Le "8h30 franceinfo" de Fabien Roussel

  • il y a 7 mois

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00:00 [Musique]
00:06 - Bonjour Fabien Roussel. - Bonjour Jean-Rémi Baudot et Agathe Lambret.
00:09 - Amiissak Manouchian, la patrie reconnaissante, ce soir 18h30,
00:13 le résistant communiste arménien va faire son entrée au Panthéon avec son épouse Méliné.
00:19 La France reconnaît enfin tous ceux qui ont œuvré pour la libération, de se libérer de l'Allemagne nazie ?
00:25 - Oui, beaucoup de grandes figures de la résistance étaient au Panthéon.
00:31 Et on y trouve tous les mouvements, que ce soit les gaullistes, les catholiques, les francs-maçons.
00:39 Il manquait la résistance communiste. Et c'est pour ça que, pour moi, pour nous,
00:44 c'est un honneur aujourd'hui que la résistance communiste entre enfin au Panthéon.
00:48 - Il était temps ? - Oui, il était temps.
00:51 Qu'enfin nous rentrions au Panthéon, que la résistance communiste rentre au Panthéon,
00:54 et c'est un honneur pour nous qu'elle soit représentée par Missach Manouchian,
01:00 ses 23 étrangers et nos frères pourtant, comme a écrit Aragon,
01:04 parce qu'ils nous représentent tellement à travers leur parcours, leur engagement, leur différence.
01:11 Et c'est un honneur pour nous. Et c'est une réparation, parce que nous n'y étions pas
01:16 aux côtés de Jean Moulin, de Germaine Tillon, de Geneviève Antonios de Gaulle, de Jean Zé,
01:21 de Pierre Brossolette, de Joséphine Baker. Nous n'y étions pas. Et nous y sommes enfin.
01:26 - Fabien Roussel, c'est la résistance communiste et la résistance étrangère aussi,
01:31 et à travers Missach Manouchian, c'est le groupe des 23, des Juifs, des Hongrois,
01:36 des Polonais, des Italiens qui font leur entrée au Panthéon.
01:40 C'est la reconnaissance de la résistance communiste et étrangère.
01:43 Pourquoi cela a pris autant de temps, selon vous ?
01:46 - Mais ça, il faut interroger les présidents de la République précédents.
01:50 Je sais que ça avait été mis à l'ordre du jour, sous la présidence de François Hollande,
01:56 et il n'y a pas accédé. C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, c'est le président actuel
02:02 qui le fait. Et je le dis, je remercie le président de la République d'avoir répondu
02:07 à cette demande de ses historiens, de Pierre Rousselias, sénateur communiste,
02:14 petit-fils d'Albert Rousselias, le commandant André, qui a survécu parce que Joseph Epstein,
02:20 qui faisait partie du groupe Manouchian, le chef des FTP-MOI, n'a pas parlé sous la torture.
02:24 Pierre Rousselias, sénateur, vit grâce à lui. Et donc, pourquoi ça n'a pas été fait,
02:31 je ne sais pas. C'est fait aujourd'hui. Je ne veux pas polémiquer. C'est fait aujourd'hui.
02:34 Et je remercie le président de la République d'en faire un hommage national.
02:39 J'étais hier au Mont-Valérien. J'ai veillé le corps de Missak Manouchian,
02:45 avec Cécile Kuckermann, Jean-Paul Lecoq et Pierre Rousselias,
02:48 au nom du Parti communiste français. Et c'est extrêmement émouvant de voir l'honneur militaire,
02:53 les chants, la garde républicaine et toute la nation rassemblée pour rendre hommage
03:00 à ces hommes jeunes pour certains, étrangers, qui ont donné leur vie
03:04 pour que nous puissions vivre libres en République.
03:07 Ce qui est intéressant, c'est que les Français connaissaient parfois plutôt l'affiche rouge,
03:10 à travers parfois les cours à l'école, à travers aussi la littérature, la poésie, la musique, les arts.
03:17 Mais il manquait parfois derrière ces images des noms, et c'est finalement le nom de Missak Manouchian
03:24 qui se détache. C'est vraiment important de mettre des noms derrière cette affiche en fait.
