où ils se trouvent.
00:37:01 C'est une jolie vallée au Verniat, mais c'est une petite ville de 5 à 6 000 habitants.
00:37:04 Et alors, le premier contact, au fond, est déjà une espèce de réponse.
00:37:08 Celui qui est soluble dans cet environnement-là pourra probablement s'intégrer.
00:37:13 Ensuite, on parle du contenu de la mission.
00:37:16 Il m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup frappé.
00:37:19 Il m'a dit "De plus en plus, je recrute des gens pour ce qu'ils sont,
00:37:22 et non pas pour ce qu'ils savent.
00:37:24 Parce que ce qu'ils ne savent pas, je peux le leur apprendre.
00:37:27 Ce qu'ils sont, en revanche, profondément, je ne peux pas le changer."
00:37:30 - Bien sûr, c'est intéressant.
00:37:32 En fait, c'est oui, parce qu'on disait toujours "Le problème, c'est de faire."
00:37:35 Puisque là, vous êtes là pour travailler.
00:37:37 Vous vous recueurez pour vos compétences, en tout cas.
00:37:40 Et là, vous dites "Oui, mais il y a aussi l'être humain."
00:37:43 - Il y a aussi l'être humain. - Est-ce qu'ils prennent le temps, justement, que vous en parlez ?
00:37:46 Est-ce que, dans ce rapport au travail, les patrons ou les DRH, etc.,
00:37:51 prennent le temps de sonder, je veux dire, les impétrants, les futurs candidats ou les candidats ?
00:37:58 Est-ce qu'il y a le temps de ça ? Parce qu'il y a aussi...
00:38:00 - Pas assez. Pas assez. Je pense que c'est une question fondamentale.
00:38:04 C'est-à-dire qu'il y a non seulement des malentendus,
00:38:06 mais je crois qu'il y a aussi des maladresses de part et d'autre.
00:38:09 Peut-être qu'il y a des salariés qui, aujourd'hui, sont trop exigeants.
00:38:12 Peut-être qu'ils confondent l'entreprise et le centre de vacances.
00:38:16 - Oui, exactement. - Ou de loisirs.
00:38:18 Mais vous avez aussi, depuis très longtemps en France, un management,
00:38:21 une direction d'entreprise qui est très verticale.
00:38:24 Au fond, André, on a importé dans l'entreprise le modèle monarchique, qui est le nôtre.
00:38:30 Il y a le patron, et puis ça descend, c'est très vertical.
00:38:34 Et ce management, par circulaire, par directive, ne fonctionne plus.
00:38:41 On n'est plus dans un monde d'obéissance parfaite, si vous voulez.
00:38:44 L'obéissance, c'est la civilisation de l'Asie.
00:38:48 Nous sommes des contestataires.
00:38:50 Et pendant très longtemps, si le rapport de force était plutôt favorable au patron,
00:38:54 vous savez, c'était la formule célèbre.
00:38:56 "Ton boulot ne te plaît pas ? C'est pas très grave. Tu peux t'en aller, j'en ai 15 qui attendent."
00:39:00 Aujourd'hui, le rapport de force est complètement inversé.
00:39:02 On fait tout pour garder les gens qui sont là, et qui sont à l'heure pour travailler.
00:39:07 Et donc, ça va impliquer probablement des relations plus horizontales dans l'entreprise.
00:39:13 Non pas nécessairement fondées sur l'obéissance, sur la discipline, mais sur un peu plus, sur le partage.
00:39:19 - Et ça, c'est déjà, Pascal Péry, d'ailleurs, vous le dites dans "Rudely", c'est déjà entamé.
00:39:24 - Oui, c'est très entamé. - C'est une espèce de mutation, je dirais mentale.
00:39:27 - Oui, c'est entamé dans les grosses boîtes.
00:39:30 Je pense qu'ils ont compris, parce qu'ils ont des moyens pour mieux gérer les relations humaines,
00:39:34 qu'il fallait une relation de confiance.
00:39:37 Alors, ça a aussi des inconvénients.
00:39:39 Les grandes boîtes, souvent, c'est des armées.
00:39:41 Des armées mexicaines avec des strates intermédiaires de commandement
00:39:45 qui sont autant de contraintes supplémentaires,
00:39:48 et qui alimentent précisément ce monde de l'obéissance.
00:39:52 Mais dans les petites entreprises, il y a deux types de réactions.
00:39:55 Il y a, au fond, le patron qui comprend très bien,
00:39:57 parce qu'il est au contact de ceux avec qui il travaille.
00:40:00 C'est une petite équipe, c'est une dizaine de personnes, c'est une communauté de vie.
00:40:03 C'est l'affection societatiste, c'est-à-dire qu'on est ensemble,
00:40:06 et on est heureux d'être ensemble, on travaille dans le cadre d'un projet.
00:40:10 Lui, il comprend tout de suite.
00:40:12 Il comprend qu'il ne peut pas leur mettre des coups de pieds aux fesses.
00:40:14 Il faut expliquer. Il faut expliquer et partager les décisions.
00:40:18 Et puis, il y a ceux qui ne comprennent toujours pas,
00:40:22 et qui souvent, d'ailleurs, se retrouvent avec de vraies difficultés,
00:40:24 qui se retrouvent seuls dans un certain nombre de cas.
00:40:26 - Alors, on va parler, justement, après une petite pause,
00:40:29 avec Pascal Péry, un livre que je recommande vraiment,
00:40:32 "La relation fermiante", en fait, c'est le rapport au travail.
00:40:34 On va parler du droit à la paresse, et on va parler des syndicats.
00:40:38 C'est quand même intéressant. C'est vraiment différent.
00:40:40 Le droit à la paresse, vous en parlez dans votre livre,
00:40:43 c'est qu'au fond, est-ce que les Français, au fond, se disent
00:40:45 "Ça va, c'est un mal nécessaire, le travail, mais c'est pas ça qui compte."
00:40:50 Et puis, vous en parlez aussi, les positions acquises, les droits acquis,
00:40:55 et vous parlez très bien dans votre livre, du droit et des devoirs.
00:40:59 On a oublié peut-être une partie, et puis l'autre partie.
00:41:04 - On marche sur un pied. - Voilà, exact.
00:41:06 Unijambiste.
00:41:07 - Et puis, si ça vous fait réagir, vous restez bien avec nous,
00:41:09 sur Sud Radio, 0800 26 300 300, pour poser une question à Pascal Péry ou André Bercoff.
00:41:13 Vous connaissez le numéro, 0800 26 300 300. A tout de suite.
00:41:16 - Alors, Pascal Péry, on a commencé à parler, effectivement,
00:41:20 du rapport des Français au travail, de l'avis, effectivement, des patrons,
00:41:23 qui sont en train de revoir leur logiciel, par rapport à leurs employés,
00:41:26 en tout cas certains, et par rapport à dire "attendez, oui, d'accord,
00:41:30 il y a le travail, mais il y a la vie, etc."
00:41:32 Les loisirs. - Et les loisirs, absolument.
00:41:34 - Et le divertissement. - Voilà.