03:31 Parce que les Français, honnêtement, disons-le, pour l'instant, vous auriez demandé dans la rue,
03:35 il y a deux semaines, à quelqu'un "Missak Manouchian, on ne connaissait pas".
03:38 – Bien sûr, c'est pour ça que cet hommage national de tout un peuple et un pays est important.
03:44 Parce que, de la même manière que l'entrée de Jean Moulin au Panthéon,
03:49 et ce discours d'André Malraux a fait vibrer la France entière,
03:53 et l'a fait vibrer encore aujourd'hui, et a fait de Jean Moulin un des héros de la Résistance.
03:59 Et on a besoin de pouvoir raconter cette histoire à travers des visages d'hommes et de femmes.
04:06 Je pense à Olga Bonchik qui a été décapitée, elle, puisque les femmes étaient aussi très présentes
04:10 dans la Résistance. – Elle n'a pas été exécutée avec les autres,
04:11 mais elle a été décapitée en Albanie.
04:13 – Voilà, il y a une lourde tribu aussi, ces femmes résistantes, mères de famille, parfois.
04:17 Et donc, il faut y mettre des visages, et il faut y mettre une histoire.
04:22 Et un pays n'a pas d'avenir s'il ne sait pas d'où il vient et comment il s'est construit.
04:27 Le peuple de France, la nation française, s'est construite aussi à travers
04:31 l'engagement de ces hommes et de ces femmes, qui dans leur diversité d'opinions
04:35 et de confessions religieuses, la communauté juive s'est fortement engagée.
04:39 Elle était engagée au Parti communiste français pour défendre la République
04:44 et contre la répression qu'elle subissait.
04:47 Et c'est pour ça qu'ils sont si nombreux.
04:49 Je pense à Henri Krasucki qui est devenu le secrétaire de la CGT ensuite,
04:52 qui a été déporté, qui était engagé aussi.
04:54 Et donc, il faut connaître cette histoire parce que c'est celle qui nous a forgés.
04:59 Ce sont les mêmes qui ont écrit, qui ont fondé le Conseil national de la Résistance.
05:04 Et c'est ce Conseil national de la Résistance qui a unifié les mouvements,
05:07 qui a écrit le programme des jours heureux que j'ai emprunté aux élections présidentielles.
05:12 Mais ce programme des jours heureux, imaginez-vous un seul instant,
05:15 qu'ils étaient en guerre, occupés pour chasser,
05:18 et qu'en même temps qu'ils s'attaquaient à la collaboration à l'extrême droite et aux nazis,
05:23 en même temps, ils écrivaient la France dans laquelle ils rêvaient de vivre,
05:28 avec la sécurité sociale, avec EDF, avec la SNCF.
05:32 Ils ont écrit tout cela, ils avaient de l'audace et de l'ambition.
05:35 Et Fabien Roussel, le groupe Manouchian a été composé d'étrangers.
05:39 Il y a cette dernière lettre de Manouchian à sa femme Méliné,
05:42 qu'il signe de son prénom français Michel, juste avant d'être fusillé.
05:47 Il y a cette phrase qu'il lance au collaborateur français
05:49 lors du simulacre de procès du groupe Manouchian.
05:53 "Vous avez hérité de la nationalité française, nous, nous l'avons mérité."
05:57 Cette nationalité, il l'avait demandé deux fois, il ne l'avait pas obtenue.
06:01 C'est ça, être français de préférence, comme dit Emmanuel Macron,
06:04 qui reprend les mots des poètes à la langue.
06:06 - Tout à fait, et ça résonne avec les débats que nous avons en France, forcément.
06:09 Et c'est pour cela que nous, communistes, hommes et femmes de gauche,
06:13 nous disons que la nationalité ne s'acquiert pas seulement par le sang.
06:18 C'est aussi une construction politique.
06:21 Elle s'acquiert par l'engagement, par l'accueil d'hommes et de femmes
06:25 qui, comme Missak et Méliné, ont fui le génocide arménien,
06:30 et qui font le choix, une fois en France, d'épouser les valeurs de la République
06:35 et de les défendre.
06:36 Mais nous avons les mêmes cheminements aujourd'hui dans notre pays,
06:39 avec des hommes et des femmes qui, et/ou fuient la guerre, la répression,
06:44 viennent en France et en France servent le pays.
06:48 Je pense à toutes celles et ceux qui, il y a 60 ans, ont construit notre pays,
06:52 creusé les métros, construit les tours,
06:54 et ceux qui, encore aujourd'hui, y travaillent, dans nos hôpitaux, dans nos usines,
06:58 ramassent nos poubelles ou nous soignent.
07:00 Nous devons avoir le même esprit de construction de la citoyenneté française.
07:06 Nous sommes une nation et un peuple qui s'est bâti sur cette histoire.
07:10 Ne l'oublions jamais.
07:11 - Alors on va parler des conséquences de cette...
07:14 et un petit peu de tout ce qu'il y a autour, des polémiques politiques
07:17 qu'il y a autour de cette célébration ce soir.
07:19 Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste.
07:21 On se retrouve dans un instant, juste après le Fil info de Sophie Echene à 8h40.
07:26 Nous sommes à trois jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
07:30 et le gouvernement tente d'apaiser les tensions.
07:32 Emmanuel Macron recevait hier le président de la FNSEA.
07:36 Ce matin, c'est Gabriel Attal qui donne une conférence de presse
07:39 pour présenter les contours du projet de loi agricole.
07:41 Le Premier ministre prendra la parole d'ici une vingtaine de minutes.
07:44 En attendant, les agriculteurs restent mobilisés avec une opération coup de poing à Vesoules.
07:49 Hier soir, une trentaine de producteurs de lait ont arrêté et siphonné un camion de lactalis.
07:54 Ils accusent le géant laitier de ne pas respecter la loi Egalim
07:57 et réclament une rémunération décente.
08:00 L'ONG Foodwatch porte plainte contre Nestlé Waters pour fraude massive
08:04 ainsi que contre Source Alma, un autre géant de l'eau.
08:07 Les deux groupes sont soupçonnés d'avoir traité illégalement leurs eaux en bouteille
08:11 et de les avoir vendues sans prévenir les consommateurs.
08:15 Un trafic quasi normal sur les rails vendredi et samedi
08:18 malgré un appel à la grève des aiguilleurs,
08:20 une semaine après la mobilisation très suivie des contrôleurs.
08:24 [Musique]
08:27 France Info
08:29 Le 8.30, France Info, Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
08:32 Toujours avec Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste.
08:35 On parlait à l'instant de la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme.
08:39 Ce qui est frappant aussi, pour terminer, juste d'un mot,
08:41 c'est que dans cette lettre, il y a un message de paix
08:44 et Missak Manouchian dit qu'il n'a aucune haine vis-à-vis des Allemands.
08:49 Tout à fait, ces militants communistes qui s'engagent dans l'armée de la libération,
08:54 le font sans haine et sans haine du peuple allemand.
08:58 Ils le disent et ils l'écrivent.
09:00 Et c'est aussi un symbole fort qu'il faut connaître et partager.
09:05 C'est-à-dire que pour nous, la résistance pour la libération de notre pays
09:09 n'a jamais été de tuer des civils innocents,
09:12 de s'en prendre à des femmes ou à des enfants.
09:15 Et vous voyez bien ce à quoi je fais référence.
09:17 Vous faites référence au Hamas ?
09:19 Bien sûr, c'est que la résistance pour libérer son pays,
09:23 ça doit se faire avec une haute ambition pour le combat que l'on mène.
09:28 Et ça doit se faire avec de l'humanité, de l'humanisme
09:32 et avec des objectifs qui doivent être de s'en prendre à des militaires.
09:36 C'est ce qu'ont fait Missak Manouchian et ses camarades.
09:41 Et c'est pour ça que célébrer cette résistance
09:44 et la manière dont ils l'ont menée en s'en prenant à des soldats.
09:47 Je pense au colonel Fabien, je porte son nom en son honneur,
09:49 qui fut le premier à tuer un soldat allemand.
09:54 Leur combat c'était ça, c'était faire des sabotages.
09:56 C'était donc de s'en prendre à l'opération militaire et à des militaires.
10:03 Jamais à des civils.
10:05 Jamais la résistance ne s'en est prise délibérément.
10:09 Certainement on me dira "il y a eu un tel qui est mort".
10:12 Ce sont des dommages collatéraux.
10:13 Mais les civils n'ont jamais été une cible à part entière.