00:41:36 - Comme disait Pascal, le malheur de l'homme tient à ce qu'il ne peut pas
00:41:40 rester dans sa chambre. - Oui, mais je veux faire une différence
00:41:43 entre les loisirs et le divertissement, parce que le loisir peut être actif.
00:41:46 Le divertissement, c'est cette génération que je décris,
00:41:49 qui est la génération Netflix Deliveroo, et qui est les fesses dans un canapé,
00:41:54 qui considère que le canapé est le centre du monde.
00:41:57 - Absolument. - Et on prépare les pop-corn,
00:42:00 et puis le reste, ça va. - À peu près.
00:42:02 - Mais quand même, parlons, alors, est-ce que ça veut dire
00:42:05 que les Français sont devenus paresseux ?
00:42:08 Parce que vous parlez dans votre livre, c'est amusant,
00:42:11 le genre de Marx, Paul Lafarge, le droit à la paresse,
00:42:14 bon, c'est pas d'hier, ça, mais est-ce que franchement, on peut dire
00:42:18 "ben écoutez, en fait, les Français, tout ça, vous parlez de l'âge de la retraite,
00:42:22 alors que tous les autres pays sont à 67, 66, 67 ans,
00:42:26 on sait très bien, et nous on dit "mais non, mais c'est dégueulasse, voilà,
00:42:29 et vous parlez des parlementaires de Mélenchon à d'autres,
00:42:32 qui disent "mais c'est pas possible, on enlève, on prive les Français de leur vie"
00:42:37 est-ce que c'est un sentiment de paresse, ou un sentiment de dire
00:42:40 "non, on n'a plus envie de vivre la vie que vous nous donniez" ?
00:42:44 - Écoutez, il est possible qu'il y ait une génération qui ait vu,
00:42:47 et par exemple, beaucoup travailler, et que ça ait pu être dissuasif.
00:42:51 Maintenant, il y a en France quand même encore des gens qui travaillent.
00:42:55 On rappelle qu'on produit, oui, on produit quand même de la richesse dans ce pays.
00:42:59 Simplement, moi j'estime qu'il y a un tiers de gens qui travaillent beaucoup,
00:43:02 beaucoup plus que les 35 heures, qui sont un peu les forces vives de ce pays,
00:43:05 qui produisent de la valeur. - C'est ceux qui font marcher la machine ?
00:43:07 - C'est eux qui font marcher la machine, vous avez un tiers de gens qui travaillent à peu près normalement,
00:43:10 c'est-à-dire qui travaillent juste ce qu'il faut travailler,
00:43:13 alors ce n'est pas, ce ne sont pas des aigles, mais c'est des gens qui participent au processus de production,
00:43:18 et puis vous avez un tiers de gens qui sont dans le halo de l'inactivité,
00:43:22 c'est-à-dire des gens qui travaillent mais qui ne travaillent pas en réalité,
00:43:25 des gens qui sont hors du travail, qui manquent de formation,
00:43:28 et qui souvent bénéficient de l'assistance sociale, et pas de l'assurance sociale.
00:43:33 Ce que j'observe aussi, c'est que, en effet, puisque vous évoquiez le droit à la paresse,
00:43:37 Paul Laffage, le gendre de Karl Marx en effet, c'est le mari de sa deuxième fille,
00:43:42 il écrit le droit à la paresse à la fin du 19ème siècle,
00:43:46 alors qu'on travaille 3500 heures par an.
00:43:49 On travaille 1607 heures en France aujourd'hui, donc tous ceux qui, comme Sandrine Rousseau...
00:43:53 - C'est ça, c'est important ça, on est passé de 3500 heures à 1600 heures aujourd'hui par an.
00:43:58 - Oui, et d'ailleurs, il y a encore un héritage marxiste en France,
00:44:03 c'est à mon avis que la 3ème République rate complètement les grandes réformes économiques et sociales,
00:44:08 elle est obsédée par la lutte contre l'Église, par la laïcité,
00:44:12 et donc elle oublie le camp des travailleurs.
00:44:14 Bon, ceci étant dit, revenons à ce qui se passe aujourd'hui.
00:44:17 Aujourd'hui, oui, il y a une partie de la gauche qui est authentiquement décroissante,
00:44:24 c'est-à-dire qui considère que le travail est plus une malédiction qu'une émancipation.
00:44:30 - Les écologistes.
00:44:31 - Les écologistes en font partie, Sandrine Rousseau qui dit
00:44:34 "si on remplaçait le capitalisme par une bonne sieste",
00:44:37 bon, c'est des formules, si vous voulez, qui sont un peu à l'emporte-pièce,
00:44:41 on voit que ça trahit quand même une idée qui est qu'il faut arrêter le processus de production.
00:44:45 Or, moi je rappelle quand même que dans notre société,
00:44:48 c'est la quantité de travail qui produit la protection sociale,
00:44:51 c'est ce qu'ont voulu la gauche et la droite au lendemain de la guerre, 1945.
00:44:55 - Et si on dépense des dizaines de milliards, il faut les produire ces dizaines de milliards.
00:44:58 - Mais il faut les produire, vous avez raison,
00:45:00 les 230 milliards d'euros de dépenses de santé chaque année,
00:45:03 comment on les finance si ce n'est par le travail en partie ?
00:45:07 Il y a un peu d'impôts, il y a un peu de CSG,
00:45:09 mais majoritairement, ça reste la quantité de travail.
00:45:12 Et c'est un modèle auquel la gauche devrait être attachée.
00:45:15 Pourquoi ? Parce que c'est un modèle dans lequel les salariés produisent leurs propres droits.
00:45:20 Ils ne dépendent plus de la charité...
00:45:22 - Ils se protègent.
00:45:23 - Oui, exactement, ils ne dépendent plus de la charité de l'État ou de la charité du patron.
00:45:28 On est sortis du 19e siècle, dans le 20e siècle, on rentre dans le monde des assurances.
00:45:32 Et donc il faut continuer de travailler,
00:45:34 et je ne comprends pas bien parfois l'attitude des syndicats,
00:45:37 de certains syndicats en tout cas, qui freinent des deux pieds.
00:45:41 Alors, les formules un peu, là aussi à l'emporte-pièce,
00:45:44 mais on nous vole deux ans de vie.
00:45:46 Jean-Luc Mélenchon, ce sont des formules qui n'ont aucun rapport avec la réalité.
00:45:51 D'abord parce qu'en France, on vit en moyenne entre 22 et 25 ans à la retraite.
00:45:56 Vous vous rendez compte ? C'est une conquête sociale formidable.
00:45:59 - C'est plus il y a 100 ans où on le vit de 50 ans de plus.
00:46:01 - Non, bien sûr que non, bien sûr que non, on a cherché à faire croire.
00:46:03 Ce qui est formidable, André Bercoff, c'est qu'à l'époque, qui est la nôtre,
00:46:07 qui devrait être un monde dérudie, on croit encore les sorcières.
00:46:13 Il y a une partie de la population qui croit sincèrement qu'on meurt à 62 ans en quittant son emploi.