10:19 Vous vous distinguez en ce sens du nouveau parti anticapitaliste
10:22 ou de Danielo Bono, l'insoumise, qui ont qualifié, eux,
10:25 le Hamas de mouvement de résistance.
10:27 Marine Le Pen a décidé de se rendre à cette panthéonisation
10:30 malgré les réserves affichées du président.
10:32 Est-ce sa place ?
10:33 Je ne souhaite pas rentrer dans cette polémique
10:36 parce qu'aujourd'hui l'hommage de la nation,
10:39 c'est à Misak Manouchian, à ses 22 camarades,
10:44 et c'est de eux dont je souhaite que nous parlions, et pas d'elle.
10:47 Et...
10:49 Mais là où vous invoquez les racines du parti communiste à l'époque,
10:52 la place des communistes dans la résistance,
10:54 comment ne pas faire le lien avec ceux qui ont, par exemple,
10:58 fondé le Front National, des anciens Waffen-SS, des anciens Calabo ?
11:01 Elle a présidé le Front National qui a été fondé par son père
11:03 et par Pierre Bousquet, ancien Waffen-SS de la division Charlemagne.
11:08 C'était ses soldats qui préféraient porter l'uniforme allemand à l'époque.
11:12 Elle a présidé ce parti,
11:14 et donc c'est son parti qui a du sang sur les mains.
11:21 C'est à elle de juger si sa présence est là ou décente.
11:24 Le fait d'être devenu le Rassemblement National n'a pas changé ?
11:26 Pour ma part, je ne me verrai pas aller à l'enterrement
11:32 d'anciens membres de l'OAS,
11:35 d'anciens dirigeants de l'extrême droite française
11:38 qui ont pu torturer en Algérie.
11:42 Elle en est l'héritière de ce parti, Fabien Roussel,
11:45 mais en est-elle responsable ?
11:47 Quand on préside le Front National, elle a présidé le Front National.
11:50 Elle en est non seulement l'héritière politique,
11:53 mais même l'héritière de sang.
11:54 C'est quand même la fille de son père.
11:56 Elle a aussi exclu son père.
12:00 Elle n'est pas membre de l'Arc républicain, selon vous ?
12:03 Moi, je suis un pacifiste.
12:05 Je ne manie pas l'arc ni les flèches.
12:08 Vous n'êtes pas adepte de ce concept ?
12:10 Non, non, non.
12:11 Je suis très attaché à ce que la mémoire de notre pays,
12:16 nos jeunes générations la connaissent.
12:19 Et je voudrais en profiter pour dire un mot aux familles
12:24 des mineurs du Nord Pas-de-Calais qui ont eux aussi perdu des proches
12:30 dans cette guerre.
12:30 Je pense à Eusebio Ferrari, l'Italien,
12:32 à Tadeusz Siszi, le Polonais, René Denis, le Français.
12:35 Tous les ans, dans ma circonscription,
12:37 je leur rends hommage.
12:38 Ils avaient 20, 21, 22 ans.
12:40 Ils sont morts en février 42.
12:42 Et cette jeunesse résistante n'était pas vouée à mourir.
12:46 Ils ont pourtant perdu la vie.
12:48 Et c'est à eux et à tout cela dont il faut parler,
12:51 il faut penser aujourd'hui.
12:53 Et le reste, c'est de la polémique et je ne veux pas y rentrer.
12:57 Fabien Roussel, il y a aussi la question de la présence
12:59 des insoumis aux hommages des victimes du 7 octobre,
13:01 à Robert Bernardet, qui s'est posé car les familles
13:03 ne souhaitaient pas cette présence.
13:05 Avez-vous compris qu'ils s'y rendent malgré tout ?
13:08 Ce n'est pas mon sujet.
13:10 Ce n'est pas votre sujet ?
13:11 Mais non, ce n'est pas mon sujet.
13:13 Je veux dire, chacun est face à ses propos.
13:17 Et quand on fait une déclaration, quand on parle,
13:21 on sait ce que ça peut provoquer comme émotion
13:25 chez des familles qui ont perdu des proches, des victimes.
13:27 Et donc, vous savez, quand on écrit un tract,
13:30 comme je dis chez moi, le papier, il se laisse faire.
13:32 Mais il faut s'imaginer qu'on le dise devant la personne
13:35 qui, elle, peut être directement concernée.
13:37 Et donc, il faut, quand on fait de la politique,
13:42 on doit rester humain et sincère et penser à ça aussi.
13:46 Et votre réaction qui montre bien que la gauche,
13:49 aujourd'hui, est en ordre dispersé,
13:50 elle l'est aussi, notamment en vue des Européennes,
13:52 avec chacun un peu ses idées.
13:54 Raphaël Glucksmann, tête de liste des socialistes européennes,
13:56 a estimé lundi que la France, je cite,
13:58 devrait être totalement passée en économie de guerre
14:01 au vu de la situation en Ukraine.
14:03 Vous, vous aviez demandé un débat à l'Assemblée nationale
14:06 autour de livraison d'armes à Kiev.
14:09 Il soutient plus l'Ukraine que vous, Glucksmann,
14:12 en appelant à cette économie de guerre ?
14:15 Permettez-moi de prendre un peu de hauteur sur le sujet,
14:17 parce que la situation est particulièrement grave.
14:20 Nous allons fêter les deux ans de guerre ce 24 février.
14:24 Entre 300 et 500 000 morts aux portes de l'Europe,
14:28 en dépit d'un soutien militaire sans précédent.
14:30 275 milliards d'euros venant des États-Unis, de l'Union européenne.
14:36 Et aujourd'hui, notre sécurité, nos libertés sont toujours menacées.
14:41 Menacées par Poutine et les extrêmes droites européennes qu'ils soutiennent.
14:45 Mais menacées aussi par le fait que les Européens
14:48 n'ont jamais assuré la sécurité de l'Europe
14:51 parce que nous nous sommes toujours soumis aux États-Unis et à l'OTAN.
14:54 Et les élections européennes, avec la menace de l'élection de Trump,
15:00 montrent ô combien nous sommes fragilisés.
15:02 Mais ça ne répond pas à la question de faut-il armer l'Ukraine ?
15:05 Et c'est la raison pour laquelle je finis.
15:07 C'est la raison pour laquelle aujourd'hui,
15:09 quand j'entends les messages guerriers du chancelier allemand
15:13 ou du chef d'état-major britannique qui dit qu'il faut se préparer,
15:18 que l'Europe se prépare à la guerre.
15:19 J'interroge les jeunes qui nous écoutent,
15:21 les travailleurs, les salariés en âge d'aller se battre.
15:25 Est-ce que nous devons nous préparer,
15:27 nous attendre à ce que nos pays nous demandent
15:30 de nous engager dans une guerre, un troisième conflit mondial ?
15:33 - Mais la guerre, elle est là Fabien Roussel, la guerre.
15:35 Il faut arrêter de livrer les armes.
15:37 - Justement, tout doit être fait pour empêcher cette escalade guerrière.
15:43 Trouver les voies de la paix, les chemins pour assister au feu.
15:47 - Oui, c'est le voie de la paix.
15:48 - Mais quand Jean Jaurès appelait à la désescalade en 1914,
15:54 la guerre était évitable.
15:55 Mais par le jeu complexe des alliances, la guerre a eu lieu
15:58 et il y a eu 10 millions de morts.
16:00 Faut-il attendre qu'il y ait des millions de morts en Europe
16:03 pour dire plus jamais ça ?
16:05 Et c'est pour ça que je voudrais dire ici solennellement, fortement,
16:09 plus jamais ça maintenant.
16:10 - Mais plus jamais ça, ça veut dire quoi ?
16:12 Il faut passer un pacte avec Poutine ?
16:14 - Je ne veux pas que nos enfants,
16:16 les hommes et les femmes de notre pays, d'Europe,
16:19 que la jeunesse européenne soit engagée demain.
16:22 - Il faut signer un pacte avec Poutine ?
16:24 - C'est...
16:25 J'appelle à la tenue d'une conférence d'Helsinki,
16:30 comme celle qui s'est tenue en 1973-75,
16:33 qui, en pleine guerre froide et de tension,
16:36 avait réussi à réunir les pays européens avec l'URSS,
16:40 mais aussi les Etats-Unis.
16:42 - Et là, on n'est pas en guerre froide, on est en guerre ouverte.
16:44 - Mais... Oui, mais d'accord.
16:45 - On parle de l'Europe.