00:46:19 Il suffit d'abord d'ouvrir les yeux autour de nous, de consulter les statistiques.
00:46:23 - Les âges légals des décès.
00:46:25 - Oui, pour voir que non, en France, les femmes vivent, je crois que c'est entre 25 et 26 ans en moyenne à la retraite,
00:46:31 à toucher une pension, les hommes de 21 ans.
00:46:34 Qui peut légitimement prétendre que le travail tue ?
00:46:37 Mais non, c'est le contraire ! C'est l'inactivité, c'est l'ennui qui tue.
00:46:41 - L'oisiveté est la mère de tous les vices, dis-t-on.
00:46:44 Mais juste un mot à propos.
00:46:46 Vous parlez des syndicats, Pascal Péry, vous en parlez dans votre livre,
00:46:51 mais il y a deux ou trois anecdotes qui m'ont fait, j'allais dire, rire au lieu d'être obligé d'en pleurer.
00:46:57 Dans l'audiovisuel public, vous racontez certains trucs des syndicats par rapport à la position des caméras.
00:47:02 - Oui.
00:47:03 - Que j'ai trouvé hallucinant, mais racontez parce que...
00:47:05 - La scène...
00:47:06 - C'est-à-dire que, au fond, les syndicats, enfin certains syndicats, on ne va pas généraliser, mais quand même,
00:47:10 il y a dans ce qui compte, c'est, moi je finis à 13h15, tu me dis de rester jusqu'à 13h20, il n'en est pas question.
00:47:16 - Ah non, la réponse c'est non. Ou alors j'embauche à 13h15, ou alors le journaliste embauche à 13h15,
00:47:23 mais il est déjà prêt à 13h10 pour faire un direct, et on lui répond en régie, il y a un délégué syndical qui est là,
00:47:31 une personne qui travaille qui est là, délégué syndical, hors de question.
00:47:34 - Histoire authentique.
00:47:35 - Ah non, c'est des histoires vraies. L'histoire de la pompe à essence est très simple, ça s'est passé pendant,
00:47:40 vous savez, la tension d'approvisionnement en pétrole.
00:47:43 Vous avez une caméra qui est là, un journaliste avec un journaliste-reporteur d'image,
00:47:47 présumé journaliste-reporteur d'image, qui est là pour interroger les gens, c'est un direct,
00:47:52 un direct à la télévision publique, donc, et c'est une chaîne d'infos,
00:47:56 et alors on demande en régie à ce JRI, à cet opérateur, de changer l'axe de la caméra pour qu'on voit bien les voitures,
00:48:04 parce que la caméra donne dans un champ. On ne voit rien, si vous voulez.
00:48:08 - On ne voit pas les voitures.
00:48:09 - On ne voit pas les voitures qui font la file d'attente interminable, etc.
00:48:12 Et le type répond "non je suis désolé, moi je suis opérateur de vue, je ne suis pas journaliste, je ne touche pas la caméra".
00:48:17 Donc le type est arrivé, il a posé la caméra, et le pauvre journaliste qui devait faire son direct,
00:48:22 a fait son direct avec un champ derrière lui, et pas de fil de voiture.
00:48:26 C'est une succession, vous avez des mondes qui sont des mondes hyper protégés.
00:48:30 Le paradoxe de ce pays, c'est ça, c'est que vous avez des types qui mouillent leur chemise tous les jours,
00:48:34 qui mettent leur argent sur la table, qui parfois engagent l'argent de leurs enfants,
00:48:39 et puis de l'autre côté, vous avez des gens qui ne considèrent que les droits auxquels ils ont accès,
00:48:46 qui ne sont même pas des droits acquis, ils vous disent "c'est des droits conquis".
00:48:49 Une fois qu'on a conquis mon vieux, c'est fini, on ne revient pas dessus.
00:48:53 Alors, puisque vous parlez de l'audiovisuel public, j'hésite à dire du mal,
00:48:57 mais malgré tout, je suis citoyen, je paye des impôts, je vois que le budget de l'audiovisuel public va encore augmenter,
00:49:05 et que les Français payent, les Français seraient en droit d'attendre d'abord une information honnête, ouverte, pluraliste,
00:49:14 - Diverse, c'est divers. - Diverse absolument, qui laisse une parole à toutes les voix qui s'expriment dans la société française,
00:49:21 et un minimum d'engagement des salariés. Quand vous portez le service public, vous portez l'intérêt supérieur du pays,
00:49:29 vous devez vous engager, ce n'est pas simplement une collection de droits, ce n'est pas un catalogue de droits,
00:49:35 le service public ça devrait être aussi un bréviaire, des devoirs et des engagements.
00:49:41 - Oui, non mais c'est ça aussi, c'est intéressant parce que vous en parliez bien, ça freine aussi le côté de dire,
00:49:49 attendez le travail, non mais on a tous été éduqué ça, mais même, heureusement il y a beaucoup de jeunes qui le comprennent,
00:49:55 je veux dire, si tu fais rien, tu veux quoi ? Et ça c'est tout le côté aide sociale, et je voudrais vous faire écouter quelque chose,
00:50:02 Thibault, écoutez ça, ça a fait beaucoup de scandales, c'est quelqu'un qui explique, c'est une partie de la chose,
00:50:09 mais ça va assez loin, Pascal Péry, écoutez quelqu'un qui dit, voilà comment on peut, avec les aides, avec les trucs,
00:50:17 rien foutre et truander l'État, voilà, écoutez.
00:50:21 - Bien évidemment, il faut savoir que je peux toucher l'AH en vivant à l'étranger, je peux toucher l'AH en vivant au Japon,
00:50:27 en vivant aux Émirats Arabes Unis, au Canada, aux États-Unis, j'ai l'occasion d'avoir l'AH, même si vous êtes en bonne santé,
00:50:32 moi, alhamdoulilah, je suis en bonne santé, je ne suis pas en fauteuil roulant, je ne suis pas aveugle, je suis en bonne santé,
00:50:37 alhamdoulilah, grâce à Dieu, je suis en bonne santé, je suis juste handicapé sur le papier, parce que je me suis arrangé avec un médecin,
00:50:41 parce que je l'ai manipulé, parce que la manipulation et la persuasion est une science qu'il faut acquérir, chers amis,
00:50:46 et moi, je vais vous aider à toucher l'AH, à vivre dignement en touchant des allocations généreuses, sans travailler,
00:50:52 parce que tous ces salariés-là, tous ces crétins de salariés qui se lèvent le matin pour aller bosser,
00:50:57 qui sont hypocrites, qui baissent leurs pantalons devant leur patron, tous ces crétins de salariés,
00:51:02 et bien ces crétins de salariés, dans leur bulletin de paye, on enlève les cotisations sociales,
00:51:07 et ces cotisations sociales, elles payent mon AH, elles payent mon allocation adulte handicapé,
00:51:11 et mon allocation de solidarité spécifique, mon ISS, donc tous ces crétins de salariés,
00:51:15 ils vont bosser pour payer mes allocations, c'est comme ça, c'est Dieu qui donne, alhamdoulilah, voilà,
00:51:20 et pour 300 euros, vous me donnez 300 euros, je vais vous, je vais, vous allez toucher votre AH,
00:51:24 je vais vous donner votre AH, même si vous êtes en bonne santé.