16:47 - Mais jusqu'où doit-on aller ?
16:49 Je vous pose cette question.
16:50 Est-ce que nous voulons...
16:52 Est-ce que les chefs d'État doivent être à la tête d'une coalition guerrière
16:57 ou est-ce que nous devons construire une coalition pour le cesser le feu et la paix ?
17:02 - Donc il faut une solution négociée,
17:04 mais ça veut dire que l'Ukraine va devoir faire des concessions,
17:06 tu as bien Russell ?
17:07 Non mais concrètement.
17:08 - Mais j'y vais.
17:10 Je souhaite que nous puissions en même temps assurer la sécurité de l'Ukraine
17:16 et lui donner les moyens de se défendre contre l'envahisseur.
17:19 - Donc on continue de livrer des armes à l'Ukraine ?
17:21 - Je sais d'où je viens.
17:22 Et quand nous parlons de résistance, nous savons ce que c'est que résister.
17:25 - La France a eu raison de signer un accord de sécurité avec l'Ukraine
17:27 sur une durée de 10 ans ou pas ?
17:30 - La France a raison, l'Union européenne a raison,
17:32 d'aider un pays qui est envahi.
17:34 - Donc on continue à livrer des armes ?
17:36 - Mais, mais, mais,
17:37 mais aujourd'hui, plutôt que de se projeter dans une guerre qui pourrait durer,
17:42 ils le disent, encore deux ou trois ans, s'embraser, devenir mondial,
17:46 certains l'appelant de leur vœu.
17:47 Je souhaite que nous mettions notre énergie, que nous coalisions les diplomaties
17:52 pour peser sur des négociations politiques et mettre sur la table très concrètement,
17:57 un, le retrait des troupes russes, mais aussi le statut de neutralité pour l'Ukraine.
18:02 Il faut accéder à cette demande.
18:04 Je le dis, l'Ukraine, nous ne pouvons pas accéder à la demande de l'Ukraine
18:08 de rentrer dans l'Union européenne et dans l'OTAN.
18:10 Ce n'est pas possible.
18:11 - Donc d'une certaine manière, vous vous pliez aux exigences de poutine ?
18:13 - Et nous voyons combien de se mettre sous le parapluie de l'OTAN est lourd de danger,
18:18 parce que demain, si Trump est élu,
18:20 comment nous assurons notre propre sécurité collective ?
18:23 Et c'est pour ça que j'appelle à ce que les Européens s'unissent
18:27 pour construire cette sécurité collective.
18:29 Nos armées, elles devraient être plutôt mises au service
18:32 de nos propres sécurités dans le cas d'une coopération entre nous militaires,
18:36 mais visant à garantir notre propre sécurité pour éviter la guerre.
18:42 La paix, ça se construit, c'est une construction politique,
18:44 ce n'est pas un slogan, un vœu pieux.
18:46 Et c'est pour cela que je souhaiterais que l'ensemble des chefs d'État
18:50 et des peuples se mobilisent pour ça.
18:53 Et la jeunesse, je dis un dernier mot, moi j'ai en souvenir la guerre américaine au Vietnam.
18:59 Ce sont les jeunes américains qui se sont emparés de ce conflit
19:02 et qui ont fait en sorte de peser aussi sur leur gouvernement.
19:06 Et la jeunesse, c'est pour moi l'espoir pour la paix en Europe
19:09 et c'est celle qui doit dire "nous ne voulons pas faire la guerre,
19:12 nous voulons construire la paix".
19:13 Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste,
19:15 on te retrouve dans un instant juste après le Fil info de Sophie Echene à 8h52.
19:20 Alors résistant arménien et communiste,
19:22 Missak Manouchian va entrer au Panthéon ce soir,
19:24 80 ans jour pour jour après avoir été fusillé par les nazis sur le mont Valérien.
19:28 Il sera accompagné de son épouse Méline.
19:31 Il était temps, salut sur France Info, le chef du Parti communiste Fabien Roussel.
19:35 Il manquait la résistance communiste au Panthéon, c'est un honneur pour nous.
19:39 Jusqu'à 11 ans de prison requis contre les 7 accusés
19:42 au procès des attentats de Trebb et Carcassonne, il y a 6 ans,
19:45 l'assaillant Redouane Lachdim avait tué 4 personnes,
19:48 dont le colonel Arnaud Beltrame, avant d'être abattu par la police.
19:52 En déplacement à Toulouse hier soir, le ministre de la Santé Frédéric Valtout
19:55 dénonce une grave crise à l'hôpital de Purpon, au sein des services psychiatriques.
20:00 Depuis le début de l'année, l'établissement a subi un incendie déclenché par un patient,
20:04 une agression sexuelle ainsi qu'un suicide.
20:07 Thierry Breton, le commissaire européen au numérique,
20:09 met en garde le réseau social X après des suspensions de comptes arbitraires, dit-il,
20:14 comme celui de Yulia Navalnaya, la veuve d'Alexei Navalny,
20:18 l'opposant au pouvoir russe mort en prison vendredi dernier.
20:20 France Info.
20:25 Le 8.30, France Info.
20:27 Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
20:29 Fabien Roussel, secrétaire nationale du Parti communiste,
20:32 vous parliez de notre soumission à l'OTAN.
20:35 Vous vouliez sortir de l'OTAN et même la démanteler dans votre programme présidentiel.
20:40 Avec la guerre, est-ce que vous avez définitivement enterré cette idée
20:44 où, après la guerre, c'est toujours une possibilité ?
20:46 Mais cette menace de guerre qui pourrait s'embraser toute l'Europe et le monde,
20:54 elle existe.
20:55 Et nous voyons bien comment l'Europe s'est mise sous le parapluie de l'OTAN depuis 1945.
21:01 L'Europe, les pays européens, comptent sur les États-Unis pour nous défendre.
21:04 Et nous voyons bien combien c'est fragile aujourd'hui.
21:07 Si Trump est élu demain et qu'il dit "c'est fini l'OTAN,
21:11 c'est fini de protéger les Européens", qui se débrouille ?
21:14 Mais vous voyez bien qu'on ne peut pas compter là-dessus.
21:16 Est-ce qu'il ne faut pas rentrer en économie de guerre, comme dit Raphaël Glucksmann ?
21:19 Et c'est pour ça que je dis que c'est une faute.
21:22 C'est pour ça que je dis que c'est une faute de s'être soumis à l'OTAN et aux États-Unis
21:27 et que nous aurions dû, depuis des années, construire notre propre sécurité collective.
21:31 Maintenant, que ce soit Raphaël Glucksmann ou d'autres qui appellent à nourrir la guerre,
21:38 à se préparer, à alimenter ce conflit.
21:41 C'est un "vate en guerre", Raphaël Glucksmann, comme disent les Insoumis ?
21:44 Oui, bien sûr.
21:45 C'est ceux qui, aujourd'hui, sont prêts à souffler sur les braises
21:49 quand tout doit être fait pour éteindre l'incendie.
21:52 Vous savez, ceux qui appellent à aller faire la guerre, c'est rarement ceux qui la font.
21:56 Moi, je me positionne toujours en imaginant ceux qui iront la faire.
22:00 J'ai des enfants, chacun d'entre nous peut imaginer ça.
22:03 Chacun se souvient des images de la France dévastée et en 14-18 et en 39-45.
22:08 Ma région, à chaque fois, a été envahie parce que chez nous, on n'a pas les montagnes,
22:12 donc ça passe par le nord.
22:14 J'ai ces images en tête.
22:15 Mais faut-il pour cela se soumettre à Vladimir Poutine ?
22:18 Nous avons... Nous devons retenir les leçons de l'histoire.
22:22 Qui aurait signé en 14...
22:24 En 14, qu'il y aurait 10 millions de morts à l'issue de cette guerre ?
22:29 L'aurait-il faite, cette guerre, à ce prix ?
22:31 60 millions de morts à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.
22:34 Nous sommes aujourd'hui au XXIe siècle.
22:36 Est-on prêt à signer et à s'engager dans un conflit qui pourrait conduire à ce qu'il y ait des millions de morts ?
22:41 Donc...
22:42 Mais faites-vous confiance à Vladimir Poutine pour arrêter.
22:44 Mais bien sûr que je ne fais pas confiance, puisque je demande à ce que nous créions toutes les conditions
22:48 pour que Poutine quitte les territoires occupés.
22:51 Aucun pays ne doit être envahi.
22:54 Il faut faire respecter le droit international.