00:51:26 Alors Pascal Péry, c'est intéressant, c'est un comédien, rassurez-moi,
00:51:30 c'est totalement réel, et il a été poursuivi, c'est pas une fake news, je peux vous dire,
00:51:35 on a enquêté là-dessus, c'est quelqu'un qui explique, il dit "voilà, vous allez pas vous emmerder,
00:51:39 regardez ces crétins de salariés qui vont travailler, mais ils travaillent pour nous,
00:51:42 moi je vais rien faire, allez, j'ai l'allocation ceci, j'ai l'allocation cela,
00:51:45 tu peux vivre à l'étranger, tu te feras 2000 euros, c'est déjà pas mal".
00:51:49 Ça existe, alors je dis pas que c'est la majorité, c'est pas des poissons volants,
00:51:54 mais quand même ça existe, ça veut dire que cette tendance dont vous parlez dans votre livre,
00:51:59 il y a des gens qui peuvent aussi, et qui l'exploitent, en disant "mais comment on peut détourner le système
00:52:04 pour s'en travailler, et c'est fou parce que ce qui m'a frappé, je reviens à votre livre,
00:52:09 c'est pour ça que je... c'est crétins de salariés.
00:52:11 Donc, il y a des gens pour qui, les gens qui travaillent avec son salarié, c'est des pauvres gens,
00:52:16 je veux dire, alors je dis pas encore une fois, mais cette mentalité, c'est marrant,
00:52:20 puisqu'on aurait pas entendu ça il y a encore 30 ans.
00:52:22 - Non, alors il y a 30 ans, le type ne traversait plus la rue,
00:52:27 le pays serait mis en chasse d'une parole comme celle-là,
00:52:32 qui est une parole quand même extrêmement insultante.
00:52:35 Alors, il y a un aspect qui est assez rarement évoqué, c'est celui des fraudes sociales,
00:52:41 et au fond, ce témoignage nous y ramène.
00:52:44 Sur les fraudes sociales, on estime qu'il y a 20 milliards d'euros de fraudes sociales en France,
00:52:48 il y a 20 milliards aux cotisations, et 20 milliards aux prestations,
00:52:51 et au total, 10 aux prestations, 10 aux cotisations.
00:52:56 Et ce qui est frappant, c'est que le taux de recouvrement n'est que de 1 milliard.
00:53:02 C'est-à-dire qu'au fond, ça traduit quoi ?
00:53:04 Ça traduit le fait qu'on ne fête pas la chasse à ce type de comportement.
00:53:08 Il faut un scandale, il faut quelqu'un qui prenne l'initiative à visage découvert,
00:53:13 de dire "ben voilà comment on peut provoquer une avarie dans le système,
00:53:17 voilà comment on peut profiter du système, pour que finalement, on s'y intéresse".
00:53:21 Mais globalement, vous avez une partie du pays qui considère qu'après tout,
00:53:26 la fraude sociale, c'est pas très grave. La fraude fiscale est beaucoup plus grave.
00:53:29 Elle est beaucoup plus... pour chasser.
00:53:33 Pour moi d'ailleurs, quel que soit l'épithète, c'est le mot "fraude" que je retiens.
00:53:39 C'est de la fraude, et dans ce domaine, en effet, les Français sont extrêmement en retard.
00:53:44 On estime que la part de l'économie informelle...
00:53:47 - Pourquoi ? - Oui, pardon ?
00:53:48 - Il y a de nombreuses explications. La part de l'économie informelle, c'est entre 7 et 8% du PIB.
00:53:55 L'économie informelle, c'est l'économie souterraine, c'est le black, pour dire les choses simplement.
00:54:01 - Les trafics, etc.
00:54:03 - Alors, j'ai recueilli des témoignages, je ne les ai pas relevés,
00:54:07 et surtout, évidemment, je ne souhaite pas donner d'identité,
00:54:12 de gens qui vous expliquent qu'aujourd'hui, en cumulant les aides sociales,
00:54:15 plus un petit travail au noir, on est en général beaucoup mieux payé,
00:54:21 on est très souvent mieux loti,
00:54:25 que pour un travail access, entrée de gamme, pour lequel il y a un certain nombre de contraintes.
00:54:31 D'ailleurs, un des paradoxes, une des difficultés,
00:54:34 moi j'essaye de comprendre quels sont les freins de retour à l'emploi.
00:54:37 Dans les freins de retour à l'emploi, il y a les questions de formation,
00:54:40 les questions de logement, de déplacement,
00:54:42 et puis il y a peut-être un sujet qu'on n'évoque pas souvent,
00:54:44 c'est le très faible écart qui existe entre la socialisation et le retour vers l'emploi.
00:54:50 Sachant qu'en cumulant, en effet, les aides diverses,
00:54:54 pas nécessairement autour du monde professionnel,
00:54:57 mais les aides au logement, les aides à l'enfance, la famille, etc.,
00:55:01 on arrive à des revenus qui sont assez comparables
00:55:05 avec quelqu'un dont le revenu est autour du SMIC.
00:55:07 D'autant que si vous travaillez, et ça fait partie des freins,
00:55:11 si vous travaillez, si vous revenez au travail,
00:55:13 vous allez devoir engager un certain nombre de frais pour vous déplacer,
00:55:16 ne serait-ce que pour vous nourrir le midi.
00:55:18 Au fond, reprendre un travail quand on n'en a pas,
00:55:23 c'est changer de modèle de vie,
00:55:25 et peut-être que l'écart entre les deux n'est pas suffisant aujourd'hui
00:55:28 pour inciter les gens à retourner au travail.
00:55:30 On va se retrouver dans un instant sur Sud Radio,
00:55:32 on est toujours avec Pascal Péry,
00:55:34 qui vient nous voir pour ce livre "Génération Farniante",
00:55:36 et puis avec vous, aussi c'est vous qui aurez la parole,
00:55:38 0826 300 300, à tout de suite.
00:55:41 Et nous sommes toujours avec Pascal Péry,
00:55:43 pour "Génération Farniante",
00:55:45 un livre vraiment très intéressant,
00:55:48 qui fait l'inventaire un peu de ce qui se passe dans les rapports
00:55:51 des Français du travail, et pas seulement des Français,
00:55:53 de l'État, du patronat, des administrations.
00:55:56 Et il y a un mot, Pascal Péry, quand même,
00:55:58 que vous employez, mais alors qui est presque,
00:56:00 je ne dirais pas un mot obscène, mais enfin,
00:56:02 sulfureux.
00:56:04 On emploie de moins en moins la méritocratie.
00:56:07 Et pourtant, la méritocratie ne serait-ce pas
00:56:10 la fonction républicaine par excellence,
00:56:12 en tout cas la fonction, je veux dire, juste ?
00:56:15 - Si, si, vous avez raison.