22:57 Mais ce sont...
22:58 C'est un peu pieux. Vous le savez très bien ce que ça veut dire.
23:00 Mais faire respecter l'intégrité territoriale d'un État,
23:05 c'est ce que fait l'Ukraine et nous l'aidons pour cela.
23:08 Où cela se fait ?
23:09 Par la guerre et une guerre à mort.
23:12 Et qui l'emporte à la fin ?
23:14 Je ne sais pas.
23:15 Et ça peut être la Russie.
23:16 Et ce serait dévastateur.
23:18 Et je ne le souhaite pas.
23:19 C'est la raison pour laquelle nous devons dire...
23:23 Mettons-nous autour de la table.
23:24 Discutons.
23:25 Que veut Poutine ?
23:26 Un statut de neutralité pour l'Ukraine ?
23:28 Discutons-en.
23:29 Discutons-en du statut de neutralité de l'Ukraine.
23:32 Pourquoi mettre à tout prix sur la table que l'Ukraine doit rentrer dans l'OTAN ?
23:36 Pourquoi demander à ce qu'il y ait demain, en faisant entrer l'Ukraine dans l'OTAN,
23:40 à ce que les missiles nucléaires français et américains
23:43 viennent donc à la frontière russe jusque dans l'Ukraine ?
23:47 Comment voulez-vous que les Russes ne vivent pas ça comme une provocation ?
23:51 Donc bien sûr, nous devons mettre ce statut de neutralité sur la table
23:55 comme moyen de garantir l'intégrité territoriale de l'Ukraine
24:00 et la sécurité de tous les peuples d'Europe.
24:02 Fabien Roussel, est-ce qu'il n'y a pas une incohérence de dire
24:04 "il va falloir sortir de l'OTAN et faire notre propre sécurité"
24:06 et en même temps dire qu'on ne peut pas
24:08 et qu'il ne faut pas particulièrement investir dans les moyens de la guerre ?
24:11 D'abord, je dis que nous devons travailler
24:14 à notre propre autonomie stratégique européenne.
24:17 Donc ce sont des investissements massifs dans l'armement ?
24:19 Mais les investissements massifs dans l'armée,
24:23 vous ne croyez pas qu'ils sont faits aujourd'hui ?
24:24 Mais ils sont largement en dessous de d'autres pays,
24:26 notamment au sein de l'OTAN, la France n'a pas le budget le plus important.
24:30 Le budget des armées, aujourd'hui, en France, est multiplié par deux.
24:34 Vous voyez, vous avez vu le budget...
24:37 Non mais, ça va, vous avez vu le budget des hôpitaux doublé,
24:40 le budget des écoles doublé.
24:42 C'est ça qui est une question.
24:43 Ça veut dire que...
24:44 C'est pour ça que je parle d'incohérence.
24:46 Mais non, il n'y a pas d'incohérence,
24:47 parce que construire la paix, c'est une volonté politique.
24:50 Investir dans des armes,
24:54 c'est construire un baril de poudre qui peut péter à chaque moment.
24:57 Et donc, assurer notre sécurité grâce à la dissuasion nucléaire,
25:02 faire en sorte que les armées européennes coopèrent entre elles,
25:06 que nous garantissions notre propre sécurité
25:08 par des traités de sécurité à construire
25:11 entre Européens et avec la Russie.
25:13 C'est autre chose que de se soumettre à un bouclier de l'OTAN
25:18 qui peut, demain, s'effacer si Trump est élu,
25:21 et ce qui nous mettrait en danger.
25:23 Donc moi, je préfère regarder loin
25:25 et mettre ces sujets en débat, en France et en Europe,
25:29 pour pouvoir ouvrir les voies de la paix
25:32 plutôt que de s'en aller vers la guerre.
25:33 – Merci beaucoup Fabien Roussel,
25:34 secrétaire national du Parti communiste, député du Nord.
25:36 Merci d'avoir été l'invité du 8.30 France Info.
25:38 Agathe Lambret, on se retrouve dans quelques instants,
25:40 puisque dans quelques instants,
25:41 on reviendra sur cette conférence de presse de Gabriel Attal,
25:44 qui doit faire des annonces sur les questions agricoles.
25:48 À tout de suite.
25:49 *Musique*

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