00:56:17 Le grand apport de la Révolution française,
00:56:21 c'est la sélection,
00:56:23 qui supprime la cooptation.
00:56:25 - Alors qu'on dit c'est une mesure de droite, aujourd'hui.
00:56:27 - Oui ! - Alors c'est la Révolution française.
00:56:29 - C'est étonnant, oui, vous avez raison,
00:56:31 le mérite, la méritocratie, personne ne veut en entendre parler,
00:56:33 parce qu'il y a une espèce d'égalité,
00:56:35 un idéal égalitaire, ou égalitariste en France,
00:56:38 on n'a pas compris d'ailleurs le sens de l'égalité,
00:56:41 mais être égal avec chacun, c'est lui rendre ce qu'il apporte aussi
00:56:44 à la collectivité, donc c'est reconnaître ses mérites.
00:56:46 Et il y a en France des batailles de chiffonniers
00:56:49 autour de l'appréciation de ce qu'est le mérite,
00:56:51 alors chaque fois qu'on veut apprécier
00:56:54 des fonctionnaires au mérite,
00:56:56 on nous répond que c'est de nature à fausser
00:57:00 les relations entre eux,
00:57:02 entre le public et eux-mêmes,
00:57:04 qui rendent un service public,
00:57:06 quand on cherche à évaluer, alors ça se fait beaucoup plus dans le privé,
00:57:08 parce que le privé est plus ouvert à la compétition,
00:57:12 par nature, mais oui,
00:57:14 le mérite pose en France un véritable problème,
00:57:16 c'est d'ailleurs ce qui explique que
00:57:18 les vrais méritants quittent le pays.
00:57:20 Les vrais méritants quittent le pays,
00:57:22 observez bien la situation.
00:57:24 Je vais peut-être dire quelque chose qui
00:57:26 choquera certains d'entre vous.
00:57:28 - Il faut le dire.
00:57:30 - Nous exportons des BAC+10 en France,
00:57:32 et nous importons des BAC-10.
00:57:34 C'est la réalité.
00:57:36 Et vous savez, il y a une valeur,
00:57:38 il y a un capital qui s'appelle le capital immatériel,
00:57:40 c'est l'ensemble des compétences,
00:57:42 et pardon, quand on a bien travaillé à l'école,
00:57:45 quand on a suivi un cursus de formation solide,
00:57:49 et bien on peut accéder à un emploi qui est bien formé,
00:57:53 qui est mieux formé, on gagne sa vie,
00:57:55 on s'insère, on paye des impôts, on consomme, etc.
00:57:57 C'est le début d'un processus authentiquement républicain,
00:58:00 d'un processus de démancipation, si vous voulez.
00:58:03 Et donc, ne pas reconnaître le mérite,
00:58:06 au fond, c'est la pire insulte au principe d'égalité.
00:58:09 Car l'égalité suppose qu'on respecte chacun
00:58:12 en fonction de ce qu'il apporte.
00:58:14 - Et alors, est-ce qu'il ne faudrait pas,
00:58:16 on va pas faire une discussion philosophique,
00:58:18 Pascal Péry, remplacer l'égalité par l'équité ?
00:58:20 - Si, l'équité c'est ça, l'esprit de l'équité c'est ça.
00:58:24 C'est que, il y a des gens qui sont, dans les deux sens,
00:58:26 il y a des gens qui souffrent des handicaps,
00:58:28 qui peuvent avoir des handicaps sociaux, etc.
00:58:31 Le rôle de la collectivité, c'est de les aider
00:58:34 à accéder à la même ligne de départ que les autres.
00:58:38 C'est ça, l'équité.
00:58:40 - C'est ça, même ligne de départ.
00:58:41 Et qu'après, que le meilleur gagne, que les meilleurs gagnent.
00:58:43 - Mais tout le monde n'arrive pas premier ex aequo.
00:58:45 Vous voyez ce que je veux dire ?
00:58:46 - Bien sûr.
00:58:47 - Non, il y a un premier, il y a un dernier.
00:58:48 Mais on donne à chacun les outils
00:58:51 pour accéder au même titre que les autres,
00:58:53 à la ligne de départ.
00:58:54 Ensuite, effectivement...
00:58:56 - On va continuer d'en parler, Stéban,
00:58:58 avec nos auditeurs, les auditeurs de Sud Radio.
00:59:00 - On a une auditrice qui nous appelle au 0826 300 300.
00:59:04 C'est Catherine qui nous appelle de Paris.
00:59:06 Vous avez peut-être une question pour Pascal Péry.
00:59:07 Bonjour Catherine.
00:59:08 - Bonjour Catherine.
00:59:09 - Oui, bonjour.
00:59:10 Voilà, je vais intervenir dans votre émission
00:59:13 parce que je ne suis pas tout à fait d'accord
00:59:16 avec ce que dit M. Péry.
00:59:19 Voilà, j'en ai parlé à l'interlocuteur que j'ai eu,
00:59:23 à l'accueil,
00:59:24 parce que je trouve que son analyse est assez erronée
00:59:28 et qu'il fait beaucoup d'amalgame.
00:59:30 Par exemple, quand il dit que le travail ne tue pas, etc.,
00:59:36 que ce n'est pas en travaillant qu'on survit de la société,
00:59:39 j'ai dit que ça dépendait de quel travail on faisait.
00:59:42 Si on travaille dans le BTP ou la restauration
00:59:46 ou des travaux comme ça durent physiquement
00:59:49 et que l'on fait en plus plus de 35 heures en général
00:59:52 et qu'on est assez mal payé,
00:59:54 il est évident que sa santé en prend un coup.
00:59:57 Donc ces personnes, si elles arrivent à la retraite,
00:59:59 même de 64-67 ans,
01:00:01 elles arrivent dans un mauvais état pour la plupart.
01:00:04 Donc leur espérance de vie va être d'autant diminuée.
01:00:08 De plus, quand ce monsieur dit que maintenant
01:00:12 l'espérance de vie chez les femmes est de 25 ans après la retraite,
01:00:16 je ne sais pas, pas 25 ans,
01:00:17 on dit que pour les femmes,
01:00:19 l'espérance de vie c'est 85 ans en France en moyenne,
01:00:22 et les hommes à peu près 79 ans.
01:00:25 Il faut savoir que les gens sont atteints
01:00:27 de plus en plus tôt de maladies chroniques,
01:00:30 comme les cancers, les problèmes cardiovasculaires, etc.
01:00:33 Donc d'accord, vous restez en vie,
01:00:35 mais vous êtes sous des traitements très lourds,
01:00:37 et j'en sais quelque chose.
01:00:38 Donc ça c'est la deuxième chose.
01:00:39 Donc ça ne veut pas dire une qualité de vie extraordinaire.
01:00:42 Et quand il dit que des gens, par exemple,
01:00:45 profitent un peu de la société
01:00:47 par les allocations qu'on leur merce,
01:00:49 moi je dirais qu'il y a des gens,
01:00:51 donc ce sont un peu des saignants,
01:00:53 qui ne participent pas à la richesse de notre pays.
01:00:56 Moi je dis que quand des gens spéculent,
01:00:58 et gagnent beaucoup d'argent,
01:00:59 ils ne travaillent pas, ils spéculent.
01:01:00 La spéculation c'est quand même un travail très passif,
01:01:03 et ils gagnent beaucoup d'argent.
01:01:04 Je ne sais pas si ces personnes-là
01:01:06 participent beaucoup à la richesse de notre société.
01:01:09 Voilà ce que je voulais dire.
01:01:11 - Alors Catherine,
01:01:12 on ne s'est pas tout dit évidemment avec André,
01:01:15 mais dans le bouquin,
01:01:16 moi je fais une proposition,
01:01:18 qui est qu'il faudrait déterminer,
01:01:20 c'est un peu la crise du Covid qui nous l'a appris,
01:01:22 qu'il y a des emplois,
01:01:23 il faut déterminer qu'il y a en France des emplois
01:01:25 qui sont économiquement négligés,
01:01:27 mais que j'appelle socialement utiles.
01:01:29 C'est ceux que vous évoquiez tout à l'heure,
01:01:31 c'est des gens qui nettoient le métro,
01:01:33 les autobus,
01:01:34 qui sont les services à la personne,
01:01:37 dans une économie de services c'est important.
01:01:39 Vous savez, tout ce qu'on a appelé
01:01:41 les premiers de cordée.
01:01:42 Moi je pense que si on veut
01:01:45 conserver des vocations dans ce domaine,
01:01:50 il faut payer correctement les gens.
01:01:51 Donc je propose qu'on augmente leurs salaires.
01:01:54 Maintenant Catherine,
01:01:56 sur les autres aspects,
01:01:58 il y a quand même plus de gens en bonne santé
01:02:00 que de gens malades dans ce pays,
01:02:01 c'est le premier point.
01:02:03 Sur le deuxième point,
01:02:05 sur votre remarque,
01:02:06 quand vous me dites,
01:02:07 en substance,
01:02:08 je considérerais les gens qui vivent
01:02:10 des allocations comme des feignants,
01:02:12 je n'ai jamais dit ça,
01:02:13 je ne pense absolument pas.
01:02:14 Je pense au contraire,
01:02:15 que le respect qu'on leur doit,
01:02:17 le respect qu'il leur est dû par la collectivité,
01:02:20 c'est de les amener à l'employabilité.
01:02:23 Ce qui est indigne,
01:02:25 ce n'est pas qu'on demande aux gens
01:02:28 qui vivent du RSA de se former,
01:02:29 ce qui est indigne,
01:02:30 c'est qu'il y ait des gens au RSA.
01:02:31 Vous voyez ce que je veux dire ?
01:02:33 - Oui.
01:02:34 - Mais je sais que votre sensibilité,
01:02:36 ce que vous dites,
01:02:37 existe dans la société française,
01:02:39 vous avez raison,
01:02:40 il faut qu'il y ait des voix comme la vôtre,
01:02:42 qui rappellent peut-être que tout travail mérite salaire.
01:02:45 - Et un bon salaire.
01:02:47 - Et puis il y a des travaux plus durs que d'autres.
01:02:51 - Qu'il faut payer.
01:02:52 - Oui, qu'il faut payer.
01:02:53 - Mais vous savez Catherine,
01:02:55 c'est vrai,
01:02:56 c'est tout le paradoxe mondial,
01:02:59 c'est que ce n'est pas par hasard
01:03:01 que énormément de gens,
01:03:02 et par millions,
01:03:03 veulent venir en France et en Europe,
01:03:05 parce qu'ils estiment,
01:03:06 je ne dis pas que ça excuse
01:03:07 quoi que ce soit qui se passe chez nous,
01:03:09 mais ils estiment que la France et l'Europe
01:03:11 sont un paradis par rapport à ce qu'ils vivent chez eux.
01:03:15 - Je peux faire une petite remarque ?
01:03:17 - Oui.
01:03:18 - Je pense que si les gens étaient bien dans leur pays,
01:03:21 vivaient normalement dans leur pays,
01:03:23 ils n'auraient pas l'envie de venir chez nous.
01:03:25 - Mais bien sûr, c'est ce que je dis.
01:03:27 - La crise, tout ça,
01:03:28 on les laisse dans un état de pauvreté immense.
01:03:32 S'ils étaient bien chez eux,
01:03:33 ils ne viendraient pas chez nous.
01:03:34 - Mais c'est exactement ce que je dis,
01:03:36 et c'est pour ça que, hélas,
01:03:38 nous sommes dans un monde très relatif
01:03:40 de ce point de vue là.
01:03:41 - Merci Catherine pour votre appel.
01:03:44 On rejoindra César dans un instant
01:03:46 qui nous attend au Standard,
01:03:47 et on va marquer une courte pause sur Sud Radio.
01:03:49 A tout de suite.
01:03:50 Retour d'Andre Bercoff dans tous ses états.
01:03:52 On est ensemble jusqu'à 14h.
01:03:53 On est toujours avec Pascal Péry,
01:03:55 et puis nous avons César qui nous appelle au 0826 300 300.
01:03:58 César, vous nous appelez de Bayonne.
01:03:59 Bonjour.
01:04:00 - Bonjour César.
01:04:01 - Bonjour Bercoff, bonjour Pascal Péry,
01:04:03 et très bonne rentrée à vous André Bercoff.
01:04:05 - Merci.
01:04:06 Bonjour à vous aussi.
01:04:07 - Bonjour César.
01:04:08 - Alors, moi j'ai vécu en Angleterre un an et demi,
01:04:12 plus d'un an et demi.
01:04:13 - Oui.
01:04:14 - Je suis parti à cause du Covid, bref,
01:04:16 pendant la pandémie,
01:04:17 j'ai fait le premier confinement là-bas.
01:04:19 Mais j'ai appris quelque chose en Angleterre
01:04:21 qui ne se fait...
01:04:22 Dans les pays anglo-saxons,
01:04:23 j'ai appris que ça se faisait comme ça.
01:04:24 Et en fait, ça ne se fait pas dans la plupart des pays,
01:04:27 et pour moi c'est un enseignement gigantesque.
01:04:29 Donc vous n'aurez qu'à me dire ce que vous en pensez,
01:04:31 mais c'est ce que j'ai appris là-bas,
01:04:32 et je trouve ça formidable.
01:04:33 - Allez-y.
01:04:35 - Comme vous le savez, l'emploi c'est très important,
01:04:37 puisque c'est avec ça qu'on crée de la richesse,
01:04:38 qu'on apprend à vivre,
01:04:39 et donc c'est très important.
01:04:40 Et puis il y a tout l'aspect développement personnel
01:04:43 qui est dans le boulot, tout ça.
01:04:44 Mais il y a une des auditrices qui a dit avant,
01:04:46 qui a parlé de la qualité de vie.
01:04:48 Et en fait, c'est un petit peu ce que je vais dire aujourd'hui,
01:04:50 c'est qu'en Angleterre, j'ai appris deux choses,
01:04:52 enfin j'ai appris une seule chose,
01:04:53 c'est pour moi un des points fondamentaux,
01:04:54 c'est que beaucoup de gens en Angleterre,
01:04:57 ils travaillent en deux temps,
01:04:59 c'est-à-dire qu'ils vont prendre un boulot,
01:05:01 ils ne font pas 7 heures par jour comme en France,
01:05:03 ils vont prendre un boulot,
01:05:05 les emplois sont beaucoup plus flexibles en Angleterre,
01:05:07 c'est-à-dire qu'on peut bosser,
01:05:08 on peut demander un 2 jours par semaine,
01:05:10 si on est étudiant,
01:05:11 on peut demander un 3 jours par semaine,
01:05:12 on peut demander un 4 jours par semaine,
01:05:14 mais ce n'est pas tout le monde qui va prendre un 5 jours par semaine.
01:05:17 Et c'est ça que je trouvais incroyable,
01:05:18 c'est que les gens peuvent bosser au moins 8 heures par jour,
01:05:20 voire même 9 heures par jour, ou 10 heures par jour.
01:05:23 Moi personnellement, j'ai appris l'anglais là-bas,
01:05:25 donc je n'avais pas envie de bosser tout le temps,
01:05:27 je bossais entre 8 heures et 10 heures par jour en Angleterre,
01:05:29 dans des restos ou dans des hôtels,
01:05:31 et je gagnais mieux ma vie en 3 jours
01:05:34 qu'en France en 5 jours,
01:05:36 rien que pour le boulot alimentaire.
01:05:38 Et en plus de ça,
01:05:40 et c'est le deuxième point,
01:05:42 c'est que beaucoup de gens là-bas bossent en 3 jours,
01:05:44 donc ils optimisent leur temps,
01:05:46 afin d'avoir une qualité de vie, d'avoir du temps libre,
01:05:48 dans tous les cas, ils ont du temps libre.
01:05:50 - Ils font du 3 jours par semaine avec 10 heures par jour ?
01:05:52 - Voilà, par exemple, parce que mine de rien,
01:05:54 vous gagnez un peu d'argent,
01:05:56 et en plus, beaucoup de gens,
01:05:58 ils avaient un projet professionnel,
01:06:00 un projet de vie, un rêve,
01:06:02 mais qui est beaucoup plus bancal,
01:06:04 c'est-à-dire qu'il y a des gens qui ont des rêves,
01:06:06 ils vont le réaliser peut-être dans 10 ans,
01:06:08 mais avec ça, ils vont faire des compléments de revenus,
01:06:10 donc ils vont prendre une demi-journée de plus,
01:06:12 et donc ils ont un rêve,
01:06:14 c'est comme vous André Bercov, quand vous avez 82 ans,
01:06:16 vous bossez, c'est peut-être même pas un effort pour vous,
01:06:18 parce que vous aimez votre métier,
01:06:20 et bien il y a des gens, ils ont un projet de vie,
01:06:22 un peu de boulot alimentaire, plus un projet de vie,
01:06:24 et dans tous les cas, ils ont du temps libre,
01:06:26 et c'est ça qui est important, d'avoir 3 jours de repos par semaine,
01:06:28 enfin voilà. - D'accord, alors Pascal Péry,
01:06:30 effectivement, c'est intéressant,
01:06:32 cette flexibilité et ce projet.
01:06:34 - Oui, alors l'Angleterre a un modèle complètement différent
01:06:36 d'une autre, César a dû
01:06:38 le constater, sur sa feuille de paye,
01:06:40 il y a très peu de retenue, en Angleterre, il y avait très peu
01:06:42 de retenue sociale, on est d'accord.
01:06:44 La part, ce qu'on appelle
01:06:46 le coin fiscal, c'est-à-dire l'écart entre
01:06:48 le brut et le net, est très important
01:06:50 en France, et il est beaucoup moins
01:06:52 important en Angleterre, ce qui donne cette impression
01:06:54 qu'on est mieux payé. Maintenant,
01:06:56 César, si vous aviez été malade, si vous aviez
01:06:58 dû passer par le National
01:07:00 Health Service, qui est le système
01:07:02 hospitalier, vous auriez peut-être
01:07:04 préféré avoir une assurance privée.
01:07:06 C'est un modèle différent d'une autre, je veux dire par là
01:07:08 que notre coin social
01:07:10 à nous, il finance la politique des retraites,
01:07:12 la politique de
01:07:14 l'assurance maladie,
01:07:16 la politique de l'enfance,
01:07:18 des transports, etc.
01:07:20 Ces deux modèles
01:07:22 non comparables. Je pense qu'on doit
01:07:24 pouvoir rester ce que nous sommes, c'est-à-dire des
01:07:26 Français, des Gaulois, avec un
01:07:28 droit du travail, il faut l'adapter.
01:07:30 Il faut l'adapter pour tout un tas de raisons,
01:07:32 pour les raisons qu'évoque César, et aussi
01:07:34 pour d'autres. J'ai été frappé de rencontrer
01:07:36 à l'inverse de ce que je pouvais penser,
01:07:38 j'avais peut-être de mauvaises intuitions, des jeunes
01:07:40 qui me disaient, dans le cadre
01:07:42 de cette enquête, "moi je ne veux pas de CDI".
01:07:44 Ah bon ?
01:07:46 J'écoute pourtant
01:07:48 régulièrement des voix de gauche qui s'élèvent pour dire
01:07:50 "mais les jobs qu'on propose sont des
01:07:52 bullshit jobs, c'est des petits boulots,
01:07:54 c'est de l'intérim, c'est du
01:07:56 CDD, on vous propose
01:07:58 un CDI, vous n'en voulez pas ?" Non, non,
01:08:00 je ne veux pas me marier avec cette boîte.
01:08:02 Je veux un contrat, et puis demain
01:08:04 je ferai peut-être autre chose.
01:08:06 Vous voyez, y compris le rapport
01:08:08 à la régularité du contrat de travail
01:08:10 évolue, et il faut aujourd'hui qu'on puisse
01:08:12 en tenir compte, et le rappeler que la vie
01:08:14 n'est qu'un CDD. La vie n'est
01:08:16 qu'un CDD, ne pas l'oublier.
01:08:18 Sauf qu'on n'a pas la détermination
01:08:20 du contrat. - C'est ça.
01:08:22 - Merci César d'avoir été avec nous. - Merci César.
01:08:24 - On accueille Sébastien de Perpignan. Sébastien
01:08:26 qui vous êtes chef d'entreprise. Bonjour à vous.
01:08:28 - Oui, petite entreprise.
01:08:30 - Bonjour Sébastien.
01:08:32 - Bonjour, je suis ravi de vous avoir parce que
01:08:34 je suis un grand fan, moi j'appelle que rarement,
01:08:36 mais en tout cas, merci, et puis
01:08:38 ça fait du bien d'entendre notre invité, que je ne connaissais
01:08:40 pas, mais qui dit des vraies vérités,
01:08:42 qui soulage un peu
01:08:44 des choses. Bon, je vais expliquer que je...
01:08:46 - Sébastien...
01:08:48 - J'ai arrêté mon activité pour quitter la phrase, parce que
01:08:50 justement, avec
01:08:52 ces rapports qui sont...
01:08:54 Si vous voulez, vous avez dû tous
01:08:56 voir sur les réseaux sociaux circuler
01:08:58 un visuel qui signifiait
01:09:00 un patron qui est assis dans une
01:09:02 calèche et qui se fait traîner par
01:09:04 des salariés, et un leader
01:09:06 qui était devant en train d'amener les gens
01:09:08 vers sa passion, puisque
01:09:10 moi en fait, je suis un autodidacte
01:09:12 et ce que je fais, je le fais par passion avant tout.
01:09:14 D'ailleurs, je trouve que c'est ça qui est un peu triste
01:09:16 dans le travail, c'est qu'on oublie
01:09:18 un peu que certains... - Ah, la passion, bien sûr.
01:09:20 - ...pourraient faire une passion, et que là, du coup,
01:09:22 le travail n'est plus une contrainte.
01:09:24 Et du coup, le problème
01:09:26 c'est que quand on est leader aussi,
01:09:28 dans ce visuel, il y a un truc qu'on oublie, c'est que derrière,
01:09:30 il faut quand même avoir l'œil derrière, parce que
01:09:32 il y a certaines personnes qui
01:09:34 en profitent un peu, puisque le patron le fait.
01:09:36 On va lever le pied,
01:09:38 on va se le prendre à la douce. Alors,
01:09:40 effectivement, on est obligé de composer pour essayer de garder
01:09:42 les gens
01:09:44 qui nous entourent pour continuer l'activité.
01:09:46 Mais moi,
01:09:48 j'ai qu'une envie, là,
01:09:50 c'est franchement d'arrêter. - Vous voulez...
01:09:52 Attendez, si je m'ai bien compris, Sébastien,
01:09:54 vous voulez quitter la France, vous, à lui égard
01:09:56 ou en condition ? - Moi, j'ai un parc animalier
01:09:58 d'animation,
01:10:00 j'ai eu une grande boîte d'événementiel aussi,
01:10:02 et effectivement, j'ai plein d'idées,
01:10:04 plein de choses qui sont réalistes, plein de choses qui fonctionnent,
01:10:06 mais derrière, j'ai du mal à m'entourer de gens
01:10:08 qui sont passionnés, parce que je suis un passionné, je cherche
01:10:10 à m'entourer de gens passionnés, et
01:10:12 c'est pas un problème de les rémunérer, mais
01:10:14 voilà, les gens,
01:10:16 pour moi, en fait, quand on fait quelque chose,
01:10:18 et surtout, qui est lié au monde animal,
01:10:20 c'est forcément une vocation.
01:10:22 - Merci Sébastien, ça va être
01:10:24 hyper intéressant. - L'absence de passion.
01:10:26 - Oui, mais ça, vous voyez, c'est aussi
01:10:28 la conséquence du monde digital
01:10:30 qui fabrique des gens passifs,
01:10:32 c'est aussi
01:10:34 les périodes de tensions,
01:10:36 de crises, qui fabriquent plutôt des égoïstes.
01:10:38 On a du mal
01:10:40 à trouver des
01:10:42 passions, en effet.
01:10:44 J'allais dire qu'on a perdu le contact,
01:10:46 André,
01:10:48 vous et moi, on connaît l'Orient.
01:10:50 L'Orient,
01:10:52 c'est un monde dans lequel
01:10:54 survivent les transcendances.
01:10:56 La transcendance vous tire vers le haut.
01:10:58 Il n'y a plus de transcendance. Si l'objectif
01:11:00 unique des individus, c'est effectivement
01:11:02 de gagner leur vie, de gagner toujours plus.
01:11:04 C'est un monde triste, au fond.
01:11:06 - Et ce que dit Sébastien, il a l'air transporté
01:11:08 par son activité.
01:11:10 C'est qu'il a du mal à la faire partager.
01:11:12 Peut-être que, parfois,
01:11:14 il a pu être maladroit avec l'un ou l'autre,
01:11:16 mais on sent qu'il a de la bonne volonté chez lui.
01:11:18 La volonté, en tout cas, de partager
01:11:20 sa passion et d'associer un projet collectif.
01:11:22 - Et puis Pascal, il faut savoir aussi quelque chose.
01:11:24 La paperasse en France.
01:11:26 L'administration, les 45 formules,
01:11:28 les 15 lignes
01:11:30 ou les 25 lignes de votre
01:11:32 bulletin de paie, vous le savez.
01:11:34 Ça aussi, c'est peut-être pas le meilleur.
01:11:36 - La complexité, probablement,
01:11:38 oui, joue un rôle
01:11:40 et
01:11:42 elle doit décourager
01:11:44 un certain nombre de vocations.
01:11:46 Mais il n'empêche qu'il y a,
01:11:48 dans le fond de l'air, et c'est ça que je retiens
01:11:50 des quelques témoignages
01:11:52 qu'on a entendus et de l'enquête que j'ai menée,
01:11:54 il y a, dans le fond de l'air,
01:11:56 une espèce d'idéologie post-industrielle
01:11:58 du non-travail dans cette société
01:12:00 qui n'existe pas nécessairement chez nos voisins.
01:12:02 Les Allemands, c'est évident.
01:12:04 Les Anglais aussi. Mais y compris
01:12:06 chez les Espagnols et chez les Italiens.
01:12:08 Il y a une particularité de la France,
01:12:10 dans les peuples latins, en Italie,
01:12:12 on conserve un outil industriel
01:12:14 efficace, efficient.
01:12:16 L'Espagne, l'Espagne réalise
01:12:18 sa transition. Un petit pays
01:12:20 comme le Portugal est un pays
01:12:22 au travail, si vous voulez. Il y a
01:12:24 en France cette idéologie post-industrielle
01:12:26 du non-travail parce qu'on a une gauche
01:12:28 qui n'a pas fait l'inventaire du marxisme,
01:12:30 des échecs du marxisme. On a
01:12:32 une gauche qui croit encore
01:12:34 dans la lutte des classes, qui considère
01:12:36 que la lutte des classes, c'est l'horizon
01:12:38 suprême pour changer la situation
01:12:40 alors que ce qui émancipe
01:12:42 les individus, c'est l'école,
01:12:44 c'est la connaissance
01:12:46 et c'est aussi d'une certaine façon la concorde sociale.
01:12:48 - Et je finirais par cette phrase
01:12:50 magnifique qui disait, vous savez,
01:12:52 le capitalisme, c'est
01:12:54 l'exploitation de l'homme par l'homme, le communisme
01:12:56 c'est l'inverse. - Oui, c'est vrai.
01:12:58 - Merci beaucoup. - C'est une belle formule.
01:13:00 - Merci beaucoup Pascal Péry d'avoir été avec nous.
01:13:02 Je rappelle, ce livre "Génération Farniente"
01:13:04 s'est publié aux éditions de
01:13:06 l'archipel du Tuyau.